MOLIÈRE
Éléments de biographie
Né à Paris le 13 ou le 14 janvier 1622, Jean-Baptiste Poquelin est le fils de Jean
Poquelin, valet de chambre et tapissier du roi. En 1643, il renonce à son droit d’aînesse et
se lance dans l’aventure de l’Illustre Théâtre, avec sa grande et fidèle amie, la
comédienne Madeleine Béjart. Un an plus tard, Jean-Baptiste Poquelin prend le
pseudonyme de « Molière » : aujourd’hui, l’origine et la signification de cette signature
restent encore inexpliquées.
Couverts de dettes, Molière et Madeleine Béjart sont obligés de dissoudre l’Illustre
Théâtre en 1645 : ils intègrent la troupe du Duc D’Epernon, gouverneur de Guyenne,
dirigée par Charles Dufresne. S’ensuit une très longue période de représentations en
province : Toulouse, Lyon, Grenoble, Avignon, Dijon… Adoptée en 1653 par le Prince de
Conti, la troupe joue avec succès les premières pièces écrites par Molière : L’Etourdi en
1655, et Le Dépit amoureux en 1656. Elle revient triomphalement à Paris sous la
protection de Monsieur, frère du roi (Philippe d’Orléans) au mois d’octobre 1658. Le roi
attribue rapidement la salle du « Petit-Bourbon » à Molière, qu’il partage avec les Italiens.
En novembre 1659, Les Précieuses Ridicules connaissent un grand succès : dès lors, la
vie de Molière est partagée entre représentations en ville et séjours à Saint-Germain-en-
Laye, Vincennes, Versailles… au gré des commandes et des humeurs de Louis XIV. La
troupe se voit accorder en 1660 la salle du Palais-Royal, que Molière fait entièrement
refaire. Le 20 février 1662, il se marie avec Armande Béjart, de vingt ans sa cadette :
cette union va rapidement prêter le flanc à des rumeurs sordides venues de l’Hôtel de
Bourgogne, troupe rivale moquée par Molière et jalouse du succès retentissant de L’Ecole
des Femmes (décembre 1662). Attaqué par les frères Corneille et par Boursault, défendu
par l’abbé d’Aubignac, Molière réplique en créant La Critique de l’Ecole des Femmes en
juin 1663. Un an plus tard, le 20 juin 1664, le Palais-Royal connaît un immense succès
grâce à la pièce d’un jeune auteur que Molière « lance » : Jean Racine présente sa
Thébaïde.
La même année éclate le scandale du Tartuffe, au moment où Molière connaît un
triomphe personnel pour sa participation à Versailles aux Plaisirs de l’île enchantée.
Malgré le soutien du roi, la pièce est interdite : elle est néanmoins jouée à plusieurs
reprises, mais en privé. Condé la fait donner pour la princesse Palatine, Louis XIV la
réclame régulièrement. Le 15 février 1665, Molière connaît un nouveau succès-scandale
avec Le Festin de Pierre (Dom Juan) : la pièce reste à l’affiche, mais certaines scènes
sont censurées. En août, la troupe de Molière passe au service exclusif du roi, qui lui
verse une pension de 7000 livres par an.
Les années qui suivent sont marquées par l’alternance de grandes comédies en cinq
actes et de pièces plus légères, plus courtes, mêlant théâtre, musique et ballet : à
L’Amour médecin succède Le Misanthrope, au Médecin malgré lui, La Pastorale comique
et Le Sicilien ou l’Amour peintre. En 1667, Molière se voit interdire L’Imposteur, nouvelle
version de Tartuffe, par Monseigneur l’archevêque de Paris, qui menace l’auteur
d’excommunication : s’ouvre une période très difficile pour Molière, qui fait face à
l’impuissance du roi, à la fermeture provisoire de son théâtre et aux succès de Racine,
passé à l’Hôtel de Bourgogne. En 1668, Amphitryon et Georges Dandin trouvent leur
public ; en janvier 1669, une troisième version de Tartuffe est présentée au Palais-Royal :
c’est un triomphe, le plus grand du vivant de Molière. Pour endiguer la réussite
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