dossier prod 4e mur - Théâtre Jean Vilar

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Compagnie Adesso e sempre
Création 2016/2017
Le quatrième mur
Création franco-libanaise
Mise en scène Julien Bouffier à partir du roman de Sorj Chalandon
(Prix Goncourt des Lycéens 2013)
Coproduction Théâtre Jean Vilar à Vitry-sur-Seine, EPIC du Domaine d’O domaine départemental d’art et de culture à
Montpellier, La Filature, scène nationale à Mulhouse, Humain trop humain, Centre dramatique national de Montpellier.
Avec le soutien du Studio-Théâtre de Vitry-sur-Seine.
Avec le soutien du Conseil départemental du Val-de-Marne dans le cadre de l’aide à la création.
Adesso e sempre est subventionnée par le Ministère de la Culture / DRAC Languedoc-Roussillon, la Région Languedoc-Roussillon, la Ville de Montpellier.
Contacts compagnie
Metteur en scène | Julien Bouffier | [email protected]
Administration-production | Nathalie Carcenac | 06 48 09 23 75 | [email protected]
Diffusion | Claire Fournié | 06 87 45 76 03 | [email protected]
DISTRIBUTION
Adaptation et mise en scène : Julien Bouffier
Scénographie : Emmanuelle Debeusscher etJulien Bouffier
Création vidéo : Laurent Rojol et Julien Bouffier
Interprètes : Diamand Abou Abboud, Nina Bouffier, Alex Jacob, Vanessa Liautey, Gabriel Yamine
à l’image : Yara Bou Nassar, Joyce Abou Jaoude, Mhamad Hjeij, Elie Youssef, Joseph Zeitouny
Création musicale : Alex Jacob
Création Lumière : Christophe Mazet
Travail sur le corps : Hélène Cathala
Photos : Marc Ginot
Administration-production : Nathalie Carcenac
Diffusion : Claire Fournié
Durée : 1h30
Production Compagnie Adesso e sempre
Coproduction
Théâtre Jean Vilar à Vitry-sur-Seine
EPIC du Domaine d’O domaine départemental d’art et de culture à Montpellier
La Filature, scène nationale à Mulhouse
Humain trop humain, Centre dramatique national de Montpellier
Avec le soutien du Studio-Théâtre de Vitry-sur-Seine.
Avec le soutien du Conseil départemental du Val-de-Marne dans le cadre de l’aide à la création.
Remerciements
Valérie Baran, Le Tarmac, scène internationale francophone à Paris
Collectifs Zoukak et Kahraba à Beyrouth
« Le quatrième mur, c’est ce qui empêche le comédien de baiser avec le public.
Une façade imaginaire, que les acteurs construisent en bord de scène pour renforcer
l’illusion. Une muraille qui protège leur personnage. Pour certains, un remède contre
le trac. Pour d’autres, la frontière du réel. »
Sorj Chalandon
RÉSUMÉ
En 1974, à Paris, Georges, étudiant en histoire, militant activiste pro-palestinien, casseur de facho et féru de
théâtre, fait la connaissance de Sam, grec et juif ayant fui la dictature des colonels après l'avoir combattue.
Sam a un rêve : monter Antigone d'Anouilh sur la ligne verte qui sépare Beyrouth, avec des acteurs de toutes les
nationalités et religions du conflit. Malade, il demande à Georges de le faire à sa place. La troupe se compose
d’une palestinienne sunnite, d’un druze, d'un maronite, d'un chiite, d'une catholique, chacun proposant tour à
tour une relecture d'Antigone au regard du conflit libanais. Le jeune homme arrive avec sa belle idée de paix,
face à des hommes et des femmes qui se haïssent mais acceptent de le suivre dans son projet sans jamais cesser
de l’interroger sur ses motivations et sa connaissance de la guerre. Il va devoir composer avec ses engagements,
essayer de comprendre ce pays, côtoyer des snipers, être blessé, entrer dans Chatila massacrée… De retour en
France, incapable de retrouver sa vie d'avant, il décide de repartir au Liban où il est tué.
INTENTIONS
Théâtre / Docu / fiction ?
Depuis une dizaine d’années, la compagnie a concentré son travail sur la question documentaire dans la représentation théâtrale. Comme le réaffirme Sorj Chalandon, la scène est le lieu de la représentation et donc de la
fiction, le quatrième mur la protège du réel. C’est cette frontière que nous voulons emprunter, franchir, faire
franchir au public. Rendre perméables nos voyages, basculant du réel à l’imaginaire, de l’image filmée à la
scène, de l’acteur au personnage.
Sorj Chalandon construit son récit en déconstruisant la chronologie narrative si bien que le présent de l’action
est toujours mouvant. Ce traitement du temps est une des richesses du roman et ses aller-retours temporels
offrent un effet de distanciation, d’étrangeté qui stimule une conscientisation du spectateur. Chalandon pose la
question au théâtre de la présence, des fantômes, de l’incarnation à laquelle notre adaptation répond en multipliant les moyens narratifs que nous offre la scène. Entre récit, dialogue, incarnation, théâtre d’objet et cinéma, notre Quatrième mur veut rendre sensible et intelligible ce voyage initiatique entre la vie et la
mort, entre incarnation et engagement symbolique.
Le Quatrième mur raconte une histoire libanaise, celle de la guerre, des combats, des enfances broyées. Mais
aussi une histoire européenne, celle des mouvements gauchistes étudiants post 68, des résistances, des exils,
des injustices, de l'engagement. Cela parle de la construction d’un narrateur toujours en prise avec le politique,
le militantisme. Lorsqu'il promet à Samuel de mettre en scène Antigone à Beyrouth à sa place, en pleine
guerre du Liban, avec des acteurs de toutes confessions, il s'engage dans un acte doublement symbolique :
faire du théâtre avec des combattants réels, pour que, le temps d’un lever de rideau, Beyrouth ne soit pas un
théâtre de guerre mais une guerre de théâtre.
Mais la guerre n’est pas symbolique : on tue à Beyrouth. On massacre. Ce massacre n’est pas symbolique. Il est
réel. Des êtres vivants ont été méthodiquement assassinés.
Que peut faire le théâtre contre la barbarie, ce territoire au-delà des frontières réelles et symboliques ?
Que peut-on faire contre la barbarie ?
Sorj Chalandon refuse de répondre à cette question car la représentation d’Antigone n’aura jamais lieu. Le narrateur en revanche, malgré son retour en témoin héroïque, hanté par les fantômes du drame libanais, ne
parviendra pas à revenir à la normalité de sa vie française.
Le terrain sur lequel s’inscrit le roman a été foulé par des peuples qui ont été touchés dans leur chair. Sorj
Chalandon, alors grand reporter, a été l'un des premiers à entrer dans le camp de Chatila après les massacres. Témoigner, en tant que journaliste, n’a pas suffi pour effacer les images terrifiantes dont il avait
été le spectateur. Elles sont devenues son moteur d’écriture pour une fiction. Dans quel but ? Tenter d’ex-
pliquer, de comprendre quoi ?
Son choix de se réinventer en metteur en scène pour raconter son histoire m’a incité, comme en miroir, à
user encore plus du réel (celui que j’éprouve) pour développer notre spectacle. Extraire les faits et la géographie de son roman, de la fiction. Retrouver dans le Liban d’aujourd’hui les traces de la fiction d’hier,
rencontrer et inclure dans notre projet des acteurs libanais traversés dans leur mémoire par la guerre civile.
La première partie du spectacle raconte la construction politique du narrateur, son utilisation du théâtre pour
exprimer son engagement tandis que la seconde nous emmène en voyage vers l’Autre, vers la recherche d’une
confirmation des valeurs qu’il s’est fabriqué pour se défendre du quotidien. C’est ce choc entre engagement
symbolique du théâtre et engagement réel de la guerre qui se joue ici et donc plus largement de la difficulté
toujours renouvelée pour le théâtre de représenter le monde.
Depuis l’attentat de novembre 2015 à Beyrouth faisant une quarante de morts dans un quartier chiite de
la banlieue sud proche du Hezbollah, mon téléphone a vibré, sonné, smsisé, facebookisé. Que fait-on ?
Nous devions partir une semaine plus tard à Beyrouth pour un premier voyage de repérage sur notre
nouveau projet du Quatrième Mur à partir du roman éponyme de Sorj Chalandon. Le fantasme d’un
Beyrouth en guerre réapparaissait. Beyrouth que nous avions approché quand nous avions joué quelques
années plus tôt Hiroshima mon Amour de M.Duras au théâtre Al Madina. Un Beyrouth qui me rappelait le
Caire de mon enfance, mes amis libanais d’alors, Sary surtout mais aussi Inji, Joëlle, Nathalie.
L’impression de se sentir chez soi, chez moi. Alors quand les personnes avec qui je devais partir eurent
des craintes de partir, je ne les ai pas comprises. Il est vrai que quand la carte de l’avion laisse
apparaître que notre destination est entre tant de villes en guerre, il est humain d’avoir quelques
craintes. Ce n’est pas facile d’appréhender un attentat quand nous ne sommes pas directement touchés
ou si le territoire visé n’est pas connu. Notre émotion est dictée par les films, par les médias que nous
avons vus. Comment chacun ressentons-nous le danger, comment s’inscrit en nous l’état de guerre, de
terreur ? C’est amusant comme le questionnement qui vagabondait en moi faisait écho aux
problématiques de notre projet sur le Quatrième Mur. Et puis il y a eu ce Vendredi 13 Novembre. Je ne
sais plus où j’ai lu Christophe Honoré racontant sa soirée. Il crée en ce moment un spectacle à Paris
intitulé la Fin de l’Histoire et où à la fin de son spectacle, ils jouent à mettre une « apocalypse de
théâtre ». Il dit : « Les bruits violents envahissent le plateau, les fumées s’installent… cendres, faux
sang, lumières vives, explosions… L’artifice a soudain un goût insupportablement obscène, je me sens
honteux ». C’est la raison pour laquelle je pars à Beyrouth. Ne pas être honteux. Trouver la bonne
distance.
Julien Bouffier - processus de création - octobre 2015
À consulter en ligne sur https://lequatriememurblog.wordpress.com/
Distribution
Deux couples. L’un français, l’autre libanais. Deux femmes, deux hommes. Vanessa Liautey l’actrice narratrice,
porte le récit de Sorj Chalandon. Alex Jacob, le chanteur/guitariste du Skeleton Band l’accompagne à la fois
seconde voix, partenaire de jeu et musicien. Face à eux, deux interprètes libanais vivant à Beyrouth. Un homme
d’une soixantaine d’années joue le rôle du chauffeur de taxi qui nous conduit dans le Beyrouth de Chalandon et
dans la mémoire de l’acteur qui a vécu la guerre. Il sera notre guide. Une jeune femme incarne la palestinienne
qui doit jouer l’Antigone d’Anouilh, double figure à représenter : celle de la réalité terrible du destin de cette
femme palestinienne dans le camp de Chatila et celle d’un personnage théâtral. Choisir des acteurs libanais
vivant à Beyrouth, emmener les interprètes français au Liban et travailler là-bas concourt à prolonger le
geste de Chalandon qui ne cesse de tenter de comprendre le réel en le frottant à la fiction. Au cours de nos
séjours au Liban, nous allons aussi filmer des séquences avec des acteurs libanais. Au Liban, d'autres acteurs
vont aussi rejouer l'Antigone d'Anouilh, comme une mise en abîme, pour reconstituer le parcours qu’emprunte le
héros de Sorj Chalandon.
A quoi ressemble un druze ? Une palestinienne ? Un chiite ? Un phalangiste ? Un Sunnite ? Un maronite ? Ma
bonne conscience de gauche devait pratiquer le délit de facies sur des personnes qui vivaient au même endroit mais qui avaient pour différence leur croyance religieuse. L’arbitraire choix de Sorj Chalandon pour
constituer sa petite troupe et de faire se confronter un Créon phalangiste à une Antigone palestinienne qui
est arrêtée par des soldats chiites et qui tombe amoureuse d’un Hémon druze est très conceptuel. C’est
une bonne idée dramaturgique. Mais comment fait-on pour donner un visage à cette idée ? Vous me direz
que pour chaque texte, c’est la même chose. Que ce soit pour le théâtre ou le cinéma. Sauf qu’ici, la fiction de Chalandon s’appuie sur une histoire récente et brutale à partir d’événements qui se sont réellement déroulés.
Lors de mes rencontres, il m’est souvent arrivé de demander à Raghda qui m’accompagnait, de quelle religion était notre précédent interlocuteur. Elle était souvent incapable de me le dire. Parfois, nous échafaudions des règles par rapports aux noms ou prénoms de certains. Il est évident qu’un Joseph est difficilement musulman mais il arrive que des noms puissent être autant sunnites, chiites que chrétiens. Je me
suis alors demandé naïvement comment ils faisaient pour savoir qui tuer pendant la guerre civile ? Mon
choix ne voulait pas s’opérer à partir d’un type physique. Un libanais, qu’il soit chrétien ou musulman, ne
ressemble pas à un autre libanais. Mon seul critère serait donc que l’actrice qui doit jouer Antigone sache
chanter « oriental ». Même là, j’étais un peu mal à l’aise en évoquant le mot « oriental ». Les raccourcis
sont la plupart du temps le fruit d’une grande ignorance. C’était mon cas, en disant « oriental », j’évoquais ce que je pouvais entendre dans les taxis du Caire de mon enfance (Oum Kalsoum, Fayrouz) mais sans
bien savoir ce que cela signifiait. Mon voyage était pavé de bonnes intentions qui s’effritaient dès que je
mettais un pas devant l’autre. J’aurais été beaucoup plus serein si j’étais resté en France en lisant des
livres sur l’histoire récente libanaise. Venir à Beyrouth, c’est prendre le risque d’être pris pour un orientaliste et ce n’est pas un compliment dans leur bouche. C’est la preuve s’il en fallait encore une qu’une vérité n’est souvent liée qu’à la place du viseur par lequel on prend notre photographie : une histoire de
point de vue.
Julien Bouffier - processus de création - octobre 2015
Musique
La musique a toujours été dans nos spectacles un fil narratif qui a sa propre logique et qui vient répondre à la
dramaturgie de l’œuvre. Ici, c’est Alex Jacob, avec qui nous avons déjà travaillé dans les spectacles Epreuves et
L’art du théâtre de Pascal Rambert, qui incarne cette volonté. Comment déplaçons-nous son statut de chanteur/leader d’un groupe de rock, Le Skeleton Band, nourri de guitares, de rock usé, de voix éraillées, de
blues vers la prise en charge de la parole romanesque et vers un territoire géographique et historique qui
lui est étranger ? Il était donc important qu’Alex Jacob nous accompagne dans notre voyage à Beyrouth pour
qu’il s’imprègne de la musique libanaise et que sa présence sur scène soit nourrie de la même expérience vécue
par toute l’équipe artistique.
Lors de notre première résidence de création, que nous avons menée au Studio-Théâtre de Vitry avec le soutien du Théâtre Jean Vilar de Vitry-sur-Seine, j’ai demandé à Alex Jacob, chanteur et musicien, d’imaginer
comment il pourrait s'approprier The sound of silence de Simon and Garfunkel. J’étais loin de penser que
cette chanson était l’une de ses préférées, tellement son style musical avec son groupe le Skeleton Band en
est éloigné. The Sound of silence a donc été pendant une semaine le prétexte de la rencontre entre le musicien et Vanessa Liautey, l’actrice principale du projet. Très vite, ce morceau est devenu le nôtre et je partais
au Liban avec la volonté de la transmettre à une actrice libanaise pour en faire une version orientale en
arabe. The sound of silence m’a alors accompagné tout le long de mon séjour dès l’avion où il rediffusait Le
Lauréat, dès la première terrasse de café beyrouthine où la sono laissait entendre sa mélodie et même le
dernier jour où d’un magasin d’électronique, je pouvais reconnaître à travers les grésillements Simon and
Garfunkel. Pour une chanson qu’il me semblait ne plus avoir entendue depuis des années.
Julien Bouffier - processus de création – novembre 2015
Image
Lors de notre voyage au Liban, nous filmerons les images fictionnelles du roman comme celles plus improvisées
liées aux rencontres que nous ferons. Loin d’être des images d’archive, elles raconteront Beyrouth aujourd’hui avec d’autres tensions, d’autres blessures. A Beyrouth, les signes de la guerre sont moins ceux de la
guerre du Liban que ceux des événements en Syrie qui fragilisent un calme précaire.
Ces images serviront de base à la deuxième partie du spectacle.
Scénographie
Deuxième volet de notre projet autour de la crise de la représentation après L’art du théâtre de Pascal Rambert, Le quatrième mur continuera à se nourrir des codes théâtraux pour mieux les bouleverser. Après avoir
beaucoup réfléchi à un espace faisant largement référence au théâtre, mon premier voyage à Beyrouth a beaucoup modifié le projet scénographique en voulant signifier avec l’espace, un travail accru sur la perspective
voulant faire référence aux caches des snipers et ainsi évoquer la fragilité de notre quête (celle du narrateur et la nôtre). Dans le même temps, et encore à la suite de rencontres beyrouthines et de la narration des
batailles des grands hôtels, j’ai voulu resserrer l’espace à une chambre d’hôtel, un espace privé, universel, interchangeable mais qui reste tout de même, dans un territoire qui n’est pas le notre, un espace intime, privilégié. Une chambre donc, un point de fuite au lointain, un écran servant de toit et des trouées latérales.
Un des objectifs de ce voyage à Beyrouth est de repérer des bâtiments touchés par la guerre dans lequel je
pourrais filmer des acteurs plus tard. Ariane Langlois (celle qui a préparé le voyage et que je ne remercierais jamais assez) l'avait bien compris en me faisant rencontrer Grégory Buchakjan. Tout en finissant une
thèse sur les bâtiments abandonnés liés à la guerre, ce professeur aux Beaux Arts de Beyrouth développait
tout un travail artistique pour lequel il photographiait des femmes dans ces mêmes bâtiments abandonnés.
Le lieu principal dans lequel je voulais pénétrer était la fameuse maison jaune qui hébergeait, pendant la
guerre, les snippers phalangistes dont parle Sorj Chalandon dans cette très belle scène où le narrateur
rencontre Joseph Boutros, le frère de l’acteur qui doit jouer Créon. Cette fameuse « maison jaune » est,
aujourd’hui, en pleine réhabilitation pour devenir un lieu de mémoire et de culture. Construite dans les
années 20, elle était une des plus belles constructions beyrouthines où l’architecte avait imaginé un bâtiment traversé par la lumière. Ses innovations architecturales étaient devenues pendant la guerre des
armes meurtrières qui permettaient aux snippers d’être totalement invisibles, cachés très loin des ouvertures sur la rue. Les explications de Gregory donnaient corps à mes fantasmes de lecteurs et parfois rendaient très étranges des parcours du narrateur dans la ville comme si, parfois, Sorj Chalandon décidait de
travestir la topographie beyrouthine. Pourquoi ? Je cherchais des signes dans ces petites incohérences,
convaincu que ce dernier laissait un indice.
Julien Bouffier - processus de création – décembre 2015
À consulter en ligne sur https://lequatriememurblog.wordpress.com/
Adaptation
Séquence 5
La promesse
Tu n’as pas voulu que je vienne à l’hôpital. Tu attendais d’être libéré de ces canules. Alors, pendant trois mois,
j’ai attendu ton appel. En janvier 1982, lorsque tu as compris que tu garderais tes sondes et tes perfusions jusqu’à la fin, tu as accepté que je passe la porte.
Je déteste l’hôpital. Son odeur, sa propreté, les regards déjà voilés de crêpe. C’est par la presse que j’avais apprise ta maladie. Dix représentations de La Résistible Ascension d’Arturo Ui, de Brecht, annulées après la Générale. Juste quelques lignes dans le journal, qui indiquaient la façon de se faire rembourser.
Tu ne m’avais rien dit.
Depuis trois ans, Tu partageais ta vie entre Paris et Beyrouth. Tu avais décidé de monter Antigone au Liban avec
des acteurs chiites, sunnites, palestiniens, druzes et chrétiens. A tous, tu as juste dit que tu étais grec, metteur
en scène et que tu souhaitais monter Antigone au Liban.
Tu étais seul dans la chambre. Tu parlais à voix basse. Tu respirais à peine. Tu avais perdu l’appétit. Tu avais
maigri. A Beyrouth, tu étais suivi par le médecin de l’ambassade de Grèce. A Paris, un ami cancérologue t’ac-
compagnait. Tu n’étais plus opérable. Tu avais subi une chimiothérapie pour rien. Après le poumon, le foie était
touché.
Je t’en voulais. Je m’en voulais aussi.
Tu m’avais donné ton adresse à Beyrouth, ton numéro de téléphone aussi, mais je ne t’avais jamais appelé. Tu
existais. Pour moi c’était suffisant. Je pensais que notre amitié se nourrissait de distance et je m’étais trompé.
J’avais perdu trois ans de toi.
- Qu’est-ce que je peux faire pour toi ?
- Beaucoup. Tu peux faire beaucoup.
Antigone va être joué à Beyrouth.
- Je sais.
- Ils n’ont pas encore répété mais tous se sont rencontrés une première fois.
Antigone est palestinienne et sunnite. Hémon, son fiancé, un druze du Chouf. Créon, roi de Thèbes et père
d’Hémon, un maronite de Gemmayzé. Les trois chiites ont d’abord refusé de jouer les gardes, ils trouvaient les
personnages insignifiants puis…
Le casting a duré deux ans.
Je me suis présenté comme grec. Je leur ai dit que je serais « le Choeur ».
Puis j’ai avoué que j’étais juif.
Alors il a fallu remplacer les chiites par trois autres. Et aussi la catholique, qui n’avait pas supporté cette révélation.
Tu vas monter Antigone.
- Pardon ?
- Non, c’est moi qui te demande pardon. Je n’ai plus le temps ni la force. Le plus dur est fait. Tes personnages
sont prêts, ils t’attendent.
- Mes personnages ?
- Chaque acteur sait son texte. Il ne suffira que de quelques répétitions. Il n’y aura qu’une représentation en
octobre. Il faut trouver une salle neutre, ni dans l’ouest de Beyrouth ni dans l’est. Sur la ligne de démarcation.
Une ancienne école, un entrepôt, n’importe quoi. Un lieu qui parle de guerre, labouré de balles et d’éclats.
Quatre murs ou seulement trois. Un toit ou non. J’ai visité un cinéma délabré qui me plait. Chaque communauté
entrerait dans ce théâtre d’ombres par les deux côtés du front avec des chaises pliantes, des coussins, des bouteilles d’eau, des pistaches. Tous ensemble, rassemblés. Deux heures d’une soirée d’automne avec les combattants, crosse en l’air le temps d’un acte. Tu vois ?
Tu vois les gravats, les trois portes peintes sur le mur grêlé ? Le visage des spectateurs ? Le cercle de lumière
blanche ? Les acteurs entrés en scène ?
« Voilà. Ces personnages vont vous jouer l’histoire d’Antigone. Antigone, c’est la petite maigre qui est assise làbas, et qui ne dit rien… »
Tu les vois ?
Prends mon carnet de travail sur la table de nuit. Lis-le, complète-le, remplis-le. Ce sera ta feuille de route.
Prends aussi la pochette de plastique, avec tout ce qu’il y a dedans. La prochaine fois, je te donnerai un disque
et un cadeau pour l’actrice palestinienne.
Dis oui ?
- Oui.
Je n’ai pas regretté tout de suite.
Ni dans le couloir de l’hôpital. Ni dans la rue, respirant l’hiver à pleine vie.
Ni dans les escaliers, montant lentement vers la voix de ma fille.
C’est face à mon mari que j’ai douté. Louise avait deux ans. Elle s’agrippait à ma jambe fragile. C’est à la porte
de notre appartement que ma famille m’est apparue. A l’hôpital seul Samuel existait. Sa force, sa volonté. Lui
et Antigone, son dernier combat.
Cette fois, il ne s’agissait pas de réciter trois répliques de théâtre dans une maison des jeunes, mais de s’élever
contre une guerre générale. C’était sublime. C’était impensable, impossible, grotesque. Aller dans un pays de
mort avec un nez de clown, rassembler dix peuples sans savoir qui est qui. Retrancher un soldat dans chaque
camp pour jouer la paix. Faire monter cette armée sur scène. La diriger comme on mène un ballet. Demander à
Créon, acteur chrétien, de condamner à mort Antigone, actrice palestinienne. Proposer à un chiite d’être le
page d’un maronite. Tout cela n’avait aucun sens. Je le savais mais il fallait proposer l’inconcevable. Monter
Antigone sur une ligne de feu allait prendre les combats de court. Ce serait tellement beau que les fusils se
baisseraient.
Pour une heure peut-être mais une heure de paix !
AUTEURS ET CREATEURS
Sorj Chalandon (auteur)
Sorj Chalandon a été journaliste au quotidien Libération de 1973 à février 2007. Membre de la presse judiciaire,
grand reporter, puis rédacteur en chef adjoint de ce quotidien, il est l'auteur de reportages sur l'Irlande du Nord
et le procès de Klaus Barbie qui lui ont valu le prix Albert-Londres en 1988. Écrivain, il a aussi publié cinq romans chez Grasset, dont Une promesse, qui a reçu le prix Médicis en 2006. Par ailleurs, il a participé à l’écriture
de la saison 2 de la série télévisée Reporters (trois épisodes écrits) et travaillé avec le créateur de cette série,
Olivier Kohn, sur les arches d'une troisième saison finalement abandonnée par Canal+. Depuis août 2009, Sorj
Chalandon est journaliste au Canard enchaîné.
En 2008, son roman Mon traître s'inspire de son histoire personnelle : son amitié avec Denis Donaldson, vue par
le biais d'un narrateur parisien luthier ; trois ans plus tard, l'histoire romancée est racontée sous l'angle du
"traître", dans Retour à Killybegs. Ce roman obtient le Grand prix du roman de l'Académie française en 2011.
De 2008 à 2012, Sorj Chalandon fut le parrain du Festival du Premier Roman de Laval, organisé par Lecture en
Tête. Depuis 2013 Il est le Président du Jury4 du Prix Littéraire du Deuxième Roman.
Entre 2007 et 2009, Sorj Chalandon devient formateur régulier au Centre de formation des journalistes à Paris.
En 2010, Sorj Chalandon, apparaît en dernière partie du film documentaire de Jean-Paul Mari « Sans blessures
apparentes » — tiré de l'ouvrage paru sous le même titre aux éditions Robert Laffont — dont la thématique est
consacrée aux « damnés de la guerre8 » ainsi qu'aux séquelles psycho-émotionnelles qui en résultent, ellesmêmes qualifiées de trouble de stress post-traumatique ou ESPT. Le 14 novembre 2013 à Rennes, le prix Goncourt des lycéens lui est attribué pour Le Quatrième Mur publié chez Grasset.
Julien Bouffier (mise en scène)
En 1997, il adapte et met en scène un roman autofictionnel de Claude Lucas sur le monde carcéral, Suerte, et
obtient le prix de la jeune création au festival d’Alès. C’est par ce spectacle « peep-show » (les spectateurs
sont dans des boxes face à une glace sans tain) qu’il sera distingué bien au-delà de la région Languedoc-Roussillon. En 2002, il crée Le Début de l’A de Pascal Rambert dans un dispositif bi-frontal qui empêche le public
d’assister à tout ce qui est joué. Cette façon de questionner encore et toujours le rapport au spectateur, soit
par la place qu’il lui donne dans l’espace, soit par la perte de repères en jouant avec la réalité et la fiction, soit
par une démultiplication des signes pour assouplir, voire détourner les codes de la représentation théâtrale devient sa marque de fabrique.
A partir de 2005, il met en scène le monde du travail et ses conflits (Les Yeux rouges de Dominique Féret sur le
conflit Lip, Les Vivants et les Morts de Gérard Mordillat). Il produit alors un théâtre engagé, axant sa réflexion
sur le rôle social du théâtre : source d’émancipation ou de divertissement ? Il propose alors une grande fresque
de 8 heures sur une lutte ouvrière plus ou moins fictive, qui entraîne le grand public avec lui. C’est à l’occasion
des Sondes organisées avec le Centre national des Écritures Scéniques à la Chartreuse de Villeneuve-lès-Avignon
que naîtra le projet suivant Les Témoins. Il conduira la compagnie à un travail de près de quatre ans autour du
traitement théâtral de l’actualité, questionnant de manière encore plus interactive la place (physique et virtuelle) du spectateur.
En 2014, Julien Bouffier ressent la nécessité de revenir à la fable avec une version du Mépris de Godard. Avec Le
jour où j’ai acheté ton mépris au Virgin Megastore, il assume pour la première fois la position d’auteur et prolonge sa rêverie liée au cinéma, au théâtre musical, à la chorégraphie. En 2015, avec L’art du théâtre de Pascal
Rambert, il s'éloigne pour la première fois du côté spectaculaire pour proposer une forme légère, à installer
partout, et centre son travail sur le jeu de l'acteur.
Emmanuelle Debeusscher (scénographie)
Scénographe, constructrice, régisseur plateau, elle est membre fondateur de la compagnie Adesso e Sempre.
Elle conçoit et réalise la plupart des décors des mises en scène de Julien Bouffier depuis 1994, dont quatre
d’entre eux avec le soutien de l’atelier de construction du Centre Dramatique National Théâtre des Treize
Vents. Elle poursuit un travail régulier avec la chorégraphe Hélène Cathala depuis 2002 et assiste Gillone Brun
et Julien Bureau, scénographes de Jean-Marc Bourg.
En une quinzaine d’années, elle crée des espaces ou des éléments de plateau, pour Marc Baylet, Yann Lheureux, Fabrice Ramalingom, Claire Le Michel, Florence Saul, Fabrice Andrivon, Christophe Laluque, Frédéric Borie, Lonely Circus, Anna Delbos-Zamore , Claire Engel..
Aujourd’hui, elle engage un travail avec Hélène Soulié, Mitia Fedotenko, et bientôt Vanessa Liautey. En 2010 et
2012, elle intervient à la faculté Paul Valéry de Montpellier, auprès de Licence 3 et Licence 2 pour mener un
atelier de pratique scénographique. Récemment, elle a participé à l’élaboration d’une pièce en trois dimensions
du peintre André Cervera, et à la mise en espace de l’exposition de Guillaume Robert, vidéaste-plasticien.
Vanessa Liautey (comédienne)
Vanessa Liautey étudie à l’Ecole d’Art dramatique Claude Mathieu de 1995 à 1998 ; Débute son travail en 2000,
avec la compagnie Adesso e sempre / Julien Bouffier : Hernani de Victor Hugo. Sous sa direction, elle joue : La
nuit je mens (2001), Le début de l’A de Pascal Rambert (2002), L’Echange de Paul Claudel (2003), Remember
the Misfits (2004), Perlino Comment de Fabrice Melquiot (2005), Les vivants et les morts de Gérard Mordillat
(20078), Hiroshima mon amour de Marguerite Duras (2009), Epreuves (2011) spectacle musical, Les Témoins
(2012), Le jour où j’ai acheté Le Mépris au Virgin Mégastore (2014).
Elle travaille également avec Marjorie Nakache « J’esperons que je m’en sortiras », Christophe Laluque «Vagabonds » et « Au panier », Jean-Claude Fall « Richard 3 » et « Un fil à la patte », Eli Commins sur son installation « Breaking », Luc Sabot « Le pays Lointain » de Lagarce, Fanny Rudelle « L’une de l’autre » de Nadia
Xerri, «L’affaire Sirven » spectacle/concert de J.C Sirven, Jacques Allaire « Ni Une ni Deux » d’Eugène Durif…
Elle continue sa formation d’actrice : musique, chant, anglais, espagnol, travail de recherche avec Bernard
Guittet, Pascal Rambert, Nathalie Rafal (Feldenkrais), Hélène Cathala, Dominique Noel (Body mind centering),
Fabrice Murgia, Rodrigo Garcia et le Yoga. Elle fait régulièrement des rôles pour la télévision et le cinéma et des
voix pour différents médias. Elle continue sa recherche de fusion entre le travail d’acteur et la musique, le
chant.
Alex Jacob (musique)
Né en 1986, Alex Jacob a suivi des études théâtrales à l’université Paul Valéry ainsi qu’au Conservatoire d’art
dramatique de Montpellier. Il obtient un Master Arts du Spectacle Théâtre. Il s’intéresse durant ces années à la
musique et fonde en 2007 Le Skeleton Band. Il chante, joue de la guitare et du banjo. Son univers musical navigue entre le blues, le bastringue et le rock’n’roll. On y entend des élans cinématographiques et des humeurs
de musique latine.
Depuis la sortie de son premier album, Preacher Blues, le groupe tourne très régulièrement en France et en Europe. Leur deuxième disque, Bella Mascarade, a eu une reconnaissance de leurs pairs (Printemps de Bourges,
Chaînon manquant). La Castagne, récemment sorti (avril 2014), a reçu un bel accueil de la part des publics et
des critiques. Le Skeleton Band a composé de nombreuses bandes-son pour le théâtre, la radio ou le cinéma. En
2012, le groupe a participé à un spectacle d’Adesso e sempre, Épreuves. Aujourd’hui, Alex Jacob poursuit la
création musicale avec son groupe, en France ou à l’étranger, avec un désir de confronter ses chansons aux publics.
Laurent Rojol (vidéo)
Laurent Rojol se passionne dés l’adolescence pour l’image en mouvement et les effets visuels. D’abord en super
8, puis très vite en vidéo qu’il pratique de façon assidue et plutôt éclectique pendant plusieurs années. Et puis
un voyage presque accidentel en Inde agit comme un révélateur et commence alors une période « découverte
du réel » où, entre des occupations professionnelles diverses et temporaires, il effectue de longs périples, notamment en Asie et au Moyen-Orient, lui confirmant une vraie passion pour les peuples, l’histoire, l’architecture… le monde !
Vers la fin du millénaire, il entame une formation aux nouvelles technologies numérique et une incursion professionnelle de trois ans dans la communication et le multimédia qui lui permet de maîtriser les subtilités des nouveaux médias électroniques et de profiter de la fréquentation enrichissante d’infographistes. En 2001, il a l'occasion de retourner à ses premiers amours visuels par le biais du théâtre et sa rencontre avec le metteur en
scène Julien Bouffier. Au sein de la compagnie Adesso e Sempre, il crée les vidéos de tous ses spectacles jusqu'à
aujourd'hui.
Il travaille également avec d'autres metteurs en scène (Jean-Claude Fall, Guy Delamotte, Renaud Cojo, Claire
Engel...) des chorégraphes (Hélène Cathala, Fabrice Ramalingom, Matthieu Hocquemiller), des musiciens (Dimoné, Jean Christophe Sirven) ou sur de plus classiques films documentaires.
Christophe Mazet (lumières)
Depuis vingt cinq années, Christophe Mazet se consacre au travail de l’éclairage. À ses débuts, il collabore avec
de nombreuses formations musicales avec lesquelles il crée les lumières et part exercer sa profession dans différents continents comme l’Europe, l’Asie, l’Amérique et l’Afrique. Dix années au cours desquelles il enrichit son
expérience artistique et professionnelle avec des groupes musicaux tels que Rinôcèrose, Digitalis’m, The shoes,
Superfunk, Souad Massi, Les Négresses vertes, Dimoné, Enzo Enzo, Le grand David, Regg’lyss, The Chase, Lunatic
Age, Les Acrobates, Roé, Denis Fournier, Laurent Montagne, Pascal Corriu… ainsi qu’une trentaine d’autres formations.
Son approche singulière de la lumière l’amène au théâtre, où il collabore avec Julien Bouffier depuis 2002 en
résidence au Centre dramatique national des Treize Vents (Montpellier). Il travaille aussi avec Jacques Allaire et
la Scène nationale de Sète depuis 2003, ainsi qu’avec les metteurs en scène tels que Jean-Marc Bourg, Bela
Czuppon, Bernadette Bindaude, Yves Gourmelon, Alain Béhar, Gilbert Rouvière, Claire Engel, Flavio Polizzy, Lucas Franceschi…
En danse, il signe la création lumière du spectacle de Mathilde Monnier Rino in Dance au Zénith de Montpellier
en septembre 2007. En Août 2009, il crée la société MB Conceptlight spécialisée dans l’éclairage architectural et
muséographique. Ce qui lui permet de signer en septembre 2009, la mise en lumière du Grand Palais (Paris) pour
l’événement La Nuit Electro. Son travail depuis toujours s’attache à trouver la lumière juste pour chaque projet, celle qui donne du sens.
COMPAGNIE ADESSO E SEMPRE : CRÉER / HABITER
La compagnie Adesso e sempre est née en 1991 dans la tête de dix lycéens sortis des cours de théâtre des comédiens
d’Antoine Vitez au lycée Molière à Paris, il y a plus de 20 ans. Après la présentation de leur première création, ils
font le pari de s’installer dans l’Hérault pour éprouver plus simplement leur rapport au public. Après six ans de résidence à la Scène nationale de Sète, la compagnie, dirigée par Julien Bouffier, est associée au Théâtre des Treize
Vents, Centre dramatique national de Montpellier L-R, pendant trois ans puis au Théâtre Jean Vilar de la Ville de
Montpellier pendant deux ans et en compagnonnage avec le Théâtre Jean Vilar de Vitry-sur-Seine de 2009 à 2012.
Faisant d’abord ses armes sur des œuvres méconnues d’auteurs du répertoire, Julien Bouffier met en scène de plus
en plus de textes contemporains. En proposant des lectures singulières qui provoquent le spectateur dans sa manière
de regarder une œuvre, il tient à déployer sa présence à la fois en dehors et sur les plateaux de théâtre pour remettre le théâtre au centre de la Cité.
Pendant ces années de recherche, la compagnie a défriché des territoires et des publics très différents, entre des
actions et des interviews dans des bureaux d’entreprise au sein de Comité d’Entreprise du siège de la SNCF à Paris
(en compagnonnage avec le Théâtre Jean Vilar de Vitry-sur-Seine), ou des ateliers menés avec des classes entières
de toutes sections, dans le cadre du dispositif Lycéens Tour de la Région Languedoc-Roussillon (Les Témoins, création
évoluant et se reconstruisant suivant les contextes de représentation).
Dans le même temps, la compagnie continue à approfondir sa recherche sur la présence sur scène de l’image et de
l’art numérique. Elle développe des systèmes de captation vidéo en temps réel rediffusée en simultanée. En particulier à l’occasion de résidences "Sondes" effectuées au Centre National des Ecritures Scéniques à la Chartreuse de Villeneuve-lès-Avignon. Le projet de création "Les Témoins" naîtra lors de ces Sondes et conduira la compagnie à un
travail de près de quatre ans autour du traitement théâtral de l’actualité.
En 2009, grâce à la carte blanche que lui donne le directeur du CDN de Montpellier, Jean-Claude Fall, la compagnie crée le festival Hybrides répondant à une nécessité d’ouverture à de nouvelles formes d’écritures scéniques,
très présentes en Europe mais trop rares dans la Région Languedoc-Roussillon, l’intérêt se porte en particulier sur
le théâtre documentaire.
PARTENAIRES DE LA CRÉATION
Partenaires acquis
Théâtre Jean Vilar à Vitry-sur-Seine
EPIC du Domaine d’O domaine départemental d’art et de culture à Montpellier
Humain trop humain, Centre dramatique national de Montpellier
Le Tarmac, scène internationale francophone à Paris
Studio-théâtre de Vitry-sur-Seine
La Filature, scène nationale à Mulhouse
Théâtre du Vésinet
Théâtre de Saint-Quentin-en-Yvelines, scène nationale
La compagnie est subventionnée par le Ministère de la Culture / DRAC Languedoc-Roussillon, la Région
Languedoc-Roussillon, la Ville de Montpellier.
CALENDRIER DE PRODUCTION ET DE DIFFUSION
PRODUCTION
Première résidence / Octobre 2015
15 jours au Studio-Théâtre de Vitry-sur-Seine avec la comédienne et le musicien français
Présentation du projet de création / 5 novembre 2015
Réseau en scène en Languedoc-Roussillon à L’Archipel scène nationale de Perpignan. Julien Bouffier
sera accompagné de Nathalie Huerta directrice du Théâtre Jean Vilar de Vitry-Sur-Seine, coproducteur
sur 2015 et 2016 de la création.
Repérage / 23 – 27 novembre 2015
7 jours au Liban (Beyrouth) avec Julien Bouffier, la comédienne et le musicien français – en collaboration
avec l’Institut Français de Beyrouth dans le cadre de la Belle saison. Pour entrer en contact avec des artistes libanais (un comédien et un musicien) qui rejoindront l'équipe française déjà constituée. Pour repérer et de collecter des images, des séquences vidéos de Beyrouth et plus largement du Liban et ainsi
constituer une matière pour le spectacle. L'autre objectif est d’intéresser les directeurs de lieux qui se
sont positionnés sur la production et/ou le pré-achat pour qu’ils accompagnent le processus de création.
Présentation d'une maquette / 12 janvier 2016 à 11h
Premières lignes #7 à l'Atelier à spectacles, scène conventionnée pour l'accompagnement artistique de
l'Agglo du Pays de Dreux.
2ème résidence / Mars 2016
15 jours au Théâtre Jean Vilar à Vitry-Sur-Seine Résidence suivie d'un chantier public / 29 mars à 19h Dans
le cadre des "Transversales" -temps fort du Théâtre Jean Vilar dédié aux écritures mélangées de Méditerranée.
Résidence de création au Liban (Beyrouth) / Avril 2016
15 jours / avec Julien Bouffier l’équipe artistique, le vidéaste Tournages avec des acteurs libanais sur les
personnages du roman qui constitueront la matière vidéo du spectacle. Tournages de séquences avec les
acteurs de plateau dans Beyrouth et plus largement sur le territoire libanais. Rencontre et début du travail
entre la musicienne libanaise et le musicien français.
3ème résidence de création / Décembre 2016
1 mois / dont 15 jours à Humain trop humain, Centre dramatique national de Montpellier.
CRÉATION / Janvier 2017
10 et 11 janvier 2017 à La Filature, scène nationale à Mulhouse.
TOURNÉE (en cours) / De janvier à juin 2017
au Théâtre Sortie Ouest, domaine départemental d'art et de culture de Bayssan - scène conventionnée
pour les écritures contemporaines à Béziers
2 et 3 février au Théâtre Jean Vilar à Vitry-sur-Seine
24 et 25 février à Humain trop humain, Centre dramatique national de Montpellier
1er au 4 mars au Le Tarmac, scène internationale francophone à Paris
7 mars au Théâtre du Vésinet
29 et 30 mars à la scène nationale de Saint-Quentin-en-Yvelines
COMPAGNIE ADESSO E SEMPRE
Metteur en scène | Julien Bouffier | [email protected]
Administration-production | Nathalie Carcenac | 06 48 09 23 75 [email protected]
Diffusion | Claire Fournié | 06 87 45 76 03 | [email protected]
www.adessoesempre.com
42 rue Adam de Craponne, 34000 Montpellier
Crédit photo : Marc Ginot
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