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C. La représentation graphique
LE~ ÉCHELLES
De l’échelle du 1/2 000 000, il fallut descendre à des
échelles plus petites. Nous avons décidé de différencier
celles-ci, afin de suggérer une certaine hiérarchie entre
les cultures considérées. Sur la présente planche, nous
avons ainsi privilégié l’igname et le riz, dont nous
rendons compte à 1/4 000 000, tandis que le mil, le
sorgho, le maïs, le manioc, le taro et la banane plan-
tain ne donnent lieu, chacun, qu’à une carte à
1/6 400 000. Dans la planche qui fait suite à celle-ci
(Cultures secondaires), nous ne consacrons plus une
carte à chaque plante : sauf l’arachide, les cultures
sont regroupées par familles.
LA GRADUATION DES VALEURS
Cette hiérarchisation (sommaire) par les échelles
était d’autant plus souhaitable qu’il ne pouvait être
question d’en rendre compte par l’intensité des cou-
leurs. Si, pour des raisons d’esthétique, de commodité
de lecture et de coût d’impression, l’éventail des cou-
leurs utilisées est le même pour toutes les cartes, il ne
correspond pas à une seule et unique graduation de
valeurs, que ce soit en nombre de plants ou en poids.
Cette graduation est différente pour chaque culture
et lui est spécifique dans la mesure où les paliers ont
été choisis en considération de la distribution constatée.
Ainsi, la couleur brun orangé traduit, pour l’igname,
une production comprise entre 400 et 800 plants
par habitant, mais pour le petit mil une production de
4 000 à 8 000 plants.
11 eût été, d’ailleurs, proprement absurde de faire
équivaloir IZ plants de petit mil à II plants d’igname,
et même II kilos d’igname à n kilos de mil. Cela
aurait en outre obligé soit à multiplier les couleurs soit
à élargir les classes, puisqu’une graduation unique
aurait eu à englober des valeurs très dispersées.
Si la graduation adoptée pour chaque culture répond
en général à une progression géométrique de raison 2,
nous avons jugé préférable de nous écarter de cette
règle pour les valeurs les plus basses. Nous voulions
en effet descendre jusqu’aux quantités infimes, pen-
sant que la distinction entre les régions où telle culture
figurait de façon symbolique et celles qui en étaient
totalement dépourvues pouvait être instructive à bien
des égards. Mais à ce niveau les disparités sont telles,
en valeurs relatives, qu’une progression de raison 2
était inopérante et qu’il fallut recourir à des multipli-
cateurs plus élevés. C’est ainsi qu’en général, des paliers
les plus bas aux paliers les plus hauts, les multipli-
cateurs successifs sont 5, 3, 2, 2, 2...
Cah. O.R.S.T.O.M., sér. Sci. Hum., vol. IX, no 2, 1972 : 197-208.
LES CULTURES DES POPULATIONS ALLOGÈNES
Les cultures des populations allogènes (mais
africaines) n’ont été représentées que lorsqu’elles
étaient sensiblement supérieures, en quantité, à
celles des populations autochtones, et cela seulement
pour l’igname et le riz, l’échelle trop modeste des
autres cartes rendant difficile une telle distinction. Au
demeurant, c’est surtout pour ces deux plantes que
ces disparités étaient intéressantes à relever.
Pour que ces indications aient un sens, il était
nécessaire de donner au lecteur une idée de l’impor-
tance numérique comparée des populations distinguées.
C’est ce que nous avons voulu rendre par un système
de bandes verticales se posant en surcharge sur le fond
autochtone, la largeur de chaque bande, d’une part,
l’écartement de deux bandes successives, d’autre part,
témoignant respectivement de l’importance relative
des groupes allogènes et autochtones. La coloration
des bandes répond évidemment au même principe
que celle du fond, traduisant, à travers la même corres-
pondance valeurs-couleurs, les productions per capita
des populations allogènes.
Trois largeurs de bandes ont été retenues, qui corres-
pondent donc à trois ordres de grandeur : 10, 25 et
50 % de la population rurale totale. Aucune confusion
n’est possible entre les bandes elles-mêmes et leurs
intervalles (qui revêtent aussi, par la force des choses,
l’aspect de bandes) : en effet, par définition, les bandes
sont toujours d’une couleur plus foncée que le fond
sur lequel elles s’inscrivent.
LES ESPACES INHABITÉS
Nous avons dit plus haut quel usage nous avions
fait des limites fondamentales du milieu ivoirien.
Parmi celles-ci, les pourtours des zones vides étaient
celles dont la signification, dans le domaine agricole,
prêtait le moins à discussion. En outre, elles valaient
pour toute culture et constituent donc, pour l’ensemble
de nos cartes, une donnée permanente. Elles font, en
quelque sorte, partie du fond planimétrique commun.
Les zones elles-mêmes ont été légèrement grisées,
afin qu’elles ne puissent être assimilées à des régions
cultivées où telle ou telle culture ne serait pas pratiquée.
Il ne faudrait cependant pas croire qu’elles sont
définitivement fixées dans le paysage ivoirien, ni
que leur délimitation, pour les besoins des présentes
cartes, fut toujours évidente. Surtout dans la moitié
sud du pays, les zones vides se rétrécissent d’année en
année par le fait, essentiellement, de migrations
parties des régions de savane. De plus en plus déplorés
par les populations autochtones, ces mouvements