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ISABELLE HUPPERT LIT SADE
Justine et Juliette, le vice et la vertu
Avec Isabelle Huppert
Mise en scène : Raphaël Enthoven
Co-production : Palais des Beaux-Arts de Bruxelles
Création mondiale le 27 janvier 2013 au Palais des Beaux-Arts de Bruxelles. En tournée en 2013
Pour cette création mondiale signée par Raphaël Enthoven, Isabelle Huppert prête sa voix à ces deux figures
emblématiques de l’œuvre de Sade : Justine et Juliette, deux sœurs aux destins opposés, l’une perdue par la vertu, l’autre
triomphant par le vice. À travers elles, Raphaël Enthoven interroge le malaise qui pèse sur la production littéraire et le
message du sulfureux écrivain : « Je ne m'explique pas la raison pour laquelle le Marquis de Sade continue - légitimement -
de nous choquer. (…) Son éloge du vice et l'outrance des orgies qu'il décrit ne suffisent pas à comprendre la persistance du
dégoût qu'il inspire. Le mal vient de plus loin. Sade, c'est l'ombre des Lumières, la face cachée du soleil. Son immoralisme
est d'abord un amoralisme. Sous les imprécations du mécréant contre la « chimère déifique », il faut entendre le refus de
croire que le monde est là pour nous faire plaisir. C'est peut-être là qu'il est indigeste : dans la constance avec laquelle il
construit une philosophie - et même une éthique - sur le socle d'un monde glacial et inhumain ».
Raphaël Enthoven – BIOGRAPHIE
9 nov 1975 – naissance de Raphaël, fils aîné de l'éditeur et romancier Jean-Paul Enthoven et de la journaliste et écrivain
Catherine David.
Dès l’obtention de l’agrégation, tout en travaillant à sa thèse et en assurant la charge de cours qui lui était impartie, le goût
impérieux de transmettre la philosophie au-delà des frontières de l’école le conduisit à participer, aux cotés de Michel Onfray,
au lancement de l’Université Populaire de Caen, puis à contribuer à la création de la Société Normande de Philosophie,
avant d’organiser et d’animer, depuis 2004, d’abord à la Bibliothèque François Mitterrand puis au Théâtre de l’Odéon, une
dizaine de rencontres par an avec des philosophes, des écrivains et des historiens de l’art mus par l’oxymore cher à Antoine
Vitez de « l’élitisme pour tous ».
Après avoir travaillé au Magazine LIRE de 2002 à 2005, Raphael Enthoven a participé au lancement de Philosophie
Magazine où il tient une rubrique régulière depuis le premier numéro, dont les textes ont été rassemblés dans trois recueils,
tous parus chez Gallimard. Mais son premier livre, à mi-chemin de l’essai et du roman, intitulé Un jeu d’enfant – la
philosophie, est paru chez Fayard en 2007.
Parallèlement à cela, de 2003 à 2006, Raphael Enthoven a construit une bibliothèque orale sur France-Culture dans le
cadre de l’émission « Commentaires » (accessible en CD) dont l’objet était de donner à comprendre à un public aussi large
que possible les classiques de la pensée. Enfin, de 2007 à 2011, tout en concevant et animant l’émission « Philosophie »
sur ARTE (qui fête en ce moment sa centième), RE a produit et animé, Les Nouveaux chemins de la connaissance qui
proposaient et proposent encore aux auditeurs de France-Culture une heure quotidienne de philosophie, d’histoire de l’art et
de littérature. Enfin, après avoir participé à la matinale de France-Culture (« Le monde selon Raphaël Enthoven »), RE a
lancé une nouvelle émission depuis septembre 2012, intitulée Le Gai Savoir et diffusée chaque dimanche, de 16h à 17h.
Au printemps 2011, à l’occasion d’une semaine sur le Marquis de Sade dans le cadre des Nouveaux chemins de la
connaissance, Raphaël Enthoven et France-Culture furent mis en garde par le CSA pour avoir donné à entendre dans la
journée des textes interdits aux moins de seize ans. C’est dire combien les oeuvres du divin Marquis demeurent subversives
au XXI siècle...

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Bibliographie :
. Un jeu d'enfant – La philosophie (Fayard 2007)
. L'endroit du décor (Gallimard 2009)
. Le philosophe de service et autres textes (Gallimard 2011)
. Matière Première (à paraître – Gallimard 2013)
. Lectures de Proust (Fayard 2011)
. Philosophie, coffret 6 dvd, Arte éditions (2011)
. Philosophie 2, coffret 6 dvd, Arte éditions (à paraître, 2013)
TOUS LES JOURS, TOUTE L’INFO
Le diable de la vertu
Par Raphaël Enthoven, publié le 23/11/2011 à 19:14
Le CSA a mis en garde France Culture à la suite de la diffusion d'une émission au cours de laquelle a été lu un extrait de
l'ouvrage Les 120 Journées de Sodome, du marquis de Sade. De quoi cette initiative est-elle le symptôme? La chronique de
Raphaël Enthoven.
LE CSA A MIS EN GARDE FRANCE CULTURE À LA SUITE DE LA DIFFUSION D'UNE ÉMISSION AU COURS DE
LAQUELLE A ÉTÉ LU UN EXTRAIT DE L'OUVRAGE LES 120 JOURNÉES DE SODOME, DU MARQUIS DE SADE. DE
QUOI CETTE INITIATIVE EST-ELLE LE SYMPTÔME? LA CHRONIQUE DE RAPHAËL ENTHOVEN.
Le Conseil supérieur de l'audiovisuel a mis en garde France Culture à la suite de la diffusion, le 23 juin 2011 à 10 heures,
d'une émission des Nouveaux Chemins de la connaissance au cours de laquelle a été lu un extrait de l'ouvrage Les 120
Journées de Sodome, du marquis de Sade, dont le contenu, "racontant des actes de torture dans un registre
particulièrement violent, ne [pouvait] être destiné aux mineurs de 16 ans". Si l'on met de côté le fait que j'avais pris soin -
comme animateur de l'émission, qui consacrait une semaine entière au Divin Marquis - d'avertir quotidiennement les
auditeurs du caractère violent de certains textes, lesquels sont, par ailleurs, accessibles dans la Pléiade, et qu'aucun enfant
de moins de 16 ans n'était susceptible d'entendre, à moins d'être privé d'école et contraint d'écouter France Culture à la
place, de quoi cette initiative est-elle le symptôme?
Du paternalisme. Car il ne s'agit pas d'une punition, mais d'une "mise en garde", autrement dit d'une première sommation
qui, comme l'index levé du bon père de famille, se contente de sévir sans agir. S'il est illégal de faire lire du marquis de Sade
sur une radio de service public à 10 heures du matin, pourquoi se satisfaire d'adresser un rappel à l'ordre? Tel le policier
magnanime qui, d'un air sévère et professoral, dit à l'automobiliste en infraction "Ça ira pour cette fois", le CSA feule sans
griffer ni mordre. Attention!, dit la mise en garde, sinon... rien du tout! La mise en garde, c'est le Canada Dry de la sanction.
De l'inattention. Car le passage incriminé (qui raconte en détail la sodomie, l'amputation des dix doigts et l'introduction d'une
aiguille brûlante dans le canal de l'urètre d'un type comme vous et moi) n'est pas, tant s'en faut, le pire de ceux qu'il m'est
arrivé de faire lire au cours de la semaine en question.
D'une lenteur digne de la justice. Car la mise en garde concerne une émission déjà vieille de cinq mois, dont les malheureux
auditeurs de moins de 16 ans ont eu, par conséquent, le temps d'apaiser le traumatisme de son écoute sur le divan d'un
psychologue scolaire.
D'un contresens littéraire, qui consiste à prendre au pied de la lettre les fictions érotiques d'un auteur de génie.
De la morale, enfin, que les hommes ont inventée pour faire comme si ce qui est déplaisant n'avait pas le droit d'exister,
comme si la réalité n'était admissible qu'à concurrence d'un certain degré de cruauté. A l'image du prince des censeurs,

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Jean-Jacques Rousseau, qui, dans la Lettre à d'Alembert sur les spectacles, (1758) propose d'interdire les pièces qui
"accoutument les yeux du peuple à des horreurs qu'il ne devrait pas même connaître, et à des forfaits qu'il ne devrait pas
supposer possibles", le CSA, aveuglé par le diable de la vertu, conteste que des atrocités puissent relever, elles aussi, du
champ de la connaissance. Il en résulte non un procès, mais un procès d'intention où les accusateurs, cédant à l'obscène
tentation de la censure, tombent eux-mêmes sous le coup de leur blâme.