aigu, en appliquant une insulinothérapie appropriée. Cha-
que hyperglycémie reflète un manque, absolu ou relatif,
d’insuline. Sa prise en charge pendant l’hospitalisation né-
cessite une gestion individualisée, pour couvrir le besoin
basal, nécessaire au fonctionnement des organes, et les be-
soins nutritionnels, liés aux apports glucidiques. Pour ce
faire, une insulinothérapie de type «basal/bolus» est le
sché ma proposé.
A contrario
, la pratique dominante dans
la gestion de l’hyperglycémie dans la plupart des hôpitaux
du monde, connue sous le nom de «schéma d’Actrapid»
(sliding scale)
, ne se base pas sur la cinétique de sécrétion
physiologique de l’insuline. Ce schéma consiste à adminis-
trer des injections d’insuline rapide uniquement en cas de
glycémie élevée. Il est évident que ce schéma, basé uni-
quement sur l’hyperglycémie de l’instant présent, n’est pas
en mesure de couvrir les besoins du patient.8
Le basal/bolus, quant à lui, associe une injection d’insu-
line lente (NPH en deux injections ou glargine/détémir en
une injection), couvrant le besoin basal, à trois injections
d’insuline rapide (aspart/lispro/glulisine), au moment des
repas. Pour en assurer une gestion efficace, ce schéma né-
cessite un suivi glycémique constant (pré et postprandial).
Ce cumul de surveillances est un enjeu important à consi-
dérer dans le fonctionnement d’un service, car s’il n’est pas
intégré dans une démarche réflexive, il sera source de ré-
sistance au changement.
Les supports employés pour réaliser la formation sont
des outils de gestion, se basant sur le concept physiopatho-
logique illustré ci-dessus, et fruits du travail en partenariat.
L’outil pour l’insulinothérapie (voir annexe 2) permet aux
soi gnants de : se créer des repères pour agir ; comprendre
les particularités de l’hyperglycémie en aigu ; argumenter
le choix thérapeutique. L’outil d’aide à la réflexion pour la
sortie du patient (voir annexe 1) permet d’anticiper les re-
lais thérapeutiques pour le retour à domicile.
quels changements ce modèle a-t-il
apporté ?
L’aspect central a été l’évolution de la perception des
soignants face à la gestion de l’hyperglycémie pendant
l’hospitalisation. L’analyse des réponses obtenues, avant
la mise en place de ce nouveau modèle, est résumée dans
la partie supérieure de la figure 2 sous forme d’état des lieux.
Le manque de connaissances en est l’élément central.
Après l’implémentation de la formation, l’analyse mon-
tre, dans la partie inférieure de la figure, une nette évolu-
tion dans la perception de la gestion de l’hyperglycémie et
l’apparition de nouveaux items (gestion facilitée, support
pour argumenter, repères et autonomie). Concernant l’enjeu
principal d’éradiquer les thérapeutiques obsolètes (schéma
d’Actrapid), il apparaît que, pour la majorité du personnel
infirmier, le recours à ce type de schéma n’est plus d’actua-
lité, et les médecins ne prescrivent que rarement cet an-
cien schéma (figure 3).
Les soignants ont intégré l’importance d’intensifier la sur-
veillance glycémique, vérifier l’impact de l’insuline rapide
deux heures après le repas, selon sa cinétique d’action. De
plus, nous observons une tendance à réduire les durées
d’hospitalisation (tableau 1).
discussion
Le modèle de gouvernance que nous proposons, récursif
et non pas pyramidal, permet une grande souplesse d’ac-
tion. La possibilité de revenir sur les phases d’intéresse-
ment ou d’enrôlement quand un obstacle a été rencontré
nous permet de faire face rapidement au danger de ré-
duire l’implication collective. Améliorer la prise en charge
de l’hyperglycémie en soins aigus correspond à amener un
changement des pratiques. Ce changement demande une
transformation importante par laquelle les soins se trou-
vent réorientés. Cette approche préconise l’évolution d’un
modèle de réponse à la maladie vers un modèle proactif
de prévention et d’anticipation de la fin du séjour du pa-
tient.
Dans le contexte du diabète, même en gardant un point
de vue exclusivement biomédical, la nécessité d’adopter
une approche systémique devient évidente. Il ne suffit pas
1224 Revue Médicale Suisse
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www.revmed.ch
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6 juin 2012
Rythme de travail
Ordres pas clairs
Manque d’outils
Besoin d’interdisciplinarité
Manque de connaissances
7,7%
17,9%
17,9%
23,1%
53,8%
Plus de connaissances
Meilleure compréhension
Besoin formation médecins
Gestion insulinothérapie simplifiée
Support pour argumenter
Repères situations inattendues
15,4%
23,1%
23,1%
23,1%
23,1%
30,8%
Protocole d’insulinothérapie rassurant
Gestion facilitée des hypoglycémies
Besoin de formation continue sur les traitements
Gestion médecin dépendante
Bon équilibre glycémique
Autonomie de gestion
8,3%
8,3%
16,7%
16,7%
16,7%
20,8%
Figure 2. Etat des lieux sur la perception des soi-
gnants dans la prise en charge du patient hospitalisé
avec hyperglycémie
Evolution de la perception après mise en place de la nouvelle approche
de gestion du patient hyperglycémique.
Etat des lieux
Evolution de
la perception
1
2
3
4
5
6
4,3%
13,0%
13,0%
8,7%
17,4%
43,5%
Jamais
Parfois
Souvent
Très souvent
56,4%
35,9%
7,7%
0,0%
Figure 3. Eradication du protocole de traitement
obsolète «le schéma d’Actrapid»
Evaluation de l’appréciation des infirmières et de la fréquence de
prescription par les médecins.
Le schéma d’Actrapid SC d’après l’observation infirmière est obsolète
1 = pas du tout
6 = tout à fait
Prescription du schéma d’Actrapid SC par les médecins
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