“La démocratie est le régime politique dans lequel le pouvoir suprême est attribué au peuple
qui l’exerce lui-même ou par l’intermédiaire de représentants qu’il élit1”. Il est alors classiquement
enseigné que la société n’est rien d’autre qu’une “petite” démocratie. Les citoyens-associés décident
de s’organiser en rédigeant un contrat social qu’est le contrat de société. L’assemblée générale des
associés est ainsi détentrice de ce pouvoir suprême. Dans ce système idéal donc, le pouvoir est
indissolublement lié à la propriété. Ceux qui ont le pouvoir dans la société sont les mêmes qui en
sont propriétaires. A n’en pas douter, ce modèle de démocratie directe existe encore aujourd’hui,
dans les petites et moyennes entreprises où le maître de l’affaire est généralement désigné comme
dirigeant. Mais se rapproche-t-on davantage de la réalité lorsque l’on évoque le modèle de
démocratie représentative à propos du fonctionnement des sociétés cotées. Ce modèle où le pouvoir
est confié à des mandataires, nommés par les associés, en vue de représenter les intérêts de ces-
derniers. Dans certaines sociétés devenues des technostructures2, des managers professionnels
détiennent une part infime du capital mais conduisent la société aussi aisément que le ferait un
entrepreneur individuel dans son entreprise. Il y a alors dissociation de la propriété et du capital. Or
comme le soulignait A. Smith, “les directeurs de ces sortes de compagnies étant les régisseurs de
l’argent d’autrui plutôt que de leur argent, on ne peut guère s’attendre à ce qu’ils y apportent cette
vigilance exacte et soucieuse que des associés apportent souvent dans le maniement de leurs
fonds3”.
Ces considérations liminaires et générales invitent à s’interroger plus spécialement sur la
place des actionnaires dans le jeu sociétaire, sur leur rôle dans la gouvernance des sociétés cotées
françaises.
L’actionnaire se définit classiquement comme le titulaire d’une action de sociétés de
capitaux. L’action étant le titre négociable émis par la société, qui représente une fraction du capital
social et constate le droit de l’associé dans la société4. L’actionnaire est donc le propriétaire d’une
partie de l’entreprise. C’est celui qui, en contrepartie d’un apport, reçoit des titres sociaux qui lui
confèrent des droits politiques et financiers. Par l’acte d’apport, l’actionnaire manifeste sa volonté
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1 Vocabulaire Capitant.
2 Expression donnée par les sociologues.
3 A. Smith, Recherche sur la nature et les causes de la richesse des nations, 1776, p.401.
4 Lexique des termes juridiques, Dalloz, 19e édition, 2010.