André Gosselin
La communication politique se déploie d'abord sur ce que l'on peut nommer des territoires
(géographiques ou sectoriels), comme lorsqu'il est question de communication politique à
l'échelle locale, régionale, nationale ou internationale, ou encore lorsqu'il est question de la com-
munication politique des Etats, partis, groupes de pression, syndicats, mouvements sociaux et
entreprises. Les territoires de la communication politique sont alors relatifs aux facteurs organi-
sationnels, structurels, contextuels et événementiels qui définissent les frontières des contraintes
et des opportunités des acteurs de la communication politique, notamment au niveau de l'agir
téléologique. Si la plupart des contributions à cet ouvrage concernent la communication poli-
tique qui se manifeste à l'échelle d'un Etat national, certaines ont le mérite d'aborder les éche-
lons trop rarement analysés, tels le texte de F. Demers pour l'international et celui de
J.-F.
Têtu
pour le local. Les territoires de la communication politique peuvent aussi se concevoir sur un
mode plus sectoriel que spatial, comme lorsqu'il
s'agit
de la communication gouvernementale
(texte de A. Lavigne), de la communication totalitaire (texte de M. David-Biais), de la com-
munication présidentielle (texte de J. Mouchon) ou de la communication politique des entre-
prises (texte de M. Beauchamp).
Les arènes de la communication politique sont constituées par l'ensemble des dispositifs,
des formules, des cadres, des règles et des stratégies qui définissent les situations d'interaction où
les discours des acteurs politiques peuvent se confronter, se diffuser publiquement et s'évaluer.
C'est le domaine des activités politiques qui tendent vers l'agir communicationnel. Les débats
télévisés (textes de G. Gauthier et À.-J. Bélanger), les cours de justice et les procès politico-
médiatiques (texte de G. Leblanc), les émissions politiques à la télévision (textes de E. Neveu et
J. Mouchon), la presse d'opinion, la presse commerciale de masse, les médias audiovisuels de
masse et les relations publiques généralisées (texte de B. Miège), les conférences de presse (texte
de A.-J. Bélanger), les cérémonies politiques télévisées (texte de D. Dayan et E. Katz), voilà
autant d'arènes où la communication politique peut trouver son expression.
Bien que l'arrivée de la télévision ait sérieusement modifié les règles, la communication poli-
tique, comme le dit A.-J. Bélanger, a besoin d'évoluer dans des arènes, c'est-à-dire dans des lieux
sociaux où le jeu de la théâtralité (de l'agir dramaturgique dirions-nous) peut s'exprimer dans la
confrontation. Ces arènes s'imposent parfois de manière telle aux gouvernants qu'elles sont
devenues des institutions. Aux Etats-Unis par exemple, le président qui voudrait se soustraire au
jeu des conférences de presse ne saurait le faire sans grand risque. Même chose pour les débats
électoraux télévisés entre chefs des principales formations politiques qui deviennent, de plus en
plus,
un exercice obligatoire. Le texte de G. Gauthier montre que la seule analyse des messages
des débats télévisés se caractérise par une diversité d'approches (analyses linguistique, théma-
tique, de contenu, rhétorique, stratégique et argumentative) qui illustre la position privilégiée
qu'occupe cette arène dans la recherche actuelle. Il cherche plus particulièrement à mieux distin-
guer l'analyse rhétorique (étude des procédés discursifs qui donne éloquence au discours) de
l'analyse argumentative (étude des procédés énonciatifs et de la nature propositionnelle du
contenu des débats) et pose l'hypothèse que l'analyse argumentative constitue le point pivot d'un
double réseau qui unifie les différents types d'analyse du contenu des débats politiques télévisés.
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