Economie et Finance Internationale - Licence Econométrie

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Economie et Finance Internationale
Aurélien Eyquem
Licence 3 Econométrie
Octobre - Novembre 2012
Contents
1 Introduction
2
2 Ajustements de long terme en économie ouverte
2.1 Ouverture commerciale et croissance économique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
2.2 Ouverture …nancière et croissance . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
2
2
2
3 L’intégration des marchés …nanciers internationaux
3.1 Quelques données sur l’ouverture …nancière . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
3.2 Le paradoxe de Feldstein et Horioka . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
3.3 Les di¤érentiels de taux d’intérêt . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
2
2
2
3
4 Ajustements de court terme en économie ouverte - Mundell-Fleming
4.1 Les hypothèses du modèle Mundell–Fleming . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
4.2 Les politiques conjoncturelles dans le modèle Mundell–Fleming . . . . . . . . . . . . .
7
7
12
5 Ajustements de court terme en économie ouverte
5.1 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
5.2 O¤re globale en économie ouverte . . . . . . . . . .
5.3 Les politiques conjoncturelles en change ‡exible . .
5.3.1 Indexation complète . . . . . . . . . . . . .
5.3.2 Absence d’indexation . . . . . . . . . . . .
5.4 Les politiques conjoncturelles en change …xe . . . .
5.4.1 L’equilibre en change …xe . . . . . . . . . .
5.4.2 La politique budgétaire . . . . . . . . . . .
5.4.3 La politique monétaire . . . . . . . . . . . .
12
12
12
15
17
17
17
17
18
18
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AS-AD
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Bibliographie
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18
Université Lumière Lyon 2. Email: [email protected] ou [email protected].
1
Liste des graphiques
19
1
Introduction
2
Ajustements de long terme en économie ouverte
2.1
Ouverture commerciale et croissance économique
Graphique 1: Croissance du PIB et ouverture au libre échange (1970-1989). Source: Sachs et Warner
(1995).
2.2
3
Ouverture …nancière et croissance
L’intégration des marchés …nanciers internationaux
3.1
Quelques données sur l’ouverture …nancière
3.2
Le paradoxe de Feldstein et Horioka
Ces auteurs ajustent le nuage de points et obtiennent l’équation suivante:
I
Y
= 0:035 + 0:887
i
2
S
Y
+ "i ; R2 = 0:91
i
Graphique 2: Ouverture des économies et niveau de PIB réel en 2000 pour 188 pays. Source: Penn
World Table 6.2.
Taux d'ouverture (X+M)/PIB
4
3,5
Corrélation: 0.3519
3
2,5
2
1,5
1
0,5
0
2
2,5
3
3,5
4
4,5
5
Log PIB réel
3.3
Les di¤érentiels de taux d’intérêt
La parité couverte des taux d’intérêt
Imaginons un investisseur aux USA disposant d’1$ et souhaitant investir, soit dans son pays, soit
à l’étranger, par exemple en zone euro. Soit i le taux d’intérêt aux USA et i le taux d’intérêt
étranger (zone euro). En investissant aux USA, l’investisseur reçoit (1 + i) à la période suivante. En
investissant en zone euro, il doit d’abord convertir ses dollars en euros. En notant S le taux spot
de conversion des monnaies, dé…ni comme le prix en dollars d’un euro (cotation à l’incertain pour le
dollar, au certain pour l’euro). Une augmentation de S représente une dépréciation du dollar (moins
d’euros obtenus pour un dollar), et une baisse de S une appréciation nominale. L’investisseur reçoit
(1+i )
1
euros à la période suivante. En notant S 0 le taux
S euros en convertissant son dollar, et reçoit
S
(1+i )S 0
spot de la période suivante, il reçoit donc
dollars à la période suivante. En comparant les
S
0
deux retours sur investissement (1 + i) et (1+iS )S , l’investisseur doit décider de la localisation de son
0
investissement. Si (1 + i) > (1+iS )S alors l’investissement aux USA est plus pro…table. En fait, on
peut voir que l’agent pourrait générer des pro…ts in…nis en s’endettant en euros et en investissant
0
aux USA. Inversement, si (1 + i) < (1+iS )S , l’agent à intérêt à s’endetter aux USA pour investir en
zone euro, et la possibilité de pro…ts in…nis existe également. Un problème demeure cependant, quant
à la valeur de S 0 , qui n’est pas connue à la période où l’investissement est réalisé. Ainsi, (1 + i) et
0
(1+i )S 0
ne sont pas directement comparables, puisque S 0 est inconnu et par là, (1+iS )S également.
S
Une solution peut consister à considérer que l’agent anticipe la valeur de S à la période suivante, ce
3
Graphique 3: Degré d’intégration …nancière internationale, 1970-2004. Source: Lane et Milesi-Ferretti
(2006).
qui donne la parité non-couverte des taux d’intérêt:
(1 + i) =
(1 + i ) S a
S
Une autre solution permettant à l’investisseur de prendre en compte cette incertitude est d’acheter
à la période présente, la quantité de dollars nécessaire à la période suivante à un prix négocié à la
période présente, un contrat forward. En notant F le taux forward, c’est à dire le prix (présent) en
dollars d’un euro payé et délivré à la période suivante, la condition d’arbitrage devient:
(1 + i) =
(1 + i ) F
S
Si les taux sont petits, alors
ln (1 + i) ' i et ln (1 + i ) ' i
et on en déduit:
i=i +f
s
où f et s sont les ln des taux spot et forward. f s est appelé déport du change à terme. En le notant
f d, on obtient:
i i
fd = 0
L’expression à gauche est appelée prime de risque pays, et lorsqu’elle est nulle, on dit que la parité
couverte des taux d’intérêt est véri…ée. En l’absence de restrictions de la mobilité des capitaux,
4
Graphique 4: Degré d’intégration …nancière internationale rapporté au degré d’intégration commerciale, 1970-2004. Source: Lane et Milesi-Ferretti (2006).
l’existence de primes de risque pays implique l’existence de possiblités d’arbitrage, impliquant la
possbilité de pro…ts in…nis.
Les di¤érentiels de taux réels
Décomposons le taux d’intérêt réel selon la décomposition de Fisher:
r=i
a
le taux réel est le taux nominal diminué de l’in‡ation anticipée. De même pour l’étranger:
a
r =i
Le di¤érentiel de taux réels donne donc:
r
r =i
i
(
a
a
)
On décompose ensuite le di¤érentiel de taux réels en trois composantes qui re‡ètent: (i) la mobilité
des capitaux, (ii) le risque de change et (iii) les changements anticipés des taux de croissance des
niveaux de prix:
a
r r = (i i
f d) + (f sa ) + (sa s + a
)
On voit que les di¤érentiels de taux réels di¤èrent de la parité couverte et sont a¤ectés de manière
additionnelle par la prime de risque de change (f sa ) et par les variations du taux de change réel
a
(sa s + a
) : Le tableau suivant montre l’évolution de ces diverses quantités:
5
Graphique 5: Principaux exportateurs et importateurs net de capitaux en 2007. Source: Fonds
Monétaire International.
La prime de change (f sa )
Les variations de change réel (sa s +
On note le taux de change réel q = s + p
sa
a
a
)
p, alors
s+
a
a
= qa
q:
L’une des plus anciennes théories du taux de change est la parité des pouvoirs d’achat (PPA), proposée
par Cassel (1921). Elle indique qu’il ne peut exister des écarts persistants entre le pouvoir d’achat
externe et le pouvoir d’achat interne d’une monnaie. Elle constitue une condition de neutralité internationale de la monnaie et est, par dé…nition, un concept de moyen-long terme. On distingue deux
formulations di¤érentes de la PPA: la PPA absolue (statique) et la PPA relative (dynamique). La
PPA absolue indique,
P = SP soit Q = 1; ou en log: p = s + p soit q = 0
tandis que la PPA relative indique que la relation est véri…ée en variation,
sa
s+
a
a
= 0 soit q a
6
q = 0:
Tableau 1: Parts des di¤érents types d’actifs dans les portfeuilles, en %
1970 1980 1990 2000 2004
Parts dans le total des actifs
Actions
IDE
Dettes
6.6
31.3
54.7
4.0
19.9
67.0
7.4
19.0
67.9
19.5
25.8
51.3
Actions
IDE
Dettes
1.2
6.6
70.3
1.4
4.3
73.5
3.3
6.5
74.1
9.9
16.9
49.3
Actions
0.0
0.6
5.7
7.2
IDE
5.1
1.1
2.9
4.8
Dettes
40.3
48.3
67.3
56.0
D’après Allegret et Le Merrer (2007).
1970
1980 1990
Parts dans le
Pays développés
16.7
9.6
6.8
8.0
23.3
21.3
14.1
15.1
56.3
69.1
79.0
76.9
Pays émergents
10.8
2.8
1.5
1.7
15.2
30.7
13.9
16.6
41.5
68.0
84.7
81.7
Pays en développement
5.1
0.0
0.1
0.0
3.8
41.3
19.8
12.8
54.9
63.5
87.6
87.2
2000
2004
total des engagements
21.7
20.8
56.9
17.7
18.2
63.1
10.0
35.3
54.4
14.7
36.9
48.0
0.6
29.4
70.0
1.2
37.7
61.4
Conclusion
4
Ajustements de court terme en économie ouverte - MundellFleming
4.1
Les hypothèses du modèle Mundell–Fleming
La courbe IS en économie ouverte représente dans le repère (Y; r) l’ensemble des combinaisons production (Y )–taux d’intérêt réel (r)–taux de change nominal (E) telles que le marché des biens et services
est à l’équilibre. Elle est dérivée à partir de l’équation comptable suivante,
Y =C +I +G+X
M:
Il est supposé que la consommation privée C est une fonction du revenu des ménages Y et du taux
d’intérêt,
C = C (Y; r) ;
où l’e¤et d’une augmentation du revenu sur la consommation est positif (Cy 0) et l’e¤et d’une augmentation du taux d’intérêt réel sur la consommation est négatif (Cr 0) par un e¤et de substitution
intertemporelle (une augmentation de l’épargne). De manière identique, l’investissement privé est une
fonction des anticipations des …rmes par rapport à l’activité et du taux d’intérêt réel,
I = I (Y; r) ;
où l’e¤et d’une augmentation de l’activité sur l’investissement est positif (Iy
0) et où l’e¤et d’une
hausse du taux d’intérêt réel sur l’investissement est négatif (Ir
0: (i ) le coût d’opportunité du
placement des liquidités des …rmes augmente et dépasse celui des investissement en capital physique
7
Graphique 6: Relation entre taux d’épargne et d’investissement pour 16 pays développés entre 1960
et 1974.
Graphique 7: Di¤érentiels de taux couverts (1982-1988), en %
ou (ii ) le coût direct du …nancement des investissements augmente, ce qui compte tenu de l’e¢ cacité
marginale du capital, réduit le nombre de projets d’investissements réalisés dans l’économie).
Les dépenses publiques sont supposées exogènes, soit,
G = G:
En…n, la balance commerciale X M est supposée dépendre négativement du revenu national (Y ) par
le biais des importations, positivement du revenu du reste du monde (Y ) par le biais des exportations
et positivement du taux de change réel ( EP
P , E étant coté à l’incertain, P et P étant constants)
si le théorème des élasticités critiques (dit théorème de Marshall–Lerner–Robinson) est véri…é et
8
Graphique 8: Taux de rémunération domestique à 3 mois moins rémunération des Euro-devises à 3
mois (en %).
Graphique 9: Di¤érentiels de taux d’intérêt réels (1982-1988), basés sur les di¤érences d’in‡ation
observées.
négativement s’il n’est pas véri…é1 . Par conséquent, on supposera en général que,
X
avec BCy
0, BCy
0, BCq
M = BC Y; Y ;
EP
P
;
0. La courbe IS en économie ouverte est donc décrite par la relation,
Y = C (Y; r) + I (Y; r) + G + BC Y; Y ;
EP
P
;
et par une courbe décroissante suivante dans le repère (Y; r).
La courbe LM représente dans le repère (Y; r) l’ensemble des combinaisons production (Y )–taux
d’intérêt réel (r)–taux de change nominal (E) telles que le marché de la monnaie est à l’équilibre. En
économie ouverte et en changes …xes, la demande nationale de monnaie se complète d’une demande
de monnaie externe qui doit être satisfaite par la banque centrale en vue de maintenir la parité de
la monnaie. Ainsi, une augmentation de la demande externe de monnaie (tension à l’appréciation de
la monnaie nationale) se traduit par une variation positive des avoirs de réserve (la banque centrale
1 Le
théorème des élasticités critiques établit que la somme des élasticités-prix des importations et des exportations
dépasse l’unité en valeur absolue. Autrement dit, il convient que les quantités de biens et services échangées réagissent
de manière su¢ samment importante pour que l’e¤et–prix d’une variation du taux de change nominal sur la balance
commerciale soit plus que compensé par l’e¤et sur les quantités.
9
Graphique 10: Décomposition des di¤érentiels de taux d’intérêt réels (1982-1988).
Graphique 11: La courbe IS en économie ouverte.
achète des devises et vend sa monnaie nationale pour réduire les pressions à l’appréciation), ce qui
accroît l’o¤re de monnaie nationale. Ces mécanismes sont résumés par l’équation suivante,
Md = Ms = M +
R.
Dans cette expression, M d est la demande de monnaie qui émane des agents nationaux et qui, comme
en économie fermée, dépend positivement du revenu disponible des ménages (Y ) pour ce qui est de la
détention de monnaie pour un motif de transaction et négativement du taux d’intérêt réel (r) pour ce
qui est de la demande de monnaie pour un motif spéculatif, soit,
M d = M d (Y; r) ;
avec Myd
0 et Mrd
0.
Par conséquent, l’équilibre du marché de la monnaie en changes …xes est,
M+
R = M d (Y; r) ;
10
tandis que son expression en changes ‡exibles est rigoureusement identique à celle d’une économie
fermée dans la mesure où R = 0,
M = M d (Y; r) :
Graphiquement, la courbe LM en économie ouverte est représentée par une courbe croissante dans le
repère (Y; r).
Graphique 12: La courbe LM en économie ouverte.
En…n, la courbe BP représente dans le repère (Y; r) l’ensemble des combinaisons production (Y )–taux
d’intérêt réel (r)–taux de change nominal (E) telles que le marché des changes est à l’équilibre. La
condition d’équilibre est obtenue à partir de la relation comptable liant les di¤érents soldes de la
balance des paiements: le solde du compte courant simpli…é (X M ), le solde du compte …nancier
(STk ETk ) + (STm ETm ) et la variation des avoirs de réserve ( R). Dans ces expressions, STk
(respectivement ETk ) représente les sorties (resp. entrées) de titres (actions, obligations, produits
dérivés) associées aux mouvements de capitaux (toutes choses égales par ailleurs, lorsque STk < ETk ,
le compte …nancier est dé…citaire, c’est–à–dire que le pays est exportateur net de capitaux, ce qui
correspond à une entrée nette de titres) et STm (respectivement ETm ) représente les sorties (resp.
entrées) de monnaies, qui s’annulent lorsque le marché des changes est à l’équilibre. Le solde des
mouvements de capitaux est supposé réagir aux écarts de rendements anticipés et convertis dans la
même monnaie entre l’économie nationale et le reste du monde, soit,
STk
ETk = k ((1 + r) ; (1 + r ) E a =E) :
Une augmentation du taux d’intérêt national provoque une sortie de titres (entrée de capitaux),
une augmentation du taux d’intérêt dans le reste du monde provoque une entrée de titres (sortie
de capitaux), une dépréciation (resp. appréciation) anticipée de la monnaie nationale, impliquant
E a > E (resp. E a < E) provoque une entrée (resp. sortie) de titres (une sortie de capitaux). Le
paramètre k mesure la sensibilité des mouvements de capitaux aux variations des rendements. Dans
11
le cas général, k est positif et …ni. Dans le cas où les capitaux sont parfaitement mobiles, k tend vers
l’in…ni et les taux d’intérêt tendent à s’égaliser, soit r = r . Par conséquent, l’équilibre du marché des
changes est donné par l’équation comptable qui lie les di¤érents soldes de la balance des paiements,
BC Y; Y ;
EP
P
+ k ((1 + r) ; (1 + r ) E a =E) =
R.
Graphiquement, la courbe BP est croissante lorsque k est …ni et horizontale lorsque k tend vers l’in…ni
(cas de mobilité parfaite des capitaux représenté sur le graphique 13).
Graphique 13: La courbe BP.
L’équilibre macroéconomique est atteint lorsque les valeurs couple (Y; r) et du taux de change nominal
garantissent l’intersection des trois courbes.
4.2
5
Les politiques conjoncturelles dans le modèle Mundell–Fleming
Ajustements de court terme en économie ouverte - AS-AD
5.1
Introduction
5.2
O¤re globale en économie ouverte
Les prix
On suppose que les entreprise ont accès à une technologie linéaire de production à rendements d’échelle
constants Y = AN soit, en log:
y =a+n
(1)
où y est le log du produit national, a le niveau de la technologie (un facteur de progrès technique) et n
l’emploi (généralement exprimé en heures travaillées). En faisant l’hypothèse que le nombre d’heures
12
Graphique 14: Les e¤ets d’une politique monétaire expansionniste avec mobilité parfaite des capitaux
travaillées par travailleur est constant, et en normalisant n par la population active, on peut ecrire:
n=1
u
(2)
où u est le taux de chômage. On suppose que les entreprises …xent les prix de manière à couvrir leurs
coût de production (donc le coût du travail):
p=w
a => w
p=a
(3)
où w représente le salaire nominal. w p est donc le salaire réel (du point de vue des …rmes). Si les
entreprises avaient un comportement de tari…cation de marge (typique d’une structure de concurrence
monopolistique sur le marché des biens), on aurait
p = mkp + w
a
(4)
Cependant, dans la mesure où mkp est constant et exogène, on suppose tout simplement qu’il ne joue
aucun rôle dans le modèle. L’équation p = w a est appelée PS.
Les salaires
On propose donc la formulation suivante:
w
pc = b
u
(5)
b représente le log des indemnités chômage (il est considéré comme …xe dans le modèle). 1= représente
la sensibilité du salaire au taux de chômage, donc le degré de rigidité réelle. En e¤et, si la détermination
du salaire ne dépend pas du déséquilibre sur le marché du travail (1= ! 0), c’est qu’il existe d’autres
facteurs (ex: SMIC) qui déterminent le salaire. Au contraire si 1= est élevé, cela signi…e que les
13
Graphique 15: Les e¤ets d’une politique budgétaire expansionniste avec mobilité parfaite des capitaux.
déséquilibres sur le marché du travail jouent un rôle important dans la détermination des salaires, ce
qui est le cas "classique".
pc représente l’indice des prix à la consommation. Ce qui compte pour les o¤reurs de travail, c’est
le pouvoir d’achat du salaire sous forme de consommation. En général, pc di¤ère de p en ce qu’il
incorpore les prix des biens importés (les poids accordés aux di¤érents types de biens varient aussi
entre p et pc ). En e¤et, dans ce modèle on supposera que
pc = p + (1
) (e + p )
(6)
où e représente le taux de change nominal (coté à l’incertain) et p le prix de biens produits à l’étranger.
1
représente la part des biens importés dans le panier de consommation moyen. Les évolutions
de cet indice de prix sont plus ou moins incorporées dans l’évolution des salaires. En e¤et, est
le degré d’indexation des salaires sur les prix. Lorsque = 1; le salaire (nominal) s’ajuste à toutes
les variations de prix, on parle d’indexation complète. Lorsque = 0 aucune des variations de
prix ne sont incorporées automatiquement au salaire, on parle d’indexation nulle. Dans les cas
intermédiaires (0 < < 1) on parle d’indexation partielle.
Le mécanisme d’indexation des salaires aux prix est central dans l’analyse de ce modèle en économie
ouverte: il résume comment les employés, ayant un objectif en terme de pouvoir d’achat (w pc )
parviennent à obtenir un salaire nominal w en s’écartant du salaire réel perçu par les …rmes (salairecoût) w p. Cet écart dépend de la di¤érence entre les prix à la consommation pc et les prix à la
production p, donc de
pc p = (1
) (e + p
p)
(7)
On voit que, lorsque l’économie est fermée (1
) = 0 on retombe dans le cas du modèle WS-PS
standard. Dès que l’on s’en écarte, on obtient de nouveaux e¤ets que nous allons détailler.
L’o¤re globale
14
PPA véri…ée
La Parité des Pouvoirs d’Achat (PPA) est véri…ée:
p
pc
= e + p donc pc = e + p car
(8)
=
(9)
p + (1
) (e + p ) = p
Avec indexation complète ( = 1), l’équilibre sur le marché du travail dé…ni par les équations WS-PS
est indépendant du taux de change réel (p e p ), ainsi que la production d’équilibre. Elle est
également indépendante des prix p:
y =1+
a (1 + )
b
(10)
Si l’indexation est incomplète ( < 1), l’hypothèse de PPA est insu¢ sante à isoler le niveau de
production rentable des variations de prix. La fonction d’o¤re globale est en e¤et:
y
=
1+
=
1+
a (1 + ) + (1
)p
b
a (1 + ) + (1
) (e + p )
(11)
b
(12)
Absence de PPA
Si la PPA n’est pas véri…ée, les prix à la consommation di¤èrent des prix à la production, car ceux-ci
di¤èrent des prix des biens étrangers. La forme générale de la courbe d’o¤re est donc:
y =1+
5.3
(1
)p
(1
) (e + p ) + a (1 + )
b
(13)
Les politiques conjoncturelles en change ‡exible
Le système se doit donc de déterminer 3 variables endogènes: prix (p), produit national (y) et taux
de change nominal (e). Les équations permettant de déterminer la solution sont les suivantes:
m
y
= cy
p
= y
r
= r
y
=
1+
a1 r + g + (e + p
p)
zy + xy
((IS))
`2 r
((LM))
((BP))
(1
)p
(1
) (e + p ) + a (1 + )
b
((AS))
Commentaires d’IS-LM. On utilise BP pour remplacer r par r et AS pour remplacer e + p :
e+p =
y + (1
(1
15
) p + a (1 + )
)
b
(14)
On obtient:
y = cy
a1 r + g
y + (1
+
m
zy + xy
(1
p=y
(15)
) p + a (1 + )
)
b
p
(16)
`2 r
(17)
En…n, on utilise LM pour remplacer p.
p=m
y + `2 r
On obtient:
1
c+z+
(1
y=
)
a1 r + g + xy
+ (1
+
) (m
y + `2 r ) + a (1 + )
(1
)
b
(18)
Ou, en réarrangeant les di¤érents termes:
1
|
c+z+
{z
g
+ (1
(1
)
)
1
y=g
}
a1
+
`2
(1
(1
)
)
r +
mm
(1
(1
)
)
r
+ a (1 + )
(1
)
m + xy +
b
(19)
C’est à dire:
y
g
=
=
gg
1
+
r
c+z+
r
=
a1
`2
m
=
(1
(1
)
)
y
= x
=
(1
(1
+
+ (1
(1
)
)
y
)
)
g
(20)
y +
1
(21)
(22)
(23)
g
(24)
g
+ a (1 + )
(1
)
b
g
(25)
A partir de ces multiplicateurs (budgétaire, monétaire), nous pouvons établir les propriétés de la
politique économique en di¤érenciant selon que les salaires sont indexés ou non.
16
5.3.1
Indexation complète
En change ‡exible, lorsque l’indexation est complète ( = 1), on voit que la politique monétaire est
totalement ine¢ cace puisque
(1
)
(26)
m =
g =0
(1
)
alors que la politique budgétaire l’est
g
5.3.2
=
1
+ (1
(1
c+z+
1
)
1
=
)
1
c+z+
(27)
1
Absence d’indexation
En change ‡exible, l’absence d’indexation conduit les salaires nominaux à être rigides face aux variation
des grandeurs nominales (prix et taux de change nominal). Puisque
m
(1
(1
=
)
)
g
>0
(28)
En ce qui concerne la politique budgétaire, le multiplicateur indique que:
1
lim
g
!0
5.4
5.4.1
=
1
c+z+
(1
=0
)
(29)
Les politiques conjoncturelles en change …xe
L’equilibre en change …xe
On part des mêmes équations que précédemment:
m
y
= cy
p
= y
r
= r
y
=
a1 r + g + (e + p
p)
zy + xy
((IS))
`2 r
((LM))
((BP))
1+
(1
)p
(1
) (e + p ) + a (1 + )
b
((AS))
mais on ne remplace pas e + p via l’équation d’o¤re puis p par LM. On utilise simplement l’équation
d’o¤re pour remplacer p:
(1
)
+ a (1 + )
(1
)
y
b
+
(1
(1
)
(e + p ) = p
)
(30)
et BP pour remplacer r par r dans IS. On obtient:
1
c+z+
(1
)
y
=
a1 r + g
+
1
1
(e + p ) +
17
+ a (1 + )
(1
)
b
+ xy
(31)
5.4.2
La politique budgétaire
5.4.3
La politique monétaire
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18
Liste des graphiques
1
2
3
4
5
6
7
8
9
10
11
12
13
14
15
Croissance du PIB et ouverture au libre échange (1970-1989). Source: Sachs et Warner
(1995). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Ouverture des économies et niveau de PIB réel en 2000 pour 188 pays. Source: Penn
World Table 6.2. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Degré d’intégration …nancière internationale, 1970-2004. Source: Lane et Milesi-Ferretti
(2006). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Degré d’intégration …nancière internationale rapporté au degré d’intégration commerciale, 1970-2004. Source: Lane et Milesi-Ferretti (2006). . . . . . . . . . . . . . . . . .
Principaux exportateurs et importateurs net de capitaux en 2007. Source: Fonds Monétaire International. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Relation entre taux d’épargne et d’investissement pour 16 pays développés entre 1960
et 1974. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Di¤érentiels de taux couverts (1982-1988), en % . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Taux de rémunération domestique à 3 mois moins rémunération des Euro-devises à 3
mois (en %). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Di¤érentiels de taux d’intérêt réels (1982-1988), basés sur les di¤érences d’in‡ation
observées. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Décomposition des di¤érentiels de taux d’intérêt réels (1982-1988). . . . . . . . . . . .
La courbe IS en économie ouverte. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
La courbe LM en économie ouverte. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
La courbe BP. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Les e¤ets d’une politique monétaire expansionniste avec mobilité parfaite des capitaux
Les e¤ets d’une politique budgétaire expansionniste avec mobilité parfaite des capitaux.
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