Dans les débuts des années soixante dix, R. Caspar participe à plusieurs rencontres islamo-
chrétiennes comme celles de Cordoue et Tunis en 1974 ou encore Tripoli en 1976. Il se rend
compte des limites de ses rencontres. Il décide alors de fonder, avec son ami Abdelmajid Charfi, le
GRIC (Groupe de recherches islamo-chrétien). Cette œuvre commune est la plus intéressante
dans le domaine du dialogue islamo-chrétien. A. Charfi écrit dans ISCH : « L’idée de fonder le GRIC
date de 1976, lors d’un échange qui eut lieu chez moi entre nous deux, suite au colloque islamo-
chrétien de Tripoli. Nous nous étions alors mis d’accord sur les limites des colloques où on assiste à
des discours parallèles et sur la nécessité, pour promouvoir un vrai dialogue, d’engager des recherches
solidaires sur les sujets qui intéressent chrétiens et musulmans »
.
Caspar était persuadé des limites et des ambiguïtés de ces rencontres qui reflètent souvent les
positions officielles, parfois apologétiques ou polémiques et se limitent généralement aux
« discours parallèles », sans véritable échange. Il écrit : « A la suite des colloques publics de Cordoue
(1974 et 1977), de Tunis (1974) et de Tripoli (février 1976), un petit groupe d’amis chrétiens et
musulmans pensèrent qu’un autre genre de rencontre entre chrétiens et musulmans était possible et
nécessaire pour explorer de nouveaux chemins. …
». « C’est ainsi qu’au printemps 1977 nous avons
décidé de lancer un nouveau groupe de recherche.»
Le P. M. Borrmans confirme (en considérant R. Caspar tunisien, tellement il était attaché à ce
pays et y avait noué des amitiés solides) dans une conférence à Beyrouth en 2012: « Il est alors bon
de s’interroger sur ce qui a fait le succès du GRIC dès ses origines, grâce à l’intuition de ses fondateurs
tunisiens, le Professeur Abdelmajid Charfi et le Père Robert Caspar.»
Ils réunirent autour d’eux un groupe d’amis (une quinzaine de Chrétiens et de musulmans) le 14
novembre 1977 à l’abbaye de Sénanque (Vaucluse – France). Ils élaborent une charte qui définit
l’esprit et la méthode du groupe et qui deviendra la référence et le modèle que suivront de
nombreux groupes d’amitié islamo-chrétienne en divers pays. Le GRIC s’est étendu rapidement à
plusieurs GRIC basés à Tunis, Paris, Rabat et Bruxelles, Beyrouth ou Barcelone.
L’action du P. R. Caspar au sein du GRIC est un témoignage fort de son engagement pour le
dialogue islamo-chrétien. Il suffit pour s’en rendre compte d’analyser les lignes maîtresses de la
Charte
du GRIC qu’il a contribué à rédiger et à lancer ; Elles sont toujours d’actualité et servent à
de nombreux groupes de réflexion qui les étudient dans le cadre de leur recherche sur le dialogue
islamo-chrétien.
Caspar était un auteur prolifique, avec plus de 120 publications entre 1957 et 2003,
particulièrement au GRIC, dans ISCH, ou autres. Dans L’ISCH où il faisait partie de l’équipe de
rédaction il a préparé, entouré d’une équipe de chercheurs de renom dont Abdelmajid Charfi et le
P. Samir Khalil Samir s.j. de l’Université Saint Joseph de Beyrouth, pendant des années une
bibliographie du dialogue islamo-chrétien où il a recensé tous les auteurs et tous les manuscrits
3- Abdelmajid Charfi, Commentaire cité par Etienne Renaud, «IN MEMORIA ROBERT CASPAR »,
ISLAMOCHRISTIANA No 33, Rome, PISAI, 2007, p. 5.
4- Robert Caspar, Le Groupe de recherches islamo-chrétien, ISLAMOCHRISTIANA No 4, Roma, PISAI, 1978, extraits
pp. 175 - 186.
5- Ibid. 4.
6- Maurice Borrmans, «Y a-t-il un modèle de figure de dialogue islamo-chrétien », communication au Colloque
international « Figures du Dialogue », Beyrouth, USJ, avril 2012.
7- Ibid. 4 P. 183 à 186.