la nausee de jean-paul sartre : de la mort du romanesque

Annales FLSH N° 20-21 (2016)
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« LA NAUSEE DE JEAN-PAUL SARTRE : DE LA MORT
DU ROMANESQUE A LA FROIDEUR DU STYLE »
Par
UMBA Tolokihesane
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ABSTRACT
J.P. SARTRE is NAUSEE: From the Romanesque death to the
coolness of style. The Novel includes its particular requirements (demands),
That is to say (namely) traditional criteria in order that a literary
work is qualified Romanesque: a hero who manes the intrigue go ahead
(that is a current action), who overcomes obstacles and crosses them and
who can be helped by additives or oppose other characters or acting’s and
this, in order to reach personnel objective.
J.P Sartre’s model is less proving be lake a literacy work of
Romanesque genre but more like a philosophical experience for:
A hero who does not carry out any action but he only notices ;
Bits of action resembling televised images,
No relationship between the mentioned hero’s and secondary characters
quoted within the work, etc.
The style being always at service of thought, the style of “The
Nausée” shows and from the thematic point of view and from lexical point
of view and from the syntactic point of view:
- A notorious pessimism (thematic point of view);
- Cold vocabulary (no qualifying adjectives);
- Short sentences (syntactic point of view).
In brief, J.P. Sartre’s wrote is an anti-novel including an anti-hero.
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Assistant à la Faculté des Lettres et Sciences Humaines
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INTRODUCTION
Personne au monde n’a choisi d’exister. Selon qu’on est croyant ou
non, on émet au sujet de l’existence l’opinion que si l’homme existe, c’est
soit par la volonté de Dieu et de ses parents, soit par celle de ces derniers
seulement.
Venant donc au monde dans cette condition, l’enfant grandit dans son
milieu ambiant (famille, école, société) en ayant de la vie soit une vision
optimiste, soit une vision pessimiste. Ladite vision pourrait provenir du
caractère inné de l’enfant ou encore elle pourrait dépendre, pour une large
part, de l’influence des facteurs sociaux sur ce dernier.
Ainsi, plusieurs évènements sociaux qui interviennent dans la vie de
l’homme laissent sur lui des traces positives ou des traces négatives (les
amas).
La philosophie existentialiste, adoptée par SARTRE et avant lui par
des philosophes chrétiens comme Gabriel MARCEL et Soren
KIERKEGAARD ainsi que par des philosophes athées comme M.
HEIDEGGER prône le primat de l’existence humaine sur l’essence. Cette
philosophie, née dans le contexte de la Deuxième Guerre mondiale et du
climat morose qui s’en est suivi, a cherché à réfléchir sur le sens de
l’existence humaine : les chrétiens ont assigné à l’homme Dieu comme une
fin ; les athées ont fait de l’homme sa propre fin.
J.P. SARTRE a largement diffusé sa philosophie dans ses écrits
comme L’Etre et le Néant, Le diable et le Bon dieu, Huis clos, les Mains
sales, et plus représentativement La Nausée dont le caractère artistique et/ou
littéraire s’avère imposant.
Ainsi, parler de Jean-Paul SARTRE c’est faire allusion non seulement
à un philosophe existentialiste athée mais aussi à un auteur de la littérature
française du vingtième siècle ayant reçu ou refoulé le « prix Nobel » assigné
à son chef-d’œuvre (un roman) intitulé La Nausée.
Plusieurs auteurs philosophes et/ou littéraires attribuent à SARTRE le
qualificatif « athée » à partir des lectures et interprétations parfois abusives
de ses écrits. Ils confondent parfois une personne et un personnage, c’est-à-
dire une œuvre scientifique ou œuvre de la vie courante et une œuvre
littéraire.
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Ainsi, il est important de rappeler à l’élite intellectuelle non-littéraire
ou littéraire mal avisée ce qui suit :
une œuvre littéraire, nous l’avons dit, est différente d’une œuvre
scientifique ou œuvre de la vie courante de par sa forme ;
le lexique d’une œuvre littéraire ne constitue qu’un langage détourné du
sens ordinaire, c’est-à-dire il est usuel sans aspect esthétique ;
la littérature, entendue dans le contexte de notre ouvrage de base comme
l’art d’écrire un roman, exploite en suffisance la subjectivité (le virtuel)
et écrire un texte littéraire comme La Nausée de Jean-Paul SARTRE
suppose la conformité non seulement à un modèle littéraire (le genre
romanesque), mais aussi aux différents critères de la littérature dont nous
retenons, pour le cas de La Nausée, l’absence du but pratique, la
fonction ludique et surtout la fonction esthétique.
C’est la raison pour laquelle WELLEK et WARREN conseillent aux
lecteurs de ne « Considérer comme littéraires que des œuvres la fonction
esthétique est prédominante » (WELLEK et WARREN, A., La théorie
littéraire, Paris, Ed. Seuil, 1977, p.66. ).
Par ailleurs, pour étudier une œuvre littéraire ou son auteur, il existe
plusieurs démarches ou approches à suivre :
l’approche biographique de l’auteur ;
l’approche psychanalytique ;
l’approche sociologique, etc.
Considérant donc nos propos sur la littérature, d’une part, et sur
l’étude d’une œuvre littéraire, d’autre part, nous nous posons les questions
suivantes :
1. Est-ce l’écrivain de La Nausée, J.P. SARTRE, ou Antoine Roquentin son
personnage principal qui est athée ?
2. Dans l’étude de cette œuvre de base, de quelle démarche ou approche
littéraire a-t-on usé pour que l’élite intellectuelle (philosophe ou
littéraire) puisse identifier directement le héros à son créateur ?
Telles sont les deux questions auxquelles nous allons tenter de donner
une réponse.
Par rapport à notre première question, nous émettons l’hypothèse
suivante : considérant l’œuvre littéraire, c’est le héros Antoine Roquentin
qui serait athée et non le scripteur, c’est-à-dire son créateur.
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Quant à la deuxième question, l’élite intellectuelle non-littéraire
partirait du scripteur (J.P. SARTRE) vers son œuvre, c’est-à-dire elle userait
de l’approche biographique de l’auteur dans sa première démarche (de
l’auteur vers son œuvre).
Notre recherche ne poursuit qu’un seul objectif : démontrer, à partir
d’une lecture stylistique, certains aspects de l’existentialisme sartrien
contenus dans cette œuvre de base.
Compte tenu de l’exigüité temporelle et de l’importance de notre
recherche, nous allons nous servir de deux méthodes ou procédés, à savoir la
méthode documentaire et la méthode analytique exploitant essentiellement
l’axe stylistique.
La première repose sur l’exploitation textuelle (de La Nausée) et la
deuxième repose sur la récolte des données et sur leur analyse. Celle-ci se
fera essentiellement dans l’optique stylistique de Charles BALLY, sans
négliger celle de Leo SPITZER.
S’agissant de la technique de base, nous nous servirons de l’approche
biographique de l’auteur dans l’analyse de nos données récoltées de
l’œuvre. Celle-ci consiste à partir de certains éléments trouvés dans l’œuvre
pour tenter de reconstituer la vie, la philosophie de l’auteur (J.P. SARTRE)
car nous avons jugé dangereuse la démarche inverse, c’est-à-dire de l’auteur
vers son œuvre, laquelle ouvrirait la voie à toute sorte d’abus d’autant plus
qu’il est très facile de confondre l’auteur avec son ou ses personnages.
I. LA COMPLEXITE DE « La Nausée » EN TANT QUE ROMAN
I.0. Introduction
Le grand problème pour nous est celui de savoir si La Nausée est
vraiment un roman, c’est-à-dire une œuvre littéraire, ou un anti-roman,
c’est-à-dire une œuvre non littéraire ou paralittéraire.
Quant à son personnage principal, Antoine Roquentin lequel
pourrait être directement confondu avec Jean-Paul SARTRE par le non
littéraire faut-il parler d’un héros ou d’un anti-héros ?
Pour élucider ces interrogations, il nous est indispensable de décrire
scientifiquement le genre romanesque ou de poser les fondements qu’une
œuvre littéraire doit avoir pour être appelée roman.
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I.1. Définition et fondements du roman
Dans son acception moderne, le roman se définit comme une « œuvre
d’imagination en prose, assez longue, qui présente et fait vivre dans un
milieu des personnages données comme réels, nous fait connaître leur
psychologie, leur destin, leurs aventures. » (ROBERT, P., Dictionnaire
alphabétique et analogique de la langue française, Paris, Société du Nouveau
Littré : Le Robert 1968, p.1572.).
Ainsi, les mots imagination, milieu, personnages et aventures nous
font penser aux principaux piliers du roman traditionnel qui sont les
suivants : l’intrigue, les personnages, les temps et l’espace bien définis.
1. L’intrigue bien définie
Par intrigue, on entend un ensemble des éléments qui forment le nœud
d’un roman (ou d’une pièce de théâtre), d’un film. Elle est ainsi synonyme
d’action, qui peut être simple ou complexe et qui a un début et un
dénouement. Il peut arriver que l’action principale soit doublée d’actions
secondaires qui la complètent ou l’étoffent. Et le moteur de cette action est
l’attente, le suspense créé chez le lecteur, avide de connaitre la suite de
l’histoire.
2. Les personnages (bien définis)
La charpente de l’intrigue est les personnages, parmi lesquels émerge
un, appelé héros. C’est lui qui poursuit un objectif, surmonte les obstacles
qui se présentent à lui dans la poursuite de son objectif.
Il peut être aidé par certains personnages (les adjuvants) et être
contrecarré par d’autres (les opposants) dans son action.
3. Les temps et espace bien définis
Les aventures du héros se déroulent dans un temps et un espace
imaginaires et bien définis. Celles-ci constituent, en fait, le cadre de l’action
que ce dernier et d’autres personnages complètent ou éclairent.
Au regard de ces critères traditionnels, comment se présente donc La
Nausée ?
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