SRED / PAW 22 / 04 / 00
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1. L’ECONOMIE DE L’EDUCATION
L’économie de l’éducation, pour bien des personnes, pourrait être le fruit des amours
contre nature de la carpe et du lapin et ne serait en fin de compte que le fantasme de
théoriciens coupés du monde voulant réconcilier l’irréconciliable. Pour ces gens, les
contraintes de l’économie sont inapplicables au domaine de l’éducation2.
Et pourtant, de cette contradiction, de cette antinomie, qui surgit dans le
développement rationnel, nous pourrions dire, comme Edgar Morin, qu’elle nous
« signale les nappes profondes du réel »3. L’opposition entre économie et éducation est
un bon exemple du principe « ce qui permet notre connaissance limite notre
connaissance ». La réalité qui est observée dans un cas est la même dans l’autre et ce
sont les regards différents qui ne s’accordent pas.
Nous pourrions ainsi dire que la vocation de l’économie de l’éducation découle de ce
constat. Au cours de la tentative d’appliquer les principes de l’économie au domaine de
l’éducation apparaît la nécessité de créer un cadre spécifique, avec des concepts
novateurs, qui puisse rendre compte de manière effective des réalités de ce champ. Le
principal apport allant dans ce sens est l’établissement du concept et de la théorie du
capital humain. Cette dernière situe la production des connaissances au cœur même du
processus économique en même temps qu’elle permet de modéliser la demande
d’éducation en termes économiques.
Le concept de capital humain, depuis son apparition à la fin des années 504, a été à la base
de nombreux travaux très créatifs. Il est aussi un principe de valorisation des
connaissances dont la production ne relève plus simplement de la sphère des biens de
consommation mais davantage comme un investissement pour une production future
dont les bénéfices iront tant vers les individus que vers la collectivité.
2 Le domaine de l’éducation est considéré à la fois comme un champ d’activité (un secteur économique) et comme un
domaine de la connaissance (une discipline).
3 Mes démons, Stock, 1994, coll., « Points Essai », p. 251.
4 Mincer J., Investment in human capital and personal income distribution, Journal of Political Economy, 4, 1958.
« Mon délire prenait la forme de chiffres et
ces chiffres exprimaient des nombres aux
propriétés hostiles et malveillantes »
(Roland Travy, le narrateur d’Odile, p. 147)