Restitution de la séance 1

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Restitution de la séance 1
Présentation du contexte économique et compréhension du secteur informel
1. Les intervenants :
IEDOM Guadeloupe
AFD Guadeloupe
IEDOM Martinique
AFD Martinique
IEDOM Guyane
AFD Guyane
AFD République Dominicaine
AFD Haïti
DIECCTE
M Jean Marie Paugam, Directeur
M Bertrand Boisselet, Directeur adjoint
M Thomas de Gubernatis, Directeur adjoint
M Yves Rajat, Directeur par intérim
M Fabrice Dufresne, Directeur
M Ludovic Cocogne, Directeur
M Gilles Genre Grandpierre, Directeur
Mme Olga Koukoui, chargée de mission
Mme Patricia Lidar, responsable de Département
Rapporteur :
Mme Emilie Huang, responsable secteur privé AFD Martinique
2. Les principaux constats du contexte économique :
En termes du classement de l’IDH, les trois départements français d’Amérique sont des
régions « riches » dans son environnement régional, mais si l’on les compare avec la
métropole, on constate un écart de développement de près de 10 ans pour la Martinique,
comme pour la Guadeloupe et presque de 30 ans, soit une génération d’écart pour la Guyane.
Les intervenants soulignent que l’économie martiniquaise et guadeloupéenne est en manque
de dynamisme depuis la crise de 2009, le principal moteur de la croissance n’étant pas
l’investissement, mais la consommation (notamment la consommation des administrations
publiques), et elle peine à trouver des relais de croissance efficaces. En même temps, la
population est vieillissante à la Martinique comme à la Guadeloupe avec un solde migratoire
négatif, notamment chez les jeunes (qui partent pour se former ou chercher un emploi). La
situation en Guyane est un peu différente, avec une économie émergente, accompagnée d’une
croissance démographique dynamique.
Quels que soit les taux de croissance de ces économies, les taux de chômage restent
structurellement élevés aux Antilles-Guyane (deux fois plus élevé que dans l’hexagone), et le
chômage touche en particulier les jeunes (1 sur 2). La part des personnes sans diplôme
représente entre 35% de la population de 16 ans ou plus non scolarisée pour la Martinique et
la Guadeloupe et jusqu’à 50% pour la Guyane.
Alors que toute crise a sa part d’opportunité, ces spécificités ultramarines créent en effet un
contexte favorable au développement de la microfinance :
D’une part, comme le marché du travail est souvent sinistré et les titulaires des minimas
sociaux sont nombreux, la demande potentielle est donc importante pour la microfinance dans
les Antilles Guyane. La microfinance cible des publics en précarité qui nécessitent le
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financement mais surtout l’accompagnement, pour leur permettre de créer leur propre emploi,
développer leur entreprise ou améliorer leur employabilité.
D’autre part, les caractéristiques du tissue économique ultramarin sont également propices au
développement de la microfinance :
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d’abord, la part des entreprises unipersonnelles qui n’emploient aucun salarié est
significativement supérieure dans les Antilles Guyane (80% contre 68% en
métropole).
Or pour se créer et se développer, ces très petites entreprises prouvent un accès
difficile au système bancaire, comme l’a souligné l’IEDOM Martinique, la part des
encours des EI ne représente qu’1% des encours de crédits bancaires aux entreprises
en Martinique.
Si les défis à relever dans les Antilles –Guyane sont essentiellement la création d’emploi
et la réduction de l’inégalité, Ceux en Haïti sont bien différents et nombreux : les
intervenants haïtiens ont notamment évoqué l’instabilité politique, la faiblesse institutionnelle
et l’insuffisance des infrastructures notamment en zone rurale (tel que l’accès à l’énergie,
route), ce sont les principaux freins au développement économique du pays. En République
Dominicaine, les fondamentaux macroéconomiques sont plutôt bien maitrisés avec une
mutation réussie de l’économie : de l’industrie sucrière vers une économie diversifiée allant
du BTP, Service (tourisme), et Industrie de sous-traitance dans les zones franches. Malgré la
croissance soutenue de l’économie dominicaine, le taux de chômage officieux et la population
vivant sous le seuil de pauvreté restent pourtant très élevés.
3. La compréhension du secteur informel :
En Haïti, les études menées par la Banque Mondiale sur le secteur informel montrent que le
secteur informel a un rôle important à jouer : le secteur informel emploie 2/3 de la population
active ; le commerce informel joue le rôle de secteur refuge pour atténuer la montée du
chômage urbain et qu’une grande partie de la population est susceptible de continuer à
travailler dans le secteur agricole et le secteur informel urbain. Des études montrent
également qu’un accès amélioré au crédit et à la formation permettent un accroissement
substantiel des revenus. On comprend aussi que ce secteur est difficile à financer par le
secteur bancaire classique : absence de suretés réelles, absence de données financières fiables
En République dominicaine, le secteur informel représente 56% des emplois selon une
enquête de la banque centrale réalisée en 2014 et à fonction équivalente, les employés peuvent
être mieux rémunérés dans le secteur informel que formel mais absence de protection sociale
et d’opportunité professionnelle.
Enfin, la représentante de la DIECCTE Martinique nous a présenté une expérimentation
intéressante sur le secteur informel dans les quartiers prioritaires de la Martinique, qui part du
constat de l’importance du secteur informel (qui emploie 23% de la population active, certes
ce taux reste moins important que ceux observés dans les pays en voie de développement).
L’étude a permis d’identifier les différentes typologies de l’informel (notamment l’informel
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de survie, c’est-à-dire, une activité exercée à temps plein et génératrice des principaux
revenus du foyer), les freins à l’officialisation de l’activité. Les résultats sont encourageants
sur le rôle joué par le micro-crédit pour faciliter le passage de l’informel vers l’économie
formelle, ce passage est sécurisant pour les porteurs de projet avec la progression de revenu.
Et paradoxalement, on constate un taux de créances douteuses maitrisé et un taux de pérennité
très satisfaisant.
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