Asie du sud et de l`est

publicité
L’Asie du Sud et de l’est : les enjeux de la
croissance
L’Asie du Sud et de l’Est (ce qui exclut l’Asie centrale et la partie orientale de la Russie)
est une aire multipolaire. Elle comporte à côté du Japon, deux nouvelles puissances, la
Chine et l’Inde qui ont émergé depuis la fin du XXème siècle. Nous insisterons
essentiellement sur ces trois puissances majeures sans oublier les nouveaux pays
exportateurs : les dragons, première vague de nouveaux pays industrialisés d’Asie : la
Corée du Sud, Taïwan et Singapour et, plus récemment les bébés tigres, la Thaïlande, la
Malaisie, l’Indonésie, le Viêt-Nam et les Philippines. Enfin l’aire est constituée de pays
plus en marge de la mondialisation (Laos, Cambodge, Myanmar, Bangladesh, Pakistan,
Afghanistan, Corée du Nord).
Nous tenterons d’étudier les liens existants entre population et croissance dans un
espace en développement en nous posant un certain nombre de questions : qu’est ce qui
caractérise l’Asie de la croissance ? Quels sont les bénéficiaires de la croissance ? A
quels défis cette aire continentale est-elle confrontée ? Quelle place pour la Chine et le
Japon en Asie et dans le monde ?
I : La croissance démographique est-elle un potentiel ou un frein pour l’essor
économique des pays asiatiques ?
A : Un foyer de peuplement
Avec plus de 3,5 milliards d’habitants, l’Asie du Sud et de l’Est constitue le principal
foyer de peuplement de la planète et représente plus de la moitié de la population
mondiale. D’après les prévisions de l’ONU, la croissance démographique de la région
devrait rester soutenue jusque vers 2030 avant que ne s’amorce un lent déclin à partir
des années 2050.
Cette perspective régionale est contrastée. Une grande part de la croissance
démographique émanera des pays de l’Asie du Sud tandis que le déclin démographique
commence en Asie de l’Est. Ainsi le Japon a terminé depuis longtemps sa transition
démographique (croissance annuelle moyenne de la population entre 2010 et 2015 de
moins 0,1% avec une fécondité de 1,4 enfant par femme) alors que le Timor oriental
commence à peine la phase B (croissance annuelle moyenne entre 2010 et 2015 de 3% et
une fécondité de 6 enfants par femme). A partir du document ci-dessous vous pouvez
différencier les états dont la population va se stabiliser au cours des décennies à venir et
à l’inverse ceux qui, n’ayant pas achevé leur transition démographique, vont connaître
d’ici 2050 une forte croissance de leur population.
Population en Asie du Sud et de l’Est en 2011 et 2050 en millions de personnes:
Etat
Chine
Inde
Indonésie
Pakistan
Bangladesh
Japon
Philippines
Vietnam
Thaïlande
Myanmar
Corée du Sud
Population 2011
1345
1241
238
177
151
128
96
88
70
54
49
Population 2050
1313
1692
309
314
226
95
150
109
71
71
42
Naissance 2011
16
28
4,5
5
3
1
2,5
1,5
1
1
0,4
L’évolution démographique de l’Asie et du monde est en fait fortement liée à celle des
géants chinois et indien (respectivement 1,35 milliard et 1,25 milliard d’habitants en
2011) soit 37 % de la population mondiale. Désormais lente, la croissance
démographique chinoise devrait être stable vers 2025, date à laquelle, l’Inde, dont la
population continuera de croître jusqu’en 2060, lui ravira le premier rang mondial.
B : La répartition de la population
Sur l’ensemble de l’aire étudiée, les densités sont fortes, entre 300 et 400 habitants par
km². Notons que ces densités sont anciennes y compris en milieu rural (parfois plus de
600 habitants par km²) héritage d’une civilisation hydraulique et rizicole qui nécessite
une main d’œuvre abondante.
Les proverbes anciens de la région montrent l’importance de l’activité rizicole. Selon un
proverbe khmer « on fait le riz avec de l’eau et la guerre avec du riz » dés lors
l’expansionnisme semble procéder du riz. Un autre proverbe dit « le Vietnamien plante
le riz, le Khmer le regarde pousser, le Laotien l’écoute pousser ». Ainsi selon ce proverbe
vietnamien les qualités d’un peuple se mesurent à l’aune de son travail rizicole supposé.
La riziculture a des exigences : la durée et le travail méticuleux, la stabilité politique.
Certains sociologues définissent ce savoir-faire comme une activité industrialisante
(main d’œuvre nombreuse, méticuleuse mais précarité en milieu rural imposant de
compléter les revenus dans une usine).
La répartition de la population est inégale même si dominent de fortes densités. On
observe une forte littoralisation du peuplement (les montagnes sont traditionnellement
délaissées car ce sont des espaces souvent consacrés à d’anciennes croyances religieuses
en particulier en Asie orientale) et une forte urbanisation avec une tendance au
gigantisme, caractère commun de nombreux pays de l’Asie.
Avec un taux d’urbanisation inférieur à 50 % en 2010, l’Asie du Sud et de l’Est est, avec
l’Afrique, une des régions les moins urbanisées du monde. Cependant, actuellement
l’Asie connaît une urbanisation rapide alimentée par d’importants flux d’exode rural.
En 2010, on comptait 42 villes asiatiques parmi les 100 agglomérations urbaines les plus
peuplées au monde. Les projections de l’ONU annoncent un taux d’urbanisation de 65%
en 2050 et c’est en Asie que seront localisés les deux tiers de la croissance urbaine
mondiale d’ici 2020.
Cette transition urbaine s’est effectuée au profit des grandes métropoles. Repérez en
rouge les villes asiatiques ayant plus de 9 millions d’habitants à partir du classement des
plus grandes villes du monde.
1
2
3
4
5
6
7
8
9
10
11
12
13
14
15
16
17
18
19
20
21
22
23
24
25
26
27
28
29
30
31
32
Tokyo
37 730 064 (2012)
Mexico
23 293 783 (2010)
Séoul
22 692 652 (2011)
New York
22 214 083 (2012)
Mumbai(Bombay) 21 900 967 (2012)
São Paulo
20 853 705 (2011)
Manille
19 888 419 (2011)
Bangkok (Krung 18 927 786 (2011)
Thep)
Delhi
18 916 890 (2012)
Djakarta
18 588 548 (2011)
Shanghai
18 572 816 (2012)
Los Angeles
18 081 569 (2012)
Osaka-Kyoto17 409 585 (2012)
Kobé
Le Caire
16 429 199 (2012)
Kolkata (Calcutta) 15 644 040 (2012)
Moscou
14 837 510 (2012)
Istanbul
14 350 423 (2012)
Buenos Aires
14 235 106 (2012)
Téhéran
13 828 365 (2012)
Dacca
13 240 743 (2012)
Karachi
13 205 339 (2012)
Gauteng
13 084 543 (2012)
Pékin (Beijing)
12 522 839 (2012)
Lagos
12 517 811 (2011)
Londres
12 448 448 (2012)
Paris
12 161 542 (2012)
Rio de Janeiro
12 140 906 (2011)
Ruhr
11 316 429 (2012)
Bagdad
10 634 225 (2012)
Kinshasa
10 076 099 (2011)
Chicago
9 729 825 (2012)
Hong Kong
9200000
(Xianggang)
Japon
Mexique
Corée du Sud
Etats-Unis
Inde
Brésil
Philippines
Thaïlande
Inde
Indonésie
Chine
Etats-Unis
Japon
Egypte
Inde
Russie
Turquie
Argentine
Iran
Bangladesh
Pakistan
Afrique du Sud
Chine
Nigéria
Royaume-Uni
France
Brésil
Allemagne
Irak
République démocratique du Congo
Etats-Unis
Chine
Les villes les plus attractives sont sur le littoral. On peut lier les deux phénomènes,
métropolisation et littoralisation sur l’ensemble de la région. Observons le cas de la
Chine avec 43% d’urbains seulement. La situation est paradoxale au regard de
l’ancienneté de la civilisation urbaine chinoise et d’un phénomène urbain récent et
massif (son taux d’urbanisation a doublé au cours de ces 25 dernières années). Il y a un
fort contraste entre urbains et ruraux en Chine :
- L’existence d’un important peuplement rural, il y a encore 40% d’agriculteurs en
Chine souvent parmi les plus pauvres renforçant l’exode rural et la littoralisation de la
population et ce malgré les politiques de contrôle du pouvoir communiste.
- Un monde urbain en profonde mutation avec une modification totale de l’architecture
avec par exemple la destruction de centre villes anciens au profit d’un urbanisme
vertical symbole d’une occidentalisation architecturale.
C: Des comportements démographiques déterminants pour le développement
économique et humain :
Distinguons juste quelques exemples :
- une politique de limitation volontaire des naissances datant de l’après-guerre comme
au Japon basée sur une forte scolarisation, un développement du planning familial, un
meilleur accès à la contraception
- une politique antinataliste rigoureuse voire autoritaire comme à Singapour où les
meilleures écoles sont réservées aux enfants n’ayant qu’un frère ou une sœur. Enfin la
Chine a mis en place la politique démographique la plus contraignante en 1979 avec la
politique de l’enfant unique. A la naissance du premier enfant, les parents reçoivent un
certificat d’enfant unique donnant de nombreux droits : priorité à la crèche, gratuité des
soins et des transports, priorité au logement, priorité à l’embauche….La fécondité est
passée de 6 enfants par femme dans les années 1970 à 1,6 aujourd’hui.
Si cette politique fut très efficace en milieu urbain, elle provoqua en milieu rural un
déséquilibre des sexes au profit des garçons en raison d’une surmortalité liée à
l’infanticide des filles
Rappelons que les assurances sociales (et notamment vieillesse) sont quasi inexistantes
dans les espaces ruraux. De plus, l'épouse entre dans la famille de son mari et s'occupera
de ses beaux-parents et non pas de ses parents biologiques. Ce déséquilibre des sexes
s’observe donc en Chine mais aussi en Inde ou au Vietnam.
Selon le gouvernement chinois, cette politique a permis le contrôle de la population en
évitant la naissance de plus de 400 millions de personnes en 30 ans.
Face au mécontentement grandissant, notamment des nouvelles classes moyennes
urbaines, un assouplissement de la loi fut mis en place en 2002. Depuis cette date, le
versement d'une somme de 510 euros (5000 yuans à rapporter au salaire moyen urbain
de 1200 yuans) permet la naissance légale d'un deuxième enfant. Dans le cas de
naissances illégales, des pénalités sont prévues : amendes et non délivrance du certificat
de l’enfant unique. Sur ce sujet, la fracture sociale est très visible entre les nouveaux
riches qui peuvent payer et les pauvres qui cachent leurs enfants illégaux par peur des
représailles. Enfin la limitation des naissances passe aussi par une limitation des
mariages en allongeant l'âge minimal de 22 ans pour les hommes et de 20 ans pour les
femmes.
La baisse de la fécondité s’explique aussi par d’autres facteurs tels l’émancipation des
femmes urbaines ou encore la volonté d’offrir à ses ou son enfant(s) une vie meilleure
notamment en finançant des études supérieures.
- face au vieillissement. Il est particulièrement avancé au Japon avec 22,6% de plus de
65 ans et l’âge médian le plus avancé du monde dépassant les 42 ans (55 en 2050). En
revanche, le vieillissement est à peine amorcé en Chine avec 8% de plus de 65 ans mais
ces derniers vont rapidement s’accroitre dans les prochaines années passant de 120
millions de plus de 60 ans actuellement à plus de 500 millions en 2050. Les conséquences
de ce vieillissement pose (comme en Europe) de nombreuses questions : sur l’économie,
le développement humain, les services de santé ou encore la redéfinition indispensable
des personnes âgées dans la société. Ce vieillissement s’accompagne d’une baisse de la
main d’œuvre qui menace à terme la croissance économique. La solution à court terme
pour ces pays est d’ouvrir ses frontières aux pays dont la croissance démographique est
forte. Le Japon fait appel à des travailleurs pakistanais, indiens, bangladais, indonésiens
ou philippins.
- face au développement humain avec des niveaux de vie encore très inégaux comme en
témoignent les IDH en progrès mais encore contrastés :
L’IDH du Japon de la Corée du Sud ou de Singapour dépasse 0,9, d’autre pays d’Asie
ont un IDH intermédiaire comme la Chine, la Thaïlande ou la Malaisie (environ 0,7)
enfin certains ont un IDH faible (inférieur ou égal à 0,5) : le Myanmar, le Timor
oriental, le Bangladesh, le Pakistan et l’Inde. L’IDH le plus faible demeure
l’Afghanistan avec 0,39.
En conséquence le poids de la démographie est un atout pour le développement mais
suscite des défis en particulier dans les pays en mal développement comme le
Bangladesh (défis sanitaire, éducatif, social…).
II : L’Asie du Sud et de l’Est, une émergence économique importante
A : Le premier pôle de croissance de l’économie mondiale
L’Asie du Sud et de l’Est est la partie du monde qui connaît la plus forte croissance
économique. En 2012, le FMI donne à 13 pays une croissance économique supérieure à
5%. L’Asie possède 5 des 20 plus grandes puissances économiques (Chine, Japon, Inde,
Corée du Sud et Indonésie). Sa part dans le PIB augmente rapidement et atteint
désormais 36%.
L’Asie représente plus du tiers des exportations mondiales et domine de nombreux
secteurs industriels : habillement, électronique, acier, construction navale, transport
maritime. Son rôle est de plus en plus important au sein des institutions internationales
comme le FMI ou le G20.
B : Des modes différents de croissance économique
L’Asie est animée d’un dynamisme économique né au Japon qui s’est étendu à toute la
région. Le Japon a tout d’abord connu un « miracle économique » (croissance annuelle
dépassant les 10%) durant les trente glorieuses (de l’après-guerre aux années 1970) puis
les « 4 dragons » (Corée du Sud, Taïwan, Hong-Kong et Singapour) suivirent avec une
industrialisation rapide à partir des années 1960. Depuis les années 1980, la Chine
connaît à son tour un essor spectaculaire. Depuis les années 90, les bébés tigres
connaissent une croissance rapide la Malaisie, la Thaïlande, l’Indonésie les Philippines
et plus récemment encore le Vietnam. Ces pays récemment émergents apparaissent
comme selon les livres comme des « bébés tigres » ou les « nouveaux dragons » ou encore
des NPIA2, c'est-à-dire des nouveaux pays industriels asiatiques 2ème génération.
Ainsi, la région s’est transformée en une vaste aire d’industries vers une grande
diversification du système productif. A partir du Japon, l’industrialisation s’est
propagée en cercles concentriques, les plus proches ont été les premiers a démarré : la
Corée du Sud, Taïwan, Hong Kong.
Quel est ce modèle ?
Tout d’abord une remontée des filières industrielles avec un temps pour des industries
légères et bas de gamme (exemple le textile), puis un temps pour les biens intermédiaires
(sidérurgie, métallurgie ou chimie) un temps pour les équipements pour les entreprises
et les ménages (machines outils, automobiles, constructions navales…) puis un temps
pour les hautes technologies (de l’informatique aux biotechnologies par exemples).
La banque mondiale résume dans un rapport des années 1990 « le miracle de l’Asie »
avec les 4E: exportation, épargne, éducation et Etat.
- l’épargne permet des taux d’investissement exceptionnel
- l’effort permanent pour l’éducation mixte et vers des formations professionnalisantes
- l’Etat définit les objectifs prioritaires et veille à une croissance équitable
- une économie tournée de plus en plus vers les exportations et le marché mondial.
C : Le développement durable, défi de l’économie asiatique
La croissance économique s’accompagne de difficultés sociales et environnementales. On
constate dans toute l’Asie et en particulier sur les littoraux une aggravation des la
pollution des eaux, de l’air et des terres. Les conséquences sont identiques en milieu
rural avec la surexploitation des sols, des ressources hydriques ou forestières,
conséquence de la généralisation du modèle agricole productiviste (ou agriculture
intensive). Depuis peu les populations des pays les plus riches de l’Asie sont de plus en
plus sensibles aux questions de santé liées à la pollution urbaine ou industrielle. Xintang
par exemple est une ville chinoise spécialisée dans l’industrie textile. Avec une
population de 215 000 habitants, 500 000 travailleurs migrants et 4 000 entreprises,
Xintang est considérée comme la « capitale mondiale des jeans » avec 260 millions de
paire de jeans confectionnées par an. Au-delà des conditions sociales dégradées, les
conséquences environnementales sont très importantes : les eaux usées sont rejetées
intégralement dans la rivière, les salariés ont des problèmes de reproduction et de
fertilité. Certaines maladies sont sur-représentées parmi les ouvriers du textile comme la
pleurésie.
La croissance économique a débouché depuis des décennies par un réel développement
humain, social en particulier au Japon, dans les dragons, en Chine littorale ou encore en
Thaïlande et en Malaisie. Tous les indicateurs le montrent en matière d’éducation, de
santé….Néanmoins l’Asie est aussi le continent qui compte aujourd’hui le plus de
pauvres soulignant que son essor économique ne permet pas, pour l’instant, de répondre
aux besoins de tous. Les inégalités sont réelles à toutes les échelles :
-
-
Singapour : 50 000 dollars par an par habitant alors que le Bangladesh a 1500
dollars par an par habitant
Fort contraste dans les pays émergents en particulier entre espaces ruraux en
marge de la mondialisation et espaces urbains intégrés à la mondialisation.
Exemple, en Chine.
De fortes inégalités socio-spatiales au sein d’une même ville. Mumbay (Bombay)
par exemple est représentative d’une métropole asiatique émergente intégrée à la
mondialisation. Premier port de l’Inde, ville industrielle, pôle financier
international avec deux bourses, pôle cinématographique et télévisuel
(Bollywood), Mumbay est une vitrine de la réussite indienne au point d’être
devenu l’une des villes les plus chères du monde concernant l’immobilier.
Pourtant à côté des nombreux nouveaux milliardaires à l’image de Tata,
Mumbay a aussi le plus grand bidonville d’Asie, Dharavi avec plus de 700 000
personnes.
L’Asie est un ensemble géopolitique et économique unique par son poids
démographique, par sa civilisation très ancienne, par sa croissance économique record
dont les conséquences sociales et politiques sont profondes.
D : Vers l’unité de l’Asie, le nouvel asiatisme ?
L’Asie orientale est déjà intégrée à plusieurs aires régionales notamment l’ASEAN et
l’APEC
- L’ASEAN ( association of south east nations) a été créée en 1967, dans un contexte de
guerre froide dont l’Asie est alors le reflet avec la guerre du Vietnam. L’ASEAN a alors
5 membres fondateurs : Indonésie, Malaisie, Philippines, Singapour, Thaïlande pour qui
le but est la coopération économique un moyen de stabilité. L’ASEAN gère surtout des
problèmes diplomatiques, désamorce des conflits comme le Timor oriental. Au cours des
années 90, avec la fin de la guerre froide, des pays jusque là tournés vers le bloc est
intègrent l’ASEAN (le Vietnam, le Laos ou le Cambodge. Cette association reste
cependant fragile avec une intégration faible par rapport à l’UE, on constate un non
respect des réductions tarifaires qui divise les états membres. De plus la plupart des
grandes puissances de la région ne sont pas dans cette aire régionale.
- L’APEC (Asia Pacific Economic Coopération) ou forum de coopération économique de
l’Asie et du Pacifique. L’APEC est née en 1989 d’une initiative australienne soutenue
par les Etats-Unis en réaction au développement de l’UE et de l’ALENA. Pour les EtatsUnis, l’APEC représenta le moyen d’obtenir l’ouverture des marchés asiatiques, de ne
pas laisser l’influence économique japonaise sans contre poids dans la région mais aussi
d’obtenir le ralliement des pays de l’APEC dans le cadre des négociations du GATT
(aujourd’hui OMC). Aux membres fondateurs de l’ASEAN, se joignent l’Australie, la
Nouvelle Zélande, le Japon, la Corée du Sud, les Etats-Unis, le Canada puis la Chine,
Taïwan, le Chili, le Mexique….
L’APEC s’est donnée comme finalité de créer une vaste zone de libre échange à
l’horizon 2020.
En réalité le nouvel asiatisme marqué par ce rêve d’unité est remis en cause par des
rivalités, des difficultés d’intégration compte tenu de la fragilité de certaines frontières,
de nationalismes forts voire de divisions internes avec des crises ethnico-religieuses. Il
existe de nombreuses rivalités bilatérales : entre les deux Corées, entre la Chine et
Taïwan, entre la Chine et le Vietnam ou encore l’Indonésie et la Malaisie.
Concernant Taïwan, la Chine multiplie les manœuvres militaires intimidantes car elle
considère l’île comme une « province en état de sécession…. Provisoire ». La Chine est
devenue depuis peu, la première puissance détentrice de bons de trésor pour
rembourser la dette états-unienne, cela va-t-il se traduire par une redéfinition de la
stratégie de l’armée états-unienne jusque là protectrice de la souveraineté de l’Etat de
Taïwan ?
Concernant les deux Corées divisées depuis la fin de la guerre en 1953, la frontière
représente l’un des derniers héritages contemporains de la guerre froide opposant un
Etat communiste et une démocratie libérale et de ce fait, divisant le peuple coréen en
deux états. Au-delà des incidents de frontières ( y compris en 2012), l’éventualité d’une
réunification aboutirait à la naissance d’une grande puissance de 220 000 km², de plus
de 70 millions d’habitants avec les ressources au nord et le potentiel industriel du sud.
Le Japon, nous le verrons, a des problèmes frontaliers avec la Corée du Sud mais aussi
avec la Chine et la Russie.
Autre exemple, les îles Spratleys (700 îles) sont revendiquées partiellement par la Chine,
les Philippines, la Malaisie, l’Indonésie, Brunei ainsi que le Vietnam. L’ensemble de ces
états ont pris possession d’îles afin d’appuyer leurs revendications. Est-il nécessaire de
préciser la présence de pétrole sur ces îles ? L’alternative politique concernant les
Spratleys demeure la solution de partage proposée par la Thaïlande ou un rapport de
force militaire ?
D : La littoralisation de l’économie asiatique : une puissance exceptionnelle des systèmes
portualo-maritimes :
L’Asie se caractérise par un fort degré de maritimisation des économies et des
territoires. Dès lors le contraste s’accentue entre le dynamisme du littoral et l’intérieur
des territoires de plus en plus délaissés. L’intégration à la mondialisation de l’Asie se
traduit par l’association grandissante de la mer du commerce et des industries. Le
symbole du décollage économique de l’Asie est la révolution du conteneur puisque son
développement est fondé sur la captation des flux qui alimentent la société de
consommation mondiale.
Rappel du chapitre sur la mondialisation : la baisse des coûts de transport a favorisé
l’explosion des échanges et, en premier lieu la conteneurisation maritime.
Le prix d’un conteneur entre Marseille et Yokohama est aujourd’hui légèrement
inférieur au prix de transport entre Marseille et Paris. L’Asie a su aménager son
territoire afin de s’adapter à cette nouvelle géographie économique. Ainsi, l’Asie possède
10 des 20 premiers ports mondiaux (Shanghai, Hong Kong, Singapour, Kaohsiung,
Pusan, Kobé…). Cela s’explique par la croissance industrielle, la volonté d’exporter,
mais aussi une forte capacité d’adaptation. Les ports tel Singapour aménagent
constamment de nouveaux quais pour accueillir les futurs porte-conteneurs dont la
capacité augmente régulièrement. Alors que les premiers 8 000 EVP sont apparus en
2003/2004, l’Emma Maersk inauguré en 2006 dépasse les 400 mètres de longueur et les
11 000 EVP (potentiel de 14 000 EVP). Rappel : EVP : équivalent vingt pieds = mesure
de la capacité d’un conteneur soit 2,4 mètres / 2,4 mètres / 6,1 mètres (20 pieds).
En parallèle, l’Asie possède la première zone de construction navale. En 1955, l’Europe
représentait 82% de la production mondiale et l’Asie 15%. Aujourd’hui l’Europe
représente de 18% de la production mondiale et l’Asie 80 %. Les atouts de l’Asie ?
L’acier à bas prix, une main d’œuvre qualifiée et peu couteuse.
En conclusion, l’intégration à la mondialisation renforce la littoralisation qui entraîne
un renforcement du contraste centre/périphérie sous la forme littoral/intérieur. Il en
résulte l’émergence de mégapoles littorales : mégalopole japonaise, axe Séoul/Pusan en
Corée, axe Keelung/ Kaoshiung à Taïwan, développement de la cité-Etat de Singapour
symbole de ce processus sans oublier les mégapoles du littoral chinois. A ce propos je
vous propose dans un fichier ci-joint une étude de cas sur Shanghai nouvelle ville
mondiale.
Cette attractivité des littoraux fragilise les espaces intérieurs qui sont victimes de soldes
migratoires déficitaires, d’une baisse des investissements publics au nom de
l’aménagement du territoire et, de l’absence d’investissements étrangers (IDE).
E : L’Asie dans le monde :
- Il s’agit d’une aire commerçante intégrée à la mondialisation avec des taux
d’extraversion élevés. De 25 à 30 % le leur PIB est exporté avec des taux dépassant les
100 % à Singapour (importance de la fonction d’entrepôts, de transit. Ce chiffre
comprend donc les réexportations). Ce dynamisme se traduit par une forte
augmentation des échanges intra-asiatiques désormais supérieurs aux échanges avec le
reste du monde.
- C’est une aire attractive y compris en période de crise économique mondiale car la
croissance y demeure supérieure aux autres pôles de la triade. Si la bourse de Tokyo
représente 70% des capitaux, nous constatons une forte croissance de bourses dans la
région comme celles de Hong Kong, Séoul, Singapour et Shanghai.
L’Asie orientale constitue la 3 ème destination des IDE à l échelle mondiale (à l’intérieur
la Chine est de loin la première). Ces IDE sont de plus en plus entre pays de l’Asie
orientale en premier lieu du Japon : délocalisations d’industries indésirables au Japon
(polluantes) ou qui nécessitent une main d’œuvre peu qualifiée. Certains estiment que le
Japon a reconstitué pacifiquement dans le cadre du libéralisme économique une
nouvelle « sphère de coprospérité asiatique » but politique du nationalisme japonais
dans la première moitié du XX ème siècle. Il est intéressant de noter que les NPIA
(Corée du Sud, Taïwan et Singapour) sont délaissés tant les salaires ont augmenté dans
ces pays. Dés lors les délocalisations actuelles se tournent davantage vers les bébés tigres
comme la Malaisie ou la Thaïlande.
- Une aire qui s’intègre par l’adoption de la remontée complète et rapide des filières
puisque l’Asie maîtrise totalement les hautes technologies.
En conclusion l’Asie est une aire de puissance importante dont le leader jusque là
modèle, le Japon, est concurrencé par les dragons et l’éveil de la Chine.
Devenue pôle majeur du commerce mondial, l’Asie va-t-elle devenir une gigantesque
zone de libre échange ?
Le dynamisme de l’ensemble a reposé sur des synergies avec des décalages
technologiques générationnels mais que va-t-il se passer en cas de rattrapage sur le
Japon ?
L’approvisionnement énergétique et alimentaire connaît de tels taux d’accroissement
qu’ils remettent en cause progressivement les équilibres environnementaux mais aussi
financiers à l’échelle mondiale.
Les autres pôles de la triade, les Etats-Unis et l’Union Européenne vont-ils rester les
réceptacles des exportations asiatiques ?
Quelles relations peut-on envisager à l’avenir entre l’émergence de la Chine et le
Japon ? Mais aussi entre Pékin et Washington ?
Cours n°2 : En quoi l’Asie est un espace multipolaire de plus en
plus intégré à la mondialisation ?
I : Le Japon, pôle central de puissance asiatique et modèle de plus en plus concurrencé
Le Japon est un archipel (près de 8 000 îles) avec 4 îles principales (97 % du territoire):
Hokkaidô, Honshû, Shikoku, et Kyûshû. Ce fractionnement spatial est accentué par les
effets du relief (Honshû est composée au ¾ de montagnes, le célèbre mont Fuji dépasse
les 3 700 mètres d’altitude). Le Japon est situé en fait au cœur d’un carrefour
tectonique où se concentre 10 % de l’énergie sismique libérée sur la planète renforçant
le morcellement. Les tremblements de terre, éruptions volcaniques et tsunamis sont
fréquents. Le 11 mars 2011, un séisme de magnitude 9 sur la côte Pacifique du Japon a
déclenché un tsunami, responsable de la mort de plus de 20 000 personnes. Plus de
100 000 habitations ont été détruites, les dégâts se montent à plus de 200 milliards de
dollars. De plus la catastrophe naturelle s’est transformée en catastrophe technologique
à la suite de l’explosion de 4 des 6 réacteurs nucléaires de la centrale de Fukushima
provoquant l’évacuation de 160 000 personnes.
La forte concentration des 127 millions de Japonais et des activités sur les littoraux des 4
îles principales (surtout Honshû) a poussé les Japonais a aménagé leur territoire, à
l’unifier par de gigantesques infrastructures afin de lutter contre l’éparpillement
naturel de l’archipel.
A : Une grande puissance économique :
L’industrie est le moteur de la puissance japonaise si bien que tout consommateur
européen peut citer un certain nombre de marques japonaises : Toyota, Nissan, Sony,
Hitachi, Canon, JVC, Epson, Mitsubishi, Mazda ou encore Nintendo.
L’industrie moteur de la puissance japonaise est un choix politique en l’absence de
ressources naturelles (taux de dépendance entre 90 et 100 % pour le fer, le cuivre, le
charbon, le pétrole ou encore le gaz). Aujourd’hui le taux de couverture énergétique du
Japon n’est que de 19%.
Cette politique d’industrialisation date de l’ouverture Méji à partir de 1868. Cela
correspond au Japon à la fin du féodalisme shogunal discrédité par sa faiblesse face aux
puissances coloniales, au renversement du Shogun Tokugawa par de modestes daimyô
(vassaux directs du Shogun) et de samouraï (chevaliers et vassaux). Il en résulte une
restauration impériale avec l’empereur Mutsuhito qui ouvre son pays au monde en le
modernisant économiquement. Sa politique se caractérise par un enseignement pour
tous, une assimilation des technologies occidentales (contexte européen de révolution
industrielle), l’aménagement d’un environnement favorable à l’industrie mais avec des
emprunts financiers à l’étranger restreints pour plus d’indépendance nationale.
Suite à la défaite japonaise en 1945, l’archipel devient par la suite un rempart face au
communisme (de la Chine à la Corée du nord). Le Japon connaît alors un miracle
économique durant les Trente Glorieuses dépassant les 10 % de croissance économique
annuelle contre 4 % en Europe. Les investissements sont alors massifs dans l’industrie si
bien que le Japon vient à dominer certains secteurs comme l’électronique ou
l’automobile.
Aujourd’hui le Japon représente 14 % de la production industrielle planétaire pour
seulement 2% de la population mondiale. Le Japon dispose de toutes les branches
industrielles et le poids de l’industrie demeure important (le secteur secondaire
représente 38% du PIB contre 20 % en France).
Le Japon a su maintenir son rang dans les industries lourdes : 2ème pour l’acier (la Chine
est 1ère) et 2ème pour la construction navale (la Corée est 1ère). Malgré la forte
concurrence asiatique dans les industries plus légères, il a su garder des activités dans le
textile concernant les tissus synthétiques mais aussi les IAA (industries
agroalimentaires) ou encore l’imprimerie.
L’automobile constitue un pilier de l’industrie japonaise avec plus d’une dizaine de
constructeurs tels Toyota, Nissan, Honda, Mitsubishi, Subaru, Infiniti, Lexus…
Toyota est désormais le premier constructeur mondial, écoulant sur la seule année 2009
(pourtant année de crise mondiale) 7,8 millions de voitures sur tous les continents.
Enfin les industries électriques, électroniques et plus généralement les hautes
technologies constituent un autre pilier de l’industrie japonaise avec de grands groupes
comme Hitachi et Mitsubishi mais aussi dans l’informatique avec NEC ou Fujitsu.
Quels sont les moteurs de la puissance japonaise ?
- Des entreprises puissantes organisées en conglomérats géants : les keiretsu comme
Mitsui ou Mitsubishi (héritiers des Zaibatsu nom des grandes entreprises japonaises
avant 1945). L’originalité des keiretsu est d’associer des banques, des sociétés
industrielles et des sociétés de négoce (les sogo shosha). Ces dernières sont des sociétés
commerciales ayant pour but la promotion de l’entreprise : fonction financière,
prospective, communication…
Le poids des keiretsu est énorme puisque les 6 premières emploient 25 % des salariés
japonais et les 3 premières totalisent 30% du PNB japonais.
- Le modèle toyotiste en opposition au modèle fordiste. Ce système définit une nouvelle
organisation de l’entreprise basée sur la concertation, l’information, la créativité du
personnel, la généralisation des flux tendus et de la sous-traitance. Le modèle toyotiste se
résume par la formule « zéro défaut, zéro panne, zéro stock, zéro délai, zéro papier ».
- Un Etat pilote et régulateur qui soutient les keiretsu avec le METI (ministry of
economy trade and industry). C’est un super-ministère qui rassemble le commerce
extérieur, l’industrie, la recherche, la formation, l’aménagement…. Le METI (Ministry
of Economy, Trade and Industry) informe et oriente les entreprises. Cet
interventionnisme de l’Etat japonais dans la croissance industrielle fait de lui un
véritable régulateur de l’économie
- Le modèle japonais se caractérise par le schéma de développement selon le vol d’oies
sauvages : ce modèle d’industrialisation s’opère en cycle comprenant 3 phases.
Phase n°1 : le produit est importé
Phase n°2 : La production nationale se substitue aux importations
Phase n°3 : Lorsque le marché national est satisfait, le produit est exporté
Une nouvelle phase n°1 apparaît alors avec un produit de plus fortes valeurs ajoutées.
- Les facteurs sociaux tels la forte qualification de la population mais aussi le fait que la
société est très consensuelle, héritage du confucianisme, qui hiérarchise les rapports
sociaux, place comme idéal la préservation du consensus, l’effacement de soi ou encore
le respect des règles. Sans oublier les mutations de la société japonaise contemporaine,
cette hiérarchie au sein des entreprises demeure une réalité. A noter le titre du roman
autobiographique d’Amélie Nothomb « Stupeur et tremblements » relatant son
expérience au sein d’une grande entreprise (yumimoto), cela fait référence selon le
protocole en vigueur jusqu’en 1945, de se présenter devant l’empereur avec « Stupeur et
tremblements ».
B : Vers une remise en cause du « miracle » japonais : la fin du modèle ?
Les limites de la puissance japonaise sont :
- une grande dépendance sur le plan énergétique et des ressources alimentaires
- Une faible puissance diplomatique et militaire héritée des traités de 1945 qui l’exclut
des membres permanents du conseil de sécurité de l’ONU et qui a progressivement
installé une relative dépendance à l’égard des Etats-Unis concernant les affaires
étrangères et la défense.
- Un pays fragilisé par des bulles spéculatives au cours des années 1990, l’indice boursier
Nikkei dépassait les 39000 points en 1989, il est seulement de 10172 points le 1er mars
2010. Ces bulles spéculatives des années 90 ont abouti à une fragilisation du Yen, à des
faillites ainsi qu’à une montée du chômage.
- Certaines mutations sociales fragilisent le modèle japonais comme le vieillissement
précoce de sa population par rapport aux autres pays classés nord. La population
japonaise a même commencé à diminuer depuis 2005.
On constate une forte augmentation de la précarité de l’emploi aboutissant à la
multiplication des « freeters » (contraction de l’anglais « free » et de l’allemand «
arbeiter »), nouvelle jeunesse sans emploi fixe par contrainte (ne trouvant que des petits
boulots) ou par choix (refus des contraintes étudiées précédemment au sein de
l’entreprise). L’Etat japonais s’alarme de ce mouvement car ils seraient plus de 10
millions d’ici 2014.
- Enfin, le Japon doit faire face à l’émergence d’autres puissances de l’Asie. Le Japon a
d’ailleurs modifié sa géographie des échanges. Depuis 2000, l’Asie est devenue 1er
partenaire devant les Etats-Unis. Alors, est-ce l’aboutissement du but ancien d’une
« sphère de coprospérité économique » asiatique maîtrisée par le Japon ?
Depuis les 30 glorieuses et le miracle japonais, Tokyo étend son influence et sert de
modèle. Quel rapport pour autant avec la doctrine japonaise impériale d’avant 1945
visant à soumettre l’Asie à la puissance japonaise ? Aucun sauf que l’histoire a rendu les
relations complexes. Certes le Japon a une position avantageuse avec son ouverture sur
le Pacifique et sa proximité avec les pays émergents (main d’œuvre qualifiée pas chère
mais aussi société de consommation émergente), il demeure un pays modèle mais aussi
de craintes et de ressentiment. Les mémoires de la seconde guerre mondiale par exemple
restent profondément différentes entre le Japon et ses voisins en particulier la Chine et
la Corée. La publication de manuels scolaires en 2005 faisant l’impasse sur la réalité de
la domination coloniale japonaise et des massacres en Chine (Nankin par exemple) a
provoqué des manifestations importantes en Chine. Dans ce contexte la visite chaque
année de l’ancien premier ministre japonais Koizumi au sanctuaire Yosukuni où sont
enterrés des soldats japonais condamnés pour crimes contre l’humanité a aggravé les
tensions avec les voisins. Le nouveau premier ministre japonais élu en décembre 2012
considéré comme nationaliste sera à surveiller à ce propos.
Au-delà des ambiguïtés de la mémoire collective, c’est bien un réel conflit pour la
suprématie régionale qui oppose de plus en plus Tokyo et Pékin. Aujourd’hui le Japon a
d’ailleurs son plus gros déficit commercial avec la Chine.
II : Dynamisme et réussite des dragons :
Dans les années 1960, les 4 dragons connaissent un processus d’industrialisation et
d’ouverture commerciale rapide passant en 30 ans du « sous-développement » (terme de
l’époque pour parler des pays classés sud) à des NPIA (nouveaux pays industriels
asiatiques) classés nord.
A : Les facteurs de l’émergence :
Richard D’Angio affirme que « la révolution industrielle est une bifurcation majeure de
l’histoire de l’humanité. Le petit groupe de nations qui l’accomplit, à partir de la fin du
XVIIIème, entre dans une nouvelle ère de transformations continues. Porteuse de
croissance, l’industrialisation a débouché sur le développement. Avec deux siècles de
décalage, l’Asie orientale refait la démonstration de ce que l’histoire économique du
temps long nous avait enseigné, à savoir le lien entre industrialisation, croissance et
développement ». Les états étudiés ont depuis les années 1970 une croissance annuelle
très souvent proche de 10% constituant un record. Quels sont les facteurs de cette
croissance ?
- la reprise du modèle japonais avec le développement en « vol d’oies » ( modèle théorisé
dès 1937 par l’économiste japonais Akamatsu Kaname). Rappel de ce que nous avons
évoqué pour le Japon avec la remontée des filières industrielles : un temps pour les
industries légères et de bas de gamme, un temps pour les grands biens intermédiaires
(sidérurgie, métallurgie, chimie), un temps pour les industries d’équipements, un temps
pour les hautes technologies
- Suivant le modèle japonais, la Corée du Sud, Taïwan et Singapour ont privilégié dans
un premier temps un système productif de substitution aux importations avant de
s’engager dans une stratégie de promotion massive des exportations
- Ces NPIA nouveaux pays industriels ont tous utilisé les 4 E précédemment étudiés :
l’épargne, l’éducation, l’état et les exportations.
- Des aménagements importants afin de développer une puissance exceptionnelle des
systèmes portualo-maritimes intégrés à la mondialisation
- Une main d’œuvre abondante, qualifiée (et dans les années 1970 peu chère). Une
population densément peuplée ayant achevée sa transition démographique et urbaine.
Ces multiples facteurs expliquent la croissance économique record des NPIA leur
permettant de changer de statut, de devenir dans un premier temps des pays ateliers
puis des pays industrialisés avec un développement humain comparable à la triade.
B : La Corée :
L’histoire économique de la Corée du Sud est fortement liée aux relations
internationales. Dans un contexte de guerre froide, ce pays a reçu une forte aide
économique des Etats-Unis jusqu’à 8 % du PNB dans les années 1950. Par la suite l’Etat
coréen a joué un rôle essentiel dans le développement industriel représentant 1/3 de
l’investissement total.
L’économie coréenne est basée sur de grands groupes diversifiés ( les chaebols) comme
Hyundaï, Samsung et Daewoo.
Le secteur industriel demeure puissant en 2010 avec 40 % du PIB ( leader mondial des
chantiers navals (35% de la production mondiale), 5 ème puissance mondiale dans
l’automobile avec les marques Hyndaï, Kia et Ssangyong, 2 ème producteur mondial
dans la sidérurgie (le groupe POSCO par exemple)……
Toutefois l’économie coréenne s’est diversifiée, tertiarisée représentant aujourd’hui 58
% du PIB
Les salaires ont fortement augmenté depuis les années 1970, le PIB par habitant de la
Corée du Sud dépasse les 20 000 dollars par habitant par an, permettant une hausse
record du développement humain (0,928 en 2010). Il en résulte une baisse de la
compétitivité face aux voisins où la main d’œuvre n’est pas chère ( Malaisie, Philippines,
Vietnam…). Dépourvue de ressources énergétiques, de matières premières, la Corée
reste dépendante des IDE et de la conjoncture économique. La nouvelle stratégie
positive de l’Etat coréen est de favoriser les hautes technologies, l’éducation supérieure,
la recherche et développement qui dépasse en 2010 3% du PIB (moins de 2% en France
par exemple) mais aussi les aménagements portuaires (Pusan 10ème port mondial,
Gwangyang 15ème Ulsan 19 ème en progression de plus de 50 % sur la seule année 2008.
C : Singapour :
C’est une cité-Etat d’une superficie de 700 km² et plus de 4,7 millions d’habitants d’où
une très forte densité (environ 7 000 habitants par km²)
L’économie repose sur un puissant secteur tertiaire (70%du PIB) avec d’importants
services bancaires et financiers (2ème place financière de l’Asie derrière Tokyo) mais
aussi sur le commerce, sur le port ( 2ème mondial par le tonnage et premier pour les
conteneurs). Toutefois, Singapour a gardé un puissant secteur industriel (30 % du PIB)
avec les chantiers navals, le raffinage de pétrole ( 3ème raffineur mondial) mais aussi les
hautes technologies ( à l’image de créative technology qui vend les cartes-son Sound
Blaster pour les ordinateurs sur toute la planète). En conséquence, le développement
humain est désormais comparable aux pays de la triade, l’IDH est supérieur à 0,9 et les
revenus annuels sont de 34 000 dollars. Singapour comme les autres NPIA découvre à
son tour les délocalisations vers des pays voisins où la main d’œuvre est moins chère, ce
sont les bébés tigres sorte de NPIA 2ème génération. Souhaitant maîtriser ce processus,
Singapour développe des liens importants avec la Malaisie et l’Indonésie au point de
devenir un triangle de croissance avec une complémentarité économique.
D : Taïwan :
Autre NPIA devenu pays classé nord, l’île de Taïwan a elle aussi un développement
humain comparable aux pays de la triade avec une population de plus de 22 millions de
personnes. Taïwan a su s’imposer dans les hautes technologies en particulier dans
l’informatique. Après avoir été un pays atelier de l’informatique, Taïwan a ses propres
marques : ACER, BENQ ou encore ASUSTEK.
La stabilité de cette puissance dépend beaucoup des relations à venir avec le géant voisin
la Chine qui considère l’île comme une province.
III : La Chine, 2ème PIB mondial :
A : De l’autarcie à l’ouverture
Depuis 1949, la Chine est un pays communiste avec un état centralisé et bureaucratique,
une collectivisation des biens de production, une planification industrielle, un régime
autoritaire dont la politique du « grand bon en avant » (1958-1961) est l’illustration la
plus désastreuse (20 millions de morts). Alors que sur le plan politique la Chine préserve
le modèle communiste basé sur le parti unique et l’absence de libertés individuelles, le
modèle économique évolue peu à peu : politique des 4 modernisations de Deng Xiaoping
en 1978 (industrie, agriculture, science et défense) qui mène selon le leader chinois à
« un pays deux systèmes ». Cette ouverture économique se concrétise au début des
années 1980 par la création de ZES (zones économiques spéciales) permettant sur des
espaces délimités (exemple, Shenzhen) l’installation d’usines étrangères (IDE venus de
pays le plus souvent non communistes). Depuis les années 1980 cette politique
d’ouverture économique s’est accélérée permettant de battre tous les records de
croissance.
B : Les régions motrices de la puissance économique chinoise
- Shanghai est la vitrine de la nouvelle puissance économique chinoise, elle est devenue
une ville monde avec une croissance économique et démographique record. Le quartier
d’affaire Pudong est devenu en quelques années le plus grand du monde (devant
Manhattan) alors qu’au début des années 1990 il n’y avait que des cabanes de
riziculteurs. Le boom immobilier de Shanghai est d’autant plus spectaculaire qu’il est
incontrôlé avec 120 gratte-ciels construits par an et en moyenne depuis 10 ans 20 000
chantiers en cours.
Enfin, Shanghai est devenu le premier port mondial avec une croissance annuelle de 30
% si bien que la saturation des infrastructures a imposé la construction d’un immense
port en pleine mer sur les îles Yangshan dont la capacité atteindra plus de 20 millions de
conteneurs par an. Un pont gigantesque de 32 km relie ce port et la ville.
- Le delta de la rivière des perles est une aire économique ouverte multipolarisée et
hiérarchisée autour de Hong Kong, Shenzhen, Macao, Zhuhai. Hong Kong est
aujourd’hui le 3ème centre financier mondial, sa fonction commerciale est
prépondérante.
- Pékin se situe dans une aire urbaine très densément peuplée qui dépasse les 25 millions
d’habitants. Elle est en partie reliée à la mondialisation maritime par son port Tianjin.
A noter que les jeux olympiques 2008 ont été le prétexte pour accélérer la reconstruction
de la ville au détriment des centres anciens en particulier les hutongs, maisons
traditionnelles en bois.
C : Les défis de la puissance chinoise
- Rester l’atelier du monde : la Chine produit chaque année 70 % des photocopieurs du
monde, 50 % des ordinateurs, 60 % des vélos, 50 % des chaussures. Elle représente 60
% des exportations de jouets dans le monde…..
- Ne plus être seulement l’atelier du monde, dépasser le made in China pour faire du
made by China. La Chine est dépendante des commandes FTN étrangères et donc de la
conjoncture économique, dés lors la Chine tente de créer de grands groupes dans tous
les secteurs comme Lenovo ou Haier. Haier, créé en 1984, est aujourd’hui le 3ème
producteur de produits blancs (réfrigérateurs, machines à laver, congélateurs…).
Désormais le groupe chinois Haier a des usines aux Etats-Unis ou encore en Afrique
(Algérie, Nigéria, Tunisie…). La société Lenovo a été créé en 1984, c’est aujourd’hui une
FTN majeure dans le secteur de l’informatique (4ème mondial). La marque chinoise a
même racheté la branche ordinateur individuel d’IBM. D’autres marques chinoises
commencent à s’imposer à l’image de TCL premier fabricant mondial de téléviseurs.
Ne plus être seulement un pays atelier passe aussi par une tertiarisation de l’emploi.
Pour le moment, le secteur industriel (48% du PIB) est supérieur au secteur tertiaire.
- S’affirmer sur la scène internationale en particulier sur le plan diplomatique et
militaire.
- La maîtrise démographique ainsi que le développement humain. Le vieillissement
démographique tend à remettre en cause la politique de l’enfant unique. Malgré la
croissance record, le PIB par habitant demeure faible (2 400 dollars par habitant par
an) ainsi que l’IDH (0,762)
- Face au développement d’une classe moyenne chinoise devenant une société de
consommation majeure (500 millions de personnes sur 1345 millions d’habitants),
comment le gouvernement communiste chinois peut ne pas tenir compte d’une soif
nouvelle de libertés individuelles, de droit à l’autonomie de certaines minorités.
IV : L’Inde une grande puissance émergente :
L’Inde a aujourd’hui le 10ème PIB du monde dépassant le Canada et l’Australie
cependant le défi du développement humain des 1,2 milliards d’habitants est plus
délicat. Tandis que la troisième puissance économique d'Asie voit grossir les rangs de la
classe moyenne sous l'effet d'une solide croissance proche de 8%, des centaines de
millions d'habitants continuent de manquer de nourriture, d'électricité et
d'approvisionnement en eau potable. 1/3 de la population est considérée comme pauvre.
Alors que le moteur de l’économie chinoise est l’industrie (qui représente environ 46 %
du PIB en Chine contre 27 % en Inde), l’essor de l’économie indienne repose sur les
services (qui représentent environ 55 % du PIB de l’Inde contre 40 % en Chine).
L’importance du secteur des services fait de l’économie indienne un cas unique dans le
monde en développement. La Chine se développe de la même manière que la plupart des
économies occidentales : elle a commencé par une réforme agricole, est passée à la
fabrication à bas prix, entre maintenant dans la fabrication à plus forte valeur ajoutée.
L’Inde, en revanche, possède ce qu’Edward Luce, dans son livre « In spite of the gods »
qualifie d’économie schizophrène dans le sens où elle est à la fois globale avec un secteur
des logiciels en forte croissance, et traditionnelle avec plus de 70 % de la population
vivant encore dans des villages et dépendant de l’agriculture pour sa subsistance. Elle
est à la fois moderne avec plus de 250 millions d’abonnés à la téléphonie mobile et
vétuste avec un système de vente au détail mal organisé et des millions de microentreprises familiales.
Pour réaliser son potentiel, l’Inde doit relever deux grands défis aujourd’hui : la
modernisation nécessaire de l’agriculture et la création d’un plus grand nombre
d’emplois manufacturiers pour sa population rurale sous-employée
Les points forts de l’économie indienne : 4e producteur mondial de fer 8e producteur
d'acier 3e producteur mondial de charbon. Le secteur textile emploie 30 millions de
personnes. Depuis 1990, la construction automobile est passée d'une production de deux
cent mille à plus d'un million et demi d'unités fabriquées. Le secteur de l'informatique
symbolise la réussite indienne et emploie deux millions de personnes en Inde :
Hyderabad, Pune et surtout Bangalore sont les plus pôles de production de logiciels, de
matériel de pointe et des saisie de données. Des grands groupes indiens sont déjà
présents dans ce secteur tel Wipro, Infosys et Tata Consultancy Services, alors que des
groupes comme IBM employaient en près de 39 000 personnes dans le pays à travers 16
sites d'activités. Ce secteur est florissant essentiellement en raison d'une main-d'œuvre
qualifié peu couteuse, un ingénieur indien coûterait 15 000 dollars par an contre 75 000
dollars aux Etats-Unis.
Bengalore apparaît aujourd’hui comme la « Silicon Valley » indienne, elle est spécialisée
dans les nouvelles technologies : logiciels, pharmaceutique, aérospatiale
Exemples de FTN de la triade présentes sur Bengalore : Google, Microsoft,
Yahoo, Amazon, IBM, Axa, , HP, , Capgemini, , Adobe, Schneider Electric et
Goldman Sachs
Toutefois il faut relativiser l’importance de l’informatique à l’échelle du pays :
Le secteur informatique indien est important pour l’économie, mais il serait illusoire de
penser qu'il peut fournir des emplois à la population rurale. Pour citer Edward Luce :
« Moins de 7 % de la main-d’œuvre exceptionnellement nombreuse de l’Inde sont
employés dans l’économie officielle. Cela veut dire que 35 millions de personnes
seulement sur un total de 470 millions bénéficient d’un certain degré de sécurité de
l’emploi ; et seulement 35 millions d’Indiens paient des impôts sur le revenu, soit une
part faible en comparaison des autres pays en développement. (...) Sur les 35 millions
d’Indiens qui travaillent dans le secteur formel, 21 millions sont employés directement
par le gouvernement. Cela laisse environ 14 millions de travailleurs dans le secteur privé
officiel. Sur ces 14 millions, un peu plus d’un million de personnes (soit 0,25 % du pool
de main-d’œuvre total de l’Inde) sont employées dans les technologies de l’information,
les logiciels, les processus de back-office et les centres d’appels
V : L’Asie en marge de la mondialisation :
Il s’agit des PMA asiatiques, certains commencent à attirer des IDE comme le Pakistan
mais beaucoup sont encore en marge de la mondialisation, de l’Afghanistan à la Corée
du Nord.
Nous terminerons avec l’exemple du Cambodge qui vient de connaître une décennie de
croissance exceptionnelle avec environ 8 % par an essentiellement grâce au fort
développement du secteur touristique ainsi que l'explosion des exportations de produits
textiles. Néanmoins, malgré ce décollage rapide, le pays demeure fragile et dépendant de
l'aide internationale (en 2009, l’aide internationale représente 915 millions de dollars
alors que les recettes fiscales sont de 400 millions de dollars).
L'industrie du textile est de loin la plus importante activité manufacturière du pays et
constitue 75 % des exportations du pays. L’industrie du textile est assurée à 90% par
des femmes qui quittent les campagnes pour travailler dans les zones industrielles des
principales villes dans des conditions pénibles et avec un salaire bas. La maigre
revalorisation du salaire minimum, proposée par le gouvernement et les industriels en
2010, a déclenché des grèves massives. Les syndicats réclamaient 93 dollars mensuels, or
on leur proposait de passer de 50 à 61 dollars (=47,5 euros).
Le Cambodge reçoit essentiellement des IDE de ses voisins asiatiques émergents. La
Chine est le premier investisseur (plus de 50% des IDE entrants au Cambodge) suivie
par la Thaïlande, la Corée du Sud, la Malaisie, Taïwan, Singapour, Hong Kong et
seulement ensuite les Etats-Unis. A noter que la Chine est le premier fournisseur du
Cambodge.
Enfin, nous constatons un creusement radical des inégalités au Cambodge. Les 20% les
mieux lotis se sont enrichis durant les années 2000 tandis que les 20% les plus pauvres se
sont appauvris. La situation sociale est dès plus précaire : les 5-14 ans représentent par
exemple 13% des 7 millions d’actifs, soit 1/3 de cette tranche d’âge. La formation est
insuffisante à l’image de l’état des écoles, sur les 700 écoles secondaires, seules 13% sont
connectées à l’électricité. Comment le Cambodge peut-il être concurrentiel avec les
bébés tigres et autres dragons alors qu’1/3 de la population ne mange pas à sa faim, que
la société demeure déstructurée depuis l’expérience traumatisante des khmers rouges ?
L’Asie est donc une aire en expansion au cœur de la mondialisation. L’émergence du
Japon après 1945 puis des NPIA, de l’Inde et de la Chine, et plus récemment des bébés
tigres créent un nouveau rapport de force face aux autres centres d’impulsions de la
planète mais aussi de nouveaux rapports de force au sein même de cette aire.
Si la mise en place d’une zone de libre échange asiatique paraît peu réaliste, se pose donc
la question du leadership sur la région en particulier entre la Chine et le Japon.
Comment les Etats-Unis et l’Union Européenne vont-ils se positionner face à
l’apparition du géant chinois sur la scène internationale ? Symbole d’une croissance
économique record, l’Asie va-t-elle mener une politique de développement durable afin
de répondre au défi environnemental ?
Je vous envoie dans les prochains jours le croquis de synthèse avec le fond de carte ainsi
que des documents afin d’illustrer le cours.
Bon travail à tous !
Rappel pour l’épreuve du 9 février seule la mondialisation est à réviser. Pour le DAEU
blanc, la mondialisation et les Etats-Unis sont à réviser. Pour le mois de juin, la
mondialisation, les Etats-Unis, L’Asie et l’Afrique sont à réviser.
Le dernier chapitre, l’Afrique, sera sur le site fin février.
Brice Oriard
Téléchargement