Annales FLSH N° 20-21 (2016)
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Ainsi, il est important de rappeler à l’élite intellectuelle non-littéraire
ou littéraire mal avisée ce qui suit :
une œuvre littéraire, nous l’avons dit, est différente d’une œuvre
scientifique ou œuvre de la vie courante de par sa forme ;
le lexique d’une œuvre littéraire ne constitue qu’un langage détourné du
sens ordinaire, c’est-à-dire il est usuel sans aspect esthétique ;
la littérature, entendue dans le contexte de notre ouvrage de base comme
l’art d’écrire un roman, exploite en suffisance la subjectivité (le virtuel)
et écrire un texte littéraire comme La Nausée de Jean-Paul SARTRE
suppose la conformité non seulement à un modèle littéraire (le genre
romanesque), mais aussi aux différents critères de la littérature dont nous
retenons, pour le cas de La Nausée, l’absence du but pratique, la
fonction ludique et surtout la fonction esthétique.
C’est la raison pour laquelle WELLEK et WARREN conseillent aux
lecteurs de ne « Considérer comme littéraires que des œuvres où la fonction
esthétique est prédominante … » (WELLEK et WARREN, A., La théorie
littéraire, Paris, Ed. Seuil, 1977, p.66. ).
Par ailleurs, pour étudier une œuvre littéraire ou son auteur, il existe
plusieurs démarches ou approches à suivre :
l’approche biographique de l’auteur ;
l’approche psychanalytique ;
l’approche sociologique, etc.
Considérant donc nos propos sur la littérature, d’une part, et sur
l’étude d’une œuvre littéraire, d’autre part, nous nous posons les questions
suivantes :
1. Est-ce l’écrivain de La Nausée, J.P. SARTRE, ou Antoine Roquentin son
personnage principal qui est athée ?
2. Dans l’étude de cette œuvre de base, de quelle démarche ou approche
littéraire a-t-on usé pour que l’élite intellectuelle (philosophe ou
littéraire) puisse identifier directement le héros à son créateur ?
Telles sont les deux questions auxquelles nous allons tenter de donner
une réponse.
Par rapport à notre première question, nous émettons l’hypothèse
suivante : considérant l’œuvre littéraire, c’est le héros Antoine Roquentin
qui serait athée et non le scripteur, c’est-à-dire son créateur.