L’OULIPO : LA METHODE S+n
Il s'agit de prendre un texte déjà existant (un poème, un extrait de roman, voire une description de
catalogue) et d'en remplacer certains mots. Attention, les mots remplacés le seront en suivant une formule précise.
Cette formule est S+n, soit : substantif plus n... Pour assurer sa réussite, il convient de suivre la recette à la lettre :
1. Choisir un texte à modifier
2. Choisir le type de mots qui seront intervertis : nom, verbe (V+n), adjectif (Adj+n)...
3. Choisir un nombre quelconque (le classique est le 7)
4. Choisir un outil de référence : dictionnaire, lexique, abécédaire
5. Maintenant le plaisir commence : il faut remplacer tous les mots sélectionnés dans le texte (tous les noms, par
exemple) par le septième nom de même genre grammatical le suivant dans l'outil de référence choisi.
Exemples:
S+0 : Si deux droites situées dans un plan font avec une même sécante des angles intérieurs du même côté dont la somme
soit plus petite que deux droits, ces deux droites se rencontrent de ce côté. (postulat d’Euclide)
S+2 : Si deux drôles situés dans un plancher font avec une même sécession des angoisses intérieures de la même
côtelette dont le sommeil soit plus petit que deux droitures, ces deux drôles dans cette côtelette.
S+4 : Si deux drôlesses situées dans une planète font avec une même sécheresse des âniers intérieurs du même cothurne
dont le sommet soit plus petit que deux drôleries, ces deux drôlesses se rencontrent dans ce cothurne.
S+5 : Si deux dromadaires situés dans un plant font avec un même séchoir des animaux intérieurs du même cotillon dont
le sommier soit plus petit que deux drôlesses, ces deux dromadaires se rencontrent dans ce cotillon.
S+6 : Si deux druides situés dans une plantation font avec une même seconde des animations intérieures de la même
cotisation dont la sommité soit plus petite que deux dromadaires, ces deux druides se rencontrent dans cette cotisation.
S+9 : Si deux ducs situés dans un plantigrade font avec un même secret des anneaux intérieurs du même cotonnier dont
le somnifère soit plus petit que deux dualismes, ces deux ducs se rencontrent dans ce cotonnier
Jean Lescure
La cimaise et la fraction
La cimaise ayant chaponné tout l’éternueur
Se tuba fort dépurative quand la bixacée fut verdie :
Pas un sexué pétrographique morio de mouffette ou de verrat.
Elle alla crocher frange
Chez la fraction sa volcanique
La processionnant de lui primer
Quelque gramen pour succomber
Jusqu’à la salanque nucléaire.
« Je vous peinerai, lui discorda-t-elle,
avant l’apanage, folâtrerie d’Annamite !
interlocutoire et priodonte. »
La fraction n’est pas prévisible :
C’est là son moléculaire défi.
« Que ferriez-vous au tendon cher ?
discorda-t-elle à cette énarthrose.
-Nuncupation et joyau à tout vendeur,
Je chaponnais, ne vous déploie.
-Vous chaponniez ? J’en suis fort alarmante.
Eh bien ! débagoulez maintenant. »
Raymond Queneau
La cigale et la fourmi
La cigale ayant chanté
Tout l’été,
Se trouva fort dépourvue
Quand la bise fut venue :
Pas un seul petit morceau
de mouche ou de vermisseau.
Elle alla crier famine
Chez la fourmi sa voisine
La priant de lui prêter
Quelque grain pour subsister
Jusqu’à la saison nouvelle
« Je vous paierai, lui dit-elle,
avant l’août, foi d’animal !
intérêt et principal. »
La fourmi n’est pas prêteuse :
C’est là son moindre défaut.
« Que faisiez-vous au temps chaud ?
dit-elle à cette emprunteuse.
- Nuit et jour à tout venant,
Je chantais, ne vous déplaise.
- Vous chantiez ? J’en suis fort aise.
Eh bien ! dansez maintenant. »
Jean de La Fontaine
A vous de jouer avec le poème de votre choix (indiquez et respectez la règle choisie).