scènes magazine anne-catherine gillet : manon à l’opéra de lausanne photo © Laetitia Bica ISSN 1016-9415 266 / octobre 2014 CHF. 10.-- 7 € LES DEMEURÉES DE JEANNE BENAMEUR CONCEPTION & MISE EN SCÈNE DIDIER CARRIER ÉQUIPE ARTISTIQUE MARIA PÉREZ LAURENCE VIELLE, BÉATRICE GRAF FLORENCE MAGNI, DANIELLE MILOVIC COPRODUCTION LE POCHE GENÈVE / THÉÂTRE VIDY-LAUSANNE THÉÂTRE LE POCHE www.lepoche.ch / 022 310 37 59 / location Service culturel Migros 16 OCTOBRE > 2 NOVEMBRE 2014 CRÉATION VISUELLE JEAN-MARC HUMM, LA FONDERIE / PHOTOGRAPHIE AUGUSTIN REBETEZ LE POCHE GENÈVE EST SUBVENTIONNÉ PAR LA VILLE DE GENÈVE (DÉPARTEMENT DE LA CULTURE) LA RÉPUBLIQUE ET CANTON DE GENÈVE. IL EST GÉRÉ PAR LA FONDATION D’ART DRAMATIQUE (FAD) PARTENAIRES MEDIAS : LEPROGRAMME.CH & NOUVELLES Maria Pérez et Laurence Vielle, comédiennes s o m m a i r e 66 cinéma 8 9 10 11 12 17 cine die / raymond scholer cinémas du grütli en octobre / christian bernard cinémathèque suisse en octobre / raymond scholer genève et lausanne : festival kino / christian bernard annecy : festival de cinéma italien / christian bernard les films du mois / christian bernard, serge lachat lausanne underground film festival / frank dayen musique 18 18 19 20 21 21 22 23 24 25 26 27 28 portrait : delphine galou / christian wasselin agenda genevois / martina diaz portrait : vladimir fedosseyev / pierre jaquet entretien : leonardo garcia alarcon / pierre-rené serna entretien : daniel bizeray / pierre-rené serna entretien : peter jan wagemans / christian bernard orchestre de chambre de lausanne / beata zakes entretien : nicolas chalvin / pierre-rené serna orchestre de la suisse romande / serene regard agenda romand / yves allaz lausanne : jazz onze plus / frank dayen entretien : fabrizio chiovetta / christian bernard 30 32 festival berlioz : final en beauté / pierre-rené serna lucerne : l’après-abbado, an 1 / éric pousaz pesaro : édition 2014 / françois jestin 34 35 36 38 39 40 41 42 43 44 entretien : michael nagy - onéguine / martine duruz mémento opéra entretien : anne-catherine gillet - manon / éric pousaz entretien : éric vigié / éric pousaz portrait : brigitte hool / yves allaz entretien : maria rey-joly / pierre-rené serna entretien : jean-louis grinda / françois jestin entretien : emilio sagi / pierre-rené serna portrait : nicolas le riche & solaris / stéphanie nègre entretien : benoît capt / christophe imperiali entretien : michaël levinas - le petit prince / p.r. serna 46 47 47 47 48 49 50 51 52 grand théâtre de genève opernhaus, zurich / éric pousaz stadttheater bern / éric pousaz theater basel / éric pousaz opéra du rhin, strasbourg / éric pousaz berlin : saisons lyriques / éric pousaz vienne : saisons lyriques / éric pousaz la scala, milan / éric pousaz londres : saisons lyriques / éric pousaz opéra grand avignon / françois jestin 53 54 54 54 55 55 56 opéra de lyon / christine ramel opéra de marseille / françois jestin opéra de montpellier / françois jestin opéra de toulouse / françois jestin opéra de monte-carlo / françois jestin opéra de nice / françois jestin metropolitan opera, new york / frank fredenrich théâtre 58 58 63 64 64 65 66 67 68 entretien : philippe mentha & mon faust / l. tièche chavier la comédie : l’illusion comique / jérôme zanetta entretien : frank soehnle & wunderkammer / l. tièche chavier le poche : les demeurées / rosine schautz encarts : théâtre du grütli / théâtre des amis / le poche genève / théâtre de carouge encarts : la comédie de genève / spectacles onésiens vidy-lausanne : les palmiers sauvages / nancy bruchez vidy-lausanne : go down moses / nancy bruchez entretien : aline gampert / rosine schautz vidy-lausanne : un jour / frank dayen entretien : josé lilo & les démons / émilien gür en tournée : derborence / valérie vuille 72 74 75 76 thonon et évian : délocalisation / frank fredenrich annecy : le théâtre nouveau / jérôme zanetta entretien : anne brüschweiler / laurence tièche chavier forum meyrin : the valley of astonishment / gilles costaz nuithonie et équilibre : octobre fribourgeois / f. fredenrich 80 80 81 81 82 82 83 83 à genève et bâle : gustave courbet / régine kopp mémento beaux-arts : france toulouse : benjamin-constant et l’orientalisme mémento beaux-arts : ailleurs cologne : cathédrales mémento beaux-arts : suisse romande vevey : la passion dürer mémento beaux-arts : suisse alémanique bâle : caspar wolf et la conquête esthétique de la nature 86 87 87 88 88 89 89 saisons lyriques / pierre-rené serna sélection musicale d’octobre/ françois lesueur théâtre du châtelet : limb’s theorem / stéphanie nègre opéra de paris : two cigarettes in the dark / stéphanie nègre mémento théâtre béliers parisiens : le cercle des illusionnistes mémento expositions musée jacquemart-andré : le pérugin, maître de raphaël 59 60 61 62 festivals 29 29 spectacles 70 70 opéra 33 33 expositions 78 78 opéra - saisons 45 45 266 / octobre 2014 paris 84 84 92 les mémentos ABONNEZ-VOUS! Découvrez chaque mois dans nos pages : L’actualité culturelle d’ici et d’ailleurs Cinéma Concerts Livres Opéra Critiques Danse Expositions Théâtre Entretien Avant-Premières Mémento Scènes Magazine - Case postale 48 - 1211 Genève 4 Tél. 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Oui, mais une rentrée littéraire avec toujours autant... de papier comme tout un chacun peut encore le constater en flânant dans les rayons des librairies. Attaqué de tous les côtés, par Internet, e-books et autres Kindle, le « livre-papier » - sera-t-il nécessaire désormais de l'appeler ainsi ? - n'est pas prêt de disparaître contrairement à ce que laissent entendre les mauvais augures. On en a eu la preuve lors du premier week-end de septembre sur les bords ensoleillés du Léman, très précisément à Morges à l'occasion de la cinquième édition du Livre sur les quais. La foule des grands jours était au rendez-vous avec près de 40.000 visiteurs venus à la rencontre de près de 300 auteurs pour de nombreuses dédicaces et tables rondes. De fait, cette manifestation morgienne s'apparente bien à un salon du livre en plein air, dans une ambiance très détendue et pour le moins éclectique avec la présence d'auteurs tels que Douglas Kennedy, Daniel Pennac, Luc Ferry, Jean Ziegler, Jean-Michel Olivier ou encore Emmanuel Carrère. Pas d'exclusive donc, mais toutefois une certaine priorité à la littérature si l'on songe au nombre de romancier(e)s présents. Et, à ce sujet, si l'on cherche à trouver une tendance actuelle en ce qui concerne le roman français lors de cette rentrée, on s'avisera que les auteurs semblent trouver leur inspiration grâce au recours à des personnages ayant existé, comme si le réel devenait sujet de roman. Entre la référence (apocryphe?) biblique à Luc et Paul d'un Emmanuel Carrère dont l'ouvrage a été lancé avec habileté et excès par une campagne de copinage à nulle autre pareille et le dernier opus d'un autre spécialiste de la promotion médiatique, Frédéric Beigbeder intéressé par Salinger, sans oublier Christophe Donner (Berri, Pialat...), Lydie Salvayre (Bernanos), David Foenkinos (Charlotte Salomon), les ouvrages souvent mis au premier plan se réfèrent à la réalité. Autre tendance remarquée depuis quelques années, le triomphe au niveau des ventes, non seulement de quelques auteures (l'usage du féminin s'imposant dans ce cas) ayant des tirages imposants, mais également de nouveaux venus (ou peu s'en faut) qui réalisent des ventes inattendues. On veut parler bien entendu de l'incroyable succès de La Vérité sur l'affaire Harry Quebert du Genevois Joël Dicker, ou plus récemment du succès imprévisible de Pour en finir avec Eddy Bellegueule d'Edouard Louis. Mais si l'intrusion du réel est au rendez-vous de cette rentrée 2014, la fiction traditionnelle a encore son mot à dire dans le cas des best-sellers. Dépassant toutes les prévisions, une outsider vient de lancer un pavé romanesque sur lequel tout un chacun se précipite d'une façon qui rappelle l'enthousiasme pour chaque cru de Beaujolais nouveau. Ainsi, une journaliste nouvelle venue en littérature propose une fiction que l'on pouvait croire trop invraisemblable pour retenir l'attention du lecteur lambda ou des critiques. S'imaginant « dans la peau de la compagne d'un président », l'auteure conte la vie fabuleuse d'une femme issue d'un milieu modeste devenue journaliste qui aurait réussi à séduire un homme politique de gauche voué à un destin présidentiel malgré un intérêt tout relatif pour les milieux populaires. Jalousie, rivalités, tromperie, le contenu de cette publication digne d'être édité sous forme de roman-photo démontre que les romancier(e)s n'hésitent jamais à laisser l'imagination au pouvoir... FF/SCENES MAGAZINE scènes magazine case postale 48 - 1211 Genève 4 Tél. (022) 346 96 43 de France 00-41-22 346 96 43 www.scenesmagazine.com e-mail : [email protected] c i n é m a le cinéma au jour le jour Cine Die 67e Festival del film Locarno La rétrospective Titanus alignait une telle brochette de films rares qu’il était impensable d’en sacrifier trois pour voir le film qui allait remporter le Pardo d’oro, From What Is Before, du Philippin Lav Diaz, (338 minutes) ! D’autre part, je ne comprends pas l’engouement du jury qui a donné son prix spécial à Listen Up Philip de l’Américain Alex Ross Perry. Ce portrait d’un écrivain aux écrits vains et au caractère de cochon lasse assez rapidement par son trop- plein de sarcasmes. L’individu et son mentor, un professeur d’université du même acabit, passent leur temps à s’é- 6 «Listen Up Philip» : sur la photo, le directeur Alex Ross Perry avec Jason Schwartzman- et Jonathan Pryce couter débiter des jugements de misanthropes vaniteux pendant que la caméra portée essaie de les cadrer tant bien que mal. Si les deux n’avaient pas été joués avec une délectation certaine par Jason Schwartzman et Jonathan Pryce, je crois que je leur aurais faussé compagnie. Nuits Blanches sur la Jetée est la dernière adaptation de la nouvelle de Dostoïevski. Quand bien même elle est l’œuvre d’un cinéphile extrêmement averti, Paul Vecchiali, auteur de la plus monumentale et pertinente analyse des films français des années 1930 (L’Encinéclopédie, 2010, éditions de l’Oeil), force est de constater la singulière aridité de la mise en scène qui ne dégage rien d’organique, mais se contente de filmer presque frontalement les deux jeunes gens lors de leurs pérégrinations sur les bords bétonnés d’un port silencieux. Les dialogues filent comme des perles monotones, sans relief, de sorte que l’absence de charisme des acteurs (Astrid Adverbe (sic) et Pascal Cervo) s’y ajoutant, le spectateur n’y prête plus l’attention qu’il faudrait et se surprend à s’ennuyer ferme. Maria Schell était une Nastenka d’un autre format et Mastroianni un jeune rêveur qui fit rêver dans le film de Visconti, Le Notti Bianche (1957). Vecchiali n’est décidément pas Visconti. Le prix de la meilleure interprétation masculine fut attribué à Artem Bystrov dans Durak/The Fool du Russe Yury Bykov. Il y incarne un plombier d’une droiture aussi inébranlable que celle que sa mère et sa femme reprochent à son père. Un soir de décembre, il est appelé dans un HLM pour réparer une canalisation d’eau fendue. Il découvre une fente de 10 cm qui court du rez jusqu’au 9e étage, des deux côtés de la bâtisse. Estimant a c t «Durak / The Fool» de Yury Bykov que celle-ci risque de s’écrouler sur ses quelque 200 habitants, il alerte la maire de la ville, en pleine fête d’anniversaire. Commence alors la pièce de résistance du film : les chefs des différents services se réunissent, tous avinés, mais conscients qu’ils risquent gros, pour débattre de la question : doit-on évacuer tout de suite et où reloger cette foule ? On apprend peu à peu que tous sont impliqués dans des affaires de pots-de-vin et de détournements de fonds. Comme ils ne trouvent pas de lieu couvert pour héberger en catastrophe les futurs SDF, ils optent pour la politique de l’autruche, quitte à sacrifier le messager et un ou deux boucs émissaires. Bykov, tout comme Andreï Zviaguintsev, se livre à une attaque en règles contre les tares de la Russie de Poutine. Il semble ne distinguer que 3,1 classes sociales : les corrompus/enrichis, les obnubilés/suiveurs et les abrutis/déshumanisés/criminels. Les honnêtes gens, il n’y en a que très peu. A Blast du Grec Syllas Tzoumerkas est plus brouillon, mais symptomatique du ras-le-bol qui prévaut dans la population grecque. Maria est une épouse de la classe moyenne qui s’insurge contre sa mère handicapée qui ne paie pas ses impôts depuis belle lurette, contre son beau-frère facho qu’elle accuse de molester ses enfants, contre l’Etat qui émet des lois défavorables aux petits propriétaires, etc. Elle a la rage au ventre. Son mari marin est loin le plus clair de l’année, alors elle va dans les cybercafés consulter des sites porno, au vu et au su de mâles interloqués. Son époux n’est pas en reste, lui qui a succombé à l’amour grec en cabine. Bref, les personnages pètent les plombs dans tous les sens et ce manque de focalisation n’est ni à l’avantage du film ni, s’il correspond à un miroir de la Grèce, à celui du pays. «Plemya / La Tribu» de Miroslav Slaboshpytskiy En revanche, la rigueur de Plemya/La Tribu de l’Ukrainien Miroslav Slaboshpytskiy est exemplaire. Le film, qui a remporté le Grand Prix Nespresso de la Semaine de la Critique cette année à Cannes, doit sa présence à Locarno à celle de son auteur parmi les jurés des Léopards de demain. Slaboshpytskiy rêvait toujours de faire un film muet, sous-entendu un film sans paroles. Mais pas sans bruits. Il réussit son pari en faisant se dérouler son récit dans un internat spécialisé pour sourds-muets. Lorsque des gens « normaux » sont impliqués, il les filme à travers des vi- u a l i t é c i n é m a tres pour qu’on n’entende pas le son de leurs voix. Les seuls signes de communication sont donc les gestes des sourds-muets. Il n’y a pas de sous-titres. Pourtant, par le contexte, le spectateur comprendra tout ce qui se passe. Le film est construit en longs plans-séquences qui durent juste ce qu’il faut pour un maximum d’impact. Une scène d’avortement, par exemple, commence avec l’entrée de la jeune fille dans l’appartement de la faiseuse d’anges et prend fin à sa sortie. Sergueï, un nouvel élève, est présenté à la classe et tout de suite embrigadé par une bande de frappes qui pratiquent le racket et le vol en groupe et prostituent deux filles aux routiers sur une aire de parking. La violence dont ils sont capables n’a pas de bornes. Lorsque le guetteur des filles meurt sous les roues d’un camion qu’il n’a pas entendu venir, Sergueï est promu accompagnant des tapineuses et tombe amoureux de la blonde. Elle, elle n’a qu’un but : aller vendre son corps en Italie. Il veut la protéger et la garder, et déclare ainsi la guerre au gang. Le documentaire le plus instructif fut Remake, Remix, RipOff du Germano-Turc Cem Kaya. Véritable travail Affiche de «Remake, Remix, RipOff» de CemKaya d’archéologie cinématographique, le film explore les traces de la production des milliers de bandes ultrafauchées d’un cinéma populaire entre 1970 et 1990 qui se fabriquèrent à la chaîne, sans respect pour des droits d’auteur ou des droits à l’intégrité corporelle des acteurs mal payés, et dont les seuls restes témoignant de leur passage sont les K7 pourraves trouvées dans les vidéoclubs de la diaspora turque en Allemagne. Les maisons de production de ces remakes de blockbusters américains (Superman, Rambo, Star Wars, Rocky, E.T., et j’en passe), tournés avec le nombre requis de bagarres (6 par film) se situaient toutes dans la même rue à Istanbul, Yesilcam, qui donna à ces produits l’empreinte de son nom. Kaya a retrouvé quelquesuns des action stars et des réalisateurs, notamment Cetin Inanç, très fier de sa carrière (il lui arrivait de réaliser jusqu’à 8 films par an), qui explique comment on faisait des travellings fluides avec la caméra clouée sur une table dont les quatre pieds, prolongés par des savons, étaient posés dans des rails : il suffisait d’ajouter de l’eau et ça glissait à merveille. Quant aux accompagnements musicaux, que du bon : John Williams, Alex North, Hans Zimmer, Alfred Newman etc et ça ne coûtait que le prix des microsillons. Dans la même section, Histoire(s) du cinéma, un petit hommage de 4 films fut consacré à celui que Pierre Rissient considère comme le plus pur représentant du cinéma mandarin d’après-guerre, avec tout ce que cette définition implique de culture intrinsèque, LI Han-Hsiang. Natif de Liaoning, Li a aussi bien travaillé pour le cinéma taïwanais que pour les frères Shaw de Hong Kong et, tardivement, en Chine Populaire (voir The Empress Dowager (1989), le deuxième film avec Gong Li), excellant autant dans les drames historiques et les huangmei diao (film musical avec scènes chantées) que dans les comédies érotiques ou les descriptions réalistes de la vie des petites gens, comme dans le beau mélo Dong a c t u a l N u a n / L’ h i v e r (Taïwan, 1969). La passion de Li pour le jeu lui faisait perdre tout son argent dans les casinos de Macao, de sorte qu’il était obligé de tourner avec une certaine frénésie: 80 films en 37 ans. Dans The Kingdom and the Beauty (1959), l’empereur, «The Kingdom and the Beauty» pressé par sa mère de chercher femme, prend la poudre d’escampette et voyage incognito avec son aide de camp, histoire d’apprendre à connaître son royaume. Il vit une belle histoire d’amour avec une jeune aubergiste et, lorsque son identité est révélée, il lui promet de la faire quérir à la cour. Les mois passent, la belle se languit et met au monde un enfant. Toujours pas de nouvelles de l’empereur, car à la cour, on l’a entouré d’un tel harem qu’il ne pense plus à sa belle provinciale. Mais le frère d’icelle (joué par le cinéaste King Hu, compagnon d’études de Li) se rend à la capitale et rappelle au fils du Ciel sa promesse. Mère et enfant seront tout de suite véhiculés en grande pompe vers la Cité Interdite, mais les rigueurs du voyage auront raison de la santé de la belle amante. Les chansons sont ravissantes et les décors cha- «Legends of Lust» toyants. Legends of Lust (1972) revendique le droit des femmes au plaisir, dût-il passer par le bordel. Trois pensionnaires d’une maison de joie racontent comment elles y ont atterri. La première parce que son père l’avait mariée au fils d’un riche marchand, âgé de 10 ans à peine. Pendant la nuit de noces, le petit ami de la mariée s’empare du marié prépubère, le ligote sur une chaise et passe une nuit torride dans le lit nuptial. Au petit matin, les coupables sont arrêtés et acheminés, qui en prison, qui au lupanar. Deux autres saynètes évoquent les stratagèmes d’épouses pour tromper en toute quiétude leurs maris trop bêtes ou trop vieux. Dans Four Moods : Bliss (Taiwan, 1970), Li s’essaie avec bonheur au film de fantômes : un vieux pêcheur y rencontre un sympathique fantôme tout en blanc, dans lequel il croit avoir trouvé un possible fiancé pour sa fille. Après ces films, on a envie de voir tout Li. Au mois prochain Raymond Scholer i t é 7 c i n é m a (très belle scène du bistrot de la plage, où les personnages, selon des rythmes parfaitement contrôlés, entrent et sortent du cadre comme sur une scène de théâtre), c’est toujours avec justesse qu’il adopte parfois le point-de-vue d’un personnage. Belles trouvailles sonores (la chanson successivement in et off dans la séquence de la plage). Direction d’acteurs précise. A travers le personnage de Sandro, un peu à la Buster Keaton (le volontarisme en moins), c’est le flottement de la société géorgienne en voie d’émancipation qui est raconté. cinémas du grütli Levan Koguashvili, cinéma italien Une vraie découverte venue de Géorgie, une large sélection de films italiens venus d’Annecy, et une rétrospective du cinéaste israélien Amos Gitaï sont au menu du mois d’octobre. Cinéma italien 8 Vous ne connaissez pas Levan Koguashvili ? Rien de plus normal, son premier film Street Days (2010), pourtant remarqué dans plusieurs festivals outre-Atlantique, n’ayant été distribué ni en France ni en Suisse. La sortie de son second, Blind Dates, plusieurs fois primé, permettra de découvrir un film attachant et subtil décrivant sur le mode tragi-comique la vie en Géorgie aujourd’hui. Et un vrai cinéaste dont la mise en scène apparemment tranquille et modeste fourmille de trouvailles d’une grande justesse. Au début du film une gare, deux hommes et une femme qui attend. Les deux hommes sont des copains d’enfance, ils ont la quarantaine et sont célibataires. Iva, ancien joueur de foot devenu coach dans une école, est le plus extraverti, Sandro, prof d’histoire vivant encore chez ses parents, est lui du genre lunaire. Ils avaient rendezvous “à l’aveugle” avec deux femmes qu’ils ne connaissent pas, rencontrées sur internet à l’initiative d’Iva. Une seule, Lali, est venue de sa province. S’ensuit, dans une chambre d’hôtel un long face à face de peu de mots, entre elle, rongée d’un chagrin que l’on devine venant de loin, et Sandro, aussi impassible et passif que plein d’égards. Ils se donnent rendez-vous mais savent sans doute qu’ils ne se reverront pas. Exit Lali que l’on ne reverra plus. Dès cette première scène en forme de fausse piste, on sait qu’il n’y a rien d’autre à faire que de se laisser porter par ce récit qui nous mènera là où il le veut bien, à sa manière et à son rythme, et que ce sera délicieux. a L’amour s’invitera lorsque Sandro, dûment chapitré par ses parents qui tiennent à l’accompagner “pour le bon air et pour éviter l’alccol et les conneries”, se retrouvera au bord de la mer Noire avec Iva, et Manana, la maman d’Anna, une fillette footballeuse. Sandro et Manana se plaisent. Il n’y a qu’un hic, Manana est mariée avec Tengo, qui est en prison, pas pour la première fois, et doit sortir incessamment. Diverses péripéties amèneront Sandro à devenir le chauffeur et confident de Tengo qui ignore tout des liens l’unissant à sa femme. Situation impossible donc et hautement burlesque. Tragique aussi car Manana veut quitter Tengo, le manipulateur jaloux, infidèle, et surtout violent. Comment cela va-t-il finir ? Sandro et Iva dans «Blind Dates» © Trigon Films Ce film contemplatif et comme en mineur tisse avec un art consommé comédie et drame. On aime le temps qu’il prend pour préciser les situations et les liens entre les personnages, par petites touches. La progression apparemment buissonnière du récit ne l’empêche nullement d’avoir une forme tenue (une boucle, on le comprend à la fin). Généralement filmé très simplement en plans d’ensemble par une caméra fixe c t u a Du 15 au 19 octobre, une large sélection de films projetés dans le cadre d’Annecy cinéma italien sera présentée au Grütli comprenant I nostri ragazzi (2014) d’Ivano De Matteo, Anime nere (2014) de Francesco Munzi, Le meraviglie (Les Merveilles) d’Alice Rohrwacher, Grand Prix à Cannes cette année, Corpo a corpo (2014) de Karine de Villers et Mario Brenta, Dolce Vitti (2013) d’Emmanuel Barnault. Voir la présentation d’Annecy cinéma italien dans ce numéro. Amos Gitaï Reprenant pour une bonne part la rétrospective mise sur pied par la Cinémathèque Suisse le mois dernier (voir SM de septembre), le Grütli donnera à voir plusieurs raretés choisies dans l’œuvre considérable (plus de 40 films documentaires et de fiction en 35 ans d’activité) de l’auteur de Kippour. L’occasion de constater la portée universelle d’une œuvre essentiellement – mais non exclusivement - centrée sur un questionnement de l’identité juive entre Israël et diaspora. Pour une bonne introduction, ne pas manquer Carnets de voyage avec Amos Gitaï (France, 2003) où le cinéaste dialogue avec Serge Toubiana, directeur de la Cinémathèque française, lors d’un voyage en train vers La Rochelle. Les principaux thèmes de son cinéma, tels le sacré, le territoire, la mémoire des lieux et bien sûr le cinéma, y sont évoqués, extraits de films à l’appui. Christian Bernard l i t é c i n é m a re et rejoindre sa terre natale ? Classe de Rééducation (2014) du Russe Ivan I. Tverdovsky est une œuvre déchirante sur des ados physiquement ou mentalement handicapés que le système éducatif préférerait faire disparaître plutôt que de contribuer à leur insertion octobre à la Cinémathèque suisse Amos Gitai La rétrospective Gitai entre dans son deuxième mois. Des 18 films de fiction que le cinéaste a tournés depuis 30 ans, seule une poignée a été montrée en Suisse : Kadosh (1999), Kippur (2000) et Free Zone (2005), pour ne citer que ceux qui ont eu un certain retentissement. Le moment est donc venu pour les cinéphiles de combler leurs lacunes en cinéma israélien, quand bien même ce dernier ne saurait être ramené à son auteur le plus prestigieux. La participation de stars européennes pourrait constituer un attrait supplémentaire : par exemple, Hanna Schygulla et Anne Parillaud impliquées dans la traite de blanches Estoniennes en terre bédouine (Promised Land, 2004) – ce qui donne à Gitai l’occasion de peindre Israël comme un vaste bordel capitaliste en ces temps de globalisation ; Juliette Binoche jouant une Française d’origine israélienne qui cherche sa fille à Gaza au moment du retrait de Tsahal en 2005 (Disengagement, 2007) ; Hippolyte Girardot, en fils de Jeanne Moreau, se penchant sur le sort de ses grands-parents morts dans les camps (Plus tard tu comprendras, 2008) ; Léa Seydoux en Française ayant survécu à l’Occupation pour devenir une consommatrice effrénée, constamment aux aguets pour acquérir de nouvelles possessions matérielles (Roses à crédit, 2010). Parmi les documentaires, celui qui concerne sans doute le plus directement la vie de l’auteur, est Kippour, souvenirs de guerre (1997) : « En 1973, pendant la guerre du Kippour, un hélicoptère transportant une unité de secouristes israéliens est abattu audessus du plateau du Golan. Amos Gitai figurait parmi les sept hommes à bord. Vingt ans plus tard, il réunit les membres de l’équipage et retourne sur les lieux. » Dans Milim/Mots (1996), trois itinéraires se croisent : celui de Flavius Josèphe au moment de la destruction du temple de Jérusalem en l’an 70, celui de Yitzhak Rabin, assassiné en 1995, et celui de la solution finale. Dans Guerre et Paix à Vesoul (1997), l’Israélien Amos Gitai et le cinéaste palestinien Elia Suleiman parlent à bâtons rompus de la guerre et de la paix au Proche-Orient dans le train qui les emmène au festival de Vesoul. Festival Kino Pour sa deuxième édition, ce festival consacré aux cinématographies nouvelles issues des pays de l’ancienne URSS, aligne 7 films de provenances diverses. Nous avons retenu les suivants : Ekskursante (2013) du Lituanien Audrius Juzenas, un drame historique situé dans les années cinquante, à l’époque des déportations en masse de Lituaniens vers la Sibérie. Une petite fille de 12 ans et sa mère enceinte se retrouvent dans un wagon à bestiaux en route pour le goulag. La mère décède en route, son cadavre est largué sans procès. Des passagers (bienveillants ?) évacuent l’orpheline du train par un soupirail. Elle se sauve dans la taïga. «Kippour souvenirs de guerre» d’Amos Gitaï Réussira-t-elle à surviv- a c t u a l i t «Blind Dates» du Géorgien Koguashvili dans la société. Dans Love is Blind de l’Estonien Ilmar Raag, la jeune Kertu vit depuis 30 ans sous la férule de son père. Timide et réservée, elle a peur des étrangers ; un jour, prenant son courage à deux mains, elle décide de changer de vie et prend contact avec un marginal alcoolique et coureur de jupons. Blind Dates du Géorgien Koguashvili, prix du jury au festival d’Abou Dhabi, présente un enseignant quadragénaire qui vit toujours chez ses parents ; il se lie un jour avec une mère d’élève. Hélas, elle est mariée à un repris de justice dont la mise en liberté est imminente. Histoire Permanente du Cinéma : 1965 L’occasion se présente de voir sur grand écran le sensuel et rare Vaghe Stelle dell’Orsa/Sandra de Luchino Visconti, tourné pour la petite histoire - sur la flambant neuve autoroute Genève-Lausanne, à peine inaugurée. Le récit concerne la réunion, après des années d’absence, entre un frère et une sœur liés par des sentiments incestueux, réunion qui confirme que la flamme de leur passion n’est pas éteinte. Le Premier Maître, le premier film d’Andreï Mikhalkov-Kontchalovsky, est le remake non avoué de Odna/Seule (1931) de G. Kozintsev et L. Trauberg, l’institutrice étant remplacée par un instructeur de l’Armée Rouge, et l’Altaï (mongol) par le Kirghizstan. Les costumes traditionnels diffèrent à peine. Raymond Scholer é 9 c i n é m a satrice accompagner deux membres du conseil municipal de Saint-Pétersbourg, léninistes convaincus, dans leur voyage au Népal, où ils se rendent afin de réconcilier deux factions communistes rivales… genève et lausanne : kino Festival des films de Russie et d'ailleurs Rétrospective et tables rondes La seconde édition de «KINO Festival des films de Russie et d'ailleurs» se déroulera à Genève et Lausanne du 10 au 19 octobre. Un événement annuel unique en Suisse et en Europe permettant de découvrir la production cinématographique des pays postsoviétiques encore trop méconnue du public. 10 Rares en effet sont les films produits dans des pays ex-soviétiques à connaître une distribution suisse. Pour qu’un film venu de Russie, Arménie, Azerbaïdjan, Biélorussie, Estonie, Géorgie, Kazakhstan, Kirghizistan, Lettonie, Lituanie, Moldavie, Ouzbékistan, Tadjikistan, Turkménistan et d'Ukraine soit à l’affiche de nos cinémas, il y faut pour le moins un grand succès dans les festivals où ces cinématographies sont accueillies. Et encore. C’est à la détermination de la directrice artistique du festival, la cinéaste suisse d’origine russe Elena Hazanov et à l’appui décisif de La Fondation Neva, une fondation familiale Timtchenko, en partenariat avec le Consulat Honoraire de la Fédération de Russie à Lausanne, que l’on doit cette exceptionnelle occasion de découvertes et de rencontres, pas moins de quarante-quatre réalisateurs venus de huit de ces pays étant invités pour cette deuxième édition. Elena Hazanov © Christophe Chammartin / Rezo Deux compétitions Quatorze fictions et douze documentaires seront en compétition, cinq prix étant attribués. Parmi les films de fiction, signalons particulièrement la très séduisante plongée dans le blues caucasien que constitue Blind Dates, de Levan Koguashvili, comédie douce-amère venue de Géorgie, qui sera reprise dès le 22 octobre aux Cinémas du Grütli (voir critique dans ce numéro). Très attendu après le succès rencontré cette année à Locarno, où il a reçu le prix œcuménique, le prix du jeune public et le prix de la meilleure interprétation masculine pour son comédien principal, Artem Bystrov, Durak du réalisateur russe Yuri Bykov est un drame dans lequel un jeune plombier père de famille a 24 heures pour convaincre l'administration de sauver les habitants d'un immeuble bâti à la va-vite et menacé d'effondrement imminent. a Se faisant il s’attaque à quelques intérêts bien établis… Mais le Durak (idiot en russe) étant à la fois un jeu de carte où gagne celui qui a le jeu le plus faible, et, dans l'inconscient collectif russe, un personnage populaire parce que naïf et courageux, la messe, si l’on ose dire, n’est pas dite. Interrogée sur ses coups de cœur, Elena Hazanov, sans vouloir influencer le jury, avoue avoir un faible pour Test d'Alexandre Kott, un ancien élève d'Andrej Wajda, qui ose un film sans dialogue, pour dire le monde immuable de la steppe où vivent un père et sa fille, dont la vie ne serait que douce quiétude sans les catastrophes amenées par l’atome et l’amour… Autre coup de cœur de la directrice, mais dans la compétition documentaire cette fois: Nepal Forever d'Aliona Polunina, comédie documentaire qui voit la réali- c t u a Rétrospective thématique cette année (l’année dernière, elle était consacrée au cinéaste Valery Todorovky) avec une sélection de films interrogeant la permanence du héros dans le cinéma russe, accompagnée d’une table ronde où seront examinés, extraits à l’appui, ses diverses figures, “La femme russe“, “le petit homme“, “les saints“, “les innocents“, “les arnaqueurs“, très loin souvent de l’archétype du sauveur ou du vainqueur. La rétrospective sera aussi l’occasion de célèbrer les 90 ans de Mosfilm, légendaire studio moscovite, l’équivalent de Cineccitta, avec des grands classiques tels Quand passent les cigognes (1957), La Commissaire (1967) ou Le Quarante et unième (1956). Autres tables rondes prometteuses : l’une consacrée à Stanislavski permettra à des metteurs en scène et comédiens de faire le point sur l’importance actuelle de la méthode mise au point par l’acteur, metteur en scène et dramaturge russe dont l’importance historique est considérable, l’actors studio new-yorkais, entre autres, ayant relayé sa méthode; l’autre, sous le titre Identité Vs Identification s’interrogera sur les conditions permettant à certains cinémas nationaux d’afficher une belle santé à l’heure de la globalisation. Le jeune public n’est pas oublié avec quatre projections, ni les amateurs de comédie avec une soirée spéciale, pas plus que les amateurs de films d’horreur avec un specimen russe particulièrement gratiné en projection de minuit. La soirée de clôture aura lieu au GrandThéâtre, avec remise des prix et projection de The Red Army de Gabe Polsky, un documentaire de 2014 retraçant l’épopée de l'équipe soviétique de hockey sur glace qui parvint à dominer les meilleures formations de l'Ouest. Christian Bernard Du 10 au 19 octobre. Genève : Pathé Rex (ouverture), Grand Théâtre (clôture), Cinémas du Grütli, Maison des Arts du Grütli (Fonction Cinéma), Ciné 17, HEAD (tables rondes) Lausanne : Cinémathèque suisse, Le Capitole Rens. www.kinofestival.ch l i t é c i n é m a annecy Cinéma Italien 32e édition Du 8 au 14 octobre, rendez-vous est donné aux amateurs par le plus grand festival de France consacré - depuis 1983 - à la défense et l’illustration du 7ème art italien. Jasmine Trinca et Libero De Rienzo dans «Miele» de Valeria Golino © Filmcoopi Que le cinéma italien ait été un grand cinéma, la récente rétrospective à Locarno de films produits par la Titanus dans les années 50 et 60 et signés Comencini, de Sica ou Visconti, était là pour le rappeler si besoin était. Si la plus brillante période de son histoire est désormais révolue, il n’a pourtant jamais cessé d’exister. Mais il ne s’exporte plus autant, principalement pour des raisons économiques. Depuis plus de trente ans, le festival Annecy Cinéma Italien s’attache à montrer la vitalité d’un jeune cinéma transalpin qui n’a jamais cessé d’évoluer. Dans 5 salles de l’agglomération, ce ne sont pas moins de 60 films en 115 séances qui seront proposés aux 14 000 spectateurs attendus. Cinéastes confirmés et débutants se partageront avant-premières et compétitions. Cœur de la programmation du festival, la compétition fiction présente une sélection de 8 films, tous des premières ou secondes œuvres de jeunes réalisateurs, tout comme la compétition documentaire (8 films + 1 hors compétition). Un prix remporté à Annecy peut signifier une distribution correcte, comme ça a été le cas pour le remarquable La Prima neve d’Andrea Segre, Grand Prix Fiction 2013. dans une prison, et de Dino, un tatoueur, partis à la recherche d’un trésor; enfin, une belle occasion de voir Le meraviglie (Les Merveilles) d’Alice Rohrwacher qui a remporté le Grand Prix à Cannes cette année pour cette comédie racontant les bouleversements au sein d’une famille vivant dans une ferme isolée lorsqu’arrive dans la région l’équipe de tournage d’un jeu télévisé. Côté documentaires, trois films à pas manquer: Corpo a corpo (2014) de Karine de Villers et Mario Brenta, en présence des réalisateurs et de Pippo Delbono. En suivant les répétitions du dernier spectacle de Pippo Delbono, Orchidées, on se voit proposer une belle réflexion sur l’image et ses leurres doublée d’un hommage fraternel aux comédiens; Amore carne (2013) carnet de voyage poétique au pays de l’amour charnel de Pippo Delbono, dont la petite caméra saisit des instants uniques, des rencontres avec des témoins connus ou moins connus; Dolce Vitti (2013) d’Emmanuel Barnault, quant à lui, retrace le parcours de Monica Vitti de L’Avventura d’Antonioni à ses grands rôles comiques chez Monicelli, Risi ou Scola. Evénements et avant-premières Cette année, le Prix Sergio Leone sera décerné au réalisateur Ivano De Matteo qui viendra présenter son dernier long-métrage I nostri ragazzi (2014). Acteur et homme de théâtre dès les années 90, il a reçu le grand prix à Annecy en 2009 pour La bella gente remarquable remise en question des idéaux de 68 à travers l’histoire de Susanna, psychologue dans un centre d'aide aux femmes battues, et d’Alfredo, architecte, ayant recueillis une jeune prostituée ukrainienne, Nadja. Sera également projeté Gli equilibristi (2012), l’histoire de Giulio, un employé communal devant vivre avec 1200 euros par mois tout en versant une pension alimentaire, ou comment faire face à la pauvreté envahissante sans perdre sa dignité. Parmi les avant-premières, le plus souvent en présence des cinéastes, on retiendra particulièrement L’ultima ruota del carro (2013) de Giovanni Veronesi, comédie dramatique ou l’Italie des années 60 à aujourd’hui est vue par l’idéaliste Ernesto, entre espoirs et déceptions; Anime nere (2014) de Francesco Munzi, drame racontant le retour de trois frères en Calabre, leur terre natale, determinés à mettre un terme aux affaires criminelles de leur famille; Sotto una buona stella (2014) de Carlo Verdone, une variante de comédie du remariage prometteuse; La sedia della felicita (2014) de Carlo Mazzacurati, comédie burlesque contant les tribulations de Bruna, une esthéticienne travaillant a c t u Prix Sergio Leone a l i t Hommages et leçon de cinéma Hommage cette année à Valeria Golino, actrice confirmée devenue, depuis peu, réalisatrice. Lancée en 1986 par le Prix de la meilleure actrice à la Mostra de Venise pour son rôle dans Storia d'amore de Franceso Maselli, elle a poursuivi une double carrière en Italie et à Hollywood avec des succès comme Rain Man (1988) de Barry Levinson ou les farces potaches Hots Shots ! 1 & 2. On la verra dans ses récents rôles tournés en Italie (Come il vento (2013) de Marco Simon Puccioni, le 11 octobre en présence de l’actrice; Giulia non esce la sera (2009) de Giuseppe Piccioni; A casa nostra (2006) de Francesca Comencini; La guerra di Mario (2005) d’Antonio Capuano.) On aura de plus l’occasion de voir ou revoir le beau Miele réalisé en 2013 par Valeria Golino affrontant quelques tabous en racontant l’histoire d’Irène, que son père et son amant croient étudiante alors qu’en réalité elle aide clandestinement des personnes en phase terminale à mourir dignement. Quant au grand chef-opérateur Luciano Tovoli, il donnera une leçon de cinéma sur son métier le 11 octobre, plusieurs films auxquels il a collaboré étant programmés: Il generale dell'armata morta (2013) de Luciano Tovoli; Le Mystere d'Oberwald (1981) d’Antonioni; Le voyage du capitaine Fracasse (1991) d’Ettore Scola; Profession Reporter (1975) d’Antonioni; Rêve de singe (1978) de Marco Ferreri. Hommage encore: sous l’appellation La Sardaigne fait son cinéma, pas moins de 10 films tournés en Sardaigne seront projetés parmi lesquels Padre Padrone (1977) des Taviani et Banditi a Orgosolo (1961) de Vittorio de Seta. Christian Bernard Renseignements: www.annecycinemaitalien.com/ é 11 c i n é m a Les films du mois «Les Combattants» © Filmcoopi 12 LES COMBATTANTS de Thomas Cailley, avec Adèle Haenel, Kevin Azaïs,… (France, 2014) Premier long-métrage de Thomas Cailley, présenté à Cannes dans la Quinzaine des réalisateurs, Les Combattants y a glané récompenses et éloges quasi unanimes. Scènes Magazine lui a déjà consacré une critique de Christian Bernard dans son numéro de juin et une autre de Raymond Scholer dans celui de juillet-août. Mais la sortie en salles de ce film très remarquable me paraît mériter encore un commentaire. Pourquoi, dira-t-on, marquer tant d’intérêt pour un film qui raconte une histoire d’amour vieille comme le monde dans un langage apparemment classique (l’histoire est racontée linéairement) avec le ressort le plus traditionnel de la comédie « romantique » (deux personnages que tout semble opposer finissent par découvrir leur amour) ? Disons-le d’emblée : parce que, derrière cet apparent classicisme, Cailley déplace les lignes et glisse d’un genre à l’autre sans avoir l’air d’y toucher. Dès le départ, le cinéaste joue sur les genres (au sens sexué du mot) : Madeleine incarne une forme de virilité alors qu’Arnaud dégage une sorte de féminité, ce qui donne à l’histoire d’amour à venir une forme inattendue. En effet, leur première rencontre s’effectue au cours d’une joute organisée par des recruteurs de l’armée : elle le culbute immédiatement sur le dos et il doit la mordre (vieux truc de fille !) pour échapper à a sa prise. Cette inversion des rôles traditionnels se retrouve dans tout ce qui oppose Madeleine et Arnaud : elle est bourrée de certitudes (elle est sûre que la fin du monde doit arriver très prochainement, d’où sa volonté de se forger un corps de « survivaliste » et son désir d’intégrer une unité « dure » de l’armée), il n’a que des doutes, sur ses sentiments, sur ses capacités de séduction, sur son avenir professionnel (d’où son désir d’entrer éventuellement dans l’armée qui offre des apprentissages pour différents métiers). Cœur tendre, Arnaud offre à Madeleine un jeune furet qu’il a repêché dans sa piscine, cadeau qu’elle refuse (elle ne veut pas s’attacher), mais pour le remercier lui apporte pour nourrir ce furet des poussins qu’elle a congelés ! Non content de jouer sur les genres masculin-féminin, le cinéaste joue également sur les genres cinématographiques : à l’ouverture du film, nous découvrons Arnaud et son grand frère indignés par le prix exigé pour un simple cercueil dans lequel leur père juste décédé doit être incinéré. On comprend que ce père était menuisier et que le bois et son prix, ils connaissent. Et juste après la cérémonie, leur mère leur demande s’ils sont prêts à tenir avec elle la petite entreprise familiale malgré les difficultés économiques. Le film commence donc comme une chronique sociale, évoque les difficultés économiques des petites entreprises de province, l’avenir bouché pour les jeunes (un copain d’Arnaud s’apprête à partir au Canada parce qu’ « il n’y a pas d’avenir en France »)… Mais le film semble très vite s’orienter vers le « teenmovie » et vers la comédie c t u a romantique (malgré les « torsions » signalées plus haut) avec aussi quelques moments de pure comédie (les scènes en rapport avec l’armée sont souvent drôles, même si Cailley est trop fin pour se contenter de ridiculiser cette institution : le lieutenant recruteur est loin d’être stupide et sait comment « ferrer » les futurs candidats. Et sa leçon à Arnaud sur la nécessité de « viser audelà » de la cible pour atteindre et détruire celleci est aussi une leçon de vie et pour nous, spectateurs, une indication sur la manière de comprendre un film… Dans la partie consacrée au stage offert par l’armée, on retrouve les codes du « film de guerre », ou à tout le moins du film d’aventure avec jeux de pouvoir à la clef. Et lorsqu’Arnaud quitte le groupe après avoir vu son autorité contestée, il est suivi par Madeleine avec laquelle il commence une « robinsonnade » avec admiration pour une nature encore sauvage et apprentissage de la survie. L’intoxication alimentaire de Madeleine qui a mangé un renard mal cuit au feu de bois fait basculer le film dans le drame, celuici étant renforcé par l’énorme feu de forêt dans lequel sont piégés les protagonistes avec des images de film fantastique lorsque les cendres retombent en flocons blancs comme de la neige, et des images de film de science-fiction lorsque s’approchent les pompiers en scaphandres ignifugés qui vont sauver les deux protagonistes au bord de l’asphyxie… Décidément, pour son premier long-métrage Cailley réussit un coup de maître avec ce film au ton si original. Il faut dire qu’il est aidé par ses jeunes comédiens, Adèle Haenel en particulier dont on avait déjà pu mesurer l’immense talent dans Naissance des pieuvres (2007) de Céline Sciamma, L’Apollonide : souvenirs de la maisonclose (2011) de Bertrand Bonello, Suzanne (2013) de Katell Quillévéré et L’Homme qu’on aimait trop (2014) d’André Téchiné. Serge Lachat CLASS ENEMY de Rok Bicek, avec Igor Samobor, Natasa Barbara Gracner,…(Slovénie, 2013) Commençons par exprimer le vœu que ce film (sélectionné pour la Semaine de la critique de la Mostra de Venise 2013), venu d’une cinématographie fort mal connue avec des actrices et acteurs inconnus sous nos climats, reste assez longtemps à l’écran pour que ses qualités lui permettent de trouver son public ! Si le film est d’abord intriguant par ses origines, il l’est aussi par son titre anglais qui laisse l i t é c i n é m a planer un doute (ennemi dans une guerre des classes ? ennemi dans le cadre scolaire d’une classe ?). Mais le doute ne dure pas : dès l’ouverture du film nous sommes dans une salle de classe d’un lycée de Ljubljana (salle que nous quitterons rarement ; en tous les cas, nous ne quitterons pratiquement jamais l’école, ses couloirs, la salle des maîtres, le bureau de la directrice…) dans laquelle une jeune enseignante d’allemand dit au revoir à ses élèves (elle part en congé maternité) qu’elle adore (affection réciproque bien sûr) et leur présente son remplaçant, un homme d’âge mûr à l’aspect plutôt sévère, ce qui « braque » immédiatement les élèves. La tension ne tarde pas à monter entre ce professeur exigeant, féru de culture et de morale (admirateur inconditionnel de Thomas Mann), qui refuse toute autre langue que l’allemand en classe, et un groupe habitué à être plutôt « materné »… Très vite, le professeur d’allemand est traité de « nazi ». Pire : entendant un jour une élève jouer du piano, il s’introduit dans la salle de musique, ce qui fait immédiatement jaser des élèves qui l’ont aperçu et qui lanceront une rumeur de pédophilie ! La crise atteindra son comble lorsque l’élève-musicienne se suicidera après avoir été sermonnée par le professeur qui refusera par ailleurs de participer à l’apitoiement général… Ce professeur aura beau tenter de se justifier, rien n’y fera : les rumeurs les plus folles circuleront, la rébellion des élèves prendra une forme violente, les professeurs et la directrice, puis les parents seront entraînés dans cette tempête qui ne retombera qu’avec l’exclusion du « coupable ». Or le cinéaste, avec beaucoup de finesse, après avoir montré ce personnage comme dur et intransigeant, incarnant une idée de l’école « à l’ancienne », défenseur de méthodes d’un autre temps, le montre se défendant avec une remarquable dignité et avec intelligence, expliquant son idée de la pédagogie et de la transmission du savoir. Et tout à coup, les réactions des élèves apparaissent moins comme « une » résistance à un individu que comme des réactions différentes provoquées ou libérées par le choc du suicide d’une condisciple qui les laissait parfaitement indifférents jusque-là. Un des meneurs de la révolte est encore sous le coup de la mort récente de sa mère qu’il vient d’enterrer, d’autres trouvent dans ce mouvement de quoi flatter leur paresse, ou de quoi focaliser leur mal-être d’adolescents, mais tous témoignent de leur égoïsme et de leur intolérance. Le cinéaste a l’intelligence de ne pas prendre parti, de ne pas conclure, d’exposer la crise et a c t u les différentes réactions en laissant deviner qu’elles sont le miroir d’une situation beaucoup plus générale dans la Slovénie d’après la guerre des Balkans comme le fait remarquer un élève chinois perplexe devant ce qui se passe… Et, tout à la fin du film, l’apparent bonheur collectif retrouvé lors du voyage de classe en Grèce semble plus le résultat de la consommation d’alcools que d’une vraie réconciliation… Serge Lachat 3 CŒURS de Benoît Jacquot, avec Charlotte Gainsbourg, Chiara Mastroianni, Catherine Deneuve, Benoît Poelvoorde… (France, 2014) française » tant détestée par la « Nouvelle Vague », un film qui sent « le roman bourgeois » ! Car il s’agit bien de cela : de pur romanesque (Benoît Jacquot s’en rend bien compte, puisqu’il fait intervenir par-ci par-là un narrateur – inconnu à l’image - en voix off), de pure histoire de passion mortelle, le cœur de Marc ne résistant pas à de telles émotions. Alors je veux bien admettre que « le cœur a ses raisons… » et que l’amour est aveugle, mais je crains que personne ne puisse croire à cette histoire. Ce n’est pas tant à cause du physique de Poelvoorde qui n’est pas vraiment celui d’un homme à femmes qu’à cause des invraisemblances narratives : comment ne pas savoir immédiatement que Sophie est la sœur de Sylvie alors qu’il suffit de regarder les photos dans l’escalier de la maison familiale, comment l’utilisation de skype peut-elle de façon aussi invraisemblable permettre à Marc de rester caché ? Impossible aussi de croire à ces élans passionnels au vu des scènes d’amour terriblement « planplans » des deux couples…Pire, on n’y croit pas plus lorsque le cinéaste veut faire du petit fonctionnaire Marc, redresseur fiscal de profession, un redresseur de torts qui pourrait mettre en danger le maire de cette ville de province (c’est le côté Claude Sautet du film, mais on a l’impression que Benoît Jacquot le traite sans conviction aucune). Reste une Charlotte Gainsbourg qui apporte quelques éclats dans ce film insipide où Chiara Mastroianni est toujours sur le point de pleurer et où Catherine Deneuve ne cesse de proposer des desserts après des repas délicieux, mais plantureux comme le veut le cliché provincial ! Perplexe ! Voilà le seul mot qui m’est venu à l’esprit à la sortie de la projection du dernier film de Benoît Jacquot, sélectionné en compétition à la Mostra de Venise… Perplexe devant un objet dont je ne perçois ni le rapport au monde d’aujourd’hui et à ses problèmes, ni l’innovation en matière de cinéma. En effet, je reste perplexe devant cette histoire de rencontre la nuit dans une ville de province (Valence apparemment) entre Marc (Benoît Poelvoorde) qui vient de rater son dernier train pour Paris et Sylvie (Charlotte Gainsbourg) qui l’aide à trouver un hôtel, devant le coup de foudre qui s’ensuit, le rendez-vous aux Tuileries manqué quelques jours après pour cause d’infarctus de Marc, devant un Marc revenant à Valence chercher Sylvie dont il ne sait rien, tombant sur sa sœur (il mettra un temps fou à découvrir ce lien sororal), Sophie, et vivant un nouveau coup de foudre avec celle-ci, qu’il épousera et avec laquelle il aura un enfant et une vie de bonheur bourgeois sous le regard approbateur de la mère (Catherine Deneuve) jusqu’au retour de Sylvie qui est aussi un retour de flamme qui menace de tout détruire… On se croirait dans un film de Sautet (ou pire, de Vadim dont Benoît Jacquot fut l’assistant), un film «Trois cœurs» © de cette « qualité a l i t é Serge Lachat Agora films 13 c i n é m a PRIDE de Matthew Warchus avec Bill Nighy, Imelda Staunton, Dominic West, Georges Mackay… (G-B, 2014) 14 Nouvelle mouture de la « comédie sociale » britannique, vaguement teintée de comédie musicale, Pride a remporté la « Queer Palm » à Cannes cette année où il était sélectionné en clôture de la Quinzaine des réalisateurs ! Etonnant pour un film aussi « improbable », auquel personne ne croyait au départ, sinon le producteur et le scénariste qui voulait faire connaître l’histoire vraie qui a vu, en 1984, des mineurs gallois et des homosexuel(le)s londoniens s’unir dans la lutte contre Margaret Thatcher. En effet, cette année-là, le Premier Ministre britannique entend « casser » la résistance des mineurs en grève en ne leur cédant rien. Cette grève (une des plus longues jamais engagée) dura presqu’une année, mais après quelque temps déjà les mineurs n’étaient plus à même de mener seuls leur combat. C’est alors qu’un groupe d’activistes gays et lesbiens décida de récolter de l’argent pour venir en aide aux familles des grévistes. Le mineurs vinrent défiler en tête de la Gay Pride londonienne menacée par un service d’ordre peu amène. Que les choses soient claires : le cinéaste Matthew Warchus (venu du théâtre et de l’opéra) et son/ses scénariste/s ne lésinent par sur les moyens et n’hésitent pas à utiliser toutes les ficelles (on pourrait même dire les cordes) du métier pour emporter l’adhésion des spectateurs : défilé de personnages emblématiques (jusqu’à la caricature) tant du côté des mineurs (violents, buveurs, homophobes) que des gays et lesbiennes (aucun/e ne fait dans la sobriété et la discrétion sinon le petit jeune qui fera son coming out loin de ses parents), surabondance de « bons mots », de scènes lacrymogènes, mais aussi de danses frénétiques et de chants gallois nostalgiques, tout est bon pour emporter l’adhésion du spectateur. Résultat : ça marche (en tout cas pour moi !), on finit par être emporté dans cette histoire (avec en plus la caution de l’ « histoire vraie »), on accepte de croire, on veut croire que tous les homos et (presque) tous les mineurs sont sympas et ont, malgré la défaite des mineurs et malgré les ravages du sida, gagné leur combat même s’ils l’ont perdu ! Certains ne manqueront pas d’ironiser devant ce « feel-good movie » trop « télépho- «Pride» © Pathé films syndicat qui chapeautait cette grève des mineurs fut bien embarrassé d’accepter cette aide de « pervers ». Ces activistes londoniens focalisèrent alors leur aide sur un village minier du fin fond d’une vallée du Pays de Galles. Le film raconte comment ces deux communautés que tout opposait au départ finirent par se découvrir et s’apprivoiser malgré quelques résistances irréductibles du côté gallois, au point que les a né » : il n’en reste pas moins que j’en suis sorti euphorique avec, immédiatement après, un fort goût de nostalgie amère en me rappelant les espoirs, les luttes et les révoltes qui nous faisaient rêver dans les années 70-80 ! Que sont ces rêves devenus aujourd’hui ? SIDDHARTH de Richie Metha, avec Rajesh Tailang, Tannishtha Chatterjee, Anurag Arora, Shobha Sharma Jassi… (Inde-Canada, 2014) Deuxième film du cinéaste canadien d’origine indienne Richie Metha, Siddharth raconte l’histoire de la disparition d’un enfant d’une douzaine d’années que son père a envoyé à la grande ville pour qu’il y travaille et contribue à soutenir sa famille. Celle-ci (un père, une mère, un fils et une fille) vit en effet dans la pauvreté, le père réussissant à peine à nourrir tout le monde avec son travail de réparateur de fermetures-éclairs sur les marchés. Le film dépeint la recherche jusqu’à Bombay de ce fils par ce père qui ne renonce jamais, aidé, mais si peu, par les autorités. Quête d’autant plus difficile que les moyens manquent et que la famille n’a même pas une photo du disparu… On risque de reculer devant un film « métisse » (les défauts du cinéma oriental risquant de s’ajouter à ceux du cinéma occidental) qui s’annonce comme un mélodrame lacrymogène et misérabiliste. Or, bonne surprise, le cinéaste réussit à éviter toutes sortes de pièges : il reste d’une sobriété étonnante (qui est aussi et surtout celle de l’acteur principal, qui vient du théâtre) et évite de trop solliciter la corde sensible, même si, bien sûr, la quête d’un enfant disparu ne peut se dépeindre sans émotion ! Il évite aussi le voyeurisme et le misérabilisme. Cette quête lui permet de dessiner une coupe quasi documentaire de la société indienne actuelle en parcourant l’Inde des déshérités qui s’efforcent de préserver leur dignité en effectuant des petits boulots plus ou moins légaux, l’Inde de la corruption (même si le film n’en rajoute pas sur les autorités institutionnelles, plutôt bien intentionnées) et des trafics divers (drogues, prostitution, enlèvement d’enfants exploités comme esclaves). Le film n’est cependant pas un grand film à la manière de ceux de Satyajit Ray, ni même de ceux de Mira Nair faute de trouver un langage cinématographique propre. Le mélange de fiction et de documentaire aurait pu/dû être plus fort, plus corrosif (comme dans le néo-réalisme italien, par exemple). Et il aurait surtout fallu que Richie Metha évite le sucré-gluant d’une musique omniprésente et de piètre qualité. Serge Lachat Serge Lachat c t u a l i t é c i n é m a LEVIATHAN d’Andreï Zviaguintsev, avec Alexeï Serebriakov, Elena Liadova, Vladimir Vdovitchenko, Roman Madianov… (Russie, 2014) Après Le Retour (2003), Le Bannissement (2007) et Elena (2011), Léviathan confirme que Zviaguintsev est l’un des cinéastes les plus marquants du moment, et pas seulement en Russie. Le Prix du scénario reçu au dernier Festival de Cannes est une récompense encore bien faible pour ce film magistral ! Le film raconte l’histoire d’un mécanicien, universelle, donc, sauf que le cinéaste la situe bien dans la Russie d’aujourd’hui et que son film est aussi une violente attaque contre un régime russe pourri par une corruption générale. Cette critique est même dirigée contre le pouvoir politique russe depuis Lénine puisque, dans une des rares scènes farcesques du film, on tire sur les anciennes photographies officielles des différents dirigeants jusqu’à Gorbatchev, les derniers en date bénéficiant d’un sursis pour manque de recul historique !!! Mais surtout le cinéaste fait de cette histoire sordide un film qui dépasse le naturalisme glauque pour atteindre une vraie portée symbo- Grand Nord russe, on est sur une terre d’avant l’Histoire, une terre où les plis de la roche semblent à peine refroidis, où une terre et une mer originelles portent encore des monstres qui laissnt des squelettes gigantesques après leur mort. Ah ! ce squelette de baleine autour duquel la caméra du cinéaste ne cesse de revenir ! Ah ! cette baleine qui émerge et qui plonge dans une mer plus noire que noire ! Dans un tel décor, filmé en outre de manière extraordinaire par Mikhaïl Krishman dans les tons bleutés, grisâtres, brun éteints, sur une musique de Philip Glass, les aléas de l’existence humaine, pour violents et bouleversants qu’ils soient, prennent un aspect dérisoire, que tous les personnages, incarnés pas des acteurs extraordinaires, s’efforcent de noyer dans des hectolitres de vodka, sorte de terrible « suicide collectif » tragi-comique… Serge Lachat L’ABRI de Fernand Melgar (Suisse, 2014) «Leviathan» © Cineworx Kolia, qui habite avec Roma, son fils d’un premier mariage, et Lilya sa jeune épouse, une maison située au bord d’une embouchure de la mer de Barents. Le maire de la ville veut à tout prix son terrain pour y construire un édifice de prestige. A l’ouverture du film, un jugement est rendu en faveur du maire par une justice apparemment corrompue. Mais, aidé par son ami d’enfance et de régiment, par ailleurs avocat à Moscou, Kolia refuse de céder d’autant plus que Dmitri dispose d’un dossier dénonçant les agissements mafieux et la corruption du maire. Un instant déstabilisé (surtout lorsque l’avocat laisse entendre qu’il connaît des gens haut-placés), celui-ci reprend la main, d’autant plus facilement que tout se déglingue autour de Kolia. Scénario de films noir ou de western comme le cinéma américain en offre beaucoup, penserat-on… Et on n’aura pas tout à fait tort : en effet, cette histoire a été inspirée à Zviaguintsev par celle d’un Américain soudeur de profession qu’un groupe industriel a voulu exproprier en 2004 et qui a dû se battre contre la mairie, la police et les pouvoirs publics du Colorado. Histoire a c t u lique, voire mythologique. Par son titre déjà, Léviathan renvoie à la Bible et au monstre invincible du Livre de Job explicitement cité par le prêtre de la paroisse lorsque Kolia demande pourquoi Dieu lui inflige tant de malheurs. Ce qui permet au cinéaste non seulement de dénoncer la collusion du pouvoir politique et d’une Eglise orthodoxe russe en plein renouveau, mais aussi d’ouvrir une vraie réflexion philosophique sur l’impuissance des hommes à vaincre le Mal que ce soit par les voies terrestres (politiques pour aller vite, cf. Le Léviathan de Hobbes et sa réflexion sur le rôle « régulateur » de l’Etat) ou spirituelles (à côté des églises dégoulinantes de dorures et d’icônes précieuses, le cinéaste fait se réunir la jeunesse perdue du lieu dans une église désaffectée, qui permet d’ailleurs au protagoniste une « échappée » par le haut). Mais si l’histoire sordide d’aujourd’hui fait plusieurs fois allusion à la Bible (on voit ainsi sur une icône une tête coupée de Jean-Baptiste apportée à Salomé et Hérode), c’est aussi et surtout parce qu’elle est située dans un décor surhumain. Comme dans les westerns, mais ici dans le a l i t Cela commence par une belle foire d’empoigne: il s’agit pour les responsables de l’Abri, un des trois sites à Lausanne ouverts aux sans-abris en hiver, de canaliser et de trier ceux qui seront admis pour la nuit et le petit-déjeuner (moyennant 5 francs), les autres étant renvoyés à la rue et à la nuit. Difficulté de l’exercice pour les responsables qui finissent par connaître plus ou moins bien tous les candidats à cet accueil “humain” très temporaire et qui paraît calculé pour ne pas répondre à la demande, avec 40 places et pas une de plus, même si le lieu, genre abri de la protection civile, pourrait en recevoir 70. Mais ces places supplémentaires ne sont ouvertes que s’il fait moins de zéro pendant trois nuits consécutives… car les ouvrir “ça coûte” comme dit le responsable en chef (et tout est dit d’un mot des contraintes budgétaires…). Alors, pour gérer la pénurie, on invente une “solution” toute administrative : seuls seront admis ceux et celles qui se seront procurés à l’avance une carte de réservation…! Melgar s’attache donc, non sans courage, à nous faire partager un peu de la réalité vécue par des gens qu’on croise sans les voir et qui sont invisibles n’ayant pas droit à l’image, hors faits divers. Gens d’origines et de statuts divers ayant en commun la pauvreté, certains seuls, d’autres accompagnés d’enfants, dont nous ne saurons que peu choses au bout du compte. Sans avoir recours à des situations extrêmes, sans pathos, le cinéaste rend compte de la violence objective de la situation. Ouvrant le film vers les aides officielles pour trouver un emploi, en suivant un cer- é 15 c i n é m a «L’Abri» © Yvain Genevay/Le Matin 16 tain Mamadou qui a trouvé un patron mais n’obtiendra pas le permis tant attendu, il rend perceptible les refoulements gigognes mis en place: de l’abri de nuit, de l’emploi, de la Suisse… Avec une objectivité qui est décidément sa marque de fabrique, associée à un refus des généralisations simplistes, il rend compte de la complexité de la situation. Proche des visages, des voix, des corps, multipliant les détails parlants, il montre tout à la fois la souffrance des déracinés, le mélange d’humanité et de non-humanité que représente l’Abri, avec sa promiscuité, et, du côté des responsables, à la fois l’empathie de deux d’entre eux (qui se trouvent être d’origine latine…) et le réalisme du chef pour qui “si le canot est trop plein, il va couler” et qui se montre sur la même longueur d’onde que le politique et l’opinion majoritaire en préconisant une aide limitée “pour éviter l’appel d’air”… Laissons la conclusion à Fernand Melgar : « Alors que chaque jour la cohorte des exclus s’allonge, le silence et l’ignorance continuent de régner. Dans un climat récurrent de xénophobie, je voudrais que mon film contribue à lever le voile sur cette vie d’exclus.» Christian Bernard MOMMY de Xavier Dolan, avec Anne Dorval, AntoineOlivier Pilon, Suzanne Clément… (CANADA, 2014) Film qui a marqué le dernier Festival de Cannes où il a remporté avec Adieu au langage de Godard, le Prix du Jury, Mommy, le dernier opus de Xavier Dolan fait du jeune cinéaste un auteur au sens fort: pour ce film, il est en effet réalisateur, scénariste, producteur, monteur, créateur des costumes, et aussi, mais oui, responsable des sous-titres (car, parlé, et à quelle vitesse, en québécois, le dialogue nous reste souvent impé- a nétrable). Acteur dans ses films toute impression de progrès se révèle vite illusoiprécédents, il n’est cette fois re et le film emporte son spectateur dans un tourpas à l’écran. Alors que certains billon qui le fait sans cesse passer par les sentilui reprochaient une virtuosité ments les plus contradictoires et les plus extrêqui tournait un peu à vide dans mes. ses films précédents, Dolan la Soyons clair: les amateurs de distanciation, met cette fois-ci au service d’un de réserves et de retenue se sentiront déstabilisés sujet particulièrement brûlant : par ce bombardement d'affects, par ce tsunami avant que le film commence, un émotionnel. Xavier Dolan cueille son spectateur texte nous indique qu’une loi à l'entrée du film par un violent accident de voidoit être votée au Canada per- ture et ne le relâche plus, portant à incandescenmettant aux parents d’enfants ce les effets du mélodrame. D'une part en utiliperturbés, hyperactifs, bipolai- sant un format carré qui resserre les personnages res ou psychotiques, de placer au centre de l'écran, leur refusant toute échappaleurs enfants en institutions toire et tout espoir (significativement, vers la fin psychiatriques fermées s’ils du film lorsque la mère imagine un avenir estiment ne plus pouvoir assumer leur éducation. radieux pour son fils, l'écran s'élargit pour se resLe film commence au moment où une mère serrer très rapidement). D'autre part en les filcélibataire doit aller chercher son fils dans une mant souvent en très gros plans qui nous font institution pour enfants difficiles parce que celui- partager la moindre de leurs émotions. Les specci a mis le feu à l’école brûlant un autre élève au tateurs sont ainsi comme aspirés dans l'écran. 3ème degré. La mère cherche des excuses à son D'autant plus que le cinéaste n'hésite pas à fils, le défend tant qu’elle peut, mais ne peut per- renforcer le jeu des affects en jouant sur les flous, suader la directrice de le garder. Ce que le film les décadrages, et en utilisant une musique popuraconte, c’est le temps du retour au domicile maternel de cet adolescent au visage d’ange, mais capable des pires violences depuis la mort de son père, jusqu’à son placement en institution psychiatrique, la mère ne pouvant plus faire face. Une mère célibataire qui se débat dans les difficultés financières (la garde de son fils la prive d'un boulot à Anne Dorval et Antoine-Olivier Pilon dans «Mommy» © Shayne Laverdiere plein temps) et qui reporte toute son affectivité frustrée sur ce fils laire (par exemple Céline Dion), en in (formidaqui à la fois lui donne (et lui demande) un amour ble scène de karaoké!) comme en off. Cet effet éperdu et peut déchaîner contre elle les pires vio- musical est renforcé encore par la langue terriblelences verbales et physiques. Intervient dans ce ment crue (voire vulgaire) et exotique des perduo Kyla, une voisine récemment arrivée, mais sonnages et par le jeu presque toujours exacerbé tout aussi déboussolée. Institutrice, elle est deve- des remarquables comédiennes (jamais peut-être nue bègue à la suite d’un traumatisme qui reste un cinéaste n’avait encore filmé aussi bien la inexpliqué (perte d’un enfant ?), a perdu son tra- force, la fragilité et la sensualité troublante de vail et est condamnée à suivre sa fille et son femmes mûres) et comédiens. A ce niveau d'ininformaticien de mari de ville en ville. tensité, le film fonctionne comme un opéra, loin Confrontée au couple dysfonctionnel de cette de tout naturalisme, et emporte et/ou repousse mère et de son fils, la voisine se révèle capable son spectateur, comme ses personnages qu’on d'apaiser quelques tensions, d’enseigner les rudi- adore et qu’on déteste l’instant d’après pour sucments scolaires à l’adolescent et de résister tant comber encore à leur charme… Serge Lachat bien que mal aux pulsions de ce dernier, mais c t u a l i t é c i n é m a marge, celui du film d'ouverture et celui du film de clôture. Au LUFF, le premier est une première suisse : I Believe in Unicorns de la Californienne Leah Meyerhoff, plus connue pour ses courtsmétrages (Twitch) et ses réalisations de clips vidéo (MTV). Le film de clôture est à ce jour encore une surprise. lausanne underground film and music festival Le LUFF, une baffe L'affiche donne le ton : une protubérance explicite tombant entre deux cercles oculaires sur un beau sourire. La programmation se révèle cette année très tendance. Vous voilà prévenus ! Plus fort que l'opinion publique et sa contestation réunis, le LUFF procure un espace d'expression à la contre-culture. En effet, où ailleurs qu'à ce festival cinéma voir les pépites suivantes ? Amie de Lydia Lunch, Beth B. n'est pas une inconnue de la scène underground new yorkaise puisque ses œuvres ont été exposées dans de prestigieux musées d’art contemporain (Tate Gallery, MoMa…) et certains de ses métrages ont été acquis par le Moma et le Whitney Museum. Son dernier film Exposed, projeté au LUFF, est une satire de la société occidentale contemporaine et une mise en doute satirique de ses valeurs. Ce documentaire s'interroge sur ce qui est normal, en essayant de cerner le point limite au-delà duquel un concept ou quelqu'un peut enfin être considéré comme accepté/able. Huit comédiens d'horizons culturels différents (dont Bambi the Mermaid, Bunny Love, ou Dirty Martini) n'hésitent pas à s'exposer/s'exhiber pour obliger à réfléchir. Vous avez dit Shocking ? Celui que beaucoup considéraient comme un auteur maudit dans les années 60, Jean-Denis Bonan, a pourtant fait une belle carrière. Professeur à l'IDHEC et à la Sorbonne Nouvelle, plasticien, cinéaste, co-créateur du magazine culturel Metropolis sur Arte, il présente La Femme bourreau, film qu'il a achevé en 1968 ! Rejeté par tous les distributeurs de l'époque, La Femme bourreau est un des rares films français qui traite d'un tueur en série. A relever que l'inspecteur du film est joué par le désormais célèbre journaliste politique Serge Moati, et que le LUFF présente ce film en première mondiale, sa sortie en France étant prévue pour le début de l'année prochaine. Bonan présente aussi une sélection de ses a c t u meilleurs courts-métrages dont Tristesse des anthropophages, censuré depuis 1966 et montré à la faveur de quelques projections clandestines. « Un nouveau Christ est condamné par ses pairs à réintégrer le ventre maternel et est mené enchaîné, à coups de bâton, jusqu'à l'orifice qui va lui permettre en s'y replongeant de n'avoir jamais vécu. » (Jean Streff, Le Masochisme au cinéma). Cette année 2014, la Commission de Martha Colburn «Arrêt sur image» classification française vient de lever la censure de cette production en étiquetant le film “Tous publics“. Claude Chabrol avait raison ! Le LUFF aussi ! Depuis 1994, et plus d'une cinquantaine de courts-métrages d'animation, Martha Colburn manipule le fond footage, déformant les pictogrammes et usant ses doigts à toutes sortes de collages et de peintures. Son esthétique pop culture et son implication dans la musique punk rock font d'elle une artiste remarquée, qui n'hésite jamais à afficher ses idées politiques, en faveur des femmes notamment. Au LUFF, elle donne un workshop, mais aussi un ciné-concert inédit. Une sélection de documentaires sur les musiques de film, et en particulier indonésiennes, genres noise pour Adyth Utama (Bising), ou black metal pour Mathieu Canaguier (A l'est de l'enfer). Autre documentaire, Star Wars 2, du duo helvético-slovène Veli & Amos, rend hommage au Star Wars, premier du nom, mais sans rapport avec une trilogie fictionnelle devenue célèbre. Star Wars était le premier documentaire sur la scène hip hop, le graffiti, la danse et la culture. Sans vouloir l'égaler, son cousin fait le tour d'horizon des nouveaux styles d'expression et tendances artistiques issus de la rue, d'Europe à New York, en passant par le Moyen Orient. On trouve encore cette année au programme cinéma du LUFF : une sélection porno gay française, genre aujourd'hui disparu, une autre consacrée à la thématique de la séquestration au cinéma, et des œuvres de réalisateurs dont la carrière a trouvé sa révélation à la vision de films underground : Baise-moi de Virginie Despentes pour l'écorché vif Shane Ryan (sa trilogie Amateur Porn Killer), ou Pink Flamingos de John Waters pour Trent Harris (The Beaver Trilogy, dans lequel Sean Penn et Crispin Glover tiennent leur premier rôle). Bien sûr, à côté des compétitions longs et courts-métrages ont lieu, comme de coutume, des concerts tous les soirs, en in et en off. Frank Dayen LUFF – Lausanne Underground Film and Music Festival, du 15 au 19 octobre à la Cinémathèque Suisse/ Casino de Montbenon : www.luff.ch. Il y a au moins deux moments dans les festivals cinéma où l'on est sûr d'avoir affaire à la a l i t é 17 m u s i q Delphine Galou à perdre la tête Portrait Delphine Galou chantera le 5 octobre au Victoria Hall de Genève, en compagnie de Christophe Rousset et de ses Talens lyriques. Les grands rôles rossiniens ? « Ce sont plutôt des mezzos, avec de nombreux aigus. C’est aussi une vocalité différente avec laquelle je me sens a priori moins à l’aise, mis à part peut-être Tancredi. Rossini ne me touche pas de la même façon que Haendel ou Porpora. J’aimerais continuer d’explorer le répertoire baroque, qui me comble par plaisir et par affinité. L’un de mes grands souvenirs est le Radamisto que j’ai fait au Festival de Karlsruhe avec Sigrid T’Hooft, tout en gestique d’époque, avec éclairage à la bougie. » Une expérience dont elle avait déjà goûté l’enchantement à l’occasion d’une mise en espace signée Benjamin Lazar de Dido and Aeneas de Purcell couplé avec Énée et Lavinie de Pascal Colasse. Un rêve ? « Retravailler avec Emmanuelle Haïm, avec qui j’ai fait Aci, Galatea e Polifemo. » Judith est ce personnage inquiétant et séduisant qui décapite le général assyrien Holopherne afin de sauver les habitants de la ville de Béthulie. Elle a inspiré de nombreux compositeurs du XVIIIe siècle qui, de Jommelli à Anfossa en passant par Gassmann, Cafaro et même Mozart, ont écrit une Betulia liberata. Vivaldi, lui, a fait bande à part en choisissant pour titre de son oratorio Judita triumphans, mais Delphine Galou et Christophe Rousset l’ont retenu avec les autres dans le programme du concert qu’ils reprendront à Genève après l’avoir donné en août dernier dans le cadre de La Chaise-Dieu. Portrait Delphine Galou s’est d’abord intéressée à la philosophie, mais c’est son père, chanteur pour enfants, et plus tard le goût de la scène, qui lui ont donné envie de chanter et d’interpréter des personnages. Elle possède ce timbre et cette tessiture rares qu’on appelle contralto, terme aujourd’hui souvent employé à tort pour qualifier des voix qui sont en réalité des mezzosopranos. « J’ai moi-même commencé comme mezzo, raconte Delphine Galou, mais le centre de la tessiture était toujours trop tendu, jusqu’à ce que je découvre Giulio Cesare de Haendel. J’ai alors interprété tous les rôles écrits pour les castrats. » a e que je faisais encore partie des Jeunes voix du Rhin. Ce rôle est un cadeau du ciel, d’autant que Britten l’a spécialement écrit pour Kathleen Ferrier. » Et c’est aussi parce que Laurent Petitgirard a conçu son Fou d’Elsa pour un contralto que Delphine Galou a abordé ce cycle de mélodies. concert du dimanche de la ville de genève 18 u Propos recueillis par Christian Wasselin Delphine Galou Si elle se sent chez elle dans cette musique qu’on appelle baroque, Delphine Galou s’est autorisé quelques incursions dans des partitions un peu plus tardives. « J’ai participé à la production de L’Enfant et les Sortilèges de Moshe Leiser et Patrice Caurier, j’ai été le page dans les Salomé de Strauss et de Mariotte, que Carlos Wagner a mises en scène à l’Opéra de Montpellier. C’est avec lui également que j’ai chanté Lucrèce dans The Rape of Lucretia alors c t u a 5 octobre : Concert du dimanche de la ville de Genève. Les Talens Lyriques, dir. et clavecin Christophe Rousset, Delphine Galou, contralto (Jommelli, Vivaldi, Cimarosa, Anfossi, Gassmann). Victoria Hall à 11h (loc. Espace Ville de Genève - Pont de la Machine, Grütli, Cité Seniors) l i t é m u s i q u e Ravel sont au programme. La Camerata Armin Jordan se produira le 14 octobre au Victoria Hall sous la direction de Benoît Willmann avec, en solistes, les pianistes François-Xavier Poizat, John Blanch et Jansen Reyer, la harpiste Felicita Marockinaite et les violonistes Justine Kulakova et Anthony Fournier. en octobre Agenda genevois Le mois d’octobre sera russe sur la scène du Grand Théâtre, ou ne sera pas : Eugène Onéguine de Tchaïkovski, dans la mise en scène que Robert Carsen a élaborée pour le Metropolitan Opera de New York, y sera en effet représenté du 9 au 19. Michail Jurowski sera à la tête de l’Orchestre de la Suisse Romande, tandis que Michael Nagy incarnera le rôle éponyme. La formation symphonique sera également au Victoria Hall de Genève le 10 octobre prochain, réunie pour l’occasion avec les étudiants de la Haute Ecole de Musique de Genève sous la baguette d’Ilyich Rivas. Ils interpréteront la première symphonie de Chostakovitch et Les Fontaines de Rome de Respighi. Le 22 octobre, l’OSR jouera cette fois la Symphonie No 7 de Mahler, dite « Chant de la Nuit », avec Jonathan Nott au pupitre. Kazuki Yamada retrouvera ses musiciens les 29 et 31 octobre, accompagné par Baiba Skride au violon, pour donner à entendre le Concerto pour violon et orchestre de Brahms, ainsi qu’une œuvre de Dai Fujikura en création suisse. Les “Concerts du dimanche de la ville de Genève“ débutent la saison au Victoria Hall en accueillant Les Talens Lyriques et leur chef Christophe Rousset, qui jouera également du clavecin, ainsi que la contralto Delphine Galou. Au programme des œuvres de Jommelli, Vivaldi, Cimarosa, Anfossi et Gassmann. Le 6 octobre au Conservatoire de Musique, le concert “Temps & Musique“ réunit les violonistes Sarah et Deborah Nemtanu, le violoncelliste Raphaël Perraud, ainsi que Fabrizio Chiovetta, au piano et à l’accordéon; au menu, Chostakovitch, Honegger, Haydn et Dvorak. Aucune excuse ne permettra de manquer la venue de Maria João Pires, accompagnée par le violoncelliste Antonio Meneses, le 6 octobre au Victoria Hall : des duos de Beethoven et de Bach y enchanteront certainement le public genevois. De même, impossible de ne pas venir écouter le Chicago Symphony Orchestra et son maestro Riccardo Muti, qui donneront un concert pour la a c t u première fois à Genève, le 23 octobre. La Symphonie No 3 de Schumann, La Mer de Debussy et La Tempête de Tchaïkovski résonneront alors sous leurs doigts. La venue de Vladimir Fedosseyev avec l’Orchestre Symphonique Tchaïkovski de Moscou est, elle Illyich Rivas © Charlotte Boulton aussi, absolument incontournable : le samedi 25 octobre, le Concerto pour piano No 1 de Brahms, avec au piano Rudolf Buchbinder, et la Symphonie No 6 de Tchaïkovski seront interprétés, toujours dans la même salle. Les amateurs de musique de chambre se lèveront le dimanche 12 octobre pour aller entendre l’Ensemble de musique de chambre de l’OSR au BFM à 11h, qui exécutera les Concertos Brandebourgeois No 1 et 4 de Bach ainsi que des œuvres de Rameau. Ils ne manqueront pas non plus le concert du Quatuor Gémeaux accompagné par Isabelle Moretti à la harpe qui se tiendra le 15 octobre au Conservatoire de la Place Neuve : des œuvres de Caplet, Cras, Debussy et a l i t Quant aux gourmets de musique contemporaine, l’Ensemble Contrechamps leur donne rendez-vous le 14 octobre au Studio ErnestAnsermet pour déguster des œuvres d’Anton Webern, Frederic D'haene et Frank C. Yeznikian, situées entre « excès et mesure ». Le 16 octobre, Arie van Beek et l’Orchestre de Chambre de Genève nous invitent à un concert dédié aux animaux au Bâtiment des Forces Motrices : le Carnival des animaux de Saint-Saëns sera bien sûr interprété, de même que Gli Uccelli de Respighi, ou la Symphonie No 73 dite « La Chasse » de Haydn. Le Quatuor Borodine sera l’invité des “Grands Interprètes“ le 18 octobre au Conservatoire de Musique; ils proposeront un programme d’œuvres de Beethoven, Chostakovitch et Borodine. Et il convient de ne pas oublier la deuxième saison du Geneva Camerata qui débute le 11 octobre dans les locaux de Naef Immobilier par un “Concert en Famille“ qui verra la prestation des chanteurs d’oiseaux Johnny Rasse et Jean Coucault, accompagné par Reynaldo Flecha Delgado à la percussion et à la danse. Nous retrouverons les mêmes artistes le 13 octo-bre, lors du “Concert Sauvage“ donné à La Comédie et intitulé Destination Cuba. Le concert du 31 octobre sera placé sous la direction de Luc Baghdassarian et réunira à l’Eglise du Sacré-Cœur le Chœur Symphonique de Vevey, l’Ensemble Santa Maria, et les ténors Terige Sirolli et José Pazos, pour la Missa Criolla d’Ariel Ramirez. Last but not least, notons enfin la venue du célèbre ténor Juan Diego Flórez le 30 octobre au Victoria Hall, qui donnera un récital où se côtoieront des airs de Rossini, Berlioz, Massenet, Delibes et Gounod (entre autres), accompagné au piano par Vincenzo Scalera. Martina Díaz é 19 m u s i q u e vladimir fedosseyev aux concerts-club Le son dynamique ! Aux côtés de Evegueny Svetlanov, Youri Temirkanov ou Valery Gergiev, Vladimir Fedosseyev appartient au cercle très fermé des illustres maestros russes qui ont défendu - et défendent - avec talent la musique de leur pays. 20 Né le 5 août 1932 dans la ville qui s'appelait alors Leningrad, il étudie à Moscou; en 1971, encore en formation, Vladimir Fedosseyev doit remplacer au pied-levé Evgueny Mravinsky, malade; il dirige à cette occasion la Symphonie n° 5 de Chostakovitch... et toute sa vie va en être bouleversée... pour le mieux ! Peu après, il débute à l'opéra dans le Théâtre Mariinsky. En 1974, il est nommé à la tête de l'Orchestre symphonique Tchaïkovsky de la Radio de Moscou qu'il conduit encore, sans interruption, 40 ans après ! Durant cette longue collaboration, tout, selon lui, a complètement changé... à l'exception de la musique ! lorsque un restaurateur d'art travaille sur une icône: chaque couche qu'il dégage lui paraît plus magnifique que la précédente. Et s'il n'arrive pas à dégager la première couche, il ne sera jamais capable de distinguer les autres. C'est la même chose en musique. » assumé la direction - y compris dans des tournées - de l’Orchestre Symphonique de Vienne. Vladimir Fedoseyev est apprécié au Japon où il est, depuis 1996, chef invité de l’Orchestre Philharmonique de Tokyo. Dans le registre lyrique, le Russe s’est distingué à Zurich, Vienne, Paris, Milan, ou Florence. Tchaïkovsky vu au travers de Chostakovitch Chostakovitch l'a beaucoup marqué, même s'il n'a pas pu diriger des symphonies du vivant de ce compositeur. « Sa musique m'a accompagné dès mon enfance. Je l'entendais à Leningrad à la radio, pendant la guerre. » Ne pas être mort au moment où régnait la famine lui semble plus extraordinaire que le parcours prestigieux qu'on lui connaît. « Nous avons survécu, moi... et l'accordéon à boutons de mon père ! Ça a été une deuxième naissance. Cet accordéon m'a aussi permis de devenir musicien ». Ce passé et cette affinité pour Chostakovitch ont forgé sa conception de la Symphonie Pathétique, qu'il dirigera à Genève. Dans son interprétation, la symphonie est poignante; le chef a appris de son maître Mravinsky une manière forte de jouer Tchaïkovsky. Par exemple, le deuxième mouvement, présenté souvent comme une danse de salon, devient un véritable drame. Fedosseyev a le sens de la progression tragique, ce sens de la dynamique qu'il a toujours fait siens. Sans concession, le finale est lugubre et étouffant à souhait. Un concert à ne pas manquer ! Enthousiasme De l'époque communiste, ce directeur a gardé un sens de la diplomatie, au sens large du terme : « Les tournées nous permettent de nous faire les ambassadeurs de notre pays, au sens le plus large, et d'éviter... certains malentendus !» Quand il a pris son bâton, la musique bénéficiait d'un statut privilégié, mais figé. Si aujourd'hui les interprètes ont acquis une plus grande liberté créatrice et de mouvement, ils doivent justifier leur existence. Le maestro est fier de pouvoir cultiver, avec ses musiciens, un certain type de son, très net, un brin métallique, avec des percussions bien présentes; il en a fait sa marque de fabrique. Pour lui, toute évolution est bénéfique, synonyme de dynamique, d'allant, de progrès et d'approfondissement. « Il faut avancer ! Il le faut toujours, sans s'arrêter même une seconde. C'est comme a Pierre Jaquet Vladimir Fedosseyev Sa façon de diriger et d'encourager les chefs débutants en témoigne également. L'artiste se donne corps et âme; ce sont les jeunes qui paraissent gauches et mous dans leur gestuelle ! Paraissant sans âge, le vétéran, aussi enthousiaste qu'à ses débuts, tient une forme olympique : « Je ne peux pas vivre sans musique plus de deux jours !» La retraite, ce n'est vraiment pas pour demain! De 1997 à 2004, il a aussi fréquemment c t u a Genève, Victoria Hall, 25 octobre 2014 à 20 h, avec l'Orchestre Tchaïkovsky de Moscou. Brahms: Concerto pour piano N°1, op. 15 (avec Rudolf Buchbinder au piano) Tchaïkovsky: Symphonie n°6, op. 74 « Pathétique » l i t é m u s i q u e Entretien : Daniel Bizeray entretien Leonardo Garcia Alarcon Leonardo García Alarcón est devenu le chef d’orchestre incontournable sur la planète de la musique baroque. D’origine argentine, mais Suisse d’adoption et de vocation, il est l’un des piliers du Festival d’Ambronay où il revient à nouveau cette année. Vous êtes un habitué de longue date du Festival d’Ambronay. Pouvez-vous nous en parler ? Mon premier concert était en 1997, avec Gabriel Garrido, quand j’étais quasiment à peine débarqué en Europe. Et depuis, chaque année j’ai joué au festival. J’ai aussi réalisé plusieurs enregistrements discographiques dans le cadre du festival. Au moment où s’achève ma résidence de presque cinq ans au festival, je poursuis cette année ma collaboration avec le nouveau directeur Daniel Bizeray, sous une autre appellation comme « artiste associé ». Pour dire que notre relation va continuer… Pour cette édition, vous êtes à la tête de deux soirées : celle d’ouverture avec des mélodies siciliennes et une autre dédiée à Mozart avec le Requiem et le Concerto pour clarinette. C’est la reprise d’un concert que nous avions déjà fait à Ambronay, que nous donnons cette fois à l’auditorium de Lyon. L’idée est de mettre les deux œuvres en confrontation. Pour le Concerto pour clarinette, nous allons bénéficier d’une reconstitution de l’instrument tel qu’il avait été utilisé du temps de Mozart, réalisée par notre soliste Benjamin Dieltjens. Cet instrument peut jouer de grands aigus et des basses presque une tierce plus bas qu’une clarinette conventionnelle. Ce qui nous permet une plus grande fidélité à la partition. Le Requiem quant à lui tente aussi de revenir à l’original : à savoir seulement les passages écrits par Mozart. Ce qui revient à écarter le Sanctus, l’Agnus Dei et le Benedictus. Notre intérêt n’est pas de faire une pièce liturgique, mais de donner à entendre Mozart. Les trois morceaux que j’ai cités seraient comme d’ajouter des bras à la Vénus de Milo ! Pour le Lacrymosa, dont on sait qu’il revient en grande partie à Sussmayr, on peut toutefois voir les choses différemment : les dix premières mesures sont de Mozart, et son disciple a simplement continué, peut-être sur ses conseils… Nous l’avons donc maintenu. J’ai e n t r aussi voulu inclure l’Amen que l’on a retrouvé dans une bibliothèque de Berlin, qui est de Mozart lui-même. Et qui est probablement l’Amen qui devait conclure le Lacrymosa… Vous vivez entre la Suisse, à la tête de votre Cappella Mediterranea à Genève, et la Belgique, avec le Chœur de chambre de Namur que vous dirigez. C’est curieux que vous ayez élus deux pays et deux régions francophones… J’ai un peu suivi ma pente naturelle. Genève, j’y suis venu pour suivre une claveciniste que j’admirais. Presque par hasard. Mais la Suisse est un pays qui m’a vraiment accueilli, sans la froideur ou la distance que l’on croit trop souvent. Et c’est là où je reste. La Belgique est un pays que j’aime aussi beaucoup, avec un sens de l’accueil extraordinaire. Et leur centre de musique ancienne dispose de moyens qui me permettent de faire des créations et des disques. J’ai donc renouvelé mon contrat avec eux jusqu’en 2018. Et, justement, que prévoyez-vous pour les années à venir ? J’ai un certain nombre de projets, vous pensez bien. J’ai découvert par exemple tout récemment un opéra splendide, Prometeo, sur un livret en espagnol de Calderón et une musique d’un Italien de la cour des rois d’Espagne, que je vais certainement monter prochainement. Et dans la foulée, j’ai l’intention de me lancer davantage dans le répertoire baroque hispanique : les œuvres des compositeurs Durón, Literes… Ce qui n’empêchera pas que je poursuive mon parcours de l’opéra baroque italien. Et l’Opéra Garnier m’a appelé pour diriger Fairy Queen de Purcell. Un éventail de répertoire large, comme vous voyez. Propos recueillis par Pierre-René Serna Jeudi 2 et vendredi 3 octobre, Auditorium de Lyon Mozart : Requiem K. 626 & Concerto pour clarinette K. 622. New Century Baroque. Chœur de Chambre de Namur, dir. Leonardo Garcia Alarcon. e t i e Daniel Bizeray a été nommé en novembre de l’an passé directeur du Festival d’Ambronay, après des passages par la Fondation Royaumont, la direction des Opéras de Rennes, de Rouen et de Saint-Étienne. Il succède à ce poste à Alain Brunet, qui avait fondé ce festival en 1980, puis l’avait mené, année après année, à la gloire. Comment se présente cette édition ? Cela se présente bien. Si nous prenons la partie immergée de l’iceberg, les rapports avec les équipes, les bénévoles, avec les collectivités territoriales, tout va pour le mieux. Il y aura-t-il de nouvelles orientations ? Forcément, mais sans rien d’extravagant. Dans les nouveautés, je mettrais en avant la création de moments de rencontre entre les publics de l’abbatiale et du chapiteau. Les éléments de continuité concernent les artistes : William Christie, Jordi Savall, Leonardo García Alarcón… Les éléments de différence seraient l’insistance sur de nouveaux talents, comme Sébastien Daucet ou Raphaël Pichon, ou dans la toute jeune génération Itay Jedlin, quelqu’un d’extrêmement prometteur. Rayon nouveauté aussi, il y a ce que nous appelons les « after » : une suite de concert dans un autre registre, qui peut être des percussions, du tango… Un bœuf en quelque sorte, dont l’improvisation appartient entièrement aux interprètes. Pouvez-vous nous expliquer en quoi consiste le projet « eeemerging » ? L’intitulé reprend la contraction de trois mots, en anglais, puisqu’il s’agit d’une institution à l’échelle européenne : Emerging, European, Ensembles. Donc des ensembles européens émergeants. Nous développons effectivement le projet « eeemerging », pour la première année, qui réunit de tout jeunes interprètes, presque des enfants, sélectionnés au niveau européen, pour une formation cousue main lors de périodes de résidence chez nous. C’est un projet en association avec des collègues d’Italie, d’Angleterre, d’Allemagne, mais aussi de Slovénie, de Lettonie et de Roumanie. Cette année, nous avons quatre ensembles sélectionnés. Et l’expérience est appelée à se poursuivre. Une sorte de festival dans le festival. Que devient le rôle d’Alain Brunet ? Son départ, comme vous savez, est simplement dû au couperet de la retraite. Néanmoins, il est devenu président de l’association Art et Musique, qui organise le support du festival et du Centre culturel de rencontres. Son rôle reste donc présent pour nos deux institutions. Et je m’en réjouis. Propos recueillis par Pierre-René Serna n 21 m u s i q u e pas la première de vos œuvres jouée à Genève orchestre de chambre de genève Peter Jan Wagemans Le 16 octobre au BFM à Genève, création suisse d’une œuvre du compositeur néerlandais Peter Jan Wagemans « Drie Vlinderdansen » (Trois Danses de Papillons) dans le cadre d’un concert de l’OCG intitulé « Les Animaux ». Rencontre avec le compositeur. 22 Considéré comme un des plus importants compositeurs néerlandais mais relativement peu connu à l’étranger, Peter Jan Wagemans est très joué dans son pays depuis une dizaine d’années par les plus importants orchestres, que ce soit l’Orchestre de la Résidence, le Philharmonique de Rotterdam, l’Orchestre de la radio néerlandaise ou l’Orchestre royal du Concertgebouw avec Ricardo Chailly et Maris Jansons, ce dernier orchestre lui ayant récemment passé commande. Né en 1952, après des études de composition l’ayant notamment mené à travailler sous la conduite de Klaus Huber en Allemagne, Peter Jan Wagemans a rapidement tourné le dos au sérialisme comme à une certaine avant-garde minimaliste, pour composer une musique se voulant en dialogue avec la tradition. erratique comme le vol des papillons mais qui raconte une histoire, car la musique raconte une histoire comme toutes les formes d’arts liés au temps, tel le cinéma aujourd’hui. Trois genres de papillons sont évoqués. Dans la première pièce, ce sont les plus grands papillons qui ne vivent que trois jours, n’ont pas la faculté de se nourrir, et connaissent donc un destin tragique. Il s’agit d’une pièce pour piano et cordes, la mélodie étant confiée à ces dernières, tandis que le piano - à vrai dire deux pianos, un piano légèrement désaccordé étant préenregistré – donne la réplique avec un effet que j’aime beaucoup. Dans la deuxième pièce, il s’agit d’une espèce de papillons qui ne vit que la nuit ; leurs Comment définir le style de votre musique ? Je suis d’une génération qui est venue après celle de Stockhausen, Nono ou Boulez. Je me suis assez rapidement éloigné de ce qui me paraissait être une fin plutôt qu’un début. J’ai cherché à faire une musique d’aujourd’hui qui tient compte des formes du passé, les cite, mais sans que ce soit une musique néo-baroque ou néo-médiévale par exemple. Un peu comme le post-modernisme en architecture ou en design, avec un Rem Koolhas, où les éléments formels sont reconnaissables, partent de la tradition, mais sont réinterprétés. Ainsi dans Viderunt Omnes, une composition que le public genevois a pu entendre l’année dernière, il y a des citations apparentes de la musique médiévale, d’où une impression de familiarité pour le public, alors que ces citations sont très différentes de l’original et n’auraient pas pu être écrites au Moyen-Age. Sylviane Deferne © Sebastien Goyon Sylviane Deferne Egalement au programme du concert du 16 octobre, Le Carnaval des animaux, suite pour deux pianos et instruments de Camille SaintSaens, qu’intepréteront Maarten Van Veen et Sylviane Deferne. Cette œuvre également intitulée Grande Fantaisie Zoologique, est décrite par la pianiste genevoise comme « une pièce légère, pour rire, que Saint-Saens a un peu reniée ». Elle précise : « De fait elle a été interdite d’exécution, sauf Le cygne, jusqu’à sa mort. Il s’agit pourtant d’une œuvre sympathique, colorée, à l’orchestration variée. Elle est particulièrement indiquée pour les enfants qui reconnaissent les timbres, les instruments figurant les animaux, telle la clarinette pour le coucou. Il y a même une pièce qui s’appelle Les pianistes (comme quoi au zoo, il y a aussi des pianistes !) faite de gammes d’exercices singeant les débutants, l’occasion pour les interprètes de rajouter quelques fausses notes ! Si cette pièce s'adresse facilement aux enfants, elle fera rire aussi tous les grands enfants, de 7 à 77 ans comme dans Tintin, et bien au delà ! » Propos recueillis par Christian Bernard Parlez-nous des « Trois danses de papillons » que nous entendrons prochainement à Genève. magnifiques couleurs ont viré au gris et ils volent deci-delà dans l’obscurité. Quant à la troisième pièce elle évoque un nuage de papillons et devrait être un moment de bonheur pour le spectateur. Elle est une sorte de bref concerto pour piano et cordes que j’ai écrit en ayant les trios de Haydn en perspective. C’est une musique non-linéaire, apparemment Vous disiez à l’instant que ce ne sera e Effectivement, Arie von Beek, le directeur artistique et musical de l’OCG, avec lequel j’ai travaillé à Rotterdam, m’a fait l’honneur et l’amitié de programmer en octobre 2013 Viderunt Omnes, cette année les Drie Vlinderdansen, et le 24 novembre 2015, sera créée une commande d’Arie à laquelle je travaille. Egalement au programme de ce concert de 2015, un arrangement de la Grande Fugue de Beethoven. Ecrite pour quatuor à cordes par Beethoven, mon arrangement pour un petit ensemble composé d’un quintette à cordes, de vents et de percussions, met l’accent sur la structure et vise une apparente simplicité pour ce qui est des cordes. Je cherche surtout à rendre la force et la vitalité de la musique de Beethoven dans cet hommage à une œuvre que Stravinsky décrivait comme une pièce de musique totalement contemporaine et qui le restera pour toujours. n t r e 16 octobre. Concert de soirée No. 2. Les Animaux, dir. Arie Van Beek, Sylviane Derferne et Maarten Van Veen, piano (Respighi, Wagemans, Saint-Saëns, Haydn). BFM à 20h (loc. 022/807.17.90 / [email protected] ou www.ticketportal.com) t i e n m u s i q u e orchestre de chambre de lausanne Les dés ne sont pas (encore) joués ! Après le départ de Christian Zacharias, l’OCL prend le temps de réflexion. Une programmation riche, pour une saison sans directeur et exilée dans les locaux de l’Opéra. L’affiche de la saison 2014-2015 se veut à la fois accueillante et interactive : en période d’interrègne, sans directeur artistique attitré, c’est aux musiciens et à leur public fidèle de combiner les faces du dé Rubik musical : c’est une invitation à créer et à renouveler. Entre jeunes loups et légendes en fin de carrière, les cœurs balancent… A cela s’ajoute l'éternel ainsi qu’un ascenseur facilitant l’accès aux différents niveaux de la salle. Les artistes, eux, auront droit à de nouvelles loges… Seuls les concerts Découverte pour le jeune public, présentés par l’excellent Jean-François Zygel, seront donnés au nouveau BCV Concert Hall, au Flon. Bref, un vent de renouveau risque de décoiffer, sinon de défaire légèrement les mises concerto de Bruch). La venue de Michael Barenboïm, fils de Daniel, est très attendue: il jouera du Ligeti en janvier. Heinz Holliger et Marc Janowski graviront aussi le podium. Ottavio Dantone dirigera depuis son clavecin, dans un clin d’œil à Christian Zacharias, qui jonglait souvent entre baguette et clavier. L’envoûtante Olga Peretyatko séduira les mélomanes dans des airs de Mozart, en novembre, afin de conjurer le blues automnal. Les amateurs des v.o. assisteront en avril à une représentation d’Egmont, de Beethoven, avec le texte de Goethe récité en allemand par Tobias Moretti, épaulé par la soprano Marisol Schalit. Une introduction en forme d'avant-concert sera régulièrement assurée par Yaël Hêche, musicologue et conférencier. N'oublions pas non plus les traditionnels Concerts du dimanche, Entractes du Mardi… la collaboration avec l’Opéra (Traviata et la Flûte Enchantée) et la RTS. En juin 2015, Arabella Steinbacher emmènera l’OCL, du bout de son archet, jouer Mozart au Festival d’Istanbul. Des souvenirs et des retours Marysol Schalit © Vera Markus débat : comment attirer le public jeune, comment renouveler la programmation ? Où est le juste milieu ? Face à toutes ces questions, il est préférable de se donner du temps, un « certain temps » de réflexion. Une saison hors les murs En attendant la fumée blanche et un « habemus » en fanfare, peut-être déjà en automne, l’OCL ne chômera pas. En résidence temporaire à l’Opéra de Lausanne, la phalange présentera un programme riche à ses fidèles mélomanes qui se réjouissent déjà de retrouver leur Métropole, avec des loges plus confortables, a c t u en pli soigneuses des dames, et faire décoller les cravates des messieurs. Côté disques, la phalange s’est fait récemment remarquer avec un remake de La Nuit transfigurée de Schönberg, sous la direction de Heinz Holliger, 20 ans après sa gravure avec l’Orchestre de Chambre d’Europe. Bertrand de Billy est aussi passé au studio, pour graver du Beethoven et du Cherubini. D’autres projets pourraient suivre et s’ajouter à la belle collection que les chefs précédents ont laissée : on se rappelle des concertos de Mozart de Christian Zacharias, des espagnolades de Jesús López Cobos, ou de nombreux disques devenus raretés sous la baguette d’Armin Jordan. On retrouvera el señor Cobos bientôt, dans la fosse de l’Opéra, pour diriger, en octobre, Manon de Massenet ! Que les mélomanes se rassurent ! Après la crise, l’OCL a bien repris du crin de l’archet, et a plus d’une corde à ses violons ! Pour longtemps, espérons-le ! Une programmation riche Beata Zakes Bertrand de Billy, principal chef invité, dirigera les grands classiques (Beethoven, Mozart, Fauré et Messiaen). Après une décade de règne d’un chef-pianiste, le piano sera toujours présent : l’on entendra notamment le célébrissime Concerto n° 2 de Chopin, avec Nicolas Lugansky au clavier. Mais c’est le violon qui aura la vedette. Sur scène monteront les rois de l’archet, Frank Peter Zimmermann (dans Mozart) et Renaud Capuçon (encore un tube, le a l i t Programme: www.ocl.ch OCL – Billetterie Rue Saint-Laurent 19 1003 Lausanne T +41 21 345 00 25 (9h00 - 13h00) [email protected] é 23 m u s i q u e l’orchestre des pays de savoie : évian, genève, annecy Nicolas Chalvin Le chef d’orchestre Nicolas Chalvin préside depuis 2009 aux destinées de l’Orchestre des Pays de Savoie, qui vient précisément de marquer ses 30 ans d’existence. L’occasion de faire le point sur cet orchestre et sur son avenir. 1996. Mais je m’y plais beaucoup et je dois beaucoup à ce pays. C’est en Suisse que j’ai commencé à diriger. J’avais été assistant d’Armin Jordan. Mes premiers concerts professionnels m’ont été offerts par l’Orchestre de chambre de Lausanne. Puis François-Xavier Hauville m’avait confié la direction de deux opéras par an à l’Opéra de Lausanne. Ensuite, j’ai été invité également à l’Opéra de Zurich. C’est donc ici que j’ai fait mes premières armes et que je me suis confirmé. Vous fêtez les trente ans de votre orchestre. Qu’en est-il de cet anniversaire ? 24 Je vais commencer par être un petit peu institutionnel et didactique. L’orchestre est né en 1984 de la volonté d’une assemblée toute nouvelle, celle des Pays de Savoie. Il avait donc été décidé de doter la région d’un orchestre, comme un outil de délégation culturelle du territoire. Au départ, il s’agit d’un orchestre de chambre. Avec le répertoire en conséquence, qui va de Mozart jusqu’à la musique contemporaine. Avec aussi une touche de répertoire français. L’orchestre essaime dans toute la région, dans les grandes et petites villes, mais aussi en dehors de son territoire de prédilection. Et c’est ainsi que vous œuvrez souvent aussi en Suisse, me semble-t-il… Tout à fait. Nous avons été ainsi fréquemment invités au Victoria Hall de Genève, ou l’année dernière avec la Haute École de musique de Genève… Une forme de synergie transfrontalière. Orchestre des Pays de Savoie © Humberto Salgado Que nous réservez-vous prochainement, en Suisse notamment ? Et que prévoyez-vous pour les trenteet-un ans de l’orchestre ? Nous avons un concert le 23 novembre à Carouge, en collaboration avec l’Orchestre de chambre de Genève. Un programme de sérénades pour vents, avec la Grande Partita de Mozart et la Sérénade de Dvo ák, parmi les plus importantes pages pour instruments à vent du répertoire. Il y aura aussi une pièce contemporaine. En octobre, nous serons à la Grange au Lac d’Evian, avec la reprise du programme que nous avons donné fin août au Festival Berlioz de la Côte-Saint-André : le Bœuf sur le toit de Milhaud, le Concerto en sol de Ravel, la Sérénade de Bernstein et Quiet City de Copland. Et le 12 septembre nous faisons l’ouverture du Festival de Besançon. Les trente ans sont emblématiques. Emblématiques d’une mission de service public de l’orchestre qui doit se poursuivre dans les années à venir. Il s’agit d’affirmer une identité et inventer un nouveau format de concerts, comme pour les journées anniversaires qui regroupent plusieurs manifestations dans la même journée. C’est aussi une action culturelle, l’ouverture au public, la formation d’un nouveau public… Financièrement, les choses sont en place, qui nous permettent de croire à une pérennité assurée. Pour ce qui vous concerne personnellement, vous résidez à Lausanne. Pourquoi ce choix ? Propos recueillis par Pierre-René Serna Plus d’informations sur : http://www.orchestrepayssavoie.com/ Bien que je sois Français, c’est un peu un choix de famille et de circonstances. Mon épouse est chef de chant à l’Opéra de Lausanne depuis Nicolas Charvin © Philippe Hurlin e n t r e t i e n m u s i q u e orchestre de la suisse romande Saison 2014-2015 L’orchestre de la Suisse Romande présente une saison 2014-2015 avec plusieurs fils rouges artistiques. Ainsi, il donnera l’intégrale des symphonies parisiennes de Joseph Haydn et les symphonies N° 5, 6, 7, et 8 de Beethoven. Ce sera aussi l’occasion de célébrer les 150 ans de la naissance de Richard Strauss, Carl Nielsen et Jean Sibelius. Baiba Skride © Marco Borggreve Du côté des artistes invités, l’OSR s’offre quelques belles affiches au Victoria Hall : le 6 février prochain, nous retrouverons Charles Dutoit et Nelson Freire dans Debussy (Ibéria), le Concerto pour piano et orchestre N° 20 en ré mineur de Mozart, Le Chant du Rossignol de Stravinski et la deuxième suite pour orchestre de Ravel Daphnis et Chloé. De son côté, Neeme Järvi accompagnera Nikolaj Znaider dans le Concerto pour violon de Nielsen ; il donnera également la Symphonie N° 86 de Haydn et la deuxième de Sibelius. L’occasion d’ailleurs d’entendre deux fois Nikolaj Znaider dans ce concerto de Carl Nielsen, le 18 et le 20 mars avec cependant un changement au programme symphonique : la Symphonie N° 87 de Haydn et la « Pastorale » de Beethoven. de Ravel, les Suites du Tricorne de Manuel de Falla et des œuvres de Granados et Joaquín Turina (concert donné dans le cadre des Fêtes de la musique le 19 juin prochain). Parmi les grands concertos pour violon, celui de Sibelius est à entendre le 1er mai avec Leonidas Kavakos accompagné par le chef invité Enfin, le 11 mars prochain, Semyon Bychkov sera à la tête de la phalange romande avec la Messa da Requiem de Giuseppe Verdi. Les chœurs du Grand Théâtre, Violeta Urmana (mezzo), Riccardo Massi (ténor) et Roberto Scianduzzi (basse) seront les voix de la soirée (à noter que la soprano n’est pas encore annoncée pour ce concert). Parmi les curiosités, le concert du bicentenaire de l’entrée de Genève dans la Confédération avec notamment l’ouverture du Guillaume Tell de Rossini et le Boléro de Ravel sous la baguette de Neeme Järvi. Ce concert est programmé le 19 mai au Victoria Hall. A noter également que Kazuki Yamada donnera le 29 octobre au Victoria Hall la création suisse Rare Gravity, l’œuvre symphonique de Dai Fujikura. Ce concert permettra de compléter le cycle des concertos pour violon avec celui de Brahms interprété par la violoniste Baiba Skride. La fin d’année sera aussi l’occasion d’entendre le jeune chef japonais dans Peer Gynt de Grieg avec les Suites pour orchestre N° 1 et N° 2, le 18 décembre au Victoria Hall toujours. Tournées Sergey Khachatryan © Terry Linke Markus Stenz. Dans le cadre des concerts des Amis de l’OSR, l’orchestre accueille aussi Eliahu Inbal comme chef le temps d’une soirée consacrée à Brahms (Symphonie N° 1) et Beethoven avec le jeune violoniste arménien Sergey Khachatryan dans le Concerto pour violon et orchestre en ré majeur. Avec le grand chef Jesús Lópes Cobos, c’est l’Espagne qui sera à l’affiche : España d’Emmanuel Chabrier, la Rhapsodie espagnole a c t u a l L’orchestre sera également en tournée aux Etats-Unis en février prochain avec Charles Dutoit et Nikolaï Lugansky. Les musiciens traverseront le pays d’ouest en est avec des concerts prévus en Californie (Aliso Viejo le 12 février, Davis le 13, Sonoma le 14 et Santa Barbara le 16). Puis se sera New York (Ithaca le 19 février), le New Jersey (Newark le 20 février) et Washington DC le 21 février. Neeme Järvi reprendra son orchestre dès le mois d’août 2015 pour une seconde tournée, européenne cette fois avec l’Autriche (Grafenegg Music Festival), les Pays-Bas (Amsterdam) et l’Allemagne (Rheingau Musik Festival) Serene Regard Plus d’informations sur : http://www.osr.ch/ i t é 25 m u s i q u e scènes d’octobre Agenda romand Manon de Massenet, René Jabobs pour un concert Bach, un concert de l’OCL conduit par Marek Janowski, la 7e Symphonie « Chant de la Nuit » de Mahler par l’OSR, la reprise du Quatuor à cordes de Jean Perrin par son créateur, le Sine Nomine : c’est en ville de Lausanne que se concentrent les événements musicaux les plus marquants de ce mois d’octobre. 26 A Lausanne, à l’Opéra, Anne-Catherine Gillet incarnera la Manon de l’opéra de Massenet, du 3 au 12. L’OCL y donnera son 2e concert d’abonnement, avec Marek Janowski et le violoncelliste Miklos Perenyi, et le 31, René Jabobs, avec des solistes et l’Helsinki Baroque Orchestra, présentera des œuvres de Bach à l’enseigne de « Dramma per musica », en coproduction avec le Festival Bach. L’OSR sera à Beaulieu pour deux soirs, le 17, sous la conduite de Neeme Järvi, avec Gautier Capuçon au violoncelle et Frédéric Kirch à l’alto, et le 23, sous celle de Jonathan Nott pour la symphonie de Mahler. A Beaulieu aussi, le 9, Ellington, Copland et Dvorak, avec la 9e Symphonie, dite du Nouveau Monde, sont à l’affiche du concert du Sinfonietta de Lausanne, Ryssov, dirigés par Romain Mayor, interpréteront le Lauda Sion de Mendelssohn et le Stabat Mater de Rossini. Orgue et saxophone, le 3, par le Duo Faggioni, et le10, « Tryptique aux grandes orgues », par divers organistes. A la Salle Paderewski, les « Concerts de Montbenon » convient le Quatuor Sine Nomine à jouer Haydn, Dvorak et le Quatuor (1988) de Jean Perrin. Concerts à St-François, les samedis 4,11,18 et 25 octobre, sous l’égide de Benjamin Righetti, organiste, et à St-Jacques, le 5, en création, de Jérôme Berney et François Debluë, un Stabat Mater et un Mater Dolorosa. A Pully, le 7, concert « Pour l’Art », par le Quatuor Terpsycordes dans des œuvres de Mendelssohn, Ligeti et Bloch. A l’Octogone de Pully : le Quatuor Terpsycordes © Anne-Laure Lechat sous la direction de son chef Alexander Mayer. A la Cathédrale, le 1er octobre, Gonzague Monney dirigera le Chœur Faller, des solistes et le Sinfonietta, dans le Stabat Mater de Dvorak. Le 22, le Chœur Bach, l’OCL, Brigitte Hool, Carine Séchaye, Valerio Contaldo et Michail a A l’Abbaye de Bonmont, le 5, l’Ensemble Jacques Moderne de Joël Suhubiette présenteront Israelbrünnlein de Johann Hermann Schein. A Moudon, le 26, au Musée EugèneBurnand, concert du Quatuor Modigliani, et à Montreux, à l’Auditorium Stravinski, le 31, c t u a musiques de divers compositeurs par l’Ensemble Vocal Arpège, le Chœur HEP et le Sinfonietta, sous la baguette de Julien Laloux. Au Châble (VS), le 11, André Ducret sera à la tête du Chœur des XVI, de l’Ensemble Vocal Shama et de l’Orchestre de Chambre Fribourgeois pour Ein Deutsches Requiem, de Brahms. A Sion, le 19, à l’Eglise des Jésuites, le Chœur Novantiqua, A Corte Musical et des solistes, conduits par Bernard Héritier, nous vaudront la découverte d’un oratorio de F.Rossi : La Caduta de gl’Angeli. Au Théâtre de Valère, le 26, une création de Guy Kummer-Nicolussi, Au pays de l’ailleurs, par la Camerata Sion et l’Echo des Follatères. A la Chaux-de-Fonds, le 26, au Temple Farel, Kai Bumann dirigera l’Orchestre Symphonique Suisse des Jeunes dans l’Ouverture du Freischütz de Weber et la 5e Symphonie de Beethoven, et accompagnera Domenico Catalano dans SubZero, pour trombone et orchestre, de Daniel Schnyder. A Neuchâtel, le 26, au Temple du Bas, l’Ensemble Vocal de Neuchâtel, dir. Steve Dunn, exécutera des œuvres de Tallis, de Poulenc et des chansons des Beatles. Le 26 aussi, sous le chapiteau du Cirque Helvétia, sera donnée la comédie musicale C’est quoi ce cirque ? de Jean et Guy Bovet, avec Brigitte Hool, Valérie Bonnard et Matthias Seidel, François Rochaix signant la mise en scène. Le 30, au Temple du Bas, la Camerata Zürich présentera des pages d’Elgar, Grieg, Pärt et Mendelssohn. A Bienne, au Stadttheater, les 8,10 et 16, Viva la Mamma de Donizetti et le 31, Première de Rusalka de Dvorak, avec Brigitte Hool dans le rôle-titre. Le 15, au Palais des Congrès, l’Orchestre de Bienne-Soleure, conduit par Kaspar Zehnder, avec Urs Peter Schneider au piano, jouera des œuvres de C.P.E.Bach et de Mozart, plus des créations de Schneider et de Hermann Meier. A Fribourg, à l’Equilibre, le 18, Ein Deutsches Requiem de Brahms, sous la direction d’André Ducret. Le 21, Laurent Gendre conduit l’Orchestre de Chambre fribourgeois dans la Symphonie No 4 de Schumann et accompagne Stefan Muhmenthaler dans le Concerto pour violon de Beethoven. Le 9, à l’Aula Magna, le pianiste Alexander Gavrylyuk, artiste en résidence 2014-2017, se produira dans des œuvres de Mozart, de Brahms et de Liszt. Yves Allaz l i t é m u s i q u e festival, du 28 octobre au 2 novembre Jazz Onze Plus L'affiche de la 27e édition du Festival Jazz Onze Plus donne le ton : les baguettes de mikado s'avèrent des baguettes de batterie. Comme quoi, l'adresse et la poigne peuvent trouver un équilibre ensemble. Parfait exemple, la programmation du samedi 1er novembre fait succéder les percussions de Kahil El'Zabar au trio du batteur Jack Dejohnette, lui-même précédé de la vocaliste Susanne Abbuehl, qui chante la poétesse Emily Dickinson. Cela fait plus d'un quart de siècle que Francine et Serge Wintsch, l'aigle à deux têtes de l'association Jazz Onze Plus, s'en donnent à chœur joie : inviter à Lausanne des musiciens de renommée internationale tout en promouvant les révélations régionales, voire nationales. même droit à un portrait cinématographique (le documentaire Arrows into infinity). Ravi Coltrane partage l'affiche avec un autre fils de, le bassiste Matt Garrison (fils de Jimmy, qui fut au temps jadis – entre autres – le contrebassiste de John Coltrane, père de Ravi) et le batteur Dee Dee Bridgewater © Mark Higashino sa voix dans la Bernoise Susanne Abbuehl (compositrice et grande amatrice de poésie, du haïku à Emily Dickinson, en passant par Emily Brontë) ou dans Elina Duni, dont les compositions empruntent à ses origines balkaniques. De Sax au saxo Cette année, ils mettent d'abord l'accent sur le saxophone, dont 2014 marque le bicentenaire de la naissance de son inventeur, Adolphe Sax (1814-1894). Cette commémoration sert de prétexte pour accueillir quelques-uns des meilleurs joueurs de cet instrument : les trois ténor sax Charles Lloyd, Ravi Coltrane et Justin Robinson, ainsi que le Genevois Michel Gesseney (saxophone alto) et Aina Rakotobe (saxophone basse). Charles Lloyd a Théorie des ensembles Roy Hargrove Jack Dejohnette, qui a sévi en tant que percussioniste aux côtés de Coltrane père, mais aussi du grand Miles, de Keith Jarrett ou de Charles Lloyd. Une grande famille quoi ! Les chanteuses Susanne Abbuehl © Pia Neuenschwande a c t u Cette 27e édition rend ensuite hommage aux chanteuses de jazz. Ainsi, Denise, soixantenaire aux cheveux courts, révélée en 1974 pour son rôle de gentille sorcière dans la comédie musicale The Wiz à Broadway. Chanteuse de cabaret, actrice de cinéma (elle a incarné Bille Holiday), mais surtout voix mémorable, la chanteuse de Memphis a envoûté Dexter Gordon, Dizzy Gillepsie ou Sonny Rollins. Elle a enregistré des musiques de film (sous la supervision de Roy Ayers) et reste fameuse pour le célèbre Precious thing, qu'elle chante en duo avec Ray Charles. Le public la connaît mieux aujourd'hui sous le nom de Dee Dee Bridgewater. La relève helvétique, elle, trouve a l i t Cette dernière artiste n'est pas la seule à savoir s'entourer de musiciens de talent – son quartet compte Colin Vallon au piano, Patrice Moret à la basse et Norbert Pfammatter à la batterie. Les groupes invités au festival se déclinent en formations de trois membres (Kahil El'Zabar, Justin Dillard et Junius Paul, pour une soirée; Marc Perrenoud, Marco Müller et Cyril Regamey pour l'éternité), de quatre (la pianiste Sylvie Courvoisier et son violoniste d'époux Mark Feldman se produisent en quartet), voire de cinq membres (celui du Genevois Manuel Gesseney). D'autres hésitent : le Ritual Trio trentenaire de Kahil El'Zabar invite pour l'occasion le chanteur fou Dwight Trible. Enfin, last but… le trompettiste bugleur Roy Hargrove, habitué aux formations big band, donnera son concert en quintet, avec notamment le talentueux Justin Robinson au saxophone. Frank Dayen Festival Jazz Onze Plus, Casino de Montbenon, Lausanne, www.jazzonzeplus.ch et magasins FNAC. é 27 m u s i q u e nous nous retrouverons les quatre ensemble pour les Bagatelles de Dvorák, composées pour deux violons, violoncelle et clavier. Mais ce clavier est un harmonium, et je jouerai la partie d'harmonium... à l'accordéon. Le timbre des deux instruments est très proche, mais je trouve que l'accordéon offre bien plus de possibilités expressives. conservatoire de genève Fabrizio Chiovetta Le 6 octobre le pianiste genevois donnera un concert avec les violonistes Sarah et Deborah Nemtanu et le violoncelliste Raphaël Perraud pour la série Temps & Musique. Scènes magazine l’a rencontré. Pourriez-vous nous parler de votre dernier CD, récemment paru et consacré à Haydn, dont une œuvre est programmée le 6 octobre. Pourquoi ce choix ? 28 Les Sonates pour piano de Haydn ont toujours occupé une place de prédilection dans mon répertoire. Injustement négligées par les interprètes, elles sont, par la richesse de leur invention et leur diversité formelle, de véritables joyaux. Les pianistes ne s’intéressent généralement qu’aux toutes dernières Sonates, mais toutes sont exceptionnelles (Haydn en a composé environ soixante). J’ai donc choisi de me pencher sur des oeuvres plus rarement jouées, telles que la Sonate en Lab Hob XVI/46 dont l’Adagio central est une des pièces les plus émouvantes de la littérature pour piano, et d’une immense modernité (il est en effet difficile de croire que cela a été composé en 1767). Le programme comporte également la Sonate en do mineur Hob XVI/20, qui à bien des égards annonce Beethoven, ainsi que la Sonate en mi mineur Hob XVI/34 qui, bien qu’elle soit plus tardive, évoque le souvenir de Scarlatti. J’ai également enregistré les très célèbres Variations en fa mineur Hob XVII/6, que j’ai jouées de nombreuses fois en public, mais j’ai tenu à ajouter les méconnues Variations en Mib (Arietta con Variazioni Hob XVII/3). Peu de musiciens savent que ce thème savoureux de Haydn a si fortement marqué Mozart que ce dernier l’a utilisé presque textuellement dans sa Sonate K 282, écrite dans la même tonalité. Ce programme donne un bel aperçu de l’ensemble de l’œuvre pour clavier du compositeur, les a Quel est votre lien avec l’accordéon, et son répertoire ? dates de composition des pièces s’étendant sur près de trente ans. J'ai commencé à en jouer enfant, pour faire comme mes deux frères aînés qui le pratiquaient. J'ai donc étudié cet instrument parallèlement au piano. Beaucoup d'accordéonistes jouent Bach, Scarlatti, Rameau, Mozart, Haydn pour prouver que cet instrument peut tout faire. Ce n'est pas mon cas, sans doute car j'ai la chance de pouvoir interpréter ces compositeurs au piano. J'utilise volontiers l'accordéon dans des projets de musique improvisée, musique du monde ou création contemporaine. On pourra vous entendre prochainement à l’occasion d’autres concerts, et vous avez un projet d’enregistrement Fabrizio Chiovetta - photo LiLiROZE Le programme de votre concert du 6 octobre, allant de Haydn à Chostakovitch en passant par Dvořák et Honneger intrigue, d’autant qu’on vous y entendra aussi à l’accordéon Haydn sera également au programme du concert que je donnerai avec les violonistes Sarah et Deborah Nemtanu et le violoncelliste Raphaël Perraud. Le répertoire pour cette formation (2 violons, un violoncelle et piano) n'existe pas vraiment car, traditionnellement, depuis la fin du XIXème en tout cas, les quatuors avec piano sont écrits pour violon, alto, violoncelle et piano. Lors du concert, plusieurs configurations seront donc explorées: trio (Haydn, Chostakovich), 2 violons et piano (Chostakovich), 2 violons (Honegger). Et ce n'est finalement qu'en fin de programme que c t u a Je serai à Lausanne, au Steinway Hall le 9 octobre pour un Récital Haydn; à Lausanne encore le 20 novembre avec Henri Demarquette (violoncelle), dans un programme Beethoven, Brahms, Britten; et à Sierre, au Château Mercier, le 30 novembre pour un Récital comportant des œuvres de Bach et Brahms. Au printemps 2015, j’ai en effet le projet d’un enregistrement entièrement consacré à Bach. Propos recueillis par Christian Bernard Fabrizio Chiovetta: Haydn, Piano Sonatas & Variations, Claves Records, CD 1409 6 octobre : Temps & Musique. Sarah et Deborah Nemtanu, violons, Raphaël Perraud, violoncelle, Fabrizio Chiovetta, piano et accordéon (Chostakovitch, Honegger, Haydn, Dvorak). Conservatoire de Genève à 20h Billetterie : Service culturel Migros, Migros Nyon-La Combe, Stand Info Balexert l i t é f e s t i v a l s festival berlioz Final en beauté Le Festival Berlioz joue désormais dans la cour des grands. Comme le prouveraient ses deux derniers concerts, avec le London Symphony Orchestra dirigé par John Eliot Gardiner, puis le lendemain, en clôture, une Damnation de Faust brillamment sous l’égide de François-Xavier Roth. Dans l’auditorium provisoire sis dans la cour du château de la CôteSaint-André, le concert du LSO associe des pages de la première moitié du XIXe siècle, peu fréquentes et judicieusement mises en miroir : l’ouverture de Mer calme et Heureux Voyage de Mendelssohn, le Concerto pour violoncelle de Schumann et quatre extraits pour orchestre de Roméo et Juliette de Berlioz. Un programme un peu à l’image du festival, qui verse dans l’éclectisme pour ne laisser qu’une part au compositeur auquel il doit son nom. La sonorité de l’orchestre londonien porte sa marque, ductile, nette et déliée, dès Mendelssohn puis ensuite dans Schumann, où le violoncelle de Gautier Capuçon dialogue sans fioritures. Les extraits de Roméo et Juliette confirment tout l’art du LSO et de Gardiner, ciselé et innervé, faisant d’autant plus regretter que la « symphonie dramatique » de Berlioz soit frustrée de son intégrité. La Damnation du lendemain constitue une autre expérience. Et c’est aussi une confirmation : celle de François-Xavier Roth, qui s’affirme plus que jamais l’une des meilleurs baguettes parmi les jeunes chefs fran- çais, mais aussi l’un des meilleurs espoirs de l’interprétation de Berlioz. C’est, de plus, la concrétisation de l’un des beaux projets de cette manifestation et de Roth : le Jeune Orchestre Européen Hector-Berlioz, formé d’instrumentistes fraichement sortis de conservatoires. Avec, comme chaque fois, un enthousiasme, une ferveur, une conviction collective. Un sentiment d’exception baigne ainsi la soirée, auquel répond le silence sépulcral du public. Les trois solistes vocaux rivalisent de musicalité et d’expression, chacun dans son registre : Michael Spyres, Faust à la projection ardente et crépusculaire ; Anna Caterina Antonacci, Marguerite au legato immanent ; Nicolas Courjal, Méphisto d’une noirceur de catacombes. Jean-Marc Salzmann campe fermement de son côté l’épisodique Brander. Le chœur (Chœurs et Solistes de Lyon-Bernard Tétu, Chœur Britten-Nicole Corti) s’entend avec l’orchestre et les chanteurs solistes pour l’acuité, la délicatesse, l’ampleur et la répartie. Un tout ! mais qui ne serait rien sans l’intensité précise que souffle le chef d’orchestre. Une Damnation rare, digne de son propos. Mais il est d’autres concerts accompagnant cette riche fin festivalière. Comme le récital en la petite église romane de la bourgade, par FrançoisFrédéric Guy et Tedi Papavrami, offrant des sonates pour piano et violon de Beethoven servies avec une passion rigoureuse. Ou, sous les halles historiques, le concert rassemblant les orchestres Démos (de tous jeunes enfants isérois qui s’essayent pour la première fois aux instruments) et le magnifique Orchestre des Jeunes de Sao Paulo, dans une joyeuse ambiance kermesse. Ou, dans le jardin du Musée Hector-Berlioz (évocatrice maison natale du compositeur), celui de l’ensemble argentin Fronteras del silencio, avec des instruments traditionnels amérindiens agrémentés de pittoresques costumes et pantomimes. 29 Pierre-René Serna WWW.BONLIEU-ANNECY.COM UNE SAISON D’OUVERTURE 75 SPECTACLES • 180 REPRÉSENTATIONS 1 heure 23’ 14’’ et 7 centièmes © Jonathan Sirch Yvan Vaffan © Guy Delahaye Il n’est pas encore minuit © Christophe Raynaud de Lage EXTRAIT DE PROGRAMMATION SPECTACLES D’OUVERTURE CRÉATION UN ÉTÉ À OSAGE COUNTY TRACY LETTS DOMINIQUE PITOISET • CRÉATION TORDRE RACHID OURAMDANE • É CLATS, B RIBES ÉCLATS, BRIBES ET DÉBRIS CAMILLE BOITEL ALADIN MATÈJ FORMAN • I L N ’EST P AS IL N’EST PAS ENCORE MINUIT… COMPAGNIE XY • MA VIE MICHEL BOUJENAH • YVAN VAFFAN J EAN-CLAUDE JEAN-CLAUDE GALLOTTA • CIRKOPOLIS CIRQUE ÉLOIZE LA DAME DE LA MER HENRIK IBSEN OMAR PORRAS • LIMB’S THEOREM WILLIAM FORSYTHE B A L L E T DE D E L’OPÉRA L’OPÉRA BALLET DE LYON • L A C HAMBRE LA CHAMBRE PHILHARMONIQUE EMMANUEL KRIVINE • AZIMUT AURÉLIEN BORY G R O U P E ACROBATIQUE ACROBATIQUE GROUPE DE TANGER NOVECENTO ALESSANDRO BARICCO ANDRÉ DUSSOLLIER • CARMEN DADA MASILO • 1 H EURE 2 3’14” HEURE 23’14” ET 7 CENTIÈMES J ACQUES G AMBLIN JACQUES GAMBLIN BASTIEN LEFÈVRE • ENFANT BORIS CHARMATZ • LES LIMBES ÉTIENNE SAGLIO LE L E CAPITAL CAPITAL ET SON SINGE KARL MARX SYLVAIN CREUZEVAULT • DAS D A S WEISSE W E I S S E VOM V O M EI EI (UNE ÎLE FLOTTANTE) EUGÈNE LABICHE CHRISTOPH MARTHALER • PIXEL MOURAD MERZOUKI ADRIEN A D R I E N MONDOT MONDOT & CLAIRE BARDAINNE LE MALADE IMAGINAIRE MOLIÈRE MICHEL DIDYM • CELUI QUI TOMBE YOANN BOURGEOIS • LES MARCHANDS JOËL POMMERAT • COUP FATAL ALAIN PLATEL • SOLO ROBERTO FONSECA • ETC. f e s t i v a l s festival de lucerne L'Après-Abbado : An I Le jeune chef letton Andris Nelsons a accepté le défi de prendre la relève de Claudio Abbado pour diriger le concert d'ouverture de l'édition 2014 du Festival lucernois. Il a eu en outre l'élégance de conserver les trois oeuvres que le maestro italien avait inscrites au programme. Il est difficile de dire aujourd'hui déjà la forme qu'adoptera l'orchestre lucernois sous sa nouvelle direction. Mais comme l'a signalé le Président de la manifestation, il s'agit pour le Festival de poursuivre dans la voie tracée par le chef récemment disparu et de maintenir en vie cet ensemble qu'il a fondé. Comment et sous quelle forme ? La réponse ne devrait pas tarder. Le concert d'ouverture 30 Dans sa fonction de chef intérimaire, Andris Nelsons proposait des trois œuvres de Brahms inscrites au programme une interprétation sanguine, riche d'une sève bouillonnante et charpentée avec un luxe de perfectionnements dans le détail qui attestait la maîtrise déjà impressionnante de ce chef de 36 ans. La Sérénade et la Symphonie No 2 ont ainsi bénéficié d'une approche franche, riche en violentes oppositions de nuances destinées à mettre en valeur la verdeur d'un langage symphonique d'une rare urgence. Le fini instrumental dans le jeu des cordes était d'un impressionnant raffinement alors que, du côté des vents, l'agressivité sonore de la flûte notamment avait tendance à déséquilibrer les délicates textures de la Sérénade. Dans sa forme actuelle, l'Orchestre du Festival peut certes continuer à tutoyer les plus grands des podiums européens mais d'évidents problèmes de dosage rappelleent l'imminence qu'il y a pour eux à trouver un véritable patron avec lequel il sera possible de travailler dans la continuité. La Rhapsodie pour alto, confiée à la voix trop légère dans le grave de Sara Mingardo, a quant à elle démontré qu'entre la conception massive du chef et l'élégance un rien superficielle du chant de la soliste subsistait une différence de conception qui parvenait presque à rendre banales les tournures de ce pur chefd'œuvre. (concert du 15 août) L'orchestre de Birmingham Lorsque Andris Nelsons s'est retrouvé, deux semaines plus tard, face à son orchestre, the City of Birmingham Symphony Orchestra, la tension est clairement montée d'un cran. Ses interprétations sont marquées au sceau d'une forte complicité et de longues heures de travail partagé. L'interprétation de la difficile 2e Symphonie d'Elgar fut fulgurante et passionnante de bout en bout en dépit d'une longueur qu'on peut juger excessive eu égard à la relative pauvreté du matériau mélodique: cuivres vrombissants, cordes Andris Nelsons a c charnues et soyeuses, vents pépiant avec alacrité : tout a concouru à rendre à cette page cet éclat un brin factice qui fait le charme d'une musique parfois curieusement salonnarde malgré l'ampleur des moyens engagés. En première partie de soirée, Rudolf Buchbinder mettait sa sensibilité à fleur de peau et sa technique infaillible au service d'un Cinquième Concerto de Beethoven tour à tour grandiose et délicat (le filigrane du 2e mouvement!...) Le lendemain, ce même orchestre accompagnait le ténor wagnérien du moment, Klaus Florian Vogt, dans un infâme découpage de morceaux choisis de Parsifal et Lohengrin que le jeu rondouillard et ronflant des musiciens, la direction molle du chef et la voix puissante mais sans nuances du ténor rendirent indigestes en diable. En deuxième partie de concert, une interprétation superbe d'envol de la 7e Symphonie de Beethoven, tour à tour roborative et dansante, permettait aux musiciens de sauver l'honneur de ce concert à la première partie bien inutile. (concerts des 30 et 31 août en matinée) L'orchestre du Théâtre Marinsky de Saint-Pétersbourg Le même soir, les musiciens du Théâtre Marinski se présentaient sur le podium animés par la baguette impérative de leur chef attitré : Valery Gergiev. Après un Prélude de Lohengrin de Wagner vaporeux à souhait, l'orchestre accompagnait le pianiste Daniil Trifonov dans son interprétation survoltée du 2e Concerto de Chopin. Il serait vain de vouloir décrire ici une virtuosité qui semble défier le chronomètre dans l'accumulation de notes déversées au sein d'une même mesure. Avec sa faconde incomparable, le soliste a servi au public un Chopin d'une exquise sensibilité que d'aucuns auraient néanmoins presque pu trouver trop alanguie. Mais il reste difficile de résister à l'attrait d'un jeu aussi varié qu'étincelant dans ses effets recherchés. Le chef, d'une retenue exemplaire dans ce contexte, s'est ensuite déchaîné dans la 6e Symphonie de Tchaïkovski, travaillant la pâte des premiers et derniers mouvements avec une affection particulière pour le rubato et les larges déchaînements de pathos confiés aux cordes. Par opposition, les envolées délicates et élancées de l'Allegro gracioso et la robustesse du rythme de marche du 3e mouvement assuraient une assise robuste et saine à cette partition trop riche en enflures déliquescentes. Triomphe total auprès d'un public qui remplissait la salle jusqu'au dernier strapontin (Concert du 31 août) Eric Pousaz t u a l i t é La Cie Alias fête ses 20 ans Découvrez la trilogie Distancia du 27 oct. au 1er nov. Antes Jetuilnousvousils Sideways Rain forum-meyrin.ch / Théâtre Forum Meyrin, Place des Cinq-Continents 1, 1217 Meyrin Billetterie + 41 22 989 34 34 du lu au ve de 14h à 18h Service culturel Migros Genève / Stand Info Balexert / Migros Nyon-La Combe f e s t i v a l s pesaro : rossini opera festival Surprises ! L’événement attendu d’une affiche festivalière ne tient pas toujours ses promesses. Ainsi la création à Pesaro d’Aureliano in Palmira déçoit, tandis que la modeste production du Barbiere di Siviglia est absolument enthousiasmante. Armida-cadabra 32 On garde en mémoire l’accueil très houleux réservé par le public – huées, sifflets, voire cris scandalisés… – à la production d’Armida en 1993 au Teatro Rossini. Dans la vaste salle de l’Adriatic Arena 21 ans plus tard, on peut considérer que Luca Ronconi prend sa revanche, sa réalisation visuelle très élégante mais souvent statique suscitant cette fois des applaudissements, en particulier à l’issue des ballets du 2ème acte, peu dansés mais comportant de nombreuses figures collectives composées avec humour. Sur fond d’aspect de papier froissé brun puis noir, le dispositif scénique se résume essentiellement à des boîtes verticales qui coulissent transversalement, remplies par exemple de croisés grandeur nature suspendus par des fils, ou plus tard abritant des coquillages dorés dans lesquels la magicienne Armida et Rinaldo passent du bon temps. Très belle promesse entendue l’année dernière en concert dans Donna del lago, Carmen Romeu dans le rôle-titre est un peu « poussée dans le grand bain » ! La voix est plutôt centrale, quelques graves trop discrets et d’autres aigus hasardeux, et la maîtrise totale de la vocalisation et de la musicalité demande encore un peu de mûrissement. Antonino Siragusa (Rinaldo) et Dmitry Korchak (Gernando / Carlo) sont deux ténors de typologie similaire alliant agilité et puissance, avec une préférence pour le premier, plus nuancé et précis dans l’intonation. Prestations très fiables pour le troisième ténor Randall Bills (Goffredo / Ubaldo) ainsi que pour la basse profonde Carlo Lepore (Idraote / Astarotte), tandis que le chef Carlo Rizzi obtient, avec attention et prudence, le maximum possible de l’orchestre du Comunale di Bologna (pas intrinsèquement infaillible dans les traits de virtuosité des cordes, ou les solos de violon ou violoncelle). Un Barbiere di top qualità Comme à chaque fois qu’un titre aussi courant que Il Barbiere di Siviglia est à l‘affiche d’un festival, on peut se poser la question de la nécessité de sa programmation. Eh bien cette fois, mille fois merci (grazie mille !) pour le spectacle proposé, et en tout premier lieu au jeune chef Giacomo Sagripanti (32 ans), aux commandes d’un impeccable orchestre du Comunale di Bologna. Dès l’ouverture, on adhère totalement aux nuances originales, ici une mesure très appuyée, là une battue bien ralentie, une personnalisation apportée avec franchise mais toujours par touches et sans s’appesantir. Ensuite la distribution vocale rassemblée est d’un équilibre idéal, à commencer par Florian Sempey en Figaro qui aura marqué son premier passage à a Pesaro, voix saine, expressive et solide, d’une projection impressionnante. Chiara Amarù (Rosina) est véloce et agile, exprimant des graves bien timbrés, tandis que le ténor Juan Francisco Gatell (Almaviva) a gagné en volume ces dernières années (par exemple par rapport à son Almaviva en 2010 au GTG). Alex Esposito (Basilio) est inquiétant en prêtre menaçant, surtout dans son air de la Calumnia lorsque le chocolat dégouline sur la nappe blanche comme du sang, et enfin Paolo Bordogna (Bartolo) possède une présence et une vis comica impayables dans ce répertoire buffo, déroulant un chant sillabato exemplaire. Avec des moyens visiblement très réduits, le collectif de l’Accademia di Belle Arti di Urbino réalise un spectacle enthousiasmant, vivant, plein de mouvement, qui s’épanouit sur le plateau, dans la salle, dans les loges d’avant-scène, et la bonne humeur qui règne dans la troupe est contagieuse. Aureliano in galera Restant jusqu’à cette 35ème édition l’un des tout derniers ouvrages à n’avoir jamais été représenté au ROF, il semble qu’Aureliano in Palmira n’ait pas disposé pour l’occasion de tous les atouts nécessaires. Maître d’œuvre de la récente édition critique, le chef Will Crutchfield ne parvient pas à s’extraire d’une direction musicale très académique, souvent trop lente et qui plombe la représentation. Il faut dire que l’Orchestra Sinfonica G. Rossini en fosse n’est pas des plus précis ni des plus virtuoses, avec des décalages récurrents entre les pupitres et à l’intérieur de certains, sans parler des fautes flagrantes au cours de plusieurs solos instrumentaux. La réalisation visuelle de Mario Martone est également sur cette ligne conventionnelle, très figée, avec quelques propositions sur lesquelles on reste dubitatif : un labyrinthe de paravents au début positionnant les artistes derrière ces voiles, le continuo sur le plateau avec des allers et venues des deux musiciens, … jusqu’à ces quatre chèvres à l’acte II qui dévorent des feuillages et font pouffer la salle ! Dans le rôle-titre le ténor Michael Spyres laisse une impression mitigée : la bonne nouvelle est qu’il a retrouvé ses aigus (absents l’année dernière dans Donna del lago), mais ceci au prix d’une extrême prudence dans le volume. La projection insolente et le squillo ne sont pas vraiment au rendez-vous, tandis qu’à l’autre extrémité ses graves de baritenore sont toujours aussi impressionnants. Jessica Pratt (Zenobia) reste une soprano de grande ampleur, puissante, agile et toujours musicale. Après le castrat Velluti à la création de 1813, puis par exemple le contre-ténor Fagioli en 2011 lors des représentations de Martina Franca, c’est la voix de mezzo soprano qu’a choisie le ROF pour le troisième protagoniste, en la personne de Lena Belkina (Arsace). Le timbre est joli et la colorature plutôt accomplie, mais la chanteuse est d’un trop modeste format et passe un peu dans l’indifférence sans vraiment trouver sa place. La qualité des rôles secondaires n’est pas homogène, les meilleurs éléments étant la mezzo Raffaella Lupinacci (Publia) et le ténor Dempsey Rivera (Oraspe). François Jestin Florian Sempey et Alex Esposito © Amati Bacciardi c t u a Rossini – ARMIDA : le 16 août 2014 à l’Adriatic Arena / Rossini – IL BARBIERE DI SIVIGLIA : le 17 août 2014 au Teatro Rossini / Rossini – AURELIANO IN PALMIRA : le 18 août 2014 au Teatro Rossini l i t é o p é grand théâtre de genève Eugène Onéguine Le jeune baryton allemand Michael Nagy reprend le rôle titre dans une production du Metropolitan Opera reprise maintes fois depuis… 1997, année de sa création ! L’ancienneté de la production sera toutefois « compensée » par la jeunesse des protagonistes, notamment de Michael Nagy. Entretien. C’est à Stuttgart que ses premiers pas se firent dans le domaine de la musique : il faisait partie d’un chœur d’enfants à l’église, sans avoir d’ailleurs la moindre intention à l’époque de devenir chanteur. Il pensait plutôt à l’orgue, au piano, à la direction de chœur. L’étude d’un instrument était alors obligatoire pour les petits choristes et ses parents allèrent même jusqu’à se faire construire une maison pour qu’un piano puisse y trouver sa place. Mais pas question pour Michael de choisir une carrière de pianiste : il voulait surtout être capable de jouer la réduction de l’Oratorio de Noël ! La médecine le tentait beaucoup, mais la musique l’emporta. Il quitta le Conservatoire de Stuttgart pour celui de Mannheim, où on lui conseilla, compte tenu de ses difficultés techniques du moment, de travailler sa voix pendant une année dans la tessiture du ténor. Les progrès ne se firent pas attendre et grâce à l’exploitation des aigus il parvint à consolider toute l’étendue de sa voix de baryton. C’est au Komische Oper de Berlin, puis à l’Opéra de Francfort que l’occasion lui est donnée de se forger un répertoire : Papageno, Guglielmo, le Comte Almaviva, Hans Scholl (Die Weisse Rose, de Udo Zimmermann), Wolfram, Valentin, Yeletski (La Dame de pique), Marcello, Albert (Werther), Frank/Fritz (Die tote Stadt de Korngold), Giasone (Medea) et le rôletitre d’Owen Wingrave de Britten. Il est apparu également, entre autres, sur la scène du Deutsche Oper de Berlin, du Bayerische Staatsoper, de l’Opéra National d’Oslo. Il est apprécié comme concertiste par de grands chefs tels que Philippe Herreweghe, Helmut Rilling, Adam Fischer, Paavo Järvi, Chistoph Eschenbach et Riccardo Chailly, qui ont été ses partenaires. Вы говорите по-русски ? Non, je ne peux pas suivre ou participer à une conversation. Il y a une année j’ai commencé, seul, à me familiariser avec les bases de la langue. Maintenant je sais lire le cyrillique et je comprends la fonction des mots dans la phrase. J’ai une version de la partition qui donne la transcription du texte en lettres latines. Ensuite je demande à des russophones de me corriger. Je ne travaille pas avec un pianiste qui me donne les notes et la façon de prononcer chaque mot. Je préfère jouer moi-même l’accompagnement de ma partie et apprendre ainsi mes rôles. Quand un Allemand chante Wagner, on remarque que musique et texte sont intimement liés, indissociables. Il faut arriver à ce même résultat avec Tchaïkovski et le texte d’Eugène Onéguine ; c’est très difficile, mais passionnant. Les autres participants à notre spectacle parlent tous russe ; je me sens un peu seul ! r a de Lenski, le poète. Il n’est dépourvu ni d’empathie ni de générosité. La mort de Lenski, qu’il avait, par jeu, rendu jaloux et furieux en courtisant brièvement sa bien-aimée, a eu sa part dans l’évolution d’Onéguine. Personne n’échappe au repentir. Plusieurs années ont passé lorsqu’il retrouve Tatiana, désormais inaccessible, mais on ne sait depuis quand ni à quel point il est prêt à reconnaître ses erreurs du passé. La mise en scène Comment apporter quelque chose de neuf à un spectacle qui a été conçu pour d’autres et représenté de si nombreuses fois, et cela en l’absence du metteur en scène d’origine, Robert Carsen ? L’atout de la reprise genevoise sera la jeunesse de la distribution : des artistes pleins de fraîcheur, spontanés et naturels, dont la prestation scénique ne sera en rien contaminée par les méfaits habituels de la routine. Les costumes sont d’époque, mais le ton des conversations est contemporain. La liberté est dans les nuances. Paula Suozzi, l’assistante présente dès le début et à qui ont été confiées de nombreuses reprises de la production, sait donner aux chanteurs la marge de liberté qui leur est nécessaire dans l’interprétation. Eprouvez-vous de la sympathie pour votre personnage ? Je dois en éprouver, ou tout au moins de l’empathie. A priori c’est plutôt un salaud : il peut se le permettre. Il semble froid et dépourvu de sentiments, tout en feignant de ne pas l’être pour mieux parvenir à ses fins ; coquet, raffiné et bon danseur, c’est un coureur de jupons. Mais Pouchkine et la musique suggèrent que sa vraie nature n’est pas seulement ça. Il faut aller jusqu’au fond du personnage, très actuel, qui pourrait parfaitement exister aujourd’hui. Sa situation financière est privilégiée, puisqu’il a hérité de son oncle. De plus il a reçu une bonne éducation de la part de son précepteur et parle parfaitement le français grâce à une bonne avec laquelle il l’avait appris. Il est mondain et spirituel, aime les femmes et cherche surtout à échapper à l’ennui. Car avant de rencontrer Tatiana, il est déjà tombé dans la mélancolie et la lassitude de toute chose. Lorsque Tatiana lui ouvre son cœur avec passion dans la lettre qu’elle lui écrit, il ne fuit pas. Il veut lui expliquer qu’il ne peut pas l’aimer, qu’il est indigne de sa pureté et qu’il n’est pas fait pour le bonheur. Il ne profite donc pas de la situation et son honnêteté le rend sympathique. Quand un conflit éclate entre son meilleur ami et lui, Onéguine tente de le faire renoncer au duel, non par crainte pour sa propre vie mais pour celle Michael Nagy © Michael Autogramm Michael Nagy semble particulièrement comblé par ce nouveau rôle. Onéguine est-il son préféré ? Aujourd’hui, oui. Mais hier c’était Stolzius, dans Les Soldats de Zimmermann, et avant-hier Don Giovanni ! Il tombe toujours amoureux de l’opéra auquel il est en train de participer. Une heureuse nature ! Michael Nagy reprendra Onéguine et Papageno à Munich, et le Comte Almaviva à Zurich. Il sera le Violoneux (Königskinder) à Francfort et Mauregato (Alfonso und Estrella) pendant la Mozartwoche à Salzbourg. D’après des propos recueillis et traduits par Martine Duruz Les 9, 11, 13, 15, 17, 19 octobre. Billetterie en ligne 33 m é m e n t o genève Grand Théâtre (022/418.31.30) s Eugène Onéguine (JurowskiCarsen) – 9, 11, 13, 15, 17, 19 oct. lausanne Opéra (021.315.40.20) s Manon (Lopez-Cobos-Bernard) – 3, 5, 8, 10, 12 oct. zurich Opernhaus (044.268.66.66) s Lohengrin (Young-Homoki) – 3, 9, 14, 18 oct. s La Fanciulla del west (ArmiliatoKosky) – 5, 10 oct. s Il Barbiere di Siviglia (MazzolaLievi) – 2, 5, 8, 11 oct. s Il Matrimonio segreto (MinasiDäuper) – 24, 26, 29 oct. paris 34 Champs-Elysées (01.49.52.50.50) s Castor et Pollux (Niquet-Schiaretti) – 13, 15, 17, 19, 21 oct. s Alcina (Bicket) – 20 oct. Châtelet (01.40.28.28.40) s La Légende du serpent blanc (Cie Nationale de Chine) – 27 oct. Opéra National (08.92.90.90) Bastille : s La Traviata (Ettinger-Jacquot) – 3, 5, 7, 12 oct. s Il Barbiere di Siviglia (MontanaroMichieletto) – 1er, 4, 14, 15, 20, 23, 28, 30 oct. s Tosca (Oren-Audi) – 10, 13, 16, 19, 22, 24, 26, 27, 29 oct. o p é r a amsterdam De nederlandse Opera (31.20.62.55.456) s L'Etoile (Fournillier-Pelly) – 4, 7, 9, 13, 16, 18, 22, 26 oct. bruxelles La Monnaie (32/70.23.39.39) s Shell Shock (Kessels-Cherkaoui) – 24, 25, 26, 28, 29, 30, 31 oct. barcelone Liceu (34.934.85.99.13) s La Traviata (Pido-McVicar) – 14, 15, 17, 18, 20, 21, 23, 24, 26, 28, 29 oct. madrid Teatro Real (34/90.224.48.48) s La Fille du régiment (CampanellaPelly) – 20, 21, 23, 26, 28, 31 oct milan Teatro alla scala (39/02.720.03.744) s Simon Boccanegra (Ranzani-Tiezzi) – 31 oct. venise Teatro La Fenice (39/041.24.24) s Don Giovanni (MontanariMichieletto) – 11, 12, 14, 15, 16, 17, 18, 19 oct. s La Porta della legge (CeccheriniWeugand) – 24, 26, 28, 30 oct. vienne Staatsoper (43/1514447880) s Don Carlo (Altinoglu-Abbado) – 2 oct. s Salome (Altinoglu-Barlog) – 4, 7, 10 oct. s L'Elisir d'amore (Garcia Calvo- berlin Deutsche Oper (49/30.343.84.343) s Ariadne auf Naxos (Schirmer) – 14 oct. Staatsoper (49/30.20.35.45.55) s La Traviata (Hindoyan-Mussbach) – 4 oct. s Tosca (Barenboim-Hermanis) – 3, 6, 12, 16, 19, 22, 25 oct. s Rein Gold (Poschner-Stemann) – 5, 10, 17, 21 oct, s Tristan und Isolde (BarenboimKupfer) – 11, 18, 26 oct. s Die Zauberflöte (Soltesz-Everding) – 23, 31 oct. s Il Barbiere di Siviglia (HindoyanBerghaus) – 29 oct. Komische Oper (49/30.47.99.74.00) s Clivia (Tietje-Huber) – 5, 16, 26 oct. s A Midsummer night’s dream lyon Opéra (0826.30.53.25) s Der Fliegende Holländer (OnoOllé) – 11, 13, 15, 17, 19, 22, 24, 26 oct. marseille Opéra (04.91.55.11.10) s La Gioconda (Carminati-Grinda) – 1er, 4, 7, 10 oct. montpellier Opéra National (04.67.60.19.99) s Happy happy (WaschkSchönebaum) – 19, 20, 21, 22 oct. nice Opéra (04.92.17.40.79) s Les Vêpres siciliennes (Guidarini) – 3, 5 oct. strasbourg Opéra National du Rhin (03.89.36.28.28) s Quai ouest (Bosch-Frédric) – 2 oct. s L'Amico Fritz (Carignani-Boussard) – 24, 26, 28 oct. toulouse Théâtre du Capitole (05.61.63.13.13) s Un Ballo in maschera (OrenBoussard) – 3, 5, 7, 9, 12 oct. La soprano Catherine Naglestad sera «Salome» au Staatsoper de Vienne en octobre © Tanja Niemann londres ROH (0044/207.304.4000) s Rigoletto (Benini-McVicar) – 3, 6 oct. s Il Barbiere di Siviglia (ElderCaurier/Leiser) – 2, 5 oct. s I due Foscari (Pappano-Strassberger) – 14, 17, 20, 23, 27, 30 oct. bologne Teatro Comunale (39/051.61.74.299) s Guillaume Tell (Mariotti-Vick) – 8, 11, 14, 16, 18 oct. florence Teatro del Maggio Musicale (39/056.27.79.350) s l Campiello (Ciluffo-Muscato) – 2, 4 oct. s Cavalleria Rusticana (BisantiPontiggia) – 23, 26, 28, 30 oct. a c t Schenk) – 19, 25 oct. s Idomeneo (Eschenbach-Halten) – 5, 8, 11, 14, 16 oct. s Roberto Devereux (YurkevitchPurcarete) – 9, 13, 17 oct. s Ariadne auf Naxos (ThilemannBechtolf) – 12, 15, 18, 21, 23 oct. s Tannhäuser (Chung-Guth) – 22, 26, 30 oct. s La Bohème (Ettinger-Zeffirelli) – 29, 31 oct. Theater an der Wien (43/15.88.85) s Eugène Onéguine (ValentovicHuffman) – 2, 4, 6, 8, 10, 13, 19, 22, 25, 28 oct. s Iphigénie en Aulide / Iphigénie en Tauride (Hussain-Fischer) – 16, 18, 21, 24, 27, 29 oct. s Alcina (Bicket) – 17 oct. u a l (Poska-Kairish) – 3, 15, 31 oct. s Die Zauberflöte (Poska-Kosky) – 2, 4, 12, 18, 24 oct. s La Belle Hélène (Nanasi-Kosky) – 11, 17, 19, 25 oct. new york Metropolitan Opera (00.1.212.362.60.00) s Le Nozze di Figaro (Levine-Eyre) – 2, 7, 10, 14, 18, 22, 25 oct. s La Bohème (Frizza-Zeffirelli) – 4 oct. s Macbeth (Luisi-Noble) – 3, 8, 11, 15, 18 oct. s Carmen (Heras.Casado-Eyre) – 4, 9, 13, 17, 23, 28 oct. s Die Zauberflöte (Fischer-Taymor) – 6, 11, 16, 21, 25, 27, 31 oct. s The Death of Klinghoffer (Robertson-Morris) – 20, 24, 29 oct. s Aida (Armiliato-Frisell) – 30 oct. i t é o p é r a opéra de lausanne : entretien avec anne-catherine gillet "Vivre Manon, pleinement.." Anne-Catherine Gillet © P. Wilenski Anne-Catherine est un des espoirs les plus prometteurs de la jeune génération d'artistes lyriques français. Elle incarnera à Lausanne sa première Manon, l'héroïne tragique de l'opéra de Massenet. La cantatrice a accepté de se livrer au jeu de l'interview au début des répétitions alors qu'elle n'avait pas encore eu l'occasion de faire le tour du personnage sur le plateau... Ma première question se concentre bien sûr sur le défi que doit représenter pour elle le fait de se mesurer à l'un des rôles presque mythiques du répertoire français : Alors, Manon, un emploi difficile ? Je ne peux répondre avant d'avoir traversé le rôle devant un public lors de la première!... Mais, à la lecture de la partition, j'ai l'impression que le rôle me sied et je n'éprouve aucune crainte particulière. Ma voix se sent à l'aise sur tout le registre et j'attends en conséquence de travailler plus à fond pour me prononcer durablement sur le sujet! Quelle est la difficulté de son écriture vocale ? L'héroïne traverse une gamme d'émotions beaucoup plus large que la Gilda de Rigoletto ou la Sophie de Werther. Elle est aguicheuse, mais s'en rend-elle compte ? Elle semble instable, arriviste, ambitieuse, et son amour de l'argent la perd. Malgré tout, Massenet fait d'elle un personnage sympathique dont la mort doit nous émouvoir au même titre que celle de Mimi ou de la Traviata... Où trouvez-vous alors la clef psychologique qui rend plausible cet être si contradictoire en apparence ? Manon est comme une eau qui reflète ce que les gens veulent voir en elle. Elle devient torrent ou cascade, onde plane ou tempétueuse au fil des événements. Néanmoins, elle ne prend jamais clairement l'initiative. Lorsqu'elle quitte la voie tracée par sa famille pour fuguer à Paris, elle se laisse convaincre par Des Grieux; quand elle abandonne ce dernier, c'est sur les instances de Brétigny qui fait miroiter à ses yeux une vie de luxe facile, et ainsi de suite. Mon portrait de Manon me semblera réussi si les spectateurs, à l'issue de la représentation, se demandent enco- e n t r re : 'Mais qui est vraiment cette femme' ? Une part de sa dimension tragique réside dans l'incapacité où elle est de prévoir jusqu'au bout les conséquences de ses actes. Elle est irréfléchie, peut-être, mais jamais consciemment méchante ou perverse. Quels sont les défis vocaux de cette musique ? Le rôle est long, Manon étant quasiment toujours sur scène. Il faut veiller à ne pas surjouer, car c'est dans l'ambiguïté quasi spontanée du personnage que réside sa force de frappe sur l'imaginaire des auditeurs. La ligne de chant passe facilement du parler pur au chant virtuose et comprend une fourchette de zones intermédiaires où la légèreté de l'intonation compte autant que la plénitude ou l'acrobatie de l'émission vocale. Le personnage gagne-t-il en sincérité au fil de la représentation ? La nature double de cette femme permet d'interpréter différemment chacune des situations auxquelles elle est mêlée selon que l'on donne à ses répliques un degré plus ou moins fort de sincérité. Mais s'il est permis de voir en elle une rouée dans la première scène, il ne fait aucun doute que sa mort ne laisse pas planer le doute sur ses regrets et ses angoisses. C'est à moi de donner à chaque étape de son parcours une couleur suffisamment forte pour que chaque auditeur puisse y trouver matière à se retrouver dans le personnage, voire à s'émouvoir de ses réussites ou de ses échecs! Comment se prépare-t-on à un nouveau rôle si lourd ? Il y a plus de dix-huit mois que j'y travaille. J'ai commencé par me documenter sur le personnage, notamment en lisant le chef-d'œuvre de l'Abbé Prévost, et à parcourir la partition pour isoler les passages qui me concernent directement. Ainsi, ce sont d'abord les moments où je e t i e suis seule qui attirent mon attention, puis les duos, les ensembles. Je juge alors des endroits où des difficultés particulières d'interprétation m'attendent et j'entreprends d'y travailler. Ensuite je fais une sorte de filage pour me mettre le rôle en gosier et acquérir une image plus précise de la trajectoire dramatique de l'héroïne. Arrivez-vous aux première répétitions avec une image très claire de ce que vous voulez obtenir dans le rôle ? Il serait ridicule de prétendre le contraire. Mais par ailleurs, une représentation, c'est la mise en commun de plusieurs idéaux artistiques, ceux de mes partenaires, du metteur en scène, du chef d'orchestre. Il convient dès lors de composer pour que chacun y trouve son compte et se sente à l'aise dans la réalisation finale. Y a-t-il selon vous des lignes rouges à ne pas franchir ? Je dirais d'abord qu'il faut faire confiance aux gens avec lesquels on travaille. En outre, je demande à être convaincue d'un parti-pris interprétatif en m'efforçant de rester ouverte à toutes les propositions avancées sur le tapis. Mais je ne m'arrogerais jamais le droit de penser que je sois la seule à avoir une idée juste de Manon : être artiste, c'est aussi savoir composer avec les autres pour créer quelque chose de cohérent. L'acoustique du lieu où vous chantez un rôle pour la première fois influence-t-elle votre approche ? Il est clair que chanter à l'Opéra de Lausanne ou sur le plateau de l'Opéra Bastille à Paris ne procure pas les mêmes sensations. Mais je n'irais pas jusqu'à dire que j'adapte sciemment mon chant aux dimensions du lieu. Manon est un personnage d'opéra-comique, c'est-à-dire l'héroïne d'une partition où l'on parle souvent. Il est donc au premier abord plus aisé de projeter un son dans un espace moins grand. Pourtant, si je devais un jour chanter Manon dans une grande salle, je pense aussi que l'instrument s'adapterait naturellement. Propos recueillis par Eric Pousaz MANON : 3 octobre, 20h - 5 octobre, 17h - 8 octobre, 19h - 10 octobre, 20h - 12 octobre, 15h n 35 o p é r a opéra de lausanne : prochaine saison lyrique Découvertes et retrouvailles en vrac La saison lausannoise d'opéras qui s'est achevée en juin dernier a fait la part belle aux titres peu souvent, voire jamais représentés sur une scène lausannoise. La prochaine sera plus consensuelle car elle offrira au public l'occasion revoir quatre titres du grand répertoire, alors que dans la saison qui vient de se terminer, seul Le Barbier de Séville pouvait se prévaloir d'en faite partie. Dans l'entretien que m’a accordé à la mijuin M. Eric Vigié, Directeur de l'Opéra lausannois, il m'a paru intéressant de lui demander d'abord de dresser un bilan de la saison qui venait de se terminer... 36 Vous avez pris le risque de mettre à l'affiche des titres que l'on rencontre peu fréquemment en pays de langue française; même l'ouvrage de Verdi, un compositeur dont les auditeurs aiment retrouver régulièrement un titre au cours de la saison de leur Opéra, était une relative rareté : Luisa Miller ne fait en effet pas partie de ces partitions qui figurent presque chaque soir sur l'une ou l'autre des affiches lyriques du monde... Quels enseignements tirez-vous de cette prise de risque ? Le public lausannois est chaleureux et fidèle lorsqu'il s'agit des abonnés. Par contre, comme partout ailleurs, les auditeurs occasionnels sont plus difficiles à capter. Lorsqu'un titre est moins connu, comme ce fut souvent le cas l'an passé, les premières représentations attirent un public certes nombreux, mais ne font pas vraiment le plein. Puis la publicité, les échos dans la presse et le bouche à oreille fonctionnent bien et les dernières représentations affichent presque systématiquement complet. Les raisons d'une telle frilosité sont parfois difficiles à saisir, car finalement, le public devrait établir une relation de confiance avec son théâtre et accepter de se laisser surprendre par un ouvrage qu'il ne connaît pas. C'est cet esprit de curiosité qui manque parfois au public en général, comme si la programmation de la salle n'attirait pas assez l'attention des spectateurs en dehors des titres qui accrochent immédiatement comme Le Barbier de Séville ou La flûte enchantée. Il m'est même arrivé de rencontrer des amateurs d'opéras abonnés au Grand Théâtre de Genève qui ignoraient que Lausanne proposait e aussi une saison complète à une distance moindre de chez eux !... Tout se passe comme si certains ignoraient jusqu'à l'existence de leur théâtre lyrique. J'en veux pour preuve un chauffeur de taxi à qui je demandais un jour de m'amener à l'Opéra et qui entendait me déposer devant le Palais de Beaulieu! A voir le programme établi pour la prochaine saison, on n'a pourtant pas l'impression que vous baissez la garde ! Non, bien sûr. Le rôle d'un théâtre est aussi de susciter la curiosité en prenant des risques calculés. Avec deux créations, le prochain hiver sera, sur ce plan-là, à la hauteur des plus hautes attentes même s'il est vrai que la mise à l'affiche de quatre titres plus courants tentera de rétablir un équilibre. Deux créations : Le Petit Prince Le Petit Prince d'après le texte de Saint-Exupéry sera donné en création mondiale à Lausanne en novembre prochain. Toute création implique un grand risque financier. Dans quel état d'esprit envisagezvous cette aventure ? res ou coproducteur, les artistes… La chose la plus ardue a d'abord été l'édition du matériel musical. Habituellement, c'est une maison d'édition qui se charge de la publication de la partition et du matériel d'orchestre. Mais dans ce cas précis, l'Opéra de Lausanne se trouvait dans une situation kafkaïenne, car c'est bien sûr lui, en tant que commanditaire de l'ouvrage, qui paye le compositeur et la mise en œuvre du spectacle. Il s'avérait que nous devions encore payer pour utiliser le matériel édité afin d'écouter l'opéra que nous avions commandé !! Il fallait passer deux fois à la caisse. Aussi avonsnous finalement opté pour une solution plus simple : l'Opéra lausannois est lui-même éditeur de ce nouvel opus. Et c'est lui qui, après avoir pris une bonne partie des risques financiers liés à une telle entreprise, se verra en situation de louer ce matériel aux autres salles désireuses de mettre cet opéra au programme. Nous avons dû ensuite obtenir l'accord des héritiers de l'écrivain (heureusement, tout s'est bien passée car Michaël Levinas est un compositeur au talent indiscutable). Une des dernières difficultés à résoudre était celle de la fidélité au texte original de Saint-Exupéry. Pour les dialogues, il était impératif de conserver le texte original; par contre, il importait de trouver une adéquation visuelle dans les décors et les costumes ainsi que le choix des interprètes pour rendre justice aux descriptions originales. Quelles seront les lignes de force de ce projet ? La musique, en première instance, s'adresse à un public de tous âges, de sept à soixante-dixsept ans. Mais elle ne sera pas comparable à ce qui se fait le plus souvent lorsqu'un musicien Il était important de trouver des coproducteurs pour maximiser les dépenses. Aussi, après les sept représentations lausannoises, la production partira en tournée et fera une première étape à l’opéra de Lille, puis à Dunkerque avant d'être reprise au Grand Théâtre de Genève et au Théâtre du Châtelet à Paris. En tout, Le Petit Prince sera ainsi joué près de trente fois, ce qui est assez exceptionnel pour une nouveauté. Devant quels types de difficultés la mise sur pied d'une entreprise d'aussi grande envergure vous place-t-elle ? Je vous passe les nombreux problèmes à régler avec la maison d'édition, le compositeur et le librettiste, les autres théâtres co-commanditai- n t r e Eric Vigié t i e n o p é r a s'adresse à un jeune public. De fait, pour un vrai créateur, qu'il soit écrivain, peintre ou musicien, l'important est de ne jamais oublier que ce qui est bon pour des enfants doit également l'être pour des adultes. Il importe que le texte passe la rampe avec un maximum de lisibilité et de clarté et que la musique ne se fourvoie pas dans des voies purement expérimentales. Pour l'aspect visuel du spectacle, on ne peut en trahir les composantes essentielles. Disons que le metteur en scène et le décorateur doivent satisfaire le besoin de dépaysement que nourrit de superbe façon le texte génial et faussement naïf de Saint-Exupéry et invite les spectateurs à entrer dans une dimension autre que celle du réalisme ou de la pure fantaisie théâtrale. Solaris Solaris, de Daï Fujikura, est la deuxième création de la saison. On a presque l'impression de rester dans un domaine franchement sidéral!... Oui, et c'est d'ailleurs ce qui a donné le ton à la campagne d'affichage annonçant la nouvelle saison lausannoise sous le tire : Une pluie d'étoiles... Pour cette deuxième création, l'Opéra de Lausnane n'est pas responsable à lui seul de porter ce nouveau bébé sur les fonts baptismaux. Solaris sera d'abord créé à Paris, au Théâtre des Champs-Elysées, et nous parviendra le mois suivant. Que peut-on attendre de la transposition d'un tel sujet sur un plateau d'opéra ? Pour moi, il s'agit moins d'une oeuvre lyrique à proprement parler que d'un opéra-ballet. Le spectacle entend être complet et sera la première représentation lyrique à vivre en 3D. La mise en scène prévoit la projection d'image sur un rideau de tulle et les spectateurs seront alors invités à chausser des lunettes 3D qui leur seront remises à l'entrée du théâtre pour découvrir ces images avec la profondeur de champ nécessaire. Il s'agira de nouveau d'une invitation à sortir du cadre traditionnel d'une représentation lyrique afin d'appréhender dans toute sa complexité la réalité d'un sujet qui fait éclater les structures habituelles du récit. Le répertoire Manon, Traviata, La Flûte enchantée, l'Enlèvement au Sérail et Tancredi complètent l'affiche de la prochaine saison. Comment composez-vous ce programme annuel ? Il s'agit d'équilibrer les titres en fonction de l'histoire du théâtre, des possibilités scéniques e n t r qui sont à notre disposition ainsi que du budget alloué annuellement à l'Opéra, pour ne citer que les contraintes principales. Dans certains cas, par exemple Manon, il m'importait de mettre ce titre au répertoire car Anne-Catherine Gillet est arrivée à un moment de sa carrière où le rôle de Manon lui siéra à merveille. C'est donc à ma demande qu'elle viendra incarner ce personnage pour la première fois sur une scène d'opéra et dans le cadre d'une nouvelle production. Avec l'exceptionnel ténor qu'est John Osborn et la présence d'un chanteur belge encore inconnu ici qui devrait incarner un splendide Comte des Grieux, je pense que ce titre devrait satisfaire les amateurs les plus exigeants. Manon fait certes partie du grand répertoire, mais à Lausanne, il n'a pas été représenté aussi souvent que cela. Pour beaucoup de Romands, ce titre tient donc encore de la rareté qu'il s'agit de redécouvrir. Avec Jésus Lopez-Cobos et les musiciens de l'OCL en fosse, le pari ne devrait pas être trop difficile à tenir! Pour ce qui est de La traviata, la situation est légèrement différente. Vous savez qu'Olga Peretyatko est une chanteuse réclamée maintenant sur les plus grandes scènes lyriques; mais elle tient pourtant à rester fidèle à l'Opéra lausannois car elle y a été invitée à un moment où sa carrière n'avait pas encore atteint son développement actuel. Lors d'une discussion que j'ai eue avec elle, la question du répertoire qu'elle entendait aborder dans la suite de sa carrière a été posée. Elle a assez vite mentionné Violetta, l'héroïne de La traviata qui est, comme chacun sait, un des plus beaux rôles féminins écrits par Verdi et que tout soprano digne de ce nom espère chanter un jour. L'occasion était trop belle et ce titre a immédiatement été inscrit au programme lausannois. A vrai dire, si cette artiste avait demandé à chanter Ophélie dans Hamlet de Thomas, son vœu eût aussi été exaucé. En tant que directeur de théâtre, il faut en effet savoir saisir les opportunités au vol lorsqu'elles se présentent... La Flûte enchantée est par contre une reprise. Oui, le spectacle a déjà été donné au Métropole. Mais Pet Halmen, son metteur en scène, était quelque peu frustré par les conditions techniques plutôt rudimentaires que lui offrait cette salle, et je lui avais promis qu'il aurait l'occasion de reprendre son travail sur la scène officielle de l'Opéra. Nous retravaillerons sa mise en scène avec, à sa disposition, une machinerie très performante qui faisait défaut auparavant. La mise en scène devrait gagner en magie, en effets surprenants et serrer de plus près les indications de e t i e régie contenues dans le livret. (Pet Halmen est décédé en février 2012). Quant au Tancredi, de Rossini, il est une de ces raretés dont vous êtes friand ... C'est le premier grand opéra seria de Rossini qui se soit imposé durablement sur les grandes scènes européennes peu après sa création. En outre, son livret a été rédigé d'après une tragédie de Voltaire. Il me semble qu'il a donc parfaitement sa place dans le répertoire d'un théâtre situé à moins de soixante kilomètres de l'endroit où l'écrivain a passé quelques années fructueuses de a vie... De plus, Tancredi est un véritable chef-d'œuvre auquel le compositeur lui-même tenait beaucoup, au point qu'il a pris la peine d'écrire deux finals pour son opéra; dans la première mouture, le rideau tombe sur un happyend; dans la version retravaillée, pour rester fidèle à l'original, Rossini choisit de faire mourir son héros et compose une de plus belles scènes tragiques qui se puisse imaginer ; c'est bien sûr cette deuxième version, plus dense et plus riche musicalement, qui sera jouée à Lausanne. On a trop souvent tendance à oublier que Rossini lui-même se considérait d'abord comme un auteur d'opéras tragiques et que les ouvrages bouffes passaient pour lui au second plan. La Veuve joyeuse et L'Enlèvement au Sérail par contre ne nécessitent pas de recommandations particulières! L'opérette de Lehár donnée en fin d'année est une reprise de la mise en scène de Jérôme Savary qui a déjà été présentée ici; elle est tellement efficace et son timing est si parfait qu'il semble opportun de la reprendre pour que le public puisse en déguster les mérites une nouvelle fois. Quant à L'Enlèvement au Sérail, il s'agit d'une co-production avec l'Opéra de Fribourg, à qui nous ouvrons nos portes régulièrement depuis quelques saisons. Cet accueil permettra à l'Opéra de présenter, dans le cadre d'une même saison, les deux seuls chef-d'oeuvre indiscutables composés sur des livrets en langue allemande du plus grand des compositeurs lyriques du XVIIIe siècle... Propos recueillis par Eric Pousaz Informations sur : http://www.opera-lausanne.ch/fr/ n 37 o p é r a portrait Brigitte Hool Brigitte Hool, soprano, était Nadia dans La Veuve Joyeuse de Franz Lehar mise en scène par Jérôme Savary en 2006 à l’Opéra de Lausanne. Elle sera cette fois-ci Missia Palmieri pour la reprise, réalisée par Frédérique Lombart, de cette production de ce chef-d’œuvre de l’opérette viennoise, en décembre prochain sur la scène lausannoise. 38 Née à Neuchatel, Brigitte Hool a étudié le violoncelle, puis le chant dans la classe d’Yves Senn au conservatoire de sa ville natale. Diplômée en lettres et en journalisme de l’Université de cette ville, professeur de yoga diplômée de l’Ecole Yogakshemam, c’est après avoir bénéficié des conseils et encouragements de Grace Bumbry et de Mirella Freni qu’elle opte pour une carrière de chanteuse qui se développe rapidement en Suisse et en France principalement. Elle est inviée à ses débuts à chanter dans la Manon de Massenet à la Scala de Milan, et incarne Agilea, un de ses rôles préférés, dans Teseo de Haendel à l’Opéra de Nice, où elle aura l’occasion de revenir par la suite chanter Eurydice dans Orphée et Eurydice de Gluck. Elle chante Musetta dans La Bohème de Puccini, aux Arènes d’Avenches et à Vichy, Eurydice dans Orphée aux enfers d’Offenbach à Lausanne et plus récemment, à Marseille. Invitée régulière de l’Opéra de Lausanne, Brigitte Hool y a aussi été Zaida du Turc en Italie de Rossini, Amelia dans Amelia al Ballo de Menotti, Micaela dans Carmen de Bizet également lors de la tournée au Japon -, Flora dans La Traviata de Verdi, puis La Périchole en 2009 dans l’œuvre éponyme d’Offenbach, avant d’être Missia Palmieri (Hanna Glawari de la version allemande) dans La Veuve Joyeuse en décembre prochain. A Lyon, Brigitte Hool a été Pauline dans La Vie parisienne d’Offenbach mise en scène par Laurent Pelly. Il existe un excellent DVD de cette production. En 2012, elle incarnait une très belle Elisabetta dans Don Carlos de Verdi mis en scène par Robert Bouvier au Théâtre du Passage, à Neuchatel, et présenté aussi à Vevey. La meme année, elle tenait avec succès le rôle principal de L’Amour masqué de Messager à l’Opéra de Bordeaux. L’an dernier, elle était Fiordiligi dans Cosi fan tutte de Mozart au Murten Classics. Des rôles mozartiens, elle en a du reste chanté dès ses débuts en 2006 : Celia dans Lucio Silla, la Première Dame de la Zauberflöte à Toulouse, mais aussi Pamina, enfin Brigitte Hool a c t u a Zerlina dans Don Giovanni à Avenches. Prochainement – Première le 31 octobre -, Brigitte Hool tiendra le rôle-titre de Rusalka à l’Opéra de Bienne-Soleure. Les représentations s’échelonneront de novembre 2014 à avril 2015, avec des invitations annoncées dans diverses villes suisses, comme Vevey (jeudi 5 fevrier) et Vernier (Salle du Lignon, les 18 et 19 avril ). Active également dans le domaine de la mélodie, du lied, et des grandes œuvres du répertoire de musique sacrée, Brigitte Hool, dotée d’une forte présence scénique, apprécie aussi le divertissement et l’humour fantasque. Cet été, elle chantait sous le chapiteau du cirque Helvétia dans C’est quoi ce cirque ?, une comédie musicale de Jean et Guy Bovet. Plus sérieusement, elle s’est engagée au Brésil à soutenir le Youth Orchestra of Bahia, hôte à Montreux du récent Septembre Musical. Missia Palmieri, vue par Brigitte Hool : « C’est un joli clin d’œil du destin, nous dit-elle, et ici de l’Opéra de Lausanne et son directeur Eric Vigié, de m’offrir ce beau personnage de Missia Palmieri dans une reprise de la même production de la Veuve Joyeuse où je chantais l’autre rôle féminin à mes débuts. C’est de plus très agréable de connaître déjà la mise en scène, le parcours des personnages, l’atmosphère : je me réjouis de ces retrouvailles. J’ai déjà eu l’occasion de chanter le rôle titre dans une version allemande. J’aime le personnage si romantique de cette grande dame, cette femme fatale, qui déguise sous une apparence désinvolte, pleine d’humour, une femme éconduite, éternellement amoureuse d’un seul et même homme. J’aime la ligne lyrique du célèbre « air de Vilya » chanté par la Veuve, et qui est si proche de l’écriture de Rusalka, particulièrement dans le célèbre air à la lune, que je chante actuellement. J’ai vu que Renée Fleming, qui a encore chanté Rusalka cette année en direct du Metropolitan Opera, chantera le rôle de La Veuve le même 31 décembre. Avoir le même quotidien que Renée Fleming, que j’écoutais étudiante, c’est touchant. » Yves Allaz LA VEUVE JOYEUSE Dimanche 21 décembre 2014, 17h Mardi 23 décembre 2014, 19h Dimanche 28 décembre 2014, 15h Mardi 30 décembre 2014, 19h Mercredi 31 décembre 2014, 19h l i t é o p é r a entretien avec maría rey-joly L’Enlèvement au sérail María Rey-Joly chantera le rôle de Konstanze dans l’Enlèvement au sérail à l’Opéra de Lausanne. Cette soprano madrilène évoque ce qui constitue pour elle une prise de rôle. Est-ce la première fois que vous venez chanter à l’Opéra de Lausanne ? Maria Rey-Joly © Gusbersan Non, c’est la deuxième fois. La première fut en 2006, où j’ai eu le privilège d’être invitée dans cette maison pour chanter Fiordiligi de Così fan tutte de Mozart dans la merveilleuse production de Giorgio Strehler. Le rôle de Konstanze est-il pour vous une prise de rôle ? Oui, j’y fais mes débuts. Après avoir chanté différents rôles de Mozart au long de ma carrière, enfin est venu le moment d’interpréter Konstanze, un rôle que j’avais très envie d’aborder. Comment pourrait-on qualifier ce rôle ? Chanter en allemand présente-t-il des difficultés pour vous ? Non, pas trop. J’aime beaucoup chanter en allemand. Pour moi, c’est une langue parfaite pour le chant. Je considère que sa prononciation favorise l’émission de la voix. Parler en allemand, dans les parties parlées d’un Singspiel, présente peut-être un autre défi… Effectivement. Déclamer au théâtre dans un langage qui n’est pas le sien, présente toujours des difficultés. Mais le travail et les répétitions permettent aisément d’y venir à bout. Selon mon opinion, c’est un rôle pour une soprano dramatico-colorature qui réclame une grande domination de la technique vocale. Quels sont vos prochains projets ? Et en Suisse, spécialement ? Peut-on parler de difficultés vocales ? Oui, et nombreuses. En premier lieu l’extension large du registre, depuis les notes graves du si jusqu’au suraigu du ré. Les grands sauts, les nombreuses coloratures dans la zone aigüe et suraiguë, associés à l’expression dramatique, sont constants. C’est un rôle d’une grande exigence vocale. Parmi mes projets, il y a Alice Ford de Falstaff à Malaga et un récital de zarzuela avec le Santa Barbara Symphony. En Suisse, pour l’heure je ne compte pas d’autre projet immédiat. Mais j’espère en avoir bientôt, car j’adore ce pays. Propos recueillis par Pierre-René Serna Le Singspiel serait un peu comme la zarzuela, mais en allemand. Vous qui pratiquez également la zarzuela, voyez-vous des différences de style en ces deux genres lyriques ? DIE ENTFÜHRUNG AUS DEM SERAIL Vendredi 16 janvier 2015, 20h Dimanche 18 janvier 2015, 17h Je crois qu’ils se ressemblent beaucoup. L’alternance de musique et de texte parlé suit le même procédé dans les deux cas. Les différences de style seraient davantage propres à chaque œuvre musicale déterminée. e n t Conférence Forum Opéra Mercredi 14 janvier 2015, 18h45 Salon Alice Bailly de l'Opéra de Lausanne Conférencier: Pierre Michot Maria Rey-Joly était Fiordiligi de «Così fan tutte» en 2006 à Lausanne r e t i e n 39 o p é r a opéra de lausanne La Traviata Directeur général de l’Opéra de Monte-Carlo depuis 2007, et auparavant pendant plus de 10 ans directeur général de l’Opéra de Wallonie à Liège, Jean-Louis Grinda reprendra à Lausanne en février 2015 sa production de Traviata, montée initialement à Monaco en 2013, reprise depuis à Saint-Etienne, Antibes et Gênes. Entretien. Après l’ouragan déclenché par Sonya Yoncheva dans le rôletitre Salle Garnier à Monte-Carlo en janvier 2013, la barre n’est-elle pas placée trop haut pour relever le défi, en remettant l’ouvrage sur le métier à Lausanne en début d’année prochaine ? 40 Alors là, pas du tout ! Nous avons beaucoup de chance à Lausanne, il va y avoir la prise de rôle d’Olga Peretyatko, qui est une très belle artiste, jeune, qui convient parfaitement à ma conception du personnage, surtout dans ce qu’on voit en scène. La production telle qu’on l’a faite nécessite en effet une artiste dont on puisse voir la chair, dont on puisse sentir les frémissements de la jeunesse. Vocalement l’une n’est pas égale à l’autre, mais tant mieux ! C’était la première vraie production de Violetta de Yoncheva à Monte-Carlo, et ce sera également la première Violetta de Peretyatko. Un autre parallèle curieux est à relever, je suis membre du jury Operalia (concours de chant dirigé par Placido Domingo) depuis 10 ans, Olga Peretyatko © Uwe-Arens / SonyClassical et l’une et l’autre sont des lauréates de ce concours. Il faut surtout disposer d’interprètes, et je suis sûr qu’avec Olga Peretyatko j’aurai une vraie artiste, c’est cela qui compte énormément pour ce rôle. Avec le ténor Ismael Jordi, je pense qu’on verra un très beau couple en scène, et très musical en même temps ! La conception de la production restera la même, mais après il est possible de s’adapter sur certaines choses. Je suis là pour porter les artistes, et ensuite le spectacle leur appartient. Propos recueillis par François Jestin LA TRAVIATA Vendredi 6 février 2015, 20h Dimanche 8 février 2015, 17h Mercredi 11 février 2015, 19h Vendredi 13 février 2015, 20h Dimanche 15 février 2015, 15h «La Traviata» © Opéra de Monte-Carlo 2013 e n t r e t i e n o p é r a dans ses opéras légers, proche d’un théâtre de l’absurde. Ce qui en fait un auteur toujours vivant, capable y compris de captiver un jeune spectateur de notre XXIe siècle. opéra de lausanne : entretien avec emilio sagi Tancredi Issu d’une famille glorieuse de chanteurs de zarzuela, Emilio Sagi a fait ses premières armes de metteur en scène dans ce répertoire, à côté de l’opéra international qui ne l’a jamais quitté. Directeur successif de différentes institutions lyriques en Espagne, il est aussi l’un des concepteurs scéniques les plus recherchés de la planète opératique. Il revient à l’Opéra de Lausanne pour Tancredi. contes médiévaux. J’ai donc choisi d’être proche des narrations historiques, quasi cinématographiques, telles qu’on les a connues au XXe siècle. Apparemment, Rossini est l’un de vos compositeurs favoris. Qu’est-ce qui vous séduit dans son style, et spécialement dans Tancredi ? Sa capacité d’approche et de recyclage de la musique me paraît géniale. Un air qui serait excessivement comique ou superficiel dans tout autre œuvre, atteint chez lui, par la musique même, une intense profondeur dramatique. Cette utilisation aigüe de ses propres possibilités me paraît des plus fines, en même temps que très moderne. Avez-vous d’autres projets pour Lausanne, Genève et la Suisse ? Oui, j’ai un autre projet avec l’Opéra de Lausanne dans un futur prochain. Son équipe est d’une grande qualité et le théâtre est un joyau. À Genève, j’ai travaillé il y a quelques années, mais je ne suis pas revenu. Propos recueillis par Pierre-René Serna TANCREDI Vendredi 20 mars 2015, 20h Dimanche 22 mars 2015, 17h Mercredi 25 mars 2015, 19h Vendredi 27 mars 2015, 20h Dimanche 29 mars 2015, 15h Conférence Forum Opéra Mardi 3 mars 2015, 18h45 Salon Alice Bailly de l'Opéra de Lausanne Conférencier: Paul-André Demierre Conférence Université de Lausanne Mercredi 18 mars 2015, 17h15 Grange de Dorigny Conférencier: Damien Colas Samedi 2 mai 2015, 20h Diffusion de l'œuvre dans À l'Opéra - rendez-vous Espace 2 Emilio Sagi Est-ce la première fois que vous mettez en scène Tancredi ? J’ai mis en scène presque tous les opéras bouffes de Rossini, mais c’est la bien première fois que je m’attaque à l’un de ses opéras seria. J’en suis d’autant plus excité et heureux, s’agissant d’un compositeur pour lequel j’ai une particulière prédilection. Pourriez-vous nous livrer les principales lignes directives de votre conception scénique ? Je ne me suis pas fixé sur une lecture épique de cette œuvre d’un Rossini de jeunesse. Je la vois davantage comme une haute comédie, avec des personnages d’une grande noblesse, d’une morale épurée et d’une énorme élégance, du début jusqu’à la fin. Je ne souhaite pas entrer dans un monde stéréotypé de marionnettes ni de e n t r Pourrait-on avancer, sans trop se tromper, que Rossini est procède d’un esprit proche de la zarzuela, que vous-même connaissez si bien ? Oui, on pourrait en effet le penser, par sa fraîcheur dans la manière de composer. En même temps, et l’on est pas non plus si éloigné de la zarzuela, par sa façon d’écrire en séquences étanches, mais liées, je crois que Rossini est très contemporain. Ou dans sa façon d’entremêler des histoires, surtout e t Anna Bonitatibus sera Tancredi © Frank Bonitatibus i e n 41 o p é r a SOLARIS, un roman, deux films, un opéra opéra de lausanne Solaris On connaît le roman de Lem, publié en 1961 et l'on sait que trois films en ont été tirés : en 1972, Andrei Tarkovsky, signait une première version cinématographique en Russie après une adaptation télévisée due à Boris Nirenburg diffusée par la télévision russe en 1968 déjà ; et trente ans plus tard, ce fut à Steven Soderbergh, de donner sa version, tournée aux EtatsUnis. Au tour maintenant de l’opéra créé avec la collaboration du danseur Nicolas Le Riche. 42 Nicolas Le Riche a fait toute sa carrière à l’Opéra de Paris. Elève de l’école de danse, il entre dans le corps de ballet en 1988, gravit chaque année un échelon de la hiérarchie et est nommé en 1992 danseur étoile. Il est l’interprète brillant de tous les grands rôles, aussi bien classiques que contemporains. Il danse tous les ballets de Roland Petit notamment Le Rendezvous, Le Jeune homme et la mort et Clavigo qu’il crée en 1999. Nicolas Le Riche est également chorégraphe. Il est l’auteur, en 2004, de Caligula, ballet autour de la vie de l’empereur romain sur les Quatre saisons de Vivaldi et un livret de Guillaume Gallienne. Nicolas Le Riche a pris sa retraite du Ballet de l’Opéra de Paris en juin dernier pour démarrer de nouveaux projets. Il mène une tournée d’adieux en France et en Europe. Intitulé Itinérances, le programme comporte entre autres, sa nouvelle création, Odyssée sur une musique d’Arvo Part. Il est accompagné de Clairemarie Osta, danseuse étoile de l’Opéra de Paris, et de Russel Maliphant. Nicolas Le Riche terminera cette tourné au Théâtre des ChampsElysées les 4 et 5 novembre prochains. Nicolas le Riche dansera également dans Solaris, opéra de Dai Fujikura d’après le roman de Stanislas Lem chorégaphié par Saburo Teshigawara. Coproduction de l’Opéra de Lausanne, de l’Opéra de Lille du Théâtre des Champs-Elysées et de l’IRCAM, Solaris sera présenté au Théâtre des Champs Elysées les 5 et 7 mars 2015 et à l’Opéra de Lausanne les 24 et 26 avril 2015. Nicolas Le Riche © Anne Deniau Saburo Teshigwara Stéphanie Nègre SOLARIS, création mondiale Vendredi 24 avril 2015, 20h Dimanche 26 avril 2015, 15h Conférence Forum Opéra. Mardi 21 avril 2015, 18h45 Salon Alice Bailly de l'Opéra de Lausanne Conférencier: Georges Reymond Lorsque parut en 1961 le roman de Stanislas Lem, on parla d’un total renouveau de la science-fiction. Ce roman qui parlait de recherches effectuées pour entrer en contact avec une étrange planète et des transformations que subissaient les chercheurs envoyés en mission spatiale, donnait satisfaction aux scienti- Daï Fujikura fiques par la justesse de ses données et séduisait les philosophes par les questions qu’il soulevait. Tarkovski proposa en 1972 une version cinématographique du roman : avec très peu de moyens, il devait renoncer aux effets spectaculaires et mit donc l’accent sur la dimension philosophique, voire mystique de l’œuvre : l’homme face à ses limites, face à ses peurs de ce que sera le futur, de ce qu’il deviendra dans ce futur et de ce que lui révélera la rencontre de l’Autre… Soderbergh, dans sa version cinématographique de 2002, évacue la dimension scientifique et réduit la dimension philosophique en faisant de la quête du héros une question psychologique : pour lui, qui se sent coupable du suicide de celle qu’il aime, la rencontre de l’Autre devient une possibilité de retrouver la femme aimée. Le film transforme le roman de Lem en une revisitation du mythe d’Orphée à la recherche de son Eurydice. Reste donc à se demander quel(s) aspect(s) du roman initial privilégie l’opéra de Saburo Teshigawara créé le 5 mars 2015 à Paris. Ouvret-il sur des questions philosophiques plus contemporaines que celles du roman de Lem ? Propose-t-il encore une nouvelle version du mythe d’Orphée ? Serge Lachat a c t u a l i t é o p é r a écriture parfois complexe et difficile, sans pour autant renoncer à une musicalité variée et expressive – qui, sous la baguette experte d'Arie van Beek, promet de trouver un merveilleux support dans le monde imaginaire conçu par Lilo Baur ». opéra de lausanne : the once and future papageno Benoît Capt Rencontre avec le baryton genevois, qui sera présent cette saison sur les scènes de Genève et de Lausanne, tout en œuvrant activement à la mise en valeur du Lied. On époussette d'un revers de main la fine couche de poussière qui atteste le passage des ans, et on ajuste son bec de pingouin... Le plumage, en un instant, retrouve son éclat – et le ramage le suivra bientôt, pour relancer, cinq ans après, l'écho des « pa pa pa pa... » passés. Après avoir incarné pour la première fois Papageno dans La Flûte enchantée présentée à l'Opéra de Lausanne en mars 2010, Benoît Capt retrouvera en juin prochain le costume de pingouin dans lequel il avait été justement ovationné. « C'est la première fois que j'aurai l'opportunité de reprendre un rôle dans une production à laquelle j'ai déjà participé plusieurs années auparavant, avec des partenaires différents », explique l’intéressé, se réjouissant de cette nouvelle expérience. Le metteur en scène Pet Halmen nous ayant quittés en 2012, c'est le directeur de l'Opéra, Eric Vigié, qui redonnera vie au travail de celui qu'il considère comme son maître. Par ailleurs, Diego Fasolis remplacera Theodor Guschlbauer à la baguette et Benoît Capt sera le seul chanteur de la distribution de 2010 à être à nouveau de la partie. « Ce sera passionnant d'explorer à nouveau ce rôle, dans des repères à la fois identiques et totalement neufs », ajoute-t-il. Le même et l’autre La question du même et de l'autre, il s’y sera déjà frotté quelques mois plus tôt, lors de la création du Petit prince de Michaël Levinas. La problématique de la rencontre de l’Autre n’estelle pas au cœur de cette parabole que Levinas a choisie pour son quatrième opus lyrique – et dont la dimension de conte philosophique n’est d'ailleurs pas sans rappeler La Flûte enchantée ? Benoît Capt incarnera cette altérité à travers les e n t r Mélodie trois figures du Vaniteux, du Financier et du Géographe. Commandé à Levinas par les opéras de Lausanne et de Lille, ce Petit prince se veut, Benoît Capt : Papageno en 2010 à l’image du récit de Saint-Exupéry, un conte pour enfants destiné (aussi) aux adultes. L’œuvre sera créée à Lausanne le 5 novembre et partira ensuite sur les chemins d’Europe : Lille, Genève (eh oui, Genève et Lausanne collaborent !), Paris (Théâtre du Châtelet), puis la Wallonie. Pour Benoît Capt, c’est une autre expérience nouvelle que de participer à la création d'un ouvrage : « Nous avons reçu récemment les partitions, et la musique de Michaël Levinas, à ce qu’il me semble, cherche à s’adresser à un public large mais exigeant: une e t i e En marge de ses passages sur les scènes d'opéras, Benoît Capt consacre aussi beaucoup de passion et d'énergie à la défense du répertoire de la Mélodie. C’est dans cette perspective qu’il a fondé, il y a deux ans, l’Association Lied et Mélodie, dont il assume la responsabilité artistique. Dans ce cadre, il a lui-même chanté, l'an dernier, une superbe Winterreise aux côtés d’Eric Schneider et les trois cycles de mélodies de Moussorgsky, accompagné par Alexis Golovine. Lied et Mélodie invite également des jeunes duos à se produire : tout récemment, la mezzosoprano Lamia Beuque accompagnée par Claire Schwob, et le ténor André Gass - bien connu du public lausannois – accompagné par Guy-François Leuenberger, ont ajouté leurs noms à la liste des jeunes musiciens pour qui l’art du chant s'exerce aussi bien sous les feux de la rampe que dans l’intimité d'un dialogue entre voix et piano. « Pour un chanteur, la préparation d'une soirée de récital est une expérience radicalement différente de celle d’une production d’opéra : si la prestation est vocalement au moins aussi exigeante qu'un rôle, elle requiert d'autres qualités, un tout autre type de concentration, et elle engage un rapport au public très différent. C’est un des bonheurs de ce métier que de pouvoir passer de l’un à l’autre... Et il me semble par ailleurs que l’offre musicale, en matière de musique de chambre pour voix et piano, est encore trop rare en Suisse romande si l'on songe à l'étendue du répertoire ! » Propos recueillis par Christophe Imperiali Références : http://www.benoitcapt.com http://www.liedetmelodie.org LA FLÛTE ENCHANTÉE 5 juin 2015, 20h - 7 juin 2015, 17h - 10 juin 2015, 19h 12 juin 2015, 20h - 14 juin 2015, 15h n 43 o p é r a die, qui elle aussi doit rester intelligible pour les petites oreilles ? entretien avec michaël levinas Le Petit Prince Michaël Levinas est un compositeur aguerri dans le domaine de l’opéra, avec des ouvrages couronnés d’un succès plutôt rare pour la musique contemporaine. C’est en toute logique qu’Éric Vigier a fait appel à lui pour le Petit Prince, une commande de l’Opéra de Lausanne. Il semble que ce soit la première fois que vous vous attaquez à un opéra « tout public ». Comment avez-vous été amené à cette aventure ? 44 Tous les opéras sont dans mon esprit destinés à tout public. Ce que je considère avoir fait par le passé, par exemple avec les Nègres, représenté trente fois à Lyon, au Grand Théâtre de Genève et en Allemagne… Ma musique n’est pas strictement spécialisée. Ce n’est pas un hasard que ce soit une maison comme l’Opéra de Lausanne qui ait pris cette initiative, co-commanditaire avec l’Opéra de Lille ; qui, lui, m’avait déjà commandé mon opéra la Métamorphose. Cette coproduction sera ensuite reprise par le Châtelet, le Grand Théâtre de Genève et l’Opéra de Liège. J’ajoute que dans ce cas, l’Opéra de Lausanne fait preuve d’une audace absolument unique, puisque c’est lui-même qui édite la partition de mon opéra. Pourquoi avoir choisit ce sujet ? Pourquoi Saint-Exupéry ? Le sujet m’a été proposé par Éric Vigier. Il m’avait demandé un opéra pour enfant, et dans un premier temps j’avais parlé de Peter Pan. Il m’a alors orienté vers le Petit Prince. Ce qui pour moi était presque prédestiné, puisque c’est un texte que je connais depuis ma tendre enfance. Un texte d’une profondeur totale, avec un mes- sage extrêmement complexe, traitant de problématiques qui nous sont contemporaines : les questions du fascisme, de l’apprivoisement, de l’identité et de la mort. Écrire un opéra pour enfants est un art difficile. Comment rester accessible pour de jeunes oreilles, sans trahir votre esthétique musicale ? Effectivement, c’est un Décor de hautes montagnes imaginé par Julian Crouch art difficile. Le modèle de Saint-Exupéry m’a Vous faites référence, dans la présentoutefois beaucoup servi. C’est une adresse à l’humanité entière, sublimée par l’adresse aux tation de votre opéra, à Mozart. En enfants. Comme chez Perrault, Colette ou La quoi serait-ce une influence ? Fontaine, la stylisation et la poétique restent Il y a des pas de deux, des jeux, entre le Petit Prince et l’Aviateur, qui ne sont pas sans évoaccessibles pour les enfants. C’est sa grandeur. quer ces duos sublimes de l’opéra mozartien. Peut-on dire que dans cet opéra vous Mais il y a davantage, comme on le dit souvent avez modifié, ou fait évoluer, votre langage pour Mozart, une complicité avec le monde de musical ? l’enfance. Dans Saint-Exupéry, on évoque Il n’y a pas de trahison de mon langage musical. pareillement les éléments les plus cruels de Je n’ai pas fait des grimaces pour les enfants, ni l’humanité, tout à l’adressant au monde de l’enn’ai pris une voix de puériculteur… Ce qui est fance. Et en mettant ces questions dans le chant passionnant dans ce projet, c’est qu’il m’a obli- de l’enfant. gé à une exigence d’évidence, de grâce, au sens Propos recueillis par Pierre-René Serna des auteurs du XVIIIe siècle. Avec toujours le souci de ne me réfugier dans aucun subterfuge. Il y a eu en quelque sorte un avant, et il y aura LE PETIT PRINCE un après dans mon expérience musicale. La syn- Mercredi 5 novembre 2014, 15h taxe de Saint-Exupéry appelle une musique très Mercredi 5 novembre 2014, 19h spécifique, qui aura une influence énorme sur Vendredi 7 novembre 2014, 19h Samedi 8 novembre 2014, 17h l’avenir de mon écriture, je pense. Comment abordez-vous votre rôle de librettiste ? Tenez-vous compte de la proso- Michaël Levinas e Mon rôle a consisté à faire du texte une pièce de théâtre, sans récitant. C’est-à-dire que l’Aviateur est sur scène et joue, ne raconte pas d’histoire. Ce qui modifie fondamentalement le travail. Quant à la prosodie, elle est toujours essentielle chez moi. Intelligible pour les petites oreilles, veut dire aussi pour les grandes, et pour toutes les cultures. n t r e Dimanche 9 novembre 2014, 15h Dimanche 9 novembre 2014, 19h Mercredi 12 novembre 2014, 18h t i e n s a i s o n saison lyrique CONCERTS Grand Théâtre de Genève I Capuleti e i Montecchi de Vincenzo Bellini - version de concert avec Elīna Garanca (Romeo) et Aleksandra Kurzak (Giulietta Deutsche Radio Philharmonie SaarbrückenKaiserslautern, dir. Karel Mark Chichon Chœur du Grand Théâtre de Genève dir. Alan Woodbridge le 30 novembre 2014 à 19h30 Angela Gheorghiu Avec l'Orchestre de la Suisse Romande le 13 mai 2015 à 19h30 OPÉRAS Eugène Onéguine de Piotr Ilitch Tchaikovskï Représentations les 9, 11, 13, 15 et 17 octobre 2014 à 19h30 le 19 octobre 2014 à 15h RÉCITALS Patricia Petibon Accompagnée au piano par Susan Manoff Le 20 décembre 2014 à 19h30 La Grande-Duchesse de Gérolstein de Jacques Offenbach Représentations les 15, 17, 19, 23, 26, 29 et 31 décembre 2014 à 19h30, le 21 décembre 2014 à 15h Natalie Dessay - Laurent Naouri Accompagnés au piano par Maciej Pikulski Le 28 janvier 2015 à 19h30 Le Petit Prince de Michaël Levinas Représentations les 6, 7, 8, 9 et 10 janvier 2015 à 19h30 Michael Volle Accompagné au piano par Helmut Deutsch Le 4 mars 2015 à 19h30 Iphigénie en Tauride de Christoph Willibald Gluck Représentations les 25, 27, 29, 31 janvier, 2, 4 février 2015 à 19h30 Messa da Requiem de Giuseppe Verdi En version concert - Au Victoria Hall Représentations les 8, 10 et 13 mars 2015 à 19h30 le 11 mars 2015 à 20h Medea de Luigi Cherubini Représentations les 9, 15, 18, 21 et 24 avril 2015 à 19h30 le 12 avril 2015 à 15h Fidelio de Ludwig van Beethoven Représentations les 10, 12, 16, 18, 23 et 25 juin 2015 à 19h30, le 21 juin 2015 à 15h c t Diana Damrau Accompagnée à la harpe par Xavier de Maistre Le 23 avril 2015 à 19h30 Jennifer Larmore sera Medea, en avril 2015 Porgy & Bess de George Gershwin, DuBose et Dorothy Heyward et Ira Gershwin Représentations les 13, 14, 15, 16, 18, 19, 20, 21, 22, 23, 24 février 2015 à 19h30, le 15 février 2015 à 15h a s u BALLETS SPECTACLES Ballet du Grand Théâtre Casse-Noisette Chorégraphie : Jeroen Verbruggen création mondiale Représentations les 13, 14, 15, 17, 18, 19, 20 et 21 novembre 2014 à 19h30 Le Procès d’Iphigénie Mise en scène : Alain Carré avec les orateurs Marc Bonnant, Bernard-Henri Lévy et Alain Carré Le 3 février 2015 à 19h30 Cloud Gate Dance Theater de Taiwan Water Stains on The Wall Chorégraphie : Lin Hwai-min Représentations les 11, 12, 13 et 14 mars 2015 à 19h30 Ballet du Grand Théâtre de Genève Salue pour le monde Chorégraphie : Joëlle Bouvier création mondiale Représentations les 21, 22, 26, 27, 28, 29, 30 mai 2015 à 19h30, le 31 mai 2015 à 15h a l i Contes de la lune vague après la pluie Opéra de chambre de Xavier Dayer Ensemble Linea, dir. Jean-Philippe Wurtz le 29 mars 2015 à 17h Le Procès de Médée Mise en scène : Alain Carré avec les orateurs Marc Bonnant, Bernard-Henri Lévy et Alain Carré Le 16 avril 2015 à 19h30 Billetterie : T + 41 22 322 50 50 du lundi au samedi de 10h à 18h [email protected] t é 45 s a i s o n s David Herman (qui fut l'auteur de la mise en scène des Joyeuses commères de Windsor à Lausanne au printemps dernier). saison lyrique Zurich Couronnée 'Opéra de l'année' pour 2014, la troupe de Zurich continue à faire les grands titres dans la presse internationale tant par l'originalité de sa programmation que par celle des propositions scéniques qui s'affichent tout au long de la saison 46 Le 21 septembre, la saison s’est ouverte sur un nouveau Lohengrin mis en scène par le Directeur de la maison, Andreas Homoki. Déjà présenté à Vienne où il n'a pas fait l'unanimité, ce spectacle dirigé par la cheffe australienne Simone Young permettra d'entendre Christof Fsichesser en Henri l'Oiseleur, Klaus Florian Vogt en Lohengrin, Elza van den Heever en Elsa, Petra Lang en Ortrud et Martin Gantner en Telramund. Le soir précédent, les jeunes artistes de l'Opéra Studio auront déjà offert un nouvel opéra pour enfants, Die Gänsemagd, un spectacle pour lequel toutes les places sont offertes gratuitement à la population du lieu. The Turn of the Screw de Benjamin Britten entre au répertoire le 2 novembre sous la direction de Constantin Trinks et dans une mise en scène de Willy Decker avec Pavol Breslik en Peter Quint et Layla Claire en Gouvernante. Une nouvelle Zauberflöte de Mozart, dirigée par Cornelius Meister et mise en scène par Tatjana Gürbaca sera la dernière création lyrique scénique de l'année. Mauro Peter y sera Tamino, Christof Fischesser Sarastro, Mari Eriksmoen Pamina, Olga Pudova la Reine de la Nuit et Ruben Drole Papageno (dès le 7 décembre). Mari Eriksmoen © Sveinung Bjelland Marco Armiliato sera au pupitre alors que le déroulement scénique de l'action est confié à Il faudra attendre le 14 février pour assister à la première suivante consacrée à Juliette de Bohuslav Martinu. La direction en sera assurée par Fabio Luisi, la mise en scène par Andreas Homoki tandis qu'Annette Dasch sera Juliette. Le 8 mars verra la création de Rote Laterne, un nouvel opéra de Christian Jost dirigé par Alain Altinoglu. Julia Riley, Marlis Petersen, Ivana Rusko Rod Gilfry et Anna Goryachova figurent dans la distribution. Comme de coutume, les reprises ne sont pas à négliger du côté de Zurich. On ne peut les citer toutes, mais ceux qui aiment certains grands noms seront comblés en apprenant qu'Anna Netrebko sera Anna Bolena dès le 20 mars, que Diana Damrau torturera son paysan d'amoureux (alias Pavol Breslik) dans l'Elisir d'amore en juin, qu'Evelyn Herlizius, Roberto Sacca, Emily Magee, Birgit Remmert et Thomas Johannes Mayer seront réunis en novembre pour quatre représentations exceptionnelles de Frau ohne Schatten de Strauss ou encore que Nina Stemme sera Isolde aux côtés de Stephen Gould et Michelle Breedt dans Tristan und Isolde dès le 25 janvier. Ajoutez à cela Maria Agresta et Marco Berti dans Norma (dès le 31 janvier), Fabio Sartori, Leo Nucci et Elena Mosuc dans Luisa Miller de Verdi depuis le 16 décembre, Sonya Yoncheva et Ismael Jordi en Lucia di Lammermoor dès le 4 avril, Cecilia Bartoli et Lawrence Brownlee en Cenerentola de Rossini pour les Fêtes, Anja Kampe dans Fidelio en avril et mai 2015 et Hanna Schwarz, Evelyn Herlizius et Emily Magee en Elektra en fin de saison, dès le 28 juin ou encore EvaMaria Westbroek dans Ariadne auf Naxos aux côtés de Roberto Sacca dès le 15 février. La liste n'est - de loin ! - pas exhaustive. Rendez-vous sur http://www.opernhaus.ch/.... Eric Pousaz Une nouvelle Traviata sera dévoilée le 18 avril avec Anita Hartig puis Ailyn Perez en Violetta, Pavol Breslik ou Matthew Polenzani en Alfredo et Quinn Kelsey en Germont père. a Le 8 mai, un nouvel opéra sera créé sur la scène de l'Opéra Studio, Fälle d'Oscar Strasnoy avant que ne soit jouée pour la première fois ici La verita in cimento de Vivaldi avec Ottavio Dantone au pupitre, Jan Philipp Gloger à la régie et une distribution comprenant les noms de Julie Fuchs, Christoph Dumaux, Delphine Galou et Anna Goryachova. La dernière nouvelle production de la saison sera dévoilée le 21 juin. Bellini et son ouvrage I Capuleti e i Montecchi (autrement dit : Roméo et Juliette) verront réunis les talents de Fabio Luisi en fosse et de Christof Loy pour la réalisation scénique du drame où mourront les amants tragiques incarnés par Joyce DiDonato et Anita Hertig. Rendez-vous sur http://www.opernhaus.ch/.... Ismael Jordi c t u a l i t é s a i s o n s Berne La saison bernoise s'est ouverte le 28 septembre avec Armide de Gluck en version française donnée avec la complicité du chef suisse Mario Venzago. Suivront Die Zauberflöte de Romei se partageront le rôle d'Hofmann tandis que Agata Wilewska, Maya Boog et Sunyung Seo seront les trois incarnations féminines qui ruineront le poète sous les yeux railleurs du Lindorf de Simon Bailey ou Jacek Strauch. Giuliano Betta et Massimo Rocchi présenteront ensuite leur version du Don Pasquale de Donizetti dès le 24 octobre avant que Calixto Bieito ne s'attaque à l'Otello de Verdi le 29 novembre avec Svetlana Ignatovich en Desdemona et Kristian Benedikt en Maure. L'année 2015 commencera avec la rare Médée de Charpentier donnée en français avec la complicité des artistes de la Schola Cantorum sous la direction d'Andrea Marcon avec, en prime, Magdalena Kozena dans le rôle de la princesse de Colchide (15 janvier). Une autre rareté, Daphne de Strauss sera présentée avec Agneta Eichenholz et Rolf Romei dès le 13 Sebastien Soules est Hidraot dans «Armide» Mozart le 23 novembre, flanquée de sa petite sœur pour les enfants dès le 3 décembre. La nouvelle année s'ouvrira sur Salome de Richard Strauss le 17 janvier avant L'Orfeo de Monteverdi donné à partir du 1er mars. Deux projets originaux en fin de saison encadreront un Château de Barbe-Bleue de Bartok donné dans l'ancien manège de la ville le 17 mai : Das brennende Haus d'après un drame de Garcia Lorca fera intervenir la danse, la musique et le théâtre dans un projet qui veut explorer de nouvelles voies dans l'univers théâtral d'aujourd'hui, tandis que Schaf se veut un projet plus directement musical avec des emprunts à Purcell, Haendel et Monteverdi (dès le 23 mai). Eric Pousaz Bâle Pour sa dernière année à la tête de l'institution bâloise, George Delnon a voulu passer en revue les différents temps fort de sa carrière sur les bords du Rhin et a invité tout une série d'artistes qui l'ont gratifié de leur travail pendant ses presque dix ans passés à la tête de cette institution. L'ouverture s’est faite le 16 septembre avec la création de Föhn sur des musiques de Fortunat Fröhlich, un titre immédiatement suivi de Les Contes d'Hoffmann d'Offenbach le 17 septembre, monté par Elmar Goerden dans la version française avec la complicité d'Enrico Delamboye à la direction. Marc Laho et Rolf a c t u Svetlana Ignatovich est Desdemona dans «Otello» © Toni Suter + Tanja Dorendorf février sous la direction de Tomas Hanus. Les jeunes chanteurs de l'Opernstudio APELé ICI : OperAvenir donneront leur version du Viol de Lucrèce de Britten dès le 29 mars avant que Calixto Bieito ne revienne pour un Cosi fan tutte qui promet de belles surprises dès le 24 avril. La saison se terminera sur la création d'un opéra de Peter Ruzicka, Hölderlin, eine Expedition, que mettra en scène Vera Nemirova. Précisons encore que l'oratorio Judith triumphans de Vivaldi sera donné sous la direction d'Andrea Marcon dans une version chorégraphiée par Richard Werlock dès le 13 mars avec la complicité des artistes de la Cetra, l'orchestre bâlois de la Schola Cantorum spécialisé dans ce répertoire. La rencontre de la danse contemporaine et de la musique exécutée à l'ancienne laisse espérer une soirée pour le moins inattendue... Strasbourg La saison de l’Opéra du Rhin s'ouvre comme de coutume avec une création française donnée dans le cadre du festival de musique contemporaine de Strasbourg. Cette année, ce sera Quai West, un opéra en trente séquences de Régis Campo d'après une œuvre de BarnardMarie Koltès. Dirigé par Marcus Bosch et mis en scène par Kristian Frédric, il verra briller les talents de Paul Gay, Mireille Delunsch, MarieAnge Todorovitch et Hendrikje Van Kerkhove. L'Amico Fritz de Mascagni dirigé par Paolo Carignani sera proposé dans la relecture de Vincent Broussard avec Teodor Ilincai dans le rôle titre et Brigitta Kele dans celui de la jeune femme amoureuse mais d'abord rejetée. La Vie Parisienne d'Offenbach permettra de passer les Fêtes dans la bonne humeur avant la création française de La Belle au Bois Dormant, un opéra pour enfants d'Ottorino Respighi. Dès le 6 février, Mozart revient à l'affiche avec sa Clemenza di Tito chantée par Benjamin Bruns, Jacquelyn Wagner et Stéphanie d'Oustrac dans une réalisation scénique de Katharina Thoma et sous la direction d'Andreas Spering. Dès le 20 mars, Il matrimonio segreto de Cimarosa sera confié aux jeunes voix de l'Opéra Studio tandis que Wagner fête son retour sur les bords du Rhin avec un Tristan und Isolde dirigé par Axel Kober et Anthony McDonald dès le 18 mars. Ian Storey et Melanie Diener incarneront le couple fatal sous les yeux du Roi Marke d'Atila Jun et de la Brangäne de Michelle Breedt. La saison se terminera avec La dame de pique de Tchaïkovski dans la réalisation que Robert Carsen a signée pour l'Opéra de Zurich au printemps dernier (dès le 16 juin). Sous la direction de Marko Letonja, Misha Didyk sera Hermann aux côtés de la Lisa de Tatiana Monogarova et face à la Comtesse de Stefania Toczyska. Divers spectacles de ballet, concerts et récitals complètent une affiche particulièrement riche cet hiver. Eric Pousaz Eric Pousaz Michelle Breedt sera Brangäne a l i t é 47 s a i s o n s saisons lyriques Berlin Malgré leurs presque vingt représentations hebdomadaires, les trois Opéras berlinois affichent un état de santé réjouissant: les taux de fréquentation sont en hausse constante (le Komische Oper, élu 'Opéra de l'année 2013', a même vu sa vente de billets augmenter de près de 20% en une année!), ce qui incite leurs directeurs respectifs à faire preuve d'audace malgré les contractions budgétaires qui se font sentir dans la capitale. Deutsche Oper 48 Le théâtre n'ouvrira ses portes qu'à la fin novembre car le bâtiment nécessite de sérieux travaux de rénovation. Il n'y aura donc que trois nouvelles productions cet hiver: la première, Lady Macbeth de Mzensk, de Chostakovitch, est en fait une coproduction avec l'Opéra d'Oslo et ne verra les feux de la rampe que le 25 janvier 2015. La mise en scène est due à Ole Anders Tandberg, alors que la direction musicale en est confiée au chef de la musique de la maison, Donald Runnicles. La distribution de prestige aligne les noms de John Tomlinson, Evelyn Herlizius, Maxim Aksenov, Nadine Secunde et Burkhard Ulrich. Le deuxième spectacle sera une production maison confiée au ténor Rolando Villazón : la rare Rondine de Puccini verra le jour le 8 mars 2015 sous la direction de Roberto Rizzi Brignoli avec Dinara Alieva dans le rôle titre et Charles Castronovo en Ruggero. Le 19 juin, Philip Stölzl présentera sa vision du Faust de Gounod, un spectacle qu'il a déjà réglé à l'Opéra de Bâle en mars 2008. La direction est assurée par Marco Armiliato, et les trois rôles principaux sont interprétés par Teodor Ilincai (le dernier Roméo lausannois), Ildebrando d'Arcangelo et Krassimira Stoyanova. Dans le cadre des reprises, c'est surtout le mini-festival Puccini avec six titres donnés en version scénique, qui retiendra l'attention ainsi qu'un chapelet de versions de concert (Dinorah de Meyerbeer, Roberto Devereux de Donizetti, Oresteia de Xenakis ou encore Ariadne auf Naxos de Strauss...) données à la Philharmonie ou en d'autres lieux improbables pour combler le trou laissé par les trois premiers mois où la salle restera fermée... Komische Oper Ce théâtre vole de succès en succès depuis qu'il a changé de directeur. La liste des premières est impressionnante par la variété des styles abordés autant que par l'originalité des choix. Don a Giovanni ouvre les feux le 30 novembre, en alternance avec la reprise d'An American Lulu d'Olga Neuwirth. En mars, Gianni Schicchi de Puccini et Le Château de Barbe-Bleue de Bartok formeront sans aucun doute un duo de choc entre les mains du metteur en scène catalan Calixto Bieito. Le mois suivant, ce sera au tour de Moses und Aron de Schönberg que le directeur de la maison, Barrie Kosky, mettra en scène lui-même pour réaliser un de ses vieux rêves. Le 31 mai, ce sera Giulio Cesare de Haendel donné contrairement aux habitudes de la maison dans la langue originale italienne, la mise en scène étant confiée à Lydia Steier et la direction musicale à Konrad Junghänel. Dans un registre plus léger, La Belle Hélène d'Offenbach voisinera avec Arizona Lady d'Emmerich Kalman et Eine Frau, die weiss was sie will d'Oscar Strauss, alors que Ball im Savoy de Paul Abraham et Clivia de Nicol Dostal achèvent d'offrir d'intéressantes perspectives aux amateurs soucieux d'aller au-delà des traditionnelles Chauve-souris et autre Veuve Joyeuse. Staatsoper Cette année, le Staatsoper est l'institution qui offre le panorama le plus large de la production lyrique internationale. Letzte Tage, un projet de Christoph Marthaler ouvre les feux en septembre déjà. Il sera suivi d'une nouvelle Tosca qui remplacera une production restée plus de trente ans au répertoire. la mise en scène sera réglée par Alvis Hermanis, qui fut l'auteur du dernier Trovatore de Verdi à Salzbourg l'été passé, alors que Daniel Barenboïm dirigera pour l'occasion son premier opéra de Puccini! La distribution verra s'affronter Anja Kampe et Fabio Sartori à Michael Volle. Ivor Bolton pour la musique et Claus Guth pour la scène s'attaqueront le 15 novembre au Turn Of The Screw de Benjamin Britten avec Richard Croft, Maria Bengtsson. Marie McLaughlin et Anna Samuil dans les rôles principaux. Après la reprise en décembre de De la maison des morts de Janacek en hommage à Patrice Chéreau récem- c t u a Liudmyla Monastyrska en Lady Macbeth au Staatsoper ment disparu, le Staatsoper met à l'affiche une nouvelle réalisation du Freischütz de Weber, une œuvre dont on parle beaucoup mais qu'on joue bien trop rarement. Sebastian Weigle est à la direction, Michael Thalheimer à la régie alors que Dorothea Röschmann, Anna Prohaska, Falk Struckmann et Burkhard Fritz se donneront la réplique sur le plateau (dés le 18 janvier). Placido Domingo se présentera aux Berlinois en compagnie de Rolando Villazón, René Pape et l'exceptionnelle Liudmyla Monastyrska en Lady incendiaire dans le rôle-titre du Macbeth de Verdi grâce à la remise à l'affiche d'une mise en scène déjà ancienne due à Peter Mussbach, le précédent directeur de la maison. Le diptyque formé de Lulu et Wozzeck de Berg dans la réalisation d'Andrea Breth fera un tour de piste en février et en mars avant une nouvelle version scénique de Parsifal signée par l'enfant terrible du théâtre lyrique : Dmitri Tcherniakov (28 mars) Daniel Barenboïm y dirigera René Pape, Andreas Schager, Anja Kampe, Matthias Hölle et Wolfgang Koch pour quelques soirées données dans le cadre du Festival de Pâques en alternance avec Tannhäuser. Le 26 avril, une autre rareté fera son entrée dans le répertoire maison : Emma und Eginhard de Georg Friedrich Telemann sous la direction de René Jacobs et dans la mise en scène de Eva-Maria Höckmayr tandis que Robin Johannsen, Nicolay Borchev et Sylvia Schwarz mènent la danse sur le plateau. La dernière nouveauté de la saison sera un rhabillage d'Ariadne auf Naxos de Strauss que dirigera Ingo Metzmacher et que mettra en scène Hans Neuenfels. Marina Prudenskaya, Camilla Nylund et Roberto Sacca figurent en tête d'affiche (dès le 14 juin)... Comme le veut une tradition maintenant bien établie, la saison s'achèvera sur un festival de musique contemporaine au cours duquel seront présentées des versions scéniques de Footfalls et Neither de Samuel Beckett dans la réalisation musicale de Morton Feldman, Rein Gold d'Elfriede Jelinek et Nicolas Stemann avec des emprunts à Wagner, Originale de Karlheinz Stockhausen ainsi que Matsukaze, un opéra de Toshio Hosokawa monté par la chorégraphe Sasha Waltz. Eric Pousaz l i t é s a i s o n s saisons lyriques Vienne Trois théâtres lyriques se partagent les faveurs de la clientèle avide de musique pendant une saison qui s'étend du 1er septembre au 30 juin, les deux salles les plus importantes que sont le Staatsoper et le Volksoper ouvrant leurs portes presque tous les soirs. Volksoper L'Opéra populaire cultive avec une belle constance les productions de la muse légère. Chaque soir, opérettes et musicals se succèdent sur sa grande scène. Quelques titres d'un répertoire intellectuellement plus exigeant méritent tout de même d'être signalées ici, non sans avoir rappelé que la tradition locale veut que la langue allemande soit de rigueur. Mai verra la première de la nouvelle mise en scène de Cosi fan tutte de Mozart confiée à Bruno Klimek. Parmi les reprises, on notera la présence de Albert Herring de Britten (mars 2015), Carmen (janvier 2015), Le nozze di Figaro (février 2015), Viva la mamma de Donizetti (janvier 2015), La bohème de Puccini, La flûte enchantée (septembre) et Fidelio (mars 2015). Fischer et la direction à Leo Hussain. En novembre, Jean-Christophe Spinosi dirigera une nouvelle réalisation signée Lotte de Beer des Pêcheurs de Perles de Bizet avec Diana Damrau, Dmitry Korchak et Nathan Gunn dans les rôles principaux. An American Lulu d'Olga Neuwirth sera présentée en décembre; il s'agit d'une autre conclusion imaginée par la compositrice de la Theater an der Wien Dix nouvelles productions lyriques scanderont le programme annuel de ce théâtre historique qui a abrités les premières de La flûte enchantée de Mozart et de Fidelio de Beethoven. De nombreuses soirées de musique de chambre ou symphonique ainsi que des opéras donnés en versions de concert achèvent d'attirer un public toujours plus friand de nouveautés... baroques. La saison s'ouvre en septembre avec une rareté, la première représentation locale de Charodeyka (L'Ensorceleuse) de Tchaïkovski. La mise en scène est assurée par Christof Loy, la direction par Mikhail Taternmikov et la distribution, particulièrement fournie pour cet ouvrage, comprend les noms de Johannes Martin Kränzle, Agnes Zwierko, Maxim Aksenov, Martin Snell, Asmik Grigorian et Hanna Schwarz. Octobre verra les deux Iphigénie en Aulide et en Tauride de Gluck couplées à l'affiche pour une même soirée. Ekaterina Siurina sera l'héroïne en Aulide, Véronique Gens en Tauride. Michelle Breedt incarnera Clytermnestre et Christoph Pohl Agamemnon alors qu'après l'entracte, Rainer Trost et Stephane Degout seront Pylade et Oreste. La mise en scène est confiée à Torsten a c t u Adrian Eröd dans «The Tempest» au Staatsoper partition de Lulu de Berg restée inachevée dont la création a eu lieu au Komische Oper de Berlin il y a peu et où elle sera reprise également cet hiver. La production zurichoise de La straniera de Bellini avec Edita Gruberova refera un tour de piste viennois en janvier avant un nouveau triptyque fascinant consacré à l'écrivain français Beaumarchais : il débutera par Il Barbiere di Siviglia de Giovanni Paisiello (et non de Gioacchino Rossini!) dirigé en février par René Jacobs, mis en scène par Patrice Caurier et Moshe Leiser et où Pietro Spagnoli, Topi Lehtipuu et Mari Eriksmoen se partageront la vedette. En avril, Marc Minkowski reviendra pour une nouvelle réalisation des Nozze di Figaro de Mozart que signera Felix Breisach, la distribution alignant les noms d'Alex Esposito, Emöke Barath, Stéphane Degout, Christine Schäfer et Marianne Crebassa. Le triptyque s'achèvera en mai avec la première de la Mère coupable de Darius Milhaud confiée à la baguette de a l i t Leo Hussain avec Mireille Delunsch en Rosine, Markus Butter en Almaviva, Andrew Owens en León, Aris Argiris en Figaro et Angelika Kirchschlager en Susanna. Auparavant, mars aura vu la création mondiale de Geschichten aus dem Wiener Wald de HK Gruber sous la direction du compositeur et avec la complicité scénique que Michael Sturminger. On y aura retrouvé avec plaisir les noms d'Anja Silja et Angelika Kirchschlager aux côtés d'Eva Liebau et Daniel Schmutzhard. Parmi les versions de concert notables, signalons Tamerlano, Alcina, Hercules et Rinaldo de Haendel, Demofonte et La clemenza di Tito de Gluck, King Arthur de Purcell, CinqMars de Gounod ou encore Zaïs de Rameau!... Staatsoper Six nouvelles productions rejoindront l'immense répertoire du Staatsoper au cours du prochain hiver. Idomeneo de Mozart ouvre les feux le 5 octobre dans une production flambant neuve de Kasper Holten avec Christoph Eschenbach à la direction ainsi que Michael Schade, Margarita Gritskova, Maria Bengtsson et Chen Reiss dans les rôles principaux. Suivra en novembre une nouvelle Khovantchina confiée à Semyon Bychkov pour la direction et Lev Dodin pour la partie scénique. Ferrucccio Furlanetto, Christopher Ventris, Herbert Lippert, Elisabeth Kulman en seront les principaux interprètes (dès le 15). Rigoletto subira enfin un lifting scénique bienvenu le 20 décembre sous la baguette de Franz Welser-Möst et Pierre Audi à la régie. On y entendra Piotr Beczala en Duc de Mantoue, Erin Morley en Gilda et Simon Keenlyside en Rigoletto. L'an 2015 verra l'apparition au programme d'une nouvelle Elektra confiée à Franz WelserMöst et Uwe-Eric Laufenberg pour la mise en scène avec Anna Larsson en Klytämnestra, Nina Stemme en Elektra, Anne Schwanewilms en Chrysothemis et Falk Struckmann en Orest. Après un Don Pasquale de Donizetti en avril et mai 2015 que dirigera Jesus Lopez-Cobos et mettra en scène Irina brook avec Michele Pertusi, Juan Diego Florez et Valentina Nafornita, la ronde des productions nouvelles se terminera avec la première locale de The Tempest de Thomas Adès dirigée par le compositeur en personne dans la version que Robert Lepage a montée pour le Met de New-York. La distribution, entièrement refaite, comprend les noms de Stephanie Houtzeel, Adrian Eröd et David Daniels. Eric Pousaz é 49 s a i s o n s saison lyrique Milan La tenue de l'Exposition Universelle pendant les six mois de la belle saison à Milan marque de son empreinte le programme de la Scala. En effet, il n'y aura exceptionnellement pas de pause pendant l'été, pour que les visiteurs aient l'occasion de passer une soirée au frais dans ce magnifique théâtre climatisé... 50 Deux événements marquent cette première (et peut-être dernière) saison organisée par le nouveau et déjà fort discuté directeur Alexander Pereira qui a quitté ses fonctions au Festival de Salzbourg après seulement trois ans, après avoir brillamment fait ses preuves pendant plus de vingt ans à la tête de l'Opéra zurichois. La traditionnelle ouverture de gala du 7 décembre, jour de la Saint-Ambroise qui est le saint patron de la ville, verra Daniel Barenboïm monter pour la dernière fois sur le podium en tant que directeur général de la musique à Milan. Fidelio de Beethoven sera à l'affiche dans une nouvelle proposition scénique de Deborah Warner avec Anja Kampe, Klaus Florian Vogt et Peter Mattei dans les rôles principaux. En janvier, dans le cadre d'un premier accueil salzbourgeois, la Scala affichera les redoutables Soldaten de Zimmermann avec Ingo Metzmacher au pupitre (il fut le chef du dernier Ring genevois) et Laura Aikin en Marie. Deuxième nouvelle production de la saison dès le 15 février : Aida qu'aurait dû diriger Lorin Maazel sera finalement confié à Zubin Mehta, la mise en scène étant assurée par Peter Stein et la distribution alignant les noms de Kristin Lewis, Anita Rachvelishvili, Fabio Sartori, Carlo Colombara et Matti Salminen. Rolando Villazon chantera dans «Lucio Silla» © Felix Broede / DG Mars sera consacré à une reprise de Carmen avec Elina Garança dans le rôle titre avant la première de l'autre événement lyrique de la saison fixée au 1er mai, date qui coïncide avec l'ouverture de l'Expo : Turandot de Le 4 juillet, ce sera la première d'Otello de Rossini sous la direction de John Elliot Gardiner et dans une mise en scène de Jürgen Flimm, l'actuel patron du Staatsoper de Berlin. L'affiche, de nouveau, devrait attirer les foules avec les noms de Olga Peretyatko, Annalisa Stroppa, Gregory Kunde (tous trois bien connus des Lausannois), ainsi que la super-vedette du moment : Juan Diego Flórez. Pour matelasser l'affiche, on reverra Tosca dans la mise en scène de Luc Bondy dès le 22 juin avec Béatrice Uria-Monzon et Roberto Alagna, Il Barbiere di Siviglia de Rossini dans l'inusable production de Jean-Pierre Ponnelle et avec la participation de Leo Nucci et Ruggiero Raimondi dès le 27 juillet, La Bohème dans la mise en scène de Zeffirelli et sous la direction de Gustavo Dudamel dès le 19 août et L'elisir d'amore de Donizetti à partir du 18 septembre. La saison se terminera avec le Falstaff de Robert Carsen avec Nicola Alaimo dans le rôle titre (dès le 14 octobre) avant la création juste après Salzbourg de Fin de partie, le nouvel opéra de György Kurtag avec Marie-Ange Todorovitch et Jean-Sébastien Bou dans les rôles principaux et Ingo Metzmacher à la direction. Comme de coutume, la saison sera enrichie de nombreux spectacles chorégraphiques, qui rappellent à bon escient que Milan possède une des meilleurs compagnies de ballet d'Europe, et de non moins nombreux concerts confiées aux baguettes les plus célèbres du moment. Deux reprises d'autres théâtres viennent enrichir le programme de ce mois inhabituellement riche pour Milan : ce sera d'une part L'incoronazione di Poppea de Monteverdi, montée pour Paris la saison dernière par Bob Wilson avec Rinaldo Alesandrini à la direction et Miah Persson, Monica Bacelli, et Sara Mingardo sur scène, et d'autre part la production salzbourgeoise de Lucio Silla, un opéra que le jeune Mozart a écrit expressément pour un théâtre milanais, avec Marc Minkowski à la direction et Lenneke Ruiten, Inga Kalna, Eva Liebau, Rolando Villazón ainsi que Kresimir Spicer dans les rôles principaux. a Puccini sera dirigé par le nouveau chef attitré de la maison, Riccardo Chailly. La mise en scène est assurée par Nikolaus Lehnhoff alors que le rôle de la princesse de glace sera confié à Nina Stemme et celui de Calaf, son audacieux prétendant à Aleksandrs Antonenko, Lucia di Lammermoor avec Diana Damrau et Vittorio Grigolo (28 mai) sera suivie de Cavalleria rusticana (12 juin) avec Jonas Kaufmann et Elina Garanca, une œuvre courte couplée comme le veut la tradition avec I pagliacci où brilleront Fiorenza Cedolins et Marco Berti; le théâtre devrait faire salle comble avec cette poignée de noms célèbres qui fera la joie des estivants avides de vedettes. Eric Pousaz Plus d’informations sur : http://www.teatroallascala.org/e Laura Aikin sera la Marie des «Soldaten» © Gérard Amsellem c t u a l i t é s a i s o n s saisons lyriques Londres La capitale du Royaume-Uni vit toujours au rythme de ses deux maisons d'opéra malgré les difficultés financières qui minent les budgets alloués à la culture. A vrai dire, c'est surtout l'English National Opera qui voit son audience diminuer à la suite de mise en scènes dont les parti-pris esthétiques plutôt extrêmes (appelé ici eurotrash) ont fait fuir bon nombre de spectateurs fidèles... Covent Garden Légèrement moins audacieux que de coutume, le programme de la future saison au Covent Garden promet tout de même quelques belles surprises aux 'lyricophiles'. Parmi les nouvelles productions locales, il convient de citer I due Foscari, un opéra de jeunesse de Verdi qu'une approche superficielle pourrait faire considérer comme une esquisse du futur Simon Boccanegra. Le spectacle, coproduit avec le Los Angeles Opera, permettra à l'inusable Placido Domingo de se présenter aux Londoniens dans un nouveau rôle de baryton à partir du 14 octobre. Autre nouvelle production, nettement plus exigeante : dès le 3 novembre, Idomeneo de Mozart dirigé par Minkowski sera mis à l'affiche dans une mise en scène de l'iconoclaste Martin Kusej avec Matthew Polenzani en Idomeneo, Malin Byström en Elettra et le contre-ténor Franco Fagioli en Idamante. Suivra un nouveau Ballo in maschera de Verdi conduit par Daniel Oren avec Joseph Calleja en Ricardo. L'Orfeo de Monteverdi, présenté avec de jeunes chanteurs dans une petite salle annexe précédera l'événement que tout le monde attend : Andrea Chenier de Giordano, revisité par David McVicar, qui permettra au public anglais de retrouver Jonas Kaufmann dans une prise de rôle prometteuse dès le 20 janvier ; il sera entouré par Eva-Maria Westbroek et Zejlko Lucic et la direction est entre les mains du directeur général de la musique, Antonio Pappano. Les trois derniers rhabillages scéniques de la saison sortent plus nettement de l'ordinaire. Ce sera d'abord, dès le 10 avril, Grandeur et Décadence de la ville de Mahagonny de Brecht et Weill avec Anne Sofie von Otter et Kurt Streit en têtes d'affiche dans un spectacle signé de John Fulljames; puis ce sera le rare Roi Roger de Szymanowski, mené à la baguette par Antonio Pappano avec le direc- a c t u années (à partir du 1er mai 2015). Enfin, une production quasi intégrale de Guillaume Tell en français attend les spectateurs dès le 29 juin sous la direction de Pappano toujours avec Gerard Finley dans le rôle titre et une mise en scène de Damiano Michieletto (auteur du dernier Barbier de Séville à Genève), il sera entouré de Malin Byström et John Osborn. Parmi les reprises intéressantes, il convient de retenir surtout celle d'Anna Nicole de Turnage, dont la création a eu un succès retentissant ici même en février 2011, du Vaisseau fantôme de Wagner avec Bryn Terfel et Adriana Pieczonka en février et celle du Falstaff de Verdi dans la mise en scène de Robert Carsen (également présente à l'affiche de la Scala milanaise) avec Ambrogio Maestri en juillet. Et l'on ne compte pas les reprises innombrables des tubes que sont La flûte enchantée, Rigoletto, Traviata et autres Bohème. English National Opera Malin Byström © Peter Knutson à Covent Garden teur de la maison Kasper Holten à la régie et l'incomparable Marius Kwiecien, déjà présent à Paris dans ce rôle complexe il y a quelques Le programme de la compagnie sœur est moins fourni et s'étend sur une période plus courte, mais il n'est pas moins intéressant.. Après un Otello verdien et un Serse haendelien en septembre, tous deux en langue anglaise, ce sera The Girl Of The Golden West de Puccini qui sera mise à l'affiche dès le 2 octobre dans une mise en scène de Richard Jones et une distribution prometteuse (la “walkyrie“ Susan Bullock en Minnie, notamment) réunie sous la baguette de Keri-Lynn Wilson. Après Mozart (Figaro) et Puccini encore (Bohème) ce sera, le 21 novembre, la création de The Gospel According To The Other Mary, le nouvel opéra de John Adams. La mise en scène est assurée par le très controversé Peter Sellars, alors que la direction est confiée à Joana Carneiro, Mary Magdalena étant incarnée par Patricia Bardon. Suivra une reprise des superbes Mastersingers Of Nuremberg, un autre travail scénique captivant de Richard Jones (7 février) avant quelques Traviata et enfin une inattendue Indian Queen de Purcell dès le 26 février dans la mise en scène de Peter Sellars déjà présentée au Teatro Real de Madrid (dès le 26 février). De nombreuses reprises du Lac des Cygnes et Casse-Noisette occuperont la scène pendant la fin de l'année en compagnie d'un spectacle pour enfants, The Way Back Home. Eric Pousaz Plus d’informations sur : http://www.roh.org.uk/ http://www.eno.org/ Adrian Dwyer à L’English National Opera a l i t é 51 s a i s o n s saison lyrique Avignon Avec Mireille et Hamlet, le répertoire français est à nouveau à l’honneur à l’Opéra Grand Avignon, à égalité avec les ouvrages italiens. C’est donc avec la Mireille de Charles Gounod, dans la production très provençale de Robert Fortune, que démarre fin novembre la saison lyrique avignonnaise. On retrouve dans les rôles principaux Nathalie Manfrino (Mireille) et Florian Laconi (Vincent), qui avaient vaillamment défendu l’ouvrage en 2010 aux Chorégies d’Orange, aux côtés cette fois de Sylvie Brunet-Grupposo (Taven) et Marc Barrard (Ourrias), sous la baguette d’Alain Guingal. 52 La Belle Hélène est au programme des fêtes de fin d’année – Julie Robard-Gendre, Antoinette Dennenfeld, Stanislas de Barbeyrac, Marc Barrard, mise en scène de Jérôme Savary, direction musicale de Dominique Trottein –, puis en janvier c’est Don Pasquale qui sera proposé, dans la production d’Andrea Cigni : Simone del Savio dans le rôletitre, Anna Sohn en Norina, Roberto Fores Veses au pupitre. Cyrille Dubois sera Coelio des «Caprices de Marianne» © DR Suite de la séquence italienne en février avec La Bohème – Brigitta Kele (Mimi), Florian Laconi (Rodolfo), Balàzs Locsàr (direction musicale), Nadine Duffaut (production) – puis Simon Boccanegra en mars dans une distribution vocale très prometteuse : George Petean (Simon), Barbara Haveman (Amelia), le chef Alain Guingal et la production de l’Opéra de Tours signée de Gilles Bouillon. A la suite de son premier projet lancé en 2008 sur le Viaggio a Reims, le Centre Français de Promotion Lyrique renouvelle l’expérience avec Les Caprices de Marianne d’Henri Sauguet, montés en coproduction avec 15 maisons d’Opéras, défendus par une distribution de très grande valeur, Zuzana Markova (Marianne) et Cyrille Dubois (Coelio) en tête, dirigés par Claude Schnitzler. Enfin Hamlet d’Ambroise Thomas début mai est le rendez-vous particulièrement attendu avec deux artistes au plus haut : Patrizia Ciofi (Ophélie) et Jean-François Lapointe (Hamlet), le chef Jean-Yves Ossonce spécialiste du répertoire français, dans la production de Vincent Boussard déjà vue à Marseille ces dernières années. Un autre opéra est au programme (le 3 juin), mais on ne connaît pas son titre à ce jour, lauréat à venir du prochain Armel Opera Competition and Festival en Hongrie, ainsi que plusieurs concerts comme le Requiem de Mozart dirigé par Leonardo García Alarcón début octobre, ou Messiah de Haendel fin mars. François Jestin Barbara Haveman sera Amelia de «Simon Boccanegra» © DR a c Plus d’informations sur : www.operagrandavignon.fr t u a l i t é s a i s o n s saison lyrique Lyon Une nouvelle saison de l'Opéra de Lyon réserve toujours des surprises. Mais cette année, si l'on reste curieux de découvertes musicales et scéniques, on ne peut s'empêcher de s'y sentir en terrain connu… … voire d'y trouver un air de déjà-vu, au fil de fidélités avec des metteurs en scène qui reviennent avec régularité. Comme l'an passé on retrouvera ainsi La Fura dels Baus (Le Vaisseau fantôme), Christophe Honoré (Pelléas et Mélisande), David Marton (Orphée et Eurydice), David Boesch (Les Stigmatisés), Jean Lacornerie (au Théâtre de la Croix-Rousse) et Olivier Py (reprise de Carmen). Confirmé dans ses fonctions après son départ raté pour Dresde, Serge Dorny a construit la programmation de 12ème saison à Lyon sur le thème Au-delà du réel : « J'ai souhaité donner toute sa place à la création, aux nouvelles écritures scéniques et théâtrales, aux nouvelles générations d'artistes, et donner aux oeuvres une résonance avec l'actualité ». C'est aussi tout son talent de réunir des équipes musicales cohérentes et jeunes, qui reviennent souvent à l’opéra de Lyon, et qui finissent par former une sorte de troupe d’habitués. Et de nous donner l'occasion de découvrir de belles voix, de jeunes chefs, et quelques curiosités : une production de Stephan Herheim pour la première fois en France, Rusalka, la création d'Idomeneo de Martin Kušej, un Roméo et Juliette de Boris Blacher, un opéra hyper technologique de Michel van der Aa, et autres raretés... Ouverture de la saison le 11 octobre avec Le vaisseau fantôme de Wagner qui viendra s'échouer dans les cimetières de bateaux et des restes rouillés de notre industrialisation occidentale. S'inspirant “des épaves rouillées démontées sur les chantiers en Inde ou au Bangladesh“ ou encore des “populations comme les Roms, qui survivent en marge des grandes cités“, le catalan Alex Ollé (de retour après un Tristan et Isolde qui avait marqué les mémoires) nous réserve à coup sûr une lecture choc et contemporaine de cet univers à la fois archaïque et moderne, dans la tradition des spectacles de la Fura dels Baus, grands acrobates de l'image et poètes de la scène. Sous la baguette de Kazushi Ono (qui avait superbement dirigé Parsifal il y a deux ans). Suivra en décembre Rusalka, l'opéra féerique de Dvorak, revu de manière réaliste dans une mise en scène du Norvégien Stefan Herheim qui plongera le spectateur dans “un univers urbain séduisant et inquiétant“. Basée sur un conte de Bohême qui rappelle la Petite Sirène d'Andersen, l'histoire triste de la nymphe qui veut devenir mortelle, victime de l'indifférence des hommes, prendra place sur les trottoirs du monde froid et cruel d'une ville d'Europe centrale. A la baguette, le jeune chef d'orchestre russe Konstantin Chudovsky. En décembre toujours mais au théâtre de la Croix-Rousse, place à une comédie musicale, adaptée et mise en scène pour la première fois en français par Jean Lacornerie il y a deux ans, avec la collaboration de l’Orchestre et de la Maîtrise de l’Opéra de Lyon : Le Roi et Moi de Rodgers (La Mélodie du bonheur) et Hammerstein, un des grands classiques du music-hall de Broadway. En janvier-février, l'Autrichien Martin Kušej sera pour la première fois à l'Opéra de Lyon dans Idomenée de Mozart. Une belle occasion de (re)découvrir ce premier des grands opéras de Mozart, longtemps considéré comme une œuvre mineure, par celui que l'on présente comme un des plus a c t u a l «Carmen», copyright Stofleth grands maîtres de la scène actuels. Puis viendra en février-mars Roméo et Juliette de Boris Blacher, mis en scène par Jean Lacornerie, un opéra de chambre aux échos de cabaret berlinois, composé sous le IIIe Reich par un compositeur allemand peu connu, inscrit dans le courant de l'avant-garde berlinoise aux côtés de Paul Hindemith et de Kurt Weil, avant que sa musique ne soit classée comme dégénérée par les nazis. Du 13 au 29 mars, le festival thématique aura comme thème pour le moins ésotérique les Jardins mystérieux, déclinés dans trois opéras, dont deux curiosités : Les Stigmatisés, une œuvre de l’Autrichien Franz Schreker écrite en 1918, qui connut un énorme succès, mais dont l’auteur, considéré par certains comme le plus digne héritier de Wagner, sera lui aussi considéré comme un “compositeur dégénéré“. Avec David Boesh qui signe sa deuxième mise en scène à Lyon, accompagné au pupitre par un jeune chef d'orchestre, Alejo Perez. Autre nouveauté : Le jardin englouti, du Néerlandais Michel van der Aa. A la fois compositeur, metteur en scène et vidéaste, Van der Aa invitera les spectateurs à chausser des lunettes 3D, pour un spectacle qui “n'aura rien d'un gadget visuel“, mais qui “ambitionne plutôt d'être, poursuivant la démarche de Wagner, l'œuvre d'art totale du XXIème siècle“, dans “une subtile fusion du cinéma, du théâtre et de l'opéra“, sans hésiter à s'emparer de musiques comme la house et la disco. Puis place au répertoire avec Orphée et Eurydice de Gluck, mis en scène par David Marton. Le pianiste et metteur en scène d'origine hongroise vivant à Berlin, revient à Lyon pour s'emparer du célèbre mythe interrogeant sur “l'adieu et la séparation“, avec le spécialiste du baroque Enrico Onofri à la baguette. Du 30 avril au 17 mai, reprise de Carmen, créée par Olivier Py il y a seulement deux saisons à Lyon, avec une mise en scène en rupture avec les espagnolades pour ressourcer l'œuvre à ses origines féministes et révolutionnaires, dans le monde sombre des interdits et de la transgression. Et une nouvelle (meilleure ?) distribution : Kate Aldrich sera cette Carmen de music-hall, Arturo Chacon-Cruz (Werther à Lyon dans la mise en scène de Rolando Villazon) Don José, Jean-Sébastien Bou (Claude l’an dernier) Escamillo. L’orchestre sera dirigé par Riccardo Minasi, spécialiste du répertoire baroque qui succède au pupitre à un autre spécialiste, Stefano Montanari. En juin, dernier opéra de la saison : après le Dialogue des carmélites de Poulenc l’an dernier, le cinéaste Christophe Honoré s'attaque au Pelléas et Mélisande de Claude Debussy dans une mise en scène qui fait un lien entre Mélisande et Phèdre. Côté ballet, la saison chorégraphique fait la part belle aux grands classiques contemporains - William Forsythe, Benjamin Millepied, Anne Teresa de Keersmaeker, Maguy Marin - comme aux jeunes créateurs et chorégraphes émergents. Et pour clore la saison, le Ballet reprend Atvakhabar Rhapsodies, créé en 2013 pour la compagnie lyonnaise par Karl Biscuit et Marcia Barcellos de Système Castafiore, qui avait eu tous les honneurs de la presse et du public. Christine Ramel Informations/réservations : + 33 4 69 85 54 54 / www.opera-lyon.com i t é 53 s a i s o n s Marseille 54 Parmi quelques grands titres du répertoire cette saison, un opéra en version de concert… mais quel opéra puisqu’il s’agit de Moïse et Pharaon de Rossini, servi par une distribution de rêve ! Absente de la scène phocéenne depuis 1967, c’est d’abord La Gioconda de Ponchielli qui ouvrira le bal en octobre, dans la production de Jean-Louis Grinda : Micaela Carosi et Elena Popovskaya en alternance dans le rôle-titre, Béatrice Uria-Monzon (Laura) et Fabrizio Maria Carminati pour la direction musicale. Après un récital Juan Diego Florez (le 5 octobre) puis deux représentations d’un opéra chinois – La Légende du Serpent blanc –, la version concertante de Moïse et Pharaon est donc attendue avec gourmandise début novembre. Quelle excitation alors de voir côte à côte – et d’écouter ! – les deux belcantistes d’exception que sont Mariella Devia (Sinaïde) et Annick Massis (Anaïde), entourées par Ildar Abdrazakov (Moïse) et Jean-François Lapointe (Pharaon), sous la baguette de Paolo Arrivabeni. Il est à noter qu’une représentation du Mosè de Giovanni Paolo Colonna sera proposée autour du Moïse rossinien, tout comme Le Philtre de Daniel-François-Esprit Auber donné en écho à l’Elisir d’Amore de Donizetti fin décembre, avec Inva Mula (Adina) et Paolo Fanale (Nemorino) distribués dans les rôles principaux, dans une production du Capitole de Toulouse, signée d’Arnaud Bernard. Après Les Caprices de Marianne d’Henri Sauguet à partir de fin janvier (même spectacle qu’à Avignon fin avril), une nouvelle production de Tosca sera montée en mars, sous la maîtrise d’œuvre de Louis Désiré, avec Adina Aaron dans le rôle-titre et Fabrizio Maria Carminati au pupitre. Le metteur en scène Charles Roubaud adaptera ensuite la production qu’il avait réalisée pour le Théâtre Antique d’Orange en 2013 du Fliegende Holländer, rassemblant une distribution vocale prometteuse – Ricarda Merbeth (Senta), Andrzej Dobber (Holländer), Kurt Rydl (Daland) –, puis la saison s’achèvera en juin avec le Falstaff de Verdi et l’incontournable Nicola Alaimo dans le rôle-titre, aux côtés de Patrizia Ciofi (Alice), Sabine Devieilhe (Nanetta), Jean-François Inva Mula © DR Lapointe (Ford), ces deux derniers opéras étant placés sous la direction du chef Lawrence Foster. A retenir encore un concert Bellini / Donizetti (le 13 février) rassemblant les deux cantatrices Patrizia Ciofi et Clémentine Margaine. http://opera.marseille.fr/. Montpellier Une petite programmation pour la première année de Valérie Chevalier au poste de Directrice générale. Après les fastes – et très vraisemblablement coûts et surcoûts en conséquence ! – des années du directeur général Jean-Paul Scarpitta, on revient assez brusquement à ce qui semble constituer une saison de transition, comprenant 5 spectacles lyriques. Après son opus Jetzt en 2012 (jumelé avec What next ? d’Eliott Carter), le compositeur allemand Mathis Nitschke propose en nouvelle création mondiale Happy Happy, opéra en un acte pour a c t soprano (Karen Vourc’h), chœur mixte, orchestre et électronique, avec Urs Schönebaum à la mise en scène comme il y a deux ans. Pour les fêtes de fin d’année, c’est Idomeneo qui est programmé – Sébastien Rouland (direction), JeanYves Courrègelongue (production), Brendan Tuohy dans le rôle-titre –, avant L’Enfant et les sortilèges fin février, produit par et avec les artistes d’Opéra Junior (direction musicale de Jérôme Pillement). Dans le deuxième titre mozartien début avril, La Clemenza di Tito, Brendan Tuohy défendra à nouveau le rôle-titre, aux côtés entre autres de Marie-Adeline Henry (Vitellia), Antoinette Dennefeld (Annio), sous la Brandan Tuohy baguette de Julien Masmondet, mise en scène de Jorinde Keesmaat, puis la saison se conclut par une double-affiche Wesendonck Lieder / Le Château de Barbe-Bleue, rassemblant Angela Denoke (Judith) et Jukka Rasilainen (Barbe-Bleue), le chef Pavel Baleff, et Jean-Paul Scarpitta pour la production. A noter encore un récital de Krassimira Stoyanova (le 10 avril), ainsi que la présence de Sandrine Piau dans un concert Rameau le 10 octobre, avec Jérôme Correas et l’ensemble Les Paladins. http://www.opera-montpellier.com Toulouse Un parcours entre Rameau et le 21ème siècle, en passant notamment par Verdi, Britten, Wagner, la nouvelle saison du Capitole propose un vaste panorama lyrique. En guise d’ouverture, Un Ballo in maschera de Verdi sera défendu par un habitué des Arènes de Vérone, le chef Daniel Oren, en présence du remarquable ténor Dmytro Popov (Riccardo) et Keri Alkema (Amelia), dans une nouvelle production de Vincent Boussard. Viendront ensuite deux ouvrages de Britten, Owen Wingrave et The Turn of the screw, au choix soit individuellement, soit les deux opéras dans une même soirée pour les spectateurs les plus mordus : David Syrus (direction musicale), Walter Sutcliffe (mise en scène), Dawid Kimberg (Owen Wingrave), Anita Watson (la Gouvernante). Après la zarzuela Doña Francisquita pour les fêtes de fin d’année dans la réalisation visuelle d’Emilio Sagi, une autre production du Capitole sera reprise, celle de Nicolas Joel pour Tristan und Isolde, rassemblant Robert Dean Smith (Tristan), Elisabete Matos (Isolde), Hans-Peter Koenig (Marke), sous la baguette de Claus Peter Flor. Retour au siècle des Lumières pour l’opus ramiste Castor et Pollux – Christophe Rousset et son ensemble des Talens Lyriques, et Marianne Clément à la mise en scène –, avant de passer à notre époque pour l’opéra Massacre de Wolfgang Mitterer (créé en 2003), puis en juin La Guerre des boutons de Philippe Servain (création en 1996), spectacle à destination du jeune public. Avant cette clôture de saison, Les Fiançailles au couvent de Prokofiev seront reprises dans la production de Martin Duncan, vue en 2011, Tugan Sokhiev étant placé au pupitre, puis Turandot sera montée dans une nouvelle réalisation imaginée par le sulfureux Calixto Bieito, avec Elisabete Matos dans le rôle-titre, Alfred Kim en Calaf et le chef Stefan Solyom. www.theatreducapitole.fr François Jestin u a l i t é s a i s o n s saison lyrique saison lyrique Monte-Carlo Nice Petit tour du monde à l’Opéra de Monte-Carlo avec un subtil équilibre entre répertoires français, italien, russe, allemand… et les débuts in loco de la star Anna Netrebko. Après quelques années tourmentées, il semble bien que l’Opéra de Nice frappe un grand coup cette saison, avec des ouvrages rares à ne pas manquer. Pour l’ouverture officielle de la saison, calée comme chaque année sur la fête nationale monégasque (le 19 novembre), c’est Roméo et Juliette de Gounod qui est proposé au Grimaldi Forum, mis en scène par Jean-Louis Grinda et dirigé par Laurent Campellone, avec Paolo Fanale et Anne-Catherine Gillet en amoureux véronais. Nouvelle réalisation visuelle également réglée par le directeur général de la maison pour le Guillaume Tell en janvier, sous la baguette de Gianluigi Gelmetti, en compagnie d’un appétissant trio vocal : Nicola Alaimo (Guillaume), Annick Massis (Mathilde), Celso Albelo (Arnold). Les distributions sont tout aussi relevées pour le diptyque qui suit en février, Eine florentinische Tragödie (production Daniel Benoin) jumelée avec Pagliacci (production Grinda) : Zoran Todorovich, Samuel Youn, Barbara Haveman dans l’ouvrage de von Zemlinsky, et pas moins que Marcelo Alvarez et Leo Nucci pour servir l’opéra de Leoncavallo, Pinchas Steinberg étant placé au pupitre. Après un somptueux Don Giovanni en mars – Erwin Schrott et Adrian Sampetrean en maître / valet, Patrizia Ciofi (Anna), Sonya Yoncheva (Elvira), direction Paolo Arrivabeni –, les spectateurs sont conviés en avril à la séquence Erwin Schrott © DR russe de la saison, avec d’abord le morceau de choix Lady Macbeth de Mtsensk de Chostakovitch : la bouillonnante Nicola Beller Carbone pour défendre le rôle meurtrier (à tous points de vue) de Katerina, Nikolai Poutiline, Misha Didyk, le chef Jacques Lacombe, production de Marcelo Lombardero, dont le Macbeth réalisé pour l’Opéra de Nice il y a quelques années était très réussi. Cerise sur le gâteau, le 21 juin lors d’un unique concert, la venue d’Anna Netrebko dans le rôle-titre de Iolanta de Tchaïkovski, entourée de Vitalij Kowaljow, Lucas Meachem, dirigée par Emmanuel Villaume. Se produiront également en concert Natalie Dessay, Christophe Dumaux, Emmanuelle Haïm et le Concert d’Astrée, dans des extraits de Giulio Cesare de Haendel, José Cura pour une soirée argentine, la basse Kwangchul Youn dans le Winterreise, et la soprano Diana Damrau lors d’un gala de belcanto. Plus d’informations sur : www.opera.mc Le programme débute par deux représentations de concert en octobre des Vêpres siciliennes de Verdi, grand opéra français en 5 actes donné ici dans sa version originale, qui marque le retour au pupitre de l’ancien directeur musical niçois Marco Guidarini, avec Anna Kasyan (Hélène), Marcello Giordani (Henri), Davide Damiani (Montfort), Kihwan Sim (Procida). Après une Turandot mise en scène par Federico Grazzini, dirigée par Roland Boer, chantée entre autres par Irina Rindzuner (Turandot) et Alfred Kim (Calaf), c’est le chef-d’œuvre de Britten, Peter Grimes qui sera proposé au mois de janvier, dans la production de Marc Adam, directeur artistique de l’Opéra de Nice, défendu par John Graham Hall (Peter), Fabienne Jost (Ellen Orford), sous la baguette de Bruno Ferrandis. François Jestin Question à Jean-Louis Grinda, Directeur général de l’Opéra de Monte-Carlo en place depuis 2007 : Mettez-vous un spectacle en avant au sein de votre nouvelle saison ? La saison de Monte-Carlo, plutôt ramassée dans le temps, est une saison d’opéra qui ressemble à un festival. Ce qui m’intéresse d’abord, c’est ce qu’il y a de nouveau, c’est-à-dire ce qu’on a encore jamais vu ici à l’Opéra. Ma philosophie est que je suis un bibliothécaire, je fais relire les grands chefs-d’œuvre, et de temps en temps j’ajoute quelques livres ! Ce sera notamment le cas de Lady Macbeth de Mtsensk, et La Tragédie florentine qui est un chefd’œuvre total. Et puis il ne faut pas oublier Erwin Schrott dans Don Giovanni et l’Himalaya que représente Guillaume Tell ! Mais Roméo et Juliette ne devrait pas être mal non plus, et Iolanta avec Netrebko devrait aussi bien se passer ! L’Opéra de Monte-Carlo a certes vocation à attirer de grands noms, mais ces artistes viennent ici d’abord parce qu’ils savent qu’on va réaliser un travail qui les intéresse, dans ce lieu exceptionnel qu’est la Salle Garnier, et ils ne recherchent pas le cachet à tout prix. a c t u a l i Anna Kasyan Mozart n’est pas oublié, avec un Cosi fan tutte réunissant Roland Kluttig au pupitre et Karen Stone pour la mise en scène (Nathalie Manfrino en Fiordiligi), puis viendra Rossini et sa Semiramide en version scénique (réglée par Jakob Peters-Messer), dirigée par George Petrou, très crédible la saison dernière dans Semele de Haendel. Autre monument du répertoire lyrique pour conclure la saison au mois de mai, La Juive d’Halévy, avec Hélène Le Corre (Eudoxie), Cristina Pasaroiu (Rachel), Luca Lombardo (Eléazar), Roberto Scandiuzzi (Brogni), sous la direction de Frédéric Chaslin, dans la production de Gabriele Rech. François Jestin Plus d’informations sur : www.opera-nice.org t é 55 s a i s o n s saison lyrique du metropolitan opera New York En cause, la politique artistique jugée trop dispendieuse du directeur Peter Gelb puisque le budget de la scène new yorkaise est passé depuis son arrivée en 2006 de 222 millions de dollars à 327 millions de dollars en 2013. Il semble donc que, suite à ce conflit, le budget des prochaines saisons sera revu à la baisse et que des sacrifices ont été acceptés par les 2300 employés (dont la moitié environ à temps partiel), sans compter que l'appel aux habituels Le Nozze di Figaro (Levine-Eyre) en octobre et décembre La Bohème (Frizza-Zeffirelli) d'octobre à janvier Macbeth (Luisi-Noble) – en octobre Carmen (Heras-Casado/Langrée-Noble) en octobre Die Zauberflöte (Fischer-Taymor) en octobre et novembre The Death of Klinghoffer (Robertson-Morris) La Traviata (Armiliato-Decker) en décembre et janvier Hänsel und Gretel (Davis-Jones) en décembre et janvier The Merry Widow (Davis/Luisi-Stroman) de décembre à mai Les Contes d'Hoffmann (Abel/Levine-Sher) de janvier à mars Iolanta / Le Château de Barbe bleue (Gergiev/Smelkov-Trelinski) en janvier et février Don Giovanni (Gilbert-Grandage) en février et mars La Donna del lago (Mariotti-Curran) en février et mars Manon (Villaume-Pelly) en mars Lucia di Lammermoor (Benini-Zimmermann) en mars et avril Ernani (Levine-Samaritani) en mars et avril Don Carlo (Nezet-Séguin-Hytner) en mars et avril Olga Borodina sera Amneris de «Aida» en alternance avec Violetta Urmana © Philipps Classics Ramon Vargas sera Rodolfo dans «La Bohème» en alternance avec Bryan Hymel © Adolfo Perez Butron Joyce DiDonato sera «La Donna del Lago» aux côtés de Juan Diego Florez © Virgin Classics mécènes ne risque pas de cesser si l'on considère que la part des subventions du service public se monte à 0,1 % de ce budget 2014-15. Place donc à nouveau aux grandes voix et aux mises en scène désormais plus en phase avec la création contemporaine, à l'exception notable de l'insubmersible Bohème de Franco Zeffirelli que les amateurs de tradition retrouveront régulièrement jusqu'en janvier 2015. en octobre et novembre Aida (Armiliato/Domingo-Frisell) d'octobre à avril Lady Macbeth de Mzensk (Conlon-Vick) en novembre Il Barbiere di Siviglia (Mariotti-Sher) – en novembre et décembre Die Meistersinger von Nurnberg (LevineSchenk) en décembre Cavalleria rusticana/Pagliacci (LuisiMcVicar) en avril et mai Un Ballo in maschera (Levine-Alden) en avril et mai The Rake's progress (Levine-Miller) en mai Bonne nouvelle pour les amateurs de vols transatlantiques ainsi que pour les fans de retransmissions d'opéras dans les salles obscures, la saison 2014-15 se déroulera normalement après la conclusion d'accords avec des syndicats qui annonçaient pourtant leur volonté d'envisager un sérieux conflit mettant en péril la saison 2014-15 au point qu'une fermeture de la salle du Lincoln Center avait pu être envisagée. 56 a c t u a Frank Fredenrich http://www.metopera.org/ l i t é t h é â t théâtre de carouge et théâtre kléber-méleau Mon Faust Avec Philippe Mentha, on ne sait plus quel homme on a en face de soi : le metteur en scène de Mon Faust ? le co-fondateur avec François Simon du Théâtre de Carouge ? le comédien qui endossera le rôle de Faust ? le directeur qui lâchera les rênes du Théâtre Kléber-Méleau en juin 2015 ? Pour l’heure, Philippe Mentha, l’œil perçant et le propos malicieux autant que précis, met en scène la pièce inachevée de Paul Valéry à Carouge avant qu’elle n’aille à Kléber-Méleau. On viendra cependant voir Philippe Mentha aux manettes mais également sur scène puisqu’il endossera le rôle de Faust. Philippe Mentha le comédien, Faust le personnage, Paul Valéry l’écrivain : un jeu de miroirs et de doubles fascinant. Interview. Paul Valéry est un écrivain et poète secret, oublié ou méconnu aujourd’hui ; qu’est-ce qui vous a conduit jusqu’à lui ? 58 D’abord des souvenirs de collège, quand il était encore étudié. Puis la lecture de Mon Faust dans les années septante, lecture oubliée mais restée en arrière-plan comme il arrive souvent au fil de nos lectures. Dans les années nonante, j’ai relu Monsieur Teste (livre culte du mouvement surréaliste, ndlr), qui m’a ramené à Paul Valéry. Les textes nous accompagnent dans l’ombre et séduisent plus ou moins et tout à coup il arrive que l’on revienne à l’un d’entre eux. Les déclencheurs ont été dans ce cas précis Michel Jarrety qui a écrit il y a six ans plus de mille six cents pages sur Paul Valéry et la biographie très récente par Benoît Peeters. Mais le chemin vers l’œuvre reste une approche très personnelle. On monte une œuvre pour voir ce qu’il y a dedans et se lancer est toujours une aventure. Au début on ne sait pas pourquoi. On risque de couler ou d’émerger face à cet iceberg. Le mythe de Faust, les concepts de Bien et de Mal sont-ils encore aussi prégnants qu’ils ont pu l’être ? En tenez-vous compte dans votre approche du texte ? Non, car mon but est de faire aimer le théâtre. Par ailleurs, il n’est pas exact de dire que le Bien et le Mal ne font plus partie de notre époque : les médias se font l’écho quotidiennement de bonnes ou de mauvaises actions. On trouve partout des exemples de Mal déguisé, à la différence près qu’on aime aujourd’hui classifier et opposer : c’est d’un côté mère Teresa et l’abbé Pierre, de l’autre les assassins et les crapules, e r e seul retrouvé le chaos initial pendant que Méphisto n’a fait que se reposer dans la paresse de son éternité. Il ne faudrait cependant pas voir la pièce comme une dissertation philosophique. C’est un jeu parcouru par l’humour, une fantaisie, une « comédie ». Paul Valéry écrit à la fin de sa vie un texte sur Faust qui veut écrire sur sa vie et ne le fait pas car ce n’est qu’une envie sur le plan des idées. Le savant veut dicter à sa secrétaire Lust (joie, plaisir en allemand) un mélange de vrais et faux souvenirs mais abandonne très vite, comme Paul Valéry abandonne sa pièce – plus qu’il ne la laisse inachevée – comme on abandonne sa vie. Dans le deuxième acte, c’est le soir, comme c’est le soir de la vie de l’auteur. Pour conclure sur le mythe de Faust, la légende fait surtout cadeau à Paul Valéry d’une re-création et l’auteur en échange fait cadeau d’une nouvelle existence à son personnage. Il n’y pas de création ex nihilo : on recrée, on varie à partir d’autres matériaux. Que diriez-vous du personnage de Lust ? Quelle différence avec la Marguerite de Goethe ? Philippe Mentha © Philippe Maeder sans rien entre deux. On entend les médias dire que tel assassin était pourtant un bon père de famille, comme si l’ambiguïté n’existait pas. On croit être sorti du moyen âge où les puissants et l’Eglise représentaient le Bien, et les voleurs et les pauvres le Mal. Pourtant les superstitions ont la vie dure. Il n’y a qu’à voir le débat en France autour de la laïcité qui ne devrait pas tout autoriser, selon certains, y compris sur une scène de théâtre. On présente généralement Mon Faust comme une inversion du mythe, Faust étant celui qui sollicite Méphistophélès. Il ne s’agit pas selon moi d’un pacte inversé car il ne mène nulle part. Faust emmène Méphisto et Lust dans divers lieux du monde, de même que l’auteur voyage dans un monde imaginaire, enchanté, magique grâce à la présence de Méphisto. Il lui montre le mal que peuvent faire les hommes (l’atome, la guerre, le nationalsocialisme, l’extermination), ce qui fait du prétendu Malin un personnage de conte dépassé. Or Paul Valéry ne croit ni Dieu ni Diable. L’homme est libre et responsable de ses actes, il a donc tout n t r e C’est la secrétaire de Faust, donc sa muse ou son inspiratrice, femme désirable qui le détourne de son objectif. Elle fait renaître les souvenirs, vrais ou faux, avec toute l’ambiguïté que cela recouvre. Il n’y a là rien de vraiment autobiographique de la part de l’auteur : il reprend une vie de Faust à qui il prête une vie de plus, le disciple étant le jeune Faust. On peut néanmoins évoquer cette nuit de Gênes où le jeune Valéry de vingt-et-un ans a abjuré l’amour et la poésie. Il lui a fallu très longtemps pour y revenir. La pièce est donc un miroir imaginaire de l’esprit et des souvenirs de Paul Valéry. Vous avez choisi d’interpréter le rôle de Faust ; cela ajoute-t-il à la difficulté ou au plaisir de votre travail de metteur en scène ? Jusqu’à Brecht, une longue tradition dans le théâtre faisait que jouer conduisait à la mise en scène. Ensuite on a dissocié les deux. Je dirais que c’est parfois une complication et parfois un avantage. Mais le plaisir est présent lors des représentations - plus que lors des répétitions malgré le trac que l’on éprouve pour les autres et pour soi-même. Propos recueillis par Laurence Tièche Chavier Mon Faust, Théâtre de Carouge, salle Gérard-Carrat, jusqu’au 19 octobre. Théâtre Kléber-Méleau, du 28 octobre au 16 novembre. t i e n t h é â t r e théâtre des osses givisiez et à la comédie de genève L’illusion comique Du 28 octobre au 2 novembre prochains, vous n’aurez que quelques jours pour aller voir la nouvelle mise en scène de Geneviève Pasquier et Nicolas Rossier. Et monter L’Illusion Comique de Corneille n’est jamais une entreprise facile ; cette pièce géniale d’une éclatante modernité procède de miroirs à emboîtements qui reflètent les actions successives et invite le metteur en scène à se montrer inventifs. D’où l’excellente idée de convoquer les deux cinéastes d’animation romands chargés de la création vidéo : Frédéric et Samuel Guillaume. Entretien avec le premier des deux frères. On le sait, L’Illusion comique est une espèce de monstre dramaturgique du répertoire et elle met véritablement l’illusion au cœur du problème dramatique de Corneille. Cette pièce est un miroir qui concentre et condense l’image de la réalité. C’est l’art qui crée la vie, l’illusion et, de fait, la réalité telle que le drame la transmet. Résumons-nous : Pridamant, le père de Clindor, se rend chez le mage Alcandre pour avoir des nouvelles de son fils disparu depuis dix ans. Alcandre va donc par magie faire défilé les étapes de la vie de Clindor sous les yeux du père inquiet. Le principe d’illusion obtenue par la concentration des effets est avant tout poétique et s’appuie sur la construction d’une substance dramatique imaginaire et féerique. La gageure est de permettre au spectateur d’adhérer à cette forme dramatique, très éloignée de l’expérience concrète. En effet, les protagonistes changent, la vision passe du féerique au burlesque, les situations se multiplient et grossissent les différents plans dont la perspective varie continuellement, enfin les comédiens se voient confier la charge de jouer les images illusoires d’une réalité paradoxale : la réalité par l’illusion. On comprend donc pourquoi les cinéastes Sam et Fred Guillaume ont immédiatement adorer l’idée de participer à un projet aussi riche en jeux d’images, de miroirs et de reflets. L’art du film d’animation n’a aujourd’hui plus de secrets pour les auteurs du célèbre long métrage Max&Co plusieurs fois primé entre 2007 et 2009. Mais les frères Guillaume ce sont aussi des animations pour les plus petits comme Le Petit Manchot (1998) ou Les bidules de Jules (2012) pour la RTS. C’est encore le très beau court métrage La nuit de l’ours (2009) salué dans les plus grands festivals d’animation. D’autres créations passionnantes sont à découvrir sur leur site cine3D.ch. e n t r Qu’est-ce qui vous séduit dans le projet de monter l’Illusion Comique aux côtés du couple de metteurs en scène PasquierRossier ? Frédéric Guillaume : Geneviève et Nicolas sont venus nous trouver, alors qu’ils cherchaient des cinéastes pour collaborer à leur projet. Nous avions alors un calendrier très fourni qui ne devait pas nous laisser suffisamment de temps pour nous investir sérieusement, mais, à la lecture du texte de Corneille, il nous a immédiatement semblé impossible de refuser pareille proposition. Cette réflexion géniale sur l’illusion théâtrale, la place de l’image, de l’imaginaire, les spectres parlants ou le mage Alcandre nous invitaient à des perspectives de création vidéo qui allaient bien au-delà de la simple animation scénique ou du décor filmé. Et puis, nous connaissions la façon subtile et ludique de travailler de cette compagnie, à laquelle nous adhérons totalement. Comment pourriez-vous décrire votre travail au sein de la mise en scène ? Etiezvous libres de mouvements ou tenus par un cahier des charges précis ? Le travail avec les metteurs en scène s’est fait très naturellement. Le dialogue avec Geneviève Pasquier est facilité par sa formation très « arts visuels » qui lui permet d’avoir des idées sous forme d’images très claires et très parlantes. Nous avons pu aussi travailler très vite sur le décor définitif et projeter nos images informatiques sur scène. Nous devons également tester certaines insertions d’images qui nécessitent la collaboration directe des comédiens. Bref, il s’agit d’un véritable « work in progress » qui a évolué en parallèle avec la mise en scène, la musique ou la lumière, et nous obligent à réagir plus rapidement qu’au cinéma, au fur et à mesure de la mise en forme du spectacle. Notre rapport au temps est donc singulièrement différent e t i e Geneviève Pasquier © Secrest photography LA puisque nous pouvons échelonner notre travail sur plusieurs années dans le domaine de l’animation, alors qu’ici, au théâtre, nous disposons de moins de deux mois de travail. Pour mieux comprendre votre travail sur l’Illusion comique, quel type de techniques d’animation allez-vous utiliser ? Encore une fois, le temps et le format qui nous sont impartis sur scène, nous ont incités à utiliser des images déjà existantes ou créées sur le moment et d’inspirations diverses qui peuvent aller de la peinture classique américaine aux mangas. Mais le parti pris est celui d’accompagner au mieux les différentes formes d’images suggérées par le propos du drame. Nous effectuons par exemple de la réalité augmentée en poursuivant un mouvement ou une action initiée par un personnage. Nous nous insérons aussi fréquemment dans le décor mouvant de l’espace scénique avec des images projetées comme sur des toiles peintes, parfois en relief, afin de brouiller la perception du spectateur qui doit hésiter entre illusion et réalité. Votre intention est-elle aussi de tenter de clarifier certains aspects de cette comédie dramatique extravagante et d’amener le spectateur à une plus grande lisibilité à l’aide des images proposées ? C’est en effet un souci primordial pour nous, mais qui s’inscrit dans l’intention plus large de toute la mise en scène, des intentions de jeu, des costumes, de la lumière ou de la ligne musicale qui s’efforcent de rendre le texte plus intelligible pour le public. Il faut absolument pouvoir s’amuser avec ce texte parfois complexe et le réinterpréter de façon libre et contemporaine, mais toujours avec cette volonté de rendre le grand Corneille le plus accessible aux jeunes publics en particulier. Propos recueillis par Jérôme Zanetta Du 3 au 23.10. Théâtre des Osses, Givisiez Du 28.10. au 2.11. La Comédie (loc. 022/320.50.01) n 59 t h é â t r e nettes sont dans un sens des marionnettes à fils. La relation entre le poids, la forme, la mécanique et la façon de les animer crée la magie. Parallèlement, la relation entre la marionnette et le marionnettiste crée un autre moment magique parce que vous ne savez jamais qui anime qui. théâtre des marionnettes de genève Wunderkammer La collaboration de trois performeurs indépendants, spécialisés dans les marionnettes à fils, a donné lieu à un spectacle envoûtant, inspiré des cabinets de curiosités très répandus de la Renaissance au dix-neuvième siècle. La musique est-elle un élément essentiel du spectacle ? Nous avons choisi de travailler sans texte dans cette performance. Notre impression a toujours été que si les marionnettes se mettent à parler comme des humains, elles perdent leur magie. La fascination pour les marionnettes vient à travers leur mutisme et l’impression qu’elles existent dans un autre monde, avec un autre langage. La musique crée dans un sens cette atmosphère qui donne vie aux marionnettes. Et d’un autre côté, elle semble être leur langage. C’est pourquoi la musique est essentielle. C’est comme le script du spectacle. Comment se présentent les marionnettes et leur apparence est-elle une part essentielle du spectacle ? 60 «Wunderkammer» À l’origine il y a Albrecht Roser, le plus réputé des marionnettistes allemands. Quand il disparaît en 2011, un de ses élèves, Frank Soehnle, décide de poursuivre son travail et propose à deux autres élèves du maître de créer un collectif pour promouvoir l’art de la marionnette à fils. Le spectacle Wunderkammer va naître de cette collaboration entre trois directeurs de compagnies : Raphael Mürle, du Théâtre des Marionnettes à Pforzheim, Alice Therese Gottschalk, du FAB-Théâtre et Frank Soehnle, de la compagnie Figuren Theater de Tübingen. Entretien avec Frank Soehnle Pourquoi avoir choisi le titre de Wunderkammer et quel est le lien réel avec la tradition des cabinets de curiosités, très en vogue du seizième au dix-neuvième siècles ? Pour trouver un cadre dans lequel différentes écritures de créations de marionnettes peuvent s’exprimer, mais aussi pour créer une atmosphère, j’ai choisi le « Wunderkammer » comme endroit idéal. Un cabinet de curiosités était en effet un lieu où étaient entreposés et exposés des e objets collectionnés, avec un certain goût pour l'hétéroclisme et l'inédit. Ce sont en quelque sorte les ancêtres des musées ou des muséums. Différents matériaux, couleurs et travaux artistiques trouvent là un terreau favorable à la création. Et l’idée que cette diversité crée une réflexion sur notre monde est liée à l’idée des premiers cabinets de curiosités. Quel rôle jouent les marionnettes dans ce contexte très particulier ? Les marionnettes sont comme les objets exposés. Chaque marionnette suit une idée particulière de mouvement, mécanique et matériel. Certaines sont plus comme des automates, d’autres plutôt comme des travaux artistiques. Quelle est la part de magie ou d’étrangeté dans la manière dont vous présentez la pièce ? La magie repose sur l’animation – c’est l’animation qui crée la magie. Cet incroyable moment où des choses « mortes » prennent la vie sur scène. Dans ce spectacle, l’accent est mis sur la gravité parce que toutes les marion- n t r e Les marionnettes sont très différentes entre elles. Vous pouvez voir derrière elles les différents créateurs avec différentes idées esthétiques qui les ont réalisées. Derrière chaque marionnette, on perçoit une démarche personnelle de l’artisan. Parfois, c’est la mécanique (comme le danseur cubique), parfois le matériel (comme la marionnette en plexiglass ou en papier), parfois l’objet derrière la marionnette (comme le musicien en métal), ou parfois le détail (comme les mains en or). C’est toujours en lien avec la question suivante: quelle est leur histoire spécifique ? est-ce qu’elles agissent seules ou en interaction avec un corps humain ? quelle est leur relation avec le temps, l’espace et leurs animateurs. Elles sont comme des poèmes de matières ; et comme les poèmes, elles ont différentes significations et ouvrent nos imaginations à de nouveaux horizons. Propos recueillis par Laurence Tièche Chavier Wunderkammer, spectacle pour adultes et adolescents de Alice Therese Gottschalk, Raphael Mürle et Frank Soehnle, du 31 octobre au 5 novembre, réservations au 022 807 31 07 t i e n t h é â t r e le poche genève Les Demeurées La Varienne est une demeurée, une abrutie. Vivant seule dans une maison isolée, elle s'est murée dans un profond silence, avec pour seule compagnie sa fille Luce, son trésor le plus précieux. « Rentrer dans le langage, c’est reconnaître que l’on ne me comprend pas, que l’on ne me devine pas, et si je veux vivre avec les autres, tous les autres, il faut que je me fasse entendre, donc il faut que j’arrive à dire mes désirs, mes craintes, que j’arrive à me dire… Pour moi c’est cela être humain, c’est être dans le langage, c’est accepter de passer par là pour pouvoir à nouveau être en harmonie avec les autres » dit la romancière. Elle ajoute : « La Varienne n’est que dans des phrases simples, un seul verbe. Des verbes et donc des actions juxtaposées, car elle est complètement dans une chose, elle ne voit pas à côté et puis elle va être complètement dans une autre. » Un seul verbe, une seule parole. Etre dans une seule chose. Ne pas voir à côté. Puis être dans une autre chose. Pour finalement être autre malgré soi ? On pense d’un coup à certains textes de Duras… Rosine Schautz «Les Demeurées» © Augustin Rebetez Mère et fille au fil du temps se sont construit une vie en autarcie, ne se déplaçant guère et ne parlant à personne. Les Demeurées, ce sont une idiote du village et sa fille, fruit d'un contact éphémère avec un ivrogne de passage. Et toutes demeurées qu’elles sont, elles s'aiment très solidairement, de manière fusionnelle, dans un silence qui les enrobe et les cristallise. Leur quotidien figé se trouvera subitement chamboulé le jour où une certaine Mademoiselle Solange (seul ange ?), l'institutrice du coin, va vouloir scolariser la petite Luce (petite lumière ?) qui ne sait ni lire ni écrire. La Varienne (vaurienne ?) n'a d'autre choix que de laisser l'enfant partir vers l'inconnu et le cocon très familial de se briser petit à petit. Adaptée du roman éponyme de Jeanne Benameur, livre de quelque 80 pages qui prend aux tripes tant l’écriture est minimaliste et ciselée, cette ‘pièce’ met en scène l’histoire d’une a c t u fusion caractérisée, relevée ici par des traits de percussion - comme on dit en cuisine des traits de citron - vraies paroles qui claquent et soulignent non-dits et silences. Ce récit resserré donne aussi à voir à ceux qui s’y intéresseront la passion qu’ont certains professeurs à faire partager un savoir - savoir lire, savoir écrire et savoir dire - même et surtout aux plus démunis, aux plus ‘demeurés’. Mais au fait, qu’est-ce qu’un demeuré ? Un attardé, un simple d’esprit, un débile mental ou juste quelqu’un de différent qui saurait lire/écrire/dire le monde non avec sa tête, mais avec l’intelligence de son cœur ? Par ailleurs, et ceci est à noter, Jeanne Benameur met dans ce texte de manière magistrale des personnages en situation de silence assumé, absolu, absorbant et en corollaire, la parole nécessaire pour se faire comprendre : a l i t Du 16 octobre au 2 novembre : Les Demeurées de Jeanne Benameur, m.e.s. Didier Carrier, Le Poche-Genève (rens./rés. /loc. 022/310.37.59) Jeanne Benameur Née en 1952 dans une petite ville d’Algérie, ‘Ain M'lila, d’un père arabe et d’une mère italienne, elle arrive en France à l'âge de 5 ans et la famille s'installe à La Rochelle. Professeur de lettres jusqu'en 2001, elle consacre dorénavant l’essentiel de son temps à l’écriture : théâtre, roman, poésie, nouvelles. En 2001 elle a justement reçu le Prix Unicef pour ce roman-ci, Les Demeurées. é 61 t h é â t r e Théâtre du Grütli Théâtre des Amis L'Affaire de la rue Lourcine / Si ce n'est toi L’échange Avec ce diptyque, Eric Salama saute allègrement d'une farce à l'autre. Farce légère quand il s'agit de Labiche, noire quand Edward Bond en tire les ficelles. Dans tous les cas, il s'agit de tracer des lignes de convergences entre deux auteurs que tout semble séparer et qui, pourtant, s'amusent de concert sur le dos de la tragédie. L'un en prenant prétexte du passé, l'autre de l'avenir. Chef-d'œuvre de Labiche, «L'Affaire de la rue Lourcine» conte les mésaventures de deux compères qui, à la suite d'une soirée arrosée, découvrent qu'ils ont probablement poussé le bouchon trop loin. Eric Salama © Stéphane Pecorini 62 Avec «Si ce n'est toi», la farce est plus cruelle. Elle fait écho à cette très brève nouvelle de Frédric Brown : « Le dernier homme vivant sur la Terre se trouvait chez lui. On frappa à la porte »... Nommé pour la première fois dans un consulat à l’étranger, terriblement seul, Paul Claudel erre longuement dans les forêts des environs de Washington et de Boston. Il découvre les mythes amérindiens et fait immédiatement le lien avec la part de paganisme et de mystère qui irrigue les tragédies d’Eschyle qu’il vient de traduire. Cette découverte, associée aux mœurs américaines qui le déroutent tant, achève de faire mûrir en lui le Raul Teuscher, photo Gabriel Cunha Rio germe d’une nouvelle tragédie. Elle parlera d’un monde nouveau, inhospitalier à l’homme, un monde où tout et tout le monde a un prix. Ce sera « L’Echange ». C’est cette pièce, dans laquelle Claudel nous offre à entendre une langue magnifiquement sensuelle et sensorielle, que Raoul Teuscher a choisi de mettre en scène et qu’il présentera, après sa création mi-septembre au Petit Globe d’Yverdon, au Théâtre des Amis. . Du 28 octobre au 16 novembre 2014 . jusqu’au 12 octobre 2014 Billetterie : [email protected], ou 022/888.44.88 Renseignements : 022 / 342.28.74 Le Poche Genève Théâtre de Carouge En attendant Godot Dimitri Clown Vladimir et Estragon, deux clochards clowns et philosophes, attendent une personne du nom de Godot. «En attendant Godot» n’a rien d’absurde, si ce n’est l’absurdité du monde à l’intérieur duquel on cherche à créer du sens. Pourquoi attendre ? Comment attendre ? Qui attendre ?... L’œuvre de Samuel Beckett garde toute sa force et son universalité. Elle reste le miroir de l’espoir et la détresse que notre société continue à générer. L’état de pauvreté dans nos pays, le nombre d’individus laissés à la rue que nous côtoyons au quotidien dans les grands centres urbains, toute cette misère ne cesse de croître. Des êtres exclus naviguent aux milieux de la ville, propulsés dans une dimension qui nous est étrangère. Les SDF de nos rues sont nos clowns, tour à tour drôles et tristes, tendres et impitoyables. Depuis toujours ces personnages fascinent, inquiètent, par la peur que l’on a de se retrouver un jour à la même place qu’eux. Ce sont les personnages burlesques de notre misère. L’œuvre de Beckett Samuel Beckett est servie par la Compagnie du Bredin et son metteur en scène Laurent Vacher. Dimitri présente les meilleures scènes de ses trois spectacles en solo : Porteur, Teatro et Ritratto, des perles de ces 55 dernières années. Des mélodies attachantes s’échappent d’appareils étranges et d’instruments classiques, l’« homme-orchestre » joue un air, des balles de ping-pong volent, Pierrot perd ses dents, le saxophone accouche d’un bébé, le diable se coince la queue, et les problèmes de la légendaire chaise longue ne sont toujours pas résolus. Un voyage dans un monde onirique, dans un univers enfantin peuplé d’objets curieux. Le clown Dimitri Dimitri, le poète sans paroles, ouvre la porte sur le rêve, la poésie et la magie, le tout accompagné de tendresse et d’humour. Laissez-vous tenter par une soirée en sa compagnie, une soirée qui vous apportera son lot de moments magiques... . Du 7 au 11 octobre 2014 . Du 10 au 12 octobre 2014 Billetterie : 022 / 310.37.59 Billetterie en ligne : http://tcag.ch/ a c t u a l i t é t h é â t r e Spectacles Onésiens T H AT R K L B R M L AU On ne paie pas, on ne paie pas ! Humour et musique Comédie de Genève & tournée UNE PRODUCTION THEATRE DE CAROUGE - ATELIER DE GENÈVE Reprise à la Comédie, après l’énorme succès rencontré lors de la saison 2012-2013, de ce texte jubilatoire de Dario Fo qui bénéficie Md’uneOdis-L tribution survitaminée et de la magistrale mise en scène de Joan Mompart. Le divertissement commence le 3 octobre avec le one man show de Chris Equerre, I ÈquiR E qui nous permettra de rencontrer un conférencier ridicule sait tout sur tout et assène ses vérités grotesques en disant tout haut ce que personne n'a jamais pensé ! Place ensuite à la prestation, les 8 et 9 octoRappelons qu’il bre, de Percosa, soit quas’agit d’une pièce militre clowns percussiontante dans laquelle nistes hollandais, égalequiproquos, situations ment danseurs, comédiens burlesques, coups d’éclats et acrobates... et éclats de rire s’enchaîLe fado prendra la nent avec férocité et allérelève le 16 octobre avec gresse, Carminho, une chanteuse «On ne paie pas, on talentueuse considérée, à ne paie pas !» fait son moins de trente ans, retour à la Comédie pour comme « la plus grande quelques représentations révélation du fado de la avant de partir en tournée. décennie » au Portugal. MISE EN SCÈNE : Jean PuisLIERMIER le public Ne ratez pas cette accueillera, les 29 et 30 occasion de passerSTEHLÉ une octobre,–l’humour musical Jean-Marc Catherine RANKL ne paie pas !» «On ne paie pas, onDÉCOR: soirée de détente... des Poubelles Boys, des Carminho by Isabel Pinto © Carole Parodi bricoleurs virtuoses qui . Du 7 au 11 octobre 2014 à Genève - Billetterie : 022 / 320.50.01 nous réservent des surprises hilarantes et plaisantes... . le 19 octobre au théâtre du Crochetan, Monthey . le 29 octobre au Reflet-théâtre de Vevey Billetterie en lligne LE MALADE IMAGINAIRE 9 – 21 / IX T H AT R KL B R M L AU COPRODUCTION THEATRE DE CAROUGE - ATELIER DE GENÈVE PA U L VA L É R Y M O N FAUST MISE EN SCÈNE: PHILIPPE MENTHA DÉCOR: AUDREY VUONG 28/X – 16/XI www.kleber-meleau.ch location +41 (0) 21 625 84 29 63 t h é â t r e vidy-lausanne Les Palmiers sauvages Jusqu’au 12 octobre, Les Palmiers sauvages sont à l’affiche du Théâtre de Vidy. Le onzième roman de William Faulkner, mis en scène par Séverine Chavrier, décrit la passion brutale de deux êtres en rupture de ban. De sa formation en lettres et en philosophie à ses études musicales à Genève, Séverine Chavrier tire un goût prononcé pour le mélange des genres et travaille un théâtre qui voudrait faire matière de tout: la musique, la voix, le corps, la vidéo, la scénographie. Entretien. Séverine Chavrier, pourquoi avoir choisi d’adapter un roman de Faulkner ? 64 Faulkner, je lui tourne autour depuis longtemps. Ce qui me plaît chez lui, ce sont ses qualités humaines et épiques, sa grande compassion pour l’être humain. Et puis pour son écriture qui n’a cessé de faire des tentatives formelles qui ont été si importantes pour toute la littérature, notamment pour le Nouveau Roman en France et principalement par son rapport au temps éclaté, au récit. J’admire ce travail sur le dévoilement par les paroles. Faulkner aime se demander qui raconte quoi et qu’est-ce qui est dit. Quels thèmes des Palmiers sauvages vous ont le plus touchée ? Faulkner met en scène l’irrationalité de nos vies et de nos combats. Il creuse dans le « courant de conscience », dans ces moments où les personnages ont des instants d’illumination. On accède à leur vérité par étonnement plutôt que par raisonnement, donc par tâtonnements. Il donne la possibilité à ces personnages d’avoir des fulgurances. Ce qu’il dit sur les femmes m’intéresse aussi. C’est à la fois violent, lucide et amer, mais assez beau. On a pu le traiter de misogyne, pas moi. Le sujet du couple et la représentation de l’intime sur scène me passionSéverine Chavrier © Matthias Steffen naient. e Dans votre adaptation, êtes-vous néanmoins restée proche du texte de Faulkner ? J’adapte librement, je travaille avec mes acteurs en création. Ce sont eux qui portent la parole, la leur et celle de l’auteur. Et puis nous évoquons d’autres textes de Faulkner ainsi que des textes d’autres auteurs, notamment Duras. Avez-vous respecté la structure du roman et le parcours de son couple ? On a choisi de s’accrocher au trajet des deux personnages, à leur déplacement sur le territoire américain. Le couple fuit et vit dans des maisons qui ne sont pas les siennes. On a suivi cette trame, mais on l’a déconstruite. Le roman ne parle pas de leur vie quotidienne et de ce qui se passe entre eux. C’était donc cela qu’il fallait explorer : que se disent-ils vraiment ? Que montrer sur scène de leur érotisme? Par les moyens du plateau, plus humoristiques et vivants qu’au cinéma, on a plongé dans la manière de montrer la passion et la magie de ce couple grâce aux sons, à la vidéo, aux voix, notamment ce qu’on se chuchote dans le noir. La musique et les paroles vous semblent-elles indissociables ? Le théâtre est musical par nature. La scène et le jeu de l’acteur le sont aussi. Je ne cherche pas une musique par le verbe, mais plutôt que tout soit musique. La vidéo aussi est très musicale : en fonction de la musique, l’image bouge, change. Ce texte parle d’amour, de la violence du désir et de la difficulté de le maintenir au centre dans une société qui a un peu exclu l’amour… Les Palmiers sauvages, texte un peu autobiographique et écrit après une rupture, dit que l’amour n’a plus de place. L’amour se transforme en descente aux enfers. On peut se demander si un art d’aimer poussé à son absolu ne devient pas un art de mourir. C’est un thème récurrent dans vos spectacles… L’amour est une forme de subversion. Le choix de mettre le désir au centre et de le maintenir l’est également. n t r e Dans une vie de couple, on ne devrait pas être côte à côte, mais face à face. C’est une manière de se brûler et sans doute que cela mène dans le mur, mais l’idée d’aimer l’amour m’a touchée dans ce livre. Aimer davantage l’amour que l’autre. C’est une question de création, assez nietzschéenne : comment créer sa vie, son temps, comment tenir une vitalité et ne pas se laisser endormir par des contraintes matérielles. Votre compagnie s’appelle La Sérénade interrompue, encore un lien avec l’amour ? Il s’agit du titre d’un prélude de Debussy pour marquer ce lien avec la musique inaltérable. J’aime bien cette idée d’interrompre une sérénade… ou pas. Et il s’agit effectivement encore d’une référence à l’amour. C’est peut-être cela cette histoire de Faulkner en fait, juste une sérénade interrompue… Propos recueillis par Nancy Bruchez Les Palmiers sauvages, Théâtre de Vidy-Lausanne, du 25 septembre au 12 octobre. Romeo Castellucci est certainement l’un des artistes les plus libres et les plus talentueux aujourd’hui. Formé aux Beaux-Arts de Bologne, il investit très vite le théâtre avec la conviction que l’image peut redynamiser la scène. Pour Go down, Moses (titre de Faulkner, luimême emprunté à un chant d’esclaves noirs, en référence à la sortie d’Egypte), Castellucci mène son travail dans une impasse justement établie par Moïse : l’interdit de l’image. En tant que figure la plus importante de la Bible hébraïque, le personnage de Moïse subjugue Romeo Castellucci depuis longtemps. Moïse, sauvé des eaux, témoin du mystère du buisson ardent, libérateur de son peuple de la captivité et héritier des tables de la loi sur le mont Sinaï, il est celui à qui Dieu révèle une transcription de son nom : YHWH. Le metteur en scène italien a décidé de concevoir un spectacle avec ces fragments, comme un rêve de la vie de Moïse dans un nouveau monde, et plonge dans l’histoire chargée de paraboles du premier prophète. Puisant à tous les langages, à toutes les techniques, à toutes les disciplines, Castellucci tire un goût prononcé pour le mélange des genres. Fasciné par le théâtre grec et par la théologie, son œuvre ne laisse jamais indifférent. Nancy Bruchez Go down Moses, Théâtre de Vidy-Lausanne, du 25 au 28 octobre. t i e n t h é â t r e théâtre le crève-cœur, cologny Une saison de créations La première saison de la nouvelle directrice du théâtre ‘familial’ de Cologny affiche d’ores et déjà une programmation très alléchante. Le théâtre Le Crève-Cœur, qui fête cette année ses 55 ans, promet en effet de belles découvertes de textes et d’acteurs de la scène francophone. J’ai souhaité revenir aux fondements mêmes du Crève-Cœur en mettant l’accent sur la création.’ Aline Gampert, directrice mises en bouche ! Une saison à suivre de près comme on l’aura compris. Rosine Schautz Julien George ouvrira la saison. Après une Puce à l’oreille rythmée au gramme près et adulée autant en Suisse Romande qu’à Paris, il poursuit son odyssée en « Feydeau-philie » avec Léonie est en avance, texte mettant en situation un accouchement qui vire à la catastrophe (16 sept. – 19 oct.). Suivra Camille Giacobino qui créera Héloïse, pièce de Marcel Aymé où un homme durant la nuit devient une femme sous les yeux médusés de son épouse. Pietro Musillo et Barbara Tobola seront ce couple (11 nov. – 14 déc.). Puis Anne Vaucher mettra en scène pour six soirs le beau texte d’Ariane Dubillard qui évoque son rapport ‘énamouré’ avec son père, Roland Dubillard (13-18 janv.). Fin janvier, on retrouvera Alain Carré en metteur en scène et acteur, accompagné d’un accordéoniste de talent Dimitri Bouclier, dans un spectacle autour de Jacques Brel (20-24 janv.). Ensuite, Vincent Babel, le comédien complice de Julien George, montera Assoiffés de Wajdi Mouawad, l’auteur libano-canadien qui cisèle son verbe avec acuité et remue finement le couteau dans les plaies de notre histoire contemporaine. (17 fév. – 22 mars). Enfin, nouvelle recrue dans le club des metteur-e-s en scène, l’épatante comédienne Mariama Sylla dirigera Hélène Hudovernik et Vincent Babel dans Jean et Béatrice, de Carole Fréchette, pièce qui narre l’histoire d’une femme dans l’attente de l’homme qui saurait la délivrer de sa solitude (21 avril – 24 mai). Et encore, à ne manquer sous aucun prétexte, les voyages intellectuels, intitulés ‘Apéritifs Crève-Cœur’, lors de trois dimanches à 11h (oct./fév. et avril), qui feront dialoguer des personnalités historiques de la scène dramatique : Anne Philipe et Jacques Copeau – Marguerite Duras et Louis Jouvet – Ariane Mnouchkine et Antoine Vitez, duos animés par Anne Vaucher et Alain Carré. Plus que des apéritifs, de réelles e n t r A noter : les horaires des spectacles ont changé, et les représentations auront lieu désormais aussi les mardis ! Entretien avec Aline Gampert Reprendre un théâtre pour une comédienne, est-ce une étape nécessaire, un défi ou une sorte de rêve d’enfance ? Cela part en fait d’une autre démarche… Si ça n’avait pas été le Crève-Cœur, je ne l’aurais sans doute pas fait. Je reste comédienne avant tout. Être directrice de théâtre est un nouveau métier que j’apprends au fil des jours. Cela n’a rien à voir avec celui de comédienne, mais les deux se complètent très bien, et se nourrissent l’un l’autre. Être directrice, c’est toucher à de nombreuses tâches. C’est d’abord être dans un théâtre à plein temps, organiser le bon fonctionnement des spectacles, trouver des collaborations, gérer toute l’administration, et c’est ensuite prendre des décisions tant artistiques que financières. Même si cela paraît évident, pendant longtemps je n’ai pas du tout eu l’intention de reprendre Le Crève-Cœur. Puis les années ont passé, j’ai pris le temps d’y penser sérieusement, et un jour j’ai senti qu’il fallait que je me lance. J’en avais envie. C’est donc un choix mûrement réfléchi. J’ai mis trois ans à mettre le projet sur pied, et dorénavant je sais ce que j’y fais et pourquoi je le fais. Cela ne m’a pas été offert de but en blanc. Et là, je suis très heureuse et fière de présenter ma première saison. Vous avez programmé une saison de créations inscrite dans la francophonie… Pourquoi ? Ah oui, tiens, je n’avais pas vu cela… En fait pour ma première année, j’ai décidé d’aller à la rencontre de quatre metteurs en scène dont j’admire le travail et estime le talent. Les quatre m’ont dit oui tout de suite. Ensuite, nous avons sélectionné plusieurs textes. Deux contemporains e t i e et deux classiques ont été retenus, dont la plupart des auteurs n’ont encore jamais appartenu au ‘répertoire’ du Crève-Cœur. J’ai également pris le soin de maintenir une ligne artistique fidèle aux saisons précédentes, de manière à ne pas marquer une coupure trop violente. Et puis, j’aime que Aline Gampert le théâtre soit © Loris von Siebenthal accessible au plus grand nombre, que l’on vienne aux spectacles le cœur léger et qu’on en reparte, si ce n’est transformé, du moins heureux. Par ailleurs, j’avais à cœur d’accueillir des équipes d’ici, qui travaillent et qui sont menées par des acteurs inscrits ici, dans notre environnement artistique. Être la fille de ses parents, c’est ‘comment’ dans ce milieu ? Hmm… C’est pas ‘grave’. J’en suis fière. Pendant longtemps j’ai voulu m’éloigner du Crève-Cœur, j’avais envie d’être Aline, et pas la fille Gampert. Mais aujourd’hui, je me sens à ma place et chanceuse à la fois. Je suis une batailleuse, une travailleuse, je n’attends pas qu’on me donne des choses, oui je suis une bosseuse. En fait, je l’aime ce théâtre et plus le temps passe, plus on devient complice. J’ai changé quelques habitudes, conçu une nouvelle manière de l’investir, tout en restant consciente de ce qu’il a porté depuis sa création. Il y a des ondes, des énergies ici que l’on ne trouve nulle part ailleurs. En cela, c’est un lieu particulier, doté d’une vraie personnalité que je tiens à mettre en avant. Vous avez réaménagé le foyer ? Oui, j’avais envie d’un foyer cosy, d’un endroit aussi qui corresponde au plus près à ce que les gens cherchent en se rendant au théâtre mais surtout qui marque un nouveau départ dans l’histoire du Crève-Coeur. Il faut dire que le foyer, la journée, est aussi un espace de travail administratif. J’ai donc dû repenser les lieux dans cette perspective. Ainsi, aujourd’hui, c’est un lieu ‘privé’ et ‘public’ à la fois selon les heures. Une autre manière de faire des liens entre acteurs, techniciens, administrateurs et… spectateurs ! Propos recueillis par Rosine Schautz n 65 t h é â t r e aussi, et peut-être très fortement, par moments. Mais il en va de même pour chacun des comédiens : eux aussi amènent leur vécu, leurs deuils et leur relation intime avec la mort. vidy-Lausanne : massimo furlan Un jour Comment montrer la mort sur scène ? "Dans l’espace scénique, se trouvent six personnages: un homme, une femme, une jeune femme, une médium, un corps mauvais, un corps étranger. Ils n’ont pas de noms, pas d’histoire propre : ils incarnent des mouvements de l’âme, des accords et des désaccords, des unions et des séparations, des relations." La note d'intention du spectacle Un jour est précise. Vidy accueille le metteur en scène performer et comédien Massimo Furlan et sa compagne, la dramaturge et artiste Claire de Ribeaupierre, le temps d'inviter la faucheuse sur scène. Je ne sais pas comment les gens vont voir ça. J'imagine qu'Un jour impliquera une sorte de sentiment contradictoire, entre jubilation et affliction. Le spectateur peut entrer là dedans ou alors violemment refuser. Bien sûr, sur scène, on verra le corps mort, la mort clinique, de la douleur... Mais le dispositif scénique ne restituerait pas tout s'il n'y avait pas la dimension spirituelle, véhiculée par les comédiens. Comme nous, et plus que nous, ils sont possédés par l'esprit des défunts. Leur rôle étant d'incarner l'autre, quelqu'un qui n'est pas ou plus là, leur travail artistique est par essence une relation aux absents. Par conséquent, plus que tout autre, les acteurs ont le droit d'entrer en transe et de faire arriver les personnages. Ainsi, eux aussi, contribuent à l'expression de la mort. Cependant, il faut relativiser la question de cette représentation de la mort sur scène, parce que la mort est de toute manière toujours représentée. Est-ce qu'elle doit l'être avec pudeur ou pleine licence ? Pourquoi faire revivre les morts ? 66 Furlan : Pour leur demander où ils sont et comment ils vont. C'est un besoin inhérent à notre condition de mortel. Notre spectacle interroge ce lien qu'on a aux morts, que nous pouvons enf(o)uir, mais qui tôt ou tard resurgissent : où avons-nous avons mis nos morts ? Comment fait-on pour les retrouver ? Et, si l'on y parvient, qu'est-ce qui se passe alors ? C'est la question fondamentale : comment garder équilibre en la pudeur et l'impudeur ? Alors, parfois, ça bascule d'un côté, parfois de l'autre. Nous Puisque la mort est partout, quand précisément vous est venue l'idée de ce projet ? Sa genèse est une drôle d'histoire. Drôle d'abord, tragique ensuite. Tout vient d'une rencontre avec Jane Birkin. Dans sa cuisine, «Un Jour». Photo répétition © Numero23Prod nous parlions librement de nos relations aux défunts - Jane a cette capacité de rendre les morts vivants avons passé beaucoup de temps à bien évaluer cette limite : est-ce bien lorsqu'elle parle. Et a germé entre nous l'idée d'un projet artistique qui juste ? Ce qui n'empêche pas, à certains moments, de provoquer volontaiconsisterait à explorer ces liens avec la mort et leur rapport avec les rement un déséquilibre pour montrer une force, une puissance. Un jour a-t-il une prétention thérapeutique ? vivants. Le projet est né dans la bonne humeur, mais la vie a aussi ses dra(Rires) Non, même s'il est clair qu'en abordant ces liens, il y a une envie mes et, en décembre dernier, l'actrice a perdu sa fille tragiquement. Inutile d'amener quelque chose pour aider à dire. J'aime bien construire des specde dire que sa participation au projet a pris fin. Par moments, ce projet a tacles qu'on peut partager, qui donnent une place au spectateur. donc pris des dimensions très émouvantes. C'est très fort, mais il faut alors savoir prendre de la distance et revenir à l'art. Ce spectacle marque-t-il un tournant dans votre carrière : de la mémoire et du travail sur les images d'enfance à l'espoir futur, la représentation de la mort ? Je n'irai pas jusque-là, parce que notre compagnie et moi avons monté d'autres spectacles, qui n'exploitent pas le matériau autobiographique. Certes, dans cette dernière production, la part de mon vécu apparaîtra e n t Propos recueillis par Frank Dayen Un jour de Massimo Furlan et Claire de Ribeaupierre au Théâtre de Vidy ; www.vidy.ch; billets en vente sur le site internet et dans les librairies Payot. r e t i e n t h é â t r e théâtre du loup Les Démons Du 30 septembre au 18 octobre, le Théâtre du loup présente une adaptation théâtrale du roman de Dostoïevski Les Démons. Composée à partir de 1871, l'œuvre raconte l'affrontement entre conservateurs et nihilistes au sein d'une petite ville de province en Russie. L'auteur y affirme son dégoût pour les idéaux révolutionnaires. Aux commandes de cette étonnante création, José Lillo nous présente son projet. Qu'est-ce qui vous a attiré dans Les Démons ? Pourquoi porter ce roman sur scène ? ce de la parole trouve sur scène une résonance particulière. Il s'agit d'une œuvre très satirique, à travers laquelle Dostoïevski se confronte à la question du nihilisme. A certains égards, elle annonce les dérives totalitaristes du XXème siècle. A l'époque où Dostoïevski écrit son roman, la société russe est traversée par de nombreux bouleversements : les mouvements révolutionnaires se radicalisent, l'orthodoxie religieuse est remise en cause et le pouvoir du tsar désavoué. Dostoïevski est parfaitement conscient de cette situation trouble, qui transparaît dans son œuvre. A mon sens, il y a une pièce de théâtre en germe au sein de ce roman. Les personnages sont comme possédés par leurs idées. Ce sont elles qui les font agir et parler. Cette véhémen- Comment avez-vous adapté un roman d'une telle envergure en pièce de théâtre ? Les Démons a déjà été adapté pour le théâtre par Albert Camus. C'est un travail impressionnant, car l'intégralité du roman a été transposée dans la pièce. Néanmoins, cette adaptation souffre de certains défauts et la traduction laisse à désirer. Je me suis basé sur la remarquable traduction d'André Markowicz. J'ai retenu les scènes les plus frappantes du roman et ai ensuite élaboré une trame narrative reliant ces fragments de scène. Quels sont vos principes de mise en scène ? Elle est très dépouillée et repose essentiellement sur les comédiens. En lisant le roman, on retient avant tout les figures des personnages, pas tant le décor dans lequel ils évoluent. Cette mise en scène invisible a par ailleurs une valeur de manifeste. J'ai voulu rompre avec une certaine tendance de la mise en scène contemporaine, qui privilégie trop souvent les dispositifs multimédia au détriment de l'acteur. Or, l'une des forces du théâtre est de pouvoir montrer l'homme. La place que réserve le roman aux questions politiques est absolument primordiale. Etes-vous partisan d'un théâtre politique ? Bien sûr, mais il faut d'abord définir ce qu'est un théâtre politique. Ce n'est ni un théâtre esthétique, ni un théâtre à messages, mais un théâtre qui doit provoquer le trouble chez le spectateur, pour aider celui-ci à penser. On dit que le théâtre est essentiellement politique, car sans doute nulle part mieux que sur scène la parole trouve sa valeur d'action. En effet, au théâtre, parler c'est agir. En ce sens la parole théâtrale est un acte politique. Dans Les Démons, les ragots ne sont d'ailleurs pas si loin de la propagande. Ce sont deux formes de contrôle de l'information par la parole, qui ont toutes deux pour but commun de diffamer l'autre. Les personnages du roman de Dostoïevski sont très nombreux. Comment avez-vous réglé la question de la distribution des rôles ? Deux options se présentaient à moi : soit doubler ou tripler les rôles par comédien, soit rattacher chaque acteur à un seul personnage. C'est la deuxième que j'ai choisie. J'avais ainsi moins de moyens pour la scénographie, mais je n'avais de toute manière pas envie de m'encombrer d'un lourd dispositif scénique. Toute la pièce repose sur l'acteur, sur sa capacité à investir l'espace, à raconter, à verser sa subjectivité dans le texte pour que l'objectivité de ce dernier devienne vivante. Propos recueillis par Emilien Gür Les Démons, d'après Dostoïevski, Théâtre du Loup, jusqu’au 18 octobre, m.e.s. José Lillo Réservation : [email protected], 022 301 31 00 José Lilo © Louise Anne Bouchard e n t r e t i e n 67 t h é â t r e souvent plus grandes et il faut les remplir avec des lumières, une scénographie et des fonds sonores. Les spectateurs peuvent porter leur regard avant tout sur la création et le texte et faire appel à leur imagination, pour créer le paysage. en tournée romande Derborence La compagnie MuFuThe revient sur la catastrophe de Derborence, qui fête ses 300 ans, avec une adaptation de l'œuvre éponyme de Ramuz. Rencontre avec Mathieu Bertholet, metteur en scène. La nature tient le rôle principal, comment avez-vous travaillé la mise en scène en salle, afin de le lui redonner ? La nature est omniprésente dans le texte de Ramuz, il n'y avait donc pas besoin de la faire réapparaitre dans la mise en scène. Nous nous sommes concentrés sur le roman, pour montrer sa constance et sa pérennité. Nous souhaitions vraiment l’ouvrir et permettre au spectateur d'y entrer. Nous ne l’avons d’ailleurs pas modifié, au contraire nous l'avons préservé au maximum, en faisant un travail de réduction, mais les phrases sont à leur place. 68 Il sera joué par un chœur collectif, pourquoi ? Derborence© Pierre-André Bertholet Les Alpes, une nature forte qui dicte sa loi au mépris des hommes. Le 23 septembre 1714, un pan du massif des Diablerets s'écroulait provoquant ainsi la mort de 25 personnes. Cette catastrophe Ramuz y met des mots dans le roman Derborence, qui raconte l’histoire d’Antoine miraculeux survivant. La compagnie MuFuThe adapte ce récit au théâtre, avec dix comédiens formant un chœur contemporain. Le metteur en scène Mathieu Bertholet parle de son projet. Oui absolument. Le projet existait bien avant. Pouvoir jouer dans ces lieux était une expérience très intense. C'est un site magnifique et très particulier. La nature y dicte sa loi. La météo est d'ailleurs vraiment imprévisible, ce que nous aurions pu prévoir si nous avions mieux lu le texte. (rire n.d.l.r) Pouvoir jouer sur l’emplacement même de l’événement fut une expérience formidable pour l’équipe. Les acteurs ont pu s'imprégner de l’atmosphère et enrichir ainsi leur jeu. Pourquoi avoir choisi d’adapter Derborence de Ramuz ? En parlant de l'importance des lieux, comment allez-vous adapter la mise en scène pour passer des représentations en extérieur aux représentations en salle ? Mathieu Bertholet : Ce projet s'intègre dans un travail de résidence de 3 ans au théâtre du Chrochetan à Monthey. J’avais envie de mettre en scène les écrits de Ramuz, car même s’il agit de romans, c'est une écriture orale et théâtrale. Vous avez également eu l'occasion de jouer lors de l'anniversaire de la catastrophe, était-ce un hasard ? a Nous avons pensé la pièce en salle. Nous avons d'ailleurs répété à l'intérieur. Il est cependant vrai que ce sont deux manières de travailler différentes. En extérieur, le plateau est souvent plus petit et le paysage alentour joue un rôle immense. Les acteurs n’ont pas toute l’attention du public, fasciné par le paysage, ce qui peut être oppressant. En intérieur, les scènes sont c t u a Pour montrer la dimension collective et l'interchangeabilité des personnages. Dans le roman, un seul personnage survit, Antoine, mais cela pourrait être n'importe qui. Nous avons ainsi décidé d'attribuer ce personnage à tous les acteurs en même temps, ce qui donnait aussi la possibilité au spectateur de s'y identifier plus facilement. Propos recueillis par Valérie Vuille Derborence, par la compagnie MuFuThe, - 9-10 octobre à Monthey au théâtre du Crochetan Location : 024/471.62.67 - 15 et 16 octobre à l’Espace Nuithonie à Villars-surGlâne. Location : Fribourg Tourisme 026/350.11.00 / [email protected], ou Nuithonie: 026 407 51 51 l i t é MIGROS- L-CLAS E R U T L U C T N E POUR-C 015 au Saison 2014/2 SICS Théâtre des Marionnettes de Genève Victoria Hall Samedi 25 octobre 2014 à 20 h ORCHESTRE SYMPHONIQUE TCHAÏKOVSKI DE MOSCOU Vladimir Fedoseyev (direction) Rudolf Buchbinder (piano) TOI DU MONDE Dès 4 ans 4 au 19 octobre 2014 Les difficultés de la vie enfantine vues depuis les toits. TURLUTUTU De 1 à 3 ans 20 au 30 octobre 2014 Des comptines sortent de l’habit de Monsieur Turlututu. tm Johannes Brahms Concerto pour piano et orchestre Nº 1, op. 15 Piotr Ilitch Tchaïkovski Symphonie Nº 6, op. 74, «Pathétique» n mario Billetterie: Service culturel Migros Genève, Rue du Prince 7, Tél. 022 319 61 11 Stand Info Balexert et Migros Nyon-La Combe. www.culturel-migros-geneve.ch WUNDERKAMMER Adultes, ados 31 octobre au 5 novembre 2014 Un étonnant cabinet aux merveilles marionnettiques. g s nette Rue Rodo 3 – Genève 022 807 31 07 www.marionnettes.ch Organisation: Service culturel Migros Genève www.culturel-migros-geneve.ch www.migros-pour-cent-culturel-classics.ch ROBERTO FESTA ALAIN CARRÉ HADRIEN JOURDAN MARCO BEASLEY MUSIQUE, DANSE, LITTÉRATURE SALLE DES FÊTES DU LIGNON Place du Lignon 16 — Vernier LUCA SCANDALI BRUNA GONDONI & MARCO BENDONI COMPAGNIE FÊTES GALANTES Service de la culture — 022 306 07 80 www.vernier.ch/billetterie LE PETIT MARI FE PAVON T 021 315 40 20 WWW.OPERA-LAUSANNE.CH 05-20.11.2014 NOV.5 NOV. 7 8 9 12 CRÉATION MONDIALE PRINCE MICHAËL LEVINAS WILLIAM DONGOIS s p e c t a c l e s à thonon et évian Délocalisation Les travaux et les jours, titre d'une pièce d'un auteur que l'on connait bien dans la région, Michel Vinaver, pourrait qualifier l'actualité dans le domaine des lieux culturel en Haute-Savoie. En effet, au début d'une saison qui va voir la réouverture de Bonlieu „relooké“ de fond en comble à Annecy, le théâtre de la Maison des Arts de Thonon reste fermé jusqu'en janvier 2015 pour cause de rénovation. En attendant cette réouverture du Théâtre Maurice Novarina, du nom de son concepteur (1907-2002), les spectacles de la première partie de la saison 2014-15 seront naturellement disséminés dans d'autres salles. 70 Ainsi, la ville d'Evian sera partie prenante à de nombreuses reprises, tout d'abord avec la poursuite de la résidence désormais bien établie de l'Orchestre des Pays de Savoie – associé à la Maison des Arts Thonon-Evian - dans la salle de la Grange au Lac (voir entretien avec Nicolas Chalvin dans ce numéro). Le 12 octobre, l'OPS y fêtera ses 30 ans, un anniversaire inauguré avec la collaboration de Jean-François Zygel, puisque le désormais réputé pianiste et animateur viendra improviser autour de thèmes mozartiens dès 15 heures, avant de céder la place à l'orchestre pour un programme (à 17h30) consacré à une ambiance franco-américaine (Milhaud, Copland, Bernstein, Ravel). Au mois de décembre, c'est un Genevois d'adoption, Nelson Goerner qui sera le soliste de l'OPS pour un programme Schönberg, Mozart, Penderecki et Chopin dont il interpréte- ra le Concerto pour piano no 1. Auparavant, Philippe Jaroussky aura fait accourir tous les fans de pyrotechnie vocale puisque la Grange au Lac le recevra ainsi que l'Ensemble Artaserse dans un programme Vivaldi et Scarlatti le 22 novembre. Toujours côté classique, on notera la poursuite des Dimanches Musicaux des Heures Claires, lesquels fêtent également leurs 30 ans et le Château de Ripaille verra se dérouler lors de cette saison six concerts, le premier le 30 novembre avec François di Casola (clarinette), François Killian (piano) et Veit Hertenstein (violon). Musique encore avec côté jazz, l'ensemble de Gregory Porter (Grange au Lac le 4 octobre), Antoine Brouze Quintet (Evian, Théâtre du Casino le 17 octobre) et James Carter en trio (Grange au Lac le 15 novembre). Musique toujours avec un divertissement intitulé Ni fini ni c Dan Jemmett © Mario Del Curto novembre au Casino, le 6 à Excennevex, le 7 à Morzine). Théâtre d'objet, danse et théâtre au menu de la Conversation avec un jeune homme un spectacle de la Compagnie Gare Centrale d'Agnès Limbos (Théâtre du Casino les 13 et 14 novembre). Théâtre et marionnettes ensuite avec La Maison près du lac de Yael Rasooly et Yaara Goldring (dès 12 ans, Théâtre du Casino les 18 et 19 novembre) avant l'accueil d'une mise en scène d'Yves Beaunesne et de sa Compagnie Poitou-Charente avec L'Intervention de Victor Hugo (Théâtre du Casino les 27 et 28 novembre). Début décembre, l'intrigant Silence par Night Shop Théâtre occupera avec des marionnettes géantes la scène du Théâtre du Casino (le 9 décembre, le 12 à Sciez), et la programmation 2014 se terminera avec des „histoires à raconter“ de Yannick Jaulin (Théâtre du Casino le 19 décembre). Nelson Goerner © Aline Paley a infini par le Schön Théâtrenciel (1er et 2 octobre à l'Espace des Ursules à Thonon), un cabaret avec Les Psychopompes de la Compagnie Travelling Théâtre (Evian, Théâtre du Casino les 14 et 15 octobre), Vincent Delerm (Grange au Lac le 8 novembre) et Michel Fugain et Pluribus (Grange au Lac le 6 décembre). La Salle du Casino d'Evian recevra la partie théâtrale de la programmation, avec Le Square de Marguerite Duras mis en scène et joué par Didier Bezace avec Clothilde Monnet (les 7 et 8 octobre), et ensuite une création de Dan Jemmett, artiste associé à la Maison des Arts qui présentera Les Noces imaginaires d'Iphigénie, une „petite forme décalée d'après Iphigénie en Aulide“ d'Euripide (les 4 et 5 Frank Fredenrich t u a l i t é SIDEWAYS RAIN ALIAS - GUILHERME BOTELHO DANSE | EQUILIBRE VE 14 NOV. 2014 Un spectacle d’une fascinante beauté ! Sideways Rain a reçu le Prix suisse de danse en 2013 WWW.EQUILIBRE-NUITHONIE.CH RÉSERVATIONS FRIBOURG TOURISME ET RÉGION 026 350 11 00 SÉQUENCE 8 LES 7 DOIGTS DE LA MAIN NOUVEAU CIRQUE | EQUILIBRE MA 28 OCT. 2014 À 20H ME 29 À 15H ET 20H A découvrir en famille dès 8 ans ! Dernière coqueluche des Québécois, ce collectif issu du Cirque du Soleil fait souffler un vent de fraîcheur sur le nouveau cirque. WWW.EQUILIBRE-NUITHONIE.CH RÉSERVATIONS FRIBOURG TOURISME ET RÉGION 026 350 11 00 s p e c t a c l e s bonlieu annecy Le théâtre nouveau, c’est parti ! Impatience, excitation, admiration, après deux de travaux, la Scène nationale de Bonlieu à Annecy a fait peau neuve ! Evénement s’il en est par les temps qui courent, Bonlieu est rénové de fond en comble, 33 ans après sa construction. La saison d’ouverture peut commencé et les trois scènes du théâtre vous ouvrent leurs portes durant le mois d’octobre pour des visites insolites. Le maître de céans, Salvador Garcia, a bien fait les choses et programme une saison riche en émotions. Ne tardez plus à réserver ! 72 Ce ne sont pas moins de 75 spectacles et 180 représentations qui viendront sur les plateaux remis à neuf de Bonlieu. La réouverture scénique est agendée les 5, 6 et 7 novembre prochains avec trois spectacles qui vaudront le détour. D’abord avec Dominique Pitoiset, dans la grande salle, Un été à Osage County, aventure scénographique ambitieuse pour la désormais célèbre œuvre de Tracy Letts. Succès cinématographique porté par Meryl Streep et Julia Roberts l’an dernier. Dans la petite salle du théâtre également rénovée, la beauté hypnotique de Tordre, la création du stupéfiant Rachid Ouramdane qui nous donne à voir un portrait dansé de femmes intime et sensible. Enfin, dans le nouvel espace de la salle de création, dans une tradition circassienne qui cultive le déséquilibre et l’absurde, Camille Boitel a conçu Eclats, bribes et débris comme un regard porté sur la fragilité du notre humanité. Mais avant ces soirées d’inauguration, le théâtre sera déjà ouvert au public et ce de façon plus spectaculaire qu’il n’y paraît avec du 9 au 19 octobre, des visites « déguidées », pensées comme une déambulation dans les espaces les plus étonnants du théâtre nouveau. Les curieux seront accompagnés par de vrais faux guides comédiens qui ont mille histoires à vous raconter, pour rire ensemble de situations inédites. Des visites « guidées » auront pourtant lieu du 21 au 26 octobre, et qui plus est, menées par le directeur du théâtre de Saint-Gervais, Philippe Macasdar, endossant son costume de comédien drôle et instructif pour faire revivre les souvenirs et les anecdotes liés au théâtre. Enfin, les hôtesses de Bonlieu vous accueillent dans les coulisses et l’envers du décor pour des visites les mercredi, samedi et dimanche à 14h30 et à 16h30. Places limitées et réservations immédiates recommandées ! Ouverture, accueil et culture En pénétrant dans les nouveaux espaces de Bonlieu, le visiteur est frappé d’emblée par l’élégance et la sobriété des volumes et des couleurs, par l’unité limpide de l’ensemble architectural qui s’impose comme un lieu d’ouverture, d’accueil et de culture paré pour se projeter dans le futur de l’innovation scénique, mais aussi respectueux des traditions théâtrales «1 heure 23' 14" et 7 centièmes» avec Jacques Gamblin © Jonathan Sirch et de la diversité des publics qui aspirent à faire vivre ce lieu. On en veut pour preuve la nouvelle entrée du théâtre sur plusieurs niveaux parfaitement rythmés, que surplombe une galerie prévue pour accueillir un bar et une cuisine dignes de ce nom, du blanc, des nuances de gris du sol au plafond qui mobilisent la lumière et permettent aux différents espaces de respirer et de s’ouvrir aussi sur l’extérieur. De même, comme un clin d’œil malin et ludique aux origines du théâtre et au grand Maurice Novarina, des motifs de décoration murale ont non seulement été préservés, mais ont inspirés les logos de la nouvelle charte graphique de la saison 20142015. Chaque élément de cette signalétique repensée correspond à une interrogation salutaire liée à la mission cuturelle et vivante d’un outil aussi riche et ambitieux. Par exemple : on se parle ? on s’écoute ? on sort ? on partage ? on s’étonne ? et, on joue ? Une idée de la culture au service de la créativité artistique et l’image d’un théâtre qui s’ouvre et «Carmen», chorégraphie de Dada Masilo © John Hogg a c t u a l i t é s p e c t a c l e s publics. Il croit plus que jamais au désormais célèbre PACT, projet européen franco-suisse, plate-forme de création transfrontalière et moteur de mixité et d’échanges culturels. Bonlieu devient ainsi un outil majeur de productions scéniques de notre région et pourra par là-même se positionner à l’échelle européenne comme un acteur prépondérant de la diversité artistique, au même titre que le théâtre de Vidy ou que le festival de la Bâtie, avec lesquels il a encore renforcé sa collaboration. Et puis, les artistes fidèles à la scène nationale seront encore de la fête cette saison. André Dussolier, Romane Bohringer et Pierre Pradinas, Jacques Gamblin, Boris Charmatz, Omar Porras, Thierry Bédard et Michel Boujenah. Mais, il y aura aussi foule d’événements sur les différents plateaux de Bonlieu. Dans l’ordre d’apparition : Vincent «Cirkopolis» par le cirque Eloize © 2012 Productions Neuvart / Valérie Remise Macaigne, Jan Fabre, Jean-Claude Gallotta, le Ballet de l’Opéra de Lyon, Dada Masilo, Pascal Rambert, Christoph laisse le champ libre aux artistes, dans un parti pris de discrétion, d’élé- Marthaler, Mourad Merzouki, Joël Pommerat, Yoann Bourgeois, Alain gance et d’efficacité qui n’est pas sans rappeler une conception suisse-alé- Platel, Julien Gosselin ou Angelica Lidell. Autant d’artistes qui comptent manique des lieux de culture ! sur les scènes contemporaines et qui sont emblématiques de la volonté de Bonlieu de proposer ce qui se fait de mieux sur les scènes européennes. C’est une nouvelle ère qui commence ! Réjouissons-nous ! Convictions Jérôme Zanetta Par ailleurs, le directeur Salvador Garcia sera fidèle à ses convictions d’accueils et de productions scéniques de qualité et tournés vers tous les OCTOBRE ME 8 – LOU Cabaret théâtral et déchanté MA 14 – LAVERIE PARADIS de Claude-Inga Barbey Humour ME 22 – BIANCO SU BIANCO de Daniele Finzi Pasca – à Monthey DI 26 – AU PAYS DE L’AILLEURS de Guy Kummer-Nicolussi NOVEMBRE MA 4 – LA MALADIE DU POUVOIR d’Octave Mirbeau ME 12 – MUR d’Amanda Sthers avec Rufus et Nicole Calfan Comédie VE 14 – GUITARES ET CORDES MA 18 – ANTOINE DULÉRY FAIT SON CINÉMA (MAIS AU THÉÂTRE) Humour MA 25 – LA PETITE ÉVASION de Daniela Ginevro «éclats bribes et débris» de Camille Boitel © Yannick Bourdin a c t u a l i t é 73 s p e c t a c l e s cirque. Le Forum Meyrin perdra donc à terme un public intergénérationnel et familial. théâtre forum meyrin Saison 2014-2015 Un nageur qui semble flotter sous l’eau, une poignée de mots à la légèreté onirique, le ton est lancé : le Théâtre Forum Meyrin nous invite à entrer dans sa saison 2014-2015 « Comme dans un rêve »… Entretien avec Anne Brüschweiler, directrice du théâtre Forum Meyrin. Expliquez-nous le beau titre que vous avez donné à votre nouvelle saison. 74 C’est d’abord une partie du titre du dernier spectacle qui aura lieu dans les murs, J’ai couru comme dans un rêve, une création collective des Sans Cou. J’ai choisi de donner ce titre à la saison parce que comme le rêve, le théâtre – ou plutôt les arts vivants – nous aident à vivre. Le rêve se joue de la logique, il réaménage la réalité, il est le merveilleux qui s’oppose au cauchemar, le limpide à l’obscur. Sans rêve, pas de sommeil réparateur. Il se trouve que je m’intéresse depuis longtemps aux neurosciences et que le Forum Meyrin organisera trois rencontres autour d'un spectacle, afin de réfléchir aux liens entre le théâtre et les neurosciences. Comment fonctionne le théâtre dans le cerveau du spectateur, comment fait-il pleurer, s’énerver, s’enthousiasmer ? Nous aurons comme invité Gabriele Sofia, chercheur à Montpellier, d’origine italienne, qui ajoute à sa formation en psychologie neuroscientifique une formation de comédien et de metteur en scène. Sa thèse a porté sur la neurophysiologie de l’acteur et du spectateur. Il s’associera à trois moments de la saison : avec The Valley of Astonishement de Peter Brook il sera question du cerveau et de l’inconscient ; avec Charlie Chaplin et les Lumières de la Ville on parlera du comique et du rire ; enfin avec King Size de Christoph Marthaler, il s’agira de l’influence des chansons populaires sur le cerveau et du plaisir du spectateur. Beaucoup de musique accompagne les spectacles… À un moment de ma vie, j’ai beaucoup pratiqué le chant, ce qui me porte à m’intéresser à son influence sur l’être humain. On sait par exemple que le chant développe de l’ocytocine, l’hormone du plaisir, et que les enfants exerçant une activité musicale présentent des capacités d’apprentissage accrues dans tous les domaines. Le choix des spectacles de la saison est donc sous-tendu e Anne Brüschweiler © StudioCasagrande.com par l’approche neuroscientifique et par mes propres goûts pour la musique, qui accompagne de nombreux spectacles, mais ce qui guide bien entendu et avant tout le choix des spectacles, c’est la réponse par l’affirmative à la question : ces spectacles sont-ils dignes d’être vus ? En feuilletant le programme, je ne trouve que trois spectacles de cirque, dont un seul de grande ampleur, Alice in China, ce qui semble en diminution par rapport aux années précédentes. Le Forum Meyrin est une salle pluridisciplinaire qui offre un panorama du meilleur des arts vivants en termes de formes, de sujets, d’esthétiques. On connaît mon attachement aux arts circassiens qui malheureusement peuvent de moins en moins facilement se produire chez nous à cause de la configuration de la scène. Le canton de Genève voit ainsi peu à peu lui échapper cet art vivant très fédérateur, au profit de la France voisine et du canton de Vaud qui ont mesuré tout l’intérêt qu’il y avait à construire de très grandes salles dotées de scènes en mesure d’accueillir des troupes pratiquant les arts du n t r e Une page du programme présente des rubriques à l’intitulé incitatif : imaginer le pire, revisiter les dossiers brûlants, voir les choses en grand, soutenir le Made in Romandie, prendre la route, redécouvrir des figures mythiques. Que recouvrent ces rubriques ? Je dirai en préambule que la saison 14-15 sera plus courte que les précédentes car des travaux de rénovation de la salle sont programmés. Nous n’aurons donc qu’une trentaine de spectacles jusqu’en mars, puis des spectacles hors les murs : Les Particules élémentaires, Coup fatal et Il n’est pas encore minuit (rubrique « prendre la route »). Trois spectacles relèvent peu ou prou du théâtre documentaire : Une femme sans histoire, Standards et Court-Miracles (rubrique « revisiter les dossiers brûlants »). Dans la rubrique « soutenir le Made in Romandie », nous avons la dernière création de Dorian Rossel, Alexandre Doublet qui donnera la parole à des adolescents en perte de repères dans All Apologies – Hamlet, un spectacle de danse avec la Cie Philippe Saire dans Utopia Mia et un de cirque de Fabrice Melquiot qui a écrit les textes pour le Nouveau Cirque national de Chine ; enfin, cette rubrique romande s’enrichira de deux soirées musicales avec l’Orchestre de Chambre de Genève qui jouera la partition écrite par Charlie Chaplin pour Les Lumières de la ville, sous la direction de Philippe Béran et de Pygmalion Blues par le Geneva Camerata avec Yaron Herman et David Greilsammer. J’ai mentionné Dorian Rossel, dont la compagnie STT en résidence au Forum donne lieu à un compagnonnage extrêmement fructueux qui confirme depuis deux ans le grand bonheur que nous avons à travailler ensemble. La Cie Alias, autre compagnie en résidence depuis plusieurs années, fêtera en 2015 ses vingt ans d’existence. Pour commémorer cet événement, Guilherme Botelho a eu l’excellente idée de confier des images d’archives à un vidéaste qui projette sur façade. La trilogie Distancia ouvrira sur Antes, une création qui créera sans nul doute l’événement, complétée par les reprises de Jetuilnousvousils et de Sideways Rain. Les trois spectacles s’accompagneront de propositions artistiques telles qu’un kiosque dressé dans l’enceinte du théâtre qui fonctionnera sur le principe du juke-box : chacun pourra offrir t i e n s p e c t a c l e s une danse à une personne. Les bureaux d’Alias étaient dans les murs du Forum cette année, de même que les répétitions de la Cie STT s’y sont déroulées. Ces aspects de la vie commune sont une incontestable richesse. Il est extrêmement précieux d’être nourri par la créativité d’artistes de cette qualité. Leurs doutes, le processus évolutif sont partagés par tous avec beaucoup d’intensité. Le théâtre n’est-il pas au service des artistes et non l’inverse ? Enfin, je rêvais depuis longtemps d’avoir Christoph Marthaler, cet artiste radicalement original qui a inspiré nombre de spectacles contemporains. C’est chose faite avec King Size (rubrique « redécouvrir des figures mythiques »). À mes yeux, les fleurons d’une programmation ne sont pas là pour le prestige mais parce qu’ils apportent réellement quelque chose. Des noms moins prestigieux seront sans doute les classiques de demain : je pense à Judith Chemla dans L’Annonce faite à Marie, à Olivier Martin-Salvan dont le potentiel comique explose dans Pantagruel ; c’est un comédien complet au large spectre, pratiquant le chant lyrique, dont on entendra parler. Que le théâtre nous emmène ailleurs, comme dans un rêve ! Propos recueillis par Laurence Tièche Chavier Le programme complet du théâtre Forum Meyrin peut être consulté sur le site www.forum-meyrin.ch théâtre forum meyrin : the valley of astonishment Le retour du magicien Peter Brook avait refait un tour aux Bouffes du Nord, qu’il ne dirige plus depuis quelques années, et refait un tour de magicien comme il est seul à savoir le faire : avec rien il fait un spectacle plus fort que n’importe quelle grosse production. D’ailleurs, un magicien il en met un dans cette nouvelle pièce, The Valley of Astonihment (la Vallée de la stupeur), comme pour nous dire, avec un clin d’œil, que la prestidigitation, c’est d’abord une affaire suggestion et de manipulation du cerveau. Comme lorsqu’il créa L’Homme qui il y a une vingtaine d’années, Brook met en scène le cerveau, son dysfonctionnement ou plutôt son hyper-fonctionnement. Le personnage principal est une femme dont la mémoire enregistre tout : les gestes qui ont lieu autour d’elles, les pages qu’on vient de lire, les listes qu’elle entend. Même si on multiplie les pièges dans les textes qu’on lui demande de restituer immédiatement après les avoir entendus, elle ne se trompe pas. Elle réussit l’impossible : se souvenir de ce qui, chez les individus « normaux », n’est pas mémorisable. Mais cela ne va pas sans souffrance. Comment évacuer du cortex toute cette matière de mots et d’images qui l’a envahi ? Une nouvelle fois, Brook et sa complice de toujours, Marie-Hélène Estienne, ont hanté les services et les centres de documentation psychiatriques, interrogé des neurologues. Puis ils ont représenté ce cas médical dans le contexte médical. Le plus souvent, la femme douée d’une folle capacité mnémonique fait face à deux psychiatres qui la mettent en confiance, la soumettent à quelques exercices et tentent de comprendre (en fait, la mémoire passe par des associations immédiates avec des images). Le spectacle se compose seulement de ces courtes scènes et change de cadre, à la fin, puisque la « malade » accepte de se produire en public et faire la démonstrations de ses dons dans un music-hall. Mais le décor ne change pas. Il y a juste une table et des chaises, qu’on décale de quelques centimètres. C’est ça, le génie de Brook : épurer jusqu’à ce qu’il n’y ait plus rien et qu’on voie tout. L’actrice anglaise Kathryn Hunter interprète le rôle central avec une présence étrange, fascinante et poignante. De petite taille, maigre, androgyne, elle porte un costume noir, comme rescapée d’un deuil mystérieux. Ses deux partenaires, Marcello Magni et Jared McNeill, jouent plus la normalité et la banalité mais avec un joli don pour la transformation. Les musiciens Raphaël Chambouvet et Toschi Tsuchitori complètent la mise en apesanteur de ces choses graves traduites avec la plus profonde des légèretés. Magnifique retour du maître Brook ! Gilles Costaz Les 15, 16 et 17 octobre : The Valley of Astonishment, « recherche théâtrale » de Peter Brook et Marie-Hélène Estienne, lumières de Philippe Vialatte, surtitrage de Pierre-Heli Monot, avec Kathryn Hunter, Marcello Magni Jared McNeill et les musiciens Rapahël Chambouvet et Toshi Tsuchitori. «The Valley of Astonishment» - photo Pascal Victor e n t r e t i e n 75 s p e c t a c l e s nuithonie et équilibre Octobre fribourgeois Abondance de spectacles ne saurait nuire, et dans le cas fribourgeois il est désormais démontré du point de vue culturel que tout vient à point à qui sait attendre puisque maintenant trois salles offrent leurs productions au public, soit deux à Nuithonie (Mummenschanz et petite salle) venant compléter l'offre de la grande salle Equilibre. 76 L'automne s'annonce varié avec de nombreuses soirées théâtrales mêlant créations locales (généralement à Nuithonie) et accueils de spectacles venus des scènes privées parisiennes (le plus souvent à Equilibre). Mais ce n'est pas un hasard si l'une des premières productions locales de l'automne à l'affiche s'annonce sous le signe de l'humour – musical dans ce cas. Deux violonistes, Annick Rody et Camille Stoll, l'altiste Laurence Crevoisier et la violoncelliste Sara Oswald ont uni leur destin d'interprètes en fondant en 2005 Barbouze de chez Fior, référence à un parfum que connaissent les lecteurs Zazie dans le métro de Raymond Queneau. Après avoir accompagné de nombreux artistes de la région (Pascal Auberson, Lee Maddeford, les Young Gods...) les voici s'accordant une carrière à mi-chemin entre les Kronos et Le Quatuor, entre apparentes improvisations et dégustations gustatives, elles avaient proposé Poule au pot Moléculaire, avant de passer à l'Arche part à huit heures, création tout public jouée avec trois comédiens durant l'hiver dernier. Retour donc à Nuithonie pour ce quatuor peu orthodoxe pour Polysomnographie, un produit musical inspiré par Morphée dont on peut supposer qu'il ne fera pourtant pas s'assoupir les spectateurs (vendredi 3 octobre). Bien connu désormais du public romand, Robert Sandoz proposera ensuite une adaptation intitulée 33 T ! en compagnie du metteur en scène Alain Bertschy : deux acteurs et deux danseuses se mettront au service de souvenirs recueillis auprès de 33 personnes, les évocations étant liées à des chansons (Nuithonie, jeudi 9, vendredi 10, samedi 11, mercredi 15, jeudi 16 et vendredi 17 octobre). Toujours à Nuithonie, accueil ensuite d'un des lieux de création français de référence pour jeune public, le Théâtre Nouvelle Génération/ Centre Dramatique National de Lyon qui proposera Everest (dès 9 ans) le samedi 11 et dimanche 12. Et si Derborence (voir article dans ce numéro) attirera les lecteurs de Ramuz, c'est la salle Equilibre qui recevra Alain Chamfort le jeudi 16 octobre. Dixième création au programme de Cuche et Barbezat dans une mise en scène d'un duo de Pierre bien connus, Mifsud et Naftule (le samedi 18 octobre à Nuithonie). «Séquence 8» par Les 7 doigts de la main © Lionel Montagnier Place au classique également, puisque l'Orchestre de Chambre Fribourgois fondé par Laurent Gendre il y a cinq ans offre désormais une série de cinq concerts à Equilibre, le premier ayant été donné le 9 septembre. Le mardi 21 octobre, Laurent Gendre dirigera un programme Beethoven (Concerto pour violon, soliste Stefan Muhmenthaler) ) et Schumann (Symphonie no 4). Toujours à Equilibre, accueil de Séquence 8, un spectacle de « nouveau cirque » par la compagnie Les 7 doigts de la main qui s'annonce haut en couleurs et en acrobaties et autres spécificités du genre, le tout teinté d'humour (mardi 28 et mercredi 29 octobre). Frank Fredenrich «33t!» © Aurélien Aldana a c t u a l i t é e x p o s i t i o n s à genève et bâle Une saison Courbet Cette double exposition consacrée à Gustave Courbet , né en 1819 à Ornans et mort en 1877 à la Tour-de-Peilz en Suisse, est aussi l’occasion de mieux faire connaître l’œuvre d’un artiste, dont l’influence pour les tenants de la peinture des années 1860 et des débuts de l’impressionnisme a été décisive. 78 En choisissant de s’arrêter sur les années suisses de Gustave Courbet, le musée d’Art et d’Histoire de Genève et sa commissaire Laurence Madeline apportent un nouvel éclairage aux années d’exil de Courbet. Peut-être fera-til changer d’avis tous ceux qui pensent que, contraint de fuir la France, pour échapper aux représailles et à la confiscation de ses œuvres, Courbet s’installant en Suisse ne donnait plus rien de neuf. Un jugement largement répandu par Zola mais aussi par nombre d’autres amis du peintre, qui ne veulent voir dans ces œuvres de l’exil que des toiles bien inférieures à celles de Paris ou d’Ornans, sans éclair de génie. Des amis qui se désintéresseront de lui, comme Claude Monet, dont Courbet fut cependant le témoin de mariage le 28 juin 1870. Comme l’a relevé Laurence des Cars, dans sa contribution d’un catalogue très bien documenté, ces années douloureuses de l’après-Commune et de l’exil sont considérées comme « un sujet d’embarras pour l’entourage critique de l’artiste dès son vivant ». Et de reconnaître que « l’amnistie artistique individuelle fut sans doute plus longue à s’établir que ne le fut sans doute l’effacement collectif de la condamnation juridique en 1880 ». Lorsque Courbet arrive le 23 juillet 1873 en Suisse, il pense plus à une transition qu’à une fin. De plus, natif de Franche-Comté, Courbet ne devait pas se sentir trop étranger dans son nouveau pays d’adoption. En s’installant à La Tourde-Peilz, sur cette Riviera vaudoise déjà si touristique, il découvre aussi que ce site lui offre la possibilité d’explorer des motifs picturaux, dans l’air du temps et répondant à la demande du marché du tourisme. Que ce soit les arbres du parc des Crêtes, les montagnes, le lac Léman et surtout le Château de Chillon, dont on a répertorié pas moins de 21 versions, les sujets lui semblent familiers. Le parcours de l’exposition réserve d’ailleurs une petite enclave à ce motif du Château de Chillon, un site qui a été peint par les plus grands artistes du 19° siècle, William Turner, Alexandre Calame ou François Bocion. Le visiteur ne pourra s’empêcher de faire le a parallèle avec Claude Monet, qui avec son motif des cathédrales ou des meules de blé reprendra exactement ce même principe du systématisme et de la sérialité. Dès son arrivée en Suisse, Courbet n’a eu de cesse de se faire connaître. D’une part, par les œuvres réalisées sur place mais aussi celles, une centaine environ, qu’il avait emportées avec lui et espéré vendre. Il ouvre donc en août 1875 une galerie, où sont exposés des œuvres des années 1840 à 1850, dont certaines non destinées à être vendues comme cette très belle Joe, la belle Irlandaise (1866) ou des autoportraits, comme cet Homme à la ceinture de cuir (1845/46), qui souligne sa dimension d’artiste, ou cet Autoportrait (1850/53) au profil assyrien, ou encore L’Homme blessé (1844/54). Mais dans cette section du parcours regroupée sous le titre La Galerie Courbet, d’autres portraits séduiront le visiteur par la technique éblouissante de l’artiste : L’Ivrogne d’Ornans (1872), « chef d’œuvre dans l’horreur », Femme espagnole (1855) ou Les Amants de la campagne (1844). Reconnaissant à la Suisse de l’avoir accueilli, Courbet se lance dans la sculpture et crée une Helvetia/Liberté (1875) dont il fait don à la commune de La Tour-de-Peilz, n’oubliant pas d’en offrir deux autres exemplaires aux communes de Fribourg et Martigny dont les partis radicaux bien implantés se sentaient proches des exilés de la Commune. Il s’essaie même au portrait en costume mais La Vigneronne de Montreux (1876) qu’il envoie à son ami Jules Baudry, n’obtient pas le succès escompté. « Les costumes suisses n’ont aucune vogue » écrit-il « j’étais ennuyé d’entendre dire, c’est dommage que ce soit de la Suisse ». Il est vrai que le tableau n’est pas d’un grand intérêt. Il en va tout autrement des tableaux ayant pour motif l’eau et le ciel, auxquels Courbet s’était essayé lors de ses séjours en Normandie et qui ont fait son succès à la fin des années 1860. A son ami le peintre Whistler, il fait l’éloge de ces paysages du bord du lac Léman : « je suis ici dans un pays charmant, le plus beau du monde entier, sur le lac Léman, bordé de montagnes gigantesques… c’est mieux que Trouville, à cause du paysage ». C’est aussi bien sûr le point d’orgue de l’exposition genevoise, avec un défilé de vues du Léman, qui témoignent de la maîtrise chromatique de Courbet dans une gamme qui s’enflamme aux lueurs du couchant. Au regard de l’art de son temps, Coucher de soleil sur le lac Léman (1874) sait encore être pertinent et comme le souligne si justement Laurence des Cars, « l’approche et la manière du peintre frô- Gustave Courbet «Coucher de soleil, Vevey», 1874 Huile sur toile, 65.4 x 81.3 cm. Cincinnati Art Museum, Gift of George Hoadly © Rob Deslongchamps c t u a l i t é lent l’appel exactement contemporain de Monet en faveur du rayon et du reflet ». Impressions, soleil levant de Claude Monet se profile clairement et lorsque Courbet peint Le lac Léman au crépuscule devant Bon-Port (1876), figurant sous le titre Clair de lune dans l’inventaire, on pourrait penser à une version nocturne de l’œuvre de Monet. Conscient que c’est le paysage alpestre qui est le fondement de la peinture suisse, Courbet en fait le nouvel enjeu de ses recherches et souhaite revenir à Paris à l’occasion l’Exposition Universelle de 1878 avec ce Grand Panorama des Alpes (1877), aujourd’hui au musée de Cleveland. Paysage monumental et solitaire, « exaltation d’une nature pure » dégageant une légèreté et une luminosité nouvelles, qui ouvrent à une peinture différente. Quant au Panorama des Alpes (1876) récemment acquis par le musée d’Art et d’Histoire et catalogué à tort par certains comme esquisse, l’œuvre témoigne de la puissance picturale de l’artiste et atteste de la volonté de l’artiste de capturer dans un format plus large la minéralité et la luminosité. En même temps, elle exprime l’ambiguïté des sentiments de l’artiste, angoisse de l’emmurement et désir de liberté. « C’est le tombeau que se compose Courbet, ou qui lui est offert audelà de sa disparition », résume très justement Laurence Madeline. Musée Rath. Jusqu’au 4 janvier A la Fondation Beyeler Le commissaire Ulf Küster a fait le choix commode d’un parcours thématique, s’efforçant de montrer dans ses portraits, ses paysages, ses représentations de femmes, ses marines comment l’artiste affirme son individualité d’artiste, en transgressant les codes traditionnels de la peinture, mettant au point une technique picturale novatrice, non sans un certain goût pour la provocation. Dans ce rayon un peu osé, la fondation Beyeler est très fière d’avoir pu obtenir du Musée d’Orsay le prêt de L’Origine du monde (1866), représentant à la fois une rupture de tabou et un jalon. Longtemps pas exposé, propriété un certain temps du psychanalyste Jacques Lacan, ce tableau est entré en 1995 dans les collections publiques. Il aurait été cependant inimaginable de le montrer dans la rétrospective de 1977, rappelle Dominique de Font-Réaulx. A d’autres temps, d’autres mœurs mais à partir du moment où ce tableau est devenu visible par tous, la question du comment le présenter reste intacte, car ce tableau caché se superpose avec Courbet. Le tableau présenté dans une salle au centre du parcours est complété par des œuvres représentant des grottes, bloc rocheux bordant des cours d’eau. Le regard du visiteur est directement a c t u Gustave Courbet, «La Roche pourrie, étude géologique», 1864. Huile sur toile, 60 x 73 cm. Musée Max Claudet, Salins-les-Bains. Photo : Henri Bertrand conduit vers l’orifice obscur de la caverne, qui suppose une vie cachée, angoissante et attirante, éveillant tout naturellement des allusions érotiques. Si, pendant longtemps, une certaine indifférence marquait les œuvres du début et de la fin de la carrière, l’exposition bâloise s’ouvre sur les autoportraits réalisés entre 1840 et 1850 dans lesquels le dialogue artistique avec sa propre apparence lui a permis de développer ses moyens d’expression. La Rencontre (Bonjour Monsieur Courbet), de 1854 montre l’artiste conscient de sa valeur et peut être considéré comme un tableau programmatique, ayant pour enjeu une réforme des arts. Démarche identique pour Le Fou de peur (portrait de l’artiste), vers 1844/1845, incarnant « l’artiste ambitieux qui se précipite vers l’indéterminé dans un mélange chromatique de couleurs libres et pures ». Clin d’œil ironique de l’artiste dans son Autoportrait sous forme d’une pipe (1858) alors que dans L’Homme blessé (1866), l’artiste investit la thématique romantique de l’artiste héroïsé par la souffrance. Après 1855, Courbet peint essentiellement des paysages, ceux de sa région natale d’Ornans, à laquelle il était viscéralement attaché mais aussi des paysages de mer, ou des paysages de neige. Il met la peinture au cœur de son œuvre et démontre ainsi son individualité artistique, faisant de son style une vraie marque de fabrique, qui trouve de nombreux amateurs. Il utilise la couleur d’une manière inhabituelle pour l’époque, l’appliquant à la brosse, au couteau, à la spatule ou avec un chiffon. Pour restituer les structures géologiques du paysage, il se sert de la couleur pour modeler ses motifs, appliquant la couleur en pâte épaisse a l i t avec une spatule, comme dans Roche pourrie (1864) ou La Source de la Loue (1864) garantissant ainsi un effet spatial des couches sédimentaires empilées les une sur les autres. Dans Le Ruisseau du Puits-Noir (1869), Courbet accentue également la structure géologique du rocher et donne l’impression d’en imiter la stratification par un empilement d’empâtements. Une technique picturale que l’on retrouve dans les peintures figurant la mer et qui composent les tableaux-phares de l’exposition. Cézanne avait été marqué par les effets plastiques de La Vague (1869) s’écriant qu’on recevait la mer en pleine poitrine. Cette technique de couleur appliquée au couteau couche après couche, obtenant de nombreuses nuances chromatiques, qui évoquent une grande liberté, flirte souvent avec l’abstraction. Il y a dans nombre d’œuvres, que ce soient les représentations de grottes, de vagues, un centre obscur. Dans Braconniers dans la neige (1867), les personnages sombres se détachent de manière inquiétante sur la toile, où la matérialité de la peinture blanche et celle de la neige se confondent. Courbet transcende les paysages et c’est un rapport à la fois de jouissance et de création, qui anime l’artiste. En 1870, Courbet est le plus grand peintre de son temps, qui a marqué la nouvelle génération. Mais son engagement politique pour la Commune mettra fin à sa carrière et marquera le début ses souffrances. Refusé au Salon de 1872, c’est un enchaînement de malheurs : son emprisonnement, sa maladie, l’exil en Suisse et finalement sa mort en 1877. Jusqu’au 18 janvier Régine Kopp é 79 expos itions FRANCE en tre et l’arène. Art et tauromachie, de Goya à Barceló. Jusqu’au 12 octobre. Aix Musée Granet : Chefs-d’œuvre Chantilly Château : Fra Angelico, l de la collection Pearlman. Cézanne et la modernité. Jusqu’au 5 oct. l Botticelli… Chefs-d’œuvre retrouvés. Jusqu’au 5 janvier Avignon Musée Louis Vouland : Rêves Colmar Musée Bartholdi : Exquises l d’un collectionneur, Tableaux et Faïences. Jusqu’au 26 octobre. l Musée du Petit Palais : Acquérir, restaurer, attribuer : La Visitation. Jusqu’au 2 novembre. l Prison Saint-Anne : La disparition des lucioles. Jusqu’au 25 novembre. Baux-de-Provence Carrières de lumières : Klimt et l Vienne. Un siècle d’or et de couleurs. Jusqu’au 4 janvier Bordeaux Musée des beaux-arts 80 l : Photographes de la côte ouest des États-Unis des XIXe et XXe siècles. Jusqu’au 10 novembre Bourg-en-Bresse Monastère royal de Brou : En noir l et en couleurs. Du 17 oct. au 26 avril Céret Musée d’art moderne : Le peinl l esquisses (dessins de Bartholdi). Jusqu’au 31 décembre. Evian Maison Garibaldi : « Evian et le franc e Lille Toulon Palais des Beaux-Arts : Sésostris Hôtel des Arts : Enki Bilal. Du 18 l III pharaon de légende. Du 9 octobre au 25 janvier Lyon Musée des beaux-arts : Dialogue avec la Fondation Bullukian. Du 8 oct. au 10 novembre l l octobre au 4 janvier Toulouse Musée des Augustins : Benjamin-Constant (1845-1902) et l’Orientalisme. Du 4 octobre au 4 janvier l Marseille Wingen MuCEM : Food. & Les chemins Musée Lalique : Le monde aqual d’Odessa. Du 22 octobre au 23 février. l tique de Lalique. Jusqu’au 11 nov. drame de la Grande Guerre », 500’000 civils rapatriés. Jusqu’au 16 novembre l Palais Lumière : Chagall, l’œuvre imprimé. Jusqu’au 2 novembre. Montpellier St.GermainMusée Fabre : Viallat, une rétrospective. Jusqu’au 2 novembre en-Laye Musée départemental Maurice Denis : Beautés du Ciel. Nice Musée d'Art Moderne : Jaume Décors religieux de Maurice Denis au l Musée des impressionnismes : Bruxelles, une capitale impressionniste. Jusqu’au 2 novembre Quimper Musée des beaux-arts : De l Giverny Le Havre Musée d’Art moderne André l Malraux : Nicolas de Staël. Lumières du Nord - Lumières du Sud. Jusqu’au 9 novembre. Lens Le Louvre : Les désastres de la l l l Plensa, Kiki Smith, Barthélémy Toguo – Trio. Jusqu’au 11 oct. l Gainsborough à Turner, l’âge d’or du paysage et du portrait anglais. Du 23 octobre au 26 janvier. Thonon Musée du Chablais (Châ̂teau l de Sonnaz) Le Léman en question. Jusqu’au 9 novembre. l guerre, 1800-2014. Jusqu’au 6 oct. Vésinet. Jusqu’au 4 janvier 2015 AILLEURS Barcelone Museu Nacional d’Art de Catalunya : Josep Tapiró. Jusqu’au 14 sept. Antoni Viladomat i Manalt (1678-1755). Jusqu’au 31 déc. l Berlin Martin-Gropius-Bau l (Am Kupfergraben) Walker Evans (1903 – 1975). L’œuvre d’une vie. Jusqu’au 9 novembre. Musée des Augustins, Toulouse Benjamin-Constant Merveilles et mirages de l’orientalisme Première co-production du Musée des Augustins de Toulouse et du Musée des beaux-arts de Montréal, cette exposition sera présentée du 4 octobre 2014 au 4 janvier 2015 au Musée des Augustins à Toulouse et du 31 janvier au 31 mai 2015 au Musée des beaux-arts de Montréal, Canada. Il s’agit de la première rétrospective jamais organisée sur le peintre français JeanJoseph Benjamin Constant dit Benjamin-Constant, qui permettra de redécouvrir l’œuvre d’un acteur majeur de l’orientalisme de la Troisième république, aujourd’hui tombé dans un oubli injuste; cet artiste a souvent été confondu avec l’écrivain et homme politique Benjamin Constant, le célèbre auteur de «Adolphe». Dans la lignée d’un Eugène Delacroix qu’il admire, ce brillant coloriste se rapproche de l’orientalisme d’Henri Regnault, Mariano Fortuny, Georges Clairin ou JeanPaul Laurens. S’emparant des stéréotypes d’un Orient colonial en suspens, BenjaminConstant associe des odalisques nonchalantes à des Maures farouches dans le cadre de compositions gigantesques, précisément architecturées. Sa peinture d’histoire, d’inspiration byzantine ou biblique, complète sa veine orientaliste. Ses tableaux saisissants mettent en valeur des qualités chromatiques qu’il exprime avec une palette brillante. . du 4 octobre 2014 au 4 janvier 2015 Benjamin-Constant «Entrée du sultan Mehmet II à Constantinople le 29 mai 1453», 1876, huile sur toile, Inv. 2004 1 140. Toulouse, musée des Augustins Photo Bernard Delorme a g e n d a expos itions en europe Wallraf-Richartz-Museum, Cologne Cathédrales Romantisme, impressionnisme, modernité Caspar David Friedrich l’a fait, tout comme Alfred Sisley et Auguste Rodin. Quant à Claude Monet, il l’a fait 33 fois ! Et Picasso, Macke, Lichtenstein, Friedrich, Warhol et Gursky également, pour ne citer que les artistes les plus renommés... Tous, ils se sont laissés inspirer par la grâce et la grandeur de cathédrales célèbres, des cathédrales qu’ils ont immortalisé dans leurs œuvres. Le musée Wallraf retrace dans son exposition d’automne intitulée «La Cathédrale» le chemin captivant de ce motif d'image, du romantisme jusqu’à nos jours, croisant ainsi les artistes impressionnistes et modernes. Plus de 180 pièces sont exposées qui, toutes, représentent les édifices les plus monumentaux du moyen-âge; parmi les œuvres de l’exposition figurent quatre ouvrages du cycle légendaire par lequel Monet a éternisé la cathédrale de Rouen. A l'exemple de la cathédrale, la visite guide les visiteurs à travers quelques-uns des chapitres les plus fascinants de l'histoire de l'art. Non seulement, elle permet de découvrir l’abondance des interprétations au cours des époques différentes, mais montre aussi les surprenantes similitudes entre ces artistes éminents tout en expliquant les buts visés individuellement par ces derniers, leurs points de vue et leurs motivations. Des vues grandioses vous attendent ! . jusqu’au 18 janvier 2015 Vincenz Statz, «Und fertig wird er doch» (Et, pourtant, il sera prêt), 1861, Aquarelle, 65,8 x 48,9 cm, Wallraf-Richartz-Museum & Fondation Corboud, Köln Bruxelles Francfort Bozar : «Focus on Italy». Peinture Schirn Kunsthalle : Helene l de Sienne. Ars Narrandi dans l’Europe gothique. / The Yellow Side of Sociality. Italian Artists in Europe. / Michelangelo Pistoletto. Love Difference Mar Mediterraneo (2003-2005). Trois expositions jusqu’au 18 janvier. l Musées royaux des beaux-arts : Rétrospective Constantin Meunier (1831-1905). Jusqu’au 11 janvier l Palais des Beaux-Arts : Sensation et sensualité. Rubens et son héritage. Jusqu’au 4 janvier Cologne Wallraf-Richartz-Museum : l Schjerfbeck (1862-1946). Du 2 octobre au 11 janvier l Städelmuseum : Dessins de la Renaissance italienne. Du 8 octobre au 11 janvier Hambourg Kunsthalle : Max Beckmann. Les l natures mortes. Jusqu’au 18 janvier Munich Kunsthalle der Hypo-Kulturstifl tung : Rembrandt, Titien, Bellotto - coll. Gemäldegalerie de Dresde. Jusqu’au 23 novembre. La Cathédrale. Romantisme - Impressionnisme - Modernisme. Jusqu’au 18 janvier 2015 La Haye Gemeente Museum : Mark l l l l Rothko. Jusqu’au 3 janvier Essen Londres Folkwang Museum : Inspiration British Museum : Huit momies, huit japonaise. Monet, Gauguin, van Gogh... Jusqu’au 18 janvier Florence Palazzo Strozzi : Picasso et l’expél rience du modernisme espagnol. Chefs-d’œuvre du musée national Reina Sofia. Jusqu’au 20 janvier a g vies, huit histoires. Jusqu’au 30 nov. Ming - 50 ans qui ont changé la Chine. Jusqu’au 5 janvier 2015 l Courtauld Gallery : Jack of Diamonds. Jusqu’au 18 janvier. Egon Schiele. Le nu radical. Du 23 octobre au 18 janvier l National Gallery : Rembrandt : les dernières œuvres. Du 15 octobre au 11 janvier e n l National Portrait Gallery : Anarchy and Beauty. William Morris et son héritage, 1860-1960. Du 16 octobre au 11 janvier l Royal Academy of Arts : Anselm Kiefer, rétrospective. Jusqu’au 14 décembre. l Tate Britain : Late Turner Painting set free. Jusqu’au 25 janvier l Tate Modern : Malevich. Jusqu’au 26 octobre. l Victoria & Albert Museum : Constable. The Making of a Master. Jusqu’au 11 janvier. Madrid Fundación Mapfre : Sorolla et les l Etats-Unis. Jusqu’au 11 janvier Musée du Prado : Le Bernin et l’Espagne. Du 21 octobre au 8 février. El Greco et la peinture moderne. Jusqu’au 5 oct. l Musée Thyssen-Bornemisza : Peintures victoriennes de la collection Pérez-Simón. Jusqu’au 5 oct. l Rome Scuderie del Quirinal : Memling l La Renaissance flamande. Du 10 octobre 2014 au 18 janvier 2015 San Gimignano Palazzo Comunale, Pinacoteca : l Pintoricchio. Le retable de l’Assomption de la Vierge de San Gimignano et les années siennoises. Jusqu’au 6 janvier. Venise Fondation Querini Stampalia : l Sur les traces de l’architecte et designer Carlo Scarpa Jusqu‘au 23 novembre. l Palazzo Grassi : Irving Penn & L’illusion des lumières. Jusqu’au 31 décembre. l Peggy Guggenheim Collection: Azimut/h - continuité et nouveauté. Jusqu’au 19 janvier 2015 Vienne Mayence Albertina Museum (Albertinapl.) Landesmuseum : Max Slevogt. En l l route vers l’Impressionnisme. Jusqu’au 12 octobre. Milan Palazzo Reale : Segantini. Le l retour à Milan. Jusqu’au 18 janvier d a Arnulf Rainer. Jusqu’au 6 janvier. Miró - De la terre au ciel. Jusqu’au 11 janvier l Osterr. Galerie Belvedere : Claude Monet. Du 24 octobre au 8 février. Josef Dobrowsky. Jusqu’au 18 janvier 81 expos itions Genève Art & Public (Bains 37) Fabrice l 82 Gygi. Jusqu’au 17 octobre. l Blondeau & Cie (Muse 5) Viktor Kopp. Jusqu’au 20 décembre l Cabinet d’Arts graphiques (Promenade du Pin 5) Le geste suspendu. Estampes Kabuki du Cabinet d'arts graphiques. Du 9 oct. au 11 janvier l Centre d'Art Contemporain (Vieux-Grenadiers 10) Biennale de l'Image en Mouvement 2014. Jusqu’au 23 novembre. l Centre d'édition contemporaine (Saint-Léger 18) Raphaël Julliard. Jusqu’au 29 novembre l Centre de la Photographie (Bains 28) Biennale de l'Image en Mouvement 2014. Jusqu’au 23 nov. l Espace Jörg Brockmann (Noirettes 32) Ricardo Cases. Jusqu’au 13 oct. Sara Lena Maierhofer. Du 16 octobre au 19 décembre. l Espace L (rte des Jeunes 43) Melting Pot, dialogue entre art contemporain brésilien et européen. Jusqu’au 9 novembre. l Ferme de la Chapelle, GrandLancy (39, rte de la Chapelle) Xavier Cardinaux & Ivo Vonlanthen. Jusqu’au 5 octobre. l Fondation Bodmer (Cologny) L’Histoire à la une. Du 4 octobre au 2 novembre. l Galerie Bärtschi (rte des Jeunes 43) en Per Barclay. Jusqu’au 31 octobre. l Galerie de la Béraudière (E.Dumont 2) Maîtres impressionnistes, surréalistes et modernes. Jusqu’au 31 octobre. l Galerie Bernard Ceysson (7, Vieux-Billard) Christian RobertTissot. Jusqu’au 1er novembre. l Galerie Patrick Cramer (VieuxBillard 2) Sabine Weiss, photographies. Jusqu’au 31 octobre l Galerie Anton Meier (Athénée 2) Doris Pache. Jusqu’au 18 octobre. l Galerie Mezzanin (63, Maraîchers) Thomas Bayrle. Gerald Domenig. Christian Mayer. Mandla Reuter. Jusqu’au 1er novembre. l Galerie Mitterand + Cramer (Bains 52) Bird Song. Jusqu’au 20 déc. l Galerie Skopia (Vieux-Grenadiers 9) Won't Back Down. 25th Anniversary. Jusqu’au 25 octobre. l Galerie Turetsky (25, Grand-Rue) Biliana K.Voden Aboutaam. Jusqu’au 30 octobre. l Mamco (Vieux-Granadiers 10) Cycle Des histoires sans fin, automne-hiver 2014-2015 & Ulla von Brandenburg & Sonia Kacem, Prix culturel Manor 2014. Du 29 octobre au 18 janvier l Médiathèque du Fonds d'Art Contemporain (Bains 34) Unfinished Histories - Histoires en devenir. Jusqu’au 15 novembre. l Milkshake Agency (24, Mont- s uis s e brillant) Martin Jakob. Du 7 octobre au 18 novembre. l Musée Ariana (Av. Paix 10) Création contemporaine et mécenat, une alliance durable. Jusqu’au 16 novembre. l Musée d’art et d’histoire (Ch.Galland 2) Actualité en salle du XXe siècle: GIRLS - 2e partie: Les années 1980 (Pipilotti Rist & Joan Logue). Jusqu’au 19 octobre. Rénover Agrandir. Jusqu’au 31 décembre. l Musée Barbier-Mueller (J.-Calvin 10) Nudités insolites. Jusqu’au 30 novembre. l Musée international de la CroixRouge : «Trop humain». Artistes des XXe et XXIe siècles devant la souffranc. Jusqu’au 4 janvier l Musée Rath (pl. Neuve) Gustave Courbet - les années suisses. Jusqu’au 4 janvier l Studio Sandra Recio (Ports Francs, Bâtiment A) Sandra Gamarra, artiste péruvienne. Jusqu’au 5 décembre. l Xippas Art Contemporain (Sablons 6) Farah Atassi & Ricardo Lanzarini. Jusqu’au 1er novembre. Lausanne Collection de l’Art brut (Bergières l 11) L’Art brut dans le monde. Jusqu’au 2 novembre. Démons et merveilles : Josep Baqué. Jusqu’au 26 octobre. l Fondation de l’Hermitage (2, rte Signal) Peindre l’Amérique - Les artistes du Nouveau Monde (18301900). Jusqu’au 26 octobre. l Mudac (pl. Cathédrale 6) Le verre vivant. Acquisitions récentes de la collection d'art verrier. Jusqu’au 16 novembre. l Musée cantonal des beaux-arts (pl. Riponne) Magie du paysage russe. Chefs-d’œuvre de la Galerie nationale Trétiakov, Moscou. Jusqu’au 5 octobre. Accrochage [Vaud 2014] et Prix Manor 2014. Du 31 octobre au 11 janvier. l Musée de l’Elysée (Elysée 18) Chaplin, entre guerres et paix (1914-1940) & Amos Gitai Architecte de la mémoire & Gilles Peress, Telex Iran. Jusqu’au 4 janvier. Fribourg Espace Jean Tinguely-Niki de l Saint Phalle : Paul Talman - La forme en mouvement. Jusqu’au 11 janvier. Lens / Crans Fondation Pierre Arnaud : Surréalisme et Arts primitifs - un air de famille. Jusqu’au 5 octobre. l Martigny Fondation Pierre Gianadda : l Revoir Renoir. Jusqu’au 30 nov. l Fondation Louis Moret (Barrières Musée Jenisch, Vevey La Passion Dürer À l’occasion du 25e anniversaire de son inauguration au Musée Jenisch Vevey, le Cabinet cantonal des estampes célèbre avec «La Passion Dürer» l'une des figures tutélaires de l’histoire de la gravure. Collectionné par ceux qui défendirent dans les années 1970 la nécessité d'un lieu dédié à l'estampe dans le Canton de Vaud, Albrecht Dürer (1471-1528) est en quelque sorte à l'origine de l'institution jubilaire. Mettant en valeur les ensembles de la Fondation William Cuendet & Atelier de Saint-Prex, du Fonds Pierre Decker et du Musée Alexis Forel, déposés au Cabinet, l'exposition invite à parcourir l'œuvre gravé du maître à partir des influences allemande et italienne, et à saisir l'étendue de sa contribution au domaine imprimé. Une salle consacrée à la postérité de Dürer dans l'art contemporain souligne en outre l'impact de l'héritage, technique comme iconographique, laissé par le Nürembergeois sur les artistes vivants. L'important ouvrage qui accompagne l'exposition propose quant à lui une synthèse des rapports entre Dürer et la Suisse : à l'appui de la publication exhaustive des gravures de Dürer conservées à Vevey, il examine aussi bien les hypothèses de ses séjours à Bâle et Zurich que l’histoire du collectionnisme de ses estampes en terre helvétique et la réception de celles-ci à travers les siècles. . du 30 octobre 2014 au 1er février 2015 A noter que le Kunstmuseum Basel consacre, du 1er novembre 2014 au 1er février 2015, une exposition intitulée «Dürer et son temps» centrée sur les dessins de l’artiste. Albrecht Dürer «La Vierge au singe», [vers 1498] Burin, 191 × 122 mm Musée Jenisch Vevey – Cabinet cantonal des estampes. Fonds Pierre Decker a g e n d a expos itions en s uis s e Kunstmuseum de Bâle Caspar Wolf (1735-1783) et la conquête esthétique de la nature Avec son traitement radical du paysage alpin, bien au delà de l’idylle baroque, le peintre suisse Caspar Wolf (1735–1783) fut l’un des plus importants précurseurs du romantisme européen. Resté longtemps presque oublié, son œuvre a été redécouvert voici tout juste 70 ans. Pour honorer une commande de l’éditeur bernois Abraham Wagner, Wolf a accompagné ce dernier dès 1773 dans de longues excursions en haute montagne, où ils ont été confrontés à une nature presque, voire complètement, intacte. Tandis que les compagnons de Wolf menaient des études géographiques et géologiques et réalisaient des descriptions, l’artiste s’occupait de la documentation visuelle de l’expédition. Le résultat en est un cycle de vues alpestre qui allie l’observation spontanée avec une mise en forme artistique très savante. Wolf peint avec brio chaînes de montagnes et glaciers, cascades et grottes, ponts et torrents, lacs et hauts plateaux, qu’il dispose tantôt en larges panoramas, tantôt en compositions fermées à s’en rendre claustrophobe. Plusieurs monuments de la nature y figurent, parmi lesquels, en raison de la destruction progressive du paysage, plusieurs ne sont pas parvenus jusqu’à nous : les fameux séracs du glacier inférieur de Grindelwald, par exemple, ont fondu depuis longtemps et on ne peut plus les admirer que dans les tableaux de Wolf. Wolf grandit dans des conditions humbles à Muri (Canton d’Argovie) ; son apprentissage qu’il effectue au sud de l’Allemagne semble avoir été des plus conventionnels. D’où provient donc cette étonnante assurance esthétique avec laquelle l’artiste pénètre dans ce territoire vierge que constitue le projet alpin? La confrontation intensive de l’artiste avec l’art français pendant son séjour à Paris en 1770/1771 semble avoir été déterminante comme le montrent, dans l’exposition, des tableaux de François Boucher, Claude-Joseph Vernet et Philippe-Jacques de Loutherbourg, dit le jeune. Aussi curieux que cela puisse paraître dans ce contexte, la peinture contemporaine de marines, avec ses orages et ses naufrages, est ce qui a particulièrement inspiré Wolf. Caspar Wolf «Vue de la vallée de Gadmen avec le Titlis, le glacier de Wenden, le Grassen et les Fünffingerstöcke», 1778, Aarau, Aargauer Kantonalbank L’exposition rassemble 126 œuvres de Caspar Wolf et ses contemporains, ainsi qu’une sélection de photographies actuelles des lieux peints par Wolf dans les Alpes. En parallèle de l’exposition, le cabinet des estampes présente les plus belles pièces de son riche fonds en dessins et gravures de Caspar Wolf. . Du 19 octobre 2014 au 1er février 2015 33) Gilles Porret. Jusqu’au 19 octobre. l Le Manoir de la Ville : Le Manoir 1964-2014. 50 ans d'expositions. Jusqu’au 30 novembre Neuchâtel Centre Dürrenmatt (Pertuis du Saut l 74) The Hidden World - Jim Shaw Didactic Art Collection with JeanFrédéric Schnyder & Friedrich Dürrenmatt. Jusqu’au 7 décembre. l Laténium (Hauterive) Aux origines des pharaons noirs - 10’000 ans d’archéologie nubienne. Jusqu’au 18 mai Vevey Musée Jenisch : La passion l Dürer. Du 30 octobre au 1er février. Markus Raetz. Jusqu’au 5 octobre l Musée suisse de l’Appareil photographique (Grand Place) Hans Eijkelboom, Festival Images. Jusqu’au 5 octobre. a g OUTRE SARINE Bâle Cartoon Museum (St. Albanl Vorstadt 28) Going West. Le regard de la bande dessinée tourné vers l'Ouest. Jusqu’au 2 nov. l Fondation Beyeler (Riehen) Gustave Courbet. Jusqu’au 18 janvier 2015 l Kunstmuseum (St. Alban-Graben 16) Caspar Wolf (1735-1783) et la conquête esthétique de la nature. Du 19 octobre au 1er février. For Your Eyes Only, œuvres du musée royal d’Anvers et dans les collections suisses. Jusqu’au 4 janvier. Le monde de Paul-Martial : les choses ordinaires. Jusqu’au 19 oct. l Musée des Cultures (Münsterpl. 20) Du Patchwork à l'illumination la robe des moines bouddhistes. Jusqu’au 22 mars. l Museum für Gegenwartskunst (St. Alban-Rheinweg 60) One Million Years - système et symptôme. Du 11 octobre au 5 avril. e n l Musée Tinguely (Paul SacherAnlage 1) La Poesie de la métropole. Les affichistes. Du 22 octobre au 11 janvier. l Schaulager (Ruchfeldstr. 19, Münchenstein) Paul Chan - Selected Works. Jusqu’au 19 octobre. str. 45) 1914/18 - Images de la frontière. Jusqu’au 12 octobre. l Museum Oskar Reinhart (Stadthausstr. 6) Johann et Friedrich Aberli, médailleurs de Winterthour. Jusqu’au 30 nov. Zurich Berne Kunsthaus (Heimpl.1) Egon Musée des Beaux-Arts (Hodlerstr. Schiele - Jenny Saville. Du 10 octol l 8-12) La couleur et moi - Augusto Giacometti. Jusqu’au 8 février 2015. Riggisberg Abegg-Stiftung : Les tissus du l Moyen âge dans le culte des reliques. Jusqu’au 9 novembre. Weil / Rhein Vitra Design Museum : Alvar l Aalto(1898-1976), architecte et designer. Jusqu’au 1er mars Winterthur Fotomuseum (Grüzenstr. 44) l Blow-Up - Les films classiques d’Antonioni et la photographie. Jusqu’au 30 novembre. l Fotostiftung Schweiz (Grüzen- d a bre au 18 janvier. Les Torches de Prométhée. Jusqu’au 12 oct. Ferdinand Hodler / Jean Frédéric Schnyder. Jusqu’au 26 avril 2015 l Landesmuseum : Avec les victimes de guerre – Photographies de Jean Mohr. Jusqu’au 26 octobre l Museum Bellerive (Augustinergasse 9) Coming into Fashion. Un siècle de photographies chez Condé Nast. Jusqu’au 19 oct. l Museum für Gestaltung (Austellungsstr. 60) Wex. Jusqu’au l Museum Rietberg (Gablerstr. 15) À cordes et à corps - Instruments de musique de l'Inde. Jusqu’au 9 août 2015. L’art contemporain suisse au Musée Rietberg. Jusqu’au 9 novembre. 83 p a r scènes lyriques parisiennes 2014/2015 Saisons OPÉRA DE PARIS 84 Une nouvelle ère s’ouvre à l’Opéra de Paris, avec la prise de fonction directoriale, depuis ce mois d’août, de Stéphane Lissner, qui succède à Nicolas Joel. La programmation 2014-2015 ne s’en ressentira cependant guère, entièrement conçue par Joel. Il faudra attendre la saison suivante pour trouver la vraie patte de l’ancien directeur de la Scala, du Festival d’Aix et du Châtelet. Et c’est ainsi que domine le grand répertoire, avec quelques incursions dans l’opéra français. Nouvelles productions. La première de celles-ci, le Barbier de Séville, provient d’une production vue au Grand Théâtre de Genève (Michieletto/Montanaro ; Bastille, jusqu’aux 1er, 4, 14, 15, 20, 23, 28, 30 octobre, et 3 novembre). Tosca prend le relais (Audi/Oren/Pido ; Bastille, 10, 13, 16, 19, 22, 24, 26, 27, 29 octobre, 1er, 4, 8, 10, 12, 13, 15, 17, 21, 25 et 28 novembre). Puis : l’Enlèvement au sérail (Breitman/ Jordan/Stieghorst ; Garnier, 16, 19, 22, 24, 27, 29 octobre, 1er, 5, 8 novembre, 21, 24, 26, 29 janvier, 4, 7, 10 et 12 février) ; le Cid de Massenet (Roubaud/Plasson ; Garnier, 27, 30 mars, 2, 6, 9, 12, 15, 18 et 21 avril) ; le Roi Arthus de Chausson, rareté s’il en est (Vick/Jordan ; Bastille, 16, 19, 22, 25, 28 mai, 2, 5, 8, 11 et 14 juin) ; et enfin Adriana Lecouvreur de Cilea, autre rareté, mais un peu moins (McVicar/Oren ; Bastille, 23, 26, 29 juin, 3, 6, 9, 12 et 15 juillet). Rayon reprises. La Traviata vue en fin de saison précédente se poursuit (Jacquot/Ettinger ; Bastille, jusqu’aux 3, 5, 7 et 12 octobre). Suivent : Hänsel et Gretel (Clément/Abel ; Garnier, 20, 25, 28 novembre, 1er, 4, 9, 11, 14, 16 et 18 décembre) ; la Bohème (Miller/Elder ; Bastille, 30 novembre, 2, 4, 6, 9, 11, 13, 15, 18, 21, 23, 26, 28 et 30 décembre) ; Don Giovanni (Haneke/Altinoglu ; Bastille, 15, 20, 23, 25, 28 janvier, 2, 5, 8, 11 et 14 février) ; Ariane à Naxos (Pelly/Schonwandt ; Bastille, 22, 27, 31 janvier, 6, 9, 12 et 17 février) ; Pelléas et Mélisande (Wilson/Jordan ; i s Bastille, 7, 10, 13, 16, 19, 22, 25 et 28 février) ; Faust (Martinoty/Plasson ; Bastille, 2, 5, 9, 12, 15, 18, 22, 25 et 28 mars) ; Rusalka (Carsen/Hrusa ; Bastille, 3, 7, 10, 13, 16, 18, 23 et 26 avril) ; la Flûte enchantée (Carsen/Trinks/Lange ; Bastille, 17, 20, 24, 27, 30 avril, 3, 6, 10, 14, 26, 29 mai, 1er, 4, 7, 10, 15, 19, 22, 25 et 28 juin) ; et Alceste (Py/ Minkowski/Rouland ; Garnier, 16, 18, 20, 23, 25, 28 juin, 1er, 5, 7, 9, 12 et 15 juillet). Et n’oublions pas l’Atelier lyrique de l’Opéra de Paris. Avec tout d’abord une création, Maudits les innocents, due à des étudiants de classes de composition du Conservatoire (Taylor/Bourgogne ; Amphithéâtre Bastille, 13, 16 et 19 décembre). Puis une autre nouvelle production, Iphigénie en Tauride (Osinski/Jourdain ; Théâtre de Saint-Quentin-enYvelines, 6, 7 et 8 mars), et une autre, Cosi fan tutte (Pitoiset/Verdier ; 19, 20, 23 et 24 juin). https://www.operadeparis.fr/ OPÉRA-COMIQUE À l’Opéra-Comique, des changements s’annoncent, mais ici aussi pour plus tard. Puisque le théâtre doit fermer ses portes durant dix-huit mois, pour travaux, à la fin de cette saison. C’est donc la dernière saison de Jérôme Deschamps, à qui revient la gloire d’avoir su ressusciter cette maison dans sa vocation première. Olivier Mantei, qui est son assistant, lui succèdera. Cette saison actuelle est aussi l’occasion de marquer le tricentenaire de ce théâtre (fondé le 26 décembre 1714, même s’il a entre temps connu bien des avatars et reconstructions). Le cap est donc maintenu, et l’on s’en réjouit. La Chauve-Souris ouvre le ban (Alexandre/Minkowski ; 21, 23, 25, 28, 30 décembre, et 1er janvier). Suivent : les Fêtes vénitiennes de Campra (Carsen/Christie ; 26, 27, 29, 30, 1er et 2 février) ; Au Monde, opéra de Philippe Boesmans créé à la Monnaie de Bruxelles en mars 2014 (Pommerat/Davin ; 22, 24, 26 et 27 février) ; le Pré aux Clercs d’Hérold, ou une redécouverte d’un opéracomique célèbre en son temps (Ruf/McCreesh ; 23, 25, 27, 29, 31 mars, et 2 avril) ; Ciboulette de Reynaldo Hahn, reprise de la délicieuse production vue en 2013 (Fau/Equilbey ; 27, 29 avril, 3, 5 et 7 mai) ; les Contes de la lune vague après la pluie, opéra de Xavier Dayer créé peu avant à Rouen (Huguet/Wurtz ; 18 et 19 mai) ; les Mousquetaires au Couvent, opérette célèbre puis quelque peu endormie, pour fermer le ban (Deschamps/Campellone ; 13, 15, 17, 19, 21 et 23 juin). En sus de concerts et manifestations diverses, « Autour » de ces spectacles. http://www.opera-comique.com/ CHÂTELET Reprise de «La Traviata» © Opéra national de Paris / Elisa Haberer a c t Le Châtelet, lui, ne connaît pas de soubresauts. Jean-Luc Choplin poursuit donc sa route de spectacles légers pourvus d’une musique qui l’est autant, même s’il faut remarquer pour cette saison une petite sourdine judicieusement mise aux comédies musicales de Broadway (un peu moins omnipotentes). Un Américain à Paris de Gershwin, d’après le célèbre film, prend place comme ouvrage théâtral (en création mondiale !) du 22 novembre au 4 janvier, opportunément pour les fêtes (Wheeldon/ Fisher). Il Re pastore (de Mozart, tout de même !) succède (Fredj/Spinosi ; 22, 24, 26, 28 janvier, et 1er février). Puis vient le Petit Prince, un opéra pour enfants de Michaël Levinas, créé peu avant à l’Opéra de Lausanne (voir l’entretien avec Levinas dans ce numéro de Scènes Magazine ; Baur/van Beek ; 9, 11 et 12 février). Suit Singin’ in the Rain, autre comédie musical rendue célèbre par le u a l i t é p a r i s cinéma (Carsen ; du 12 au 26 mars). Et enfin, pour clore la saison de spectacles lyriques, la Belle Hélène d’Offenbach (Corsetti/Sorin/Viotti ; du 2 au 22 juin). Le tout émaillé de ballets et concerts. http://chatelet-theatre.com/ THÉÂTRE DES CHAMPS-ÉLYSÉES Au théâtre de l’avenue Montaigne, nulle révolution non plus. Michel Franck maintient sa bonne ligne de conduite. C’est ainsi que Castor et Pollux ouvre la série des productions d’opéras (Schiaretti/Niquet ; 13, 15, 17, 19 et 21 octobre). La Clémence de Titus vient ensuite (Podalydès/Rhorer ; 10, 12, 14, 16 et 18 décembre). Solaris constitue pour sa part une création mondiale, signée du compositeur Dai Fujikura (Teshigawara/Nielsen ; 5 et 7 mars). Macbeth de Verdi donne la note italienne (Martone/Gatti ; 4, 7, 11, 13 et 16 mai) ; tout comme Maria Stuarda de Donizetti, qui clôt les opéras mis en scène (Leiser/Caurier/Callegari ; 18, 20, 23, 25 et 27 juin). Et, ainsi que chaque saison, un florilège d’opéras en version de concert : Alcina (Bicket ; 20 octobre) ; Cléopâtre de Massenet (Plasson ; 18 novembre) ; Semiramide (Pido ; 23 novembre) ; Niobé de Steffani (O’Dette/Stubs ; 24 janvier) ; Guillaume Tell (Gelmetti ; 31 janvier) ; L’Occasione fa il ladro (Mazzola ; 13 février) ; et Hercule de Haendel (Bicket ; 14 février). http://www.theatrechampselysees.fr/ ATHÉNÉE Le Théâtre de l’Athénée poursuit plus que jamais, sous l’égide de Patrice Martinet, son parcours lyrique, qui le consacre comme le Petit Poucet de l’opéra à Paris. Relevons : The Consul, de Menotti, reprise du spectacle donné à Herblay (Collet/Oyon ; du 8 au 12 octobre) ; Et le Coq «Au monde» (donné à La Monnaie de Bruxelles la saison dernière) sera repris à l’Opéra-Comique © Bernd Uhlig / La Monnaie VERSAILLES Il faut aussi compter, dans la vie lyrique en région parisienne, avec l’Opéra royal de Versailles, sis dans le château, qui offre un programme des plus fournis. Qu’on en juge : les Contes d’Hoffmann (Roels/Alber ; 16 et 18 octobre) ; Siroé, de Hasse (Cencic/Petrou ; 26, 28 et 30 novembre) ; Don Quichotte chez la duchesse, de Boismortier (Shirley/ Dino/Niquet ; 6, 7 et 8 février) ; le Bourgeois gentilhomme, de Lully (Podalydès/Coin ; 8, 9, 10, 11 et 12 avril) ; Dardanus (Fau/Pichon ; 5 et 6 mai) ; Xerxès, de Haendel (Rudolfsson/Spinosi ; 4, 6 et 7 juin) ; Catone in Utica, de Vinci (Peters/Minasi ; 14, 16, 19 et 21 juin). Et en version de concert : les Boréades (Minkowski ; 5 octobre) ; le Temple de la gloire, toujours de Rameau (Van Waas ; 14 octobre) ; Scylla et Glaucus, de Leclair (d’Hérin ; 4 novembre) ; Zaïs, de Rameau (Rousset ; 18 novembre) ; Christophe Colomb, de Félicien David (Roth ; 13 décembre) ; Niobé, de Steffani (O’Dette/Stubs ; 22 janvier) ; CinqMars, de Gounod (Schirmer ; 29 janvier) ; et Uthal, de Méhul (Rousset ; 30 mai). http://www.chateauversailles-spectacles.fr/fr/opera-royal Philharmonie de Paris Reprise du «Consul» au théâtre de l’Athénée © TRBH - Herblay chanta, d’après Bach (Lacroix/Grapperon ; du 11 au 17 décembre) ; La Belle au bois dormant, rareté de Respighi (Carrasco/Monteil ; du 17 au 22 janvier) ; Kafka-Fragmente, de Kurtag (Gindt ; du 19 au 22 mars) ; Lohengrin, mais de Salvatore Sciarrino (Osinski/Pascal ; du 19 au 23 mai) ; et la Métamorphose, opéra de Michaël Levinas (Nieto/Pascal). Le 14 janvier 2015 ouvre solennellement la Philharmonie de Paris, dans le parc de la Villette, la nouvelle salle de concerts de Paris. Adieu Pleyel ! tout du moins pour les concerts de musique dite classique. Et adieu, en partie, la salle de concerts de la Cité de la musique ! Laurent Bayle qui préside à ces deux institutions, sera désormais chargé de la fringante Philharmonie signée par l’architecte Jean Nouvel. Relevons les soirées lyriques, parfois mises en scène, de cette toute fraîche saison : l’Enfant et les Sortilèges, de Ravel (Salonen ; 4 et 5 février) ; Roméo et Juliette, de Berlioz (Roth ; 14 février et 16 mars) ; la Belle et la Bête, ciné-opéra de Philip Glass (15, 16, 17 et 18 février) ; Jeanne d’Arc au Bûcher, d’Honegger (Bellescise/Yamada ; 4 et 5 mars) ; le Voyage à Reims (Cordolani/Guidarini ; 13, 17 et 19 mars) ; Orfeo ed Euridice, de Gluck (Equilbey ; 8 avril) ; la Fiancée du Tsar, de Rimski (Jurowski ; 12 mai) ; Don Giovanni (Jacobs ; 7 juin). http://www.philharmoniedeparis.fr/ Pierre-René Serna http://www.athenee-theatre.com/ a c t u a l i t é 85 p a r i s Sélection musicale d’octobre : 86 Nouvelle production de Tosca de Puccini à la Bastille à partir du 10 octobre : au pupitre Daniel Oren et Evelino Pido, au plateau Pierre Audi avec dans les rôles principaux, Martina Serafin, Oksana Dyka et Béatrice Uria-Monzon (Tosca), Marcelo Alvarez, Marco Berti ou Massimo Giordano (Mario), Ludovic Tézier, George Gagnidze, Sébastien Catana ou Sergey Murzaev (Scarpia) en alternance jusqu'au 28 novembre. Sur la scène du Palais Garnier, nouvelle production de L'enlèvement au Sérail de Mozart du 16 octobre au 15 février ; aux commandes de ce spectacle, la comédienne et metteuse en scène Zabou Breitmann et le chef Philippe Jordan, remplacé en janvier et février par Marius Stieghorst. La distribution réunira Jürgen Maurer (Selim), Erin Morley et Albina Shagimuratova (Konstanze), Anna Prohaska et Sofia Fomina (Blonde), Bernard Richter et Frédéric Antoun (Belmonte), Paul Schweinester et Michael Laurenz (Pedrillo), Lars Woldt et Maurizio Muraro (Osmin), Orchestre et Chœur de l'ONP. Concert le 18 octobre à la Bastille composé par Erwartung de Schönberg avec Angela Denoke, suivi par la 4ème symphonie de Brahms dirigée par Ingo Metzmacher. A l’Amphithéâtre de la Bastille récital le 2 octobre de la soprano Carolina Ullrich accompagnée au piano par Marcelo Amaral (Fauré, Granados et Obradors), jeune cantatrice que l'on pourra entendre à nouveau dans cette salle le 31 octobre entourée de Varduhi Yeritsian (piano) et de Marc Coppey (violoncelle) pour un hommage à Heitor Villa-Lobos, puis les 14 et 15 programme Schönberg et Mahler avec la soprano Michaela Kaune, la mezzo Janina Baechele, le ténor Torsten Kerl et le pianiste Marino Formenti (dont la version des originelle des Gurrelieder pour piano et voix). Du côté de la Salle Pleyel, concert donné par l'Orchestre Philharmonique de Radio France dirigé par Mikko Franck le 3 octobre, avec la soprano Anu Komsi et le ténor Andrew Staples : au programme Canti di vita e d'amore de Luigi Nono et la Faust-Symphonie de Liszt. Le 24 place à Matthias Goerne et à Christoph Eschenbach qui interpréteront L'Amour et la vie d'une femme, Les Amours du poète et Douze chants sur des poèmes de Justinius Kerner de Schumann. Le Théâtre de l'Athénée propose du 8 au 12 octobre The consul de Menotti dirigé par Iñaki Encina Oyón à la tête des membres de l'Orchestre Pasdeloup et mis en scène par Bérénice Collet avec entre autres Philippe Brocard, Béatrice Dupuy, Joëlle Fleury et Virgile Frannais. Le 13 octobre Léa Trommenschlager (soprano) et Damien Pass (baryton) chanteront Myrthen de Schumann. A Versailles, le 5 octobre, Les Boréades de Rameau seront jouées par Julie Fuchs (Alphise), Samuel Boden (Abaris), Manuel Nunez-Camelino (Calisis), Jean-Gabriel Saint-Martin (Borilée), Chloé Briot (Sémire, une nymphe, L’Amour, Polymnie) et Damien Pass (Borée) le Chœur Aedes et Les Musiciens du Louvre Grenoble dirigés par Marc Minkowski. Le 14, Le Temple de la gloire de Rameau et de Voltaire, sera donné par Judith Van Wanroij (Lydie, Plautine), Katia Velletaz (Une Bergère, une Bacchante, Junie), Chantal Santon-Jeffery (Arsine, Erigone, la Gloire), Mathias Vidal (Apollon, Bacchus, Trajan) et Alain Buet (L’Envie, Bélus, le Grand-Prêtre de la Gloire), Chœur de Chambre de Namur Les Agrémens dirigés par Guy Van Waas. Opéra mis en scène les 16 et 18 octobre avec Les Contes d'Hoffmann d'Offenbach dans la distribution suivante : Florian Laconi (Hoffmann), Norah Amsellem (Olympia, Antonia, Giulietta, Stella), Laurent Alvaro (Lindorf, Coppélius, Dapertutto, Miracle), Inès Berlet (Nicklausse, La A l'affiche du TCE à partir du 13 octobre Muse), Carlos Natale (Andrès, Cochenille, (dernière le 21), Castor et Pollux de JeanPitichinaccio, Frantz), Marcel Vanaud (Luther, Philippe Rameau, tragédie lyrique en cinq Crespel), Jean-Philippe Corre (Spalanzani), un actes (version de 1754), dirigée par Hervé spectacle signé Frédéric Roels, Orchestre de Niquet et mise en scène par Christian l’Opéra de Rouen Haute-Normandie dirigé par La soprano Carolina Ullrich Schiaretti avec John Tessier (Castor), Edwin Jonas Alber. Crossley-Mercer (Pollux), Omo Bello (Télaïre), Michèle Losier (Phœbé), Le 11 octobre concert Rameau (Requiem sur Castor et Pollux), diriJean Teitgen (Jupiter), Reinoud van Mechelen (Mercure, un spartiate, un gé par Patrick Cohën-Akenine à la tête des Folies Françoises avec Céline athlète), Hasnaa Bennani (Cléone, une ombre heureuse), Marc Labonnette Scheen (dessus), Robert Getchell (haute-contre) et Arnaud Richard (Un grand prêtre), avec Le Concert Spirituel. Le 20 octobre Alcina de (basse-taille). Le 12 Messe du Couronnement de Mozart par Laurence Haendel sera jouée en version de concert par Harry Bicket à la tête de The Equilbey et l'Insula Orchestra interprétée par Nuria Rial, Marianne English Concert avec dans le rôle-titre la renversante Joyce DiDonato Crebassa, Benjamin Hulett et Johannes Weisser. entourée de Alice Coote (Ruggiero), Anna Christie (Morgana), Christine Rice (Bradamante) et Wojtek Gierlach (Melisso). Vu et entendu : pour la seconde fois de sa longue histoire, le Festival Au programme des Grandes Voix le 22 octo-bre, Rolando Villazón catalan de Castell Peralada reçoit le ténor des ténors, Jonas Kaufmann, avec le Bohuslav Martinů Philharmonic Orchestra dirigé par Guerassim pour un concert à couper le souffle (3 août). Voronkov en compagnie de la soprano Pumeza Matshikiza (Massenet, Bizet, Donizetti, Lehár, Penella Moreno airs et duos d’opéras et zarzueAilleurs en France : à Lyon du 11 au 26 octobre Alex Ollé et Kazushi las). Concert de l'Orchestre National de France le 30, sous la baguette de Ono s'attaquent au Vaisseau fantôme de Wagner. François Lesueur Leif Segerstam avec la soprano Orla Boylan (Tchaïkovski, Strauss et Sibelius). a c t u a l i t é p théâtre du châtelet a r i s opéra de paris Limb’s theorem Two cigarettes in the dark Le Festival d’automne à Paris débutait son portrait consacré à William Forsythe par Limb’s Theorem par le Ballet de l’Opéra de Lyon au Théâtre du Chatelet du 4 au 6 septembre. Le Tanztheater Wuppertal était invité à ouvrir la saison de l’Opéra de Paris avec Two cigarettes in the dark de Pina Bausch du 1er au 7 septembre. Créé en 1990 pour le Ballet de Francfort, Limb’s Theorem est considéré comme une des pièces emblématiques de William Forsythe. En trois actes, toute l’originalité du vocabulaire du chorégraphe se déploie en une multitude de mouvements dans des solos, duos ou ensembles. Corps cambrés étirés à l’extrême, construction géométrique, vitesse des enchaînements mais aussi musique électronique percussive de Tom Willems construisent un univers post-moderne où les manières n’ont plus leur place. Les danseuses sont des amazones sur pointes et les danseurs des guerriers urbains. Le décor est constitué d’une forme mobile – plan incliné au premier acte, écran noir pour le deuxième et sphère tronquée pour le dernier – qui évolue et modifie l’aspect du plateau. Si le premier acte est en grande partie composé de variations pour petits effectifs, les mouvements d’ensemble sont plus présents au deuxième et troisième. Ce dernier s’ouvre sur la troupe rassemblée comme une armée en marche où les danseurs avancent d’une démarche chaloupée. La fureur du début laisse place à l’apaisement. Le Ballet de l’Opéra de Lyon, dans son répertoire de prédilection, livre une interprétation magistrale à ne pas manquer pour découvrir le travail de William Forsythe. Two cigarettes in the dark est une pièce de 1985 très théâtrale. On y retrouve les thèmes chers à la chorégraphe comme les rapports hommefemme, la solitude des êtres, la recherche de l’amour, le goût pour l’absurde mais aussi ses travers comme les scènes interminables et les répétitions qui diluent, à mon goût, les visions fulgurantes qu’elle avait sur les êtres. Dans Two cigarettes in the dark, les scènes se succèdent, menées tambour battant par la comédienne Mechthild Grossmnan, prenant souvent comme point de départ des mots ou des phrases qui n’ont de prime abord guère de sens. Ces phrases se traduisent en situations qui renvoient sur des moments de vie. Stéphanie Nègre SUITES DU PORTRAIT WILLIAM FORSYTHE DU FESTIVAL D’AUTOMNE À PARIS - Limb’s Theorem sera dansé du 4 au 6 décembre par le Ballet de l’Opéra de Lyon à la Maison des Arts de Créteil. - Le Ballet de l’Opéra de Lyon sera de retour au Théâtre de la Ville du 17 au 26 novembre avec Workwithinwork et One flat Thing reproduced de William Forsythe et Sarabande de Benjamin Millepied. - Du 28 au 30 octobre, le Semperoper Ballett de Dresde interprétera Steptext, Neue suite et In the Middle Somewhat Elevated de William Forsythe au Théâtre de la Ville. «Two cigarettes in the dark» - photo L Philippe La pièce fait la part belle aux interprètes historiques qui brûlent les planches comme la charismatique Mechthild Grossmann, la très classe Julie Shanahan ou les inoxydables Dominique Mercy et Michael Strecker pour ne citer qu’eux. Stéphanie Nègre La danse en octobre : Dans le cadre du festival d’automne à Paris, la compagnie Lucinda Childs sera au Théâtre de la ville du 17 au 25 octobre avec Dance. Le Ballet de l’Opéra de Paris reprend du 21 octobre au 7 novembre Rain d’Anne Teresa de Keersmaeker. a c t u a l Le Tanztheater Wuppertal sera de retour du 12 au 17 mai avec Nelken au Théâtre du Châtelet et de 21 au 31 mai avec Pour les enfants d’hier, d’aujourd’hui et demain au Théâtre de la Ville. i t é 87 p a r ATELiER (loc. 01.46.06.49.24) Hôtel Europe de Bernard-Henri Lévy - m.e.s. Dino Mustafic - avec Jacques Weber - jusqu’au 3 janvier BéLiERS PARiSiENS (01.42.62.35.00 - 11h-19h) u Le cercle des illusionnistes de et m.e.s.s Alexis Michalik - jusqu’au 3 janvier CARTOuCHERiE - THéâTRE Du SOLEiL (loc. 01.43.74.24.08) u Macbeth de Shakespeare - m.e.s. Ariane Mnouchkine - jusqu’au 7 déc. CARTOuCHERiE - THéâTRE DE LA TEMPêTE (loc. 01.43.28.36.36) u La Grande Nouvelle d’après le “Malade imaginaire“ de Molière m.e.s. Philippe Adrien - jusqu’au 12 octobre COLLiNE (rés. 01.44.62.52.52) u Le Capital et son singe d'après Karl Marx - m.e.s. Sylvain Creuzevault - jusqu’au 12 octobre COMéDiE FRANçAiSE SALLE RiCHELiEu (01.44.58.15.15) u Le Tartuffe ou l’imposteur de Molière - m.e.s. Galin Stoev - jusqu’au 17 février u Antigone de Jean Anouilh - m.e.s. Marc Paquien - jusqu’au 2 décembre u 88 i s u Un chapeau de paille d’Italie d’Eugène Labiche - m.e.s. Giorgio Barberio Corsetti - du 8 octobre au 14 janvier u Dom Juan de Molière - m.e.s. Jean-Pierre Vincent - du 17 octobre au 16 décembre STuDiO-THéâTRE (01.44.58.98.98) u Cabaret Barbara de Barbara m.e.s. B. Agenin - jusqu’au 2 nov. u Si Guitry m’était conté de Sacha Guitry - m.e.s. Jean-Luc Tardieu - du 4 octobre au 2 novembre ViEuX-COLOMBiER (01.44.39.87.00) u Trahisons de Harold Pinter - m.e.s. Fr. Bélier-Garcia - jusqu’au 26 oct. DARiuS MiLHAuD (01.42.01.92.96) u Les Caprices de Marianne d'Alfred de Musset - m.e.s. Klaudia Lanka jusqu’au 3 décembre DAuNOu (01.42.61.69.14) u La Pèlerine écossaise de Sacha Guitry - m.e.s. Pierre Laville - jusqu’au 21 décembre. GAîTé-MONTPARNASSE (01.43.22.16.18) u Coup de théâtre(s) de et m.e.s. Sébastien Azzopardi - jusqu’au 23 décembre GuiCHET MONTPARNASSE (01.43.27.88.61) u Lettre d'une inconnue de Stefan Zweig - m.e.s. William Malatrat - jusqu’au 2 novembre HéBERTOT (01.43.87.23.23) u Le Roi se meurt de Eugène Ionesco - m.e.s. Georges Werler avec Michel Bouquet et Juliette Carré - jusqu’au 25 octobre u Les cartes du pouvoir d’après Beau Willimon - m.e.s. Ladislas Chollat - avec Raphaël Personnaz, Thierry Frémont ... - jusqu’au 30 novembre LuCERNAiRE (rés. 01.45.44.57.34) u Le Bavard de Louis-René des Forêts - m.e.s. Michel Dumoulin jusqu’au 29 novembre u Combat de Gilles Granouillet m.e.s. Jacques Descorde - jusqu’au 16 novembre MANuFACTuRE DES ABBESSES (01.42.33.42.03) u Les combats d'une reine de Grisélidis Réal - m.e.s. Françoise Courvoisier - jusqu’au 19 octobre MATHuRiNS (rés. 01.42.65.90.00) u Je ne serai plus jamais vieille de Fabienne Périneau - m.e.s. Jean- Béliers parisiens Le Cercle des illusionnistes Alexis Michalik - dont la première pièce, «Le Porteur d’histoire», a été jouée au Studio des Champs-Elysées ainsi qu’en tournée, remportant un vif succès - met en scène sa deuxième pièce, «Le Cercle des illustionnistes» aux Béliers parisiens, une pièce qui partira ensuite en tournée durant l’hiver. Il est question d’un jeu de piste théâtral sur les traces des inventeurs, magiciens et autres faiseurs de rêves… 1984, durant le championnat d'Europe des Nations, Décembre vole un sac et y trouve la photo d'Avril. Il l'appelle, lui raconte l'histoire de Jean-Eugène Robert-Houdin, inventeur et magicien du XIXe siècle. Cela les mène sous le coffre de la BNP boulevard des italiens, dans le théâtre disparu de Robert-Houdin, devant la roulotte d'un escamoteur, derrière les circuits du Turc mécanique, aux prémices du kinétographe et à travers le cercle des illusionnistes. «Le Cercle des illusionnistes» © Alejandro Guerrero . jusqu’au 3 janvier 2015 a g e n Louis Martinelli - jusqu’au 1er nov. MONTPARNASSE (rés. : www.theatreonline.com) u La Colère du Tigre de Philippe Madral - m.e.s. Christophe Lidon avec Claude Brasseur, Michel Aumont, ... - jusqu’au 16 novembre ODéON EuROPE (01.44.85.40.40) u Les Nègres de Jean Genet - m.e.s. Robert Wilso - jusqu’au 21 nov. ATELiERS BERTiER u Les particules élémentaires de Michel Houellebecq - m.e.s. Julien Gosselin - jusqu’au 14 novembre œuVRE (01.44.53.88.88) u Dispersion (Ashes to ashes) d’Harold Pinter - m.e.s. Gérard Desarthe - avec Carole Bouquet et Gérard Desarthe - jusqu’au 5 oct. POCHE-MONTPARNASSE (01.45.48.92.97) u Chère Elena de Ludmilla Razoumovskaïa - m.e.s. Didier Long jusqu’au 30 novembre u Pascal Descartes de Jean-Claude Brisville - m.e.s. et jeu Daniel et William Mesguich - jusqu’au 2 nov. PORTE SAiNT-MARTiN (01.42.08.00.32) u Nelson de Jean Robert-Charrier m.e.s. Jean-Pierre Dravel et Olivier Macé - jusqu’au 12 octobre RiVE GAuCHE (01.43.35.32.31) u Le Joueur d'échecs de Stefan Zweig - adapt. E.-E. Schmitt - m.e.s. Steve Suissa - jusqu’au 31 octobre u Georges et Georges de EricEmmanuel Schmitt - m.e.s. Steve Suissa - jusqu’au 31 octobre ROND-POiNT (0.892.701.603) u Alexandre Astier - L'Exoconférence - m.e.s. Jean-Christophe Hembert jusqu’au 19 octobre u Open Space de et m.e.s. Mathilda May - jusqu’au 19 octobre STuDiO DES CHAMPS ELySéES (01.53.23.99.19) u Le porteur d’Histoire de et m.e.s. Alexis Michalik - jusqu’au 30 déc. THéâTRE DE LA ViLLE (01.42.74.22.77) u Idiot ! Parce que nous aurions dû nous aimer d’après Dostoïevski m.e.s. Vincent Macaigne - jusqu’au 12 octobre. d a b e a u x - a r t s Musée Jacquemart-André Le Pérugin, maître de Raphaël Après le succès de l’exposition «Fra Angelico et les Maîtres de la lumière » en 2011, les visiteurs du Musée Jacquemart-André seront invités à redécouvrir un autre maître de la Renaissance italienne, Le Pérugin. Connu pour son influence sur le jeune Raphaël (1483-1520), il est avant tout un peintre novateur dont la fortune, très importante dans toute l’Italie au début du XVIe siècle, aura un écho particulier en France jusqu’à l’époque contemporaine. Considéré par ses contemporains comme l’un des plus grands peintres d’Italie, Le Pérugin a initié pendant les dernières décennies du XVe siècle et les premières du XVIe siècle une nouvelle manière de peindre, qui a profondément marqué son époque. Son art cristallin, fait de transparences et de lumières théâtrales, a suscité un très grand engouement et les effets inédits de grâce et de séduction qu’il a développés font de lui l’un des plus grands représentants de la Renaissance italienne. Le raffinement de ses œuvres, l’attention portée à l’harmonie des couleurs et au modelé des corps témoignent de la grande maîtrise technique du Pérugin. Inventeur de nouvelles règles de composition, il a créé un langage pictural dont l’influence s’est étendue par-delà les frontières. Le Pérugin devient le chef de file d’un courant artistique de portée internationale qui va se diffuser dans l’Europe tout entière, par l’intermédiaire du jeune Raphaël L’exposition est constituée d’une cinquantaine d’œuvres permettant de retracer les grandes étapes de la carrière du Pérugin; 8 œuvres de Raphaël sont également présentées à titre exceptionnel . Le Pérugin «Portrait de Francesco delle Opere», 1494 Huile sur bois, 52 x 44 cm. Florence, Galleria degli Uffizi © Soprintendenza Speciale per il Patrimonio Storico Artistico ed Etnoantropologico e per il Polo Museale della Città di Firenze Bibliothèque Mazarine l LA TOuR DE NESLE. DE PiERRE, D’ENCRE ET DE FiCTiON – jusqu’au 12 décembre Centre Pompidou l MODERNiTéS PLuRiELLES DE 1905 à 1970 – du 23 oct. au 26 janvier l MARCREL DuCHAMP. La peinture, même – jusqu’au 5 janvier Centre Wallonie-Bruxelles l OMBiLiC Du RêVE. Félicien Rops, Max Klinger, Alfred Kubin, Armand Simon – jusqu’au 5 janvier Château de Compiègne l CARRiER-BELLEuSE. LE MAîTRE DE RODiN – jusqu’au 27 octobre. Château de Versailles l LA CHiNE à VERSAiLLES. ART ET DiPLOMATiE Au XViiiE SièCLE – jusqu’au 26 octobre Espace Dali l DALi FAiT LE MuR – Dali et le “street art“ - jusqu’au 15 mars Fondation Taylor l LE BARON TAyLOR (1789-1879) à L’AVANT-GARDE Du ROMANTiSME – du 2 octobre au 15 novembre Galerie Kugel l VERMEiLLEuX, L’ARGENT DORé DE a g . du 12 septembre 2014 au 19 janvier 2015 STRASBOuRG XViE-XiXE SièCLES – jusqu’au 8 novembre Grand Palais l NiKi DE SAiNT PHALLE – jusqu’au 2 février l HOKuSAi – Du 1er octobre au 18 janvier La Maison Rouge l ART BRuT. COLLECTiON ABCD / BRuNO DECHARME – du 18 octobre au 18 janvier Maison de la Photographie l PASCAL MAiTRE, Afrique / KEiiCHi TAHARA, Sculpteur de lumière – jusqu’au 2 novembre l RENé BuRRi, Mouvement – jusqu’au 12 octobre l TiM PARCHiKOV, Suspense – jusqu’au 30 novembre Musée des arts décoratifs l RECTO VERSO - 8 pièces graphiques – jusqu’au 9 novembre Musée d’art du judaïsme l ROMAN ViSHNiAC. De Berlin à New york, 1920-1975 – jusqu’au 25 janvier Musée d’art moderne l DAViD ALTMEJD, Flux – du 10 octobre au 1er février e n l SONiA DELAuNAy, les couleurs de l’abstraction – du 17 octobre au 22 février Musée Carnavalet l PARiS LiBéRé, PARiS PHOTOGRAPHié, PARiS EXPOSé – jusqu’au 8 février Musée Cernuschi l LE JAPON Au FiL DES SAiSONS – jusqu’au 11 janvier 2015 Musée Jacquemart-André l LE PéRuGiN, MAîTRE DE RAPHAëL – jusqu’au 19 janvier Musée du Louvre l MARK LEWiS, invention au Louvre – du 9 octobre au 5 janvier l LE MAROC MéDiéVAL, un empire de l’Afrique à l’Espagne – du 17 octobre au 19 janvier Musée du Luxembourg l PAuL DuRAND-RuEL, LE PARi DE L’iMPRESSiONNiSME. Manet, Monet, Renoir... – du 9 octobre au 8 février Musée Maillol l LES BORGiA ET LEuR TEMPS. De Léonard de Vinci à Michel-Ange – jusqu’au 15 février Musée Marmottan-Monet l iMPRESSiON, SOLEiL LEVANT, l’aube d a de l’impressionnisme – jusqu’au 18 janvier Musée de Montmartre l L’ESPRiT DE MONTMARTRE ET L’ART MODERNE 1875-1910 – du 17 octobre 2014 au 25 septembre 2015 Musée de l’Orangerie l EMiLE BERNARD (1868-1941) – jusqu’au 5 janvier Musée d’Orsay l ATTAQuER LE SOLEiL. HOMMAGE Au MARQuiS DE SADE – du 14 octobre au 25 janvier Musée du Quai Branly l LES MAyAS, un temps sans fin – du 7 octobre au 8 mai Musée de la Vie Romantique l LA FABRiQuE Du ROMANTiSME. Charles Nodier et les voyages pittoresques – du 11 oct. au 18 janvier Petit Palais l DE iNGRES à POLKE – du 1er octobre au 11 janvier l BACCARAT, la légende du cristal – du 15 octobre au 4 janvier Pinacothèque l LE KAMA SuTRA : spiritualité et érotisme dans l’art indien – du 2 octobre au 11 janvier 89 m é m e n t o GENEVE concerts 90 u 5.10. : Concert du dimanche de la ville de Genève. LES TALENS LYRIquES, dir. et clavecin Christophe Rousset, DELPHINE GALOu, contralto (Jommelli, Vivaldi, Cimarosa, Anfossi, Gassmann). Victoria Hall à 11h (loc. Espace Ville de Genève - Pont de la Machine, Grütli, Cité Seniors) u 5.10. : HOMMAGE à KLAuS HuBER. Simon Aeschimann, guitare, Stefan Wirth, piano, Maximilian Haft, violon, Tomoko Akasaka, alto, Aurélien Ferrette, violoncelle (Huber, Haddad). Musée d’art et d’histoire de Genève à 11h (rés. sur : http://www.contrechamps.ch/) u 6.10. : Les Grands Interprètes. MARIA JOãO PIRES, piano, ANTONIO MENESES, violoncelle (Beethoven, Bach). Victoria Hall à 20h (tél. 022/322.22.40 ou : [email protected]) u 6.10. : Temps & Musique. SARAH ET DEBORAH NEMTANu, violons, RAPHAëL PERRAuD, violoncelle, FABRIZIO CHIOVETTA, piano et accordéon (Chostakovitch, Honegger, Haydn, Dvorak). Conservatoire de Genève à 20h (billetterie : Service culturel Migros, Migros Nyon-La Combe, Stand Info Balexert) u 10.10. : Série Prélude. OSR, dir. Ilych Rivas, Orchestre de la Haute Ecole de musique de Genève, Solistes de l'OSR (Chostakovitch, Respighi). Victoria Hall à 20h (Tél. 022/807.00.00 / [email protected]) u 11.10. : Concert en Famille no. 1. LES OISEAux !, dir. David Greilsammer, Johnny Rasse et Jean Boucault, chanteurs d’oiseaux. Naef Immobilier SA à 11h (billetterie en ligne sur le site du GECA) u 12.10. : Musique sur Rhône. ENSEMBLE DE MuSIquE DE CHAMBRE DE L'OSR, dir. Stephan MacLeod ( JS Bach, Rameau). BFM, salle Théodore Turrettini à 11h (Tél. 022/807.00.00 / [email protected]) u 13.10. : Concert Sauvage no. 1. DESTINATION : CuBA, Johnny Rasse et Jean Coucault, chanteurs d’oiseaux, Reynaldo Flecha Delgado, percussion et danse. Comédie de Genève (billetterie en ligne sur le site du GECA) u 14.10. : ENSEMBLE CONTRECHAMPS, dir. Michael Wendeberg (D'haene, Webern, Yeznikian). Studio ErnestAnsermet à 20h (billetterie en ligne) u 14.10. : CAMERATA ARMIN JORDAN, dir. Benoît Willmann. Felicita Marockinaite harpe. François-xavier Poizat, John Blanch & Jansen Ryser, pianos. Justine Kulakova & Anthony Fournier, violons. Victoria Hall à 20h (loc. Espace Ville de Genève, Grütli, Genève Tourisme, Cité Seniors, Centrale Billetterie T 0800 418 418) u 15.10. : quATuOR GéMEAux & ISABELLE MORETTI, harpe (Caplet, Cras, Debussy, Ravel). Conservatoire de Musique u 16.10. : Concert de soirée No. 2. LES ANIMAux, dir. Arie Van Beek, Sylviane Derferne et Maarten Van Veen, piano (Respighi, Wagemans, Saint-Saëns, Haydn). BFM à 20h (loc. 022/807.17.90 / [email protected] ou www.ticketportal.com) u 18.10. : Les Grands Interprètes. quATuOR BORODINE, Ruben Aharonian et Sergey Lomovsky, violon, Igor Naidin, alto, Vladimir Balshin, violoncelle (Beethoven, Chostakovitch, Borodine). Conservatoire de Musique à 20h (loc. Service culturel Migros Genève, Stand Info Balexert, Migros Nyon-La Combe) u 22.10. : Série Symphonie. OSR, dir. Jonathan Nott (Mahler). Victoria Hall à 20h (Tél. 022/807.00.00 / [email protected]) u 23.10. : CHICAGO SYMPHONY ORCHESTRA, dir. Riccardo Muti (Tchaïkovski, Debussy, Schumann). Victoria Hall à 20h (loc. SCM, T +41 (0)22 319 61 11) u 25.10. : Migros-pour-cent-culturelclassics. ORCHESTRE SYMPHONIquE TCHAïKOVSKI DE MOSCOu, dir. Vladimir Fedoseyev, RuDOLF BuCHBINDER, piano (Brahms, Tchaïkovski). Victoria Hall à 20h (loc. SCM 022/319.61.11) u 29.10. : Série Grands Classiques. OSR, dir. Kazuki Yamada, BAIBA SKRIDE, violon (Fujikura, Roussel, Brahms). Victoria Hall à 20h (Tél. 022/807.00.00 / [email protected]) u 31.10. : MISA CRIOLLA d’Ariel Ramirez. Chœur Symphonique de Vevey & Ensemble Santa Maria, dir. Luc Baghdassarian. Terige Sirolli & José Pazos, ténors. Eglise du SacréCœur, Georges-Favon 25 bis, à 20h30. Entrée libre - collecte à la sortie u 31.10. : Série répertoire. OSR, dir. Kazuki Yamada, Baiba Skride (Fujikura, Roussel, Brahms). Victoria Hall à 20h (Tél. 022/807.00.00 / [email protected]) Victoria Hall Chicago Symphony Orchestra Belle soirée en perspective que celle qui verra le Chicago Symphony Orchestra prendre place sur la scène du Victoria Hall, avec, à sa tête, le chef renommé Riccardo Muti. Le programme se compose de «La Tempête op. 18» de Piotr Ilitch Tchaïkovski, de «La Mer», trois esquisses symphoniques, de Claude Debussy et, pour terminer le concert en beauté, de la Symphonie no 3 en mi bémol majeur, dite «Rhénane» de Robert Schumann. . Jeudi 23 octobre 2014 à 20h00 Billetterie : Service culturel Migros, www.culturel-migrosgeneve.ch, rue du Prince 7, T +41 (0)22 319 61 11, Stand Info Balexert, Migros NyonLa Combe a Riccardo Muti © Silvia Lelli g e n opéra u 2.10. : SIMONE KERMES, mezzosoprano & LA MAGNIFICA COMuNITà, dir. Enrico Casazza (Vivaldi). Victoria Hall à 20h (loc. Espace Ville de Genève, Grütli, Genève Tourisme, Cité Seniors, Centrale Billetterie T 0800 418 418) u 9, 11, 13, 15, 17, 19.10. : EuGèNE ONéGuINE de Ilitch Tchaikovski, dir. Michail Jurowski, Orchestre de la Suisse Romande, m.e.s. Robert Carsen. Grand Théâtre à 19h30, dim 19 à 15h (billetterie en ligne sur le site du Grand Théâtre) u 30.10. : JuAN DIEGO FLóREZ ténor. VINCENZO SCALERA piano (Rossini, Berlioz, Bizet, Massenet...). Victoria Hall à 20h (loc. Espace Ville de Genève, Grütli, Genève Tourisme, Cité Seniors, Centrale Billetterie T 0800 418 418) théâtre u Jusqu’au 2.10. : LA VéRITé de Florian Zeller, m.e.s. Elidan Arzoni, Création. Théâtre Alchimic (rés. 022/301.68.38 / www.alchimic.ch loc. Service culturel Migros) u Jusqu’au 3.10. : FEVER de et m.e.s. Attilio Sandro Palese. Le PocheGenève, lun et ven à 20h30, mer-jeusam à 19h, dim à 17h, mardi relâche (rens./rés. /loc. 022/310.37.59) u Jusqu’au 5.10. : CINq JOuRS EN MARS de Toshiki Okada, m.e.s. Yvan Rihs. Le Grütli ([email protected] ou 022 888 44 88) u Jusqu’au 5.10. : I-PETROLuS, de et m.e.s. Mehdi Duman. Théâtre de la Parfumerie, tlj à 20h30, dim à 18h (billetterie au 022/341.21.21) u Jusqu’au 12.10. L’éCHANGE de Paul Claudel, m.e.s. Raoul Teuscher. Théâtre des Amis, Carouge, marven à 20h, mer-jeu-sam à 19h, dim à 17h (rens. 022/342.28.74) u Jusqu’au 18.10. : L'IMPROBABLE EST POSSIBLE, J'EN SuIS LA PREuVE VIVANTE par la Compagnie Les faiseurs de rêves. Théâtre Saint-Gervais (loc. 022/908.20.20 ou www.saint-gervais.ch) u Jusqu’au 18.10. : LES DéMONS de Dostoïevski, par la Compagnie Attila Entertainment. Théâtre du Loup (rés. 022/301.31.00) u Jusqu’au 19.10. : MON FAuST de Paul Valéry, m.e.s. Philippe Mentha. Théâtre de Carouge (billetterie : 022/343.43.43 - [email protected]) u Jusqu’au 19.10. : LéONIE EST EN AVANCE ou LE MAL JOLI de Feydeau. d a m é m e Evénement à Genève avec le récital que donnera, fin octobre, le ténor de tous les superlatifs, acclamé sur toutes les scènes lyriques du monde. Le chanteur péruvien sera accompagné par le pianiste Vincenzo Scalera et entonnera, pour le plus grand plaisir des spectateurs présents, des airs d’opéra italien et français, tels que “La Lontananza“ de Rossini, “O blonde Cérès“ tiré des «Troyens» de Berlioz, ou encore “A la voix d’un amant fidèle“, air de «La Jolie fille de Perth» de Bizet. Il y aura également des airs de «Werther» de Massenet, de «Lakmé» de Delibes ou de «Roméo et Juliette» de Gounod... Si vous ne voulez pas rater cette soirée, précipitezvous à l’Espace de location Ville de Genève ou, plutôt, réservez en ligne (http://billetterie-culture.ville-ge.ch ) . Jeudi 30 octobre 2014 à 20h00 g o de Pierre Corneille, m.e.s. Geneviève Pasquier et Nicolas Rossier. La Comédie de Genève (loc. 022/320.50.01) u Du 28.10. au 8.11. : DES COuTEAux DANS LES POuLES par la Compagnie Inka. La Traverse, mar au sam à 20h, dim à 17h (rés. 022/909.88.94) u Du 28.10. au 14.11. : LES JuMEAux VéNITIENS de Carlo Goldoni, m.e.s. Mathias Simons. Théâtre de Carouge (billetterie : 022/343.43.43 - [email protected]) u Du 28.10. au 16.11. : L’AFFAIRE DE LA RuE LOuRCINE d’Eugène Labiche et SI CE N’EST TOI d’Edward Bond, m.e.s. Eric Salama, créations. Le Grütli ([email protected] ou 022 888 44 88) u Du 31.10. au 5.11. : WuNDERKAMMER par la Compagnie Figuren Theater Tübingen, adultes et ados. Théâtre des Marionnettes (rés. 022/807.31.07 ou en ligne) Juan Diego Flórez a t COMIquE Victoria Hall Création, m.e.s. Julien George. Théâtre du Crève-Cœur, ch. de Ruth, Cologny (rés. 022/786.86.00) u Du 2 au 4.10. : MASTROM 68N, PARTIE 1 par Aurélien Gamboni et Sandrine Teixido. Théâtre de l’usine (rés. 022/328.08.18 ou www.theatredelusine.ch) u Du 2 au 5.10. : Laboratoire spontané. CONSuLTATIONS POéTIquES, perfomance, tout public. Théâtre Am Stram Gram (Loc. 022/735.79.24 et Service Culturel Migros) u 4 et 5.10. : MOBY DICK d'après Herman Melville, m.e.s. Matthieu Cruciani, dès 9 ans. Théâtre Am Stram Gram à 17h (Loc. 022/735.79.24 et Service Culturel Migros) u 4 et 5.10. : Carrefours transalpins. VENERE E ADONE de Shakespeare, joué en italien et en français. M.e.s. Valter Malosti, chor. Michela Lucenti. Le Galpon (rés. au 022/321.21.76 au plus tard 2 heures avant le début de l’événement mail : [email protected]) u Du 4 au 19.10. : TOI Du MONDE par le Bouffou Théâtre à la Coque, dès 4 ans. Théâtre des Marionnettes (rés. 022/807.31.07 ou en ligne) u Du 7 au 11.10. : ON NE PAIE PAS, ON NE PAIE PAS! De Dario Fo, m.e.s. Joan Mompart, création. La Comédie de Genève (loc. 022/320.50.01) u Du 7 au 11.10. : EN ATTENDANT GODOT de Samuel Beckett, m.e.s. Laurent Vacher. Le Poche-Genève, lun et ven à 20h30, mer-jeu-sam à 19h, dim à 17h, mardi relâche n Juan Diego Flórez | Photo: Decca / Josef Gallauer (rens./rés. /loc. 022/310.37.59) u Du 7 au 18.10. : WESTERN DRAMEDIES, par la 2b Company. Théâtre Saint-Gervais (loc. 022/908.20.20 ou www.saint-gervais.ch) u Du 9 au 19.10. : D’uN RETOuRNEMENT L’AuTRE de Frédéric Lordon, m.e.s. Vincent Bonillo. Théâtre Alchimic (rés. 022/301.68.38 / www.alchimic.ch - loc. Service culturel Migros) u 10.10. : Laboratoire spontané. BAL LITTéRAIRE, performance, dès 7 ans. Théâtre Am Stram Gram (Loc. 022/735.79.24 et Service Culturel Migros) u Du 10 au 12.10. : DIMITRI CLOWN - 55 ANNéES, de et avec Dimitri. Théâtre de Carouge (billetterie : 022/343.43.43 [email protected]) u Du 16.10. au 2.11. : LES DEMEuRéES de Jeanne Benameur, m.e.s. Didier Carrier, Le Poche-Genève (rens./rés. /loc. 022/310.37.59) u Du 20 au 30.10. : TuRLuTuTu! de et m.e.s. Guy Jutard, création, de 1 à 3 ans. Théâtre des Marionnettes, hors abonnement (rés. 022/807.31.07 ou en ligne) u Du 28.10. au 1.11. : LES éGARéS Du CHACO de Jean-Paul Wenzel. Théâtre Saint-Gervais (loc. 022/908.20.20 ou www.saint-gervais.ch) u Du 28.10. au 2.11. : L'ILLuSION LES TEMPS FORTS DE danse u Du 1er au 12.10. : uP de József Trefeli et Mike Winter, création. Salle des Eaux-Vives, 82-84 r. EauxVives, à 20h30 (billets : Service culturel Migros, Stand Info Balexert, Migros Nyon La Combe) uDu 10 au 13.10. : ENJOY SILENCE de Célia Houdart, chor. Mickaël Phelippeau. Théâtre de l’usine (rés. 022/328.08.18 ou www.theatredelusine.ch) uDu 16 au 19.10. : LAST PLAYS, chor. Lucie Eidenbenz, création. Théâtre de l’usine (rés. 022/328.08.18 ou www.theatredelusine.ch) Musée d’Art et d’Histoire, Genève Le Quatuor de Genève Dimanche 2 novembre à 11 heures, dernier concert de la saison 2014. Les habitués de la Saison de musique de chambre du Quatuor de Genève le savent, l'ensemble propose chaque année une nouvelle étape dans son exploration des quatuors de Beethoven: ici l'opus 59 no 3, œuvre puissante de la période médiane du compositeur, avec son andante qui nous conduit de l'ombre à la lumière, sur d'obstinés pizzicati au violoncelle, et son final échevelé, véritable déluge de matière en fusion. L'autre partie du programme est consacrée au fil rouge de cette année 2014, Mozart, avec son quintette pour clarinette et cordes. Pièce heureuse, tendre et vibrante de chaleur humaine, bien que composée dans une période de grande solitude, ce quintette intègre miraculeusement la sonorité de la clarinette à celle des cordes. L'occasion d'entendre Camillo Battistello, jeune clarinettiste italien membre de l'OSR, invité par le Quatuor de Genève. . dimanche 2 novembre 2014 e n d Camillo Battistello a 91 m é m e n t A la Comédie de Genève Geneva Camerata Avec “Destination : Cuba“, et grâce à Johnny Rasse et Jean Boucault, le Geneva Camerata nous entraîne sur les ailes des oiseaux. Imprévisible, surprenant, ce concert sera sûrement hors normes ! o BEAT ANDERWERT, hautbois, DAVIDE BANDIERI, clarinette, ALExANDER GRYTSAYENKO, violon, ELI KARANFILOVA, alto, JOëL MAROSI, violoncelle, SEBASTIAN SCHICK, contrebasse (Britten, Hindemith, Prokofiev). Salle Métropole à 12h30 (Billetterie de l’OCL: Tél. 021/345.00.25) u 31.10. : HELSINKI BAROquE ORCHESTRA, dir. René Jacobs, SuNHAE IM, soprano, BENNO SCHACHTNER, contre-ténor, JuLIAN PRéGARDIEN, ténor, ARTTu KATAJA, basse (J.-S. Bach). Opéra de Lausanne, à 20h (Billetterie : 021/315.40.20, lun-ven de 12h à 18h / en ligne et infos : www.opera-lausanne.ch) opéra Johnny Rasse et Jean Boucault, chanteurs d’oiseaux 92 Copyright: Benjamin Tesseidre . Lundi 13 octobre 2014 à 19h30 u Du 29.10. au 2.11. : DIFFRACTION de Cindy Van Acker. Salle des EauxVives, 82-84 r. Eaux-Vives, à 20h30 (billets : Service culturel Migros, Stand Info Balexert, Migros Nyon La Combe) divers u Du 1er au 12.10. : FAMILLE BOuTABOu par la Brigades d’Intervention Clownesque (CH) & Pataclowns (Bénin), Jeune public. La Traverse, mer à 14h30, ven à 19h, sam à 18h, dim à 11h (rés. 022/909.88.94) u 8.10. : 150e anniversaire des relations diplomatiques entre la Suisse et le Japon. BANRAKu Théâtre de Marionnettes Classique du Japon. BFM à 19h30 (billetterie: ww.starticket.ch & 1 heure avant le début au guichet du BFM) u 15.10. : LE RêVE PENCHé par la Compagnie Tohu Wa Bohu, Jeune public. La Traverse à 14h30 (loc. Service culturel Migros, 022/319.61.11) u 10.10. : SARKIS OHANESSIAN. Salle des Fêtes de Thônex à 20h30 (Billets FNAC ou www.thonex.ch) u 26.10. : APéRITIF CRèVE-CœuR, lec- ture avec Anne Vaucher et Alain Carré. Théâtre du Crève-Cœur, ch. de Ruth, Cologny (rés. 022/786.86.00) u30.10. : TRISTAN GARCIA, lecture, littérature et philosophie. Théâtre de l’usine (rés. 022/328.08.18 ou www.theatredelusine.ch) LAUSANNE concerts u 19.10. : Concert du dimanche. O.C.L., dir. Alexandre Bloch, MARCANTOINE BONANOMI, contrebassde (Rota, Mozart). Opéra de Lausanne à 11h15 (Billetterie de l’OCL: Tél. 021 345 00 25) u 23.10. : OSR, dir. Jonathan Nott (Mahler). Théâtre de Beaulieu à 20h15 (Tél. 022/807.00.00 / [email protected] ou chez Passion Musique) u 27 et 28.10. : O.C.L., dir. Marek Janowski, MIKLóS PERéNYI, violoncelle (Wagner, Von Dohnányi, R. Strauss). Salle Métropole à 20h (Billetterie : 021/345.00.25) u 28.10. : Les Entractes du mardi. a g u 3, 5, 8, 10, 12.10. : MANON d’après l’abbé Prévost, dir. Jesús López Cobos, Orchestre de Chambre de Lausanne, m.e.s. Arnaud Bernard. Opéra de Lausanne, ven à 20h, mer 8 à 19h, dim 5 à 17h, dim 12 à 15h (Billetterie : 021/315.40.20, lun-ven de 12h à 18h / en ligne et infos : www.opera-lausanne.ch) u 30.10. : Forum Opéra – LE PETIT PRINCE, Conférence de Yaël Hêche. Salon Alice Bailly de l’Opéra de Lausanne à 18h45 (Billetterie : 021/315.40.20, lun-ven de 12h à 18h / en ligne et infos : www.opera-lausanne.ch) théâtre u Jusqu’au 4.10. : LES FILLES Du ROI LEAR Ou LA VéRITABLE HISTOIRE DE RIHANNA d’après Shakespeare, m.e.s. Marielle Pinsard, création. L’Arsenic ([email protected] / 021/625.11.36) u Jusqu’au 5.10. : LE GRAND POuRquOI d'après Wolf Erlbruch, m.e.s. Muriel Imbach, dès 4 ans. Le petithéâtre (réservation en ligne sur le site du théâtre) u Jusqu’au 12.10. : KARL PROJEKT, d’après les sketches de Karl Valentin, par L’Obsidienne Compagnie. Pulloff Théâtre, Industrie 10, me/ve à 20h, ma/je/sa à 19h et di à 18h (réservations en ligne sur : www.pulloff.ch, ou au 021 311 44 22) u Du 1er au 12.10. : uN JOuR DE CLAIRE, m.e.s. Ribaupierre Massimo Furlan. Vidy-Lausanne, salle Charles Apothéloz, mar-jeu-sam à 19h, ven à 20h30 (rés. 021/619.45.45 - e n www.billetterie-vidy.ch) u 11 et 12.10. : L'HISTOIRE Du PETIT TAILLEuR, dir. Antoine Marguier, Compagnie du Rossignol, concert, dès 4 ans. Le petithéâtre (réservation en ligne sur le site du théâtre) u Du 21 au 26.10. : LE PARC de Michel Viala, par la Cie Sur les planches, m.e.s. Claude-Inga Barbey. Théâtre 2.21, ma, je, ve à 19h, me, sa à 20h30, di à 18h (billetterie en ligne sur : www.theatre221.ch/abosbillets/reservations) u Du 21.10. au 2.11. : AGAMEMNON de Rodrigo Gardia, par les Cies Le cinquième quartier & Push-up. Théâtre 2.21, ma, ve à 20h30, me, je, sa à 19h, di à 18h (billetterie en ligne sur : www.theatre221.ch/abosbillets/reservations) u Du 23 au 25.10. : LA PRISON d'après Michel Foucault, m.e.s. Collectif F71. La Grange de Dorigny (rés. 021/692.21.24) u Du 25 au 28.10. : GO DOWN, MOSES de Romeo Castellucci. VidyLausanne, salle Charles Apothéloz, mar-jeu-sam à 19h, ven à 20h30 (rés. 021/619.45.45 - www.billetterievidy.ch) u Du 28.10. au 2.11. : KING KONG de Virginie Despentes, m.e.s. Emilie Charriot, création. L’Arsenic ([email protected] / 021/625.11.36) u Du 28.10. au 16.11. : MON FAuST de Paul Vléry, m.e.s. Philippe Mentha. Théâtre Kléber-Méleau, ma-me-je 19h00 – ve 20h30 – sa 19h00 – di 17h30 – lu relâche (Achat en ligne sur vidy.ch) u 28.10. au 16.11. : TOuBABS de Leslie Rudolf par la Compagnie Venado, m.e.s. Leslie Rudolf. Pulloff Théâtre, Industrie 10, me/ve à 20h, ma/je/sa à 19h et di à 18h (réservations en ligne sur : www.pulloff.ch, ou au 021 311 44 22) u Du 29.10. au 16.11. : LE RéVIZOR d'après Nicolas Gogol, m.e.s. Evelyne Castellino, création, dès 8 ans. Le petithéâtre (réservation en ligne sur le site du théâtre) u Du 30.10. au 2.11. : D'uN RETOuRNEMENT L'AuTRE de Frédéric Lordon, m.e.s. Vincent Bonillo. La Grange de Dorigny (rés. 021/692.21.24) danse u Du 7 au 10.10. : uTéRuS, chor. Foofwa d’Imobilité. L’Arsenic ([email protected] / 021/625.11.36) u 9 et 10.10. : PARADIS – COLLECTION PRIVéE, chor. Marlene Monteiro Freitas. L’Arsenic ([email protected] / 021/625.11.36) d a m divers u 2.10. : RENCONTRE-CONFéRENCE autour de la figure de Rihanna. L’Arsenic ([email protected] / 021/625.11.36) u Du 9 au 11.10. : ALLAIN LEPREST PORTE uN JOLI NOM, par la Cie 5/4, avec Karine Barbey, Sachat Maffli, Jean-Samue Racine, Lee Maddeford. Théâtre 2.21 à 21h u Du 14 au 16.10. : Festival étudiant POINT.VIRGuLE. La Grange de Dorigny (rés. 021/692.21.24) AILLEURS annecy BONLIEu SCèNE NATIONALE aux Haras d’Annecy, sauf mention contraire (rens./rés. 04.50.33.44.11 / [email protected]) u Du 4 au 29.10. : Les visites guidées - LES HôTESSES D’ACCuEIL u Du 8 au 14.10. : ANNECY CINéMA ITALIEN, Festival de Cinéma u Du 9 au 19.10. : Les visites déguidées - BERTRAND BOSSARD u 15.10. : INVENTIONS, Orchestre des Pays de Savoie, dir. Nicolas Chalvin, CAMILLE JOuTARD, hautbois solo (Mulsant, Mozart, Janacek, Vanhal). église Sainte Bernadette à 20h30 (rés. 04 50 33 44 11) u 17.10. : CONCERT INéDIT, Orchestre des Pays de Savoie, dir. Nicolas Chalvin, Hugues Lachaize, cor anglais, N.N., trompette, Ensemble Initium (Hahn, Bach, Campo). Cathédrale St. Pierre à 19h u Du 21 au 26.10. : Les visites guidées - PHILIPPE MACASDAR annemasse RELAIS CHâTEAu-ROuGE à 20h30 sauf mention contraire (loc. +33/450.43.24.24) u 1.10. : FEVER, à LA VIE à LA MORT de et m.e.s. Attilio Sandro Paese u 4.10. : ZOMBIE ROCKERZ PARTY, electro-punk u 8.10. : ALPS NEW JAZZ, jazz u 10.10. : ERNESTO "TITO" PuENTES BIG BAND, musiques cubaines u 15 et 16.10. : OBLOMOV par les Compagnies Supertroptop et O'Brother Company u 15.10. : MOI J'ATTENDS de Davide Scali et Serge Bloch, m.e.s. Alban Coulaud u 17.10. : THE VALLEY OF ASTONISHMENT de Peter Brook, m.e.s. Peter Brook et Marie-Hélène Estienne u 18.10. : DELuxE, Electro Swing u 25.10. : SLEEKSTAIN / THE BLACK FLOWERS, Hard Rock fribourg THéâTRE EquILIBRE à 20h (billetterie : Fribourg Tourisme 026/350.11.00 / [email protected]) u 16.10. : ALAIN CHAMFORT u 21.10. : Concert 2. ORCHESTRE DE CHAMBRE FRIBOuRGEOIS, dir. Laurent Gendre, STEFAN MuHMENTHALER, violon (Beethoven, Schumann) u 28 et 29.10. : SéquENCE 8 par Les 7 Doigts de la main, m.e.s. Shana Carroll et Sébastien Soldevila givisiez THéâTRE DES OSSES, 20h, di à 17h (loc. 026/469.70.00) u Jusqu’au 28.11. : L’ILLuSION COMIquE de Pierre Corneille, m.e.s. Geneviève Pasquier et Nicolas Rossier gland LA CôTE FLûTE FESTIVAL, du 2 au 5 octobre. u 5.10. : L’OCG, dir. Philippe Bernold, Michel Bellevance, JoséDaniel Castellon, Sarah Rumer, et Matthias Ziegler, flûte (CPE Bach, Mozart, Dufeutrelle, Jolivet). Théâtre de Grand-Champs, à 17h (billetterie : 022/807.17.90 lun-ven de 9h30 à 12h / [email protected]) é m e martigny FONDATION GIANADDA, à 20h, dim à 17h sauf mention contraire (rés. +41 27 722 39 78) u 16.10. : Dans le cadre du 200e anniversaire de l'amitié SuisseRussie. MIKHAïL RuDY, piano (Chopin, Liszt, Stravinski) u Du 16 au 18.10. : LES îLES FLOTTANTES de et avec Pascale Roccard, m.e.s. Jean-Luc Placé. Théâtre Alambic, Hôtel-de-Ville 4, jeu-ven à 19h30, sa à 19h (rés./loc. 027/722.94.22) meyrin THéâTRE FORuM MEYRIN (loc. 022/989.34.34) u 8.10. : AMOuR ET JAMBE CASSéE par la Compagnie de la Casquette u 15, 16 et 17.10. : THE VALLEY OF ASTONISHMENT de Peter Brook, m.e.s. Marie-Hélène Estienne u Du 15 au 17.10. : SuR uN FIL – THE TIGHTROPE, film de Simon Brook u 17.10. : RENCONTRE AVEC GABRIELE SOFIA u 27, 28 et 30.10. : ANTES, chor, Guilherme Botelho, Compagnie Alias n o u Du 27.10. au 1.11. : ALIAS, alter ego de Botelho, DISTANCIA, trois pièces à l'humanisme universel u 31.10. : JETuILNOuSVOuSILS, chor. Guilherme Botelho, Cie Alias mézières THéâTRE Du JORAT à 20h, dim à 17h, sauf mention contraire (rés. : www.theatredujorat.ch/) u 5.10 : LE POIDS DES éPONGES, par la Compagnie Alias monthey THéâTRE Du CROCHETAN à 20h (loc. 024/471.62.67) u Jusqu’au 5.10. : LOu par la Compagnie l'Ovale u 9 et 10.10. : DERBORENCE de Charles-Ferdinand Ramuz, m.e.s. Mathieu Bertholet u 19.10. : ON NE PAIE PAS, ON NE PAIE PAS ! de Dario Fo, m.e.s. Joan Mompart u Du 21 au 23.10. : BIANCO Su BIANCO de et chor. Daniele Finzi Pasca, m.e.s. Hugo Gargiulo u 25.10. : MARIANNE FAITHFuLL u Du 31.10. au 2 novembre : SéquENCE 8 par les 7 doigts de la Au TPR, La Chaux-de-Fonds L’embrasement En se référant aux années 70, l’auteur italienne Loredana Bianconi tente d’analyser les raisons qui font passer de l’engagement politique à la résistance armée. Une problématique qui n’a pas perdu de son actualité. la chaux-fds THéâTRE POPuLAIRE ROMAND / CENTRE NEuCHâTELOIS DES ARTS VIVANTS sauf mention contraire (loc. 032/967.60.50 ou www.arcenscenes.ch/) u Du 2 au 4.10., Beau-Site dans le parc : THE PLACE TWO BI(CENTENAIRE) u 8, 11, 15 et 18.10., Cinéma ABC : 10, 11, 12 L'AuTOMNE DE POuGNE de Pierre-Luc Granjon et Antoine Lanciaux u Du 23 au 26.10., Beau-Site : L'EMBRASEMENT de Loredana Bianconi, m.e.s. Anne Bisang t «L’Embrasement» © Hélène Tobler . du 23 au 26 octobre 2014 93 m é m main, m.e.s. Shana Carroll et Sébastien Soldevila montreux Auditorium Stravinski, 20h15 sauf mention contraire (loc. 021/962.21.19) u 31.10. : IMPéTuEux DESTINS - Chœur HEP-Arpège-Sinfonietta Lausanne morges 94 THéâTRE DE BEAuSOBRE à 20h (loc. 024/471.62.67) u 3 et 4.10. : MANRu d’Ignacy J. Paderewski, m.e.s. Gérard Demierre, Opéra u 8.10. : LE POIDS DES éPONGES par la Compagnie Alias, Danse u 10.10. : STéPHANE ROuSSEAu, Humour u 11.10. : JEAN-GABRIEL CuENOD, Humour u 28 et 29.10. : OBLOMOV de Ivan Alexandrovitch et Gontcharov, m.e.s. Volodia Serre, Théâtre u Du 31.10. au 2.11. : BIANCO Su BIANCO de et m.e.s. D. Finzi Pasca neuchâtel THéâTRE Du PASSAGE. A 20h, di à 17h (loc. 032/717.79.07) u Du 2.10. : LA GRèCE JuSqu'à NAPLES, musique traditionnelle grècque u Du 21 au 26.10. : MI GRAN OBRA de et par David Espinosa u Du 22 au 25.10. : JOSEPH GORGONI - DE A à ZOuC u 26.10. : DOuTE de John Patrick Shanley, par la Compagnie du Passage u 26.10. : CONTES DES VOYAGEuRS de et par Ariane Racine, conte u 28 et 29.10. : LA SECONDE SuRPRISE DE L'AMOuR de Marivaux, m.e.s. Valentin Rossier u Du 28.10. au 2.11. : SANDRINE VIGLINO SE POSE DES quESTIONS (MAIS SE FOuT DES RéPONSES) u 31.10. : FLORENCE CHITACuMBI THéâTRE Du POMMIER (loc. 032 725 05 05 ou en ligne) u 1.10. : MATHILDE de et par Neville Tranter. Théâtre de marionnettes par la Cie Stuffed Puppel (NL) u 9 au 12.10. : GuLLIVER d’après “Les Voyages de Gulliver“ de J. Swift, par la Cie Le Thaumatrope, m.e.s. Adrien Kuenzy, Karim Belkacem. Temple du Bas u 16.10. : POuRquOI LES FILLES NE S’é- e n t PILENT JAMAIS LE PREMIER SOIR de et par Karine C. u 26.10. à 15h et 17h : ALI BABA & LES quARANTE VOLEuRS de Domenico Carli, d’après Les Mille et une Nuits, par un orchestre à cordes et le comédien Joan Mompart. nyon uSINE à GAZ sauf mention contraire (loc. 022/361.44.04) u 3.10. : JIBCAE, café-concert u 4.10. : ABLAYE CISSOKO & VOLKER GOETZE, concert u Du 8 au 11.10. : FRéDéRIC RECROSIO – JE SuIS VIEux (PAS BEAuCOuP MAIS DéJà), spectacle u 29.10. : FAMILLE BOuBOuTA par Bic & Pataclowns, jeune public u Du 31.10. au 1.11. : PSS PSS par le Baccal Clown, spectacle onex SPECTACLES ONéSIENS, salle communale à 20h30 (loc. 022/879.59.99 ou SCM 022/319.61.11) u 3.10. : CHRIS ESquERRE, Humour u 8 et 9.10. : PERCOSSA - humour et musique u 16.10. : CARMINHO, Fado u 29 et 30.10. : LES POuBELLES BOYS, humour plan/ouates ESPACE VéLODROME, sauf avis contraire (loc. 022/888.64.60) u 16.10. : FEu SACRé d’après George Sand, musique de Frédéric Chopin pully L’OCTOGONE, à 20h30 sauf mention contraire (loc. 021/721.36.20) u 4.10. à 19h : Concert Amdathtra. RAGA ET DASTGAH, Inde/Iran u Mardi 7.10. à 20h : Pour L’Art et le Lutrin. quATuOR TERPSYCORDES. u 10.10. : FROM B TO B, Création et interprétation Thomas Hauert & àngels Margarit u 31.10. : ZELDA ET SCOTT, m.e.s. Renaud Meyer. Avec Chloé Lambert, Julien Boisselier & JeanPaul Bordes sion THéâTRE DE VALèRE à 20h15, sauf mention contraire (loc. 027/323.45.61) u 8.10. : LOu par la Compagnie de l'Ovale et Théâtre du Crochetan, m.e.s. Lorenzo Malaguerra a g o u 14.10. : LAVERIE PARADIS de ClaudeInga Barbey, m.e.s. Séverine Bujard u 22.10. , Théâtre du Crochetan : BIANCO Su BIANCO de et m.e.s. Daniele Finzi Pasca u 26.10. : Au PAYS DE L'AILLEuRS de Guy Kummer-Nicolussi, dir. Manuel Voirol, Camerata de Sion thonon MAISON DES ARTS, ESPACE MAuRICE NOVARINA à 20h30, sauf mention contraire (loc. 04.50.71.39.47 ou en ligne : billetterie.mal-thonon.org) u 1er et 2.10. : NI FINI NI INFINI de Roland Shön, m.e.s. Hervé Lelardoux u 4.10., Evian : GREGORY PORTER, jazz u 7 et 8.10., Evian : LE SquARE de Marguerite Duras, m.e.s. Didier Bezace u 12.10., Evian : L’ORCHESTRE DES PAYS DE SAVOIE FêTE SES 30 ANS, dir. Nicolas Chalvin (Mozart) à 15h / A 17h30 : AMéRIquE BELLE EPOquE. OPS, dir Nicolas Chalvin. Naoko Ogihara, violon. Hervé Billaut, piano, Hugues Lachaizze, cor anglais, NN, trompette (Milhaud, Bernstein, Copland, Ravel) u 12 et 13.10., Evian : JOuRS DE FêTE EN HAuTE-SAVOIE, dir. Nicolas Chalvin, Naoko Ogihara, violon, Hervé Billaut et Jean-François Zygel, piano, Hugues Lachaize, quatuor Caravan (Mozart) u 14 et 15.10., Evian : LES PSYCHOPOMPES de et m.e.s. Gilles Granouillet u 17.10. , Evian : ANTOINE BROuZE quINTET, jazz u Du 23 au 26.10. : POuR LE MEILLEuR ET POuR LE PIRE par le Cirque Aïtal vevey LE REFLET - THéâTRE DE VEVEY. à 19h30, dim à 17h sauf mention contraire (rés. 021/925.94.94 ou L@billetterie) u 2.10. : LE POIDS DES éPONGES, chor. Guilherme Botelho u 4 et 5.10. : ALL APOLOGIES – HAMLET par la Cie Alexandre Doublet u 8 et 9.10. : MANGEZ-LE SI VOuS VOuLEZ de Jean Teulé, m.e.s. J.C. Dollé et Clothilde Morgiève u 29.10. : ON NE PAIE PAS, ON NE PAIE PAS! de Dario Fo, m.e.s. Joan Mompart Winston Ntshona, par la Cie La Saburre. Oriental-Vevey, rue d’Italie 22, mer-jeu-ven à 20h, sam à 19h, dim à 17h30 villars s/gl. ESPACE NuITHONIE, à 20h (loc. Fribourg Tourisme 026/350.11.00 / [email protected], ou Nuithonie: 026 407 51 51) u 3.10. : BARBOuZE DE CHEZ FIOR, Annick Rody et Camille Stoll, violons, Laurence Crevoisier, alto, Sara Oswald, violoncelle u 9.10. : 33T! par le Collectif Ouverture, m.e.s. Alain Bertschy u 11.10. : EVEREST de Stéphane Jaubertie, m.e.s. Nino D'Introna u 15 et 16.10. : DERBORENCE d'après Charles-Ferdinand Ramuz, m.e.s. Mathieu Bertholet u 18.10. : CuCHE ET BARBEZAT RALLuMENT LE SAPIN, m.e.s. Pierre Mifsud et Pierre Naftule yverdon THéâTRE BENNO BESSON (loc. 024/423.65.84) u 7.10. : HôTEL PARADISO de Thomas Rascher, Sébastien Kautz, Nicolas Witte, m.e.s. Michael Vogel u 10.10. : LA BELLE MEuNIèRE de Schubert, Julian Prégardien, ténor u 15.10. : BALLET BAR de et m.e.s. Youssef Bel Baraka et Fouad Kouchy u 17.10. : LE LABORATORIuM de et m.e.s. Angélique Friant u 30.10. : COLORATuRE – MRS JENKINS ET SON PIANISTE de Stephen Temperley, m.e.s. Agnès Boury THéâTRE DE L’ECHANDOLE (loc. 024/423.65.84 ou 024/423.65.89 une heure avant le spectacle u Du 3 au 5.10. : CHRONIquES ADRIATIquES de Domenico Carli, m.e.s. Anne-Cécile Moser u 14.10. : LE DOMPTEuR DE SONIMAux par la Compagnie Cheesecake u 16.10. : LA SORCIèRE Du PLACARD Aux BALAIS de Pierre Gripari, Cie Pomme Poire & Contepotes u 23.10. : SéRIE SHAKESPEARE par Les arTpenteurs u Du 31.10. au 2.11. : GuLLIVER, Ou L’OMBRE DE L’HOMME-MONTAGNE de Rosa Mogliasso, musique de Bruno Moretti ORIENTAL-VEVEY (rés. 021/925.35.90 ou www.orientalvevey.ch) u 22.10. au 2.11. : THE ISLAND - L’îLE de Athol Fugard, John Kani et e n d a AU GRAND THÉÂTRE G RI O AN N DM T CARU É AT OH NÉDÂI T AR LE E C R É AT I O N M O N D I A L E Casse-Noisette B A L L E T- F É E R I E E N 2 A C T E S , 3 TA B L E A U X E T 1 5 S C È N E S B A L L E T- F É E R I E E N 2 A C T E S , 3 TA B L E A U X E T 1 5 S C È N E S P P II O OT TR R II L L II T TC CH H T TC CH HA A ÏÏ K KO OV VS SK K II DIRECTION MUSICALE DIRECTION MUSICALE P PH H II L L II P PP PE E B BÉ ÉR RA AN N CHORÉGRAPHIE CHORÉGRAPHIE JJ E ER RO OE EN N V VE ER RB BR RU UG GG GE EN N BALLET DU GRAND THÉÂTRE B A L L E TD I RDE U GRAND THÉÂTRE CTION P H I L I P P E C O H E N DIRECTION PHILIPPE COHEN ORCHESTRE DE LA SUISSE ROMANDE ORCHESTRE DE LA SUISSE ROMANDE 1 13 3> >2 21 1 .. 1 11 1 .. 2 20 01 14 4 S SA A II S SO ON N1 14 41 15 5 WWW.GENEVEOPERA.CH W W W .+G4 E1 N . C5 H ( 0E)V2E2O3P2E2R A 50 0 +41(0)22 322 5050 Une saison musicale à la Grange au Lac Evian-les-Bains Une saison musicale à la Grange au Lac L’Orchestre des Pays Evian-les-Bains de Savoie fête ses 30 ans ! 2 concerts pour un après-midi festif Mozart selon Zygel L’Orchestre des Pays Jean-François Zygel, piano Orchestre des Pays de de Savoie fête sesSavoie 30 ans ! Dimanche 12 octobre, 15hfestif 2 concerts pour un après-midi Mozart selon Zygel Amérique Belle Epoque Jean-François piano Orchestre des Zygel, Pays de Savoie Orchestre des Pays de Savoie Naoko Ogihara, violon Hervé Billaut,12 piano Dimanche octobre, 15h Hugues Lachaize, cor anglais Amérique Belle Epoque Direction : Nicolas Chalvin Orchestre des Pays de Savoie Milhaud, Bernstein, Copland, Ravel Naoko Ogihara, violon Dimanche 12 octobre, 17h30 Hervé Billaut, piano Hugues Lachaize, cor anglais Philippe Jaroussky, contre-ténor Direction : Nicolas Chalvin Ensemble Artaserse Milhaud, Bernstein, Copland, Ravel Programme Vivaldi Dimanche 12 octobre, 17h30 Sa. 22 novembre à 20h Philippe Jaroussky, contre-ténor NocturnesArtaserse Ensemble Orchestre des Pays de Savoie Programme Vivaldi Nelson Goerner, piano Sa. 22 novembre à 20h Direction : Walter Weller Mozart, Schönberg, Penderecki, Chopin Nocturnes Samedi 13 décembre à 20h Orchestre des Pays de Savoie Nelson Goerner, piano Direction : Walter Weller Mozart, Schönberg, Penderecki, Chopin 0 450 71 39 47 0 450 71 39 47 Enfants Prodiges Orchestre des Pays de Savoie Michael Barenboim, violon Direction : Nicolas Chalvin Tôn–Thât Tiêt, Mendelssohn, Mozart Enfants Prodiges Samedi 28 février à 20h Orchestre des Pays de Savoie Michael Barenboim, violon Anne Queffélec, piano Direction : Nicolas Chalvin QuatuorTiêt, Manfred Tôn–Thât Mendelssohn, Mozart Bach-Busoni, Bach-Hess, Haendel, Samedi 28 février à 20h Beethoven, Schumann... Samedi 21 mars, piano à 20h Anne Queffélec Quatuor Manfred Histoires à deux pianos Bach-Busoni, Bach-Hess, Haendel, Orchestre des Pays de Savoie Beethoven, Schumann... Lidija Bizjak et Sanja Bizjak, piano Samedi 21 mars à 20h Direction : Nicolas Chalvin Honegger, Mozart, De Falla, Saint-Saëns Histoires à deux pianos Samedi 11 avril à 20h Orchestre des Pays de Savoie Lidija Bizjak et Sanja Bizjak, piano Nikolaï Lugansky, piano Direction : Nicolas Chalvin Schubert, Tchaïkovski Honegger, Mozart, De Falla, Saint-Saëns Samedi 11 16 avril mai àà20h Samedi 20h Orfeo Lugansky, piano Nikolaï EnsembleTchaïkovski La Fenice Schubert, Direction : Jean Tubéry Samedi 16 mai à 20h Monteverdi - Opéra version concert Samedi 6 juin à 20h Orfeo Ensemble La Fenice Direction : Jean Tubéry Monteverdi - Opéra version concert Samedi 13 décembre à 20h Chanson, jazz à la Grange Samedi 6 juin à 20h Vincent Delerm . Samedi 8 novembre, 20h30 James Carter . Samedi 15 novembre, 20h30 Michel Fugain et Pluribus . Vendredi 6 décembre, 20h30 Chanson, jazz à la Grange Vincent Delerm . Samedi 8 novembre, 20h30 James Carter . Samedi 15 novembre, 20h30 Michel Fugain et Pluribus . Vendredi 6 décembre, 20h30