Compagnie Adesso e sempre
Création 2016/2017
Le quatrième mur
Création franco-libanaise
Mise en scène Julien Bouffier à partir du roman de Sorj Chalandon
(Prix Goncourt des Lycéens 2013)
Coproduction Théâtre Jean Vilar à Vitry-sur-Seine, EPIC du Domaine d’O domaine départemental d’art et de culture à
Montpellier, La Filature, scène nationale à Mulhouse, Humain trop humain, Centre dramatique national de Montpellier.
Avec le soutien du Studio-Théâtre de Vitry-sur-Seine.
Avec le soutien du Conseil départemental du Val-de-Marne dans le cadre de l’aide à la création.
Adesso e sempre est subventionnée par le Ministère de la Culture / DRAC Languedoc-Roussillon, la Région Languedoc-Rous-
sillon, la Ville de Montpellier.
Contacts compagnie
Metteur en scène | Julien Bouffier | [email protected]
Administration-production | Nathalie Carcenac | 06 48 09 23 75 | nc@adessoesempre.com
Diffusion | Claire Fournié | 06 87 45 76 03 | [email protected]
DISTRIBUTION
Adaptation et mise en scène : Julien Bouffier
Scénographie : Emmanuelle Debeusscher etJulien Bouffier
Création vidéo : Laurent Rojol et Julien Bouffier
Interprètes : Diamand Abou Abboud, Nina Bouffier, Alex Jacob, Vanessa Liautey, Gabriel Yamine
à l’image : Yara Bou Nassar, Joyce Abou Jaoude, Mhamad Hjeij, Elie Youssef, Joseph Zeitouny
Création musicale : Alex Jacob
Création Lumière!: Christophe Mazet
Travail sur le corps!: Hélène Cathala
Photos : Marc Ginot
Administration-production : Nathalie Carcenac
Diffusion : Claire Fournié
Durée : 1h30
Production Compagnie Adesso e sempre
Coproduction
Théâtre Jean Vilar à Vitry-sur-Seine
EPIC du Domaine d’O domaine départemental d’art et de culture à Montpellier
La Filature, scène nationale à Mulhouse
Humain trop humain, Centre dramatique national de Montpellier
Avec le soutien du Studio-Théâtre de Vitry-sur-Seine.
Avec le soutien du Conseil départemental du Val-de-Marne dans le cadre de l’aide à la création.
Remerciements
Valérie Baran, Le Tarmac, scène internationale francophone à Paris
Collectifs Zoukak et Kahraba à Beyrouth
« Le quatrième mur, c’est ce qui empêche le comédien de baiser avec le public.
Une façade imaginaire, que les acteurs construisent en bord de scène pour renforcer
l’illusion. Une muraille qui protège leur personnage. Pour certains, un remède contre
le trac. Pour d’autres, la frontière du réel. »
Sorj Chalandon
RÉSUMÉ
En 1974, à Paris, Georges, étudiant en histoire, militant activiste pro-palestinien, casseur de facho et féru de
théâtre, fait la connaissance de Sam, grec et juif ayant fui la dictature des colonels après l'avoir combattue.
Sam a un rêve : monter Antigone d'Anouilh sur la ligne verte qui sépare Beyrouth, avec des acteurs de toutes les
nationalités et religions du conflit. Malade, il demande à Georges de le faire à sa place. La troupe se compose
d’une palestinienne sunnite, d’un druze, d'un maronite, d'un chiite, d'une catholique, chacun proposant tour à
tour une relecture d'Antigone au regard du conflit libanais. Le jeune homme arrive avec sa belle idée de paix,
face à des!hommes et des femmes qui se haïssent mais acceptent de le suivre dans son projet sans jamais cesser
de l’interroger sur ses motivations et sa connaissance de la guerre. Il va devoir composer avec ses engagements,
essayer de comprendre ce pays, côtoyer des snipers, être blessé, entrer dans Chatila massacrée… De retour en
France, incapable de retrouver sa vie d'avant, il décide de repartir au Liban où il est tué.
INTENTIONS
Théâtre / Docu / fiction ?
Depuis une dizaine d’années, la compagnie a concentré son travail sur la question documentaire dans la repré-
sentation théâtrale. Comme le réaffirme Sorj Chalandon, la scène est le lieu de la représentation et donc de la
fiction, le quatrième mur la protège du réel. C’est cette frontière que nous voulons emprunter, franchir, faire
franchir au public. Rendre perméables nos voyages, basculant du réel à l’imaginaire, de l’image filmée à la
scène, de l’acteur au personnage.
Sorj Chalandon construit son récit en déconstruisant la chronologie narrative si bien que le présent de l’action
est toujours mouvant. Ce traitement du temps est une des richesses du roman et ses aller-retours temporels
offrent un effet de distanciation, d’étrangeté qui stimule une conscientisation du spectateur. Chalandon pose la
question au théâtre de la présence, des fantômes, de l’incarnation à laquelle notre adaptation répond en multi-
pliant les moyens narratifs que nous offre la scène. Entre récit, dialogue, incarnation, théâtre d’objet et ci-
néma, notre Quatrième mur veut rendre sensible et intelligible ce voyage initiatique entre la vie et la
mort, entre incarnation et engagement symbolique.
Le Quatrième mur raconte une histoire libanaise, celle de la guerre, des combats, des enfances broyées. Mais
aussi une histoire européenne, celle des mouvements gauchistes étudiants post 68, des résistances, des exils,
des injustices, de l'engagement. Cela parle de la construction d’un narrateur toujours en prise avec le politique,
le militantisme. Lorsqu'il promet à Samuel de mettre en scène Antigone à Beyrouth à sa place, en pleine
guerre du Liban, avec des acteurs de toutes confessions, il s'engage dans un acte doublement symbolique :
faire du théâtre avec des combattants réels, pour que, le temps d’un lever de rideau, Beyrouth ne soit pas un
théâtre de guerre mais une guerre de théâtre.
Mais la guerre n’est pas symbolique : on tue à Beyrouth. On massacre. Ce massacre n’est pas symbolique. Il est
réel. Des êtres vivants ont été méthodiquement assassinés.
Que peut faire le théâtre contre la barbarie, ce territoire au-delà des frontières réelles et symboliques ?
Que peut-on faire contre la barbarie ?
Sorj Chalandon refuse de répondre à cette question car la représentation d’Antigone n’aura jamais lieu. Le nar-
rateur en revanche, malgré son retour en témoin héroïque, hanté par les fantômes du drame libanais, ne
parviendra pas à revenir à la normalité de sa vie française.
Le terrain sur lequel s’inscrit le roman a été foulé par des peuples qui ont été touchés dans leur chair. Sorj
Chalandon, alors grand reporter, a été l'un des premiers à entrer dans le camp de Chatila après les mas-
sacres. Témoigner, en tant que journaliste, n’a pas suffi pour effacer les images terrifiantes dont il avait
été le spectateur. Elles sont devenues son moteur d’écriture pour une fiction. Dans quel but ? Tenter d’ex-
pliquer, de comprendre quoi ?
Son choix de se réinventer en metteur en scène pour raconter son histoire m’a incité, comme en miroir, à
user encore plus du réel (celui que j’éprouve) pour développer notre spectacle. Extraire les faits et la géo-
graphie de son roman, de la fiction. Retrouver dans le Liban d’aujourd’hui les traces de la fiction d’hier,
rencontrer et inclure dans notre projet des acteurs libanais traversés dans leur mémoire par la guerre ci-
vile.
La première partie du spectacle raconte la construction politique du narrateur, son utilisation du théâtre pour
exprimer son engagement tandis que la seconde nous emmène en voyage vers l’Autre, vers la recherche d’une
confirmation des valeurs qu’il s’est fabriqué pour se défendre du quotidien. C’est ce choc entre engagement
symbolique du théâtre et engagement réel de la guerre qui se joue ici et donc plus largement de la difficulté
toujours renouvelée pour le théâtre de représenter le monde.
Julien Bouffier - processus de création - octobre 2015
À consulter en ligne sur https://lequatriememurblog.wordpress.com/
Distribution
Deux couples. L’un français, l’autre libanais. Deux femmes, deux hommes. Vanessa Liautey l’actrice narratrice,
porte le récit de Sorj Chalandon. Alex Jacob, le chanteur/guitariste du Skeleton Band l’accompagne à la fois
seconde voix, partenaire de jeu et musicien. Face à eux, deux interprètes libanais vivant à Beyrouth. Un homme
d’une soixantaine d’années joue le rôle du chauffeur de taxi qui nous conduit dans le Beyrouth de Chalandon et
dans la mémoire de l’acteur qui a vécu la guerre. Il sera notre guide. Une jeune femme incarne la palestinienne
qui doit jouer l’Antigone d’Anouilh, double figure à représenter!: celle de la réalité terrible du destin de cette
femme palestinienne dans le camp de Chatila et celle d’un personnage théâtral. Choisir des acteurs libanais
vivant à Beyrouth, emmener les interprètes français au Liban et travailler là-bas concourt à prolonger le
geste de Chalandon qui ne cesse de tenter de comprendre le réel en le frottant à la fiction. Au cours de nos
séjours au Liban, nous allons aussi filmer des séquences avec des acteurs libanais. Au Liban, d'autres acteurs
vont aussi rejouer l'Antigone d'Anouilh, comme une mise en abîme, pour reconstituer le parcours qu’emprunte le
héros de Sorj Chalandon.
Depuis l’attentat de novembre 2015 à Beyrouth faisant une quarante de morts dans un quartier chiite de
la banlieue sud proche du Hezbollah, mon téléphone a vibré, sonné, smsisé, facebookisé. Que fait-on ?
Nous devions partir une semaine plus tard à Beyrouth pour un premier voyage de repérage sur notre
nouveau projet du Quatrième Mur à partir du roman éponyme de Sorj Chalandon. Le fantasme d’un
Beyrouth en guerre réapparaissait. Beyrouth que nous avions approché quand nous avions joué quelques
années plus tôt Hiroshima mon Amour de M.Duras au théâtre Al Madina. Un Beyrouth qui me rappelait le
Caire de mon enfance, mes amis libanais d’alors, Sary surtout mais aussi Inji, Joëlle, Nathalie.
L’impression de se sentir chez soi, chez moi. Alors quand les personnes avec qui je devais partir eurent
des craintes de partir, je ne les ai pas comprises. Il est vrai que quand la carte de l’avion laisse
apparaître que notre destination est entre tant de villes en guerre, il est humain d’avoir quelques
craintes. Ce n’est pas facile d’appréhender un attentat quand nous ne sommes pas directement touchés
ou si le territoire visé n’est pas connu. Notre émotion est dictée par les films, par les médias que nous
avons vus. Comment chacun ressentons-nous le danger, comment s’inscrit en nous l’état de guerre, de
terreur!? C’est amusant comme le questionnement qui vagabondait en moi faisait écho aux
problématiques de notre projet sur le Quatrième Mur. Et puis il y a eu ce Vendredi 13 Novembre. Je ne
sais plus où j’ai lu Christophe Honoré racontant sa soirée. Il crée en ce moment un spectacle à Paris
intitulé la Fin de l’Histoire et où à la fin de son spectacle, ils jouent à mettre une « apocalypse de
théâtre ». Il dit : « Les bruits violents envahissent le plateau, les fumées s’installent… cendres, faux
sang, lumières vives, explosions… L’artifice a soudain un goût insupportablement obscène, je me sens
honteux!». C’est la raison pour laquelle je pars à Beyrouth. Ne pas être honteux. Trouver la bonne
distance.
A quoi ressemble un druze ? Une palestinienne ? Un chiite ? Un phalangiste ? Un Sunnite ? Un maronite ? Ma
bonne conscience de gauche devait pratiquer le délit de facies sur des personnes qui vivaient au même en-
droit mais qui avaient pour différence leur croyance religieuse. L’arbitraire choix de Sorj Chalandon pour
constituer sa petite troupe et de faire se confronter un Créon phalangiste à une Antigone palestinienne qui
est arrêtée par des soldats chiites et qui tombe amoureuse d’un Hémon druze est très conceptuel. C’est
une bonne idée dramaturgique. Mais comment fait-on pour donner un visage à cette idée ? Vous me direz
que pour chaque texte, c’est la même chose. Que ce soit pour le théâtre ou le cinéma. Sauf qu’ici, la fic-
tion de Chalandon s’appuie sur une histoire récente et brutale à partir d’événements qui se sont réelle-
ment déroulés.
Lors de mes rencontres, il m’est souvent arrivé de demander à Raghda qui m’accompagnait, de quelle reli-
gion était notre précédent interlocuteur. Elle était souvent incapable de me le dire. Parfois, nous écha-
faudions des règles par rapports aux noms ou prénoms de certains. Il est évident qu’un Joseph est diffici-
lement musulman mais il arrive que des noms puissent être autant sunnites, chiites que chrétiens. Je me
suis alors demandé naïvement comment ils faisaient pour savoir qui tuer pendant la guerre civile ? Mon
choix ne voulait pas s’opérer à partir d’un type physique. Un libanais, qu’il soit chrétien ou musulman, ne
ressemble pas à un autre libanais. Mon seul critère serait donc que l’actrice qui doit jouer Antigone sache
chanter « oriental ». Même là, j’étais un peu mal à l’aise en évoquant le mot « oriental ». Les raccourcis
sont la plupart du temps le fruit d’une grande ignorance. C’était mon cas, en disant « oriental », j’évo-
quais ce que je pouvais entendre dans les taxis du Caire de mon enfance (Oum Kalsoum, Fayrouz) mais sans
bien savoir ce que cela signifiait. Mon voyage était pavé de bonnes intentions qui s’effritaient dès que je
mettais un pas devant l’autre. J’aurais été beaucoup plus serein si j’étais resté en France en lisant des
livres sur l’histoire récente libanaise. Venir à Beyrouth, c’est prendre le risque d’être pris pour un orienta-
liste et ce n’est pas un compliment dans leur bouche. C’est la preuve s’il en fallait encore une qu’une vé-
rité n’est souvent liée qu’à la place du viseur par lequel on prend notre photographie : une histoire de
point de vue.
Julien Bouffier - processus de création - octobre 2015
Musique
La musique a toujours été dans nos spectacles un fil narratif qui a sa propre logique et qui vient pondre à la
dramaturgie de l’œuvre. Ici, c’est Alex Jacob, avec qui nous avons déjà travaillé dans les spectacles Epreuves et
L’art du théâtre de Pascal Rambert, qui incarne cette volonté. Comment déplaçons-nous son statut de chan-
teur/leader d’un groupe de rock, Le Skeleton Band, nourri de guitares, de rock usé, de voix éraillées, de
blues vers la prise en charge de la parole romanesque et vers un territoire géographique et historique qui
lui est étranger ? Il était donc important qu’Alex Jacob nous accompagne dans notre voyage à Beyrouth pour
qu’il s’imprègne de la musique libanaise et que sa présence sur scène soit nourrie de la même expérience vécue
par toute l’équipe artistique.
Lors de notre première résidence de création, que nous avons menée au Studio-Théâtre de Vitry avec le sou-
tien du Théâtre Jean Vilar de Vitry-sur-Seine, j’ai demandé à Alex Jacob, chanteur et musicien, d’imaginer
comment il pourrait s'approprier The sound of silence de Simon and Garfunkel. J’étais loin de penser que
cette chanson était l’une de ses préférées, tellement son style musical avec son groupe le Skeleton Band en
est éloigné. The Sound of silence a donc été pendant une semaine le prétexte de la rencontre entre le musi-
cien et Vanessa Liautey, l’actrice principale du projet. Très vite, ce morceau est devenu le nôtre et je partais
au Liban avec la volonté de la transmettre à une actrice libanaise pour en faire une version orientale en
arabe. The sound of silence m’a alors accompagné tout le long de mon séjour dès l’avion où il rediffusait Le
Lauréat, dès la première terrasse de café beyrouthine où la sono laissait entendre sa mélodie et même le
dernier jour où d’un magasin d’électronique, je pouvais reconnaître à travers les grésillements Simon and
Garfunkel. Pour une chanson qu’il me semblait ne plus avoir entendue depuis des années.
Julien Bouffier - processus de création – novembre 2015
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