ALimenTaTion eT PLaisiR
DIABÈTE ET JEÛNE : UNE PRATIQUE PAS NÉCESSAIREMENT
INCOMPATIBLE
Avant Ramadan :
La préparation au jeûne des patients
diabétiques est indispensable. L’éducation
thérapeutique est, en effet, essentielle et débute
dans les deux mois précédant le Ramadan.
Les précautions alimentaires :
Si votre médecin vous a permis de jeûner, l’idéal
est de structurer vos prises alimentaires autour
de trois repas en heures décalées :
> Un petit déjeuner, très tôt.
> Un déjeuner, à la rupture du jeûne.
> Un diner, dans la nuit.
Conseils pour les diabétiques prenant part
au jeûne du Ramadan :
> Précéder le jeûne, d’un enseignement adapté
aux habitudes alimentaires du Ramadan et
aux ajustements de traitements qui s’en
suivent.
> Avoir toujours, à portée de main, un kit
d’urgence de l’hypoglycémie, si vous êtes
traité par insuline.
> Prendre avec soi du sucre ou une collation
transportable en cas de nécessité de rupture
du jeûne.
> Éviter le grignotage en plus des repas
de la nuit.
> Boire abondamment de l’eau, du thé
ou du café sans sucre ou miel.
> Supprimer les sodas.
> Poursuivre une activité physique modérée.
> Veiller à dormir suffisamment
Attention :
> Ne pas faire le Ramadan si cela vous met en
danger.
> Demander l’avis d’un professionnel
> Interrompre sans hésiter le jeûne et
reporter cette période si :
■ Votre glycémie est ≤ 0,6 g/L à n’importe
quel moment de la journée.
■ Votre glycémie est inférieure à 0,7g/L
pendant les premières heures suivant le début
du jeûne en cas de traitement par insuline ou
sulfamide hypoglycémiant.
■ La glycémie augmente de façon
excessive, au-delà de 3g/L.
Le Coran exempte les personnes malades si la pratique
du Ramadan est susceptible de nuire à leur état de
santé. Pourtant de nombreuses personnes diabétiques
jeûnent malgré les risques de complications et des
contre-indications médicales soit parce qu’elles ne se
sentent pas malades, la maladie étant silencieuse, soit
parce qu’elles ne veulent pas se sentir exclues de la
famille ou de la communauté, le Ramadan s’associant
à un moment de partage et de convivialité.
Qu’est ce que le jeûne ?
Le jeûne se caractérise par la privation de nourriture,
accompagnée ou non d’une consommation d’eau.
D’un point de vue médical, la période de jeûne
commence à partir de la sixième heure après le dernier
repas. Le jeûne fait partie intégrante de la pratique de
nombreuses religions (Ramadan chez les musulmans,
Carême chez les catholiques, Yom Kippour chez les
israélites…).
Zoom sur le jeûne du Ramadan
Période très importante pour tous les musulmans, elle
concerne environ 1,6 million de sujets soit 23,5 % de
la population mondiale. Le Ramadan constitue le 4ème
des 5 piliers fondamentaux sur lesquels l’islam a été
construit. Il concerne tous les Musulmans en bonne
santé physique et mentale, et ce à partir de la puberté.
Le jeûne dure un mois, du lever au coucher du soleil
avec interdiction de boire, de manger, de prendre des
médicaments par voie orale, de fumer et d’avoir des
relations sexuelles. Cependant, aucune limite n’est
fixée pour la consommation d’aliments et de boissons
du coucher au lever du soleil. Le Ramadan met l’accent
sur le partage et la vie communautaire et est également
une période de prière et de ferveur religieuse.
Qu’est ce qui change pour les patients
diabétiques ?
Le mois du Ramadan est source d’importantes
modifications du rythme de vie. Après le jeûne, les
pratiquants mangent abondamment (2 à 3 repas +
grignotages) entre le coucher du soleil et l’aube. La
rupture du jeûne est un moment convivial et de partage
où l’alimentation est abondante :
> riche en sucres et matières grasses
> pauvre en fibres et en vitamines (peu de légumes,
fruits ou crudités).
Les changements concernent également le sommeil
(qualité et quantité) et l’hydratation, ce dernier point
étant essentiel en période d’été.
Outre le changement de rythme de vie, le Ramadan
entraîne des modifications des cycles hormonaux et
biologiques, qui peuvent, chez les patients diabétiques,
favoriser les complications du diabète.
Les risques liés au Ramadan
Le jeûne chez la population diabétique a été
uniformément déconseillé par les professionnels de la
santé. Les études ont, en effet, démontré une
augmentation du risque de complications aiguës
pendant cette période.
Les complications sont les suivantes :
> Hypoglycémies, principalement dues à la
diminution d’ingestion des aliments. Selon l’étude
EPIDIAR, effectuée en 2001 chez près de 13 000
patients dans 13 pays, le jeûne augmente le risque
d’hypoglycémies sévères de 4,7 fois chez les
patients diabétiques de type 1 et de 7,5 fois chez les
patients diabétiques de type 2.
> Hyperglycémies. L’étude EPIDIAR démontre
également, que l’incidence des hyperglycémies est
multipliée par 5 chez le diabétique de type 2 pendant
le jeûne et par 3 chez le diabétique de type1.
Ces résultats s’expliquent notamment par la réduction
excessive des dosages de médicaments anti-
hyperglycémiants et une alimentation chargée en
sucre.
> L’acidocétose diabétique, complication aiguë et
grave, due à un déséquilibre glycémique majeur,
survient principalement chez le diabétique de type1.
Le risque d‘acidocétose est accru surtout lorsque
diabète est mal contrôlé avant le Ramadan ou si le
patient diminue ses doses d’insuline en prévention
des hypoglycémies.
> La diminution des liquides ingérés durant le jeûne
prolongé ou une transpiration excessive peuvent
entraîner une déshydratation, laquelle risque de
favoriser la survenue d’une hypotension
orthostatique qui peut, elle-même, être responsable
de chutes et de fractures. La déshydratation pourrait
aussi augmenter le risque de thrombose et être
responsable, en cas d’hyperglycémie majeure, de la
survenue d’un coma hyperosmolaire, complication
aiguë, gravissime et mortelle si elle n’est pas prise
en charge.
Pour une identification des risques de variations de la
glycémie, il est très important d’augmenter le nombre
de glycémies capillaires. Une mesure le matin avant le
jeûne, puis tout au long de la journée et avant le repas
du soir. Ne pas hésiter à rompre le jeûne si le taux de
sucre est inférieur au taux définis avec le médecin.
Évaluer les risques liés au Ramadan
Jeûner lorsque l’on est diabétique est une décision
importante qui doit être prise après évaluation des
risques, ils sont variables d’une personne à l’autre. Il
est important avant de jeûner de consulter son médecin
traitant ou son diabétologue pour une évaluation
précise de la situation, des adaptations des traitements
en fonction du changement de rythme. Tenir compte
des conseils du médecin pour se mettre en sécurité.
Les risques sont très importants pour le diabétique de
type 1 ; ils le sont aussi en cas d’antécédents
d’hypoglycémie sévère ou d’acidocétose dans les mois
précédents.
Ils restent élevés en cas de diabète mal équilibré ou
associé à des complications sévères.
À l‘opposé, les risques sont moindres lorsque le
diabète est bien équilibré, non traité par insuline ou
sulfamide hypoglycémiant et en l’absence de
pathologies lourdes associées.
Vous faites le choix après
une évaluation des risques
et les conseils de votre médecin
de pratiquer le ramadan.
« Donc, quiconque d’entre vous est malade ou en voyage, alors qu’il compte
d’autres jours » Coran, Sourate « El Bakara », Verset 184
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