geneve - Scènes Magazine

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scènes
magazine
anne-catherine gillet :
manon à l’opéra de lausanne
photo © Laetitia Bica
ISSN 1016-9415
266 / octobre 2014
CHF. 10.-- 7 €
LES
DEMEURÉES
DE JEANNE BENAMEUR
CONCEPTION & MISE EN SCÈNE
DIDIER CARRIER
ÉQUIPE ARTISTIQUE MARIA PÉREZ
LAURENCE VIELLE, BÉATRICE GRAF
FLORENCE MAGNI, DANIELLE MILOVIC
COPRODUCTION LE POCHE GENÈVE / THÉÂTRE VIDY-LAUSANNE
THÉÂTRE LE POCHE
www.lepoche.ch / 022 310 37 59 / location Service culturel Migros
16 OCTOBRE
> 2 NOVEMBRE 2014
CRÉATION VISUELLE JEAN-MARC HUMM, LA FONDERIE / PHOTOGRAPHIE AUGUSTIN REBETEZ
LE POCHE GENÈVE EST SUBVENTIONNÉ PAR LA VILLE DE GENÈVE (DÉPARTEMENT DE LA CULTURE)
LA RÉPUBLIQUE ET CANTON DE GENÈVE. IL EST GÉRÉ PAR LA FONDATION D’ART DRAMATIQUE (FAD)
PARTENAIRES MEDIAS : LEPROGRAMME.CH & NOUVELLES
Maria Pérez et Laurence Vielle, comédiennes
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cine die / raymond scholer
cinémas du grütli en octobre / christian bernard
cinémathèque suisse en octobre / raymond scholer
genève et lausanne : festival kino / christian bernard
annecy : festival de cinéma italien / christian bernard
les films du mois / christian bernard, serge lachat
lausanne underground film festival / frank dayen
musique
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portrait : delphine galou / christian wasselin
agenda genevois / martina diaz
portrait : vladimir fedosseyev / pierre jaquet
entretien : leonardo garcia alarcon / pierre-rené serna
entretien : daniel bizeray / pierre-rené serna
entretien : peter jan wagemans / christian bernard
orchestre de chambre de lausanne / beata zakes
entretien : nicolas chalvin / pierre-rené serna
orchestre de la suisse romande / serene regard
agenda romand / yves allaz
lausanne : jazz onze plus / frank dayen
entretien : fabrizio chiovetta / christian bernard
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festival berlioz : final en beauté / pierre-rené serna
lucerne : l’après-abbado, an 1 / éric pousaz
pesaro : édition 2014 / françois jestin
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entretien : michael nagy - onéguine / martine duruz
mémento opéra
entretien : anne-catherine gillet - manon / éric pousaz
entretien : éric vigié / éric pousaz
portrait : brigitte hool / yves allaz
entretien : maria rey-joly / pierre-rené serna
entretien : jean-louis grinda / françois jestin
entretien : emilio sagi / pierre-rené serna
portrait : nicolas le riche & solaris / stéphanie nègre
entretien : benoît capt / christophe imperiali
entretien : michaël levinas - le petit prince / p.r. serna
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grand théâtre de genève
opernhaus, zurich / éric pousaz
stadttheater bern / éric pousaz
theater basel / éric pousaz
opéra du rhin, strasbourg / éric pousaz
berlin : saisons lyriques / éric pousaz
vienne : saisons lyriques / éric pousaz
la scala, milan / éric pousaz
londres : saisons lyriques / éric pousaz
opéra grand avignon / françois jestin
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opéra de lyon / christine ramel
opéra de marseille / françois jestin
opéra de montpellier / françois jestin
opéra de toulouse / françois jestin
opéra de monte-carlo / françois jestin
opéra de nice / françois jestin
metropolitan opera, new york / frank fredenrich
théâtre
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entretien : philippe mentha & mon faust / l. tièche chavier
la comédie : l’illusion comique / jérôme zanetta
entretien : frank soehnle & wunderkammer / l. tièche chavier
le poche : les demeurées / rosine schautz
encarts : théâtre du grütli / théâtre des amis / le poche
genève / théâtre de carouge
encarts : la comédie de genève / spectacles onésiens
vidy-lausanne : les palmiers sauvages / nancy bruchez
vidy-lausanne : go down moses / nancy bruchez
entretien : aline gampert / rosine schautz
vidy-lausanne : un jour / frank dayen
entretien : josé lilo & les démons / émilien gür
en tournée : derborence / valérie vuille
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thonon et évian : délocalisation / frank fredenrich
annecy : le théâtre nouveau / jérôme zanetta
entretien : anne brüschweiler / laurence tièche chavier
forum meyrin : the valley of astonishment / gilles costaz
nuithonie et équilibre : octobre fribourgeois / f. fredenrich
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à genève et bâle : gustave courbet / régine kopp
mémento beaux-arts : france
toulouse : benjamin-constant et l’orientalisme
mémento beaux-arts : ailleurs
cologne : cathédrales
mémento beaux-arts : suisse romande
vevey : la passion dürer
mémento beaux-arts : suisse alémanique
bâle : caspar wolf et la conquête esthétique de la nature
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saisons lyriques / pierre-rené serna
sélection musicale d’octobre/ françois lesueur
théâtre du châtelet : limb’s theorem / stéphanie nègre
opéra de paris : two cigarettes in the dark / stéphanie nègre
mémento théâtre
béliers parisiens : le cercle des illusionnistes
mémento expositions
musée jacquemart-andré : le pérugin, maître de raphaël
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festivals
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spectacles
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opéra
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expositions
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opéra - saisons
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paris
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Signature
EDITO
direction
Frank Fredenrich, Jean-Michel Olivier,
Jérôme Zanetta
comité de rédaction
Christian Bernard, Serge Bimpage,
Françoise-Hélène Brou, Laurent
Darbellay, Frank Dayen, Martine
Duruz, Frank Fredenrich,
Jérôme Zanetta
éditeur responsable
Frank Fredenrich
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bimpage-communication
Viviane Vuilleumier
secrétaire de rédaction
Julie Bauer
collaborateurs
Yves Allaz, Philippe Baltzer,
Julie Bauer, Nancy Bruchez,
Gabriele Bucchi, Romeo Cini,
Sarah Clar-Boson, Gilles Costaz,
Martina Diaz, Catherine Graf,
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Christophe Imperiali, Pierre Jaquet,
François Jestin, Régine Kopp,
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David Leroy, François Lesueur,
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Michel Perret, Eric Pousaz,
Stéphanie Nègre, Christine Pictet,
Christine Ramel, Serene Regard,
Christophe Rime, Julien Roche,
Emmanuèle Rüegger, Maya Schautz,
Rosine Schautz, Raymond Scholer,
Monica Schütz, Pierre-René Serna,
Bertrand Tappolet, Laurence Tièche
Chavier, David Verdier, Valérie Vuille,
Christian Wasselin, Beata Zakes,
François Zanetta
maquette : Viviane Vuilleumier
imprimé sur les presses de
PETRUZZI - Città di Castello, Italie
« Je est un autre » : Rentrée littéraire
Une rentrée littéraire de plus ? Oui, mais une rentrée littéraire avec toujours autant... de papier comme tout un chacun peut encore le constater en
flânant dans les rayons des librairies. Attaqué de tous les côtés, par Internet,
e-books et autres Kindle, le « livre-papier » - sera-t-il nécessaire désormais
de l'appeler ainsi ? - n'est pas prêt de disparaître contrairement à ce que laissent entendre les mauvais augures.
On en a eu la preuve lors du premier week-end de septembre sur les bords
ensoleillés du Léman, très précisément à Morges à l'occasion de la cinquième
édition du Livre sur les quais. La foule des grands jours était au rendez-vous
avec près de 40.000 visiteurs venus à la rencontre de près de 300 auteurs pour
de nombreuses dédicaces et tables rondes. De fait, cette manifestation morgienne s'apparente bien à un salon du livre en plein air, dans une ambiance très
détendue et pour le moins éclectique avec la présence d'auteurs tels que Douglas
Kennedy, Daniel Pennac, Luc Ferry, Jean Ziegler, Jean-Michel Olivier ou encore Emmanuel Carrère. Pas d'exclusive donc, mais toutefois une certaine priorité à la littérature si l'on songe au nombre de romancier(e)s présents.
Et, à ce sujet, si l'on cherche à trouver une tendance actuelle en ce qui
concerne le roman français lors de cette rentrée, on s'avisera que les auteurs
semblent trouver leur inspiration grâce au recours à des personnages ayant
existé, comme si le réel devenait sujet de roman. Entre la référence (apocryphe?) biblique à Luc et Paul d'un Emmanuel Carrère dont l'ouvrage a été
lancé avec habileté et excès par une campagne de copinage à nulle autre
pareille et le dernier opus d'un autre spécialiste de la promotion médiatique,
Frédéric Beigbeder intéressé par Salinger, sans oublier Christophe Donner
(Berri, Pialat...), Lydie Salvayre (Bernanos), David Foenkinos (Charlotte
Salomon), les ouvrages souvent mis au premier plan se réfèrent à la réalité.
Autre tendance remarquée depuis quelques années, le triomphe au niveau
des ventes, non seulement de quelques auteures (l'usage du féminin s'imposant dans ce cas) ayant des tirages imposants, mais également de nouveaux
venus (ou peu s'en faut) qui réalisent des ventes inattendues. On veut parler
bien entendu de l'incroyable succès de La Vérité sur l'affaire Harry Quebert
du Genevois Joël Dicker, ou plus récemment du succès imprévisible de Pour
en finir avec Eddy Bellegueule d'Edouard Louis.
Mais si l'intrusion du réel est au rendez-vous de cette rentrée 2014, la fiction traditionnelle a encore son mot à dire dans le cas des best-sellers.
Dépassant toutes les prévisions, une outsider vient de lancer un pavé romanesque sur lequel tout un chacun se précipite d'une façon qui rappelle l'enthousiasme pour chaque cru de Beaujolais nouveau. Ainsi, une journaliste
nouvelle venue en littérature propose une fiction que l'on pouvait croire trop
invraisemblable pour retenir l'attention du lecteur lambda ou des critiques.
S'imaginant « dans la peau de la compagne d'un président », l'auteure conte
la vie fabuleuse d'une femme issue d'un milieu modeste devenue journaliste
qui aurait réussi à séduire un homme politique de gauche voué à un destin
présidentiel malgré un intérêt tout relatif pour les milieux populaires.
Jalousie, rivalités, tromperie, le contenu de cette publication digne d'être
édité sous forme de roman-photo démontre que les romancier(e)s n'hésitent
jamais à laisser l'imagination au pouvoir...
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le cinéma au jour le jour
Cine Die
67e Festival del film Locarno
La rétrospective Titanus alignait une telle brochette de films rares
qu’il était impensable d’en sacrifier trois pour voir le film qui allait remporter le Pardo d’oro, From What Is Before, du Philippin Lav Diaz, (338
minutes) ! D’autre part, je ne comprends pas l’engouement du jury qui a
donné son prix spécial à Listen Up Philip de l’Américain Alex Ross Perry.
Ce portrait d’un écrivain aux écrits vains et au caractère de cochon lasse
assez rapidement par son trop- plein de sarcasmes. L’individu et son mentor, un professeur d’université du même acabit, passent leur temps à s’é-
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«Listen Up Philip» : sur la photo, le directeur Alex Ross Perry avec Jason
Schwartzman- et Jonathan Pryce
couter débiter des jugements de misanthropes vaniteux pendant que la
caméra portée essaie de les cadrer tant bien que mal. Si les deux n’avaient
pas été joués avec une délectation certaine par Jason Schwartzman et
Jonathan Pryce, je crois que je leur aurais faussé compagnie.
Nuits Blanches sur la Jetée est la dernière adaptation de la nouvelle
de Dostoïevski. Quand bien même elle est l’œuvre d’un cinéphile extrêmement averti, Paul Vecchiali, auteur de la plus monumentale et pertinente analyse des films français des années 1930 (L’Encinéclopédie, 2010,
éditions de l’Oeil), force est de constater la singulière aridité de la mise en
scène qui ne dégage rien d’organique, mais se contente de filmer presque
frontalement les deux jeunes gens lors de leurs pérégrinations sur les bords
bétonnés d’un port silencieux. Les dialogues filent comme des perles
monotones, sans relief, de sorte que l’absence de charisme des acteurs
(Astrid Adverbe (sic) et Pascal Cervo) s’y ajoutant, le spectateur n’y prête
plus l’attention qu’il faudrait et se surprend à s’ennuyer ferme. Maria
Schell était une Nastenka d’un autre format et Mastroianni un jeune rêveur
qui fit rêver dans le film de Visconti, Le Notti Bianche (1957). Vecchiali
n’est décidément pas Visconti.
Le prix de la meilleure interprétation masculine fut attribué à Artem
Bystrov dans Durak/The Fool du Russe Yury Bykov. Il y incarne un plombier d’une droiture aussi inébranlable que celle que sa mère et sa femme
reprochent à son père. Un soir de décembre, il est appelé dans un HLM
pour réparer une canalisation d’eau fendue. Il découvre une fente de 10 cm
qui court du rez jusqu’au 9e étage, des deux côtés de la bâtisse. Estimant
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«Durak / The Fool» de Yury Bykov
que celle-ci risque de s’écrouler sur ses quelque 200 habitants, il alerte la
maire de la ville, en pleine fête d’anniversaire. Commence alors la pièce
de résistance du film : les chefs des différents services se réunissent, tous
avinés, mais conscients qu’ils risquent gros, pour débattre de la question :
doit-on évacuer tout de suite et où reloger cette foule ? On apprend peu à
peu que tous sont impliqués dans des affaires de pots-de-vin et de détournements de fonds. Comme ils ne trouvent pas de lieu couvert pour héberger en catastrophe les futurs SDF, ils optent pour la politique de l’autruche, quitte à sacrifier le messager et un ou deux boucs émissaires. Bykov,
tout comme Andreï Zviaguintsev, se livre à une attaque en règles contre les
tares de la Russie de Poutine. Il semble ne distinguer que 3,1 classes sociales : les corrompus/enrichis, les obnubilés/suiveurs et les abrutis/déshumanisés/criminels. Les honnêtes gens, il n’y en a que très peu.
A Blast du Grec Syllas Tzoumerkas est plus brouillon, mais symptomatique du ras-le-bol qui prévaut dans la population grecque. Maria est
une épouse de la classe moyenne qui s’insurge contre sa mère handicapée
qui ne paie pas ses impôts depuis belle lurette, contre son beau-frère facho
qu’elle accuse de molester ses enfants, contre l’Etat qui émet des lois défavorables aux petits propriétaires, etc. Elle a la rage au ventre. Son mari
marin est loin le plus clair de l’année, alors elle va dans les cybercafés
consulter des sites porno, au vu et au su de mâles interloqués. Son époux
n’est pas en reste, lui qui a succombé à l’amour grec en cabine. Bref, les
personnages pètent les plombs dans tous les sens et ce manque de focalisation n’est ni à l’avantage du film ni, s’il correspond à un miroir de la
Grèce, à celui du pays.
«Plemya / La Tribu» de Miroslav Slaboshpytskiy
En revanche, la rigueur de Plemya/La Tribu de l’Ukrainien Miroslav
Slaboshpytskiy est exemplaire. Le film, qui a remporté le Grand Prix
Nespresso de la Semaine de la Critique cette année à Cannes, doit sa présence à Locarno à celle de son auteur parmi les jurés des Léopards de
demain. Slaboshpytskiy rêvait toujours de faire un film muet, sous-entendu un film sans paroles. Mais pas sans bruits. Il réussit son pari en faisant
se dérouler son récit dans un internat spécialisé pour sourds-muets.
Lorsque des gens « normaux » sont impliqués, il les filme à travers des vi-
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tres pour qu’on n’entende pas le son de leurs voix. Les seuls signes de
communication sont donc les gestes des sourds-muets. Il n’y a pas de
sous-titres. Pourtant, par le contexte, le spectateur comprendra tout ce qui
se passe. Le film est construit en longs plans-séquences qui durent juste ce
qu’il faut pour un maximum d’impact. Une scène d’avortement, par exemple, commence avec l’entrée de la jeune fille dans l’appartement de la faiseuse d’anges et prend fin à sa sortie. Sergueï, un nouvel élève, est présenté à la classe et tout de suite embrigadé par une bande de frappes qui pratiquent le racket et le vol en groupe et prostituent deux filles aux routiers
sur une aire de parking. La violence dont ils sont capables n’a pas de bornes. Lorsque le guetteur
des filles meurt sous les
roues d’un camion qu’il
n’a pas entendu venir,
Sergueï est promu
accompagnant des tapineuses et tombe amoureux de la blonde. Elle,
elle n’a qu’un but : aller
vendre son corps en
Italie. Il veut la protéger
et la garder, et déclare
ainsi la guerre au gang.
Le documentaire le
plus instructif fut
Remake, Remix, RipOff
du Germano-Turc Cem
Kaya. Véritable travail
Affiche de «Remake, Remix, RipOff» de CemKaya
d’archéologie cinématographique, le film explore les traces de la production des milliers de bandes ultrafauchées d’un cinéma populaire entre 1970 et 1990 qui se fabriquèrent à la chaîne, sans respect pour des droits d’auteur ou des droits à
l’intégrité corporelle des acteurs mal payés, et dont les seuls restes témoignant de leur passage sont les K7 pourraves trouvées dans les vidéoclubs
de la diaspora turque en Allemagne. Les maisons de production de ces
remakes de blockbusters américains (Superman, Rambo, Star Wars,
Rocky, E.T., et j’en passe), tournés avec le nombre requis de bagarres (6
par film) se situaient toutes dans la même rue à Istanbul, Yesilcam, qui
donna à ces produits l’empreinte de son nom. Kaya a retrouvé quelquesuns des action stars et des réalisateurs, notamment Cetin Inanç, très fier de
sa carrière (il lui arrivait de réaliser jusqu’à 8 films par an), qui explique
comment on faisait des travellings fluides avec la caméra clouée sur une
table dont les quatre pieds, prolongés par des savons, étaient posés dans des
rails : il suffisait d’ajouter de l’eau et ça glissait à merveille. Quant aux
accompagnements musicaux, que du bon : John Williams, Alex North, Hans
Zimmer, Alfred Newman etc et ça ne coûtait que le prix des microsillons.
Dans la même section, Histoire(s) du cinéma, un petit hommage de
4 films fut consacré à celui que Pierre Rissient considère comme le plus
pur représentant du cinéma mandarin d’après-guerre, avec tout ce que
cette définition implique de culture intrinsèque, LI Han-Hsiang. Natif de
Liaoning, Li a aussi bien travaillé pour le cinéma taïwanais que pour les
frères Shaw de Hong Kong et, tardivement, en Chine Populaire (voir The
Empress Dowager (1989), le deuxième film avec Gong Li), excellant
autant dans les drames historiques et les huangmei diao (film musical avec
scènes chantées) que dans les comédies érotiques ou les descriptions
réalistes de la vie des petites gens, comme dans le beau mélo Dong
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N u a n / L’ h i v e r
(Taïwan, 1969). La
passion de Li pour
le jeu lui faisait perdre tout son argent
dans les casinos de
Macao, de sorte
qu’il était obligé de
tourner avec une
certaine frénésie:
80 films en 37 ans.
Dans The Kingdom
and the Beauty
(1959), l’empereur,
«The Kingdom and the Beauty»
pressé par sa mère
de chercher femme, prend la poudre d’escampette et voyage incognito
avec son aide de camp, histoire d’apprendre à connaître son royaume. Il vit
une belle histoire d’amour avec une jeune aubergiste et, lorsque son identité est révélée, il lui promet de la faire quérir à la cour. Les mois passent,
la belle se languit et met au monde un enfant. Toujours pas de nouvelles
de l’empereur, car à la cour, on l’a entouré d’un tel harem qu’il ne pense
plus à sa belle provinciale. Mais le frère d’icelle (joué par le cinéaste King
Hu, compagnon d’études de Li) se rend à la capitale et rappelle au fils du
Ciel sa promesse. Mère et enfant seront tout de suite véhiculés en grande
pompe vers la Cité Interdite, mais les rigueurs du voyage auront raison de
la santé de la belle amante. Les chansons sont ravissantes et les décors cha-
«Legends of Lust»
toyants. Legends of Lust (1972) revendique le droit des femmes au plaisir, dût-il passer par le bordel. Trois pensionnaires d’une maison de joie
racontent comment elles y ont atterri. La première parce que son père l’avait mariée au fils d’un riche marchand, âgé de 10 ans à peine. Pendant la
nuit de noces, le petit ami de la mariée s’empare du marié prépubère, le
ligote sur une chaise et passe une nuit torride dans le lit nuptial. Au petit
matin, les coupables sont arrêtés et acheminés, qui en prison, qui au lupanar. Deux autres saynètes évoquent les stratagèmes d’épouses pour tromper en toute quiétude leurs maris trop bêtes ou trop vieux. Dans Four
Moods : Bliss (Taiwan, 1970), Li s’essaie avec bonheur au film de fantômes : un vieux pêcheur y rencontre un sympathique fantôme tout en blanc,
dans lequel il croit avoir trouvé un possible fiancé pour sa fille. Après ces
films, on a envie de voir tout Li.
Au mois prochain
Raymond Scholer
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(très belle scène du bistrot de la plage, où les
personnages, selon des rythmes parfaitement
contrôlés, entrent et sortent du cadre comme sur
une scène de théâtre), c’est toujours avec justesse qu’il adopte parfois le point-de-vue d’un personnage. Belles trouvailles sonores (la chanson
successivement in et off dans la séquence de la
plage). Direction d’acteurs précise. A travers le
personnage de Sandro, un peu à la Buster
Keaton (le volontarisme en moins), c’est le flottement de la société géorgienne en voie d’émancipation qui est raconté.
cinémas du grütli
Levan Koguashvili,
cinéma italien
Une vraie découverte venue de Géorgie, une large sélection de films
italiens venus d’Annecy, et une rétrospective du cinéaste israélien Amos
Gitaï sont au menu du mois d’octobre.
Cinéma italien
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Vous ne connaissez pas Levan Koguashvili
? Rien de plus normal, son premier film Street
Days (2010), pourtant remarqué dans plusieurs
festivals outre-Atlantique, n’ayant été distribué
ni en France ni en Suisse. La sortie de son
second, Blind Dates, plusieurs fois primé, permettra de découvrir un film attachant et subtil
décrivant sur le mode tragi-comique la vie en
Géorgie aujourd’hui. Et un vrai cinéaste dont la
mise en scène apparemment tranquille et
modeste fourmille de trouvailles d’une grande
justesse.
Au début du film une gare, deux hommes
et une femme qui attend. Les deux hommes sont
des copains d’enfance, ils ont la quarantaine et
sont célibataires. Iva, ancien joueur de foot
devenu coach dans une
école, est le plus extraverti,
Sandro, prof d’histoire
vivant encore chez ses
parents, est lui du genre
lunaire. Ils avaient rendezvous “à l’aveugle” avec
deux femmes qu’ils ne
connaissent pas, rencontrées
sur internet à l’initiative
d’Iva. Une seule, Lali, est
venue de sa province.
S’ensuit, dans une chambre
d’hôtel un long face à face
de peu de mots, entre elle,
rongée d’un chagrin que
l’on devine venant de loin,
et Sandro, aussi impassible et passif que plein
d’égards. Ils se donnent rendez-vous mais
savent sans doute qu’ils ne se reverront pas. Exit
Lali que l’on ne reverra plus. Dès cette première scène en forme de fausse piste, on sait qu’il
n’y a rien d’autre à faire que de se laisser porter
par ce récit qui nous mènera là où il le veut bien,
à sa manière et à son rythme, et que ce sera délicieux.
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L’amour s’invitera lorsque Sandro, dûment
chapitré par ses parents qui tiennent à l’accompagner “pour le bon air et pour éviter l’alccol et
les conneries”, se retrouvera au bord de la mer
Noire avec Iva, et Manana, la maman d’Anna,
une fillette footballeuse. Sandro et Manana se
plaisent. Il n’y a qu’un hic, Manana est mariée
avec Tengo, qui est en prison, pas pour la première fois, et doit sortir incessamment. Diverses
péripéties amèneront Sandro à devenir le chauffeur et confident de Tengo qui ignore tout des
liens l’unissant à sa femme. Situation impossible donc et hautement burlesque. Tragique aussi
car Manana veut quitter Tengo, le manipulateur
jaloux, infidèle, et surtout violent. Comment
cela va-t-il finir ?
Sandro et Iva dans «Blind Dates» © Trigon Films
Ce film contemplatif et comme en mineur
tisse avec un art consommé comédie et drame.
On aime le temps qu’il prend pour préciser les
situations et les liens entre les personnages, par
petites touches. La progression apparemment
buissonnière du récit ne l’empêche nullement
d’avoir une forme tenue (une boucle, on le comprend à la fin). Généralement filmé très simplement en plans d’ensemble par une caméra fixe
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Du 15 au 19 octobre, une large sélection de
films projetés dans le cadre d’Annecy cinéma
italien sera présentée au Grütli comprenant I
nostri ragazzi (2014) d’Ivano De Matteo,
Anime nere (2014) de Francesco Munzi, Le
meraviglie (Les Merveilles) d’Alice
Rohrwacher, Grand Prix à Cannes cette année,
Corpo a corpo (2014) de Karine de Villers et
Mario Brenta, Dolce Vitti (2013) d’Emmanuel
Barnault. Voir la présentation d’Annecy cinéma
italien dans ce numéro.
Amos Gitaï
Reprenant pour une bonne part la
rétrospective mise sur pied par la Cinémathèque
Suisse le mois dernier (voir SM de septembre),
le Grütli donnera à voir plusieurs raretés choisies dans
l’œuvre considérable (plus
de 40 films documentaires et
de fiction en 35 ans d’activité) de l’auteur de Kippour.
L’occasion de constater la
portée universelle d’une
œuvre essentiellement – mais
non exclusivement - centrée
sur un questionnement de l’identité juive entre Israël et
diaspora. Pour une bonne
introduction, ne pas manquer
Carnets de voyage avec
Amos Gitaï (France, 2003)
où le cinéaste dialogue avec
Serge Toubiana, directeur de la Cinémathèque
française, lors d’un voyage en train vers La
Rochelle. Les principaux thèmes de son cinéma,
tels le sacré, le territoire, la mémoire des lieux
et bien sûr le cinéma, y sont évoqués, extraits de
films à l’appui.
Christian Bernard
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re et rejoindre sa terre natale ? Classe de
Rééducation (2014) du Russe Ivan I.
Tverdovsky est une œuvre déchirante sur des
ados physiquement ou mentalement handicapés
que le système éducatif préférerait faire disparaître plutôt que de contribuer à leur insertion
octobre à la
Cinémathèque suisse
Amos Gitai
La rétrospective Gitai entre dans son
deuxième mois. Des 18 films de fiction que le
cinéaste a tournés depuis 30 ans, seule une poignée a été montrée en Suisse : Kadosh (1999),
Kippur (2000) et Free Zone (2005), pour ne
citer que ceux qui ont eu un certain retentissement. Le moment est donc venu pour les cinéphiles de combler leurs lacunes en cinéma israélien, quand bien même ce dernier ne saurait être
ramené à son auteur le plus prestigieux. La participation de stars européennes pourrait constituer un attrait supplémentaire : par exemple,
Hanna Schygulla et Anne Parillaud impliquées
dans la traite de blanches Estoniennes en terre
bédouine (Promised Land, 2004) – ce qui
donne à Gitai l’occasion de peindre Israël
comme un vaste bordel capitaliste en ces temps
de globalisation ; Juliette Binoche jouant une
Française d’origine israélienne qui cherche sa
fille à Gaza au moment du retrait de Tsahal en
2005 (Disengagement, 2007) ; Hippolyte
Girardot, en fils de Jeanne Moreau, se penchant
sur le sort de ses grands-parents morts dans les
camps (Plus tard tu comprendras, 2008) ; Léa
Seydoux en Française ayant survécu à
l’Occupation pour devenir une consommatrice
effrénée, constamment aux aguets pour acquérir
de nouvelles possessions matérielles (Roses à
crédit, 2010). Parmi les documentaires, celui
qui concerne sans doute le plus directement la
vie de l’auteur, est Kippour,
souvenirs de guerre (1997) :
« En 1973, pendant la guerre du
Kippour, un hélicoptère
transportant une unité de secouristes israéliens est abattu audessus du plateau du Golan.
Amos Gitai figurait parmi les
sept hommes à bord. Vingt ans
plus tard, il réunit les membres
de l’équipage et retourne sur les
lieux. » Dans Milim/Mots
(1996), trois itinéraires se croisent : celui de Flavius Josèphe
au moment de la destruction du
temple de Jérusalem en l’an 70,
celui de Yitzhak Rabin, assassiné en 1995, et
celui de la solution finale. Dans Guerre et Paix
à Vesoul (1997), l’Israélien Amos Gitai et le
cinéaste palestinien Elia Suleiman parlent à
bâtons rompus de la guerre et de la paix au
Proche-Orient dans le train qui les emmène au
festival de Vesoul.
Festival Kino
Pour sa deuxième édition, ce festival consacré aux cinématographies nouvelles issues des
pays de l’ancienne URSS, aligne 7 films de provenances diverses. Nous avons retenu les suivants : Ekskursante (2013) du Lituanien
Audrius Juzenas, un drame historique situé dans
les années cinquante, à
l’époque des déportations en masse de
Lituaniens vers la
Sibérie. Une petite fille
de 12 ans et sa mère
enceinte se retrouvent
dans un wagon à bestiaux en route pour le
goulag. La mère décède
en route, son cadavre
est largué sans procès.
Des passagers (bienveillants ?) évacuent
l’orpheline du train par
un soupirail. Elle se
sauve dans la taïga.
«Kippour souvenirs de guerre» d’Amos Gitaï
Réussira-t-elle à surviv-
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«Blind Dates» du Géorgien Koguashvili
dans la société. Dans Love is Blind de
l’Estonien Ilmar Raag, la jeune Kertu vit depuis
30 ans sous la férule de son père. Timide et
réservée, elle a peur des étrangers ; un jour, prenant son courage à deux mains, elle décide de
changer de vie et prend contact avec un marginal alcoolique et coureur de jupons. Blind Dates
du Géorgien Koguashvili, prix du jury au festival d’Abou Dhabi, présente un enseignant quadragénaire qui vit toujours chez ses parents ; il
se lie un jour avec une mère d’élève. Hélas, elle
est mariée à un repris de justice dont la mise en
liberté est imminente.
Histoire Permanente
du Cinéma : 1965
L’occasion se présente de voir sur grand
écran le sensuel et rare Vaghe Stelle
dell’Orsa/Sandra de Luchino Visconti, tourné pour la petite histoire - sur la flambant neuve
autoroute Genève-Lausanne, à peine inaugurée.
Le récit concerne la réunion, après des années
d’absence, entre un frère et une sœur liés par
des sentiments incestueux, réunion qui confirme que la flamme de leur passion n’est pas
éteinte. Le Premier Maître, le premier film
d’Andreï Mikhalkov-Kontchalovsky, est le
remake non avoué de Odna/Seule (1931) de G.
Kozintsev et L. Trauberg, l’institutrice étant
remplacée par un instructeur de l’Armée Rouge,
et l’Altaï (mongol) par le Kirghizstan. Les
costumes traditionnels diffèrent à peine.
Raymond Scholer
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satrice accompagner deux membres du conseil
municipal de Saint-Pétersbourg, léninistes
convaincus, dans leur voyage au Népal, où ils se
rendent afin de réconcilier deux factions communistes rivales…
genève et lausanne : kino
Festival des films de
Russie et d'ailleurs
Rétrospective et tables rondes
La seconde édition de «KINO Festival des films de Russie et d'ailleurs»
se déroulera à Genève et Lausanne du 10 au 19 octobre. Un événement
annuel unique en Suisse et en Europe permettant de découvrir la
production cinématographique des pays postsoviétiques encore
trop méconnue du public.
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Rares en effet sont les films produits
dans des pays ex-soviétiques à connaître une
distribution suisse. Pour qu’un film venu de
Russie, Arménie, Azerbaïdjan, Biélorussie,
Estonie, Géorgie, Kazakhstan, Kirghizistan,
Lettonie, Lituanie, Moldavie, Ouzbékistan,
Tadjikistan, Turkménistan et d'Ukraine soit à
l’affiche de nos cinémas, il y faut pour le
moins un grand succès dans les festivals où
ces cinématographies sont accueillies. Et
encore. C’est à la détermination de la directrice artistique du festival, la cinéaste suisse
d’origine russe Elena Hazanov et à l’appui
décisif de La Fondation Neva, une fondation
familiale Timtchenko, en partenariat avec le
Consulat Honoraire de la Fédération de
Russie à Lausanne, que l’on doit cette exceptionnelle occasion de découvertes et de rencontres, pas moins de quarante-quatre réalisateurs venus de huit de ces pays étant invités
pour cette deuxième édition.
Elena Hazanov © Christophe Chammartin / Rezo
Deux compétitions
Quatorze fictions et douze documentaires
seront en compétition, cinq prix étant attribués.
Parmi les films de fiction, signalons particulièrement la très séduisante plongée dans le blues caucasien que constitue Blind Dates, de Levan
Koguashvili, comédie douce-amère venue de
Géorgie, qui sera reprise dès le 22 octobre aux
Cinémas du Grütli (voir critique dans ce numéro). Très attendu après le succès rencontré cette
année à Locarno, où il a reçu le prix œcuménique, le prix du jeune public et le prix de la
meilleure interprétation masculine pour son
comédien principal, Artem Bystrov,
Durak du réalisateur russe Yuri Bykov est un
drame dans lequel un jeune plombier père de
famille a 24 heures pour convaincre l'administration de sauver les habitants d'un immeuble bâti à
la va-vite et menacé d'effondrement imminent.
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Se faisant il s’attaque à quelques intérêts bien
établis… Mais le Durak (idiot en russe) étant à
la fois un jeu de carte où gagne celui qui a le jeu
le plus faible, et, dans l'inconscient collectif
russe, un personnage populaire parce que naïf et
courageux, la messe, si l’on ose dire, n’est pas
dite.
Interrogée sur ses coups de cœur, Elena
Hazanov, sans vouloir influencer le jury, avoue
avoir un faible pour Test d'Alexandre Kott, un
ancien élève d'Andrej Wajda, qui ose un film
sans dialogue, pour dire le monde immuable de la
steppe où vivent un père et sa fille, dont la vie ne
serait que douce quiétude sans les catastrophes
amenées par l’atome et l’amour… Autre coup de
cœur de la directrice, mais dans la compétition
documentaire cette fois: Nepal Forever d'Aliona
Polunina, comédie documentaire qui voit la réali-
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Rétrospective thématique cette année (l’année dernière, elle était consacrée au cinéaste
Valery Todorovky) avec une sélection de films
interrogeant la permanence du héros dans le
cinéma russe, accompagnée d’une table ronde
où seront examinés, extraits à l’appui, ses diverses figures, “La femme russe“, “le petit homme“,
“les saints“, “les innocents“, “les arnaqueurs“, très loin souvent de l’archétype du
sauveur ou du vainqueur. La rétrospective
sera aussi l’occasion de célèbrer les 90 ans de
Mosfilm, légendaire studio moscovite, l’équivalent de Cineccitta, avec des grands classiques tels Quand passent les cigognes
(1957), La Commissaire (1967) ou Le
Quarante et unième (1956).
Autres tables rondes prometteuses :
l’une consacrée à Stanislavski permettra à
des metteurs en scène et comédiens de faire
le point sur l’importance actuelle de la
méthode mise au point par l’acteur, metteur
en scène et dramaturge russe dont l’importance historique est considérable, l’actors studio
new-yorkais, entre autres, ayant relayé sa
méthode; l’autre, sous le titre Identité Vs
Identification s’interrogera sur les conditions permettant à certains cinémas nationaux
d’afficher une belle santé à l’heure de la globalisation.
Le jeune public n’est pas oublié avec
quatre projections, ni les amateurs de comédie avec une soirée spéciale, pas plus que les
amateurs de films d’horreur avec un specimen
russe particulièrement gratiné en projection de
minuit. La soirée de clôture aura lieu au GrandThéâtre, avec remise des prix et projection de
The Red Army de Gabe Polsky, un documentaire
de 2014 retraçant l’épopée de l'équipe soviétique
de hockey sur glace qui parvint à dominer les
meilleures formations de l'Ouest.
Christian Bernard
Du 10 au 19 octobre.
Genève : Pathé Rex (ouverture), Grand Théâtre (clôture),
Cinémas du Grütli, Maison des Arts du Grütli (Fonction
Cinéma), Ciné 17, HEAD (tables rondes)
Lausanne : Cinémathèque suisse, Le Capitole
Rens. www.kinofestival.ch
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annecy
Cinéma Italien
32e édition
Du 8 au 14 octobre, rendez-vous est donné aux amateurs
par le plus grand festival de France consacré - depuis 1983
- à la défense et l’illustration du 7ème art italien.
Jasmine Trinca et Libero De Rienzo dans «Miele» de Valeria Golino
© Filmcoopi
Que le cinéma italien ait été un grand cinéma, la récente rétrospective à Locarno de films
produits par la Titanus dans les années 50 et 60
et signés Comencini, de Sica ou Visconti, était
là pour le rappeler si besoin était. Si la plus
brillante période de son histoire est désormais
révolue, il n’a pourtant jamais cessé d’exister.
Mais il ne s’exporte plus autant, principalement
pour des raisons économiques. Depuis plus de
trente ans, le festival Annecy Cinéma Italien
s’attache à montrer la vitalité d’un jeune cinéma
transalpin qui n’a jamais cessé d’évoluer.
Dans 5 salles de l’agglomération, ce ne
sont pas moins de 60 films en 115 séances qui
seront proposés aux 14 000 spectateurs attendus. Cinéastes confirmés et débutants se partageront avant-premières et compétitions. Cœur
de la programmation du festival, la compétition
fiction présente une sélection de 8 films, tous
des premières ou secondes œuvres de jeunes
réalisateurs, tout comme la compétition documentaire (8 films + 1 hors compétition). Un
prix remporté à Annecy peut signifier une distribution correcte, comme ça a été le cas pour le
remarquable La Prima neve d’Andrea Segre,
Grand Prix Fiction 2013.
dans une prison, et de Dino, un tatoueur, partis
à la recherche d’un trésor; enfin, une belle occasion de voir Le meraviglie (Les Merveilles)
d’Alice Rohrwacher qui a remporté le Grand
Prix à Cannes cette année pour cette comédie
racontant les bouleversements au sein d’une
famille vivant dans une ferme isolée lorsqu’arrive dans la région l’équipe de tournage d’un jeu
télévisé.
Côté documentaires, trois films à pas manquer: Corpo a corpo (2014) de Karine de Villers
et Mario Brenta, en présence des réalisateurs et
de Pippo Delbono. En suivant les répétitions du
dernier spectacle de Pippo Delbono, Orchidées,
on se voit proposer une belle réflexion sur l’image et ses leurres doublée d’un hommage fraternel aux comédiens; Amore carne (2013) carnet de voyage poétique au pays de l’amour charnel de Pippo Delbono, dont la petite caméra saisit des instants uniques, des rencontres avec des
témoins connus ou moins connus; Dolce Vitti
(2013) d’Emmanuel Barnault, quant à lui, retrace le parcours de Monica Vitti de L’Avventura
d’Antonioni à ses grands rôles comiques chez
Monicelli, Risi ou Scola.
Evénements et avant-premières
Cette année, le Prix Sergio Leone sera
décerné au réalisateur Ivano De Matteo qui
viendra présenter son dernier long-métrage I
nostri ragazzi (2014). Acteur et homme de théâtre dès les années 90, il a reçu le grand prix à
Annecy en 2009 pour La bella gente remarquable remise en question des idéaux de 68 à travers l’histoire de Susanna, psychologue dans un
centre d'aide aux femmes battues, et d’Alfredo,
architecte, ayant recueillis une jeune prostituée
ukrainienne, Nadja. Sera également projeté Gli
equilibristi (2012), l’histoire de Giulio, un
employé communal devant vivre avec
1200 euros par mois tout en versant une pension
alimentaire, ou comment faire face à la pauvreté envahissante sans perdre sa dignité.
Parmi les avant-premières, le plus souvent
en présence des cinéastes, on retiendra particulièrement L’ultima ruota del carro (2013) de
Giovanni Veronesi, comédie dramatique ou
l’Italie des années 60 à aujourd’hui est vue par
l’idéaliste Ernesto, entre espoirs et déceptions;
Anime nere (2014) de Francesco Munzi, drame
racontant le retour de trois frères en Calabre,
leur terre natale, determinés à mettre un terme
aux affaires criminelles de leur famille; Sotto
una buona stella (2014) de Carlo Verdone, une
variante de comédie du remariage prometteuse;
La sedia della felicita (2014) de Carlo
Mazzacurati, comédie burlesque contant les tribulations de Bruna, une esthéticienne travaillant
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Prix Sergio Leone
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Hommages et leçon de cinéma
Hommage cette année à Valeria Golino,
actrice confirmée devenue, depuis peu, réalisatrice. Lancée en 1986 par le Prix de la meilleure actrice à la Mostra de Venise pour son rôle
dans Storia d'amore de Franceso Maselli, elle a
poursuivi une double carrière en Italie et à
Hollywood avec des succès comme Rain Man
(1988) de Barry Levinson ou les farces potaches
Hots Shots ! 1 & 2. On la verra dans ses récents
rôles tournés en Italie (Come il vento (2013) de
Marco Simon Puccioni, le 11 octobre en présence de l’actrice; Giulia non esce la sera (2009)
de Giuseppe Piccioni; A casa nostra (2006) de
Francesca Comencini; La guerra di Mario
(2005) d’Antonio Capuano.) On aura de plus
l’occasion de voir ou revoir le beau Miele réalisé en 2013 par Valeria Golino affrontant
quelques tabous en racontant l’histoire d’Irène,
que son père et son amant croient étudiante
alors qu’en réalité elle aide clandestinement des
personnes en phase terminale à mourir dignement.
Quant au grand chef-opérateur Luciano
Tovoli, il donnera une leçon de cinéma sur son
métier le 11 octobre, plusieurs films auxquels il
a collaboré étant programmés: Il generale dell'armata morta (2013) de Luciano Tovoli; Le
Mystere d'Oberwald (1981) d’Antonioni; Le
voyage du capitaine Fracasse (1991) d’Ettore
Scola; Profession Reporter (1975)
d’Antonioni; Rêve de singe (1978) de Marco
Ferreri.
Hommage encore: sous l’appellation La
Sardaigne fait son cinéma, pas moins de 10
films tournés en Sardaigne seront projetés
parmi lesquels Padre Padrone (1977) des
Taviani et Banditi a Orgosolo (1961) de
Vittorio de Seta.
Christian Bernard
Renseignements: www.annecycinemaitalien.com/
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Les films du mois
«Les Combattants» © Filmcoopi
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LES COMBATTANTS
de Thomas Cailley, avec Adèle Haenel, Kevin
Azaïs,… (France, 2014)
Premier long-métrage de Thomas Cailley,
présenté à Cannes dans la Quinzaine des réalisateurs, Les Combattants y a glané récompenses et
éloges quasi unanimes. Scènes Magazine lui a
déjà consacré une critique de Christian Bernard
dans son numéro de juin et une autre de
Raymond Scholer dans celui de juillet-août. Mais
la sortie en salles de ce film très remarquable me
paraît mériter encore un commentaire.
Pourquoi, dira-t-on, marquer tant d’intérêt
pour un film qui raconte une histoire d’amour
vieille comme le monde dans un langage apparemment classique (l’histoire est racontée linéairement) avec le ressort le plus traditionnel de la
comédie « romantique » (deux personnages que
tout semble opposer finissent par découvrir leur
amour) ? Disons-le d’emblée : parce que, derrière cet apparent classicisme, Cailley déplace les
lignes et glisse d’un genre à l’autre sans avoir
l’air d’y toucher.
Dès le départ, le cinéaste joue sur les genres
(au sens sexué du mot) : Madeleine incarne une
forme de virilité alors qu’Arnaud dégage une
sorte de féminité, ce qui donne à l’histoire d’amour à venir une forme inattendue. En effet, leur
première rencontre s’effectue au cours d’une
joute organisée par des recruteurs de l’armée :
elle le culbute immédiatement sur le dos et il doit
la mordre (vieux truc de fille !) pour échapper à
a
sa prise. Cette inversion des rôles traditionnels se
retrouve dans tout ce qui oppose Madeleine et
Arnaud : elle est bourrée de certitudes (elle est
sûre que la fin du monde doit arriver très prochainement, d’où sa volonté de se forger un corps de
« survivaliste » et son désir d’intégrer une unité
« dure » de l’armée), il n’a que des doutes, sur
ses sentiments, sur ses capacités de séduction, sur
son avenir professionnel (d’où son désir d’entrer
éventuellement dans l’armée qui offre des
apprentissages pour différents métiers). Cœur
tendre, Arnaud offre à Madeleine un jeune furet
qu’il a repêché dans sa piscine, cadeau qu’elle
refuse (elle ne veut pas s’attacher), mais pour le
remercier lui apporte pour nourrir ce furet des
poussins qu’elle a congelés !
Non content de jouer sur les genres masculin-féminin, le cinéaste joue également sur les
genres cinématographiques : à l’ouverture du
film, nous découvrons Arnaud et son grand frère
indignés par le prix exigé pour un simple cercueil
dans lequel leur père juste décédé doit être incinéré. On comprend que ce père était menuisier et
que le bois et son prix, ils connaissent. Et juste
après la cérémonie, leur mère leur demande s’ils
sont prêts à tenir avec elle la petite entreprise
familiale malgré les difficultés économiques. Le
film commence donc comme une chronique
sociale, évoque les difficultés économiques des
petites entreprises de province, l’avenir bouché
pour les jeunes (un copain d’Arnaud s’apprête à
partir au Canada parce qu’ « il n’y a pas d’avenir
en France »)… Mais le film semble très vite s’orienter vers le « teenmovie » et vers la comédie
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romantique (malgré les « torsions » signalées
plus haut) avec aussi quelques moments de pure
comédie (les scènes en rapport avec l’armée sont
souvent drôles, même si Cailley est trop fin pour
se contenter de ridiculiser cette institution : le
lieutenant recruteur est loin d’être stupide et sait
comment « ferrer » les futurs candidats. Et sa
leçon à Arnaud sur la nécessité de « viser audelà » de la cible pour atteindre et détruire celleci est aussi une leçon de vie et pour nous, spectateurs, une indication sur la manière de comprendre un film…
Dans la partie consacrée au stage offert par
l’armée, on retrouve les codes du « film de guerre », ou à tout le moins du film d’aventure avec
jeux de pouvoir à la clef. Et lorsqu’Arnaud quitte le groupe après avoir vu son autorité contestée,
il est suivi par Madeleine avec laquelle il commence une « robinsonnade » avec admiration
pour une nature encore sauvage et apprentissage
de la survie. L’intoxication alimentaire de
Madeleine qui a mangé un renard mal cuit au feu
de bois fait basculer le film dans le drame, celuici étant renforcé par l’énorme feu de forêt dans
lequel sont piégés les protagonistes avec des images de film fantastique lorsque les cendres
retombent en flocons blancs comme de la neige,
et des images de film de science-fiction lorsque
s’approchent les pompiers en scaphandres ignifugés qui vont sauver les deux protagonistes au
bord de l’asphyxie…
Décidément, pour son premier long-métrage
Cailley réussit un coup de maître avec ce film au
ton si original. Il faut dire qu’il est aidé par ses
jeunes comédiens, Adèle Haenel en particulier
dont on avait déjà pu mesurer l’immense talent
dans Naissance des pieuvres (2007) de Céline
Sciamma, L’Apollonide : souvenirs de la maisonclose (2011) de Bertrand Bonello, Suzanne
(2013) de Katell Quillévéré et L’Homme qu’on
aimait trop (2014) d’André Téchiné.
Serge Lachat
CLASS ENEMY
de Rok Bicek, avec Igor Samobor, Natasa
Barbara Gracner,…(Slovénie, 2013)
Commençons par exprimer le vœu que ce
film (sélectionné pour la Semaine de la critique
de la Mostra de Venise 2013), venu d’une cinématographie fort mal connue avec des actrices et
acteurs inconnus sous nos climats, reste assez
longtemps à l’écran pour que ses qualités lui permettent de trouver son public !
Si le film est d’abord intriguant par ses origines, il l’est aussi par son titre anglais qui laisse
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planer un doute (ennemi dans une guerre des
classes ? ennemi dans le cadre scolaire d’une
classe ?). Mais le doute ne dure pas : dès l’ouverture du film nous sommes dans une salle de classe d’un lycée de Ljubljana (salle que nous quitterons rarement ; en tous les cas, nous ne quitterons
pratiquement jamais l’école, ses couloirs, la salle
des maîtres, le bureau de la directrice…) dans
laquelle une jeune enseignante d’allemand dit au
revoir à ses élèves (elle part en congé maternité)
qu’elle adore (affection réciproque bien sûr) et
leur présente son remplaçant, un homme d’âge
mûr à l’aspect plutôt sévère, ce qui « braque »
immédiatement les élèves.
La tension ne tarde pas à monter entre ce
professeur exigeant, féru de culture et de morale
(admirateur inconditionnel de Thomas Mann),
qui refuse toute autre langue que l’allemand en
classe, et un groupe habitué à être plutôt « materné »… Très vite, le professeur d’allemand est
traité de « nazi ». Pire : entendant un jour une
élève jouer du piano, il s’introduit dans la salle de
musique, ce qui fait immédiatement jaser des élèves qui l’ont aperçu et qui lanceront une rumeur
de pédophilie ! La crise atteindra son comble
lorsque l’élève-musicienne se suicidera après
avoir été sermonnée par le professeur qui refusera par ailleurs de participer à l’apitoiement général… Ce professeur aura beau tenter de se justifier, rien n’y fera : les rumeurs les plus folles circuleront, la rébellion des élèves prendra une
forme violente, les professeurs et la directrice,
puis les parents seront entraînés dans cette tempête qui ne retombera qu’avec l’exclusion du
« coupable ».
Or le cinéaste, avec beaucoup de finesse,
après avoir montré ce personnage comme dur et
intransigeant, incarnant une idée de l’école « à
l’ancienne », défenseur de méthodes d’un autre
temps, le montre se défendant avec une remarquable dignité et avec intelligence, expliquant
son idée de la pédagogie et de la transmission du
savoir. Et tout à coup, les réactions des élèves
apparaissent moins comme « une » résistance à
un individu que comme des réactions différentes
provoquées ou libérées par le choc du suicide
d’une condisciple qui les laissait parfaitement
indifférents jusque-là. Un des meneurs de la
révolte est encore sous le coup de la mort récente de sa mère qu’il vient d’enterrer, d’autres trouvent dans ce mouvement de quoi flatter leur
paresse, ou de quoi focaliser leur mal-être d’adolescents, mais tous témoignent de leur égoïsme et
de leur intolérance.
Le cinéaste a l’intelligence de ne pas prendre parti, de ne pas conclure, d’exposer la crise et
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les différentes réactions en laissant deviner qu’elles sont le miroir d’une situation beaucoup plus
générale dans la Slovénie d’après la guerre des
Balkans comme le fait remarquer un élève chinois perplexe devant ce qui se passe…
Et, tout à la fin du film, l’apparent bonheur
collectif retrouvé lors du voyage de classe en
Grèce semble plus le résultat de la consommation
d’alcools que d’une vraie réconciliation…
Serge Lachat
3 CŒURS
de Benoît Jacquot, avec Charlotte Gainsbourg,
Chiara Mastroianni, Catherine Deneuve, Benoît
Poelvoorde… (France, 2014)
française » tant détestée par la « Nouvelle
Vague », un film qui sent « le roman bourgeois » ! Car il s’agit bien de cela : de pur romanesque (Benoît Jacquot s’en rend bien compte,
puisqu’il fait intervenir par-ci par-là un narrateur
– inconnu à l’image - en voix off), de pure histoire de passion mortelle, le cœur de Marc ne résistant pas à de telles émotions.
Alors je veux bien admettre que « le cœur a
ses raisons… » et que l’amour est aveugle, mais
je crains que personne ne puisse croire à cette
histoire. Ce n’est pas tant à cause du physique de
Poelvoorde qui n’est pas vraiment celui d’un
homme à femmes qu’à cause des invraisemblances narratives : comment ne pas savoir immédiatement que Sophie est la sœur de Sylvie alors
qu’il suffit de regarder les photos dans l’escalier
de la maison familiale, comment l’utilisation de
skype peut-elle de façon aussi invraisemblable
permettre à Marc de rester caché ? Impossible
aussi de croire à ces élans passionnels au vu des
scènes d’amour terriblement « planplans » des
deux couples…Pire, on n’y croit pas plus lorsque
le cinéaste veut faire du petit fonctionnaire Marc,
redresseur fiscal de profession, un redresseur de
torts qui pourrait mettre en danger le maire de
cette ville de province (c’est le côté Claude
Sautet du film, mais on a l’impression que Benoît
Jacquot le traite sans conviction aucune).
Reste une Charlotte Gainsbourg qui apporte
quelques éclats dans ce film insipide où Chiara
Mastroianni est toujours sur le point de pleurer et
où Catherine Deneuve ne cesse de proposer des
desserts après des repas délicieux, mais plantureux comme le veut le cliché provincial !
Perplexe ! Voilà le seul mot qui m’est venu à
l’esprit à la sortie de la projection du dernier film
de Benoît Jacquot, sélectionné en compétition à
la Mostra de Venise… Perplexe devant un objet
dont je ne perçois ni le rapport au monde d’aujourd’hui et à ses problèmes, ni l’innovation en
matière de cinéma.
En effet, je reste perplexe devant cette histoire de rencontre la nuit dans une ville de province (Valence apparemment) entre Marc (Benoît
Poelvoorde) qui vient de rater son dernier train
pour Paris et Sylvie (Charlotte Gainsbourg) qui
l’aide à trouver un hôtel, devant le coup de foudre qui s’ensuit, le rendez-vous aux Tuileries
manqué quelques jours après pour cause d’infarctus de Marc, devant un Marc revenant à
Valence chercher Sylvie dont il ne sait rien, tombant sur sa sœur (il mettra un temps fou à découvrir ce lien sororal), Sophie, et vivant un nouveau
coup de foudre avec celle-ci, qu’il épousera et
avec laquelle il aura un enfant et une vie de bonheur bourgeois
sous le regard
approbateur de la
mère (Catherine
Deneuve) jusqu’au retour de
Sylvie qui est
aussi un retour de
flamme
qui
menace de tout
détruire…
On se croirait dans un film
de Sautet (ou
pire, de Vadim
dont
Benoît
Jacquot fut l’assistant), un film
«Trois cœurs» ©
de cette « qualité
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Serge Lachat
Agora films
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PRIDE
de Matthew Warchus
avec Bill Nighy, Imelda Staunton, Dominic
West, Georges Mackay… (G-B, 2014)
14
Nouvelle mouture de la « comédie sociale »
britannique, vaguement teintée de comédie musicale, Pride a remporté la « Queer Palm » à
Cannes cette année où il était sélectionné en clôture de la Quinzaine des réalisateurs !
Etonnant pour un film aussi « improbable »,
auquel personne ne croyait au départ, sinon le
producteur et le scénariste qui voulait faire
connaître l’histoire vraie qui a vu, en 1984, des
mineurs gallois et des homosexuel(le)s londoniens s’unir dans la lutte contre Margaret
Thatcher.
En effet, cette année-là, le Premier Ministre
britannique entend « casser » la résistance des
mineurs en grève en ne leur cédant rien. Cette
grève (une des plus longues jamais engagée) dura
presqu’une année, mais après quelque temps déjà
les mineurs n’étaient plus à même de mener seuls
leur combat. C’est alors qu’un groupe d’activistes gays et lesbiens décida de récolter de l’argent
pour venir en aide aux familles des grévistes. Le
mineurs vinrent défiler en tête de la Gay Pride
londonienne menacée par un service d’ordre peu
amène.
Que les choses soient claires : le cinéaste
Matthew Warchus (venu du théâtre et de l’opéra)
et son/ses scénariste/s ne lésinent par sur les
moyens et n’hésitent pas à utiliser toutes les
ficelles (on pourrait même dire les cordes) du
métier pour emporter l’adhésion des spectateurs :
défilé de personnages emblématiques (jusqu’à la
caricature) tant du côté des mineurs (violents,
buveurs, homophobes) que des gays et lesbiennes
(aucun/e ne fait dans la sobriété et la discrétion
sinon le petit jeune qui fera son coming out loin
de ses parents), surabondance de « bons mots »,
de scènes lacrymogènes, mais aussi de danses
frénétiques et de chants gallois nostalgiques, tout
est bon pour emporter l’adhésion du spectateur.
Résultat : ça marche (en tout cas pour
moi !), on finit par être emporté dans cette histoire (avec en plus la caution de l’ « histoire vraie »),
on accepte de croire, on veut croire que tous les
homos et (presque) tous les mineurs sont sympas
et ont, malgré la défaite des mineurs et malgré les
ravages du sida, gagné leur combat même s’ils
l’ont perdu ! Certains ne manqueront pas d’ironiser devant ce « feel-good movie » trop « télépho-
«Pride» © Pathé films
syndicat qui chapeautait cette grève des mineurs
fut bien embarrassé d’accepter cette aide de
« pervers ». Ces activistes londoniens focalisèrent alors leur aide sur un village minier du fin
fond d’une vallée du Pays de Galles. Le film
raconte comment ces deux communautés que
tout opposait au départ finirent par se découvrir
et s’apprivoiser malgré quelques résistances irréductibles du côté gallois, au point que les
a
né » : il n’en reste pas moins que j’en suis sorti
euphorique avec, immédiatement après, un fort
goût de nostalgie amère en me rappelant les
espoirs, les luttes et les révoltes qui nous faisaient
rêver dans les années 70-80 ! Que sont ces rêves
devenus aujourd’hui ?
SIDDHARTH
de Richie Metha, avec Rajesh Tailang,
Tannishtha Chatterjee, Anurag Arora, Shobha
Sharma Jassi… (Inde-Canada, 2014)
Deuxième film du cinéaste canadien d’origine indienne Richie Metha, Siddharth raconte
l’histoire de la disparition d’un enfant d’une douzaine d’années que son père a envoyé à la grande
ville pour qu’il y travaille et contribue à soutenir
sa famille. Celle-ci (un père, une mère, un fils et
une fille) vit en effet dans la pauvreté, le père
réussissant à peine à nourrir tout le monde avec
son travail de réparateur de fermetures-éclairs sur
les marchés. Le film dépeint la recherche jusqu’à
Bombay de ce fils par ce père qui ne renonce
jamais, aidé, mais si peu, par les autorités. Quête
d’autant plus difficile que les moyens manquent
et que la famille n’a même pas une photo du
disparu…
On risque de reculer devant un film « métisse » (les défauts du cinéma oriental risquant de
s’ajouter à ceux du cinéma occidental) qui s’annonce comme un mélodrame lacrymogène et
misérabiliste. Or, bonne surprise, le cinéaste
réussit à éviter toutes sortes de pièges : il reste
d’une sobriété étonnante (qui est aussi et surtout
celle de l’acteur principal, qui vient du théâtre) et
évite de trop solliciter la corde sensible, même si,
bien sûr, la quête d’un enfant disparu ne peut se
dépeindre sans émotion !
Il évite aussi le voyeurisme et le misérabilisme. Cette quête lui permet de dessiner une coupe
quasi documentaire de la société indienne actuelle en parcourant l’Inde des déshérités qui s’efforcent de préserver leur dignité en effectuant des
petits boulots plus ou moins légaux, l’Inde de la
corruption (même si le film n’en rajoute pas sur
les autorités institutionnelles, plutôt bien intentionnées) et des trafics divers (drogues,
prostitution, enlèvement d’enfants exploités
comme esclaves).
Le film n’est cependant pas un grand film à
la manière de ceux de Satyajit Ray, ni même de
ceux de Mira Nair faute de trouver un langage
cinématographique propre. Le mélange de fiction et de documentaire aurait pu/dû être plus
fort, plus corrosif (comme dans le néo-réalisme
italien, par exemple). Et il aurait surtout fallu
que Richie Metha évite le sucré-gluant d’une
musique omniprésente et de piètre qualité.
Serge Lachat
Serge Lachat
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LEVIATHAN
d’Andreï Zviaguintsev, avec Alexeï Serebriakov,
Elena Liadova, Vladimir Vdovitchenko, Roman
Madianov… (Russie, 2014)
Après Le Retour (2003), Le Bannissement
(2007) et Elena (2011), Léviathan confirme que
Zviaguintsev est l’un des cinéastes les plus marquants du moment, et pas seulement en Russie.
Le Prix du scénario reçu au dernier Festival de
Cannes est une récompense encore bien faible
pour ce film magistral !
Le film raconte l’histoire d’un mécanicien,
universelle, donc, sauf que le cinéaste la situe
bien dans la Russie d’aujourd’hui et que son film
est aussi une violente attaque contre un régime
russe pourri par une corruption générale. Cette
critique est même dirigée contre le pouvoir politique russe depuis Lénine puisque, dans une des
rares scènes farcesques du film, on tire sur les
anciennes photographies officielles des différents dirigeants jusqu’à Gorbatchev, les derniers
en date bénéficiant d’un sursis pour manque de
recul historique !!!
Mais surtout le cinéaste fait de cette histoire
sordide un film qui dépasse le naturalisme
glauque pour atteindre une vraie portée symbo-
Grand Nord russe, on est sur une terre d’avant
l’Histoire, une terre où les plis de la roche semblent à peine refroidis, où une terre et une mer
originelles portent encore des monstres qui
laissnt des squelettes gigantesques après leur
mort. Ah ! ce squelette de baleine autour duquel
la caméra du cinéaste ne cesse de revenir ! Ah !
cette baleine qui émerge et qui plonge dans une
mer plus noire que noire ! Dans un tel décor,
filmé en outre de manière extraordinaire par
Mikhaïl Krishman dans les tons bleutés, grisâtres, brun éteints, sur une musique de Philip
Glass, les aléas de l’existence humaine, pour violents et bouleversants qu’ils soient, prennent un
aspect dérisoire, que tous les personnages, incarnés pas des acteurs extraordinaires, s’efforcent de
noyer dans des hectolitres de vodka, sorte de terrible « suicide collectif » tragi-comique…
Serge Lachat
L’ABRI
de Fernand Melgar (Suisse, 2014)
«Leviathan» © Cineworx
Kolia, qui habite avec Roma, son fils d’un premier mariage, et Lilya sa jeune épouse, une maison située au bord d’une embouchure de la mer
de Barents. Le maire de la ville veut à tout prix
son terrain pour y construire un édifice de prestige. A l’ouverture du film, un jugement est rendu
en faveur du maire par une justice apparemment
corrompue. Mais, aidé par son ami d’enfance et
de régiment, par ailleurs avocat à Moscou, Kolia
refuse de céder d’autant plus que Dmitri dispose
d’un dossier dénonçant les agissements mafieux
et la corruption du maire. Un instant déstabilisé
(surtout lorsque l’avocat laisse entendre qu’il
connaît des gens haut-placés), celui-ci reprend la
main, d’autant plus facilement que tout se déglingue autour de Kolia.
Scénario de films noir ou de western comme
le cinéma américain en offre beaucoup, penserat-on… Et on n’aura pas tout à fait tort : en effet,
cette histoire a été inspirée à Zviaguintsev par
celle d’un Américain soudeur de profession
qu’un groupe industriel a voulu exproprier en
2004 et qui a dû se battre contre la mairie, la police et les pouvoirs publics du Colorado. Histoire
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lique, voire mythologique. Par son titre déjà,
Léviathan renvoie à la Bible et au monstre invincible du Livre de Job explicitement cité par le
prêtre de la paroisse lorsque Kolia demande
pourquoi Dieu lui inflige tant de malheurs. Ce
qui permet au cinéaste non seulement de dénoncer la collusion du pouvoir politique et d’une
Eglise orthodoxe russe en plein renouveau, mais
aussi d’ouvrir une vraie réflexion philosophique
sur l’impuissance des hommes à vaincre le Mal
que ce soit par les voies terrestres (politiques
pour aller vite, cf. Le Léviathan de Hobbes et sa
réflexion sur le rôle « régulateur » de l’Etat) ou
spirituelles (à côté des églises dégoulinantes de
dorures et d’icônes précieuses, le cinéaste fait se
réunir la jeunesse perdue du lieu dans une église
désaffectée, qui permet d’ailleurs au protagoniste une « échappée » par le haut).
Mais si l’histoire sordide d’aujourd’hui fait
plusieurs fois allusion à la Bible (on voit ainsi sur
une icône une tête coupée de Jean-Baptiste
apportée à Salomé et Hérode), c’est aussi et surtout parce qu’elle est située dans un décor surhumain. Comme dans les westerns, mais ici dans le
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Cela commence par une belle foire d’empoigne: il s’agit pour les responsables de l’Abri, un
des trois sites à Lausanne ouverts aux sans-abris
en hiver, de canaliser et de trier ceux qui seront
admis pour la nuit et le petit-déjeuner (moyennant 5 francs), les autres étant renvoyés à la rue et
à la nuit. Difficulté de l’exercice pour les responsables qui finissent par connaître plus ou moins
bien tous les candidats à cet accueil “humain”
très temporaire et qui paraît calculé pour ne pas
répondre à la demande, avec 40 places et pas une
de plus, même si le lieu, genre abri de la protection civile, pourrait en recevoir 70. Mais ces places supplémentaires ne sont ouvertes que s’il fait
moins de zéro pendant trois nuits consécutives…
car les ouvrir “ça coûte” comme dit le responsable en chef (et tout est dit d’un mot des contraintes budgétaires…). Alors, pour gérer la pénurie,
on invente une “solution” toute administrative :
seuls seront admis ceux et celles qui se seront
procurés à l’avance une carte de réservation…!
Melgar s’attache donc, non sans courage, à
nous faire partager un peu de la réalité vécue par
des gens qu’on croise sans les voir et qui sont
invisibles n’ayant pas droit à l’image, hors faits
divers. Gens d’origines et de statuts divers ayant
en commun la pauvreté, certains seuls, d’autres
accompagnés d’enfants, dont nous ne saurons
que peu choses au bout du compte. Sans avoir
recours à des situations extrêmes, sans pathos, le
cinéaste rend compte de la violence objective de
la situation. Ouvrant le film vers les aides officielles pour trouver un emploi, en suivant un cer-
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«L’Abri» © Yvain Genevay/Le Matin
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tain Mamadou qui a trouvé un patron mais n’obtiendra pas le permis tant attendu, il rend perceptible les refoulements gigognes mis en place: de
l’abri de nuit, de l’emploi, de la Suisse… Avec
une objectivité qui est décidément sa marque de
fabrique, associée à un refus des généralisations
simplistes, il rend compte de la complexité de la
situation. Proche des visages, des voix, des corps,
multipliant les détails parlants, il montre tout à la
fois la souffrance des déracinés, le mélange d’humanité et de non-humanité que représente l’Abri,
avec sa promiscuité, et, du côté des responsables,
à la fois l’empathie de deux d’entre eux (qui se
trouvent être d’origine latine…) et le réalisme du
chef pour qui “si le canot est trop plein, il va couler” et qui se montre sur la même longueur d’onde que le politique et l’opinion majoritaire en
préconisant une aide limitée “pour éviter l’appel
d’air”… Laissons la conclusion à Fernand
Melgar : « Alors que chaque jour la cohorte des
exclus s’allonge, le silence et l’ignorance continuent de régner. Dans un climat récurrent de
xénophobie, je voudrais que mon film contribue à
lever le voile sur cette vie d’exclus.»
Christian Bernard
MOMMY
de Xavier Dolan, avec Anne Dorval, AntoineOlivier Pilon, Suzanne Clément… (CANADA,
2014)
Film qui a marqué le dernier Festival de
Cannes où il a remporté avec Adieu au langage
de Godard, le Prix du Jury, Mommy, le dernier
opus de Xavier Dolan fait du jeune cinéaste un
auteur au sens fort: pour ce film, il est en effet
réalisateur, scénariste, producteur, monteur, créateur des costumes, et aussi, mais oui, responsable
des sous-titres (car, parlé, et à quelle vitesse, en
québécois, le dialogue nous reste souvent impé-
a
nétrable). Acteur dans ses films toute impression de progrès se révèle vite illusoiprécédents, il n’est cette fois re et le film emporte son spectateur dans un tourpas à l’écran. Alors que certains billon qui le fait sans cesse passer par les sentilui reprochaient une virtuosité ments les plus contradictoires et les plus extrêqui tournait un peu à vide dans mes.
ses films précédents, Dolan la
Soyons clair: les amateurs de distanciation,
met cette fois-ci au service d’un de réserves et de retenue se sentiront déstabilisés
sujet particulièrement brûlant : par ce bombardement d'affects, par ce tsunami
avant que le film commence, un émotionnel. Xavier Dolan cueille son spectateur
texte nous indique qu’une loi à l'entrée du film par un violent accident de voidoit être votée au Canada per- ture et ne le relâche plus, portant à incandescenmettant aux parents d’enfants ce les effets du mélodrame. D'une part en utiliperturbés, hyperactifs, bipolai- sant un format carré qui resserre les personnages
res ou psychotiques, de placer au centre de l'écran, leur refusant toute échappaleurs enfants en institutions toire et tout espoir (significativement, vers la fin
psychiatriques fermées s’ils du film lorsque la mère imagine un avenir
estiment ne plus pouvoir assumer leur éducation. radieux pour son fils, l'écran s'élargit pour se resLe film commence au moment où une mère serrer très rapidement). D'autre part en les filcélibataire doit aller chercher son fils dans une mant souvent en très gros plans qui nous font
institution pour enfants difficiles parce que celui- partager la moindre de leurs émotions. Les specci a mis le feu à l’école brûlant un autre élève au tateurs sont ainsi comme aspirés dans l'écran.
3ème degré. La mère cherche des excuses à son
D'autant plus que le cinéaste n'hésite pas à
fils, le défend tant qu’elle peut, mais ne peut per- renforcer le jeu des affects en jouant sur les flous,
suader la directrice de le garder. Ce que le film les décadrages, et en utilisant une musique popuraconte, c’est le temps
du retour au domicile
maternel de cet adolescent au visage d’ange,
mais capable des pires
violences depuis la
mort de son père, jusqu’à son placement en
institution psychiatrique, la mère ne pouvant plus faire face.
Une mère célibataire qui se débat dans
les difficultés financières (la garde de son fils
la prive d'un boulot à
Anne Dorval et Antoine-Olivier Pilon dans «Mommy» © Shayne Laverdiere
plein temps) et qui
reporte toute son affectivité frustrée sur ce fils laire (par exemple Céline Dion), en in (formidaqui à la fois lui donne (et lui demande) un amour ble scène de karaoké!) comme en off. Cet effet
éperdu et peut déchaîner contre elle les pires vio- musical est renforcé encore par la langue terriblelences verbales et physiques. Intervient dans ce ment crue (voire vulgaire) et exotique des perduo Kyla, une voisine récemment arrivée, mais sonnages et par le jeu presque toujours exacerbé
tout aussi déboussolée. Institutrice, elle est deve- des remarquables comédiennes (jamais peut-être
nue bègue à la suite d’un traumatisme qui reste un cinéaste n’avait encore filmé aussi bien la
inexpliqué (perte d’un enfant ?), a perdu son tra- force, la fragilité et la sensualité troublante de
vail et est condamnée à suivre sa fille et son femmes mûres) et comédiens. A ce niveau d'ininformaticien de mari de ville en ville. tensité, le film fonctionne comme un opéra, loin
Confrontée au couple dysfonctionnel de cette de tout naturalisme, et emporte et/ou repousse
mère et de son fils, la voisine se révèle capable son spectateur, comme ses personnages qu’on
d'apaiser quelques tensions, d’enseigner les rudi- adore et qu’on déteste l’instant d’après pour sucments scolaires à l’adolescent et de résister tant comber encore à leur charme…
Serge Lachat
bien que mal aux pulsions de ce dernier, mais
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marge, celui du film d'ouverture et celui du film
de clôture. Au LUFF, le premier est une première
suisse : I Believe in Unicorns de la Californienne
Leah Meyerhoff, plus connue pour ses courtsmétrages (Twitch) et ses réalisations de clips
vidéo (MTV). Le film de clôture est à ce jour
encore une surprise.
lausanne underground film and music festival
Le LUFF, une baffe
L'affiche donne le ton : une protubérance explicite tombant entre deux
cercles oculaires sur un beau sourire. La programmation se révèle
cette année très tendance. Vous voilà prévenus !
Plus fort que l'opinion publique et sa contestation réunis, le LUFF procure un espace d'expression à la contre-culture. En effet, où ailleurs
qu'à ce festival cinéma voir les pépites
suivantes ?
Amie de Lydia Lunch, Beth B. n'est pas une
inconnue de la scène underground new yorkaise
puisque ses œuvres ont été exposées dans de
prestigieux musées d’art contemporain (Tate Gallery, MoMa…) et certains de ses métrages ont été acquis
par le Moma et le Whitney
Museum. Son dernier film
Exposed, projeté au LUFF, est une
satire de la société occidentale
contemporaine et une mise en doute
satirique de ses valeurs. Ce documentaire s'interroge sur ce qui est
normal, en essayant de cerner le
point limite au-delà duquel un
concept ou quelqu'un peut enfin
être considéré comme accepté/able.
Huit comédiens d'horizons culturels
différents (dont Bambi the
Mermaid, Bunny Love, ou Dirty
Martini) n'hésitent pas à s'exposer/s'exhiber pour
obliger à réfléchir. Vous avez dit Shocking ?
Celui que beaucoup considéraient comme
un auteur maudit dans les années 60, Jean-Denis
Bonan, a pourtant fait une belle carrière.
Professeur à l'IDHEC et à la Sorbonne Nouvelle,
plasticien, cinéaste, co-créateur du magazine culturel Metropolis sur Arte, il présente La Femme
bourreau, film qu'il a achevé en 1968 ! Rejeté par
tous les distributeurs de l'époque, La Femme
bourreau est un des rares films français qui traite d'un tueur en série. A relever que l'inspecteur
du film est joué par le désormais célèbre journaliste politique Serge Moati, et que le LUFF présente ce film en première mondiale, sa sortie en
France étant prévue pour le début de l'année prochaine. Bonan présente aussi une sélection de ses
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meilleurs courts-métrages dont Tristesse des
anthropophages, censuré depuis 1966 et montré à
la faveur de quelques projections clandestines.
« Un nouveau Christ est condamné par ses pairs
à réintégrer le ventre maternel et est mené
enchaîné, à coups de bâton, jusqu'à l'orifice qui
va lui permettre en s'y replongeant de n'avoir
jamais vécu. » (Jean Streff, Le Masochisme au
cinéma). Cette année 2014, la Commission de
Martha Colburn «Arrêt sur image»
classification française vient de lever la censure
de cette production en étiquetant le film “Tous
publics“. Claude Chabrol avait raison ! Le LUFF
aussi !
Depuis 1994, et plus d'une cinquantaine de
courts-métrages d'animation, Martha Colburn
manipule le fond footage, déformant les pictogrammes et usant ses doigts à toutes sortes de
collages et de peintures. Son esthétique pop culture et son implication dans la musique punk
rock font d'elle une artiste remarquée, qui n'hésite jamais à afficher ses idées politiques, en faveur
des femmes notamment. Au LUFF, elle donne un
workshop, mais aussi un ciné-concert inédit.
Une sélection de documentaires sur les
musiques de film, et en particulier indonésiennes, genres noise pour Adyth Utama (Bising), ou
black metal pour Mathieu Canaguier (A l'est de
l'enfer). Autre documentaire, Star Wars 2, du duo
helvético-slovène Veli & Amos, rend hommage
au Star Wars, premier du nom, mais sans rapport
avec une trilogie fictionnelle devenue célèbre.
Star Wars était le premier documentaire sur la
scène hip hop, le graffiti, la danse et la culture.
Sans vouloir l'égaler, son cousin fait le tour d'horizon des nouveaux styles d'expression et tendances artistiques issus de la rue, d'Europe à New
York, en passant par le
Moyen Orient.
On trouve encore
cette année au programme
cinéma du LUFF : une
sélection porno gay française, genre aujourd'hui
disparu, une autre consacrée à la thématique de la
séquestration au cinéma,
et des œuvres de réalisateurs dont la carrière a
trouvé sa révélation à la
vision de films underground : Baise-moi de
Virginie Despentes pour
l'écorché vif Shane Ryan (sa trilogie Amateur
Porn Killer), ou Pink Flamingos de John Waters
pour Trent Harris (The Beaver Trilogy, dans
lequel Sean Penn et Crispin Glover tiennent leur
premier rôle).
Bien sûr, à côté des compétitions longs et
courts-métrages ont lieu, comme de coutume, des
concerts tous les soirs, en in et en off.
Frank Dayen
LUFF – Lausanne Underground Film and Music
Festival, du 15 au 19 octobre à la Cinémathèque Suisse/
Casino de Montbenon : www.luff.ch.
Il y a au moins deux moments dans les festivals cinéma où l'on est sûr d'avoir affaire à la
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Delphine Galou
à perdre la tête
Portrait
Delphine Galou chantera le 5 octobre au Victoria Hall de Genève, en
compagnie de Christophe Rousset et de ses Talens lyriques.
Les grands rôles rossiniens ? « Ce sont plutôt des mezzos, avec de nombreux aigus. C’est
aussi une vocalité différente avec laquelle je me
sens a priori moins à l’aise, mis à part peut-être
Tancredi. Rossini ne me
touche pas de la même
façon que Haendel ou
Porpora.
J’aimerais
continuer d’explorer le
répertoire baroque, qui
me comble par plaisir et
par affinité. L’un de mes
grands souvenirs est le
Radamisto que j’ai fait
au Festival de Karlsruhe
avec Sigrid T’Hooft, tout
en gestique d’époque,
avec éclairage à la bougie. » Une expérience
dont elle avait déjà goûté
l’enchantement à l’occasion d’une mise en espace signée Benjamin
Lazar de Dido and
Aeneas de Purcell couplé
avec Énée et Lavinie de
Pascal Colasse.
Un
rêve
?
« Retravailler avec
Emmanuelle Haïm, avec
qui j’ai fait Aci, Galatea e
Polifemo. »
Judith est ce personnage
inquiétant et séduisant qui
décapite le général assyrien
Holopherne afin de sauver les
habitants de la ville de
Béthulie. Elle a inspiré de
nombreux compositeurs du
XVIIIe siècle qui, de
Jommelli à Anfossa en passant par Gassmann, Cafaro et
même Mozart, ont écrit une
Betulia liberata. Vivaldi, lui, a
fait bande à part en choisissant pour titre de son oratorio
Judita triumphans, mais
Delphine Galou et Christophe
Rousset l’ont retenu avec les
autres dans le programme du
concert qu’ils reprendront à
Genève après l’avoir donné en
août dernier dans le cadre de
La Chaise-Dieu.
Portrait
Delphine Galou s’est d’abord intéressée à la philosophie, mais c’est son père,
chanteur pour enfants, et plus
tard le goût de la scène, qui lui
ont donné envie de chanter et
d’interpréter des personnages.
Elle possède ce timbre et cette
tessiture rares qu’on appelle contralto, terme
aujourd’hui souvent employé à tort pour qualifier des voix qui sont en réalité des mezzosopranos.
« J’ai moi-même commencé comme mezzo,
raconte Delphine Galou, mais le centre de la
tessiture était toujours trop tendu, jusqu’à ce
que je découvre Giulio Cesare de Haendel. J’ai
alors interprété tous les rôles écrits pour les
castrats. »
a
e
que je faisais encore partie des Jeunes voix du
Rhin. Ce rôle est un cadeau du ciel, d’autant
que Britten l’a spécialement écrit pour
Kathleen Ferrier. » Et c’est aussi parce que
Laurent Petitgirard a conçu son Fou d’Elsa pour
un contralto que Delphine Galou a abordé ce
cycle de mélodies.
concert du dimanche de la ville de genève
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Propos recueillis par
Christian Wasselin
Delphine Galou
Si elle se sent chez elle dans cette musique
qu’on appelle baroque, Delphine Galou s’est
autorisé quelques incursions dans des partitions
un peu plus tardives. « J’ai participé à la production de L’Enfant et les Sortilèges de Moshe
Leiser et Patrice Caurier, j’ai été le page dans
les Salomé de Strauss et de Mariotte, que
Carlos Wagner a mises en scène à l’Opéra de
Montpellier. C’est avec lui également que j’ai
chanté Lucrèce dans The Rape of Lucretia alors
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5 octobre : Concert du dimanche de la ville de Genève. Les
Talens Lyriques, dir. et clavecin Christophe Rousset,
Delphine Galou, contralto (Jommelli, Vivaldi, Cimarosa,
Anfossi, Gassmann). Victoria Hall à 11h (loc. Espace Ville
de Genève - Pont de la Machine, Grütli, Cité Seniors)
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Ravel sont au programme. La Camerata Armin
Jordan se produira le 14 octobre au Victoria Hall
sous la direction de Benoît Willmann avec, en
solistes, les pianistes François-Xavier Poizat,
John Blanch et Jansen Reyer, la harpiste Felicita
Marockinaite et les violonistes Justine Kulakova
et Anthony Fournier.
en octobre
Agenda genevois
Le mois d’octobre sera russe sur la scène du
Grand Théâtre, ou ne sera pas : Eugène
Onéguine de Tchaïkovski, dans la mise en scène
que Robert Carsen a élaborée pour le
Metropolitan Opera de New York, y sera en effet
représenté du 9 au 19. Michail Jurowski sera à la
tête de l’Orchestre de la Suisse Romande,
tandis que Michael Nagy incarnera le rôle
éponyme. La formation symphonique sera
également au Victoria Hall de Genève le
10 octobre prochain, réunie pour l’occasion avec les étudiants de la Haute Ecole
de Musique de Genève sous la baguette
d’Ilyich Rivas. Ils interpréteront la première symphonie de Chostakovitch et Les
Fontaines de Rome de Respighi. Le 22
octobre, l’OSR jouera cette fois la
Symphonie No 7 de Mahler, dite « Chant
de la Nuit », avec Jonathan Nott au pupitre. Kazuki Yamada retrouvera ses musiciens les 29 et 31 octobre, accompagné par
Baiba Skride au violon, pour donner à
entendre le Concerto pour violon et
orchestre de Brahms, ainsi qu’une œuvre
de Dai Fujikura en création suisse.
Les “Concerts du dimanche de la ville
de Genève“ débutent la saison au Victoria
Hall en accueillant Les Talens Lyriques et
leur chef Christophe Rousset, qui jouera
également du clavecin, ainsi que la
contralto Delphine Galou. Au programme
des œuvres de Jommelli, Vivaldi, Cimarosa,
Anfossi et Gassmann.
Le 6 octobre au Conservatoire de Musique,
le concert “Temps & Musique“ réunit les violonistes Sarah et Deborah Nemtanu, le violoncelliste Raphaël Perraud, ainsi que Fabrizio
Chiovetta, au piano et à l’accordéon; au menu,
Chostakovitch, Honegger, Haydn et Dvorak.
Aucune excuse ne permettra de manquer la
venue de Maria João Pires, accompagnée par le
violoncelliste Antonio Meneses, le 6 octobre au
Victoria Hall : des duos de Beethoven et de Bach
y enchanteront certainement le public genevois.
De même, impossible de ne pas venir écouter le
Chicago Symphony Orchestra et son maestro
Riccardo Muti, qui donneront un concert pour la
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première fois à Genève, le 23 octobre. La
Symphonie No 3 de Schumann, La Mer de
Debussy et La Tempête de Tchaïkovski résonneront alors sous leurs doigts. La venue de
Vladimir Fedosseyev avec l’Orchestre
Symphonique Tchaïkovski de Moscou est, elle
Illyich Rivas © Charlotte Boulton
aussi, absolument incontournable : le samedi 25
octobre, le Concerto pour piano No 1 de Brahms,
avec au piano Rudolf Buchbinder, et la
Symphonie No 6 de Tchaïkovski seront interprétés, toujours dans la même salle.
Les amateurs de musique de chambre se
lèveront le dimanche 12 octobre pour aller entendre l’Ensemble de musique de chambre de l’OSR
au BFM à 11h, qui exécutera les Concertos
Brandebourgeois No 1 et 4 de Bach ainsi que des
œuvres de Rameau. Ils ne manqueront pas non
plus le concert du Quatuor Gémeaux accompagné par Isabelle Moretti à la harpe qui se tiendra
le 15 octobre au Conservatoire de la Place
Neuve : des œuvres de Caplet, Cras, Debussy et
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Quant aux gourmets de musique contemporaine, l’Ensemble Contrechamps leur donne rendez-vous le 14 octobre au Studio ErnestAnsermet pour déguster des œuvres d’Anton
Webern, Frederic D'haene et Frank C. Yeznikian,
situées entre « excès et mesure ».
Le 16 octobre, Arie van Beek et
l’Orchestre de Chambre de Genève nous
invitent à un concert dédié aux animaux au
Bâtiment des Forces Motrices : le Carnival
des animaux de Saint-Saëns sera bien sûr
interprété, de même que Gli Uccelli de
Respighi, ou la Symphonie No 73 dite « La
Chasse » de Haydn.
Le Quatuor Borodine sera l’invité des
“Grands Interprètes“ le 18 octobre au
Conservatoire de Musique; ils proposeront
un programme d’œuvres de Beethoven,
Chostakovitch et Borodine.
Et il convient de ne pas oublier la
deuxième saison du Geneva Camerata qui
débute le 11 octobre dans les locaux de
Naef Immobilier par un “Concert en
Famille“ qui verra la prestation des chanteurs d’oiseaux Johnny Rasse et Jean
Coucault, accompagné par Reynaldo
Flecha Delgado à la percussion et à la
danse. Nous retrouverons les mêmes artistes le 13 octo-bre, lors du “Concert
Sauvage“ donné à La Comédie et intitulé
Destination Cuba.
Le concert du 31 octobre sera placé sous
la direction de Luc Baghdassarian et réunira à
l’Eglise du Sacré-Cœur le Chœur Symphonique
de Vevey, l’Ensemble Santa Maria, et les ténors
Terige Sirolli et José Pazos, pour la Missa Criolla
d’Ariel Ramirez.
Last but not least, notons enfin la venue du
célèbre ténor Juan Diego Flórez le 30 octobre au
Victoria Hall, qui donnera un récital où se côtoieront des airs de Rossini, Berlioz, Massenet,
Delibes et Gounod (entre autres), accompagné au
piano par Vincenzo Scalera.
Martina Díaz
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vladimir fedosseyev aux concerts-club
Le son dynamique !
Aux côtés de Evegueny Svetlanov, Youri Temirkanov ou Valery Gergiev,
Vladimir Fedosseyev appartient au cercle très fermé des illustres maestros
russes qui ont défendu - et défendent - avec talent la musique de leur pays.
20
Né le 5 août 1932 dans la ville qui s'appelait alors Leningrad, il étudie à Moscou; en
1971, encore en formation, Vladimir
Fedosseyev doit remplacer au pied-levé
Evgueny Mravinsky, malade; il dirige à cette
occasion la Symphonie n° 5 de Chostakovitch...
et toute sa vie va en être bouleversée... pour le mieux ! Peu
après, il débute à l'opéra dans
le Théâtre Mariinsky. En
1974, il est nommé à la tête de
l'Orchestre
symphonique
Tchaïkovsky de la Radio de
Moscou qu'il conduit encore,
sans interruption, 40 ans après
! Durant cette longue collaboration, tout, selon lui, a complètement changé... à l'exception de la musique !
lorsque un restaurateur d'art travaille sur une
icône: chaque couche qu'il dégage lui paraît
plus magnifique que la précédente. Et s'il n'arrive pas à dégager la première couche, il ne
sera jamais capable de distinguer les autres.
C'est la même chose en musique. »
assumé la direction - y compris dans des tournées - de l’Orchestre Symphonique de Vienne.
Vladimir Fedoseyev est apprécié au Japon où il
est, depuis 1996, chef invité de l’Orchestre
Philharmonique de Tokyo. Dans le registre
lyrique, le Russe s’est distingué à Zurich,
Vienne, Paris, Milan, ou Florence.
Tchaïkovsky vu au travers
de Chostakovitch
Chostakovitch l'a beaucoup marqué, même
s'il n'a pas pu diriger des symphonies du vivant
de ce compositeur. « Sa musique m'a accompagné dès mon enfance. Je l'entendais à
Leningrad à la radio, pendant la guerre. » Ne
pas être mort au moment où régnait la famine
lui semble plus extraordinaire que le parcours
prestigieux qu'on lui connaît. « Nous avons survécu, moi... et l'accordéon à boutons de mon
père ! Ça a été une deuxième naissance. Cet accordéon m'a aussi
permis de devenir musicien ».
Ce passé et cette affinité pour
Chostakovitch ont forgé sa conception de la Symphonie Pathétique,
qu'il dirigera à Genève. Dans son
interprétation, la symphonie est
poignante; le chef a appris de son
maître Mravinsky une manière
forte de jouer Tchaïkovsky. Par
exemple, le deuxième mouvement,
présenté souvent comme une danse
de salon, devient un véritable
drame. Fedosseyev a le sens de la
progression tragique, ce sens de la
dynamique qu'il a toujours fait
siens. Sans concession, le finale
est lugubre et étouffant à souhait.
Un concert à ne pas manquer !
Enthousiasme
De l'époque communiste,
ce directeur a gardé un sens de
la diplomatie, au sens large du
terme : « Les tournées nous
permettent de nous faire les
ambassadeurs de notre pays,
au sens le plus large, et d'éviter... certains malentendus !»
Quand il a pris son bâton, la
musique bénéficiait d'un statut privilégié, mais figé. Si
aujourd'hui les interprètes ont
acquis une plus grande liberté créatrice et de
mouvement, ils doivent justifier leur existence.
Le maestro est fier de pouvoir cultiver, avec ses
musiciens, un certain type de son, très net, un
brin métallique, avec des percussions bien présentes; il en a fait sa marque de fabrique. Pour
lui, toute évolution est bénéfique, synonyme de
dynamique, d'allant, de progrès et d'approfondissement. « Il faut avancer ! Il le faut toujours,
sans s'arrêter même une seconde. C'est comme
a
Pierre Jaquet
Vladimir Fedosseyev
Sa façon de diriger et d'encourager les
chefs débutants en témoigne également.
L'artiste se donne corps et âme; ce sont les jeunes qui paraissent gauches et mous dans leur
gestuelle ! Paraissant sans âge, le vétéran, aussi
enthousiaste qu'à ses débuts, tient une forme
olympique : « Je ne peux pas vivre sans musique
plus de deux jours !» La retraite, ce n'est vraiment pas pour demain!
De 1997 à 2004, il a aussi fréquemment
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Genève, Victoria Hall, 25 octobre 2014 à 20 h, avec
l'Orchestre Tchaïkovsky de Moscou.
Brahms: Concerto pour piano N°1, op. 15 (avec Rudolf
Buchbinder au piano)
Tchaïkovsky: Symphonie n°6, op. 74 « Pathétique »
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Entretien : Daniel Bizeray
entretien
Leonardo Garcia Alarcon
Leonardo García Alarcón est devenu le chef d’orchestre incontournable sur
la planète de la musique baroque. D’origine argentine, mais Suisse
d’adoption et de vocation, il est l’un des piliers du Festival d’Ambronay
où il revient à nouveau cette année.
Vous êtes un habitué de longue date
du Festival d’Ambronay. Pouvez-vous nous
en parler ?
Mon premier concert était en 1997, avec
Gabriel Garrido, quand j’étais quasiment à
peine débarqué en Europe. Et depuis, chaque
année j’ai joué au festival. J’ai aussi réalisé plusieurs enregistrements discographiques dans le
cadre du festival. Au moment où s’achève ma
résidence de presque cinq ans au festival, je
poursuis cette année ma collaboration avec le
nouveau directeur Daniel Bizeray, sous une
autre appellation comme « artiste associé ».
Pour dire que notre relation va continuer…
Pour cette édition, vous êtes à la tête
de deux soirées : celle d’ouverture avec des
mélodies siciliennes et une autre dédiée à
Mozart avec le Requiem et le Concerto pour
clarinette.
C’est la reprise d’un concert que nous avions
déjà fait à Ambronay, que nous donnons cette
fois à l’auditorium de Lyon. L’idée est de mettre les deux œuvres en confrontation. Pour le
Concerto pour clarinette, nous allons bénéficier
d’une reconstitution de l’instrument tel qu’il
avait été utilisé du temps de Mozart, réalisée par
notre soliste Benjamin Dieltjens. Cet instrument
peut jouer de grands aigus et des basses presque
une tierce plus bas qu’une clarinette conventionnelle. Ce qui nous permet une plus grande
fidélité à la partition. Le Requiem quant à lui
tente aussi de revenir à l’original : à savoir seulement les passages écrits par Mozart. Ce qui
revient à écarter le Sanctus, l’Agnus Dei et le
Benedictus. Notre intérêt n’est pas de faire une
pièce liturgique, mais de donner à entendre
Mozart. Les trois morceaux que j’ai cités
seraient comme d’ajouter des bras à la Vénus de
Milo ! Pour le Lacrymosa, dont on sait qu’il
revient en grande partie à Sussmayr, on peut
toutefois voir les choses différemment : les dix
premières mesures sont de Mozart, et son disciple a simplement continué, peut-être sur ses
conseils… Nous l’avons donc maintenu. J’ai
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aussi voulu inclure l’Amen que l’on a retrouvé
dans une bibliothèque de Berlin, qui est de
Mozart lui-même. Et qui est probablement
l’Amen qui devait conclure le Lacrymosa…
Vous vivez entre la Suisse, à la tête de
votre Cappella Mediterranea à Genève, et la
Belgique, avec le Chœur de chambre de
Namur que vous dirigez. C’est curieux que
vous ayez élus deux pays et deux régions
francophones…
J’ai un peu suivi ma pente naturelle. Genève, j’y
suis venu pour suivre une claveciniste que j’admirais. Presque par hasard. Mais la Suisse est
un pays qui m’a vraiment accueilli, sans la froideur ou la distance que l’on croit trop souvent.
Et c’est là où je reste. La Belgique est un pays
que j’aime aussi beaucoup, avec un sens de l’accueil extraordinaire. Et leur centre de musique
ancienne dispose de moyens qui me permettent
de faire des créations et des disques. J’ai donc
renouvelé mon contrat avec eux jusqu’en 2018.
Et, justement, que prévoyez-vous
pour les années à venir ?
J’ai un certain nombre de projets, vous pensez
bien. J’ai découvert par exemple tout récemment un opéra splendide, Prometeo, sur un livret en espagnol de Calderón et une musique
d’un Italien de la cour des rois d’Espagne, que
je vais certainement monter prochainement. Et
dans la foulée, j’ai l’intention de me lancer
davantage dans le répertoire baroque hispanique : les œuvres des compositeurs Durón,
Literes… Ce qui n’empêchera pas que je poursuive mon parcours de l’opéra baroque italien.
Et l’Opéra Garnier m’a appelé pour diriger
Fairy Queen de Purcell. Un éventail de répertoire large, comme vous voyez.
Propos recueillis par Pierre-René Serna
Jeudi 2 et vendredi 3 octobre, Auditorium de Lyon
Mozart : Requiem K. 626 & Concerto pour clarinette K.
622. New Century Baroque. Chœur de Chambre de
Namur, dir. Leonardo Garcia Alarcon.
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Daniel Bizeray a été nommé en novembre de
l’an passé directeur du Festival d’Ambronay,
après des passages par la Fondation Royaumont,
la direction des Opéras de Rennes, de Rouen et
de Saint-Étienne. Il succède à ce poste à Alain
Brunet, qui avait fondé ce festival en 1980, puis
l’avait mené, année après année, à la gloire.
Comment se présente cette édition ?
Cela se présente bien. Si nous prenons la partie
immergée de l’iceberg, les rapports avec les
équipes, les bénévoles, avec les collectivités territoriales, tout va pour le mieux.
Il y aura-t-il de nouvelles orientations ?
Forcément, mais sans rien d’extravagant. Dans
les nouveautés, je mettrais en avant la création
de moments de rencontre entre les publics de
l’abbatiale et du chapiteau. Les éléments de
continuité concernent les artistes : William
Christie, Jordi Savall, Leonardo García
Alarcón… Les éléments de différence seraient
l’insistance sur de nouveaux talents, comme
Sébastien Daucet ou Raphaël Pichon, ou dans la
toute jeune génération Itay Jedlin, quelqu’un
d’extrêmement prometteur. Rayon nouveauté
aussi, il y a ce que nous appelons les « after » :
une suite de concert dans un autre registre, qui
peut être des percussions, du tango… Un bœuf
en quelque sorte, dont l’improvisation appartient entièrement aux interprètes.
Pouvez-vous nous expliquer en quoi
consiste le projet « eeemerging » ?
L’intitulé reprend la contraction de trois mots, en
anglais, puisqu’il s’agit d’une institution à l’échelle européenne : Emerging, European, Ensembles.
Donc des ensembles européens émergeants. Nous
développons effectivement le projet « eeemerging », pour la première année, qui réunit de tout
jeunes interprètes, presque des enfants, sélectionnés au niveau européen, pour une formation cousue main lors de périodes de résidence chez nous.
C’est un projet en association avec des collègues
d’Italie, d’Angleterre, d’Allemagne, mais aussi de
Slovénie, de Lettonie et de Roumanie. Cette
année, nous avons quatre ensembles sélectionnés.
Et l’expérience est appelée à se poursuivre. Une
sorte de festival dans le festival.
Que devient le rôle d’Alain Brunet ?
Son départ, comme vous savez, est simplement
dû au couperet de la retraite. Néanmoins, il est
devenu président de l’association Art et
Musique, qui organise le support du festival et
du Centre culturel de rencontres. Son rôle reste
donc présent pour nos deux institutions. Et je
m’en réjouis.
Propos recueillis par Pierre-René Serna
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pas la première de vos œuvres jouée à
Genève
orchestre de chambre de genève
Peter Jan Wagemans
Le 16 octobre au BFM à Genève, création suisse d’une œuvre du
compositeur néerlandais Peter Jan Wagemans « Drie Vlinderdansen »
(Trois Danses de Papillons) dans le cadre d’un concert de l’OCG intitulé
« Les Animaux ». Rencontre avec le compositeur.
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Considéré comme un des plus importants
compositeurs néerlandais mais relativement peu
connu à l’étranger, Peter Jan Wagemans est très
joué dans son pays depuis une dizaine d’années
par les plus importants orchestres, que ce soit
l’Orchestre de la Résidence, le Philharmonique
de Rotterdam, l’Orchestre de la radio néerlandaise ou l’Orchestre royal du Concertgebouw
avec Ricardo Chailly et Maris Jansons, ce dernier orchestre lui ayant récemment passé commande. Né en 1952, après des études de composition l’ayant notamment mené à travailler sous
la conduite de Klaus Huber en Allemagne, Peter
Jan Wagemans a rapidement tourné le dos au
sérialisme comme à une certaine avant-garde
minimaliste, pour composer une musique se
voulant en dialogue avec la tradition.
erratique comme le vol des papillons mais qui
raconte une histoire, car la musique raconte une
histoire comme toutes les formes d’arts liés au
temps, tel le cinéma aujourd’hui. Trois genres
de papillons sont évoqués. Dans la première
pièce, ce sont les plus grands papillons qui ne
vivent que trois jours, n’ont pas la faculté de se
nourrir, et connaissent donc un destin tragique.
Il s’agit d’une pièce pour piano et cordes, la
mélodie étant confiée à ces dernières, tandis
que le piano - à vrai dire deux pianos, un piano
légèrement désaccordé étant préenregistré –
donne la réplique avec un effet que j’aime beaucoup. Dans la deuxième pièce, il s’agit d’une
espèce de papillons qui ne vit que la nuit ; leurs
Comment définir le style de votre
musique ?
Je suis d’une génération qui est venue après
celle de Stockhausen, Nono ou Boulez. Je me
suis assez rapidement éloigné de ce qui me
paraissait être une fin plutôt qu’un début. J’ai
cherché à faire une musique d’aujourd’hui qui
tient compte des formes du passé, les cite, mais
sans que ce soit une musique néo-baroque ou
néo-médiévale par exemple. Un peu comme le
post-modernisme en architecture ou en design,
avec un Rem Koolhas, où les éléments formels
sont reconnaissables, partent de la tradition,
mais sont réinterprétés. Ainsi dans Viderunt
Omnes, une composition que le public genevois
a pu entendre l’année dernière, il y a des citations apparentes de la musique médiévale, d’où
une impression de familiarité pour le public,
alors que ces citations sont très différentes de
l’original et n’auraient pas pu être écrites au
Moyen-Age.
Sylviane Deferne © Sebastien Goyon
Sylviane Deferne
Egalement au programme du concert du 16
octobre, Le Carnaval des animaux, suite pour
deux pianos et instruments de Camille SaintSaens, qu’intepréteront Maarten Van Veen et
Sylviane Deferne. Cette œuvre également intitulée Grande Fantaisie Zoologique, est décrite
par la pianiste genevoise comme « une pièce
légère, pour rire, que Saint-Saens a un peu
reniée ». Elle précise : « De fait elle a été interdite d’exécution, sauf Le cygne, jusqu’à sa
mort. Il s’agit pourtant d’une œuvre sympathique, colorée, à l’orchestration variée. Elle est
particulièrement indiquée pour les enfants qui
reconnaissent les timbres, les instruments figurant les animaux, telle la clarinette pour le coucou. Il y a même une pièce qui s’appelle Les
pianistes (comme quoi au zoo, il y a aussi des
pianistes !) faite de gammes d’exercices singeant les débutants, l’occasion pour les interprètes de rajouter quelques fausses notes ! Si
cette pièce s'adresse facilement aux enfants, elle
fera rire aussi tous les grands enfants, de 7 à 77
ans comme dans Tintin, et bien au delà ! »
Propos recueillis par Christian Bernard
Parlez-nous des « Trois danses de
papillons » que nous entendrons prochainement à Genève.
magnifiques couleurs ont viré au gris et ils
volent deci-delà dans l’obscurité. Quant à la
troisième pièce elle évoque un nuage de
papillons et devrait être un moment de bonheur
pour le spectateur. Elle est une sorte de bref
concerto pour piano et cordes que j’ai écrit en
ayant les trios de Haydn en perspective.
C’est une musique non-linéaire, apparemment
Vous disiez à l’instant que ce ne sera
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Effectivement, Arie von Beek, le directeur artistique et musical de l’OCG, avec lequel j’ai travaillé à Rotterdam, m’a fait l’honneur et l’amitié de programmer en octobre 2013 Viderunt
Omnes, cette année les Drie Vlinderdansen, et le
24 novembre 2015, sera créée une commande
d’Arie à laquelle je travaille. Egalement au programme de ce concert de 2015, un arrangement
de la Grande Fugue de Beethoven. Ecrite pour
quatuor à cordes par Beethoven, mon arrangement pour un petit ensemble composé d’un
quintette à cordes, de vents et de percussions,
met l’accent sur la structure et vise une apparente simplicité pour ce qui est des cordes. Je cherche surtout à rendre la force et la vitalité de la
musique de Beethoven dans cet hommage à une
œuvre que Stravinsky décrivait comme une
pièce de musique totalement contemporaine et
qui le restera pour toujours.
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16 octobre. Concert de soirée No. 2. Les Animaux, dir. Arie
Van Beek, Sylviane Derferne et Maarten Van Veen, piano
(Respighi, Wagemans, Saint-Saëns, Haydn). BFM à 20h
(loc. 022/807.17.90 / [email protected] ou www.ticketportal.com)
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orchestre de chambre de lausanne
Les dés ne sont pas
(encore) joués !
Après le départ de Christian Zacharias, l’OCL prend le temps de réflexion.
Une programmation riche, pour une saison sans directeur et exilée dans les
locaux de l’Opéra.
L’affiche de la saison 2014-2015 se veut à
la fois accueillante et interactive : en période
d’interrègne, sans directeur artistique attitré,
c’est aux musiciens et à leur public fidèle de
combiner les faces du dé Rubik musical : c’est
une invitation à créer et à renouveler. Entre jeunes loups et légendes en fin de carrière, les
cœurs balancent… A cela s’ajoute l'éternel
ainsi qu’un ascenseur facilitant l’accès aux différents niveaux de la salle. Les artistes, eux,
auront droit à de nouvelles loges… Seuls les
concerts Découverte pour le jeune public, présentés par l’excellent Jean-François Zygel,
seront donnés au nouveau BCV Concert Hall,
au Flon. Bref, un vent de renouveau risque de
décoiffer, sinon de défaire légèrement les mises
concerto de Bruch). La venue de Michael
Barenboïm, fils de Daniel, est très attendue: il
jouera du Ligeti en janvier. Heinz Holliger et
Marc Janowski graviront aussi le podium.
Ottavio Dantone dirigera depuis son clavecin,
dans un clin d’œil à Christian Zacharias, qui
jonglait souvent entre baguette et clavier.
L’envoûtante Olga Peretyatko séduira les mélomanes dans des airs de Mozart, en novembre,
afin de conjurer le blues automnal. Les amateurs des v.o. assisteront en avril à une représentation d’Egmont, de Beethoven, avec le texte de
Goethe récité en allemand par Tobias Moretti,
épaulé par la soprano Marisol Schalit. Une
introduction en forme d'avant-concert sera régulièrement assurée par Yaël Hêche, musicologue
et conférencier. N'oublions pas non plus les traditionnels Concerts du dimanche, Entractes du
Mardi… la collaboration avec l’Opéra (Traviata
et la Flûte Enchantée) et la RTS. En juin 2015,
Arabella Steinbacher emmènera l’OCL, du bout
de son archet, jouer Mozart au Festival
d’Istanbul.
Des souvenirs et des retours
Marysol Schalit © Vera Markus
débat : comment attirer le public jeune, comment renouveler la programmation ? Où est le
juste milieu ? Face à toutes ces questions, il est
préférable de se donner du temps, un « certain
temps » de réflexion.
Une saison hors les murs
En attendant la fumée blanche et un « habemus » en fanfare, peut-être déjà en automne,
l’OCL ne chômera pas. En résidence temporaire à l’Opéra de Lausanne, la phalange présentera un programme riche à ses fidèles mélomanes
qui se réjouissent déjà de retrouver leur
Métropole, avec des loges plus confortables,
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en pli soigneuses des dames, et faire décoller les
cravates des messieurs.
Côté disques, la phalange s’est fait récemment remarquer avec un remake de La Nuit
transfigurée de Schönberg, sous la direction de
Heinz Holliger, 20 ans après sa gravure avec
l’Orchestre de Chambre d’Europe. Bertrand de
Billy est aussi passé au studio, pour graver du
Beethoven et du Cherubini. D’autres projets
pourraient suivre et s’ajouter à la belle collection que les chefs précédents ont laissée : on se
rappelle des concertos de Mozart de Christian
Zacharias, des espagnolades de Jesús López
Cobos, ou de nombreux disques devenus raretés
sous la baguette d’Armin Jordan. On retrouvera
el señor Cobos bientôt, dans la fosse de l’Opéra,
pour diriger, en octobre, Manon de Massenet !
Que les mélomanes se rassurent ! Après la
crise, l’OCL a bien repris du crin de l’archet, et
a plus d’une corde à ses violons ! Pour longtemps, espérons-le !
Une programmation riche
Beata Zakes
Bertrand de Billy, principal chef invité,
dirigera les grands classiques (Beethoven,
Mozart, Fauré et Messiaen). Après une décade
de règne d’un chef-pianiste, le piano sera toujours présent : l’on entendra notamment le célébrissime Concerto n° 2 de Chopin, avec Nicolas
Lugansky au clavier. Mais c’est le violon qui
aura la vedette. Sur scène monteront les rois de
l’archet, Frank Peter Zimmermann (dans
Mozart) et Renaud Capuçon (encore un tube, le
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Programme: www.ocl.ch
OCL – Billetterie
Rue Saint-Laurent 19
1003 Lausanne
T +41 21 345 00 25 (9h00 - 13h00)
[email protected]
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l’orchestre des pays de savoie : évian, genève, annecy
Nicolas Chalvin
Le chef d’orchestre Nicolas Chalvin préside depuis 2009 aux destinées de
l’Orchestre des Pays de Savoie, qui vient précisément de marquer ses
30 ans d’existence. L’occasion de faire le point sur cet orchestre et
sur son avenir.
1996. Mais je m’y plais beaucoup et je dois
beaucoup à ce pays. C’est en Suisse que j’ai
commencé à diriger. J’avais été assistant
d’Armin Jordan. Mes premiers concerts professionnels m’ont été offerts par l’Orchestre de
chambre de Lausanne. Puis François-Xavier
Hauville m’avait confié la direction de deux
opéras par an à l’Opéra de Lausanne. Ensuite,
j’ai été invité également à l’Opéra de Zurich.
C’est donc ici que j’ai fait mes premières armes
et que je me suis confirmé.
Vous fêtez les trente ans de votre
orchestre. Qu’en est-il de cet anniversaire ?
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Je vais commencer par être un petit peu institutionnel et didactique. L’orchestre est né en 1984
de la volonté d’une assemblée toute nouvelle,
celle des Pays de Savoie. Il avait donc été décidé de doter la région d’un orchestre, comme un
outil de délégation culturelle du territoire. Au
départ, il s’agit d’un orchestre de chambre. Avec
le répertoire en conséquence, qui va de Mozart
jusqu’à la musique contemporaine. Avec aussi
une touche de répertoire français. L’orchestre
essaime dans toute la région, dans les grandes et
petites villes, mais aussi en dehors de son territoire de prédilection.
Et c’est ainsi que vous œuvrez souvent aussi en Suisse, me semble-t-il…
Tout à fait. Nous avons été ainsi fréquemment
invités au Victoria Hall de Genève, ou l’année
dernière avec la Haute École de musique de
Genève… Une forme de synergie transfrontalière.
Orchestre des Pays de Savoie © Humberto Salgado
Que nous réservez-vous prochainement, en Suisse notamment ?
Et que prévoyez-vous pour les trenteet-un ans de l’orchestre ?
Nous avons un concert le 23 novembre à
Carouge, en collaboration avec l’Orchestre de
chambre de Genève. Un programme de sérénades pour vents, avec la Grande Partita de
Mozart et la Sérénade de Dvo ák, parmi les plus
importantes pages pour instruments à vent du
répertoire. Il y aura aussi une pièce contemporaine. En octobre, nous serons à la Grange au
Lac d’Evian, avec la reprise du programme que
nous avons donné fin août au Festival Berlioz de
la Côte-Saint-André : le Bœuf sur le toit de
Milhaud, le Concerto en sol de Ravel, la
Sérénade de Bernstein et Quiet City de
Copland. Et le 12 septembre nous faisons l’ouverture du Festival de Besançon.
Les trente ans sont emblématiques.
Emblématiques d’une mission de service public
de l’orchestre qui doit se poursuivre dans les
années à venir. Il s’agit d’affirmer une identité
et inventer un nouveau format de concerts,
comme pour les journées anniversaires qui
regroupent plusieurs manifestations dans la
même journée. C’est aussi une action culturelle,
l’ouverture au public, la formation d’un nouveau public… Financièrement, les choses sont
en place, qui nous permettent de croire à une
pérennité assurée.
Pour ce qui vous concerne personnellement, vous résidez à Lausanne. Pourquoi
ce choix ?
Propos recueillis par
Pierre-René Serna
Plus d’informations sur :
http://www.orchestrepayssavoie.com/
Bien que je sois Français, c’est un peu un choix
de famille et de circonstances. Mon épouse est
chef de chant à l’Opéra de Lausanne depuis
Nicolas Charvin © Philippe Hurlin
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orchestre de la suisse romande
Saison 2014-2015
L’orchestre de la Suisse Romande présente une
saison 2014-2015 avec plusieurs fils rouges artistiques.
Ainsi, il donnera l’intégrale des symphonies parisiennes
de Joseph Haydn et les symphonies N° 5, 6, 7, et 8 de
Beethoven. Ce sera aussi l’occasion de célébrer les
150 ans de la naissance de Richard Strauss, Carl
Nielsen et Jean Sibelius.
Baiba Skride © Marco Borggreve
Du côté des artistes invités, l’OSR s’offre quelques belles affiches au
Victoria Hall : le 6 février prochain, nous retrouverons Charles Dutoit et
Nelson Freire dans Debussy (Ibéria), le Concerto pour piano et orchestre N° 20 en ré mineur de Mozart, Le Chant du Rossignol de Stravinski et
la deuxième suite pour orchestre de Ravel Daphnis et Chloé. De son côté,
Neeme Järvi accompagnera Nikolaj Znaider dans le Concerto pour violon de Nielsen ; il donnera également la Symphonie N° 86 de Haydn et la
deuxième de Sibelius. L’occasion d’ailleurs d’entendre deux fois Nikolaj
Znaider dans ce concerto de Carl Nielsen, le 18 et le 20 mars avec cependant un changement au programme symphonique : la Symphonie N° 87 de
Haydn et la « Pastorale » de Beethoven.
de Ravel, les Suites du Tricorne de Manuel de Falla et des œuvres de
Granados et Joaquín Turina (concert donné dans le cadre des Fêtes de la
musique le 19 juin prochain).
Parmi les grands concertos pour violon, celui de Sibelius est à entendre le 1er mai avec Leonidas Kavakos accompagné par le chef invité
Enfin, le 11 mars prochain, Semyon Bychkov sera à la tête de la phalange romande avec la Messa da Requiem de Giuseppe Verdi. Les chœurs
du Grand Théâtre, Violeta Urmana (mezzo), Riccardo Massi (ténor) et
Roberto Scianduzzi (basse) seront les voix de la soirée (à noter que la
soprano n’est pas encore annoncée pour ce concert). Parmi les curiosités,
le concert du bicentenaire de l’entrée de Genève dans la Confédération
avec notamment l’ouverture du Guillaume Tell de Rossini et le Boléro de
Ravel sous la baguette de Neeme Järvi. Ce concert est programmé le 19
mai au Victoria Hall.
A noter également que Kazuki Yamada donnera le 29 octobre au
Victoria Hall la création suisse Rare Gravity, l’œuvre symphonique de Dai
Fujikura. Ce concert permettra de compléter le cycle des concertos pour
violon avec celui de Brahms interprété par la violoniste Baiba Skride. La
fin d’année sera aussi l’occasion d’entendre le jeune chef japonais dans
Peer Gynt de Grieg avec les Suites pour orchestre N° 1 et N° 2, le 18
décembre au Victoria Hall toujours.
Tournées
Sergey Khachatryan © Terry Linke
Markus Stenz. Dans le cadre des concerts des Amis de l’OSR, l’orchestre
accueille aussi Eliahu Inbal comme chef le temps d’une soirée consacrée
à Brahms (Symphonie N° 1) et Beethoven avec le jeune violoniste arménien Sergey Khachatryan dans le Concerto pour violon et orchestre en
ré majeur. Avec le grand chef Jesús Lópes Cobos, c’est l’Espagne qui
sera à l’affiche : España d’Emmanuel Chabrier, la Rhapsodie espagnole
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L’orchestre sera également en tournée aux Etats-Unis en février prochain avec Charles Dutoit et Nikolaï Lugansky. Les musiciens traverseront le pays d’ouest en est avec des concerts prévus en Californie (Aliso
Viejo le 12 février, Davis le 13, Sonoma le 14 et Santa Barbara le 16). Puis
se sera New York (Ithaca le 19 février), le New Jersey (Newark le 20
février) et Washington DC le 21 février. Neeme Järvi reprendra son
orchestre dès le mois d’août 2015 pour une seconde tournée, européenne
cette fois avec l’Autriche (Grafenegg Music Festival), les Pays-Bas
(Amsterdam) et l’Allemagne (Rheingau Musik Festival)
Serene Regard
Plus d’informations sur : http://www.osr.ch/
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scènes d’octobre
Agenda romand
Manon de Massenet, René Jabobs pour un concert Bach, un concert de
l’OCL conduit par Marek Janowski, la 7e Symphonie « Chant de la Nuit »
de Mahler par l’OSR, la reprise du Quatuor à cordes de Jean Perrin par
son créateur, le Sine Nomine : c’est en ville de Lausanne que se concentrent
les événements musicaux les plus marquants de ce mois d’octobre.
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A Lausanne, à l’Opéra, Anne-Catherine
Gillet incarnera la Manon de l’opéra de
Massenet, du 3 au 12. L’OCL y donnera son 2e
concert d’abonnement, avec Marek Janowski et
le violoncelliste Miklos Perenyi, et le 31, René
Jabobs, avec des solistes et l’Helsinki Baroque
Orchestra, présentera des œuvres de Bach à l’enseigne de « Dramma per musica », en coproduction avec le Festival Bach.
L’OSR sera à Beaulieu pour deux soirs, le
17, sous la conduite de Neeme Järvi, avec
Gautier Capuçon au violoncelle et Frédéric Kirch
à l’alto, et le 23, sous celle de Jonathan Nott pour
la symphonie de Mahler. A Beaulieu aussi, le 9,
Ellington, Copland et Dvorak, avec la 9e
Symphonie, dite du Nouveau Monde, sont à l’affiche du concert du Sinfonietta de Lausanne,
Ryssov, dirigés par Romain Mayor, interpréteront
le Lauda Sion de Mendelssohn et le Stabat Mater
de Rossini. Orgue et saxophone, le 3, par le Duo
Faggioni, et le10, « Tryptique aux grandes
orgues », par divers organistes.
A la Salle Paderewski, les « Concerts de
Montbenon » convient le Quatuor Sine Nomine à
jouer Haydn, Dvorak et le Quatuor (1988) de
Jean Perrin.
Concerts à St-François, les samedis 4,11,18
et 25 octobre, sous l’égide de Benjamin Righetti,
organiste, et à St-Jacques, le 5, en création, de
Jérôme Berney et François Debluë, un Stabat
Mater et un Mater Dolorosa.
A Pully, le 7, concert « Pour l’Art », par le
Quatuor Terpsycordes dans des œuvres de
Mendelssohn, Ligeti et Bloch.
A l’Octogone de Pully : le Quatuor Terpsycordes © Anne-Laure Lechat
sous la direction de son chef Alexander Mayer.
A la Cathédrale, le 1er octobre, Gonzague
Monney dirigera le Chœur Faller, des solistes et
le Sinfonietta, dans le Stabat Mater de Dvorak.
Le 22, le Chœur Bach, l’OCL, Brigitte Hool,
Carine Séchaye, Valerio Contaldo et Michail
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A l’Abbaye de Bonmont, le 5, l’Ensemble
Jacques Moderne de Joël Suhubiette présenteront
Israelbrünnlein de Johann Hermann Schein.
A Moudon, le 26, au Musée EugèneBurnand, concert du Quatuor Modigliani, et à
Montreux, à l’Auditorium Stravinski, le 31,
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musiques de divers compositeurs par l’Ensemble
Vocal Arpège, le Chœur HEP et le Sinfonietta,
sous la baguette de Julien Laloux.
Au Châble (VS), le 11, André Ducret sera à
la tête du Chœur des XVI, de l’Ensemble Vocal
Shama et de l’Orchestre de Chambre
Fribourgeois pour Ein Deutsches Requiem, de
Brahms.
A Sion, le 19, à l’Eglise des Jésuites, le
Chœur Novantiqua, A Corte Musical et des solistes, conduits par Bernard Héritier, nous vaudront
la découverte d’un oratorio de F.Rossi : La
Caduta de gl’Angeli. Au Théâtre de Valère, le 26,
une création de Guy Kummer-Nicolussi, Au pays
de l’ailleurs, par la Camerata Sion et l’Echo des
Follatères.
A la Chaux-de-Fonds, le 26, au Temple
Farel, Kai Bumann dirigera l’Orchestre
Symphonique Suisse des Jeunes dans
l’Ouverture du Freischütz de Weber et la 5e
Symphonie de Beethoven, et accompagnera
Domenico Catalano dans SubZero, pour trombone et orchestre, de Daniel Schnyder.
A Neuchâtel, le 26, au Temple du Bas,
l’Ensemble Vocal de Neuchâtel, dir. Steve Dunn,
exécutera des œuvres de Tallis, de Poulenc et des
chansons des Beatles. Le 26 aussi, sous le chapiteau du Cirque Helvétia, sera donnée la comédie
musicale C’est quoi ce cirque ? de Jean et Guy
Bovet, avec Brigitte Hool, Valérie Bonnard et
Matthias Seidel, François Rochaix signant la
mise en scène. Le 30, au Temple du Bas, la
Camerata Zürich présentera des pages d’Elgar,
Grieg, Pärt et Mendelssohn.
A Bienne, au Stadttheater, les 8,10 et 16,
Viva la Mamma de Donizetti et le 31, Première
de Rusalka de Dvorak, avec Brigitte Hool dans le
rôle-titre. Le 15, au Palais des Congrès,
l’Orchestre de Bienne-Soleure, conduit par
Kaspar Zehnder, avec Urs Peter Schneider au
piano, jouera des œuvres de C.P.E.Bach et de
Mozart, plus des créations de Schneider et de
Hermann Meier.
A Fribourg, à l’Equilibre, le 18, Ein
Deutsches Requiem de Brahms, sous la direction d’André Ducret. Le 21, Laurent Gendre
conduit l’Orchestre de Chambre fribourgeois
dans la Symphonie No 4 de Schumann et
accompagne Stefan Muhmenthaler dans le
Concerto pour violon de Beethoven. Le 9, à
l’Aula Magna, le pianiste Alexander Gavrylyuk,
artiste en résidence 2014-2017, se produira
dans des œuvres de Mozart, de Brahms et de
Liszt.
Yves Allaz
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festival, du 28 octobre au 2 novembre
Jazz Onze Plus
L'affiche de la 27e édition du Festival Jazz Onze Plus donne le ton : les
baguettes de mikado s'avèrent des baguettes de batterie. Comme quoi,
l'adresse et la poigne peuvent trouver un équilibre ensemble. Parfait
exemple, la programmation du samedi 1er novembre fait succéder les
percussions de Kahil El'Zabar au trio du batteur Jack Dejohnette,
lui-même précédé de la vocaliste Susanne Abbuehl, qui chante
la poétesse Emily Dickinson.
Cela fait plus d'un quart de siècle que
Francine et Serge Wintsch, l'aigle à deux têtes
de l'association Jazz Onze Plus, s'en donnent à
chœur joie : inviter à Lausanne des musiciens de
renommée internationale tout en promouvant
les révélations régionales, voire nationales.
même droit à un portrait cinématographique (le
documentaire Arrows into infinity). Ravi
Coltrane partage l'affiche avec un autre fils de,
le bassiste Matt Garrison (fils de Jimmy, qui fut
au temps jadis – entre autres – le contrebassiste
de John Coltrane, père de Ravi) et le batteur
Dee Dee Bridgewater © Mark Higashino
sa voix dans la Bernoise Susanne
Abbuehl (compositrice et grande
amatrice de poésie, du haïku à Emily
Dickinson, en passant par Emily
Brontë) ou dans Elina Duni, dont les
compositions empruntent à ses origines balkaniques.
De Sax au saxo
Cette année, ils mettent d'abord
l'accent sur le saxophone, dont 2014
marque le bicentenaire de la naissance de son inventeur, Adolphe Sax
(1814-1894). Cette commémoration
sert de prétexte pour accueillir
quelques-uns des meilleurs joueurs
de cet instrument : les trois ténor sax
Charles Lloyd, Ravi Coltrane et
Justin Robinson, ainsi que le
Genevois Michel Gesseney (saxophone alto) et Aina Rakotobe
(saxophone basse). Charles Lloyd a
Théorie des ensembles
Roy Hargrove
Jack Dejohnette, qui a sévi en tant que percussioniste aux côtés de Coltrane père, mais aussi
du grand Miles, de Keith Jarrett ou de Charles
Lloyd. Une grande famille quoi !
Les chanteuses
Susanne Abbuehl © Pia Neuenschwande
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Cette 27e édition rend ensuite hommage
aux chanteuses de jazz. Ainsi, Denise, soixantenaire aux cheveux courts, révélée en 1974 pour
son rôle de gentille sorcière dans la comédie
musicale The Wiz à Broadway. Chanteuse de
cabaret, actrice de cinéma (elle a incarné Bille
Holiday), mais surtout voix mémorable, la
chanteuse de Memphis a envoûté Dexter
Gordon, Dizzy Gillepsie ou Sonny Rollins. Elle
a enregistré des musiques de film (sous la
supervision de Roy Ayers) et reste fameuse pour
le célèbre Precious thing, qu'elle chante en duo
avec Ray Charles. Le public la connaît mieux
aujourd'hui sous le nom de Dee Dee
Bridgewater. La relève helvétique, elle, trouve
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Cette dernière artiste n'est pas la
seule à savoir s'entourer de musiciens
de talent – son quartet compte Colin
Vallon au piano, Patrice Moret à la
basse et Norbert Pfammatter à la
batterie. Les groupes invités au festival se déclinent en formations de trois membres
(Kahil El'Zabar, Justin Dillard et Junius Paul,
pour une soirée; Marc Perrenoud, Marco
Müller et Cyril Regamey pour l'éternité), de
quatre (la pianiste Sylvie Courvoisier et son
violoniste d'époux Mark Feldman se produisent en quartet), voire de cinq membres (celui
du Genevois Manuel Gesseney). D'autres hésitent : le Ritual Trio trentenaire de Kahil
El'Zabar invite pour l'occasion le chanteur fou
Dwight Trible. Enfin, last but… le trompettiste
bugleur Roy Hargrove, habitué aux formations
big band, donnera son concert en quintet, avec
notamment le talentueux Justin Robinson au
saxophone.
Frank Dayen
Festival Jazz Onze Plus, Casino de Montbenon,
Lausanne, www.jazzonzeplus.ch et magasins FNAC.
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nous nous retrouverons les quatre ensemble
pour les Bagatelles de Dvorák, composées pour
deux violons, violoncelle et clavier. Mais ce clavier est un harmonium, et je jouerai la partie
d'harmonium... à l'accordéon. Le timbre des
deux instruments est très proche, mais je trouve
que l'accordéon offre bien plus de possibilités
expressives.
conservatoire de genève
Fabrizio Chiovetta
Le 6 octobre le pianiste genevois donnera un concert avec les violonistes
Sarah et Deborah Nemtanu et le violoncelliste Raphaël Perraud pour la
série Temps & Musique. Scènes magazine l’a rencontré.
Pourriez-vous nous parler de votre
dernier CD, récemment paru et consacré à
Haydn, dont une œuvre est
programmée le 6 octobre.
Pourquoi ce choix ?
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Les Sonates pour piano de
Haydn ont toujours occupé
une place de prédilection dans
mon répertoire. Injustement
négligées par les interprètes,
elles sont, par la richesse de
leur invention et leur diversité
formelle, de véritables
joyaux.
Les pianistes ne s’intéressent
généralement qu’aux toutes
dernières Sonates, mais toutes
sont exceptionnelles (Haydn
en a composé environ soixante). J’ai donc choisi de me
pencher sur des oeuvres plus
rarement jouées, telles que la
Sonate en Lab Hob XVI/46
dont l’Adagio central est une
des pièces les plus émouvantes de la littérature pour piano, et d’une immense modernité (il est en effet difficile de croire
que cela a été composé en 1767). Le programme comporte également la Sonate en do mineur
Hob XVI/20, qui à bien des égards annonce
Beethoven, ainsi que la Sonate en mi mineur
Hob XVI/34 qui, bien qu’elle soit plus
tardive, évoque le souvenir de Scarlatti.
J’ai également enregistré les très célèbres
Variations en fa mineur Hob XVII/6, que j’ai
jouées de nombreuses fois en public, mais j’ai
tenu à ajouter les méconnues Variations en Mib
(Arietta con Variazioni Hob XVII/3). Peu de
musiciens savent que ce thème savoureux de
Haydn a si fortement marqué Mozart que ce
dernier l’a utilisé presque textuellement dans sa
Sonate K 282, écrite dans la même tonalité.
Ce programme donne un bel aperçu de l’ensemble de l’œuvre pour clavier du compositeur, les
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Quel est votre lien avec l’accordéon,
et son répertoire ?
dates de composition des pièces s’étendant sur
près de trente ans.
J'ai commencé à en jouer enfant, pour faire
comme mes deux frères aînés qui le pratiquaient. J'ai donc étudié cet instrument parallèlement au piano. Beaucoup d'accordéonistes
jouent Bach, Scarlatti,
Rameau, Mozart, Haydn pour
prouver que cet instrument
peut tout faire. Ce n'est pas
mon cas, sans doute car j'ai la
chance de pouvoir interpréter
ces compositeurs au piano.
J'utilise volontiers l'accordéon
dans des projets de musique
improvisée, musique du
monde ou création contemporaine.
On pourra vous
entendre prochainement à
l’occasion d’autres concerts,
et vous avez un projet d’enregistrement
Fabrizio Chiovetta - photo LiLiROZE
Le programme de votre concert du 6
octobre, allant de Haydn à Chostakovitch en
passant par Dvořák et Honneger intrigue,
d’autant qu’on vous y entendra aussi à l’accordéon
Haydn sera également au programme du concert
que je donnerai avec les violonistes Sarah et
Deborah Nemtanu et le violoncelliste Raphaël
Perraud. Le répertoire pour cette formation (2
violons, un violoncelle et piano) n'existe pas
vraiment car, traditionnellement, depuis la fin
du XIXème en tout cas, les quatuors avec piano
sont écrits pour violon, alto, violoncelle et
piano. Lors du concert, plusieurs configurations
seront donc explorées: trio (Haydn,
Chostakovich), 2 violons et piano
(Chostakovich), 2 violons (Honegger). Et ce
n'est finalement qu'en fin de programme que
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Je serai à Lausanne, au
Steinway Hall le 9 octobre
pour un Récital Haydn; à
Lausanne encore le 20 novembre avec Henri Demarquette
(violoncelle), dans un programme Beethoven, Brahms, Britten; et à
Sierre, au Château Mercier, le 30 novembre
pour un Récital comportant des œuvres de Bach
et Brahms. Au printemps 2015, j’ai en effet le
projet d’un enregistrement entièrement consacré à Bach.
Propos recueillis par Christian Bernard
Fabrizio Chiovetta: Haydn, Piano Sonatas & Variations,
Claves Records, CD 1409
6 octobre : Temps & Musique. Sarah et Deborah
Nemtanu, violons, Raphaël Perraud, violoncelle, Fabrizio
Chiovetta, piano et accordéon (Chostakovitch, Honegger,
Haydn, Dvorak). Conservatoire de Genève à 20h
Billetterie : Service culturel Migros, Migros Nyon-La
Combe, Stand Info Balexert
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festival berlioz
Final en beauté
Le Festival Berlioz joue désormais dans la cour des grands.
Comme le prouveraient ses deux derniers concerts, avec le
London Symphony Orchestra dirigé par John Eliot
Gardiner, puis le lendemain, en clôture, une Damnation de
Faust brillamment sous l’égide de François-Xavier Roth.
Dans l’auditorium provisoire sis dans la cour du château de la CôteSaint-André, le concert du LSO associe des pages de la première moitié du
XIXe siècle, peu fréquentes et judicieusement mises en miroir : l’ouverture
de Mer calme et Heureux Voyage de Mendelssohn, le Concerto pour violoncelle de Schumann et quatre extraits pour orchestre de Roméo et Juliette de
Berlioz. Un programme un peu à l’image du festival, qui verse dans l’éclectisme pour ne laisser qu’une part au compositeur auquel il doit son nom. La
sonorité de l’orchestre londonien porte sa marque, ductile, nette et déliée,
dès Mendelssohn puis ensuite dans Schumann, où le violoncelle de Gautier
Capuçon dialogue sans fioritures. Les extraits de Roméo et Juliette confirment tout l’art du LSO et de Gardiner, ciselé et innervé, faisant d’autant plus
regretter que la « symphonie dramatique » de Berlioz soit frustrée de son
intégrité. La Damnation du lendemain constitue une autre expérience. Et
c’est aussi une confirmation : celle de François-Xavier Roth, qui s’affirme
plus que jamais l’une des meilleurs baguettes parmi les jeunes chefs fran-
çais, mais aussi l’un des meilleurs espoirs de l’interprétation de Berlioz.
C’est, de plus, la concrétisation de l’un des beaux projets de cette manifestation et de Roth : le Jeune Orchestre Européen Hector-Berlioz, formé d’instrumentistes fraichement sortis de conservatoires.
Avec, comme chaque fois, un enthousiasme, une ferveur, une conviction collective. Un sentiment d’exception baigne ainsi la soirée, auquel
répond le silence sépulcral du public. Les trois solistes vocaux rivalisent de
musicalité et d’expression, chacun dans son registre : Michael Spyres, Faust
à la projection ardente et crépusculaire ; Anna Caterina Antonacci,
Marguerite au legato immanent ; Nicolas Courjal, Méphisto d’une noirceur
de catacombes. Jean-Marc Salzmann campe fermement de son côté l’épisodique Brander. Le chœur (Chœurs et Solistes de Lyon-Bernard Tétu, Chœur
Britten-Nicole Corti) s’entend avec l’orchestre et les chanteurs solistes pour
l’acuité, la délicatesse, l’ampleur et la répartie. Un tout ! mais qui ne serait
rien sans l’intensité précise que souffle le chef d’orchestre. Une Damnation
rare, digne de son propos.
Mais il est d’autres concerts accompagnant cette riche fin festivalière.
Comme le récital en la petite église romane de la bourgade, par FrançoisFrédéric Guy et Tedi Papavrami, offrant des sonates pour piano et violon de
Beethoven servies avec une passion rigoureuse. Ou, sous les halles historiques, le concert rassemblant les orchestres Démos (de tous jeunes enfants
isérois qui s’essayent pour la première fois aux instruments) et le magnifique Orchestre des Jeunes de Sao Paulo, dans une joyeuse ambiance kermesse. Ou, dans le jardin du Musée Hector-Berlioz (évocatrice maison natale du compositeur), celui de l’ensemble argentin Fronteras del silencio, avec
des instruments traditionnels amérindiens agrémentés de pittoresques costumes et pantomimes.
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Pierre-René Serna
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Yvan Vaffan © Guy Delahaye
Il n’est pas encore minuit © Christophe Raynaud de Lage
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YOANN BOURGEOIS
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LES MARCHANDS
JOËL POMMERAT
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COUP FATAL
ALAIN PLATEL
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SOLO
ROBERTO FONSECA
•
ETC.
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festival de lucerne
L'Après-Abbado : An I
Le jeune chef letton Andris Nelsons a accepté le défi de prendre la relève de
Claudio Abbado pour diriger le concert d'ouverture de l'édition 2014 du
Festival lucernois. Il a eu en outre l'élégance de conserver les trois oeuvres
que le maestro italien avait inscrites au programme.
Il est difficile de dire aujourd'hui déjà la
forme qu'adoptera l'orchestre lucernois sous sa
nouvelle direction. Mais comme l'a signalé le
Président de la manifestation, il s'agit pour le
Festival de poursuivre dans la voie tracée par le
chef récemment disparu et de maintenir en vie
cet ensemble qu'il a fondé. Comment et sous
quelle forme ? La réponse ne devrait pas tarder.
Le concert d'ouverture
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Dans sa fonction de chef intérimaire,
Andris Nelsons proposait des trois œuvres de
Brahms inscrites au programme une interprétation sanguine, riche d'une sève bouillonnante et
charpentée avec un luxe de perfectionnements
dans le détail qui attestait la maîtrise déjà
impressionnante de ce chef de 36 ans.
La Sérénade et la Symphonie No 2 ont ainsi
bénéficié d'une approche franche, riche en violentes oppositions de nuances destinées à mettre en valeur la verdeur d'un langage symphonique d'une rare urgence. Le fini instrumental
dans le jeu des cordes était d'un impressionnant
raffinement alors que, du côté des vents, l'agressivité sonore de la flûte notamment avait tendance à déséquilibrer les délicates textures de la
Sérénade. Dans sa forme actuelle, l'Orchestre
du Festival peut certes continuer à tutoyer les
plus grands des podiums européens mais d'évidents problèmes de dosage rappelleent l'imminence qu'il y a pour eux à trouver un véritable
patron avec lequel il sera possible de travailler
dans la continuité.
La Rhapsodie pour alto, confiée à la voix
trop légère dans le grave de Sara Mingardo, a
quant à elle démontré qu'entre la conception
massive du chef et l'élégance un rien superficielle du chant de la soliste subsistait une différence de conception qui parvenait presque à
rendre banales les tournures de ce pur chefd'œuvre. (concert du 15 août)
L'orchestre de Birmingham
Lorsque Andris Nelsons s'est retrouvé, deux
semaines plus tard, face à son orchestre, the City
of Birmingham Symphony Orchestra, la tension
est clairement montée d'un cran. Ses interprétations sont marquées au sceau d'une forte complicité et de longues heures de travail partagé.
L'interprétation de la difficile 2e Symphonie
d'Elgar fut fulgurante et passionnante de bout en
bout en dépit d'une longueur qu'on peut juger
excessive eu égard à la relative pauvreté du matériau mélodique: cuivres vrombissants, cordes
Andris Nelsons
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charnues et soyeuses, vents pépiant avec alacrité
: tout a concouru à rendre à cette page cet éclat
un brin factice qui fait le charme d'une musique
parfois curieusement salonnarde malgré l'ampleur des moyens engagés. En première partie de
soirée, Rudolf Buchbinder mettait sa sensibilité à
fleur de peau et sa technique infaillible au service d'un Cinquième Concerto de Beethoven tour à
tour grandiose et délicat (le filigrane du 2e mouvement!...)
Le lendemain, ce même orchestre accompagnait le ténor wagnérien du moment, Klaus
Florian Vogt, dans un infâme découpage de
morceaux choisis de Parsifal et Lohengrin que
le jeu rondouillard et ronflant des musiciens, la
direction molle du chef et la voix puissante mais
sans nuances du ténor rendirent indigestes en
diable. En deuxième partie de concert, une
interprétation superbe d'envol de la 7e
Symphonie de Beethoven, tour à tour roborative
et dansante, permettait aux musiciens de sauver
l'honneur de ce concert à la première partie bien
inutile. (concerts des 30 et 31 août en matinée)
L'orchestre du Théâtre
Marinsky de Saint-Pétersbourg
Le même soir, les musiciens du Théâtre
Marinski se présentaient sur le podium animés
par la baguette impérative de leur chef attitré :
Valery Gergiev. Après un Prélude de Lohengrin
de Wagner vaporeux à souhait, l'orchestre
accompagnait le pianiste Daniil Trifonov dans
son interprétation survoltée du 2e Concerto de
Chopin. Il serait vain de vouloir décrire ici une
virtuosité qui semble défier le chronomètre
dans l'accumulation de notes déversées au sein
d'une même mesure. Avec sa faconde incomparable, le soliste a servi au public un Chopin
d'une exquise sensibilité que d'aucuns auraient
néanmoins presque pu trouver trop alanguie.
Mais il reste difficile de résister à l'attrait d'un
jeu aussi varié qu'étincelant dans ses effets
recherchés. Le chef, d'une retenue exemplaire
dans ce contexte, s'est ensuite déchaîné dans la
6e Symphonie de Tchaïkovski, travaillant la pâte
des premiers et derniers mouvements avec une
affection particulière pour le rubato et les larges
déchaînements de pathos confiés aux cordes.
Par opposition, les envolées délicates et élancées de l'Allegro gracioso et la robustesse du
rythme de marche du 3e mouvement assuraient
une assise robuste et saine à cette partition trop
riche en enflures déliquescentes. Triomphe total
auprès d'un public qui remplissait la salle jusqu'au dernier strapontin (Concert du 31 août)
Eric Pousaz
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La Cie Alias
fête ses 20 ans
Découvrez la trilogie Distancia
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pesaro : rossini opera festival
Surprises !
L’événement attendu d’une affiche festivalière ne tient pas toujours ses promesses. Ainsi la création à Pesaro d’Aureliano in
Palmira déçoit, tandis que la modeste production du Barbiere
di Siviglia est absolument enthousiasmante.
Armida-cadabra
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On garde en mémoire l’accueil très houleux réservé par le public –
huées, sifflets, voire cris scandalisés… – à la production d’Armida en 1993
au Teatro Rossini. Dans la vaste salle de l’Adriatic Arena 21 ans plus tard,
on peut considérer que Luca Ronconi prend sa revanche, sa réalisation
visuelle très élégante mais souvent statique suscitant cette fois des applaudissements, en particulier à l’issue des ballets du 2ème acte, peu dansés mais
comportant de nombreuses figures collectives composées avec humour. Sur
fond d’aspect de papier froissé brun puis noir, le dispositif scénique se résume essentiellement à des boîtes verticales qui coulissent transversalement,
remplies par exemple de croisés grandeur nature suspendus par des fils, ou
plus tard abritant des coquillages dorés dans lesquels la magicienne Armida
et Rinaldo passent du bon temps. Très belle promesse entendue l’année dernière en concert dans Donna del lago, Carmen Romeu dans le rôle-titre est
un peu « poussée dans le grand bain » ! La voix est plutôt centrale, quelques
graves trop discrets et d’autres aigus hasardeux, et la maîtrise totale de la
vocalisation et de la musicalité demande encore un peu de mûrissement.
Antonino Siragusa (Rinaldo) et Dmitry Korchak (Gernando / Carlo) sont
deux ténors de typologie similaire alliant agilité et puissance, avec une préférence pour le premier, plus nuancé et précis dans l’intonation. Prestations
très fiables pour le troisième ténor Randall Bills (Goffredo / Ubaldo) ainsi
que pour la basse profonde Carlo Lepore (Idraote / Astarotte), tandis que le
chef Carlo Rizzi obtient, avec attention et prudence, le maximum possible
de l’orchestre du Comunale di Bologna (pas
intrinsèquement infaillible dans les traits de virtuosité des cordes, ou les solos de violon ou violoncelle).
Un Barbiere di top qualità
Comme à chaque fois qu’un titre aussi courant que Il Barbiere di Siviglia est à l‘affiche
d’un festival, on peut se poser la question de la
nécessité de sa programmation. Eh bien cette
fois, mille fois merci (grazie mille !) pour le
spectacle proposé, et en tout premier lieu au
jeune chef Giacomo Sagripanti (32 ans), aux
commandes d’un impeccable orchestre du
Comunale di Bologna. Dès l’ouverture, on adhère totalement aux nuances originales, ici une
mesure très appuyée, là une battue bien ralentie,
une personnalisation apportée avec franchise
mais toujours par touches et sans s’appesantir.
Ensuite la distribution vocale rassemblée est d’un
équilibre idéal, à commencer par Florian Sempey
en Figaro qui aura marqué son premier passage à
a
Pesaro, voix saine, expressive et solide, d’une projection impressionnante.
Chiara Amarù (Rosina) est véloce et agile, exprimant des graves bien timbrés, tandis que le ténor Juan Francisco Gatell (Almaviva) a gagné en volume ces dernières années (par exemple par rapport à son Almaviva en 2010
au GTG). Alex Esposito (Basilio) est inquiétant en prêtre menaçant, surtout
dans son air de la Calumnia lorsque le chocolat dégouline sur la nappe blanche comme du sang, et enfin Paolo Bordogna (Bartolo) possède une présence et une vis comica impayables dans ce répertoire buffo, déroulant un chant
sillabato exemplaire. Avec des moyens visiblement très réduits, le collectif
de l’Accademia di Belle Arti di Urbino réalise un spectacle enthousiasmant,
vivant, plein de mouvement, qui s’épanouit sur le plateau, dans la salle, dans
les loges d’avant-scène, et la bonne humeur qui règne dans la troupe est
contagieuse.
Aureliano in galera
Restant jusqu’à cette 35ème édition l’un des tout derniers ouvrages à
n’avoir jamais été représenté au ROF, il semble qu’Aureliano in Palmira
n’ait pas disposé pour l’occasion de tous les atouts nécessaires. Maître
d’œuvre de la récente édition critique, le chef Will Crutchfield ne parvient
pas à s’extraire d’une direction musicale très académique, souvent trop lente
et qui plombe la représentation. Il faut dire que l’Orchestra Sinfonica G.
Rossini en fosse n’est pas des plus précis ni des plus virtuoses, avec des
décalages récurrents entre les pupitres et à l’intérieur de certains, sans parler des fautes flagrantes au cours de plusieurs solos instrumentaux. La réalisation visuelle de Mario Martone est également sur cette ligne conventionnelle, très figée, avec quelques propositions sur lesquelles on reste dubitatif : un labyrinthe de paravents au début positionnant les artistes derrière ces
voiles, le continuo sur le plateau avec des allers et venues des deux musiciens, … jusqu’à ces quatre chèvres à l’acte II qui dévorent des feuillages et
font pouffer la salle ! Dans le rôle-titre le ténor Michael Spyres laisse une
impression mitigée : la bonne nouvelle est qu’il a retrouvé ses aigus (absents
l’année dernière dans Donna del lago), mais ceci au prix d’une extrême prudence dans le volume. La projection insolente et le squillo ne sont pas vraiment au rendez-vous, tandis qu’à l’autre extrémité ses graves de baritenore
sont toujours aussi impressionnants. Jessica Pratt
(Zenobia) reste une soprano de grande ampleur,
puissante, agile et toujours musicale. Après le
castrat Velluti à la création de 1813, puis par
exemple le contre-ténor Fagioli en 2011 lors des
représentations de Martina Franca, c’est la voix
de mezzo soprano qu’a choisie le ROF pour le
troisième protagoniste, en la personne de Lena
Belkina (Arsace). Le timbre est joli et la colorature plutôt accomplie, mais la chanteuse est d’un
trop modeste format et passe un peu dans l’indifférence sans vraiment trouver sa place. La qualité des rôles secondaires n’est pas homogène, les
meilleurs éléments étant la mezzo Raffaella
Lupinacci (Publia) et le ténor Dempsey Rivera
(Oraspe).
François Jestin
Florian Sempey et Alex Esposito © Amati Bacciardi
c
t
u
a
Rossini – ARMIDA : le 16 août 2014 à l’Adriatic Arena /
Rossini – IL BARBIERE DI SIVIGLIA : le 17 août 2014
au Teatro Rossini / Rossini – AURELIANO IN PALMIRA : le 18 août 2014 au Teatro Rossini
l
i
t
é
o
p
é
grand théâtre de genève
Eugène Onéguine
Le jeune baryton allemand Michael Nagy reprend le rôle titre dans une
production du Metropolitan Opera reprise maintes fois depuis… 1997, année
de sa création ! L’ancienneté de la production sera toutefois « compensée » par
la jeunesse des protagonistes, notamment de Michael Nagy. Entretien.
C’est à Stuttgart que ses premiers pas se
firent dans le domaine de la musique : il faisait
partie d’un chœur d’enfants à l’église, sans avoir
d’ailleurs la moindre intention à l’époque de
devenir chanteur. Il pensait plutôt à l’orgue, au
piano, à la direction de chœur. L’étude d’un
instrument était alors obligatoire pour les petits
choristes et ses parents allèrent même jusqu’à se
faire construire une maison pour qu’un piano
puisse y trouver sa place. Mais pas question pour
Michael de choisir une carrière de pianiste : il
voulait surtout être capable de jouer la réduction
de l’Oratorio de Noël ! La médecine le tentait
beaucoup, mais la musique l’emporta. Il quitta le
Conservatoire de Stuttgart pour celui de
Mannheim, où on lui conseilla, compte tenu de
ses difficultés techniques du moment, de travailler sa voix pendant une année dans la tessiture du ténor. Les progrès ne se firent pas attendre
et grâce à l’exploitation des aigus il parvint à
consolider toute l’étendue de sa voix de baryton.
C’est au Komische Oper de Berlin, puis à
l’Opéra de Francfort que l’occasion lui est donnée de se forger un répertoire : Papageno,
Guglielmo, le Comte Almaviva, Hans Scholl
(Die Weisse Rose, de Udo Zimmermann),
Wolfram, Valentin, Yeletski (La Dame de pique),
Marcello, Albert (Werther), Frank/Fritz (Die tote
Stadt de Korngold), Giasone (Medea) et le rôletitre d’Owen Wingrave de Britten. Il est apparu
également, entre autres, sur la scène du Deutsche
Oper de Berlin, du Bayerische Staatsoper, de
l’Opéra National d’Oslo. Il est apprécié comme
concertiste par de grands chefs tels que Philippe
Herreweghe, Helmut Rilling, Adam Fischer,
Paavo Järvi, Chistoph Eschenbach et Riccardo
Chailly, qui ont été ses partenaires.
Вы говорите по-русски ?
Non, je ne peux pas suivre ou participer à une
conversation. Il y a une année j’ai commencé,
seul, à me familiariser avec les bases de la langue. Maintenant je sais lire le cyrillique et je
comprends la fonction des mots dans la phrase.
J’ai une version de la partition qui donne la
transcription du texte en lettres latines. Ensuite
je demande à des russophones de me corriger.
Je ne travaille pas avec un pianiste qui me donne
les notes et la façon de prononcer chaque mot.
Je préfère jouer moi-même l’accompagnement
de ma partie et apprendre ainsi mes rôles.
Quand un Allemand chante Wagner, on
remarque que musique et texte sont intimement
liés, indissociables. Il faut arriver à ce même
résultat avec Tchaïkovski et le texte d’Eugène
Onéguine ; c’est très difficile, mais passionnant.
Les autres participants à notre spectacle parlent
tous russe ; je me sens un peu seul !
r
a
de Lenski, le poète. Il n’est dépourvu ni d’empathie ni de générosité. La mort de Lenski, qu’il
avait, par jeu, rendu jaloux et furieux en courtisant brièvement sa bien-aimée, a eu sa part dans
l’évolution d’Onéguine. Personne n’échappe au
repentir. Plusieurs années ont passé lorsqu’il
retrouve Tatiana, désormais inaccessible, mais on
ne sait depuis quand ni à quel point il est prêt à
reconnaître ses erreurs du passé.
La mise en scène
Comment apporter quelque chose de neuf à
un spectacle qui a été conçu pour d’autres et
représenté de si nombreuses fois, et cela en l’absence du metteur en scène d’origine, Robert
Carsen ? L’atout de la reprise genevoise sera la
jeunesse de la distribution : des artistes pleins
de fraîcheur, spontanés et naturels, dont la prestation scénique ne sera en rien contaminée par
les méfaits habituels de la routine. Les costumes
sont d’époque, mais le ton des conversations est
contemporain. La liberté est dans les nuances.
Paula Suozzi, l’assistante présente dès le début
et à qui ont été confiées de nombreuses reprises
de la production, sait donner aux chanteurs la
marge de liberté qui leur est nécessaire dans
l’interprétation.
Eprouvez-vous de la sympathie pour
votre personnage ?
Je dois en éprouver, ou tout au moins de l’empathie. A priori c’est plutôt un salaud : il peut se le
permettre. Il semble froid et dépourvu de sentiments, tout en feignant de ne pas l’être pour
mieux parvenir à ses fins ; coquet, raffiné et bon
danseur, c’est un coureur de jupons. Mais
Pouchkine et la musique suggèrent que sa vraie
nature n’est pas seulement ça. Il faut aller jusqu’au fond du personnage, très actuel, qui pourrait parfaitement exister aujourd’hui. Sa situation
financière est privilégiée, puisqu’il a hérité de
son oncle. De plus il a reçu une bonne éducation
de la part de son précepteur et parle parfaitement
le français grâce à une bonne avec laquelle il l’avait appris. Il est mondain et spirituel, aime les
femmes et cherche surtout à échapper à l’ennui.
Car avant de rencontrer Tatiana, il est déjà tombé
dans la mélancolie et la lassitude de toute chose.
Lorsque Tatiana lui ouvre son cœur avec passion
dans la lettre qu’elle lui écrit, il ne fuit pas. Il veut
lui expliquer qu’il ne peut pas l’aimer, qu’il est
indigne de sa pureté et qu’il n’est pas fait pour le
bonheur. Il ne profite donc pas de la situation et
son honnêteté le rend sympathique.
Quand un conflit éclate entre son meilleur ami et
lui, Onéguine tente de le faire renoncer au duel,
non par crainte pour sa propre vie mais pour celle
Michael Nagy © Michael Autogramm
Michael Nagy semble particulièrement comblé par ce nouveau rôle. Onéguine est-il son préféré ? Aujourd’hui, oui. Mais hier c’était Stolzius,
dans Les Soldats de Zimmermann, et avant-hier
Don Giovanni ! Il tombe toujours amoureux de l’opéra auquel il est en train de participer. Une heureuse nature ! Michael Nagy reprendra Onéguine et
Papageno à Munich, et le Comte Almaviva à
Zurich. Il sera le Violoneux (Königskinder) à
Francfort et Mauregato (Alfonso und Estrella) pendant la Mozartwoche à Salzbourg.
D’après des propos recueillis et traduits
par Martine Duruz
Les 9, 11, 13, 15, 17, 19 octobre. Billetterie en ligne
33
m é m e n t o
genève
Grand Théâtre (022/418.31.30)
s Eugène Onéguine (JurowskiCarsen) – 9, 11, 13, 15, 17, 19 oct.
lausanne
Opéra (021.315.40.20)
s Manon (Lopez-Cobos-Bernard) – 3,
5, 8, 10, 12 oct.
zurich
Opernhaus (044.268.66.66)
s Lohengrin (Young-Homoki) – 3, 9,
14, 18 oct.
s La Fanciulla del west (ArmiliatoKosky) – 5, 10 oct.
s Il Barbiere di Siviglia (MazzolaLievi) – 2, 5, 8, 11 oct.
s Il Matrimonio segreto (MinasiDäuper) – 24, 26, 29 oct.
paris
34
Champs-Elysées (01.49.52.50.50)
s Castor et Pollux (Niquet-Schiaretti)
– 13, 15, 17, 19, 21 oct.
s Alcina (Bicket) – 20 oct.
Châtelet (01.40.28.28.40)
s La Légende du serpent blanc (Cie
Nationale de Chine) – 27 oct.
Opéra National (08.92.90.90)
Bastille :
s La Traviata (Ettinger-Jacquot) – 3,
5, 7, 12 oct.
s Il Barbiere di Siviglia (MontanaroMichieletto) – 1er, 4, 14, 15, 20, 23,
28, 30 oct.
s Tosca (Oren-Audi) – 10, 13, 16, 19,
22, 24, 26, 27, 29 oct.
o p é r a
amsterdam
De nederlandse Opera
(31.20.62.55.456)
s L'Etoile (Fournillier-Pelly) – 4, 7, 9,
13, 16, 18, 22, 26 oct.
bruxelles
La Monnaie (32/70.23.39.39)
s Shell Shock (Kessels-Cherkaoui) –
24, 25, 26, 28, 29, 30, 31 oct.
barcelone
Liceu (34.934.85.99.13)
s La Traviata (Pido-McVicar) – 14, 15,
17, 18, 20, 21, 23, 24, 26, 28, 29 oct.
madrid
Teatro Real (34/90.224.48.48)
s La Fille du régiment (CampanellaPelly) – 20, 21, 23, 26, 28, 31 oct
milan
Teatro alla scala (39/02.720.03.744)
s Simon Boccanegra (Ranzani-Tiezzi)
– 31 oct.
venise
Teatro La Fenice (39/041.24.24)
s Don Giovanni (MontanariMichieletto) – 11, 12, 14, 15, 16, 17,
18, 19 oct.
s La Porta della legge (CeccheriniWeugand) – 24, 26, 28, 30 oct.
vienne
Staatsoper (43/1514447880)
s Don Carlo (Altinoglu-Abbado) – 2
oct.
s Salome (Altinoglu-Barlog) – 4, 7, 10
oct.
s L'Elisir d'amore (Garcia Calvo-
berlin
Deutsche Oper (49/30.343.84.343)
s Ariadne auf Naxos (Schirmer) – 14
oct.
Staatsoper (49/30.20.35.45.55)
s La Traviata (Hindoyan-Mussbach) –
4 oct.
s Tosca (Barenboim-Hermanis) – 3, 6,
12, 16, 19, 22, 25 oct.
s Rein Gold (Poschner-Stemann) – 5,
10, 17, 21 oct,
s Tristan und Isolde (BarenboimKupfer) – 11, 18, 26 oct.
s Die Zauberflöte (Soltesz-Everding)
– 23, 31 oct.
s Il Barbiere di Siviglia (HindoyanBerghaus) – 29 oct.
Komische Oper (49/30.47.99.74.00)
s Clivia (Tietje-Huber) – 5, 16, 26 oct.
s A Midsummer night’s dream
lyon
Opéra (0826.30.53.25)
s Der Fliegende Holländer (OnoOllé) – 11, 13, 15, 17, 19, 22, 24, 26
oct.
marseille
Opéra (04.91.55.11.10)
s La Gioconda (Carminati-Grinda) –
1er, 4, 7, 10 oct.
montpellier
Opéra National (04.67.60.19.99)
s
Happy happy (WaschkSchönebaum) – 19, 20, 21, 22 oct.
nice
Opéra (04.92.17.40.79)
s Les Vêpres siciliennes (Guidarini) –
3, 5 oct.
strasbourg
Opéra National du Rhin
(03.89.36.28.28)
s Quai ouest (Bosch-Frédric) – 2 oct.
s L'Amico Fritz (Carignani-Boussard)
– 24, 26, 28 oct.
toulouse
Théâtre du Capitole (05.61.63.13.13)
s Un Ballo in maschera (OrenBoussard) – 3, 5, 7, 9, 12 oct.
La soprano Catherine Naglestad sera «Salome» au Staatsoper de Vienne en octobre © Tanja Niemann
londres
ROH (0044/207.304.4000)
s Rigoletto (Benini-McVicar) – 3, 6
oct.
s Il Barbiere di Siviglia (ElderCaurier/Leiser) – 2, 5 oct.
s I due Foscari (Pappano-Strassberger)
– 14, 17, 20, 23, 27, 30 oct.
bologne
Teatro Comunale (39/051.61.74.299)
s Guillaume Tell (Mariotti-Vick) – 8,
11, 14, 16, 18 oct.
florence
Teatro del Maggio Musicale
(39/056.27.79.350)
s l Campiello (Ciluffo-Muscato) – 2, 4
oct.
s Cavalleria Rusticana (BisantiPontiggia) – 23, 26, 28, 30 oct.
a
c
t
Schenk) – 19, 25 oct.
s Idomeneo (Eschenbach-Halten) – 5,
8, 11, 14, 16 oct.
s Roberto Devereux (YurkevitchPurcarete) – 9, 13, 17 oct.
s Ariadne auf Naxos (ThilemannBechtolf) – 12, 15, 18, 21, 23 oct.
s Tannhäuser (Chung-Guth) – 22, 26,
30 oct.
s La Bohème (Ettinger-Zeffirelli) – 29,
31 oct.
Theater an der Wien (43/15.88.85)
s Eugène Onéguine (ValentovicHuffman) – 2, 4, 6, 8, 10, 13, 19, 22,
25, 28 oct.
s Iphigénie en Aulide / Iphigénie en
Tauride (Hussain-Fischer) – 16, 18, 21,
24, 27, 29 oct.
s Alcina (Bicket) – 17 oct.
u
a
l
(Poska-Kairish) – 3, 15, 31 oct.
s Die Zauberflöte (Poska-Kosky) – 2,
4, 12, 18, 24 oct.
s La Belle Hélène (Nanasi-Kosky) –
11, 17, 19, 25 oct.
new york
Metropolitan Opera
(00.1.212.362.60.00)
s Le Nozze di Figaro (Levine-Eyre) –
2, 7, 10, 14, 18, 22, 25 oct.
s La Bohème (Frizza-Zeffirelli) – 4 oct.
s Macbeth (Luisi-Noble) – 3, 8, 11,
15, 18 oct.
s Carmen (Heras.Casado-Eyre) – 4, 9,
13, 17, 23, 28 oct.
s Die Zauberflöte (Fischer-Taymor) –
6, 11, 16, 21, 25, 27, 31 oct.
s The Death of Klinghoffer
(Robertson-Morris) – 20, 24, 29 oct.
s Aida (Armiliato-Frisell) – 30 oct.
i
t
é
o p é r a
opéra de lausanne : entretien avec anne-catherine gillet
"Vivre Manon,
pleinement.."
Anne-Catherine Gillet © P. Wilenski
Anne-Catherine est un des espoirs les plus prometteurs de la jeune génération
d'artistes lyriques français. Elle incarnera à Lausanne sa première Manon,
l'héroïne tragique de l'opéra de Massenet. La cantatrice a accepté de se livrer
au jeu de l'interview au début des répétitions alors qu'elle n'avait pas encore
eu l'occasion de faire le tour du personnage sur le plateau...
Ma première question se concentre bien sûr
sur le défi que doit représenter pour elle le fait
de se mesurer à l'un des rôles presque mythiques
du répertoire français :
Alors, Manon, un emploi difficile ?
Je ne peux répondre avant d'avoir traversé le
rôle devant un public lors de la première!...
Mais, à la lecture de la partition, j'ai l'impression que le rôle me sied et je n'éprouve aucune
crainte particulière. Ma voix se sent à l'aise sur
tout le registre et j'attends en conséquence de
travailler plus à fond pour me prononcer durablement sur le sujet!
Quelle est la difficulté de son écriture
vocale ?
L'héroïne traverse une gamme d'émotions beaucoup plus large que la Gilda de Rigoletto ou la
Sophie de Werther. Elle est aguicheuse, mais
s'en rend-elle compte ? Elle semble instable,
arriviste, ambitieuse, et son amour de l'argent la
perd. Malgré tout, Massenet fait d'elle un personnage sympathique dont la mort doit nous
émouvoir au même titre que celle de Mimi ou
de la Traviata...
Où trouvez-vous alors la clef psychologique qui rend plausible cet être si contradictoire en apparence ?
Manon est comme une eau qui reflète ce que les
gens veulent voir en elle. Elle devient torrent ou
cascade, onde plane ou tempétueuse au fil des
événements. Néanmoins, elle ne prend jamais
clairement l'initiative. Lorsqu'elle quitte la voie
tracée par sa famille pour fuguer à Paris, elle se
laisse convaincre par Des Grieux; quand elle
abandonne ce dernier, c'est sur les instances de
Brétigny qui fait miroiter à ses yeux une vie de
luxe facile, et ainsi de suite. Mon portrait de
Manon me semblera réussi si les spectateurs, à
l'issue de la représentation, se demandent enco-
e
n
t
r
re : 'Mais qui est vraiment cette femme' ? Une
part de sa dimension tragique réside dans l'incapacité où elle est de prévoir jusqu'au bout les
conséquences de ses actes. Elle est irréfléchie,
peut-être, mais jamais consciemment méchante
ou perverse.
Quels sont les défis vocaux de cette
musique ?
Le rôle est long, Manon étant quasiment toujours
sur scène. Il faut veiller à ne pas surjouer, car
c'est dans l'ambiguïté quasi spontanée du personnage que réside sa force de frappe sur l'imaginaire des auditeurs. La ligne de chant passe facilement du parler pur au chant virtuose et comprend
une fourchette de zones intermédiaires où la
légèreté de l'intonation compte autant que la plénitude ou l'acrobatie de l'émission vocale.
Le personnage gagne-t-il en sincérité
au fil de la représentation ?
La nature double de cette femme permet d'interpréter différemment chacune des situations auxquelles elle est mêlée selon que l'on donne à ses
répliques un degré plus ou moins fort de sincérité. Mais s'il est permis de voir en elle une
rouée dans la première scène, il ne fait aucun
doute que sa mort ne laisse pas planer le doute
sur ses regrets et ses angoisses. C'est à moi de
donner à chaque étape de son parcours une couleur suffisamment forte pour que chaque auditeur puisse y trouver matière à se retrouver dans
le personnage, voire à s'émouvoir de ses réussites ou de ses échecs!
Comment se prépare-t-on à un nouveau rôle si lourd ?
Il y a plus de dix-huit mois que j'y travaille. J'ai
commencé par me documenter sur le personnage, notamment en lisant le chef-d'œuvre de
l'Abbé Prévost, et à parcourir la partition pour
isoler les passages qui me concernent directement. Ainsi, ce sont d'abord les moments où je
e
t
i
e
suis seule qui attirent mon attention, puis les
duos, les ensembles. Je juge alors des endroits
où des difficultés particulières d'interprétation
m'attendent et j'entreprends d'y travailler.
Ensuite je fais une sorte de filage pour me mettre le rôle en gosier et acquérir une image plus
précise de la trajectoire dramatique de l'héroïne.
Arrivez-vous aux première répétitions avec une image très claire de ce que
vous voulez obtenir dans le rôle ?
Il serait ridicule de prétendre le contraire. Mais
par ailleurs, une représentation, c'est la mise en
commun de plusieurs idéaux artistiques, ceux
de mes partenaires, du metteur en scène, du chef
d'orchestre. Il convient dès lors de composer
pour que chacun y trouve son compte et se sente
à l'aise dans la réalisation finale.
Y a-t-il selon vous des lignes rouges à
ne pas franchir ?
Je dirais d'abord qu'il faut faire confiance aux
gens avec lesquels on travaille. En outre, je
demande à être convaincue d'un parti-pris interprétatif en m'efforçant de rester ouverte à toutes
les propositions avancées sur le tapis. Mais je ne
m'arrogerais jamais le droit de penser que je
sois la seule à avoir une idée juste de Manon :
être artiste, c'est aussi savoir composer avec les
autres pour créer quelque chose de cohérent.
L'acoustique du lieu où vous chantez
un rôle pour la première fois influence-t-elle
votre approche ?
Il est clair que chanter à l'Opéra de Lausanne ou
sur le plateau de l'Opéra Bastille à Paris ne procure pas les mêmes sensations. Mais je n'irais pas
jusqu'à dire que j'adapte sciemment mon chant
aux dimensions du lieu. Manon est un personnage d'opéra-comique, c'est-à-dire l'héroïne d'une
partition où l'on parle souvent. Il est donc au premier abord plus aisé de projeter un son dans un
espace moins grand. Pourtant, si je devais un jour
chanter Manon dans une grande salle, je pense
aussi que l'instrument s'adapterait naturellement.
Propos recueillis par Eric Pousaz
MANON : 3 octobre, 20h - 5 octobre, 17h - 8 octobre, 19h
- 10 octobre, 20h - 12 octobre, 15h
n
35
o p é r a
opéra de lausanne : prochaine saison lyrique
Découvertes et
retrouvailles en vrac
La saison lausannoise d'opéras qui s'est achevée en juin dernier a fait la part
belle aux titres peu souvent, voire jamais représentés sur une scène lausannoise.
La prochaine sera plus consensuelle car elle offrira au public l'occasion revoir
quatre titres du grand répertoire, alors que dans la saison qui vient de se terminer, seul Le Barbier de Séville pouvait se prévaloir d'en faite partie.
Dans l'entretien que m’a accordé à la mijuin M. Eric Vigié, Directeur de l'Opéra lausannois, il m'a paru intéressant de lui demander d'abord de dresser un bilan de la saison qui venait
de se terminer...
36
Vous avez pris le risque de mettre à
l'affiche des titres que l'on rencontre peu fréquemment en pays de langue française;
même l'ouvrage de Verdi, un compositeur
dont les auditeurs aiment retrouver régulièrement un titre au cours de la saison de leur
Opéra, était une relative rareté : Luisa Miller
ne fait en effet pas partie de ces partitions
qui figurent presque chaque soir sur l'une ou
l'autre des affiches lyriques du monde...
Quels enseignements tirez-vous de cette prise
de risque ?
Le public lausannois est chaleureux et fidèle
lorsqu'il s'agit des abonnés. Par contre, comme
partout ailleurs, les auditeurs occasionnels sont
plus difficiles à capter. Lorsqu'un titre est moins
connu, comme ce fut souvent le cas l'an passé, les
premières représentations attirent un public certes nombreux, mais ne font pas vraiment le plein.
Puis la publicité, les échos dans la presse et le
bouche à oreille fonctionnent bien et les dernières représentations affichent presque systématiquement complet. Les raisons d'une telle frilosité
sont parfois difficiles à saisir, car finalement, le
public devrait établir une relation de confiance
avec son théâtre et accepter de se laisser surprendre par un ouvrage qu'il ne connaît pas. C'est cet
esprit de curiosité qui manque parfois au public
en général, comme si la programmation de la
salle n'attirait pas assez l'attention des spectateurs
en dehors des titres qui accrochent immédiatement comme Le Barbier de Séville ou La flûte
enchantée. Il m'est même arrivé de rencontrer
des amateurs d'opéras abonnés au Grand Théâtre
de Genève qui ignoraient que Lausanne proposait
e
aussi une saison complète à une distance moindre de chez eux !... Tout se passe comme si certains ignoraient jusqu'à l'existence de leur théâtre
lyrique. J'en veux pour preuve un chauffeur de
taxi à qui je demandais un jour de m'amener à
l'Opéra et qui entendait me déposer devant le
Palais de Beaulieu!
A voir le programme établi pour la
prochaine saison, on n'a pourtant pas l'impression que vous baissez la garde !
Non, bien sûr. Le rôle d'un théâtre est aussi de
susciter la curiosité en prenant des risques calculés. Avec deux créations, le prochain hiver
sera, sur ce plan-là, à la hauteur des plus hautes
attentes même s'il est vrai que la mise à l'affiche
de quatre titres plus courants tentera de rétablir
un équilibre.
Deux créations : Le Petit Prince
Le Petit Prince d'après le texte de
Saint-Exupéry sera donné en création mondiale à Lausanne en novembre prochain.
Toute création implique un grand risque
financier. Dans quel état d'esprit envisagezvous cette aventure ?
res ou coproducteur, les artistes… La chose la
plus ardue a d'abord été l'édition du matériel
musical. Habituellement, c'est une maison d'édition qui se charge de la publication de la partition et du matériel d'orchestre. Mais dans ce
cas précis, l'Opéra de Lausanne se trouvait dans
une situation kafkaïenne, car c'est bien sûr lui,
en tant que commanditaire de l'ouvrage, qui
paye le compositeur et la mise en œuvre du
spectacle. Il s'avérait que nous devions encore
payer pour utiliser le matériel édité afin d'écouter l'opéra que nous avions commandé !! Il fallait passer deux fois à la caisse. Aussi avonsnous finalement opté pour une solution plus
simple : l'Opéra lausannois est lui-même éditeur
de ce nouvel opus. Et c'est lui qui, après avoir
pris une bonne partie des risques financiers liés
à une telle entreprise, se verra en situation de
louer ce matériel aux autres salles désireuses de
mettre cet opéra au programme. Nous avons dû
ensuite obtenir l'accord des héritiers de l'écrivain (heureusement, tout s'est bien passée car
Michaël Levinas est un compositeur au talent
indiscutable). Une des dernières difficultés à
résoudre était celle de la fidélité au texte original de Saint-Exupéry. Pour les dialogues, il était
impératif de conserver le texte original; par
contre, il importait de trouver une adéquation
visuelle dans les décors et les costumes ainsi
que le choix des interprètes pour rendre justice
aux descriptions originales.
Quelles seront les lignes de force de
ce projet ?
La musique, en première instance, s'adresse à
un public de tous âges, de sept à soixante-dixsept ans. Mais elle ne sera pas comparable à ce
qui se fait le plus souvent lorsqu'un musicien
Il était important de trouver des coproducteurs
pour maximiser les dépenses. Aussi, après les
sept représentations lausannoises, la production
partira en tournée et fera une première étape à
l’opéra de Lille, puis à Dunkerque avant d'être
reprise au Grand Théâtre de Genève et au
Théâtre du Châtelet à Paris. En tout, Le Petit
Prince sera ainsi joué près de trente fois, ce qui
est assez exceptionnel pour une nouveauté.
Devant quels types de difficultés la
mise sur pied d'une entreprise d'aussi grande envergure vous place-t-elle ?
Je vous passe les nombreux problèmes à régler
avec la maison d'édition, le compositeur et le
librettiste, les autres théâtres co-commanditai-
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Eric Vigié
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s'adresse à un jeune public. De fait, pour un vrai
créateur, qu'il soit écrivain, peintre ou musicien,
l'important est de ne jamais oublier que ce qui
est bon pour des enfants doit également l'être
pour des adultes. Il importe que le texte passe la
rampe avec un maximum de lisibilité et de clarté et que la musique ne se fourvoie pas dans des
voies purement expérimentales. Pour l'aspect
visuel du spectacle, on ne peut en trahir les
composantes essentielles. Disons que le metteur
en scène et le décorateur doivent satisfaire le
besoin de dépaysement que nourrit de superbe
façon le texte génial et faussement naïf de
Saint-Exupéry et invite les spectateurs à entrer
dans une dimension autre que celle du réalisme
ou de la pure fantaisie théâtrale.
Solaris
Solaris, de Daï Fujikura, est la
deuxième création de la saison. On a presque
l'impression de rester dans un domaine franchement sidéral!...
Oui, et c'est d'ailleurs ce qui a donné le ton à la
campagne d'affichage annonçant la nouvelle
saison lausannoise sous le tire : Une pluie d'étoiles... Pour cette deuxième création, l'Opéra de
Lausnane n'est pas responsable à lui seul de porter ce nouveau bébé sur les fonts baptismaux.
Solaris sera d'abord créé à Paris, au Théâtre des
Champs-Elysées, et nous parviendra le mois
suivant.
Que peut-on attendre de la transposition d'un tel sujet sur un plateau d'opéra ?
Pour moi, il s'agit moins d'une oeuvre lyrique à
proprement parler que d'un opéra-ballet. Le
spectacle entend être complet et sera la première représentation lyrique à vivre en 3D.
La mise en scène prévoit la projection d'image
sur un rideau de tulle et les spectateurs seront
alors invités à chausser des lunettes 3D qui leur
seront remises à l'entrée du théâtre pour découvrir ces images avec la profondeur de champ
nécessaire. Il s'agira de nouveau d'une invitation
à sortir du cadre traditionnel d'une représentation lyrique afin d'appréhender dans toute sa
complexité la réalité d'un sujet qui fait éclater
les structures habituelles du récit.
Le répertoire
Manon, Traviata, La Flûte enchantée,
l'Enlèvement au Sérail et Tancredi complètent l'affiche de la prochaine saison.
Comment composez-vous ce programme
annuel ?
Il s'agit d'équilibrer les titres en fonction de
l'histoire du théâtre, des possibilités scéniques
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qui sont à notre disposition ainsi que du budget
alloué annuellement à l'Opéra, pour ne citer que
les contraintes principales. Dans certains cas,
par exemple Manon, il m'importait de mettre ce
titre au répertoire car Anne-Catherine Gillet est
arrivée à un moment de sa carrière où le rôle de
Manon lui siéra à merveille. C'est donc à ma
demande qu'elle viendra incarner ce personnage
pour la première fois sur une scène d'opéra et
dans le cadre d'une nouvelle production. Avec
l'exceptionnel ténor qu'est John Osborn et la
présence d'un chanteur belge encore inconnu ici
qui devrait incarner un splendide Comte des
Grieux, je pense que ce titre devrait satisfaire
les amateurs les plus exigeants. Manon fait certes partie du grand répertoire, mais à Lausanne,
il n'a pas été représenté aussi souvent que cela.
Pour beaucoup de Romands, ce titre tient donc
encore de la rareté qu'il s'agit de redécouvrir.
Avec Jésus Lopez-Cobos et les musiciens de
l'OCL en fosse, le pari ne devrait pas être trop
difficile à tenir!
Pour ce qui est de La traviata, la situation est
légèrement différente. Vous savez qu'Olga
Peretyatko est une chanteuse réclamée maintenant sur les plus grandes scènes lyriques; mais
elle tient pourtant à rester fidèle à l'Opéra lausannois car elle y a été invitée à un moment où sa
carrière n'avait pas encore atteint son développement actuel. Lors d'une discussion que j'ai eue
avec elle, la question du répertoire qu'elle entendait aborder dans la suite de sa carrière a été
posée. Elle a assez vite mentionné Violetta, l'héroïne de La traviata qui est, comme chacun sait,
un des plus beaux rôles féminins écrits par Verdi
et que tout soprano digne de ce nom espère chanter un jour. L'occasion était trop belle et ce titre a
immédiatement été inscrit au programme lausannois. A vrai dire, si cette artiste avait demandé à
chanter Ophélie dans Hamlet de Thomas, son
vœu eût aussi été exaucé. En tant que directeur de
théâtre, il faut en effet savoir saisir les opportunités au vol lorsqu'elles se présentent...
La Flûte enchantée est par contre une
reprise.
Oui, le spectacle a déjà été donné au Métropole.
Mais Pet Halmen, son metteur en scène, était
quelque peu frustré par les conditions techniques plutôt rudimentaires que lui offrait cette
salle, et je lui avais promis qu'il aurait l'occasion
de reprendre son travail sur la scène officielle de
l'Opéra. Nous retravaillerons sa mise en scène
avec, à sa disposition, une machinerie très performante qui faisait défaut auparavant. La mise
en scène devrait gagner en magie, en effets surprenants et serrer de plus près les indications de
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régie contenues dans le livret. (Pet Halmen est
décédé en février 2012).
Quant au Tancredi, de Rossini, il est
une de ces raretés dont vous êtes friand ...
C'est le premier grand opéra seria de Rossini
qui se soit imposé durablement sur les grandes
scènes européennes peu après sa création. En
outre, son livret a été rédigé d'après une tragédie
de Voltaire. Il me semble qu'il a donc parfaitement sa place dans le répertoire d'un théâtre
situé à moins de soixante kilomètres de l'endroit
où l'écrivain a passé quelques années fructueuses de a vie... De plus, Tancredi est un véritable
chef-d'œuvre auquel le compositeur lui-même
tenait beaucoup, au point qu'il a pris la peine
d'écrire deux finals pour son opéra; dans la première mouture, le rideau tombe sur un happyend; dans la version retravaillée, pour rester
fidèle à l'original, Rossini choisit de faire mourir son héros et compose une de plus belles scènes tragiques qui se puisse imaginer ; c'est bien
sûr cette deuxième version, plus dense et plus
riche musicalement, qui sera jouée à Lausanne.
On a trop souvent tendance à oublier que
Rossini lui-même se considérait d'abord comme
un auteur d'opéras tragiques et que les ouvrages
bouffes passaient pour lui au second plan.
La Veuve joyeuse et L'Enlèvement au
Sérail par contre ne nécessitent pas de
recommandations particulières!
L'opérette de Lehár donnée en fin d'année est
une reprise de la mise en scène de Jérôme
Savary qui a déjà été présentée ici; elle est tellement efficace et son timing est si parfait qu'il
semble opportun de la reprendre pour que le
public puisse en déguster les mérites une nouvelle fois. Quant à L'Enlèvement au Sérail, il
s'agit d'une co-production avec l'Opéra de
Fribourg, à qui nous ouvrons nos portes régulièrement depuis quelques saisons. Cet accueil
permettra à l'Opéra de présenter, dans le cadre
d'une même saison, les deux seuls chef-d'oeuvre indiscutables composés sur des livrets en langue allemande du plus grand des compositeurs
lyriques du XVIIIe siècle...
Propos recueillis par Eric Pousaz
Informations sur : http://www.opera-lausanne.ch/fr/
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portrait
Brigitte Hool
Brigitte Hool, soprano, était Nadia dans La Veuve Joyeuse de Franz Lehar mise
en scène par Jérôme Savary en 2006 à l’Opéra de Lausanne. Elle sera cette
fois-ci Missia Palmieri pour la reprise, réalisée par Frédérique Lombart, de
cette production de ce chef-d’œuvre de l’opérette viennoise, en décembre
prochain sur la scène lausannoise.
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Née à Neuchatel, Brigitte Hool a étudié le
violoncelle, puis le chant dans la classe d’Yves
Senn au conservatoire de sa ville natale.
Diplômée en lettres et en journalisme de
l’Université de cette ville, professeur de yoga
diplômée de l’Ecole Yogakshemam, c’est après
avoir bénéficié des conseils et encouragements
de Grace Bumbry et de Mirella Freni qu’elle
opte pour une carrière de chanteuse qui se développe rapidement en Suisse et en France principalement. Elle est inviée à ses débuts à chanter
dans la Manon de Massenet à la Scala de Milan,
et incarne Agilea, un de ses rôles préférés, dans
Teseo de Haendel à l’Opéra de Nice, où elle
aura l’occasion de revenir par la suite chanter
Eurydice dans Orphée et Eurydice de Gluck.
Elle chante Musetta dans La Bohème de
Puccini, aux Arènes d’Avenches et à Vichy,
Eurydice dans Orphée aux enfers d’Offenbach à
Lausanne et plus récemment, à Marseille.
Invitée régulière de l’Opéra de Lausanne,
Brigitte Hool y a aussi été Zaida du Turc en
Italie de Rossini, Amelia dans Amelia al Ballo
de Menotti, Micaela dans Carmen de Bizet également lors de la tournée au Japon -, Flora
dans La Traviata de Verdi, puis La Périchole en
2009 dans l’œuvre éponyme d’Offenbach, avant
d’être Missia Palmieri (Hanna Glawari de la
version allemande) dans La
Veuve Joyeuse en décembre
prochain.
A Lyon, Brigitte Hool a
été Pauline dans La Vie parisienne d’Offenbach mise en
scène par Laurent Pelly. Il existe un excellent DVD de cette
production. En 2012, elle
incarnait une très belle
Elisabetta dans Don Carlos de
Verdi mis en scène par Robert
Bouvier au Théâtre du Passage,
à Neuchatel, et présenté aussi à
Vevey. La meme année, elle
tenait avec succès le rôle principal de L’Amour masqué de
Messager à l’Opéra de
Bordeaux. L’an dernier, elle
était Fiordiligi dans Cosi fan
tutte de Mozart au Murten
Classics. Des rôles mozartiens,
elle en a du reste chanté dès ses
débuts en 2006 : Celia dans
Lucio Silla, la Première Dame
de la Zauberflöte à Toulouse,
mais aussi Pamina, enfin
Brigitte Hool
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Zerlina dans Don Giovanni à Avenches.
Prochainement – Première le 31 octobre -,
Brigitte Hool tiendra le rôle-titre de Rusalka à
l’Opéra de Bienne-Soleure. Les représentations
s’échelonneront de novembre 2014 à avril 2015,
avec des invitations annoncées dans diverses
villes suisses, comme Vevey (jeudi 5 fevrier) et
Vernier (Salle du Lignon, les 18 et 19 avril ).
Active également dans le domaine de la mélodie, du lied, et des grandes œuvres du répertoire
de musique sacrée, Brigitte Hool, dotée d’une
forte présence scénique, apprécie aussi le divertissement et l’humour fantasque. Cet été, elle
chantait sous le chapiteau du cirque Helvétia
dans C’est quoi ce cirque ?, une comédie musicale de Jean et Guy Bovet. Plus sérieusement,
elle s’est engagée au Brésil à soutenir le Youth
Orchestra of Bahia, hôte à Montreux du récent
Septembre Musical.
Missia Palmieri, vue
par Brigitte Hool :
« C’est un joli clin d’œil du destin, nous
dit-elle, et ici de l’Opéra de Lausanne et son
directeur Eric Vigié, de m’offrir ce beau personnage de Missia Palmieri dans une reprise de la
même production de la Veuve Joyeuse où je
chantais l’autre rôle féminin à mes débuts.
C’est de plus très agréable de connaître déjà la
mise en scène, le parcours des personnages,
l’atmosphère : je me réjouis de ces retrouvailles. J’ai déjà eu l’occasion de chanter le
rôle titre dans une version allemande. J’aime le
personnage si romantique de cette grande
dame, cette femme fatale, qui déguise sous une
apparence désinvolte, pleine d’humour, une
femme éconduite, éternellement amoureuse
d’un seul et même homme. J’aime la ligne
lyrique du célèbre « air de Vilya » chanté par la
Veuve, et qui est si proche de l’écriture de
Rusalka, particulièrement dans le célèbre air à
la lune, que je chante actuellement. J’ai vu que
Renée Fleming, qui a encore chanté Rusalka
cette année en direct du Metropolitan Opera,
chantera le rôle de La Veuve le même 31 décembre. Avoir le même quotidien que Renée
Fleming, que j’écoutais étudiante, c’est touchant. »
Yves Allaz
LA VEUVE JOYEUSE
Dimanche 21 décembre 2014, 17h
Mardi 23 décembre 2014, 19h
Dimanche 28 décembre 2014, 15h
Mardi 30 décembre 2014, 19h
Mercredi 31 décembre 2014, 19h
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entretien avec maría rey-joly
L’Enlèvement
au sérail
María Rey-Joly chantera le rôle de Konstanze dans
l’Enlèvement au sérail à l’Opéra de Lausanne. Cette
soprano madrilène évoque ce qui constitue pour elle
une prise de rôle.
Est-ce la première fois que vous venez chanter à l’Opéra de
Lausanne ?
Maria Rey-Joly © Gusbersan
Non, c’est la deuxième fois. La première fut en 2006, où j’ai eu le privilège d’être invitée dans cette maison pour chanter Fiordiligi de Così fan tutte
de Mozart dans la merveilleuse production de Giorgio Strehler.
Le rôle de Konstanze est-il pour vous une prise de rôle ?
Oui, j’y fais mes débuts. Après avoir chanté différents rôles de Mozart au
long de ma carrière, enfin est venu le moment d’interpréter Konstanze, un
rôle que j’avais très envie d’aborder.
Comment pourrait-on qualifier ce rôle ?
Chanter en allemand présente-t-il des difficultés pour vous ?
Non, pas trop. J’aime beaucoup chanter en allemand. Pour moi, c’est une
langue parfaite pour le chant. Je considère que sa prononciation favorise
l’émission de la voix.
Parler en allemand, dans les parties parlées d’un Singspiel,
présente peut-être un autre défi…
Effectivement. Déclamer au théâtre dans un langage qui n’est pas le sien,
présente toujours des difficultés.
Mais le travail et les répétitions permettent aisément d’y venir à bout.
Selon mon opinion, c’est un rôle
pour une soprano dramatico-colorature qui réclame une grande domination de la technique vocale.
Quels sont vos prochains
projets ? Et en Suisse, spécialement ?
Peut-on parler de difficultés vocales ?
Oui, et nombreuses. En premier lieu
l’extension large du registre, depuis
les notes graves du si jusqu’au suraigu du ré. Les grands sauts, les nombreuses coloratures dans la zone
aigüe et suraiguë, associés à l’expression dramatique, sont constants.
C’est un rôle d’une grande exigence
vocale.
Parmi mes projets, il y a Alice Ford de
Falstaff à Malaga et un récital de zarzuela avec le Santa Barbara
Symphony. En Suisse, pour l’heure je
ne compte pas d’autre projet immédiat. Mais j’espère en avoir bientôt,
car j’adore ce pays.
Propos recueillis par
Pierre-René Serna
Le Singspiel serait un peu
comme la zarzuela, mais en allemand. Vous qui pratiquez également la zarzuela, voyez-vous des
différences de style en ces deux
genres lyriques ?
DIE ENTFÜHRUNG AUS DEM SERAIL
Vendredi 16 janvier 2015, 20h
Dimanche 18 janvier 2015, 17h
Je crois qu’ils se ressemblent beaucoup. L’alternance de musique et de
texte parlé suit le même procédé
dans les deux cas. Les différences de
style seraient davantage propres à
chaque œuvre musicale déterminée.
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Conférence Forum Opéra
Mercredi 14 janvier 2015, 18h45
Salon Alice Bailly de l'Opéra de Lausanne
Conférencier: Pierre Michot
Maria Rey-Joly était Fiordiligi de «Così fan tutte»
en 2006 à Lausanne
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opéra de lausanne
La Traviata
Directeur général de l’Opéra de Monte-Carlo depuis 2007,
et auparavant pendant plus de 10 ans directeur général de
l’Opéra de Wallonie à Liège, Jean-Louis Grinda reprendra
à Lausanne en février 2015 sa production de Traviata,
montée initialement à Monaco en 2013, reprise depuis
à Saint-Etienne, Antibes et Gênes. Entretien.
Après l’ouragan déclenché par Sonya Yoncheva dans le rôletitre Salle Garnier à Monte-Carlo en janvier 2013, la barre n’est-elle
pas placée trop haut pour relever le défi, en remettant l’ouvrage sur
le métier à Lausanne en début d’année prochaine ?
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Alors là, pas du tout ! Nous avons beaucoup de chance à Lausanne, il va
y avoir la prise de rôle d’Olga Peretyatko, qui est une très belle artiste,
jeune, qui convient parfaitement à ma conception du personnage, surtout
dans ce qu’on voit en scène. La production telle qu’on l’a faite nécessite
en effet une artiste dont on puisse voir la chair, dont on puisse sentir les
frémissements de la jeunesse. Vocalement l’une n’est pas égale à l’autre,
mais tant mieux ! C’était la première vraie production de Violetta de
Yoncheva à Monte-Carlo, et ce sera également la première Violetta de
Peretyatko. Un autre parallèle curieux est à relever, je suis membre du jury
Operalia (concours de chant dirigé par Placido Domingo) depuis 10 ans,
Olga Peretyatko © Uwe-Arens / SonyClassical
et l’une et l’autre sont des lauréates de ce concours. Il faut surtout disposer d’interprètes, et je suis sûr qu’avec Olga Peretyatko j’aurai une vraie
artiste, c’est cela qui compte énormément pour ce rôle. Avec le ténor
Ismael Jordi, je pense qu’on verra un très beau couple en scène, et très
musical en même temps ! La conception de la production restera la même,
mais après il est possible de s’adapter sur certaines choses. Je suis là pour
porter les artistes, et
ensuite le spectacle leur
appartient.
Propos recueillis par
François Jestin
LA TRAVIATA
Vendredi 6 février 2015, 20h
Dimanche 8 février 2015, 17h
Mercredi 11 février 2015, 19h
Vendredi 13 février 2015, 20h
Dimanche 15 février 2015,
15h
«La Traviata» © Opéra de Monte-Carlo 2013
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dans ses opéras légers, proche d’un théâtre de
l’absurde. Ce qui en fait un auteur toujours
vivant, capable y compris de captiver un jeune
spectateur de notre XXIe siècle.
opéra de lausanne : entretien avec emilio sagi
Tancredi
Issu d’une famille glorieuse de chanteurs de zarzuela, Emilio Sagi a fait ses
premières armes de metteur en scène dans ce répertoire, à côté de l’opéra
international qui ne l’a jamais quitté. Directeur successif de différentes
institutions lyriques en Espagne, il est aussi l’un des concepteurs scéniques les
plus recherchés de la planète opératique. Il revient à l’Opéra de Lausanne
pour Tancredi.
contes médiévaux. J’ai donc choisi
d’être proche des narrations historiques, quasi cinématographiques,
telles qu’on les a connues au XXe
siècle.
Apparemment, Rossini est
l’un de vos compositeurs favoris.
Qu’est-ce qui vous séduit dans
son style, et spécialement dans
Tancredi ?
Sa capacité d’approche et de recyclage de la musique me paraît
géniale. Un air qui serait excessivement comique ou superficiel dans
tout autre œuvre, atteint chez lui,
par la musique même, une intense
profondeur dramatique. Cette utilisation aigüe de ses propres possibilités me paraît des plus fines, en
même temps que très moderne.
Avez-vous d’autres projets pour
Lausanne, Genève et la Suisse ?
Oui, j’ai un autre projet avec l’Opéra de
Lausanne dans un futur prochain. Son équipe
est d’une grande qualité et le théâtre est un
joyau. À Genève, j’ai travaillé il y a quelques
années, mais je ne suis pas revenu.
Propos recueillis par Pierre-René Serna
TANCREDI
Vendredi 20 mars 2015, 20h
Dimanche 22 mars 2015, 17h
Mercredi 25 mars 2015, 19h
Vendredi 27 mars 2015, 20h
Dimanche 29 mars 2015, 15h
Conférence Forum Opéra
Mardi 3 mars 2015, 18h45
Salon Alice Bailly de l'Opéra de Lausanne
Conférencier: Paul-André Demierre
Conférence Université de Lausanne
Mercredi 18 mars 2015, 17h15
Grange de Dorigny
Conférencier: Damien Colas
Samedi 2 mai 2015, 20h
Diffusion de l'œuvre dans À l'Opéra - rendez-vous
Espace 2
Emilio Sagi
Est-ce la première fois que vous mettez en scène Tancredi ?
J’ai mis en scène presque tous les opéras bouffes de Rossini, mais c’est la bien première fois
que je m’attaque à l’un de ses opéras seria. J’en
suis d’autant plus excité et heureux, s’agissant
d’un compositeur pour lequel j’ai une particulière prédilection.
Pourriez-vous nous livrer les principales lignes directives de votre conception
scénique ?
Je ne me suis pas fixé sur une lecture épique de
cette œuvre d’un Rossini de jeunesse. Je la vois
davantage comme une haute comédie, avec des
personnages d’une grande noblesse, d’une
morale épurée et d’une énorme élégance, du
début jusqu’à la fin. Je ne souhaite pas entrer
dans un monde stéréotypé de marionnettes ni de
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Pourrait-on
avancer, sans trop se
tromper, que Rossini est
procède d’un esprit proche de la zarzuela, que
vous-même connaissez si
bien ?
Oui, on pourrait en effet le
penser, par sa fraîcheur
dans la manière de composer. En même temps, et
l’on est pas non plus si
éloigné de la zarzuela, par
sa façon d’écrire en
séquences étanches, mais
liées, je crois que Rossini
est très contemporain. Ou
dans sa façon d’entremêler des histoires, surtout
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Anna Bonitatibus sera Tancredi
© Frank Bonitatibus
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SOLARIS, un roman,
deux films, un opéra
opéra de lausanne
Solaris
On connaît le roman de Lem, publié en 1961 et l'on sait que trois films en
ont été tirés : en 1972, Andrei Tarkovsky, signait une première version
cinématographique en Russie après une adaptation télévisée due à Boris
Nirenburg diffusée par la télévision russe en 1968 déjà ; et trente ans plus
tard, ce fut à Steven Soderbergh, de donner sa version, tournée aux EtatsUnis. Au tour maintenant de l’opéra créé avec la collaboration du danseur
Nicolas Le Riche.
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Nicolas Le Riche a fait toute sa carrière à
l’Opéra de Paris. Elève de l’école de danse, il
entre dans le corps de ballet en 1988, gravit
chaque année un échelon de la hiérarchie et est
nommé en 1992 danseur étoile. Il est l’interprète brillant de tous les grands rôles, aussi bien
classiques que contemporains. Il danse tous les
ballets de Roland Petit notamment Le Rendezvous, Le Jeune homme et la mort et Clavigo
qu’il crée en 1999. Nicolas Le Riche est également chorégraphe. Il est l’auteur, en 2004, de
Caligula, ballet autour de la vie de l’empereur
romain sur les Quatre saisons de Vivaldi et un
livret de Guillaume Gallienne.
Nicolas Le Riche a pris sa retraite du Ballet
de l’Opéra de Paris en juin dernier pour démarrer de nouveaux projets. Il mène une tournée
d’adieux en France et en Europe. Intitulé
Itinérances, le programme comporte entre autres, sa nouvelle création, Odyssée sur une
musique d’Arvo Part. Il est accompagné de
Clairemarie Osta, danseuse étoile de l’Opéra de
Paris, et de Russel Maliphant. Nicolas Le Riche
terminera cette tourné au Théâtre des ChampsElysées les 4 et 5 novembre prochains.
Nicolas le Riche dansera également dans
Solaris, opéra de Dai Fujikura d’après le roman
de Stanislas Lem chorégaphié par Saburo
Teshigawara. Coproduction de l’Opéra de
Lausanne, de l’Opéra de Lille du Théâtre des
Champs-Elysées et de l’IRCAM, Solaris sera
présenté au Théâtre des Champs Elysées les 5 et
7 mars 2015 et à l’Opéra de Lausanne les 24 et
26 avril 2015.
Nicolas Le Riche © Anne Deniau
Saburo Teshigwara
Stéphanie Nègre
SOLARIS, création mondiale
Vendredi 24 avril 2015, 20h
Dimanche 26 avril 2015, 15h
Conférence Forum Opéra. Mardi 21 avril 2015, 18h45
Salon Alice Bailly de l'Opéra de Lausanne
Conférencier: Georges Reymond
Lorsque parut en 1961 le roman de
Stanislas Lem, on parla d’un total renouveau de
la science-fiction. Ce roman qui parlait de
recherches effectuées pour entrer en contact
avec une étrange planète et des transformations
que subissaient les chercheurs envoyés en mission spatiale, donnait satisfaction aux scienti-
Daï Fujikura
fiques par la justesse de ses données et séduisait
les philosophes par les questions qu’il soulevait.
Tarkovski proposa en 1972 une version
cinématographique du roman : avec très peu de
moyens, il devait renoncer aux effets spectaculaires et mit donc l’accent sur la dimension philosophique, voire mystique de l’œuvre : l’homme face à ses limites, face à ses peurs de ce que
sera le futur, de ce qu’il deviendra dans ce futur
et de ce que lui révélera la rencontre de
l’Autre…
Soderbergh, dans sa version cinématographique de 2002, évacue la dimension scientifique et réduit la dimension philosophique en
faisant de la quête du héros une question
psychologique : pour lui, qui se sent coupable
du suicide de celle qu’il aime, la rencontre de
l’Autre devient une possibilité de retrouver la
femme aimée. Le film transforme le roman de
Lem en une revisitation du mythe d’Orphée à la
recherche de son Eurydice.
Reste donc à se demander quel(s) aspect(s)
du roman initial privilégie l’opéra de Saburo
Teshigawara créé le 5 mars 2015 à Paris. Ouvret-il sur des questions philosophiques plus
contemporaines que celles du roman de Lem ?
Propose-t-il encore une nouvelle version du
mythe d’Orphée ?
Serge Lachat
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écriture parfois complexe et difficile, sans pour
autant renoncer à une musicalité variée et
expressive – qui, sous la baguette experte d'Arie
van Beek, promet de trouver un merveilleux
support dans le monde imaginaire conçu par
Lilo Baur ».
opéra de lausanne : the once and future papageno
Benoît Capt
Rencontre avec le baryton genevois, qui sera présent cette saison sur les
scènes de Genève et de Lausanne, tout en œuvrant activement à la
mise en valeur du Lied.
On époussette d'un revers de main la fine
couche de poussière qui atteste le passage des
ans, et on ajuste son bec de pingouin... Le plumage, en un instant, retrouve son éclat
– et le ramage le suivra bientôt, pour
relancer, cinq ans après, l'écho des « pa
pa pa pa... » passés. Après avoir incarné
pour la première fois Papageno dans La
Flûte enchantée présentée à l'Opéra de
Lausanne en mars 2010, Benoît Capt
retrouvera en juin prochain le costume
de pingouin dans lequel il avait été justement ovationné. « C'est la première
fois que j'aurai l'opportunité de reprendre un rôle dans une production à
laquelle j'ai déjà participé plusieurs
années auparavant, avec des partenaires différents », explique l’intéressé, se
réjouissant de cette nouvelle expérience. Le metteur en scène Pet Halmen
nous ayant quittés en 2012, c'est le
directeur de l'Opéra, Eric Vigié, qui
redonnera vie au travail de celui qu'il
considère comme son maître. Par
ailleurs, Diego Fasolis remplacera
Theodor Guschlbauer à la baguette et
Benoît Capt sera le seul chanteur de la
distribution de 2010 à être à nouveau de
la partie. « Ce sera passionnant d'explorer à nouveau ce rôle, dans des
repères à la fois identiques et totalement neufs », ajoute-t-il.
Le même et l’autre
La question du même et de l'autre, il s’y
sera déjà frotté quelques mois plus tôt, lors de la
création du Petit prince de Michaël Levinas. La
problématique de la rencontre de l’Autre n’estelle pas au cœur de cette parabole que Levinas a
choisie pour son quatrième opus lyrique – et
dont la dimension de conte philosophique n’est
d'ailleurs pas sans rappeler La Flûte enchantée ?
Benoît Capt incarnera cette altérité à travers les
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Mélodie
trois figures du Vaniteux, du Financier et du
Géographe. Commandé à Levinas par les opéras
de Lausanne et de Lille, ce Petit prince se veut,
Benoît Capt : Papageno en 2010
à l’image du récit de Saint-Exupéry, un conte
pour enfants destiné (aussi) aux adultes.
L’œuvre sera créée à Lausanne le 5 novembre et
partira ensuite sur les chemins d’Europe : Lille,
Genève (eh oui, Genève et Lausanne collaborent !), Paris (Théâtre du Châtelet), puis la
Wallonie. Pour Benoît Capt, c’est une autre
expérience nouvelle que de participer à la création d'un ouvrage : « Nous avons reçu récemment les partitions, et la musique de Michaël
Levinas, à ce qu’il me semble, cherche à s’adresser à un public large mais exigeant: une
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e
En marge de ses passages sur les scènes
d'opéras, Benoît Capt consacre aussi beaucoup
de passion et d'énergie à la défense du répertoire de la Mélodie. C’est dans cette perspective
qu’il a fondé, il y a deux ans, l’Association Lied
et Mélodie, dont il assume la responsabilité
artistique. Dans ce cadre, il a lui-même chanté,
l'an dernier, une superbe Winterreise aux côtés
d’Eric Schneider et les trois cycles de
mélodies de Moussorgsky, accompagné
par Alexis Golovine. Lied et Mélodie
invite également des jeunes duos à se
produire : tout récemment, la mezzosoprano Lamia Beuque accompagnée
par Claire Schwob, et le ténor André
Gass - bien connu du public lausannois
– accompagné par Guy-François
Leuenberger, ont ajouté leurs noms à la
liste des jeunes musiciens pour qui l’art
du chant s'exerce aussi bien sous les
feux de la rampe que dans l’intimité
d'un dialogue entre voix et piano.
« Pour un chanteur, la préparation
d'une soirée de récital est une expérience radicalement différente de celle
d’une production d’opéra : si la prestation est vocalement au moins aussi exigeante qu'un rôle, elle requiert d'autres
qualités, un tout autre type de concentration, et elle engage un rapport au
public très différent. C’est un des bonheurs de ce métier que de pouvoir passer de l’un à l’autre... Et il me semble
par ailleurs que l’offre musicale, en
matière de musique de chambre pour
voix et piano, est encore trop rare en
Suisse romande si l'on songe à l'étendue du
répertoire ! »
Propos recueillis par
Christophe Imperiali
Références : http://www.benoitcapt.com http://www.liedetmelodie.org
LA FLÛTE ENCHANTÉE
5 juin 2015, 20h - 7 juin 2015, 17h - 10 juin 2015, 19h
12 juin 2015, 20h - 14 juin 2015, 15h
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o p é r a
die, qui elle aussi doit rester intelligible pour
les petites oreilles ?
entretien avec michaël levinas
Le Petit Prince
Michaël Levinas est un compositeur aguerri dans le domaine de l’opéra, avec
des ouvrages couronnés d’un succès plutôt rare pour la musique
contemporaine. C’est en toute logique qu’Éric Vigier a fait appel à lui pour
le Petit Prince, une commande de l’Opéra de Lausanne.
Il semble que ce soit la première fois
que vous vous attaquez à un opéra « tout
public ». Comment avez-vous été amené à
cette aventure ?
44
Tous les opéras sont dans mon esprit destinés à
tout public. Ce que je considère avoir fait par le
passé, par exemple avec les Nègres, représenté
trente fois à Lyon, au Grand Théâtre de Genève et
en Allemagne… Ma musique n’est pas strictement spécialisée. Ce n’est pas un hasard que ce
soit une maison comme l’Opéra de Lausanne qui
ait pris cette initiative, co-commanditaire avec
l’Opéra de Lille ; qui, lui, m’avait déjà commandé mon opéra la Métamorphose. Cette coproduction sera ensuite reprise par le Châtelet, le Grand
Théâtre de Genève et l’Opéra de Liège. J’ajoute
que dans ce cas, l’Opéra de Lausanne fait preuve
d’une audace absolument unique, puisque c’est
lui-même qui édite la partition de mon opéra.
Pourquoi avoir choisit ce sujet ?
Pourquoi Saint-Exupéry ?
Le sujet m’a été proposé par Éric Vigier. Il m’avait demandé un opéra pour enfant, et dans un
premier temps j’avais parlé de Peter Pan. Il m’a
alors orienté vers le Petit Prince. Ce qui pour
moi était presque prédestiné, puisque c’est un
texte que je connais depuis ma tendre enfance.
Un texte d’une profondeur totale, avec un mes-
sage
extrêmement
complexe, traitant de
problématiques qui
nous sont contemporaines : les questions du
fascisme, de l’apprivoisement, de l’identité et
de la mort.
Écrire
un
opéra pour enfants
est un art difficile.
Comment
rester
accessible pour de
jeunes oreilles, sans
trahir votre esthétique musicale ?
Effectivement, c’est un
Décor de hautes montagnes imaginé par Julian Crouch
art difficile. Le modèle
de Saint-Exupéry m’a
Vous faites référence, dans la présentoutefois beaucoup servi. C’est une adresse à
l’humanité entière, sublimée par l’adresse aux tation de votre opéra, à Mozart. En
enfants. Comme chez Perrault, Colette ou La quoi serait-ce une influence ?
Fontaine, la stylisation et la poétique restent Il y a des pas de deux, des jeux, entre le Petit
Prince et l’Aviateur, qui ne sont pas sans évoaccessibles pour les enfants. C’est sa grandeur.
quer ces duos sublimes de l’opéra mozartien.
Peut-on dire que dans cet opéra vous Mais il y a davantage, comme on le dit souvent
avez modifié, ou fait évoluer, votre langage pour Mozart, une complicité avec le monde de
musical ?
l’enfance. Dans Saint-Exupéry, on évoque
Il n’y a pas de trahison de mon langage musical. pareillement les éléments les plus cruels de
Je n’ai pas fait des grimaces pour les enfants, ni l’humanité, tout à l’adressant au monde de l’enn’ai pris une voix de puériculteur… Ce qui est fance. Et en mettant ces questions dans le chant
passionnant dans ce projet, c’est qu’il m’a obli- de l’enfant.
gé à une exigence d’évidence, de grâce, au sens
Propos recueillis par Pierre-René Serna
des auteurs du XVIIIe siècle. Avec toujours le
souci de ne me réfugier dans aucun subterfuge.
Il y a eu en quelque sorte un avant, et il y aura LE PETIT PRINCE
un après dans mon expérience musicale. La syn- Mercredi 5 novembre 2014, 15h
taxe de Saint-Exupéry appelle une musique très Mercredi 5 novembre 2014, 19h
spécifique, qui aura une influence énorme sur Vendredi 7 novembre 2014, 19h
Samedi 8 novembre 2014, 17h
l’avenir de mon écriture, je pense.
Comment abordez-vous votre rôle de
librettiste ? Tenez-vous compte de la proso-
Michaël Levinas
e
Mon rôle a consisté à faire du texte une pièce de
théâtre, sans récitant. C’est-à-dire que
l’Aviateur est sur scène et joue, ne raconte pas
d’histoire. Ce qui modifie fondamentalement le
travail. Quant à la prosodie, elle est toujours
essentielle chez moi. Intelligible pour les petites
oreilles, veut dire aussi pour les grandes, et pour
toutes les cultures.
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Dimanche 9 novembre 2014, 15h
Dimanche 9 novembre 2014, 19h
Mercredi 12 novembre 2014, 18h
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saison lyrique
CONCERTS
Grand Théâtre
de Genève
I Capuleti e i Montecchi
de Vincenzo Bellini - version de concert
avec Elīna Garanca (Romeo) et
Aleksandra Kurzak (Giulietta
Deutsche Radio Philharmonie SaarbrückenKaiserslautern, dir. Karel Mark Chichon
Chœur du Grand Théâtre de Genève
dir. Alan Woodbridge
le 30 novembre 2014 à 19h30
Angela Gheorghiu
Avec l'Orchestre de la Suisse Romande
le 13 mai 2015 à 19h30
OPÉRAS
Eugène Onéguine
de Piotr Ilitch Tchaikovskï
Représentations
les 9, 11, 13, 15 et 17 octobre 2014 à 19h30
le 19 octobre 2014 à 15h
RÉCITALS
Patricia Petibon
Accompagnée au piano par Susan
Manoff
Le 20 décembre 2014 à 19h30
La Grande-Duchesse de Gérolstein
de Jacques Offenbach
Représentations
les 15, 17, 19, 23, 26, 29 et 31 décembre
2014 à 19h30, le 21 décembre 2014 à 15h
Natalie Dessay - Laurent Naouri
Accompagnés au piano par Maciej
Pikulski
Le 28 janvier 2015 à 19h30
Le Petit Prince
de Michaël Levinas
Représentations
les 6, 7, 8, 9 et 10 janvier 2015
à 19h30
Michael Volle
Accompagné au piano par Helmut
Deutsch
Le 4 mars 2015 à 19h30
Iphigénie en Tauride
de Christoph Willibald Gluck
Représentations
les 25, 27, 29, 31 janvier, 2, 4 février
2015 à 19h30
Messa da Requiem
de Giuseppe Verdi
En version concert - Au Victoria Hall
Représentations
les 8, 10 et 13 mars 2015 à 19h30
le 11 mars 2015 à 20h
Medea
de Luigi Cherubini
Représentations
les 9, 15, 18, 21 et 24 avril 2015 à 19h30
le 12 avril 2015 à 15h
Fidelio
de Ludwig van Beethoven
Représentations
les 10, 12, 16, 18, 23 et 25 juin 2015 à 19h30,
le 21 juin 2015 à 15h
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Diana Damrau
Accompagnée à la harpe par Xavier de
Maistre
Le 23 avril 2015 à 19h30
Jennifer Larmore sera Medea, en avril 2015
Porgy & Bess
de George Gershwin, DuBose
et Dorothy Heyward et Ira Gershwin
Représentations
les 13, 14, 15, 16, 18, 19, 20, 21, 22,
23, 24 février 2015 à 19h30,
le 15 février 2015 à 15h
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BALLETS
SPECTACLES
Ballet du Grand Théâtre
Casse-Noisette
Chorégraphie : Jeroen Verbruggen
création mondiale
Représentations
les 13, 14, 15, 17, 18, 19, 20 et 21 novembre
2014 à 19h30
Le Procès d’Iphigénie
Mise en scène : Alain Carré
avec les orateurs Marc Bonnant,
Bernard-Henri Lévy et Alain Carré
Le 3 février 2015 à 19h30
Cloud Gate Dance Theater de Taiwan
Water Stains on The Wall
Chorégraphie : Lin Hwai-min
Représentations
les 11, 12, 13 et 14 mars 2015 à 19h30
Ballet du Grand Théâtre de Genève
Salue pour le monde
Chorégraphie : Joëlle Bouvier
création mondiale
Représentations
les 21, 22, 26, 27, 28, 29, 30 mai 2015
à 19h30, le 31 mai 2015 à 15h
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Contes de la lune vague après la pluie
Opéra de chambre de Xavier Dayer
Ensemble Linea, dir. Jean-Philippe Wurtz
le 29 mars 2015 à 17h
Le Procès de Médée
Mise en scène : Alain Carré
avec les orateurs Marc Bonnant,
Bernard-Henri Lévy et Alain Carré
Le 16 avril 2015 à 19h30
Billetterie :
T + 41 22 322 50 50
du lundi au samedi de 10h à 18h
[email protected]
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s a i s o n s
David Herman (qui fut l'auteur de la mise en
scène des Joyeuses commères de Windsor à
Lausanne au printemps dernier).
saison lyrique
Zurich
Couronnée 'Opéra de l'année' pour 2014, la troupe de Zurich continue à faire
les grands titres dans la presse internationale tant par l'originalité de sa
programmation que par celle des propositions scéniques qui s'affichent tout au
long de la saison
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Le 21 septembre, la saison s’est ouverte sur
un nouveau Lohengrin mis en scène par le
Directeur de la maison, Andreas Homoki. Déjà
présenté à Vienne où il n'a pas fait l'unanimité,
ce spectacle dirigé par la cheffe australienne
Simone Young permettra d'entendre Christof
Fsichesser en Henri l'Oiseleur, Klaus Florian
Vogt en Lohengrin, Elza van den Heever en
Elsa, Petra Lang en Ortrud et Martin Gantner en
Telramund. Le soir précédent, les jeunes artistes
de l'Opéra Studio auront déjà offert un nouvel
opéra pour enfants, Die Gänsemagd, un spectacle pour lequel toutes les places sont offertes
gratuitement à la population du lieu. The Turn
of the Screw de Benjamin Britten entre au
répertoire le 2 novembre sous la direction de
Constantin Trinks et dans une mise en scène de
Willy Decker avec Pavol Breslik en Peter Quint
et Layla Claire en Gouvernante. Une nouvelle
Zauberflöte de Mozart, dirigée par Cornelius
Meister et mise en scène par Tatjana Gürbaca
sera la dernière création lyrique scénique de
l'année. Mauro Peter y sera Tamino, Christof
Fischesser Sarastro, Mari Eriksmoen Pamina,
Olga Pudova la Reine de la Nuit et Ruben Drole
Papageno (dès le 7 décembre).
Mari Eriksmoen © Sveinung Bjelland
Marco Armiliato sera au pupitre alors que le
déroulement scénique de l'action est confié à
Il faudra attendre le 14 février pour assister
à la première suivante consacrée à Juliette de
Bohuslav Martinu. La direction en sera assurée
par Fabio Luisi, la mise en scène par Andreas
Homoki tandis qu'Annette Dasch sera Juliette.
Le 8 mars verra la création de Rote Laterne, un
nouvel opéra de Christian Jost dirigé par Alain
Altinoglu. Julia Riley, Marlis Petersen, Ivana
Rusko Rod Gilfry et Anna Goryachova figurent
dans la distribution.
Comme de coutume, les reprises ne sont
pas à négliger du côté de Zurich. On ne peut les
citer toutes, mais ceux qui aiment certains
grands noms seront comblés en apprenant
qu'Anna Netrebko sera Anna Bolena dès le 20
mars, que Diana Damrau torturera son paysan
d'amoureux (alias Pavol Breslik) dans l'Elisir
d'amore en juin, qu'Evelyn Herlizius, Roberto
Sacca, Emily Magee, Birgit Remmert et
Thomas Johannes Mayer seront réunis en
novembre pour quatre représentations exceptionnelles de Frau ohne Schatten de Strauss ou
encore que Nina Stemme sera Isolde aux côtés
de Stephen Gould et Michelle Breedt dans
Tristan und Isolde dès le 25 janvier. Ajoutez à
cela Maria Agresta et Marco Berti dans Norma
(dès le 31 janvier), Fabio Sartori, Leo Nucci et
Elena Mosuc dans Luisa Miller de Verdi depuis
le 16 décembre, Sonya Yoncheva et Ismael Jordi
en Lucia di Lammermoor dès le 4 avril, Cecilia
Bartoli et Lawrence Brownlee en Cenerentola
de Rossini pour les Fêtes, Anja Kampe dans
Fidelio en avril et mai 2015 et Hanna Schwarz,
Evelyn Herlizius et Emily Magee en Elektra en
fin de saison, dès le 28 juin ou encore EvaMaria Westbroek dans Ariadne auf Naxos aux
côtés de Roberto Sacca dès le 15 février. La liste
n'est - de loin ! - pas exhaustive. Rendez-vous
sur http://www.opernhaus.ch/....
Eric Pousaz
Une nouvelle Traviata sera dévoilée le 18
avril avec Anita Hartig puis Ailyn Perez en
Violetta, Pavol Breslik ou Matthew Polenzani
en Alfredo et Quinn Kelsey en Germont père.
a
Le 8 mai, un nouvel opéra sera créé sur la
scène de l'Opéra Studio, Fälle d'Oscar Strasnoy
avant que ne soit jouée pour la première fois ici
La verita in cimento de Vivaldi avec Ottavio
Dantone au pupitre, Jan Philipp Gloger à la
régie et une distribution comprenant les noms
de Julie Fuchs, Christoph Dumaux, Delphine
Galou et Anna Goryachova. La dernière nouvelle production de la saison sera dévoilée le 21
juin. Bellini et son ouvrage I Capuleti e i
Montecchi (autrement dit : Roméo et Juliette)
verront réunis les talents de Fabio Luisi en fosse
et de Christof Loy pour la réalisation scénique
du drame où mourront les amants tragiques
incarnés par Joyce DiDonato et Anita Hertig.
Rendez-vous sur http://www.opernhaus.ch/....
Ismael Jordi
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Berne
La saison bernoise s'est ouverte le 28 septembre avec Armide de Gluck en version française donnée avec la complicité du chef suisse
Mario Venzago. Suivront Die Zauberflöte de
Romei se partageront le rôle d'Hofmann tandis
que Agata Wilewska, Maya Boog et Sunyung
Seo seront les trois incarnations féminines qui
ruineront le poète sous les yeux railleurs du
Lindorf de Simon Bailey ou Jacek Strauch.
Giuliano Betta et Massimo Rocchi présenteront
ensuite leur version du Don Pasquale de
Donizetti dès le 24 octobre avant que Calixto
Bieito ne s'attaque à l'Otello de Verdi le 29
novembre avec Svetlana Ignatovich en
Desdemona et Kristian Benedikt en Maure.
L'année 2015 commencera avec la rare
Médée de Charpentier donnée en français avec
la complicité des artistes de la Schola Cantorum
sous la direction d'Andrea Marcon avec, en
prime, Magdalena Kozena dans le rôle de la
princesse de Colchide (15 janvier). Une autre
rareté, Daphne de Strauss sera présentée avec
Agneta Eichenholz et Rolf Romei dès le 13
Sebastien Soules est Hidraot dans «Armide»
Mozart le 23 novembre, flanquée de sa petite
sœur pour les enfants dès le 3 décembre. La
nouvelle année s'ouvrira sur Salome de Richard
Strauss le 17 janvier avant L'Orfeo de
Monteverdi donné à partir du 1er mars. Deux
projets originaux en fin de saison encadreront
un Château de Barbe-Bleue de Bartok donné
dans l'ancien manège de la ville le 17 mai : Das
brennende Haus d'après un drame de Garcia
Lorca fera intervenir la danse, la musique et le
théâtre dans un projet qui veut explorer de nouvelles voies dans l'univers théâtral d'aujourd'hui,
tandis que Schaf se veut un projet plus directement musical avec des emprunts à Purcell,
Haendel et Monteverdi (dès le 23 mai).
Eric Pousaz
Bâle
Pour sa dernière année à la tête de l'institution bâloise, George Delnon a voulu passer en
revue les différents temps fort de sa carrière sur
les bords du Rhin et a invité tout une série d'artistes qui l'ont gratifié de leur travail pendant ses
presque dix ans passés à la tête de cette institution. L'ouverture s’est faite le 16 septembre
avec la création de Föhn sur des musiques de
Fortunat Fröhlich, un titre immédiatement suivi
de Les Contes d'Hoffmann d'Offenbach le 17
septembre, monté par Elmar Goerden dans la
version française avec la complicité d'Enrico
Delamboye à la direction. Marc Laho et Rolf
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Svetlana Ignatovich est Desdemona dans «Otello»
© Toni Suter + Tanja Dorendorf
février sous la direction de Tomas Hanus. Les
jeunes chanteurs de l'Opernstudio APELé ICI :
OperAvenir donneront leur version du Viol de
Lucrèce de Britten dès le 29 mars avant que
Calixto Bieito ne revienne pour un Cosi fan
tutte qui promet de belles surprises dès le 24
avril. La saison se terminera sur la création d'un
opéra de Peter Ruzicka, Hölderlin, eine
Expedition, que mettra en scène Vera
Nemirova. Précisons encore que l'oratorio
Judith triumphans de Vivaldi sera donné sous
la direction d'Andrea Marcon dans une version
chorégraphiée par Richard Werlock dès le 13
mars avec la complicité des artistes de la Cetra,
l'orchestre bâlois de la Schola Cantorum spécialisé dans ce répertoire. La rencontre de la danse
contemporaine et de la musique exécutée à l'ancienne laisse espérer une soirée pour le moins
inattendue...
Strasbourg
La saison de l’Opéra du Rhin s'ouvre
comme de coutume avec une création française
donnée dans le cadre du festival de musique
contemporaine de Strasbourg. Cette année, ce
sera Quai West, un opéra en trente séquences de
Régis Campo d'après une œuvre de BarnardMarie Koltès. Dirigé par Marcus Bosch et mis en
scène par Kristian Frédric, il verra briller les
talents de Paul Gay, Mireille Delunsch, MarieAnge Todorovitch et Hendrikje Van Kerkhove.
L'Amico Fritz de Mascagni dirigé par Paolo
Carignani sera proposé dans la relecture de
Vincent Broussard avec Teodor Ilincai dans le
rôle titre et Brigitta Kele dans celui de la jeune
femme amoureuse mais d'abord rejetée. La Vie
Parisienne d'Offenbach permettra de passer les
Fêtes dans la bonne humeur avant la création
française de La Belle au Bois Dormant, un opéra
pour enfants d'Ottorino Respighi. Dès le 6
février, Mozart revient à l'affiche avec sa
Clemenza di Tito chantée par Benjamin Bruns,
Jacquelyn Wagner et Stéphanie d'Oustrac dans
une réalisation scénique de Katharina Thoma et
sous la direction d'Andreas Spering. Dès le 20
mars, Il matrimonio segreto de Cimarosa sera
confié aux jeunes voix de l'Opéra Studio tandis
que Wagner fête son retour sur les bords du Rhin
avec un Tristan und Isolde dirigé par Axel Kober
et Anthony McDonald dès le 18 mars. Ian Storey
et Melanie Diener incarneront le couple fatal
sous les yeux du Roi Marke d'Atila Jun et de la
Brangäne de Michelle Breedt. La saison se terminera avec La dame de pique de Tchaïkovski dans
la réalisation que Robert Carsen a signée pour
l'Opéra de Zurich au printemps dernier (dès le 16
juin). Sous la direction de Marko Letonja, Misha
Didyk sera Hermann aux côtés de la Lisa de
Tatiana Monogarova et face à la Comtesse de
Stefania Toczyska. Divers spectacles de ballet,
concerts et récitals complètent une affiche particulièrement riche cet hiver.
Eric Pousaz
Eric Pousaz
Michelle Breedt sera Brangäne
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s a i s o n s
saisons lyriques
Berlin
Malgré leurs presque vingt représentations hebdomadaires, les trois Opéras
berlinois affichent un état de santé réjouissant: les taux de fréquentation sont
en hausse constante (le Komische Oper, élu 'Opéra de l'année 2013', a même
vu sa vente de billets augmenter de près de 20% en une année!), ce qui incite
leurs directeurs respectifs à faire preuve d'audace malgré les contractions
budgétaires qui se font sentir dans la capitale.
Deutsche Oper
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Le théâtre n'ouvrira ses portes qu'à la fin
novembre car le bâtiment nécessite de sérieux
travaux de rénovation. Il n'y aura donc que trois
nouvelles productions cet hiver: la première,
Lady Macbeth de Mzensk, de Chostakovitch, est
en fait une coproduction avec l'Opéra d'Oslo et ne
verra les feux de la rampe que le 25 janvier 2015.
La mise en scène est due à Ole Anders Tandberg,
alors que la direction musicale en est confiée au
chef de la musique de la maison, Donald
Runnicles. La distribution de prestige aligne les
noms de John Tomlinson, Evelyn Herlizius,
Maxim Aksenov, Nadine Secunde et Burkhard
Ulrich. Le deuxième spectacle sera une production maison confiée au ténor Rolando Villazón :
la rare Rondine de Puccini verra le jour le 8 mars
2015 sous la direction de Roberto Rizzi Brignoli
avec Dinara Alieva dans le rôle titre et Charles
Castronovo en Ruggero. Le 19 juin, Philip Stölzl
présentera sa vision du Faust de Gounod, un
spectacle qu'il a déjà réglé à l'Opéra de Bâle en
mars 2008. La direction est assurée par Marco
Armiliato, et les trois rôles principaux sont interprétés par Teodor Ilincai (le dernier Roméo lausannois), Ildebrando d'Arcangelo et Krassimira
Stoyanova. Dans le cadre des reprises, c'est surtout
le mini-festival Puccini avec six titres donnés en
version scénique, qui retiendra l'attention ainsi
qu'un chapelet de versions de concert (Dinorah de
Meyerbeer, Roberto Devereux de Donizetti,
Oresteia de Xenakis ou encore Ariadne auf Naxos
de Strauss...) données à la Philharmonie ou en
d'autres lieux improbables pour combler le trou
laissé par les trois premiers mois où la salle restera fermée...
Komische Oper
Ce théâtre vole de succès en succès depuis
qu'il a changé de directeur. La liste des premières
est impressionnante par la variété des styles abordés autant que par l'originalité des choix. Don
a
Giovanni ouvre les feux le 30 novembre, en
alternance avec la reprise d'An American Lulu
d'Olga Neuwirth. En mars, Gianni Schicchi de
Puccini et Le Château de Barbe-Bleue de Bartok
formeront sans aucun doute un duo de choc entre
les mains du metteur en scène catalan Calixto
Bieito. Le mois suivant, ce sera au tour de Moses
und Aron de Schönberg que le directeur de la maison, Barrie Kosky, mettra en scène lui-même pour
réaliser un de ses vieux rêves. Le 31 mai, ce sera
Giulio Cesare de Haendel donné contrairement
aux habitudes de la maison dans la langue originale italienne, la mise en scène étant confiée à Lydia
Steier et la direction musicale à Konrad Junghänel.
Dans un registre plus léger, La Belle Hélène
d'Offenbach voisinera avec Arizona Lady
d'Emmerich Kalman et Eine Frau, die weiss was
sie will d'Oscar Strauss, alors que Ball im Savoy
de Paul Abraham et Clivia de Nicol Dostal achèvent d'offrir d'intéressantes perspectives aux amateurs soucieux d'aller au-delà des traditionnelles
Chauve-souris et autre Veuve Joyeuse.
Staatsoper
Cette année, le Staatsoper est l'institution qui
offre le panorama le plus large de la production
lyrique internationale. Letzte Tage, un projet de
Christoph Marthaler ouvre les feux en septembre
déjà. Il sera suivi d'une nouvelle Tosca qui remplacera une production restée plus de trente ans au
répertoire. la mise en scène sera réglée par Alvis
Hermanis, qui fut l'auteur du dernier Trovatore de
Verdi à Salzbourg l'été passé, alors que Daniel
Barenboïm dirigera pour l'occasion son premier
opéra de Puccini! La distribution verra s'affronter
Anja Kampe et Fabio Sartori à Michael Volle. Ivor
Bolton pour la musique et Claus Guth pour la
scène s'attaqueront le 15 novembre au Turn Of
The Screw de Benjamin Britten avec Richard
Croft, Maria Bengtsson. Marie McLaughlin et
Anna Samuil dans les rôles principaux. Après la
reprise en décembre de De la maison des morts de
Janacek en hommage à Patrice Chéreau récem-
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Liudmyla Monastyrska en Lady Macbeth au Staatsoper
ment disparu, le Staatsoper met à l'affiche une
nouvelle réalisation du Freischütz de Weber, une
œuvre dont on parle beaucoup mais qu'on joue
bien trop rarement. Sebastian Weigle est à la direction, Michael Thalheimer à la régie alors que
Dorothea Röschmann, Anna Prohaska, Falk
Struckmann et Burkhard Fritz se donneront la
réplique sur le plateau (dés le 18 janvier). Placido
Domingo se présentera aux Berlinois en compagnie de Rolando Villazón, René Pape et l'exceptionnelle Liudmyla Monastyrska en Lady incendiaire dans le rôle-titre du Macbeth de Verdi grâce
à la remise à l'affiche d'une mise en scène déjà
ancienne due à Peter Mussbach, le précédent
directeur de la maison. Le diptyque formé de Lulu
et Wozzeck de Berg dans la réalisation d'Andrea
Breth fera un tour de piste en février et en mars
avant une nouvelle version scénique de Parsifal
signée par l'enfant terrible du théâtre lyrique :
Dmitri Tcherniakov (28 mars) Daniel Barenboïm
y dirigera René Pape, Andreas Schager, Anja
Kampe, Matthias Hölle et Wolfgang Koch pour
quelques soirées données dans le cadre du Festival
de Pâques en alternance avec Tannhäuser. Le 26
avril, une autre rareté fera son entrée dans le répertoire maison : Emma und Eginhard de Georg
Friedrich Telemann sous la direction de René
Jacobs et dans la mise en scène de Eva-Maria
Höckmayr tandis que Robin Johannsen, Nicolay
Borchev et Sylvia Schwarz mènent la danse sur le
plateau. La dernière nouveauté de la saison sera un
rhabillage d'Ariadne auf Naxos de Strauss que
dirigera Ingo Metzmacher et que mettra en scène
Hans Neuenfels. Marina Prudenskaya, Camilla
Nylund et Roberto Sacca figurent en tête d'affiche
(dès le 14 juin)... Comme le veut une tradition
maintenant bien établie, la saison s'achèvera sur un
festival de musique contemporaine au cours
duquel seront présentées des versions scéniques de
Footfalls et Neither de Samuel Beckett dans la
réalisation musicale de Morton Feldman, Rein
Gold d'Elfriede Jelinek et Nicolas Stemann avec
des emprunts à Wagner, Originale de Karlheinz
Stockhausen ainsi que Matsukaze, un opéra de
Toshio Hosokawa monté par la chorégraphe Sasha
Waltz.
Eric Pousaz
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saisons lyriques
Vienne
Trois théâtres lyriques se partagent les faveurs de la clientèle avide de musique
pendant une saison qui s'étend du 1er septembre au 30 juin, les deux salles les
plus importantes que sont le Staatsoper et le Volksoper ouvrant leurs portes
presque tous les soirs.
Volksoper
L'Opéra populaire cultive avec une belle
constance les productions de la muse légère.
Chaque soir, opérettes et musicals se succèdent
sur sa grande scène. Quelques titres d'un répertoire intellectuellement plus exigeant méritent
tout de même d'être signalées ici, non sans avoir
rappelé que la tradition locale veut que la langue
allemande soit de rigueur. Mai verra la première de la nouvelle mise en scène de Cosi fan tutte
de Mozart confiée à Bruno Klimek. Parmi les
reprises, on notera la présence de Albert
Herring de Britten (mars 2015), Carmen (janvier 2015), Le nozze di Figaro (février 2015),
Viva la mamma de Donizetti (janvier 2015), La
bohème de Puccini, La flûte enchantée (septembre) et Fidelio (mars 2015).
Fischer et la direction à Leo Hussain. En novembre, Jean-Christophe Spinosi dirigera une nouvelle réalisation signée Lotte de Beer des
Pêcheurs de Perles de Bizet avec Diana Damrau,
Dmitry Korchak et Nathan Gunn dans les rôles
principaux.
An American Lulu d'Olga Neuwirth sera
présentée en décembre; il s'agit d'une autre
conclusion imaginée par la compositrice de la
Theater an der Wien
Dix nouvelles productions lyriques scanderont le programme annuel de ce théâtre historique qui a abrités les premières de La flûte
enchantée de Mozart et de Fidelio de
Beethoven. De nombreuses soirées de musique
de chambre ou symphonique ainsi que des opéras donnés en versions de concert achèvent d'attirer un public toujours plus friand de nouveautés... baroques.
La saison s'ouvre en septembre avec une
rareté, la première représentation locale de
Charodeyka (L'Ensorceleuse) de Tchaïkovski.
La mise en scène est assurée par Christof Loy, la
direction par Mikhail Taternmikov et la distribution, particulièrement fournie pour cet ouvrage,
comprend les noms de Johannes Martin Kränzle,
Agnes Zwierko, Maxim Aksenov, Martin Snell,
Asmik Grigorian et Hanna Schwarz. Octobre
verra les deux Iphigénie en Aulide et en Tauride
de Gluck couplées à l'affiche pour une même soirée. Ekaterina Siurina sera l'héroïne en Aulide,
Véronique Gens en Tauride. Michelle Breedt
incarnera Clytermnestre et Christoph Pohl
Agamemnon alors qu'après l'entracte, Rainer
Trost et Stephane Degout seront Pylade et
Oreste. La mise en scène est confiée à Torsten
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Adrian Eröd dans «The Tempest» au Staatsoper
partition de Lulu de Berg restée inachevée dont la
création a eu lieu au Komische Oper de Berlin il
y a peu et où elle sera reprise également cet hiver.
La production zurichoise de La straniera de
Bellini avec Edita Gruberova refera un tour de
piste viennois en janvier avant un nouveau triptyque fascinant consacré à l'écrivain français
Beaumarchais : il débutera par Il Barbiere di
Siviglia de Giovanni Paisiello (et non de
Gioacchino Rossini!) dirigé en février par René
Jacobs, mis en scène par Patrice Caurier et
Moshe Leiser et où Pietro Spagnoli, Topi
Lehtipuu et Mari Eriksmoen se partageront la
vedette. En avril, Marc Minkowski reviendra
pour une nouvelle réalisation des Nozze di
Figaro de Mozart que signera Felix Breisach, la
distribution alignant les noms d'Alex Esposito,
Emöke Barath, Stéphane Degout, Christine
Schäfer et Marianne Crebassa. Le triptyque s'achèvera en mai avec la première de la Mère coupable de Darius Milhaud confiée à la baguette de
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Leo Hussain avec Mireille Delunsch en Rosine,
Markus Butter en Almaviva, Andrew Owens en
León, Aris Argiris en Figaro et Angelika
Kirchschlager en Susanna.
Auparavant, mars aura vu la création mondiale de Geschichten aus dem Wiener Wald de
HK Gruber sous la direction du compositeur et
avec la complicité scénique que Michael
Sturminger. On y aura retrouvé avec plaisir les
noms d'Anja Silja et Angelika Kirchschlager
aux côtés d'Eva Liebau et Daniel Schmutzhard.
Parmi les versions de concert notables,
signalons Tamerlano, Alcina, Hercules et
Rinaldo de Haendel, Demofonte et La clemenza
di Tito de Gluck, King Arthur de Purcell, CinqMars de Gounod ou encore Zaïs de Rameau!...
Staatsoper
Six nouvelles productions rejoindront l'immense répertoire du Staatsoper au cours du prochain hiver. Idomeneo de Mozart ouvre les feux
le 5 octobre dans une production flambant
neuve de Kasper Holten avec Christoph
Eschenbach à la direction ainsi que Michael
Schade, Margarita Gritskova, Maria Bengtsson
et Chen Reiss dans les rôles principaux. Suivra
en novembre une nouvelle Khovantchina
confiée à Semyon Bychkov pour la direction et
Lev Dodin pour la partie scénique. Ferrucccio
Furlanetto, Christopher Ventris, Herbert
Lippert, Elisabeth Kulman en seront les principaux interprètes (dès le 15). Rigoletto subira
enfin un lifting scénique bienvenu le 20 décembre sous la baguette de Franz Welser-Möst et
Pierre Audi à la régie. On y entendra Piotr
Beczala en Duc de Mantoue, Erin Morley en
Gilda et Simon Keenlyside en Rigoletto.
L'an 2015 verra l'apparition au programme
d'une nouvelle Elektra confiée à Franz WelserMöst et Uwe-Eric Laufenberg pour la mise en
scène avec Anna Larsson en Klytämnestra, Nina
Stemme en Elektra, Anne Schwanewilms en
Chrysothemis et Falk Struckmann en Orest.
Après un Don Pasquale de Donizetti en avril et
mai 2015 que dirigera Jesus Lopez-Cobos et
mettra en scène Irina brook avec Michele
Pertusi, Juan Diego Florez et Valentina
Nafornita, la ronde des productions nouvelles se
terminera avec la première locale de The
Tempest de Thomas Adès dirigée par le compositeur en personne dans la version que Robert
Lepage a montée pour le Met de New-York. La
distribution, entièrement refaite, comprend les
noms de Stephanie Houtzeel, Adrian Eröd et
David Daniels.
Eric Pousaz
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saison lyrique
Milan
La tenue de l'Exposition Universelle pendant les six mois de la belle saison à
Milan marque de son empreinte le programme de la Scala. En effet, il n'y aura
exceptionnellement pas de pause pendant l'été, pour que les visiteurs aient
l'occasion de passer une soirée au frais dans ce magnifique théâtre climatisé...
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Deux événements marquent cette première (et peut-être dernière) saison organisée par le nouveau et déjà fort discuté directeur Alexander Pereira qui a quitté ses fonctions au Festival de Salzbourg après seulement trois ans, après avoir brillamment fait
ses preuves pendant plus de vingt ans à la
tête de l'Opéra zurichois. La traditionnelle
ouverture de gala du 7 décembre, jour de la
Saint-Ambroise qui est le saint patron de la
ville, verra Daniel Barenboïm monter pour
la dernière fois sur le podium en tant que
directeur général de la musique à Milan.
Fidelio de Beethoven sera à l'affiche dans
une nouvelle proposition scénique de
Deborah Warner avec Anja Kampe, Klaus
Florian Vogt et Peter Mattei dans les rôles
principaux. En janvier, dans le cadre d'un
premier accueil salzbourgeois, la Scala affichera les redoutables Soldaten de Zimmermann
avec Ingo Metzmacher au pupitre (il fut le chef
du dernier Ring genevois) et Laura Aikin en
Marie. Deuxième nouvelle production de la saison dès le 15 février : Aida qu'aurait dû diriger
Lorin Maazel sera finalement confié à Zubin
Mehta, la mise en scène étant assurée par Peter
Stein et la distribution alignant les noms de
Kristin Lewis, Anita Rachvelishvili, Fabio
Sartori, Carlo Colombara et Matti Salminen.
Rolando Villazon chantera dans «Lucio Silla»
© Felix Broede / DG
Mars sera consacré à une reprise de
Carmen avec Elina Garança dans le rôle titre
avant la première de l'autre événement lyrique
de la saison fixée au 1er mai, date qui coïncide
avec l'ouverture de l'Expo : Turandot de
Le 4 juillet, ce sera la première d'Otello
de Rossini sous la direction de John Elliot
Gardiner et dans une mise en scène de
Jürgen Flimm, l'actuel patron du Staatsoper
de Berlin. L'affiche, de nouveau, devrait
attirer les foules avec les noms de Olga
Peretyatko, Annalisa Stroppa, Gregory
Kunde (tous trois bien connus des
Lausannois), ainsi que la super-vedette du
moment : Juan Diego Flórez. Pour matelasser l'affiche, on reverra Tosca dans la mise
en scène de Luc Bondy dès le 22 juin avec
Béatrice Uria-Monzon et Roberto Alagna, Il
Barbiere di Siviglia de Rossini dans l'inusable production de Jean-Pierre Ponnelle et avec
la participation de Leo Nucci et Ruggiero
Raimondi dès le 27 juillet, La Bohème dans la
mise en scène de Zeffirelli et sous la direction
de Gustavo Dudamel dès le 19 août et L'elisir
d'amore de Donizetti à partir du 18 septembre.
La saison se terminera avec le Falstaff de
Robert Carsen avec Nicola Alaimo dans le rôle
titre (dès le 14 octobre) avant la création juste
après Salzbourg de Fin de partie, le nouvel
opéra de György Kurtag avec Marie-Ange
Todorovitch et Jean-Sébastien Bou dans les
rôles principaux et Ingo Metzmacher à la
direction.
Comme de coutume, la saison sera enrichie
de nombreux spectacles chorégraphiques, qui
rappellent à bon escient que Milan possède une
des meilleurs compagnies de ballet d'Europe, et
de non moins nombreux concerts confiées aux
baguettes les plus célèbres du moment.
Deux reprises d'autres théâtres viennent
enrichir le programme de ce mois inhabituellement riche pour Milan : ce sera d'une part
L'incoronazione di Poppea de Monteverdi,
montée pour Paris la saison dernière par Bob
Wilson avec Rinaldo Alesandrini à la direction
et Miah Persson, Monica Bacelli, et Sara
Mingardo sur scène, et d'autre part la production salzbourgeoise de Lucio Silla, un opéra que
le jeune Mozart a écrit expressément pour un
théâtre milanais, avec Marc Minkowski à la
direction et Lenneke Ruiten, Inga Kalna, Eva
Liebau, Rolando Villazón ainsi que Kresimir
Spicer dans les rôles principaux.
a
Puccini sera dirigé par le nouveau chef attitré de
la maison, Riccardo Chailly. La mise en scène
est assurée par Nikolaus Lehnhoff alors que le
rôle de la princesse de glace sera confié à Nina
Stemme et celui de Calaf, son audacieux prétendant à Aleksandrs Antonenko, Lucia di
Lammermoor avec Diana Damrau et Vittorio
Grigolo (28 mai) sera suivie de Cavalleria rusticana (12 juin) avec Jonas Kaufmann et Elina
Garanca, une œuvre courte couplée comme le
veut la tradition avec I pagliacci où brilleront
Fiorenza Cedolins et Marco Berti; le théâtre
devrait faire salle comble avec cette poignée
de noms célèbres qui fera la joie des estivants avides de vedettes.
Eric Pousaz
Plus d’informations sur :
http://www.teatroallascala.org/e
Laura Aikin sera la Marie des «Soldaten»
© Gérard Amsellem
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saisons lyriques
Londres
La capitale du Royaume-Uni vit toujours au rythme de ses deux maisons
d'opéra malgré les difficultés financières qui minent les budgets alloués à la
culture. A vrai dire, c'est surtout l'English National Opera qui voit son audience
diminuer à la suite de mise en scènes dont les parti-pris esthétiques plutôt
extrêmes (appelé ici eurotrash) ont fait fuir bon nombre de spectateurs fidèles...
Covent Garden
Légèrement moins audacieux que de coutume, le programme de la future saison au
Covent Garden promet tout de même quelques
belles surprises aux 'lyricophiles'.
Parmi les nouvelles productions locales, il
convient de citer I due Foscari, un opéra de jeunesse de Verdi qu'une approche superficielle
pourrait faire considérer comme une esquisse
du futur Simon Boccanegra. Le spectacle,
coproduit avec le Los Angeles Opera, permettra
à l'inusable Placido Domingo de se présenter
aux Londoniens dans un nouveau rôle de baryton à partir du 14 octobre. Autre nouvelle production, nettement plus exigeante : dès le 3
novembre, Idomeneo de Mozart dirigé par
Minkowski sera mis à l'affiche dans une mise en
scène de l'iconoclaste Martin Kusej avec
Matthew Polenzani en Idomeneo, Malin
Byström en Elettra et le contre-ténor Franco
Fagioli en Idamante. Suivra un nouveau Ballo
in maschera de Verdi conduit par Daniel Oren
avec Joseph Calleja en Ricardo. L'Orfeo de
Monteverdi, présenté avec de jeunes chanteurs dans une petite salle annexe précédera
l'événement que tout le monde attend :
Andrea Chenier de Giordano, revisité par
David McVicar, qui permettra au public
anglais de retrouver Jonas Kaufmann dans
une prise de rôle prometteuse dès le 20 janvier ; il sera entouré par Eva-Maria
Westbroek et Zejlko Lucic et la direction est
entre les mains du directeur général de la
musique, Antonio Pappano. Les trois derniers rhabillages scéniques de la saison sortent plus nettement de l'ordinaire. Ce sera
d'abord, dès le 10 avril, Grandeur et
Décadence de la ville de Mahagonny de
Brecht et Weill avec Anne Sofie von Otter et
Kurt Streit en têtes d'affiche dans un spectacle signé de John Fulljames; puis ce sera le
rare Roi Roger de Szymanowski, mené à la
baguette par Antonio Pappano avec le direc-
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années (à partir du 1er mai 2015). Enfin, une
production quasi intégrale de Guillaume Tell en
français attend les spectateurs dès le 29 juin
sous la direction de Pappano toujours avec
Gerard Finley dans le rôle titre et une mise en
scène de Damiano Michieletto (auteur du dernier Barbier de Séville à Genève), il sera entouré de Malin Byström et John Osborn. Parmi les
reprises intéressantes, il convient de retenir surtout celle d'Anna Nicole de Turnage, dont la
création a eu un succès retentissant ici même en
février 2011, du Vaisseau fantôme de Wagner
avec Bryn Terfel et Adriana Pieczonka en février
et celle du Falstaff de Verdi dans la mise en
scène de Robert Carsen (également présente à
l'affiche de la Scala milanaise) avec Ambrogio
Maestri en juillet. Et l'on ne compte pas les reprises innombrables des tubes que sont La flûte
enchantée, Rigoletto, Traviata et autres Bohème.
English National Opera
Malin Byström © Peter Knutson à Covent Garden
teur de la maison Kasper Holten à la régie et
l'incomparable Marius Kwiecien, déjà présent à
Paris dans ce rôle complexe il y a quelques
Le programme de la compagnie sœur est
moins fourni et s'étend sur une période plus courte, mais il n'est pas moins intéressant.. Après un
Otello verdien et un Serse haendelien en septembre, tous deux en langue anglaise, ce sera The
Girl Of The Golden West de Puccini qui sera
mise à l'affiche dès le 2 octobre dans une mise en
scène de Richard Jones et une distribution prometteuse (la “walkyrie“ Susan Bullock en
Minnie, notamment) réunie sous la baguette de
Keri-Lynn Wilson. Après Mozart (Figaro) et
Puccini encore (Bohème) ce sera, le 21 novembre, la création de The Gospel According To The
Other Mary, le nouvel opéra de John Adams. La
mise en scène est assurée par le très controversé
Peter Sellars, alors que la direction est
confiée à Joana Carneiro, Mary Magdalena
étant incarnée par Patricia Bardon. Suivra
une reprise des superbes Mastersingers Of
Nuremberg, un autre travail scénique captivant de Richard Jones (7 février) avant
quelques Traviata et enfin une inattendue
Indian Queen de Purcell dès le 26 février
dans la mise en scène de Peter Sellars déjà
présentée au Teatro Real de Madrid (dès le 26
février). De nombreuses reprises du Lac des
Cygnes et Casse-Noisette occuperont la scène
pendant la fin de l'année en compagnie d'un
spectacle pour enfants, The Way Back Home.
Eric Pousaz
Plus d’informations sur :
http://www.roh.org.uk/
http://www.eno.org/
Adrian Dwyer à L’English National Opera
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saison lyrique
Avignon
Avec Mireille et Hamlet, le répertoire français est à
nouveau à l’honneur à l’Opéra Grand Avignon, à égalité
avec les ouvrages italiens.
C’est donc avec la Mireille de Charles Gounod, dans la production
très provençale de Robert Fortune, que démarre fin novembre la saison
lyrique avignonnaise. On retrouve dans les rôles principaux Nathalie
Manfrino (Mireille) et Florian Laconi (Vincent), qui avaient vaillamment
défendu l’ouvrage en 2010 aux Chorégies d’Orange, aux côtés cette fois
de Sylvie Brunet-Grupposo (Taven) et Marc Barrard (Ourrias), sous la
baguette d’Alain Guingal.
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La Belle Hélène est au programme des fêtes de fin d’année – Julie
Robard-Gendre, Antoinette Dennenfeld, Stanislas de Barbeyrac, Marc
Barrard, mise en scène de Jérôme Savary, direction musicale de
Dominique Trottein –, puis en janvier c’est Don Pasquale qui sera proposé, dans la production d’Andrea Cigni : Simone del Savio dans le rôletitre, Anna Sohn en Norina, Roberto Fores Veses au pupitre.
Cyrille Dubois sera Coelio des «Caprices de Marianne» © DR
Suite de la séquence italienne en février avec La Bohème – Brigitta
Kele (Mimi), Florian Laconi (Rodolfo), Balàzs Locsàr (direction musicale), Nadine Duffaut (production) – puis Simon Boccanegra en mars dans
une distribution vocale très prometteuse : George Petean (Simon), Barbara
Haveman (Amelia), le chef Alain Guingal et la production de l’Opéra de
Tours signée de Gilles Bouillon.
A la suite de son premier projet lancé en 2008 sur le Viaggio a Reims,
le Centre Français de Promotion Lyrique renouvelle l’expérience avec Les
Caprices de Marianne d’Henri Sauguet, montés en coproduction avec 15
maisons d’Opéras, défendus par une distribution de très grande valeur,
Zuzana Markova (Marianne) et Cyrille Dubois (Coelio) en tête, dirigés par
Claude Schnitzler.
Enfin Hamlet d’Ambroise Thomas début mai est le rendez-vous particulièrement attendu avec deux artistes au plus haut : Patrizia Ciofi
(Ophélie) et Jean-François Lapointe (Hamlet), le chef Jean-Yves Ossonce
spécialiste du répertoire français, dans la production de Vincent Boussard
déjà vue à Marseille ces dernières années.
Un autre opéra est au programme (le 3 juin), mais on ne connaît pas
son titre à ce jour, lauréat à venir du prochain Armel Opera Competition
and Festival en Hongrie, ainsi que plusieurs concerts comme le Requiem
de Mozart dirigé par Leonardo García Alarcón début octobre, ou Messiah
de Haendel fin mars.
François Jestin
Barbara Haveman sera Amelia de «Simon Boccanegra» © DR
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Plus d’informations sur : www.operagrandavignon.fr
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saison lyrique
Lyon
Une nouvelle saison de l'Opéra de Lyon réserve toujours
des surprises. Mais cette année, si l'on reste curieux de
découvertes musicales et scéniques, on ne peut s'empêcher
de s'y sentir en terrain connu…
… voire d'y trouver un air de déjà-vu, au fil de fidélités avec des metteurs en scène qui reviennent avec régularité. Comme l'an passé on retrouvera ainsi La Fura dels Baus (Le Vaisseau fantôme), Christophe Honoré
(Pelléas et Mélisande), David Marton (Orphée et Eurydice), David Boesch
(Les Stigmatisés), Jean Lacornerie (au Théâtre de la Croix-Rousse) et
Olivier Py (reprise de Carmen).
Confirmé dans ses fonctions après son départ raté pour Dresde, Serge
Dorny a construit la programmation de 12ème saison à Lyon sur le thème
Au-delà du réel : « J'ai souhaité donner toute sa place à la création, aux
nouvelles écritures scéniques et théâtrales, aux nouvelles générations d'artistes, et donner aux oeuvres une résonance avec l'actualité ». C'est aussi
tout son talent de réunir des équipes musicales cohérentes et jeunes, qui
reviennent souvent à l’opéra de Lyon, et qui finissent par former une sorte
de troupe d’habitués. Et de nous donner l'occasion de découvrir de belles
voix, de jeunes chefs, et quelques curiosités : une production de Stephan
Herheim pour la première fois en France, Rusalka, la création d'Idomeneo
de Martin Kušej, un Roméo et Juliette de Boris Blacher, un opéra hyper technologique de Michel van der Aa, et autres raretés...
Ouverture de la saison le 11 octobre avec Le vaisseau fantôme de
Wagner qui viendra s'échouer dans les cimetières de bateaux et des restes
rouillés de notre industrialisation occidentale. S'inspirant “des épaves
rouillées démontées sur les chantiers en Inde ou au Bangladesh“ ou encore
des “populations comme les Roms, qui survivent en marge des grandes
cités“, le catalan Alex Ollé (de retour après un Tristan et Isolde qui avait
marqué les mémoires) nous réserve à coup sûr une lecture choc et contemporaine de cet univers à la fois archaïque et moderne, dans la tradition des
spectacles de la Fura dels Baus, grands acrobates de l'image et poètes de la
scène. Sous la baguette de Kazushi Ono (qui avait superbement dirigé
Parsifal il y a deux ans). Suivra en décembre Rusalka, l'opéra féerique de
Dvorak, revu de manière réaliste dans une mise en scène du Norvégien
Stefan Herheim qui plongera le spectateur dans “un univers urbain séduisant
et inquiétant“. Basée sur un conte de Bohême qui rappelle la Petite Sirène
d'Andersen, l'histoire triste de la nymphe qui veut devenir mortelle, victime
de l'indifférence des hommes, prendra place sur les trottoirs du monde froid
et cruel d'une ville d'Europe centrale. A la baguette, le jeune chef d'orchestre russe Konstantin Chudovsky. En décembre toujours mais au théâtre de la
Croix-Rousse, place à une comédie musicale, adaptée et mise en scène pour
la première fois en français par Jean Lacornerie il y a deux ans, avec la collaboration de l’Orchestre et de la Maîtrise de l’Opéra de Lyon : Le Roi et
Moi de Rodgers (La Mélodie du bonheur) et Hammerstein, un des grands
classiques du music-hall de Broadway.
En janvier-février, l'Autrichien Martin Kušej sera pour la première fois
à l'Opéra de Lyon dans Idomenée de Mozart. Une belle occasion de
(re)découvrir ce premier des grands opéras de Mozart, longtemps considéré
comme une œuvre mineure, par celui que l'on présente comme un des plus
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«Carmen», copyright Stofleth
grands maîtres de la scène actuels.
Puis viendra en février-mars Roméo et Juliette de Boris Blacher, mis en
scène par Jean Lacornerie, un opéra de chambre aux échos de cabaret berlinois, composé sous le IIIe Reich par un compositeur allemand peu connu,
inscrit dans le courant de l'avant-garde berlinoise aux côtés de Paul
Hindemith et de Kurt Weil, avant que sa musique ne soit classée comme
dégénérée par les nazis. Du 13 au 29 mars, le festival thématique aura
comme thème pour le moins ésotérique les Jardins mystérieux, déclinés
dans trois opéras, dont deux curiosités : Les Stigmatisés, une œuvre de
l’Autrichien Franz Schreker écrite en 1918, qui connut un énorme succès,
mais dont l’auteur, considéré par certains comme le plus digne héritier de
Wagner, sera lui aussi considéré comme un “compositeur dégénéré“. Avec
David Boesh qui signe sa deuxième mise en scène à Lyon, accompagné au
pupitre par un jeune chef d'orchestre, Alejo Perez. Autre nouveauté : Le jardin englouti, du Néerlandais Michel van der Aa. A la fois compositeur, metteur en scène et vidéaste, Van der Aa invitera les spectateurs à chausser des
lunettes 3D, pour un spectacle qui “n'aura rien d'un gadget visuel“, mais qui
“ambitionne plutôt d'être, poursuivant la démarche de Wagner, l'œuvre d'art
totale du XXIème siècle“, dans “une subtile fusion du cinéma, du théâtre et
de l'opéra“, sans hésiter à s'emparer de musiques comme la house et la disco.
Puis place au répertoire avec Orphée et Eurydice de Gluck, mis en
scène par David Marton. Le pianiste et metteur en scène d'origine hongroise vivant à Berlin, revient à Lyon pour s'emparer du célèbre mythe interrogeant sur “l'adieu et la séparation“, avec le spécialiste du baroque Enrico
Onofri à la baguette. Du 30 avril au 17 mai, reprise de Carmen, créée par
Olivier Py il y a seulement deux saisons à Lyon, avec une mise en scène en
rupture avec les espagnolades pour ressourcer l'œuvre à ses origines féministes et révolutionnaires, dans le monde sombre des interdits et de la transgression. Et une nouvelle (meilleure ?) distribution : Kate Aldrich sera cette
Carmen de music-hall, Arturo Chacon-Cruz (Werther à Lyon dans la mise en
scène de Rolando Villazon) Don José, Jean-Sébastien Bou (Claude l’an dernier) Escamillo. L’orchestre sera dirigé par Riccardo Minasi, spécialiste du
répertoire baroque qui succède au pupitre à un autre spécialiste, Stefano
Montanari. En juin, dernier opéra de la saison : après le Dialogue des carmélites de Poulenc l’an dernier, le cinéaste Christophe Honoré s'attaque au
Pelléas et Mélisande de Claude Debussy dans une mise en scène qui fait un
lien entre Mélisande et Phèdre.
Côté ballet, la saison chorégraphique fait la part belle aux grands classiques contemporains - William Forsythe, Benjamin Millepied, Anne Teresa
de Keersmaeker, Maguy Marin - comme aux jeunes créateurs et chorégraphes émergents. Et pour clore la saison, le Ballet reprend Atvakhabar
Rhapsodies, créé en 2013 pour la compagnie lyonnaise par Karl Biscuit et
Marcia Barcellos de Système Castafiore, qui avait eu tous les honneurs de
la presse et du public.
Christine Ramel
Informations/réservations : + 33 4 69 85 54 54 / www.opera-lyon.com
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Marseille
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Parmi quelques grands titres du répertoire cette saison, un opéra en
version de concert… mais quel opéra puisqu’il s’agit de Moïse et Pharaon
de Rossini, servi par une distribution de rêve !
Absente de la scène phocéenne depuis 1967, c’est d’abord La
Gioconda de Ponchielli qui ouvrira le bal en octobre, dans la production de
Jean-Louis Grinda : Micaela Carosi et Elena Popovskaya en alternance dans
le rôle-titre, Béatrice Uria-Monzon (Laura) et Fabrizio Maria Carminati
pour la direction musicale. Après un récital Juan Diego Florez (le 5 octobre) puis deux représentations d’un opéra chinois – La Légende du Serpent
blanc –, la version concertante de Moïse et Pharaon est donc attendue avec
gourmandise début novembre. Quelle excitation alors de voir côte à côte –
et d’écouter ! – les deux belcantistes d’exception que sont Mariella Devia
(Sinaïde) et Annick Massis (Anaïde), entourées par Ildar Abdrazakov
(Moïse) et Jean-François Lapointe (Pharaon), sous la baguette de Paolo
Arrivabeni. Il est à noter qu’une représentation du Mosè de Giovanni Paolo
Colonna sera proposée autour du Moïse rossinien, tout comme Le Philtre de
Daniel-François-Esprit Auber donné en écho à l’Elisir d’Amore de
Donizetti fin décembre, avec Inva Mula (Adina) et Paolo Fanale (Nemorino)
distribués dans les rôles principaux, dans une production du Capitole de
Toulouse, signée d’Arnaud Bernard. Après Les Caprices de Marianne
d’Henri Sauguet à partir de fin janvier (même spectacle qu’à Avignon fin
avril), une nouvelle production de Tosca sera montée en mars, sous la maîtrise d’œuvre de Louis Désiré, avec Adina
Aaron dans le rôle-titre et Fabrizio Maria
Carminati au pupitre. Le metteur en scène
Charles Roubaud adaptera ensuite la production qu’il avait réalisée pour le Théâtre
Antique d’Orange en 2013 du Fliegende
Holländer, rassemblant une distribution
vocale prometteuse – Ricarda Merbeth
(Senta), Andrzej Dobber (Holländer), Kurt
Rydl (Daland) –, puis la saison s’achèvera
en juin avec le Falstaff de Verdi et l’incontournable Nicola Alaimo dans le rôle-titre,
aux côtés de Patrizia Ciofi (Alice), Sabine
Devieilhe (Nanetta), Jean-François
Inva Mula © DR
Lapointe (Ford), ces deux derniers opéras
étant placés sous la direction du chef Lawrence Foster. A retenir encore un
concert Bellini / Donizetti (le 13 février) rassemblant les deux cantatrices
Patrizia Ciofi et Clémentine Margaine.
http://opera.marseille.fr/.
Montpellier
Une petite programmation pour la première année de Valérie
Chevalier au poste de Directrice générale.
Après les fastes – et très vraisemblablement coûts et surcoûts en conséquence ! – des années du directeur général Jean-Paul Scarpitta, on revient
assez brusquement à ce qui semble constituer une saison de transition, comprenant 5 spectacles lyriques. Après son opus Jetzt en 2012 (jumelé avec
What next ? d’Eliott Carter), le compositeur allemand Mathis Nitschke propose en nouvelle création mondiale Happy Happy, opéra en un acte pour
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soprano (Karen Vourc’h), chœur mixte, orchestre et électronique, avec Urs Schönebaum à la
mise en scène comme il y a deux ans. Pour les
fêtes de fin d’année, c’est Idomeneo qui est programmé – Sébastien Rouland (direction), JeanYves Courrègelongue (production), Brendan
Tuohy dans le rôle-titre –, avant L’Enfant et les
sortilèges fin février, produit par et avec les
artistes d’Opéra Junior (direction musicale de
Jérôme Pillement). Dans le deuxième titre
mozartien début avril, La Clemenza di Tito,
Brendan Tuohy défendra à nouveau le rôle-titre,
aux côtés entre autres de Marie-Adeline Henry
(Vitellia), Antoinette Dennefeld (Annio), sous la
Brandan Tuohy
baguette de Julien Masmondet, mise en scène de
Jorinde Keesmaat, puis la saison se conclut par une double-affiche
Wesendonck Lieder / Le Château de Barbe-Bleue, rassemblant Angela
Denoke (Judith) et Jukka Rasilainen (Barbe-Bleue), le chef Pavel Baleff, et
Jean-Paul Scarpitta pour la production. A noter encore un récital de
Krassimira Stoyanova (le 10 avril), ainsi que la présence de Sandrine Piau
dans un concert Rameau le 10 octobre, avec Jérôme Correas et l’ensemble
Les Paladins.
http://www.opera-montpellier.com
Toulouse
Un parcours entre Rameau et le 21ème siècle, en passant notamment
par Verdi, Britten, Wagner, la nouvelle saison du Capitole propose un vaste
panorama lyrique.
En guise d’ouverture, Un Ballo in maschera de Verdi sera défendu par
un habitué des Arènes de Vérone, le chef Daniel Oren, en présence du
remarquable ténor Dmytro Popov (Riccardo) et Keri Alkema (Amelia), dans
une nouvelle production de Vincent Boussard. Viendront ensuite deux
ouvrages de Britten, Owen Wingrave et The Turn of the screw, au choix soit
individuellement, soit les deux opéras dans une même soirée pour les spectateurs les plus mordus : David Syrus (direction musicale), Walter Sutcliffe
(mise en scène), Dawid Kimberg (Owen Wingrave), Anita Watson (la
Gouvernante). Après la zarzuela Doña Francisquita pour les fêtes de fin
d’année dans la réalisation visuelle d’Emilio Sagi, une autre production du
Capitole sera reprise, celle de Nicolas Joel pour Tristan und Isolde, rassemblant Robert Dean Smith (Tristan), Elisabete Matos (Isolde), Hans-Peter
Koenig (Marke), sous la baguette de Claus Peter Flor. Retour au siècle des
Lumières pour l’opus ramiste Castor et Pollux – Christophe Rousset et son
ensemble des Talens Lyriques, et Marianne Clément à la mise en scène –,
avant de passer à notre époque pour l’opéra Massacre de Wolfgang Mitterer
(créé en 2003), puis en juin La Guerre des boutons de Philippe Servain
(création en 1996), spectacle à destination du jeune public. Avant cette clôture de saison, Les Fiançailles au couvent de Prokofiev seront reprises dans
la production de Martin Duncan, vue en 2011, Tugan Sokhiev étant placé au
pupitre, puis Turandot sera montée dans une nouvelle réalisation imaginée
par le sulfureux Calixto Bieito, avec Elisabete Matos dans le rôle-titre,
Alfred Kim en Calaf et le chef Stefan Solyom.
www.theatreducapitole.fr
François Jestin
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saison lyrique
saison lyrique
Monte-Carlo
Nice
Petit tour du monde à l’Opéra de Monte-Carlo avec un subtil équilibre entre répertoires français, italien, russe, allemand… et les débuts in
loco de la star Anna Netrebko.
Après quelques années tourmentées, il semble
bien que l’Opéra de Nice frappe un grand coup
cette saison, avec des ouvrages rares à ne pas
manquer.
Pour l’ouverture officielle de la saison, calée comme chaque année sur la fête nationale monégasque (le 19 novembre), c’est Roméo et Juliette de Gounod qui est proposé au
Grimaldi Forum, mis en scène par Jean-Louis Grinda et dirigé par Laurent Campellone,
avec Paolo Fanale et Anne-Catherine Gillet en amoureux véronais. Nouvelle réalisation
visuelle également réglée par le directeur général de la maison pour le Guillaume Tell en
janvier, sous la baguette de Gianluigi Gelmetti, en compagnie d’un appétissant trio vocal :
Nicola Alaimo (Guillaume), Annick Massis (Mathilde), Celso Albelo (Arnold). Les distributions sont tout aussi relevées pour le diptyque qui suit en février, Eine florentinische
Tragödie (production Daniel Benoin) jumelée avec
Pagliacci (production Grinda) : Zoran Todorovich,
Samuel Youn, Barbara Haveman dans l’ouvrage de von
Zemlinsky, et pas moins que Marcelo Alvarez et Leo
Nucci pour servir l’opéra de Leoncavallo, Pinchas
Steinberg étant placé au pupitre. Après un somptueux
Don Giovanni en mars – Erwin Schrott et Adrian
Sampetrean en maître / valet, Patrizia Ciofi (Anna),
Sonya Yoncheva (Elvira), direction Paolo Arrivabeni –,
les spectateurs sont conviés en avril à la séquence
Erwin Schrott © DR
russe de la saison, avec d’abord le morceau de choix
Lady Macbeth de Mtsensk de Chostakovitch : la bouillonnante Nicola Beller Carbone
pour défendre le rôle meurtrier (à tous points de vue) de Katerina, Nikolai Poutiline, Misha
Didyk, le chef Jacques Lacombe, production de Marcelo Lombardero, dont le Macbeth
réalisé pour l’Opéra de Nice il y a quelques années était très réussi. Cerise sur le gâteau,
le 21 juin lors d’un unique concert, la venue d’Anna Netrebko dans le rôle-titre de Iolanta
de Tchaïkovski, entourée de Vitalij Kowaljow, Lucas Meachem, dirigée par Emmanuel
Villaume. Se produiront également en concert Natalie Dessay, Christophe Dumaux,
Emmanuelle Haïm et le Concert d’Astrée, dans des extraits de Giulio Cesare de Haendel,
José Cura pour une soirée argentine, la basse Kwangchul Youn dans le Winterreise, et la
soprano Diana Damrau lors d’un gala de belcanto. Plus d’informations sur : www.opera.mc
Le programme débute par deux représentations de
concert en octobre des Vêpres siciliennes de Verdi, grand
opéra français en 5 actes donné ici dans sa version originale, qui marque le retour au pupitre de l’ancien directeur
musical niçois Marco Guidarini, avec Anna Kasyan
(Hélène), Marcello Giordani (Henri), Davide Damiani
(Montfort), Kihwan Sim (Procida). Après une Turandot
mise en scène par Federico Grazzini, dirigée par Roland
Boer, chantée entre autres par Irina Rindzuner (Turandot) et
Alfred Kim (Calaf), c’est le chef-d’œuvre de Britten, Peter
Grimes qui sera proposé au mois de janvier, dans la production de Marc Adam, directeur artistique de l’Opéra de Nice,
défendu par John Graham Hall (Peter), Fabienne Jost (Ellen
Orford), sous la baguette de Bruno Ferrandis.
François Jestin
Question à Jean-Louis Grinda, Directeur général de l’Opéra de Monte-Carlo en place
depuis 2007 :
Mettez-vous un spectacle en avant au sein de votre nouvelle saison ?
La saison de Monte-Carlo, plutôt ramassée dans le temps, est une saison d’opéra qui ressemble à un festival. Ce qui m’intéresse d’abord, c’est ce qu’il y a de nouveau, c’est-à-dire ce
qu’on a encore jamais vu ici à l’Opéra. Ma philosophie est que je suis un bibliothécaire, je
fais relire les grands chefs-d’œuvre, et de temps en temps j’ajoute quelques livres ! Ce sera
notamment le cas de Lady Macbeth de Mtsensk, et La Tragédie florentine qui est un chefd’œuvre total. Et puis il ne faut pas oublier Erwin Schrott dans Don Giovanni et l’Himalaya
que représente Guillaume Tell ! Mais Roméo et Juliette ne devrait pas être mal non plus, et
Iolanta avec Netrebko devrait aussi bien se passer ! L’Opéra de Monte-Carlo a certes vocation à attirer de grands noms, mais ces artistes viennent ici d’abord parce qu’ils savent qu’on
va réaliser un travail qui les intéresse, dans ce lieu exceptionnel qu’est la Salle Garnier, et ils
ne recherchent pas le cachet à tout prix.
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Anna Kasyan
Mozart n’est pas oublié, avec un Cosi fan tutte réunissant Roland Kluttig au pupitre et Karen Stone pour la mise
en scène (Nathalie Manfrino en Fiordiligi), puis viendra
Rossini et sa Semiramide en version scénique (réglée par
Jakob Peters-Messer), dirigée par George Petrou, très crédible la saison dernière dans Semele de Haendel. Autre monument du répertoire lyrique pour conclure la saison au mois
de mai, La Juive d’Halévy, avec Hélène Le Corre (Eudoxie),
Cristina Pasaroiu (Rachel), Luca Lombardo (Eléazar),
Roberto Scandiuzzi (Brogni), sous la direction de Frédéric
Chaslin, dans la production de Gabriele Rech.
François Jestin
Plus d’informations sur : www.opera-nice.org
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s a i s o n s
saison lyrique du metropolitan opera
New York
En cause, la politique artistique jugée trop
dispendieuse du directeur Peter Gelb puisque le
budget de la scène new yorkaise est passé
depuis son arrivée en 2006 de 222 millions de
dollars à 327 millions de dollars en 2013. Il
semble donc que, suite à ce conflit, le budget
des prochaines saisons sera revu à la baisse et
que des sacrifices ont été acceptés par les 2300
employés (dont la moitié environ à temps partiel), sans compter que l'appel aux habituels
Le Nozze di Figaro (Levine-Eyre) en octobre et
décembre
La Bohème (Frizza-Zeffirelli) d'octobre à janvier
Macbeth (Luisi-Noble) – en octobre
Carmen (Heras-Casado/Langrée-Noble) en
octobre
Die Zauberflöte (Fischer-Taymor) en octobre
et novembre
The Death of Klinghoffer (Robertson-Morris)
La Traviata (Armiliato-Decker) en décembre et
janvier
Hänsel und Gretel (Davis-Jones) en décembre
et janvier
The Merry Widow (Davis/Luisi-Stroman) de
décembre à mai
Les Contes d'Hoffmann (Abel/Levine-Sher) de
janvier à mars
Iolanta / Le Château de Barbe bleue
(Gergiev/Smelkov-Trelinski) en janvier et
février
Don Giovanni (Gilbert-Grandage) en février et
mars
La Donna del lago (Mariotti-Curran) en février
et mars
Manon (Villaume-Pelly) en mars
Lucia di Lammermoor (Benini-Zimmermann)
en mars et avril
Ernani (Levine-Samaritani) en mars et avril
Don Carlo (Nezet-Séguin-Hytner) en mars et
avril
Olga Borodina sera Amneris de «Aida» en alternance
avec Violetta Urmana © Philipps Classics
Ramon Vargas sera Rodolfo dans «La Bohème» en
alternance avec Bryan Hymel © Adolfo Perez Butron
Joyce DiDonato sera «La Donna del Lago» aux côtés
de Juan Diego Florez © Virgin Classics
mécènes ne risque pas de cesser si l'on considère que la part des subventions du service public
se monte à 0,1 % de ce budget 2014-15.
Place donc à nouveau aux grandes voix et
aux mises en scène désormais plus en phase
avec la création contemporaine, à l'exception
notable de l'insubmersible Bohème de Franco
Zeffirelli que les amateurs de tradition retrouveront régulièrement jusqu'en janvier 2015.
en octobre et novembre
Aida (Armiliato/Domingo-Frisell) d'octobre à
avril
Lady Macbeth de Mzensk (Conlon-Vick) en
novembre
Il Barbiere di Siviglia (Mariotti-Sher) – en
novembre et décembre
Die Meistersinger von Nurnberg (LevineSchenk) en décembre
Cavalleria rusticana/Pagliacci (LuisiMcVicar) en avril et mai
Un Ballo in maschera (Levine-Alden) en avril
et mai
The Rake's progress (Levine-Miller) en mai
Bonne nouvelle pour les amateurs de vols transatlantiques ainsi que pour les
fans de retransmissions d'opéras dans les salles obscures, la saison 2014-15 se
déroulera normalement après la conclusion d'accords avec des syndicats qui
annonçaient pourtant leur volonté d'envisager un sérieux conflit mettant en
péril la saison 2014-15 au point qu'une fermeture de la salle du Lincoln
Center avait pu être envisagée.
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Frank Fredenrich
http://www.metopera.org/
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théâtre de carouge et théâtre kléber-méleau
Mon Faust
Avec Philippe Mentha, on ne sait plus quel homme on a en face de soi : le
metteur en scène de Mon Faust ? le co-fondateur avec François Simon du
Théâtre de Carouge ? le comédien qui endossera le rôle de Faust ? le
directeur qui lâchera les rênes du Théâtre Kléber-Méleau en juin 2015 ?
Pour l’heure, Philippe Mentha, l’œil perçant et le propos malicieux autant
que précis, met en scène la pièce inachevée de Paul Valéry à Carouge avant
qu’elle n’aille à Kléber-Méleau. On viendra cependant voir Philippe
Mentha aux manettes mais également sur scène puisqu’il endossera
le rôle de Faust.
Philippe Mentha le comédien, Faust le personnage, Paul Valéry l’écrivain : un jeu de
miroirs et de doubles fascinant. Interview.
Paul Valéry est un écrivain et poète
secret, oublié ou méconnu aujourd’hui ;
qu’est-ce qui vous a conduit jusqu’à lui ?
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D’abord des souvenirs de collège, quand il était
encore étudié. Puis la lecture de Mon Faust dans
les années septante, lecture oubliée mais restée
en arrière-plan comme il arrive souvent au fil de
nos lectures. Dans les années nonante, j’ai relu
Monsieur Teste (livre culte du mouvement surréaliste, ndlr), qui m’a ramené à Paul Valéry.
Les textes nous accompagnent dans l’ombre et
séduisent plus ou moins et tout à coup il arrive
que l’on revienne à l’un d’entre eux. Les
déclencheurs ont été dans ce cas précis Michel
Jarrety qui a écrit il y a six ans plus de mille six
cents pages sur Paul Valéry et la biographie très
récente par Benoît Peeters. Mais le chemin vers
l’œuvre reste une approche très personnelle. On
monte une œuvre pour voir ce qu’il y a dedans
et se lancer est toujours une aventure. Au début
on ne sait pas pourquoi. On risque de couler ou
d’émerger face à cet iceberg.
Le mythe de Faust, les concepts de
Bien et de Mal sont-ils encore aussi prégnants qu’ils ont pu l’être ? En tenez-vous
compte dans votre approche du texte ?
Non, car mon but est de faire aimer le théâtre.
Par ailleurs, il n’est pas exact de dire que le Bien
et le Mal ne font plus partie de notre époque :
les médias se font l’écho quotidiennement de
bonnes ou de mauvaises actions. On trouve partout des exemples de Mal déguisé, à la différence près qu’on aime aujourd’hui classifier et
opposer : c’est d’un côté mère Teresa et l’abbé
Pierre, de l’autre les assassins et les crapules,
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seul retrouvé le chaos initial pendant que
Méphisto n’a fait que se reposer dans la paresse
de son éternité. Il ne faudrait cependant pas voir
la pièce comme une dissertation philosophique.
C’est un jeu parcouru par l’humour, une fantaisie, une « comédie ». Paul Valéry écrit à la fin de
sa vie un texte sur Faust qui veut écrire sur sa vie
et ne le fait pas car ce n’est qu’une envie sur le
plan des idées. Le savant veut dicter à sa secrétaire Lust (joie, plaisir en allemand) un mélange de
vrais et faux souvenirs mais abandonne très vite,
comme Paul Valéry abandonne sa pièce – plus
qu’il ne la laisse inachevée – comme on abandonne sa vie. Dans le deuxième acte, c’est le soir,
comme c’est le soir de la vie de l’auteur. Pour
conclure sur le mythe de Faust, la légende fait
surtout cadeau à Paul Valéry d’une re-création et
l’auteur en échange fait cadeau d’une nouvelle
existence à son personnage. Il n’y pas de création
ex nihilo : on recrée, on varie à partir d’autres
matériaux.
Que diriez-vous du personnage de
Lust ? Quelle différence avec la Marguerite
de Goethe ?
Philippe Mentha © Philippe Maeder
sans rien entre deux. On entend les médias dire
que tel assassin était pourtant un bon père de
famille, comme si l’ambiguïté n’existait pas. On
croit être sorti du moyen âge où les puissants et
l’Eglise représentaient le Bien, et les voleurs et
les pauvres le Mal. Pourtant les superstitions ont
la vie dure. Il n’y a qu’à voir le débat en France
autour de la laïcité qui ne devrait pas tout autoriser, selon certains, y compris sur une scène de
théâtre.
On présente généralement Mon Faust
comme une inversion du mythe, Faust étant
celui qui sollicite Méphistophélès.
Il ne s’agit pas selon moi d’un pacte inversé car
il ne mène nulle part. Faust emmène Méphisto et
Lust dans divers lieux du monde, de même que
l’auteur voyage dans un monde imaginaire,
enchanté, magique grâce à la présence de
Méphisto. Il lui montre le mal que peuvent faire
les hommes (l’atome, la guerre, le nationalsocialisme, l’extermination), ce qui fait du prétendu Malin un personnage de conte dépassé. Or
Paul Valéry ne croit ni Dieu ni Diable. L’homme
est libre et responsable de ses actes, il a donc tout
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C’est la secrétaire de Faust, donc sa muse ou
son inspiratrice, femme désirable qui le détourne de son objectif. Elle fait renaître les souvenirs, vrais ou faux, avec toute l’ambiguïté que
cela recouvre. Il n’y a là rien de vraiment autobiographique de la part de l’auteur : il reprend
une vie de Faust à qui il prête une vie de plus, le
disciple étant le jeune Faust. On peut néanmoins
évoquer cette nuit de Gênes où le jeune Valéry
de vingt-et-un ans a abjuré l’amour et la poésie.
Il lui a fallu très longtemps pour y revenir. La
pièce est donc un miroir imaginaire de l’esprit
et des souvenirs de Paul Valéry.
Vous avez choisi d’interpréter le rôle
de Faust ; cela ajoute-t-il à la difficulté ou au
plaisir de votre travail de metteur en scène ?
Jusqu’à Brecht, une longue tradition dans le
théâtre faisait que jouer conduisait à la mise en
scène. Ensuite on a dissocié les deux. Je dirais
que c’est parfois une complication et parfois un
avantage. Mais le plaisir est présent lors des
représentations - plus que lors des répétitions malgré le trac que l’on éprouve pour les autres
et pour soi-même.
Propos recueillis par
Laurence Tièche Chavier
Mon Faust, Théâtre de Carouge, salle Gérard-Carrat, jusqu’au 19 octobre. Théâtre Kléber-Méleau, du 28 octobre
au 16 novembre.
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théâtre des osses givisiez et à la comédie de genève
L’illusion comique
Du 28 octobre au 2 novembre prochains, vous n’aurez que quelques jours
pour aller voir la nouvelle mise en scène de Geneviève Pasquier et Nicolas
Rossier. Et monter L’Illusion Comique de Corneille n’est jamais une
entreprise facile ; cette pièce géniale d’une éclatante modernité procède de
miroirs à emboîtements qui reflètent les actions successives et invite le
metteur en scène à se montrer inventifs. D’où l’excellente idée de convoquer les deux cinéastes d’animation romands chargés de la création vidéo :
Frédéric et Samuel Guillaume. Entretien avec le premier des deux frères.
On le sait, L’Illusion comique est une espèce
de monstre dramaturgique du répertoire et elle
met véritablement l’illusion au cœur du problème
dramatique de Corneille. Cette pièce est un
miroir qui concentre et condense l’image de la
réalité. C’est l’art qui crée la vie, l’illusion et, de
fait, la réalité telle que le drame la transmet.
Résumons-nous : Pridamant, le père de
Clindor, se rend chez le mage Alcandre pour
avoir des nouvelles de son fils disparu depuis dix
ans. Alcandre va donc par magie faire défilé les
étapes de la vie de Clindor sous les yeux du père
inquiet. Le principe d’illusion obtenue par la
concentration des effets est avant tout poétique et
s’appuie sur la construction d’une substance dramatique imaginaire et féerique. La gageure est de
permettre au spectateur d’adhérer à cette forme
dramatique, très éloignée de l’expérience concrète. En effet, les protagonistes changent, la vision
passe du féerique au burlesque, les situations se
multiplient et grossissent les différents plans dont
la perspective varie continuellement, enfin les
comédiens se voient confier la charge de jouer
les images illusoires d’une réalité paradoxale : la
réalité par l’illusion.
On comprend donc pourquoi les cinéastes
Sam et Fred Guillaume ont immédiatement adorer l’idée de participer à un projet aussi riche en
jeux d’images, de miroirs et de reflets. L’art du
film d’animation n’a aujourd’hui plus de secrets
pour les auteurs du célèbre long métrage
Max&Co plusieurs fois primé entre 2007 et 2009.
Mais les frères Guillaume ce sont aussi des animations pour les plus petits comme Le Petit
Manchot (1998) ou Les bidules de Jules (2012)
pour la RTS. C’est encore le très beau court
métrage La nuit de l’ours (2009) salué dans les
plus grands festivals d’animation. D’autres créations passionnantes sont à découvrir sur leur site
cine3D.ch.
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Qu’est-ce qui vous séduit dans le projet de monter l’Illusion Comique aux côtés
du couple de metteurs en scène PasquierRossier ?
Frédéric Guillaume : Geneviève et Nicolas sont
venus nous trouver, alors qu’ils cherchaient des
cinéastes pour collaborer à leur projet. Nous
avions alors un calendrier très fourni qui ne
devait pas nous laisser suffisamment de temps
pour nous investir sérieusement, mais, à la lecture du texte de Corneille, il nous a immédiatement semblé impossible de refuser pareille proposition. Cette réflexion géniale sur l’illusion
théâtrale, la place de l’image, de l’imaginaire,
les spectres parlants ou le mage Alcandre nous
invitaient à des perspectives de création vidéo
qui allaient bien au-delà de la simple animation
scénique ou du décor filmé. Et puis, nous
connaissions la façon subtile et ludique de travailler de cette compagnie, à laquelle nous
adhérons totalement.
Comment pourriez-vous décrire votre
travail au sein de la mise en scène ? Etiezvous libres de mouvements ou tenus par un
cahier des charges précis ?
Le travail avec les metteurs en scène s’est fait
très naturellement. Le dialogue avec Geneviève
Pasquier est facilité par sa formation très « arts
visuels » qui lui permet d’avoir des idées sous
forme d’images très claires et très parlantes.
Nous avons pu aussi travailler très vite sur le
décor définitif et projeter nos images informatiques sur scène. Nous devons également tester
certaines insertions d’images qui nécessitent la
collaboration directe des comédiens. Bref, il
s’agit d’un véritable « work in progress » qui a
évolué en parallèle avec la mise en scène, la
musique ou la lumière, et nous obligent à réagir
plus rapidement qu’au cinéma, au fur et à mesure de la mise en forme du spectacle. Notre rapport au temps est donc singulièrement différent
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Geneviève Pasquier © Secrest photography LA
puisque nous pouvons échelonner notre travail
sur plusieurs années dans le domaine de l’animation, alors qu’ici, au théâtre, nous disposons
de moins de deux mois de travail.
Pour mieux comprendre votre travail
sur l’Illusion comique, quel type de techniques d’animation allez-vous utiliser ?
Encore une fois, le temps et le format qui nous
sont impartis sur scène, nous ont incités à utiliser des images déjà existantes ou créées sur le
moment et d’inspirations diverses qui peuvent
aller de la peinture classique américaine aux
mangas. Mais le parti pris est celui d’accompagner au mieux les différentes formes d’images
suggérées par le propos du drame. Nous effectuons par exemple de la réalité augmentée en
poursuivant un mouvement ou une action initiée
par un personnage. Nous nous insérons aussi
fréquemment dans le décor mouvant de l’espace scénique avec des images projetées comme
sur des toiles peintes, parfois en relief, afin de
brouiller la perception du spectateur qui doit
hésiter entre illusion et réalité.
Votre intention est-elle aussi de tenter
de clarifier certains aspects de cette comédie
dramatique extravagante et d’amener le
spectateur à une plus grande lisibilité à l’aide des images proposées ?
C’est en effet un souci primordial pour nous,
mais qui s’inscrit dans l’intention plus large de
toute la mise en scène, des intentions de jeu, des
costumes, de la lumière ou de la ligne musicale
qui s’efforcent de rendre le texte plus intelligible pour le public. Il faut absolument pouvoir
s’amuser avec ce texte parfois complexe et le
réinterpréter de façon libre et contemporaine,
mais toujours avec cette volonté de rendre le
grand Corneille le plus accessible aux jeunes
publics en particulier.
Propos recueillis par Jérôme Zanetta
Du 3 au 23.10. Théâtre des Osses, Givisiez
Du 28.10. au 2.11. La Comédie (loc. 022/320.50.01)
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nettes sont dans un sens des marionnettes à fils.
La relation entre le poids, la forme, la mécanique et la façon de les animer crée la magie.
Parallèlement, la relation entre la marionnette et
le marionnettiste crée un autre moment magique
parce que vous ne savez jamais qui anime qui.
théâtre des marionnettes de genève
Wunderkammer
La collaboration de trois performeurs indépendants, spécialisés dans
les marionnettes à fils, a donné lieu à un spectacle envoûtant, inspiré
des cabinets de curiosités très répandus de la Renaissance au
dix-neuvième siècle.
La musique est-elle un élément essentiel du spectacle ?
Nous avons choisi de travailler sans texte dans
cette performance. Notre impression a toujours
été que si les marionnettes se mettent à parler
comme des humains, elles perdent leur magie.
La fascination pour les marionnettes vient à travers leur mutisme et l’impression qu’elles existent dans un autre monde, avec un autre langage. La musique crée dans un sens cette
atmosphère qui donne vie aux marionnettes. Et
d’un autre côté, elle semble être leur langage.
C’est pourquoi la musique est essentielle. C’est
comme le script du spectacle.
Comment se présentent les marionnettes et leur apparence est-elle une part
essentielle du spectacle ?
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«Wunderkammer»
À l’origine il y a Albrecht Roser, le plus
réputé des marionnettistes allemands. Quand il
disparaît en 2011, un de ses élèves, Frank
Soehnle, décide de poursuivre son travail et propose à deux autres élèves du maître de créer un
collectif pour promouvoir l’art de la marionnette à fils. Le spectacle Wunderkammer va naître
de cette collaboration entre trois directeurs de
compagnies : Raphael Mürle, du Théâtre des
Marionnettes à Pforzheim, Alice Therese
Gottschalk, du FAB-Théâtre et Frank Soehnle,
de la compagnie Figuren Theater de Tübingen.
Entretien avec Frank Soehnle
Pourquoi avoir choisi le titre de
Wunderkammer et quel est le lien réel avec la
tradition des cabinets de curiosités, très en
vogue du seizième au dix-neuvième siècles ?
Pour trouver un cadre dans lequel différentes
écritures de créations de marionnettes peuvent
s’exprimer, mais aussi pour créer une atmosphère, j’ai choisi le « Wunderkammer » comme
endroit idéal. Un cabinet de curiosités était en
effet un lieu où étaient entreposés et exposés des
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objets collectionnés, avec un certain goût pour
l'hétéroclisme et l'inédit. Ce sont en quelque
sorte les ancêtres des musées ou des muséums.
Différents matériaux, couleurs et travaux artistiques trouvent là un terreau favorable à la création. Et l’idée que cette diversité crée une
réflexion sur notre monde est liée à l’idée des
premiers cabinets de curiosités.
Quel rôle jouent les marionnettes
dans ce contexte très particulier ?
Les marionnettes sont comme les objets exposés. Chaque marionnette suit une idée particulière de mouvement, mécanique et matériel.
Certaines sont plus comme des automates, d’autres plutôt comme des travaux artistiques.
Quelle est la part de magie ou d’étrangeté dans la manière dont vous présentez la pièce ?
La magie repose sur l’animation – c’est l’animation qui crée la magie. Cet incroyable
moment où des choses « mortes » prennent la
vie sur scène. Dans ce spectacle, l’accent est
mis sur la gravité parce que toutes les marion-
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Les marionnettes sont très différentes entre
elles. Vous pouvez voir derrière elles les différents créateurs avec différentes idées esthétiques qui les ont réalisées. Derrière chaque
marionnette, on perçoit une démarche personnelle de l’artisan. Parfois, c’est la mécanique
(comme le danseur cubique), parfois le matériel
(comme la marionnette en plexiglass ou en
papier), parfois l’objet derrière la marionnette
(comme le musicien en métal), ou parfois le
détail (comme les mains en or).
C’est toujours en lien avec la question suivante:
quelle est leur histoire spécifique ? est-ce qu’elles agissent seules ou en interaction avec un
corps humain ? quelle est leur relation avec le
temps, l’espace et leurs animateurs. Elles sont
comme des poèmes de matières ; et comme les
poèmes, elles ont différentes significations et
ouvrent nos imaginations à de nouveaux horizons.
Propos recueillis par
Laurence Tièche Chavier
Wunderkammer, spectacle pour adultes et adolescents de
Alice Therese Gottschalk, Raphael Mürle et Frank
Soehnle, du 31 octobre au 5 novembre, réservations au
022 807 31 07
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le poche genève
Les Demeurées
La Varienne est une demeurée, une abrutie. Vivant seule dans une maison
isolée, elle s'est murée dans un profond silence, avec pour seule compagnie
sa fille Luce, son trésor le plus précieux.
« Rentrer dans le langage, c’est reconnaître que
l’on ne me comprend pas, que l’on ne me devine pas, et si je veux vivre avec les autres, tous
les autres, il faut que je me fasse entendre, donc
il faut que j’arrive à dire mes désirs, mes craintes, que j’arrive à me dire… Pour moi c’est cela
être humain, c’est être dans le langage, c’est
accepter de passer par là pour pouvoir à nouveau être en harmonie avec les autres » dit la
romancière. Elle ajoute : « La Varienne n’est
que dans des phrases simples, un seul verbe.
Des verbes et donc des
actions juxtaposées, car
elle est complètement
dans une chose, elle ne
voit pas à côté et puis
elle va être complètement dans une autre. »
Un seul verbe, une
seule parole. Etre dans
une seule chose. Ne pas
voir à côté. Puis être
dans une autre chose.
Pour finalement être
autre malgré soi ?
On pense d’un coup
à certains textes de
Duras…
Rosine Schautz
«Les Demeurées» © Augustin Rebetez
Mère et fille au fil du temps se sont construit une vie en autarcie, ne se déplaçant guère
et ne parlant à personne. Les Demeurées, ce
sont une idiote du village et sa fille, fruit d'un
contact éphémère avec un ivrogne de passage.
Et toutes demeurées qu’elles sont, elles s'aiment
très solidairement, de manière fusionnelle, dans
un silence qui les enrobe et les cristallise.
Leur quotidien figé se trouvera subitement
chamboulé le jour où une certaine
Mademoiselle Solange (seul ange ?), l'institutrice du coin, va vouloir scolariser la petite Luce
(petite lumière ?) qui ne sait ni lire ni écrire.
La Varienne (vaurienne ?) n'a d'autre choix
que de laisser l'enfant partir vers l'inconnu et le
cocon très familial de se briser petit à petit.
Adaptée du roman éponyme de Jeanne
Benameur, livre de quelque 80 pages qui prend
aux tripes tant l’écriture est minimaliste et ciselée, cette ‘pièce’ met en scène l’histoire d’une
a
c
t
u
fusion caractérisée, relevée ici par des traits de
percussion - comme on dit en cuisine des traits
de citron - vraies paroles qui claquent et soulignent non-dits et silences. Ce récit resserré
donne aussi à voir à ceux qui s’y intéresseront la
passion qu’ont certains professeurs à faire partager un savoir - savoir lire, savoir écrire et
savoir dire - même et surtout aux plus démunis,
aux plus ‘demeurés’.
Mais au fait, qu’est-ce qu’un demeuré ? Un
attardé, un simple d’esprit, un débile mental ou
juste quelqu’un de différent qui saurait lire/écrire/dire le monde non avec sa tête, mais avec
l’intelligence de son cœur ?
Par ailleurs, et ceci est à noter, Jeanne
Benameur met dans ce texte de manière magistrale des personnages en situation de silence
assumé, absolu, absorbant et en corollaire, la
parole nécessaire pour se faire comprendre :
a
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Du 16 octobre au 2 novembre
: Les Demeurées de Jeanne
Benameur, m.e.s. Didier
Carrier, Le Poche-Genève
(rens./rés. /loc. 022/310.37.59)
Jeanne Benameur
Née en 1952 dans une petite ville
d’Algérie, ‘Ain M'lila, d’un père arabe et d’une
mère italienne, elle arrive en France à l'âge de 5
ans et la famille s'installe à La Rochelle.
Professeur de lettres jusqu'en 2001, elle consacre dorénavant l’essentiel de son temps à l’écriture : théâtre, roman, poésie, nouvelles.
En 2001 elle a justement reçu le Prix
Unicef pour ce roman-ci, Les Demeurées.
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Théâtre du Grütli
Théâtre des Amis
L'Affaire de la rue Lourcine /
Si ce n'est toi
L’échange
Avec ce diptyque, Eric Salama saute allègrement d'une farce à l'autre.
Farce légère quand il s'agit de Labiche, noire quand Edward Bond en tire
les ficelles. Dans tous les cas, il s'agit de tracer des lignes de convergences
entre deux auteurs que tout semble séparer et qui, pourtant, s'amusent de
concert sur le dos de la
tragédie. L'un en prenant
prétexte du passé, l'autre
de l'avenir.
Chef-d'œuvre
de
Labiche, «L'Affaire de la
rue Lourcine» conte les
mésaventures de deux
compères qui, à la suite
d'une soirée arrosée,
découvrent qu'ils ont probablement poussé le bouchon trop loin.
Eric Salama © Stéphane Pecorini
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Avec «Si ce n'est toi»,
la farce est plus cruelle. Elle fait écho à cette très brève nouvelle de Frédric
Brown : « Le dernier homme vivant sur la Terre se trouvait chez lui. On frappa à la porte »...
Nommé pour la première fois dans un consulat à l’étranger, terriblement seul, Paul Claudel erre longuement dans les forêts des environs de
Washington et de Boston. Il découvre les mythes amérindiens et fait immédiatement le lien avec la part de paganisme et de mystère qui irrigue les
tragédies d’Eschyle qu’il vient de traduire. Cette découverte, associée aux
mœurs américaines qui le déroutent tant, achève de faire mûrir en lui le
Raul Teuscher, photo Gabriel Cunha Rio
germe d’une nouvelle tragédie. Elle parlera d’un monde nouveau, inhospitalier à l’homme, un monde où tout et tout le monde a un prix. Ce sera
« L’Echange ». C’est cette pièce, dans laquelle Claudel nous offre à entendre une langue magnifiquement sensuelle et sensorielle, que Raoul Teuscher
a choisi de mettre en scène et qu’il présentera, après sa création mi-septembre au Petit Globe d’Yverdon, au Théâtre des Amis.
. Du 28 octobre au 16 novembre 2014
. jusqu’au 12 octobre 2014
Billetterie : [email protected], ou 022/888.44.88
Renseignements : 022 / 342.28.74
Le Poche Genève
Théâtre de Carouge
En attendant Godot
Dimitri Clown
Vladimir et Estragon, deux clochards clowns et philosophes, attendent
une personne du nom de Godot. «En attendant Godot» n’a rien d’absurde,
si ce n’est l’absurdité du monde à l’intérieur duquel on cherche à créer du
sens. Pourquoi attendre ? Comment attendre ? Qui attendre ?...
L’œuvre de Samuel Beckett garde toute sa force et son universalité. Elle
reste le miroir de l’espoir et la détresse que notre société continue à générer. L’état de pauvreté dans nos pays, le nombre d’individus laissés à la rue
que nous côtoyons au quotidien dans les grands centres urbains, toute cette
misère ne cesse de croître. Des êtres exclus naviguent aux milieux de la ville,
propulsés dans une dimension qui nous est étrangère.
Les SDF de nos rues
sont nos clowns, tour à
tour drôles et tristes, tendres et impitoyables.
Depuis toujours ces personnages
fascinent,
inquiètent, par la peur que
l’on a de se retrouver un
jour à la même place
qu’eux. Ce sont les personnages burlesques de
notre misère.
L’œuvre de Beckett
Samuel Beckett
est servie par la
Compagnie du Bredin et son metteur en scène Laurent Vacher.
Dimitri présente les meilleures scènes de ses trois spectacles en solo :
Porteur, Teatro et Ritratto, des perles de ces 55 dernières années.
Des mélodies attachantes s’échappent d’appareils étranges et d’instruments classiques, l’« homme-orchestre » joue un air, des balles de ping-pong
volent, Pierrot perd ses dents, le saxophone accouche d’un bébé, le diable se
coince la queue, et les problèmes de la légendaire chaise longue ne sont toujours pas résolus. Un voyage dans un monde onirique, dans un univers
enfantin peuplé d’objets curieux.
Le clown Dimitri
Dimitri, le poète sans paroles, ouvre la porte sur le rêve, la poésie et la
magie, le tout accompagné de tendresse et d’humour.
Laissez-vous tenter par une soirée en sa compagnie, une soirée qui
vous apportera son lot de moments magiques...
. Du 7 au 11 octobre 2014
. Du 10 au 12 octobre 2014
Billetterie : 022 / 310.37.59
Billetterie en ligne : http://tcag.ch/
a
c
t
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Spectacles Onésiens
T
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B
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M
L AU
On ne paie pas, on ne paie pas !
Humour et musique
Comédie de Genève & tournée
UNE PRODUCTION THEATRE DE CAROUGE - ATELIER DE GENÈVE
Reprise à la Comédie, après l’énorme succès rencontré lors de la saison 2012-2013, de ce texte jubilatoire de Dario Fo qui bénéficie
Md’uneOdis-L
tribution survitaminée et
de la magistrale mise en
scène de Joan Mompart.
Le divertissement commence le 3 octobre avec le one man show de
Chris
Equerre,
I ÈquiR
E qui nous permettra de rencontrer un conférencier ridicule
sait tout sur tout et assène ses vérités grotesques en disant tout haut ce
que personne n'a jamais
pensé ! Place ensuite à la
prestation, les 8 et 9 octoRappelons
qu’il
bre, de Percosa, soit quas’agit d’une pièce militre clowns percussiontante dans laquelle
nistes hollandais, égalequiproquos, situations
ment danseurs, comédiens
burlesques, coups d’éclats
et acrobates...
et éclats de rire s’enchaîLe fado prendra la
nent avec férocité et allérelève le 16 octobre avec
gresse,
Carminho, une chanteuse
«On ne paie pas, on
talentueuse considérée, à
ne paie pas !» fait son
moins de trente ans,
retour à la Comédie pour
comme « la plus grande
quelques représentations
révélation du fado de la
avant de partir en tournée.
décennie » au Portugal.
MISE EN SCÈNE : Jean
PuisLIERMIER
le public
Ne ratez pas cette
accueillera, les 29 et 30
occasion de passerSTEHLÉ
une
octobre,–l’humour
musical
Jean-Marc
Catherine
RANKL
ne paie pas !»
«On ne paie pas, onDÉCOR:
soirée de détente...
des Poubelles Boys, des
Carminho by Isabel Pinto
© Carole Parodi
bricoleurs virtuoses qui
. Du 7 au 11 octobre 2014 à Genève - Billetterie : 022 / 320.50.01
nous réservent des surprises hilarantes et plaisantes...
. le 19 octobre au théâtre du Crochetan, Monthey
. le 29 octobre au Reflet-théâtre de Vevey
Billetterie en lligne
LE MALADE
IMAGINAIRE
9 – 21 / IX
T H AT R
KL B R M L AU
COPRODUCTION THEATRE DE CAROUGE - ATELIER DE GENÈVE
PA U L
VA L É R Y
M O N
FAUST
MISE EN SCÈNE: PHILIPPE MENTHA
DÉCOR: AUDREY VUONG
28/X – 16/XI
www.kleber-meleau.ch
location +41 (0) 21 625 84 29
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t h é â t r e
vidy-lausanne
Les Palmiers sauvages
Jusqu’au 12 octobre, Les Palmiers sauvages sont à l’affiche du Théâtre de
Vidy. Le onzième roman de William Faulkner, mis en scène par Séverine
Chavrier, décrit la passion brutale de deux êtres en rupture de ban.
De sa formation en lettres et en philosophie
à ses études musicales à Genève, Séverine
Chavrier tire un goût prononcé pour le mélange
des genres et travaille un théâtre qui voudrait
faire matière de tout: la musique, la voix, le
corps, la vidéo, la scénographie. Entretien.
Séverine Chavrier, pourquoi avoir
choisi d’adapter un roman de Faulkner ?
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Faulkner, je lui tourne autour depuis longtemps.
Ce qui me plaît chez lui, ce sont ses qualités
humaines et épiques, sa grande compassion
pour l’être humain. Et puis pour son écriture qui
n’a cessé de faire des tentatives formelles qui
ont été si importantes pour toute la littérature,
notamment pour le Nouveau Roman en France
et principalement par son rapport au temps éclaté, au récit. J’admire ce travail sur le dévoilement par les paroles. Faulkner aime se demander qui raconte quoi et qu’est-ce qui est dit.
Quels thèmes des Palmiers sauvages
vous ont le plus touchée ?
Faulkner met en scène l’irrationalité de nos vies
et de nos combats. Il creuse dans le « courant de
conscience », dans ces moments où les personnages ont des instants d’illumination. On accède à
leur vérité par étonnement plutôt que par raisonnement, donc par tâtonnements. Il donne la possibilité à ces personnages d’avoir
des fulgurances.
Ce qu’il dit sur
les femmes m’intéresse aussi.
C’est à la fois
violent, lucide et
amer, mais assez
beau. On a pu le
traiter de misogyne, pas moi.
Le sujet du couple et la représentation de l’intime sur scène
me
passionSéverine Chavrier
© Matthias Steffen
naient.
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Dans votre adaptation, êtes-vous
néanmoins restée proche du texte de
Faulkner ?
J’adapte librement, je travaille avec mes acteurs
en création. Ce sont eux qui portent la parole, la
leur et celle de l’auteur. Et puis nous évoquons
d’autres textes de Faulkner ainsi que des textes
d’autres auteurs, notamment Duras.
Avez-vous respecté la structure du
roman et le parcours de son couple ?
On a choisi de s’accrocher au trajet des deux
personnages, à leur déplacement sur le territoire américain. Le couple fuit et vit dans des maisons qui ne sont pas les siennes. On a suivi cette
trame, mais on l’a déconstruite. Le roman ne
parle pas de leur vie quotidienne et de ce qui se
passe entre eux. C’était donc cela qu’il fallait
explorer : que se disent-ils vraiment ? Que montrer sur scène de leur érotisme? Par les moyens
du plateau, plus humoristiques et vivants qu’au
cinéma, on a plongé dans la manière de montrer
la passion et la magie de ce couple grâce aux
sons, à la vidéo, aux voix, notamment ce qu’on
se chuchote dans le noir.
La musique et les paroles vous semblent-elles indissociables ?
Le théâtre est musical par nature. La scène et le
jeu de l’acteur le sont aussi. Je ne cherche pas
une musique par le verbe, mais plutôt que tout
soit musique. La vidéo aussi est très musicale : en
fonction de la musique, l’image bouge, change.
Ce texte parle d’amour, de la violence
du désir et de la difficulté de le maintenir au
centre dans une société qui a un peu exclu
l’amour…
Les Palmiers sauvages, texte un peu autobiographique et écrit après une rupture, dit que l’amour n’a plus de place. L’amour se transforme
en descente aux enfers. On peut se demander si
un art d’aimer poussé à son absolu ne devient
pas un art de mourir.
C’est un thème récurrent dans vos
spectacles…
L’amour est une forme de subversion. Le choix
de mettre le désir au centre et de le maintenir
l’est également.
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Dans une vie de couple, on ne devrait pas être
côte à côte, mais face à face. C’est une manière
de se brûler et sans doute que cela mène dans le
mur, mais l’idée d’aimer l’amour m’a touchée
dans ce livre. Aimer davantage l’amour que
l’autre. C’est une question de création, assez
nietzschéenne : comment créer sa vie, son
temps, comment tenir une vitalité et ne pas se
laisser endormir par des contraintes matérielles.
Votre compagnie s’appelle La
Sérénade interrompue, encore un lien avec
l’amour ?
Il s’agit du titre d’un prélude de Debussy pour
marquer ce lien avec la musique inaltérable.
J’aime bien cette idée d’interrompre une sérénade… ou pas. Et il s’agit effectivement encore
d’une référence à l’amour. C’est peut-être cela
cette histoire de Faulkner en fait, juste une sérénade interrompue…
Propos recueillis par Nancy Bruchez
Les Palmiers sauvages, Théâtre de Vidy-Lausanne, du 25
septembre au 12 octobre.
Romeo Castellucci est certainement l’un
des artistes les plus libres et les plus talentueux
aujourd’hui. Formé aux Beaux-Arts de Bologne,
il investit très vite le théâtre avec la conviction
que l’image peut redynamiser la scène.
Pour Go down, Moses (titre de Faulkner, luimême emprunté à un chant d’esclaves noirs, en
référence à la sortie d’Egypte), Castellucci mène
son travail dans une impasse justement établie
par Moïse : l’interdit de l’image.
En tant que figure la plus importante de la
Bible hébraïque, le personnage de Moïse subjugue Romeo Castellucci depuis longtemps. Moïse,
sauvé des eaux, témoin du mystère du buisson
ardent, libérateur de son peuple de la captivité et
héritier des tables de la loi sur le mont Sinaï, il est
celui à qui Dieu révèle une transcription de son
nom : YHWH. Le metteur en scène italien a décidé de concevoir un spectacle avec ces fragments,
comme un rêve de la vie de Moïse dans un nouveau monde, et plonge dans l’histoire chargée de
paraboles du premier prophète.
Puisant à tous les langages, à toutes les techniques, à toutes les disciplines, Castellucci tire un
goût prononcé pour le mélange des genres.
Fasciné par le théâtre grec et par la théologie, son
œuvre ne laisse jamais indifférent.
Nancy Bruchez
Go down Moses, Théâtre de Vidy-Lausanne,
du 25 au 28 octobre.
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théâtre le crève-cœur, cologny
Une saison de créations
La première saison de la nouvelle directrice du théâtre ‘familial’ de
Cologny affiche d’ores et déjà une programmation très alléchante. Le
théâtre Le Crève-Cœur, qui fête cette année ses 55 ans, promet en effet de
belles découvertes de textes et d’acteurs de la scène francophone.
J’ai souhaité revenir aux fondements mêmes du
Crève-Cœur en mettant l’accent sur la création.’
Aline Gampert, directrice
mises en bouche !
Une saison à suivre de près comme on l’aura compris.
Rosine Schautz
Julien George ouvrira la saison. Après une
Puce à l’oreille rythmée au gramme près et adulée autant en Suisse Romande qu’à Paris, il poursuit son odyssée en « Feydeau-philie » avec
Léonie est en avance, texte mettant en situation
un accouchement qui vire à la catastrophe (16
sept. – 19 oct.). Suivra Camille Giacobino qui
créera Héloïse, pièce de Marcel Aymé où un
homme durant la nuit devient une femme sous les
yeux médusés de son épouse. Pietro Musillo et
Barbara Tobola seront ce couple (11 nov. – 14
déc.). Puis Anne Vaucher mettra en scène pour
six soirs le beau texte d’Ariane Dubillard qui
évoque son rapport ‘énamouré’ avec son père,
Roland Dubillard (13-18 janv.).
Fin janvier, on retrouvera Alain Carré en
metteur en scène et acteur, accompagné d’un
accordéoniste de talent Dimitri Bouclier, dans un
spectacle autour de Jacques Brel (20-24 janv.).
Ensuite, Vincent Babel, le comédien complice de
Julien George, montera Assoiffés de Wajdi
Mouawad, l’auteur libano-canadien qui cisèle
son verbe avec acuité et remue finement le couteau dans les plaies de notre histoire contemporaine. (17 fév. – 22 mars). Enfin, nouvelle recrue
dans le club des metteur-e-s en scène, l’épatante
comédienne Mariama Sylla dirigera Hélène
Hudovernik et Vincent Babel dans Jean et
Béatrice, de Carole Fréchette, pièce qui narre
l’histoire d’une femme dans l’attente de l’homme
qui saurait la délivrer de sa solitude (21 avril –
24 mai).
Et encore, à ne manquer sous aucun prétexte, les voyages intellectuels, intitulés ‘Apéritifs
Crève-Cœur’, lors de trois dimanches à 11h
(oct./fév. et avril), qui feront dialoguer des personnalités historiques de la scène dramatique :
Anne Philipe et Jacques Copeau – Marguerite
Duras et Louis Jouvet – Ariane Mnouchkine et
Antoine Vitez, duos animés par Anne Vaucher et
Alain Carré. Plus que des apéritifs, de réelles
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A noter : les horaires des spectacles ont changé, et les
représentations auront lieu désormais aussi les mardis !
Entretien avec Aline Gampert
Reprendre un théâtre pour une comédienne, est-ce une étape nécessaire, un défi
ou une sorte de rêve d’enfance ?
Cela part en fait d’une autre démarche… Si ça
n’avait pas été le Crève-Cœur, je ne l’aurais sans
doute pas fait. Je reste comédienne avant tout.
Être directrice de théâtre est un nouveau métier
que j’apprends au fil des jours. Cela n’a rien à
voir avec celui de comédienne, mais les deux se
complètent très bien, et se nourrissent l’un l’autre. Être directrice, c’est toucher à de nombreuses
tâches. C’est d’abord être dans un théâtre à plein
temps, organiser le bon fonctionnement des spectacles, trouver des collaborations, gérer toute
l’administration, et c’est ensuite prendre des
décisions tant artistiques que financières.
Même si cela paraît évident, pendant longtemps
je n’ai pas du tout eu l’intention de reprendre Le
Crève-Cœur. Puis les années ont passé, j’ai pris
le temps d’y penser sérieusement, et un jour j’ai
senti qu’il fallait que je me lance. J’en avais
envie. C’est donc un choix mûrement réfléchi.
J’ai mis trois ans à mettre le projet sur pied, et
dorénavant je sais ce que j’y fais et pourquoi je le
fais. Cela ne m’a pas été offert de but en blanc.
Et là, je suis très heureuse et fière de présenter
ma première saison.
Vous avez programmé une saison de
créations inscrite dans la francophonie…
Pourquoi ?
Ah oui, tiens, je n’avais pas vu cela… En fait
pour ma première année, j’ai décidé d’aller à la
rencontre de quatre metteurs en scène dont j’admire le travail et estime le talent. Les quatre
m’ont dit oui tout de suite. Ensuite, nous avons
sélectionné plusieurs textes. Deux contemporains
e
t
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e
et deux classiques
ont été retenus,
dont la plupart des
auteurs n’ont encore jamais appartenu
au ‘répertoire’ du
Crève-Cœur. J’ai
également pris le
soin de maintenir
une ligne artistique
fidèle aux saisons
précédentes, de
manière à ne pas
marquer une coupure trop violente.
Et puis, j’aime que
Aline Gampert
le théâtre soit
© Loris von Siebenthal
accessible au plus
grand nombre, que l’on vienne aux spectacles le
cœur léger et qu’on en reparte, si ce n’est transformé, du moins heureux. Par ailleurs, j’avais à
cœur d’accueillir des équipes d’ici, qui travaillent
et qui sont menées par des acteurs inscrits ici,
dans notre environnement artistique.
Être la fille de ses parents, c’est ‘comment’ dans ce milieu ?
Hmm… C’est pas ‘grave’. J’en suis fière.
Pendant longtemps j’ai voulu m’éloigner du
Crève-Cœur, j’avais envie d’être Aline, et pas la
fille Gampert. Mais aujourd’hui, je me sens à ma
place et chanceuse à la fois. Je suis une batailleuse, une travailleuse, je n’attends pas qu’on me
donne des choses, oui je suis une bosseuse. En
fait, je l’aime ce théâtre et plus le temps passe,
plus on devient complice. J’ai changé quelques
habitudes, conçu une nouvelle manière de l’investir, tout en restant consciente de ce qu’il a
porté depuis sa création. Il y a des ondes, des
énergies ici que l’on ne trouve nulle part ailleurs.
En cela, c’est un lieu particulier, doté d’une vraie
personnalité que je tiens à mettre en avant.
Vous avez réaménagé le foyer ?
Oui, j’avais envie d’un foyer cosy, d’un endroit
aussi qui corresponde au plus près à ce que les
gens cherchent en se rendant au théâtre mais
surtout qui marque un nouveau départ dans
l’histoire du Crève-Coeur.
Il faut dire que le foyer, la journée, est aussi un
espace de travail administratif. J’ai donc dû
repenser les lieux dans cette perspective.
Ainsi, aujourd’hui, c’est un lieu ‘privé’ et
‘public’ à la fois selon les heures. Une autre
manière de faire des liens entre acteurs, techniciens, administrateurs et… spectateurs !
Propos recueillis par Rosine Schautz
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aussi, et peut-être très fortement, par moments. Mais il en va de même
pour chacun des comédiens : eux aussi amènent leur vécu, leurs deuils et
leur relation intime avec la mort.
vidy-Lausanne : massimo furlan
Un jour
Comment montrer la mort sur scène ?
"Dans l’espace scénique, se trouvent six personnages:
un homme, une femme, une jeune femme, une médium,
un corps mauvais, un corps étranger. Ils n’ont pas de
noms, pas d’histoire propre : ils incarnent des
mouvements de l’âme, des accords et des désaccords,
des unions et des séparations, des relations." La note
d'intention du spectacle Un jour est précise. Vidy
accueille le metteur en scène performer et comédien
Massimo Furlan et sa compagne, la dramaturge et
artiste Claire de Ribeaupierre, le temps d'inviter
la faucheuse sur scène.
Je ne sais pas comment les gens vont voir ça. J'imagine qu'Un jour impliquera une sorte de sentiment contradictoire, entre jubilation et affliction.
Le spectateur peut entrer là dedans ou alors violemment refuser. Bien sûr,
sur scène, on verra le corps mort, la mort clinique, de la douleur... Mais le
dispositif scénique ne restituerait pas tout s'il n'y avait pas la dimension
spirituelle, véhiculée par les comédiens. Comme nous, et plus que nous,
ils sont possédés par l'esprit des défunts. Leur rôle étant d'incarner l'autre,
quelqu'un qui n'est pas ou plus là, leur travail artistique est par essence une
relation aux absents. Par conséquent, plus que tout autre, les acteurs ont le
droit d'entrer en transe et de faire arriver les personnages. Ainsi, eux aussi,
contribuent à l'expression de la mort. Cependant, il faut relativiser la question de cette représentation de la mort sur scène, parce que la mort est de
toute manière toujours représentée.
Est-ce qu'elle doit l'être avec pudeur ou pleine licence ?
Pourquoi faire revivre les morts ?
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Furlan : Pour leur demander où ils sont et comment ils vont. C'est un
besoin inhérent à notre
condition de mortel. Notre
spectacle interroge ce lien
qu'on a aux morts, que
nous pouvons enf(o)uir,
mais qui tôt ou tard resurgissent : où avons-nous
avons mis nos morts ?
Comment fait-on pour les
retrouver ? Et, si l'on y parvient, qu'est-ce qui se passe
alors ?
C'est la question fondamentale : comment garder équilibre en la pudeur et
l'impudeur ? Alors, parfois, ça bascule d'un côté, parfois de l'autre. Nous
Puisque la mort
est partout, quand précisément vous est venue l'idée de ce projet ?
Sa genèse est une drôle
d'histoire. Drôle d'abord,
tragique ensuite. Tout vient
d'une rencontre avec Jane
Birkin. Dans sa cuisine,
«Un Jour». Photo répétition © Numero23Prod
nous parlions librement de
nos relations aux défunts - Jane a cette capacité de rendre les morts vivants avons passé beaucoup de temps à bien évaluer cette limite : est-ce bien
lorsqu'elle parle. Et a germé entre nous l'idée d'un projet artistique qui juste ? Ce qui n'empêche pas, à certains moments, de provoquer volontaiconsisterait à explorer ces liens avec la mort et leur rapport avec les rement un déséquilibre pour montrer une force, une puissance.
Un jour a-t-il une prétention thérapeutique ?
vivants. Le projet est né dans la bonne humeur, mais la vie a aussi ses dra(Rires)
Non, même s'il est clair qu'en abordant ces liens, il y a une envie
mes et, en décembre dernier, l'actrice a perdu sa fille tragiquement. Inutile
d'amener
quelque chose pour aider à dire. J'aime bien construire des specde dire que sa participation au projet a pris fin. Par moments, ce projet a
tacles
qu'on
peut partager, qui donnent une place au spectateur.
donc pris des dimensions très émouvantes. C'est très fort, mais il faut alors
savoir prendre de la distance et revenir à l'art.
Ce spectacle marque-t-il un tournant dans votre carrière : de
la mémoire et du travail sur les images d'enfance à l'espoir futur, la
représentation de la mort ?
Je n'irai pas jusque-là, parce que notre compagnie et moi avons monté
d'autres spectacles, qui n'exploitent pas le matériau autobiographique.
Certes, dans cette dernière production, la part de mon vécu apparaîtra
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Propos recueillis par Frank Dayen
Un jour de Massimo Furlan et Claire de Ribeaupierre au Théâtre de Vidy ; www.vidy.ch;
billets en vente sur le site internet et dans les librairies Payot.
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théâtre du loup
Les Démons
Du 30 septembre au 18 octobre, le Théâtre du loup présente une adaptation
théâtrale du roman de Dostoïevski Les Démons. Composée à partir de 1871,
l'œuvre raconte l'affrontement entre conservateurs et nihilistes au sein
d'une petite ville de province en Russie. L'auteur y affirme son dégoût pour
les idéaux révolutionnaires. Aux commandes de cette étonnante création,
José Lillo nous présente son projet.
Qu'est-ce qui vous a attiré dans Les
Démons ? Pourquoi porter ce roman sur
scène ?
ce de la parole trouve sur scène une résonance
particulière.
Il s'agit d'une œuvre très satirique, à travers
laquelle Dostoïevski se confronte à la question
du nihilisme. A certains égards, elle annonce les
dérives totalitaristes du XXème siècle. A l'époque où Dostoïevski écrit son roman, la société russe est traversée par de nombreux bouleversements : les mouvements révolutionnaires se
radicalisent, l'orthodoxie religieuse est remise
en cause et le pouvoir du tsar désavoué.
Dostoïevski est parfaitement conscient de cette
situation trouble, qui transparaît dans son
œuvre. A mon sens, il y a une pièce de théâtre
en germe au sein de ce roman. Les personnages
sont comme possédés par leurs idées. Ce sont
elles qui les font agir et parler. Cette véhémen-
Comment avez-vous adapté un
roman d'une telle envergure en pièce de
théâtre ?
Les Démons a déjà été adapté pour le théâtre par
Albert Camus. C'est un travail impressionnant, car
l'intégralité du roman a été transposée dans la
pièce. Néanmoins, cette adaptation souffre de certains défauts et la traduction laisse à désirer. Je me
suis basé sur la remarquable traduction d'André
Markowicz. J'ai retenu les scènes les plus frappantes du roman et ai ensuite élaboré une trame narrative reliant ces fragments de scène.
Quels sont vos principes de mise en
scène ?
Elle est très dépouillée et repose essentiellement
sur les comédiens. En lisant le roman, on retient
avant tout les figures des personnages, pas tant
le décor dans lequel ils évoluent. Cette mise en
scène invisible a par ailleurs une valeur de
manifeste. J'ai voulu rompre avec une certaine
tendance de la mise en scène contemporaine,
qui privilégie trop souvent les dispositifs multimédia au détriment de l'acteur. Or, l'une des forces du théâtre est de pouvoir montrer l'homme.
La place que réserve le roman aux
questions politiques est absolument primordiale. Etes-vous partisan d'un théâtre politique ?
Bien sûr, mais il faut d'abord définir ce qu'est un
théâtre politique. Ce n'est ni un théâtre esthétique, ni un théâtre à messages, mais un théâtre
qui doit provoquer le trouble chez le spectateur,
pour aider celui-ci à penser. On dit que le théâtre est essentiellement politique, car sans doute
nulle part mieux que sur scène la parole trouve
sa valeur d'action. En effet, au théâtre, parler
c'est agir. En ce sens la parole théâtrale est un
acte politique. Dans Les Démons, les ragots ne
sont d'ailleurs pas si loin de la propagande. Ce
sont deux formes de contrôle de l'information
par la parole, qui ont toutes deux pour but commun de diffamer l'autre.
Les personnages du roman de
Dostoïevski sont très nombreux. Comment
avez-vous réglé la question de la distribution
des rôles ?
Deux options se présentaient à moi : soit doubler ou tripler les rôles par comédien, soit rattacher chaque acteur à un seul personnage. C'est
la deuxième que j'ai choisie. J'avais ainsi moins
de moyens pour la scénographie, mais je n'avais
de toute manière pas envie de m'encombrer d'un
lourd dispositif scénique. Toute la pièce repose
sur l'acteur, sur sa capacité à investir l'espace, à
raconter, à verser sa subjectivité dans le texte
pour que l'objectivité de ce dernier devienne
vivante.
Propos recueillis par Emilien Gür
Les Démons, d'après Dostoïevski, Théâtre du Loup, jusqu’au 18 octobre, m.e.s. José Lillo
Réservation : [email protected], 022 301 31 00
José Lilo © Louise Anne Bouchard
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souvent plus grandes et il faut les remplir avec
des lumières, une scénographie et des fonds
sonores. Les spectateurs peuvent porter leur
regard avant tout sur la création et le texte et
faire appel à leur imagination, pour créer le paysage.
en tournée romande
Derborence
La compagnie MuFuThe revient sur la catastrophe de Derborence, qui fête ses
300 ans, avec une adaptation de l'œuvre éponyme de Ramuz. Rencontre avec
Mathieu Bertholet, metteur en scène.
La nature tient le rôle principal, comment avez-vous travaillé la mise en scène en
salle, afin de le lui redonner ?
La nature est omniprésente dans le texte de
Ramuz, il n'y avait donc
pas besoin de la faire
réapparaitre dans la mise
en scène. Nous nous
sommes concentrés sur
le roman, pour montrer
sa constance et sa pérennité. Nous souhaitions
vraiment l’ouvrir et permettre au spectateur d'y
entrer. Nous ne l’avons
d’ailleurs pas modifié,
au contraire nous l'avons
préservé au maximum,
en faisant un travail de
réduction, mais les phrases sont à leur place.
68
Il sera joué par
un chœur collectif,
pourquoi ?
Derborence© Pierre-André Bertholet
Les Alpes, une nature forte qui dicte sa loi
au mépris des hommes. Le 23 septembre 1714,
un pan du massif des Diablerets s'écroulait provoquant ainsi la mort de 25 personnes. Cette
catastrophe Ramuz y met des mots dans le
roman Derborence, qui raconte l’histoire
d’Antoine miraculeux survivant. La compagnie
MuFuThe adapte ce récit au théâtre, avec dix
comédiens formant un chœur contemporain. Le
metteur en scène Mathieu Bertholet parle de son
projet.
Oui absolument. Le projet existait bien avant.
Pouvoir jouer dans ces lieux était une expérience très intense. C'est un site magnifique et très
particulier. La nature y dicte sa loi. La météo est
d'ailleurs vraiment imprévisible, ce que nous
aurions pu prévoir si nous avions mieux lu le
texte. (rire n.d.l.r) Pouvoir jouer sur l’emplacement même de l’événement fut une expérience
formidable pour l’équipe. Les acteurs ont pu
s'imprégner de l’atmosphère et enrichir ainsi
leur jeu.
Pourquoi avoir choisi d’adapter
Derborence de Ramuz ?
En parlant de l'importance des lieux,
comment allez-vous adapter la mise en scène
pour passer des représentations en extérieur
aux représentations en salle ?
Mathieu Bertholet : Ce projet s'intègre dans un
travail de résidence de 3 ans au théâtre du
Chrochetan à Monthey. J’avais envie de mettre
en scène les écrits de Ramuz, car même s’il agit
de romans, c'est une écriture orale et théâtrale.
Vous avez également eu l'occasion de
jouer lors de l'anniversaire de la catastrophe, était-ce un hasard ?
a
Nous avons pensé la pièce en salle. Nous avons
d'ailleurs répété à l'intérieur. Il est cependant
vrai que ce sont deux manières de travailler différentes. En extérieur, le plateau est souvent
plus petit et le paysage alentour joue un rôle
immense. Les acteurs n’ont pas toute l’attention
du public, fasciné par le paysage, ce qui peut
être oppressant. En intérieur, les scènes sont
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Pour montrer la dimension collective et l'interchangeabilité des personnages. Dans le roman,
un seul personnage survit, Antoine, mais cela
pourrait être n'importe qui. Nous avons ainsi
décidé d'attribuer ce personnage à tous les
acteurs en même temps, ce qui donnait aussi la
possibilité au spectateur de s'y identifier plus
facilement.
Propos recueillis par Valérie Vuille
Derborence, par la compagnie MuFuThe,
- 9-10 octobre à Monthey au théâtre du Crochetan
Location : 024/471.62.67
- 15 et 16 octobre à l’Espace Nuithonie à Villars-surGlâne.
Location : Fribourg Tourisme 026/350.11.00 / [email protected], ou Nuithonie: 026 407 51 51
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MIGROS-
L-CLAS
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POUR-C
015 au
Saison 2014/2
SICS
Théâtre des Marionnettes de Genève
Victoria Hall
Samedi 25 octobre 2014 à 20 h
ORCHESTRE SYMPHONIQUE
TCHAÏKOVSKI DE MOSCOU
Vladimir Fedoseyev (direction)
Rudolf Buchbinder (piano)
TOI DU MONDE
Dès 4 ans
4 au 19 octobre 2014
Les difficultés de la vie enfantine
vues depuis les toits.
TURLUTUTU
De 1 à 3 ans
20 au 30 octobre 2014
Des comptines sortent de l’habit
de Monsieur Turlututu.
tm
Johannes Brahms
Concerto pour piano et orchestre Nº 1, op. 15
Piotr Ilitch Tchaïkovski
Symphonie Nº 6, op. 74, «Pathétique»
n
mario
Billetterie: Service culturel Migros Genève, Rue du Prince 7, Tél. 022 319 61 11
Stand Info Balexert et Migros Nyon-La Combe.
www.culturel-migros-geneve.ch
WUNDERKAMMER
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31 octobre au 5 novembre 2014
Un étonnant cabinet aux merveilles
marionnettiques.
g
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nette
Rue Rodo 3 – Genève
022 807 31 07
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Organisation: Service culturel Migros Genève
www.culturel-migros-geneve.ch www.migros-pour-cent-culturel-classics.ch
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SALLE DES FÊTES DU LIGNON
Place du Lignon 16 — Vernier
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BRUNA GONDONI & MARCO BENDONI
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Service de la culture — 022 306 07 80
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NOV.5
NOV.
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CRÉATION MONDIALE
PRINCE
MICHAËL LEVINAS
WILLIAM DONGOIS
s p e c t a c l e s
à thonon et évian
Délocalisation
Les travaux et les jours, titre d'une pièce d'un auteur que l'on connait bien dans
la région, Michel Vinaver, pourrait qualifier l'actualité dans le domaine des
lieux culturel en Haute-Savoie. En effet, au début d'une saison qui va voir la
réouverture de Bonlieu „relooké“ de fond en comble à Annecy, le théâtre de la
Maison des Arts de Thonon reste fermé jusqu'en janvier 2015 pour cause de
rénovation. En attendant cette réouverture du Théâtre Maurice Novarina, du
nom de son concepteur (1907-2002), les spectacles de la première partie de la
saison 2014-15 seront naturellement disséminés dans d'autres salles.
70
Ainsi, la ville d'Evian sera partie prenante à
de nombreuses reprises, tout d'abord avec la
poursuite de la résidence désormais bien établie
de l'Orchestre des Pays de Savoie – associé à la
Maison des Arts Thonon-Evian - dans la salle de
la Grange au Lac (voir entretien avec Nicolas
Chalvin dans ce numéro). Le 12 octobre, l'OPS
y fêtera ses 30 ans, un anniversaire inauguré
avec la collaboration de Jean-François Zygel,
puisque le désormais réputé pianiste et animateur viendra improviser autour de thèmes
mozartiens dès 15 heures, avant de céder la
place à l'orchestre pour un programme (à
17h30) consacré à une ambiance franco-américaine (Milhaud, Copland, Bernstein, Ravel).
Au mois de décembre, c'est un Genevois
d'adoption, Nelson Goerner qui sera le soliste
de l'OPS pour un programme Schönberg,
Mozart, Penderecki et Chopin dont il interpréte-
ra le Concerto pour piano no 1. Auparavant,
Philippe Jaroussky aura fait accourir tous les
fans de pyrotechnie vocale puisque la Grange au
Lac le recevra ainsi que l'Ensemble Artaserse
dans un programme Vivaldi et Scarlatti le 22
novembre. Toujours côté classique, on notera la
poursuite des Dimanches Musicaux des Heures
Claires, lesquels fêtent également leurs 30 ans
et le Château de Ripaille verra se dérouler lors
de cette saison six concerts, le premier le 30
novembre avec François di Casola (clarinette),
François Killian (piano) et Veit Hertenstein
(violon).
Musique encore avec côté jazz, l'ensemble
de Gregory Porter (Grange au Lac le 4 octobre),
Antoine Brouze Quintet (Evian, Théâtre du
Casino le 17 octobre) et James Carter en trio
(Grange au Lac le 15 novembre). Musique toujours avec un divertissement intitulé Ni fini ni
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Dan Jemmett © Mario Del Curto
novembre au Casino, le 6 à Excennevex, le 7 à
Morzine). Théâtre d'objet, danse et théâtre au
menu de la Conversation avec un jeune homme
un spectacle de la Compagnie Gare Centrale
d'Agnès Limbos (Théâtre du Casino les 13 et 14
novembre). Théâtre et marionnettes ensuite avec
La Maison près du lac de Yael Rasooly et Yaara
Goldring (dès 12 ans, Théâtre du Casino les 18
et 19 novembre) avant l'accueil d'une mise en
scène d'Yves Beaunesne et de sa Compagnie
Poitou-Charente avec L'Intervention de Victor
Hugo (Théâtre du Casino les 27 et 28 novembre). Début décembre, l'intrigant Silence par
Night Shop Théâtre occupera avec des marionnettes géantes la scène du Théâtre du Casino (le
9 décembre, le 12 à Sciez), et la programmation
2014 se terminera avec des „histoires à raconter“ de Yannick Jaulin (Théâtre du Casino le 19
décembre).
Nelson Goerner © Aline Paley
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infini par le Schön Théâtrenciel (1er et 2 octobre à l'Espace des Ursules à Thonon), un cabaret avec Les Psychopompes de la Compagnie
Travelling Théâtre (Evian, Théâtre du Casino
les 14 et 15 octobre), Vincent Delerm (Grange
au Lac le 8 novembre) et Michel Fugain et
Pluribus (Grange au Lac le 6 décembre).
La Salle du Casino d'Evian recevra la partie théâtrale de la programmation, avec Le
Square de Marguerite Duras mis en scène et
joué par Didier Bezace avec Clothilde Monnet
(les 7 et 8 octobre), et ensuite une création de
Dan Jemmett, artiste associé à la Maison des
Arts qui présentera Les Noces imaginaires
d'Iphigénie, une „petite forme décalée d'après
Iphigénie en Aulide“ d'Euripide (les 4 et 5
Frank Fredenrich
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SIDEWAYS RAIN
ALIAS - GUILHERME BOTELHO
DANSE | EQUILIBRE
VE 14 NOV. 2014
Un spectacle
d’une fascinante beauté !
Sideways Rain a reçu le Prix suisse
de danse en 2013
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SÉQUENCE 8
LES 7 DOIGTS DE LA MAIN
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ME 29 À 15H ET 20H
A découvrir en famille dès 8 ans !
Dernière coqueluche des Québécois,
ce collectif issu du Cirque du Soleil fait
souffler un vent de fraîcheur sur
le nouveau cirque.
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s p e c t a c l e s
bonlieu annecy
Le théâtre nouveau,
c’est parti !
Impatience, excitation, admiration, après deux de travaux,
la Scène nationale de Bonlieu à Annecy a fait peau neuve !
Evénement s’il en est par les temps qui courent, Bonlieu
est rénové de fond en comble, 33 ans après sa construction.
La saison d’ouverture peut commencé et les trois scènes du
théâtre vous ouvrent leurs portes durant le mois d’octobre
pour des visites insolites. Le maître de céans, Salvador
Garcia, a bien fait les choses et programme une saison
riche en émotions. Ne tardez plus à réserver !
72
Ce ne sont pas moins de 75 spectacles et 180 représentations qui viendront sur les plateaux remis à neuf de
Bonlieu. La réouverture scénique est agendée les 5, 6 et 7
novembre prochains avec trois spectacles qui vaudront le
détour. D’abord avec Dominique Pitoiset, dans la grande
salle, Un été à Osage County, aventure scénographique
ambitieuse pour la désormais célèbre œuvre de Tracy Letts.
Succès cinématographique porté par Meryl Streep et Julia
Roberts l’an dernier. Dans la petite salle du théâtre également rénovée, la beauté hypnotique de Tordre, la création
du stupéfiant Rachid Ouramdane qui nous donne à voir un
portrait dansé de femmes intime et sensible. Enfin, dans le
nouvel espace de la salle de création, dans une tradition circassienne qui cultive le déséquilibre et l’absurde, Camille
Boitel a conçu Eclats, bribes et débris comme un regard
porté sur la fragilité du notre humanité.
Mais avant ces soirées d’inauguration, le théâtre sera
déjà ouvert au public et ce de façon plus spectaculaire qu’il
n’y paraît avec du 9 au 19 octobre, des visites « déguidées », pensées
comme une déambulation dans les espaces les plus étonnants du théâtre
nouveau. Les curieux seront accompagnés par de vrais faux guides comédiens qui ont mille histoires à vous raconter, pour rire ensemble de situations inédites.
Des visites « guidées » auront pourtant lieu du 21 au 26 octobre, et
qui plus est, menées par le directeur du théâtre de Saint-Gervais, Philippe
Macasdar, endossant son costume de comédien drôle et instructif pour
faire revivre les souvenirs et les anecdotes liés au théâtre.
Enfin, les hôtesses de Bonlieu vous accueillent dans les coulisses et
l’envers du décor pour des visites les mercredi, samedi et dimanche à
14h30 et à 16h30. Places limitées et réservations immédiates recommandées !
Ouverture, accueil et culture
En pénétrant dans les nouveaux espaces de Bonlieu, le visiteur est
frappé d’emblée par l’élégance et la sobriété des volumes et des couleurs,
par l’unité limpide de l’ensemble architectural qui s’impose comme un
lieu d’ouverture, d’accueil et de culture paré pour se projeter dans le futur
de l’innovation scénique, mais aussi respectueux des traditions théâtrales
«1 heure 23' 14" et 7 centièmes» avec Jacques Gamblin © Jonathan Sirch
et de la diversité des publics qui aspirent à faire vivre ce lieu.
On en veut pour preuve la nouvelle entrée du théâtre sur plusieurs niveaux parfaitement rythmés, que surplombe une
galerie prévue pour accueillir un bar et une cuisine dignes de
ce nom, du blanc, des nuances de gris du sol au plafond qui
mobilisent la lumière et permettent aux différents espaces de
respirer et de s’ouvrir aussi sur l’extérieur. De même,
comme un clin d’œil malin et ludique aux origines du théâtre et au grand Maurice Novarina, des motifs de décoration
murale ont non seulement été préservés, mais ont inspirés
les logos de la nouvelle charte graphique de la saison 20142015. Chaque élément de cette signalétique repensée correspond à une interrogation salutaire liée à la mission cuturelle et vivante d’un outil aussi riche et ambitieux. Par exemple : on se parle ? on s’écoute ? on sort ? on partage ? on s’étonne ? et, on joue ? Une idée de la culture au service de la
créativité artistique et l’image d’un théâtre qui s’ouvre et
«Carmen», chorégraphie de Dada Masilo © John Hogg
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publics. Il croit plus que jamais au désormais célèbre PACT,
projet européen franco-suisse, plate-forme de création transfrontalière et moteur de mixité et d’échanges culturels.
Bonlieu devient ainsi un outil majeur de productions scéniques
de notre région et pourra par là-même se positionner à l’échelle européenne comme un acteur prépondérant de la diversité
artistique, au même titre que le théâtre de Vidy ou que le festival de la Bâtie, avec lesquels il a encore renforcé sa collaboration.
Et puis, les artistes fidèles à la scène nationale seront
encore de la fête cette saison. André Dussolier, Romane
Bohringer et Pierre Pradinas, Jacques Gamblin, Boris
Charmatz, Omar Porras, Thierry Bédard et Michel Boujenah.
Mais, il y aura aussi foule d’événements sur les différents plateaux de Bonlieu. Dans l’ordre d’apparition : Vincent
«Cirkopolis» par le cirque Eloize © 2012 Productions Neuvart / Valérie Remise
Macaigne, Jan Fabre, Jean-Claude Gallotta, le Ballet de
l’Opéra de Lyon, Dada Masilo, Pascal Rambert, Christoph
laisse le champ libre aux artistes, dans un parti pris de discrétion, d’élé- Marthaler, Mourad Merzouki, Joël Pommerat, Yoann Bourgeois, Alain
gance et d’efficacité qui n’est pas sans rappeler une conception suisse-alé- Platel, Julien Gosselin ou Angelica Lidell. Autant d’artistes qui comptent
manique des lieux de culture !
sur les scènes contemporaines et qui sont emblématiques de la volonté de
Bonlieu de proposer ce qui se fait de mieux sur les scènes européennes.
C’est une nouvelle ère qui commence ! Réjouissons-nous !
Convictions
Jérôme Zanetta
Par ailleurs, le directeur Salvador Garcia sera fidèle à ses convictions
d’accueils et de productions scéniques de qualité et tournés vers tous les
OCTOBRE
ME 8 – LOU Cabaret théâtral et déchanté
MA 14 – LAVERIE PARADIS de Claude-Inga Barbey Humour
ME 22 – BIANCO SU BIANCO de Daniele Finzi Pasca – à Monthey
DI 26 – AU PAYS DE L’AILLEURS de Guy Kummer-Nicolussi
NOVEMBRE
MA 4 – LA MALADIE DU POUVOIR d’Octave Mirbeau
ME 12 – MUR d’Amanda Sthers avec Rufus et Nicole Calfan Comédie
VE 14 – GUITARES ET CORDES
MA 18 – ANTOINE DULÉRY
FAIT SON CINÉMA (MAIS AU THÉÂTRE) Humour
MA 25 – LA PETITE ÉVASION de Daniela Ginevro
«éclats bribes et débris» de Camille Boitel © Yannick Bourdin
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cirque. Le Forum Meyrin perdra donc à terme
un public intergénérationnel et familial.
théâtre forum meyrin
Saison 2014-2015
Un nageur qui semble flotter sous l’eau, une poignée de mots à la légèreté
onirique, le ton est lancé : le Théâtre Forum Meyrin nous invite à entrer dans sa
saison 2014-2015 « Comme dans un rêve »…
Entretien avec Anne Brüschweiler, directrice du théâtre Forum Meyrin.
Expliquez-nous le beau titre que
vous avez donné à votre nouvelle saison.
74
C’est d’abord une partie du titre du dernier
spectacle qui aura lieu dans les murs, J’ai
couru comme dans un rêve, une création collective des Sans Cou. J’ai choisi de donner ce
titre à la saison parce que comme le rêve, le
théâtre – ou plutôt les arts vivants – nous
aident à vivre. Le rêve se joue de la logique, il
réaménage la réalité, il est le merveilleux qui
s’oppose au cauchemar, le limpide à l’obscur.
Sans rêve, pas de sommeil réparateur.
Il se trouve que je m’intéresse depuis longtemps aux neurosciences et que le Forum
Meyrin organisera trois rencontres autour d'un
spectacle, afin de réfléchir aux liens entre le
théâtre et les neurosciences. Comment fonctionne le théâtre dans le cerveau du spectateur,
comment fait-il pleurer, s’énerver, s’enthousiasmer ? Nous aurons comme invité Gabriele
Sofia, chercheur à Montpellier, d’origine italienne, qui ajoute à sa formation en psychologie
neuroscientifique une formation de comédien et
de metteur en scène. Sa thèse a porté sur la
neurophysiologie de l’acteur et du spectateur. Il
s’associera à trois moments de la saison : avec
The Valley of Astonishement de Peter Brook il
sera question du cerveau et de l’inconscient ;
avec Charlie Chaplin et les Lumières de la Ville
on parlera du comique et du rire ; enfin avec
King Size de Christoph Marthaler, il s’agira de
l’influence des chansons populaires sur le cerveau et du plaisir du spectateur.
Beaucoup de musique accompagne
les spectacles…
À un moment de ma vie, j’ai beaucoup pratiqué
le chant, ce qui me porte à m’intéresser à son
influence sur l’être humain. On sait par exemple
que le chant développe de l’ocytocine, l’hormone du plaisir, et que les enfants exerçant une activité musicale présentent des capacités d’apprentissage accrues dans tous les domaines. Le choix
des spectacles de la saison est donc sous-tendu
e
Anne Brüschweiler © StudioCasagrande.com
par l’approche neuroscientifique et par mes propres goûts pour la musique, qui accompagne de
nombreux spectacles, mais ce qui guide bien
entendu et avant tout le choix des spectacles,
c’est la réponse par l’affirmative à la question :
ces spectacles sont-ils dignes d’être vus ?
En feuilletant le programme, je ne
trouve que trois spectacles de cirque, dont un
seul de grande ampleur, Alice in China, ce
qui semble en diminution par rapport aux
années précédentes.
Le Forum Meyrin est une salle pluridisciplinaire qui offre un panorama du meilleur des arts
vivants en termes de formes, de sujets, d’esthétiques. On connaît mon attachement aux arts
circassiens qui malheureusement peuvent de
moins en moins facilement se produire chez
nous à cause de la configuration de la scène. Le
canton de Genève voit ainsi peu à peu lui échapper cet art vivant très fédérateur, au profit de la
France voisine et du canton de Vaud qui ont
mesuré tout l’intérêt qu’il y avait à construire de
très grandes salles dotées de scènes en mesure
d’accueillir des troupes pratiquant les arts du
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Une page du programme présente des
rubriques à l’intitulé incitatif : imaginer le
pire, revisiter les dossiers brûlants, voir les
choses en grand, soutenir le Made in
Romandie, prendre la route, redécouvrir des
figures mythiques. Que recouvrent ces
rubriques ?
Je dirai en préambule que la saison 14-15 sera
plus courte que les précédentes car des travaux de rénovation de la salle sont programmés. Nous n’aurons donc qu’une trentaine de
spectacles jusqu’en mars, puis des spectacles
hors les murs : Les Particules élémentaires,
Coup fatal et Il n’est pas encore minuit
(rubrique « prendre la route »). Trois spectacles relèvent peu ou prou du théâtre documentaire : Une femme sans histoire, Standards et
Court-Miracles (rubrique « revisiter les dossiers brûlants »). Dans la rubrique « soutenir
le Made in Romandie », nous avons la dernière création de Dorian Rossel, Alexandre
Doublet qui donnera la parole à des adolescents en perte de repères dans All Apologies –
Hamlet, un spectacle de danse avec la Cie
Philippe Saire dans Utopia Mia et un de
cirque de Fabrice Melquiot qui a écrit les textes pour le Nouveau Cirque national de
Chine ; enfin, cette rubrique romande s’enrichira de deux soirées musicales avec
l’Orchestre de Chambre de Genève qui jouera la
partition écrite par Charlie Chaplin pour Les
Lumières de la ville, sous la direction de
Philippe Béran et de Pygmalion Blues par le
Geneva Camerata avec Yaron Herman et David
Greilsammer.
J’ai mentionné Dorian Rossel, dont la compagnie STT en résidence au Forum donne lieu à un
compagnonnage extrêmement fructueux qui
confirme depuis deux ans le grand bonheur que
nous avons à travailler ensemble. La Cie Alias,
autre compagnie en résidence depuis plusieurs
années, fêtera en 2015 ses vingt ans d’existence.
Pour commémorer cet événement, Guilherme
Botelho a eu l’excellente idée de confier des
images d’archives à un vidéaste qui projette sur
façade. La trilogie Distancia ouvrira sur Antes,
une création qui créera sans nul doute l’événement, complétée par les reprises de
Jetuilnousvousils et de Sideways Rain. Les
trois spectacles s’accompagneront de propositions artistiques telles qu’un kiosque dressé
dans l’enceinte du théâtre qui fonctionnera sur
le principe du juke-box : chacun pourra offrir
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une danse à une personne. Les bureaux d’Alias
étaient dans les murs du Forum cette année, de
même que les répétitions de la Cie STT s’y sont
déroulées. Ces aspects de la vie commune sont
une incontestable richesse. Il est extrêmement
précieux d’être nourri par la créativité d’artistes
de cette qualité. Leurs doutes, le processus évolutif sont partagés par tous avec beaucoup d’intensité. Le théâtre n’est-il pas au service des
artistes et non l’inverse ?
Enfin, je rêvais depuis longtemps d’avoir
Christoph Marthaler, cet artiste radicalement
original qui a inspiré nombre de spectacles
contemporains. C’est chose faite avec King Size
(rubrique « redécouvrir des figures
mythiques »).
À mes yeux, les fleurons d’une programmation
ne sont pas là pour le prestige mais parce qu’ils
apportent réellement quelque chose. Des noms
moins prestigieux seront sans doute les classiques de demain : je pense à Judith Chemla
dans L’Annonce faite à Marie, à Olivier
Martin-Salvan dont le potentiel comique explose dans Pantagruel ; c’est un comédien complet
au large spectre, pratiquant le chant lyrique,
dont on entendra parler.
Que le théâtre nous emmène ailleurs, comme
dans un rêve !
Propos recueillis par
Laurence Tièche Chavier
Le programme complet du théâtre Forum Meyrin peut
être consulté sur le site www.forum-meyrin.ch
théâtre forum meyrin : the valley of astonishment
Le retour du magicien
Peter Brook avait refait un tour aux Bouffes du Nord, qu’il ne dirige plus
depuis quelques années, et refait un tour de magicien comme il est seul à
savoir le faire : avec rien il fait un spectacle plus fort que n’importe
quelle grosse production.
D’ailleurs, un magicien il en met un dans
cette nouvelle pièce, The Valley of Astonihment
(la Vallée de la stupeur), comme pour nous dire,
avec un clin d’œil, que la prestidigitation, c’est
d’abord une affaire suggestion et de manipulation du cerveau. Comme lorsqu’il créa
L’Homme qui il y a une vingtaine d’années,
Brook met en scène le cerveau, son dysfonctionnement ou plutôt son hyper-fonctionnement. Le personnage principal est une femme
dont la mémoire enregistre tout : les gestes qui
ont lieu autour d’elles, les pages qu’on vient de
lire, les listes qu’elle entend. Même si on multiplie les pièges dans les textes qu’on lui demande de restituer immédiatement après les avoir
entendus, elle ne se trompe pas. Elle réussit
l’impossible : se souvenir de ce qui, chez les
individus « normaux », n’est pas mémorisable.
Mais cela ne va pas sans souffrance. Comment
évacuer du cortex toute cette matière de mots et
d’images qui l’a envahi ?
Une nouvelle fois, Brook et sa complice de
toujours, Marie-Hélène Estienne, ont hanté les
services et les centres de documentation psychiatriques, interrogé des neurologues. Puis ils
ont représenté ce cas médical dans le contexte
médical. Le plus souvent, la femme douée
d’une folle capacité mnémonique fait face à
deux psychiatres qui la mettent en confiance, la
soumettent à quelques exercices et tentent de
comprendre (en fait, la mémoire passe par des
associations immédiates avec des images).
Le spectacle se compose seulement de ces
courtes scènes et change de cadre, à la fin,
puisque la « malade » accepte de se produire en
public et faire la démonstrations de ses dons
dans un music-hall. Mais le décor ne change
pas. Il y a juste une table et des chaises, qu’on
décale de quelques centimètres. C’est ça, le
génie de Brook : épurer jusqu’à ce qu’il n’y ait
plus rien et qu’on voie tout. L’actrice anglaise
Kathryn Hunter interprète le rôle central avec
une présence étrange, fascinante et poignante.
De petite taille, maigre, androgyne, elle porte
un costume noir, comme rescapée d’un deuil
mystérieux. Ses deux partenaires, Marcello
Magni et Jared McNeill, jouent plus la normalité et la banalité mais avec un joli don pour la
transformation. Les musiciens Raphaël
Chambouvet et Toschi Tsuchitori complètent la
mise en apesanteur de ces choses graves traduites avec la plus profonde des légèretés.
Magnifique retour du maître Brook !
Gilles Costaz
Les 15, 16 et 17 octobre : The Valley of Astonishment,
« recherche théâtrale » de Peter Brook et Marie-Hélène
Estienne, lumières de Philippe Vialatte, surtitrage de
Pierre-Heli Monot, avec Kathryn Hunter, Marcello
Magni Jared McNeill et les musiciens Rapahël
Chambouvet et Toshi Tsuchitori.
«The Valley of Astonishment» - photo Pascal Victor
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s p e c t a c l e s
nuithonie et équilibre
Octobre
fribourgeois
Abondance de spectacles ne saurait nuire, et dans le cas
fribourgeois il est désormais démontré du point de vue
culturel que tout vient à point à qui sait attendre puisque
maintenant trois salles offrent leurs productions au public,
soit deux à Nuithonie (Mummenschanz et petite salle)
venant compléter l'offre de la grande salle Equilibre.
76
L'automne s'annonce varié avec de nombreuses
soirées théâtrales mêlant créations locales (généralement à Nuithonie) et accueils de spectacles venus des
scènes privées parisiennes (le plus souvent à
Equilibre). Mais ce n'est pas un hasard si l'une des
premières productions locales de l'automne à l'affiche
s'annonce sous le signe de l'humour – musical dans ce
cas. Deux violonistes, Annick Rody et Camille Stoll,
l'altiste Laurence Crevoisier et la violoncelliste Sara
Oswald ont uni leur destin d'interprètes en fondant en
2005 Barbouze de chez Fior, référence à un parfum
que connaissent les lecteurs Zazie dans le métro de
Raymond Queneau. Après avoir accompagné de nombreux artistes de la région (Pascal Auberson, Lee
Maddeford, les Young Gods...) les voici s'accordant
une carrière à mi-chemin entre les Kronos et Le
Quatuor, entre apparentes improvisations et dégustations gustatives, elles avaient proposé Poule au pot
Moléculaire, avant de passer à l'Arche part à huit heures, création tout
public jouée avec trois comédiens durant l'hiver dernier. Retour donc à
Nuithonie pour ce quatuor peu orthodoxe pour Polysomnographie, un produit musical inspiré par Morphée dont on peut supposer qu'il ne fera pourtant pas s'assoupir les spectateurs (vendredi 3 octobre).
Bien connu désormais du public romand, Robert Sandoz proposera
ensuite une adaptation intitulée 33 T ! en compagnie du metteur en scène
Alain Bertschy : deux acteurs et deux danseuses se mettront au service de
souvenirs recueillis auprès de 33 personnes, les évocations étant liées à des
chansons (Nuithonie, jeudi 9, vendredi 10, samedi 11, mercredi 15, jeudi
16 et vendredi 17 octobre).
Toujours à Nuithonie, accueil ensuite d'un des lieux de création français de référence pour jeune public, le Théâtre Nouvelle Génération/
Centre Dramatique National de Lyon qui proposera Everest (dès 9 ans) le
samedi 11 et dimanche 12.
Et si Derborence (voir article dans ce numéro) attirera les lecteurs de
Ramuz, c'est la salle Equilibre qui recevra Alain Chamfort le jeudi 16
octobre. Dixième création au programme de Cuche et Barbezat dans une
mise en scène d'un duo de Pierre bien connus, Mifsud et Naftule (le samedi 18 octobre à Nuithonie).
«Séquence 8» par Les 7 doigts de la main © Lionel Montagnier
Place au classique également, puisque l'Orchestre de Chambre
Fribourgois fondé par Laurent Gendre il y a cinq ans offre désormais une
série de cinq concerts à Equilibre, le premier ayant été donné le 9 septembre. Le mardi 21 octobre, Laurent Gendre dirigera un programme
Beethoven (Concerto pour violon, soliste Stefan Muhmenthaler) ) et
Schumann (Symphonie no 4).
Toujours à Equilibre, accueil de
Séquence 8, un spectacle de « nouveau
cirque » par la compagnie Les 7 doigts de la
main qui s'annonce haut en couleurs et en
acrobaties et autres spécificités du genre, le
tout teinté d'humour (mardi 28 et mercredi 29
octobre).
Frank Fredenrich
«33t!» © Aurélien Aldana
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e x p o s i t i o n s
à genève et bâle
Une saison Courbet
Cette double exposition consacrée à Gustave Courbet , né en 1819 à Ornans et
mort en 1877 à la Tour-de-Peilz en Suisse, est aussi l’occasion de mieux faire
connaître l’œuvre d’un artiste, dont l’influence pour les tenants de la peinture
des années 1860 et des débuts de l’impressionnisme a été décisive.
78
En choisissant de s’arrêter sur les années
suisses de Gustave Courbet, le musée d’Art et
d’Histoire de Genève et sa commissaire
Laurence Madeline apportent un nouvel éclairage aux années d’exil de Courbet. Peut-être fera-til changer d’avis tous ceux qui pensent que,
contraint de fuir la France, pour échapper aux
représailles et à la confiscation de ses œuvres,
Courbet s’installant en Suisse ne donnait plus
rien de neuf. Un jugement largement répandu par
Zola mais aussi par nombre d’autres amis du
peintre, qui ne veulent voir dans ces œuvres de
l’exil que des toiles bien inférieures à celles de
Paris ou d’Ornans, sans éclair de génie. Des amis
qui se désintéresseront de lui, comme Claude
Monet, dont Courbet fut cependant le témoin de
mariage le 28 juin 1870. Comme l’a relevé
Laurence des Cars, dans sa contribution d’un
catalogue très bien documenté, ces années douloureuses de l’après-Commune et de l’exil sont
considérées comme « un sujet d’embarras pour
l’entourage critique de l’artiste dès son vivant ».
Et de reconnaître que « l’amnistie artistique individuelle fut sans doute plus longue à s’établir que
ne le fut sans doute l’effacement collectif de la
condamnation juridique en 1880 ».
Lorsque Courbet arrive le 23 juillet 1873 en
Suisse, il pense plus à une transition qu’à une fin.
De plus, natif de Franche-Comté, Courbet ne
devait pas se sentir trop étranger dans son nouveau pays d’adoption. En s’installant à La Tourde-Peilz, sur cette Riviera vaudoise déjà si touristique, il découvre aussi que ce site lui offre la
possibilité d’explorer des motifs picturaux, dans
l’air du temps et répondant à la demande du marché du tourisme. Que ce soit les arbres du parc
des Crêtes, les montagnes, le lac Léman et surtout le Château de Chillon, dont on a répertorié
pas moins de 21 versions, les sujets lui semblent
familiers. Le parcours de l’exposition réserve
d’ailleurs une petite enclave à ce motif du
Château de Chillon, un site qui a été peint par les
plus grands artistes du 19° siècle, William
Turner, Alexandre Calame ou François Bocion.
Le visiteur ne pourra s’empêcher de faire le
a
parallèle avec Claude Monet, qui avec son motif
des cathédrales ou des meules de blé reprendra
exactement ce même principe du systématisme et
de la sérialité. Dès son arrivée en Suisse, Courbet
n’a eu de cesse de se faire connaître. D’une part,
par les œuvres réalisées sur place mais aussi celles, une centaine environ, qu’il avait emportées
avec lui et espéré vendre. Il ouvre donc en août
1875 une galerie, où sont exposés des œuvres des
années 1840 à 1850, dont certaines non destinées
à être vendues comme cette très belle Joe, la
belle Irlandaise (1866) ou des autoportraits,
comme cet Homme à la ceinture de cuir
(1845/46), qui souligne sa dimension d’artiste,
ou cet Autoportrait (1850/53) au profil assyrien,
ou encore L’Homme blessé (1844/54). Mais dans
cette section du parcours regroupée sous le titre
La Galerie Courbet, d’autres portraits séduiront
le visiteur par la technique éblouissante de l’artiste : L’Ivrogne d’Ornans (1872), « chef d’œuvre dans l’horreur », Femme espagnole (1855) ou
Les Amants de la campagne (1844).
Reconnaissant à la Suisse de l’avoir
accueilli, Courbet se lance dans la sculpture et
crée une Helvetia/Liberté (1875) dont il fait don
à la commune de La Tour-de-Peilz, n’oubliant
pas d’en offrir deux autres exemplaires aux communes de Fribourg et Martigny dont les partis
radicaux bien implantés se sentaient proches des
exilés de la Commune. Il s’essaie même au portrait en costume mais La Vigneronne de Montreux
(1876) qu’il envoie à son ami Jules Baudry, n’obtient pas le succès escompté. « Les costumes
suisses n’ont aucune vogue » écrit-il « j’étais
ennuyé d’entendre dire, c’est dommage que ce
soit de la Suisse ». Il est vrai que le tableau n’est
pas d’un grand intérêt.
Il en va tout autrement des tableaux ayant
pour motif l’eau et le ciel, auxquels Courbet s’était essayé lors de ses séjours en Normandie et
qui ont fait son succès à la fin des années 1860.
A son ami le peintre Whistler, il fait l’éloge de
ces paysages du bord du lac Léman : « je suis ici
dans un pays charmant, le plus beau du monde
entier, sur le lac Léman, bordé de montagnes
gigantesques… c’est mieux que Trouville, à cause
du paysage ». C’est aussi bien sûr le point d’orgue de l’exposition genevoise, avec un défilé de
vues du Léman, qui témoignent de la maîtrise
chromatique de Courbet dans une gamme qui
s’enflamme aux lueurs du couchant. Au regard
de l’art de son temps, Coucher de soleil sur le lac
Léman (1874) sait encore être pertinent et
comme le souligne si justement Laurence des
Cars, « l’approche et la manière du peintre frô-
Gustave Courbet «Coucher de soleil, Vevey», 1874
Huile sur toile, 65.4 x 81.3 cm. Cincinnati Art Museum, Gift of George Hoadly © Rob Deslongchamps
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lent l’appel exactement contemporain de Monet
en faveur du rayon et du reflet ». Impressions,
soleil levant de Claude Monet se profile clairement et lorsque Courbet peint Le lac Léman au
crépuscule devant Bon-Port (1876), figurant sous
le titre Clair de lune dans l’inventaire, on pourrait
penser à une version nocturne de l’œuvre de
Monet. Conscient que c’est le paysage alpestre
qui est le fondement de la peinture suisse, Courbet
en fait le nouvel enjeu de ses recherches et souhaite revenir à Paris à l’occasion l’Exposition
Universelle de 1878 avec ce Grand Panorama des
Alpes (1877), aujourd’hui au musée de Cleveland.
Paysage monumental et solitaire, « exaltation
d’une nature pure » dégageant une légèreté et une
luminosité nouvelles, qui ouvrent à une peinture
différente. Quant au Panorama des Alpes (1876)
récemment acquis par le musée d’Art et d’Histoire
et catalogué à tort par certains comme esquisse,
l’œuvre témoigne de la puissance picturale de l’artiste et atteste de la volonté de l’artiste de capturer dans un format plus large la minéralité et la
luminosité. En même temps, elle exprime l’ambiguïté des sentiments de l’artiste, angoisse de l’emmurement et désir de liberté. « C’est le tombeau
que se compose Courbet, ou qui lui est offert audelà de sa disparition », résume très justement
Laurence Madeline. Musée Rath. Jusqu’au 4 janvier
A la Fondation Beyeler
Le commissaire Ulf Küster a fait le choix
commode d’un parcours thématique, s’efforçant
de montrer dans ses portraits, ses paysages, ses
représentations de femmes, ses marines comment
l’artiste affirme son individualité d’artiste, en
transgressant les codes traditionnels de la peinture, mettant au point une technique picturale novatrice, non sans un certain goût pour la provocation. Dans ce rayon un peu osé, la fondation
Beyeler est très fière d’avoir pu obtenir du Musée
d’Orsay le prêt de L’Origine du monde (1866),
représentant à la fois une rupture de tabou et un
jalon. Longtemps pas exposé, propriété un certain temps du psychanalyste Jacques Lacan, ce
tableau est entré en 1995 dans les collections
publiques. Il aurait été cependant inimaginable
de le montrer dans la rétrospective de 1977, rappelle Dominique de Font-Réaulx. A d’autres
temps, d’autres mœurs mais à partir du moment
où ce tableau est devenu visible par tous, la question du comment le présenter reste intacte, car ce
tableau caché se superpose avec Courbet. Le
tableau présenté dans une salle au centre du parcours est complété par des œuvres représentant
des grottes, bloc rocheux bordant des cours
d’eau. Le regard du visiteur est directement
a
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Gustave Courbet, «La Roche pourrie, étude géologique», 1864. Huile sur toile, 60 x 73 cm.
Musée Max Claudet, Salins-les-Bains. Photo : Henri Bertrand
conduit vers l’orifice obscur de la caverne, qui
suppose une vie cachée, angoissante et attirante,
éveillant tout naturellement des allusions érotiques. Si, pendant longtemps, une certaine indifférence marquait les œuvres du début et de la fin
de la carrière, l’exposition bâloise s’ouvre sur les
autoportraits réalisés entre 1840 et 1850 dans lesquels le dialogue artistique avec sa propre apparence lui a permis de développer ses moyens
d’expression. La Rencontre (Bonjour Monsieur
Courbet), de 1854 montre l’artiste conscient de
sa valeur et peut être considéré comme un tableau
programmatique, ayant pour enjeu une réforme
des arts. Démarche identique pour Le Fou de
peur (portrait de l’artiste), vers 1844/1845,
incarnant « l’artiste ambitieux qui se précipite
vers l’indéterminé dans un mélange chromatique
de couleurs libres et pures ». Clin d’œil ironique
de l’artiste dans son Autoportrait sous forme
d’une pipe (1858) alors que dans L’Homme blessé (1866), l’artiste investit la thématique romantique de l’artiste héroïsé par la souffrance. Après
1855, Courbet peint essentiellement des paysages, ceux de sa région natale d’Ornans, à laquelle il était viscéralement attaché mais aussi des
paysages de mer, ou des paysages de neige. Il met
la peinture au cœur de son œuvre et démontre
ainsi son individualité artistique, faisant de son
style une vraie marque de fabrique, qui trouve de
nombreux amateurs. Il utilise la couleur d’une
manière inhabituelle pour l’époque, l’appliquant
à la brosse, au couteau, à la spatule ou avec un
chiffon. Pour restituer les structures géologiques
du paysage, il se sert de la couleur pour modeler
ses motifs, appliquant la couleur en pâte épaisse
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avec une spatule, comme dans Roche pourrie
(1864) ou La Source de la Loue (1864) garantissant ainsi un effet spatial des couches sédimentaires empilées les une sur les autres. Dans Le
Ruisseau du Puits-Noir (1869), Courbet accentue
également la structure géologique du rocher et
donne l’impression d’en imiter la stratification
par un empilement d’empâtements. Une technique picturale que l’on retrouve dans les peintures figurant la mer et qui composent les
tableaux-phares de l’exposition. Cézanne avait
été marqué par les effets plastiques de La Vague
(1869) s’écriant qu’on recevait la mer en pleine
poitrine. Cette technique de couleur appliquée au
couteau couche après couche, obtenant de nombreuses nuances chromatiques, qui évoquent une
grande liberté, flirte souvent avec l’abstraction.
Il y a dans nombre d’œuvres, que ce soient les
représentations de grottes, de vagues, un centre
obscur. Dans Braconniers dans la neige (1867),
les personnages sombres se détachent de manière inquiétante sur la toile, où la matérialité de la
peinture blanche et celle de la neige se confondent.
Courbet transcende les paysages et c’est un rapport à la fois de jouissance et de création, qui
anime l’artiste. En 1870, Courbet est le plus
grand peintre de son temps, qui a marqué la nouvelle génération. Mais son engagement politique
pour la Commune mettra fin à sa carrière et marquera le début ses souffrances. Refusé au Salon
de 1872, c’est un enchaînement de malheurs : son
emprisonnement, sa maladie, l’exil en Suisse et
finalement sa mort en 1877. Jusqu’au 18 janvier
Régine Kopp
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79
expos itions
FRANCE
en
tre et l’arène. Art et tauromachie,
de Goya à Barceló. Jusqu’au 12
octobre.
Aix
Musée Granet : Chefs-d’œuvre Chantilly
Château : Fra Angelico,
l
de la collection Pearlman. Cézanne
et la modernité. Jusqu’au 5 oct.
l
Botticelli… Chefs-d’œuvre retrouvés. Jusqu’au 5 janvier
Avignon
Musée Louis Vouland : Rêves Colmar
Musée Bartholdi : Exquises
l
d’un collectionneur, Tableaux et
Faïences. Jusqu’au 26 octobre.
l Musée du Petit Palais : Acquérir,
restaurer, attribuer : La Visitation.
Jusqu’au 2 novembre.
l Prison Saint-Anne : La disparition des lucioles. Jusqu’au 25
novembre.
Baux-de-Provence
Carrières de lumières : Klimt et
l
Vienne. Un siècle d’or et de couleurs. Jusqu’au 4 janvier
Bordeaux
Musée des beaux-arts
80
l
:
Photographes de la côte ouest des
États-Unis des XIXe et XXe siècles.
Jusqu’au 10 novembre
Bourg-en-Bresse
Monastère royal de Brou : En noir
l
et en couleurs. Du 17 oct. au 26 avril
Céret
Musée d’art moderne : Le peinl
l
esquisses (dessins de Bartholdi).
Jusqu’au 31 décembre.
Evian
Maison Garibaldi : « Evian et le
franc e
Lille
Toulon
Palais des Beaux-Arts : Sésostris
Hôtel des Arts : Enki Bilal. Du 18
l
III pharaon de légende. Du 9 octobre au 25 janvier
Lyon
Musée des
beaux-arts :
Dialogue avec la Fondation
Bullukian. Du 8 oct. au 10 novembre
l
l
octobre au 4 janvier
Toulouse
Musée des Augustins
:
Benjamin-Constant (1845-1902) et
l’Orientalisme. Du 4 octobre au 4
janvier
l
Marseille
Wingen
MuCEM : Food. & Les chemins
Musée Lalique : Le monde aqual
d’Odessa. Du 22 octobre au 23 février.
l
tique de Lalique. Jusqu’au 11 nov.
drame de la Grande Guerre »,
500’000 civils rapatriés. Jusqu’au
16 novembre
l Palais Lumière : Chagall, l’œuvre
imprimé. Jusqu’au 2 novembre.
Montpellier
St.GermainMusée Fabre : Viallat, une
rétrospective. Jusqu’au 2 novembre
en-Laye
Musée
départemental
Maurice Denis : Beautés du Ciel.
Nice
Musée d'Art Moderne : Jaume Décors religieux de Maurice Denis au
l Musée des impressionnismes :
Bruxelles, une capitale impressionniste. Jusqu’au 2 novembre
Quimper
Musée des beaux-arts : De
l
Giverny
Le
Havre
Musée d’Art moderne André
l
Malraux : Nicolas de Staël.
Lumières du Nord - Lumières du
Sud. Jusqu’au 9 novembre.
Lens
Le Louvre : Les désastres de la
l
l
l
Plensa, Kiki Smith, Barthélémy
Toguo – Trio. Jusqu’au 11 oct.
l
Gainsborough à Turner, l’âge d’or
du paysage et du portrait anglais.
Du 23 octobre au 26 janvier.
Thonon
Musée du Chablais (Châ̂teau
l
de Sonnaz) Le Léman en question.
Jusqu’au 9 novembre.
l
guerre, 1800-2014. Jusqu’au 6 oct.
Vésinet. Jusqu’au 4 janvier 2015
AILLEURS
Barcelone
Museu Nacional d’Art
de
Catalunya : Josep Tapiró. Jusqu’au
14 sept. Antoni Viladomat i Manalt
(1678-1755). Jusqu’au 31 déc.
l
Berlin
Martin-Gropius-Bau
l
(Am
Kupfergraben) Walker Evans (1903 –
1975). L’œuvre d’une vie. Jusqu’au 9
novembre.
Musée des Augustins, Toulouse
Benjamin-Constant
Merveilles et mirages de l’orientalisme
Première co-production du Musée des Augustins de Toulouse et du Musée des
beaux-arts de Montréal, cette exposition sera présentée du 4 octobre 2014 au 4 janvier
2015 au Musée des Augustins à Toulouse et du 31 janvier au 31 mai 2015 au Musée des
beaux-arts de Montréal, Canada.
Il s’agit de la première rétrospective jamais organisée sur le peintre français JeanJoseph Benjamin Constant dit Benjamin-Constant, qui permettra de redécouvrir l’œuvre
d’un acteur majeur de l’orientalisme de la Troisième république, aujourd’hui tombé dans
un oubli injuste; cet artiste a souvent été confondu avec l’écrivain et homme politique
Benjamin Constant, le célèbre auteur de «Adolphe».
Dans la lignée d’un Eugène Delacroix qu’il admire, ce brillant coloriste se rapproche de l’orientalisme d’Henri Regnault, Mariano Fortuny, Georges Clairin ou JeanPaul Laurens. S’emparant des stéréotypes d’un Orient colonial en suspens, BenjaminConstant associe des odalisques nonchalantes à des Maures farouches dans le cadre de
compositions gigantesques, précisément architecturées. Sa peinture d’histoire, d’inspiration byzantine ou biblique, complète sa veine orientaliste. Ses tableaux saisissants mettent en valeur des qualités chromatiques qu’il exprime avec une palette brillante.
. du 4 octobre 2014 au 4 janvier 2015
Benjamin-Constant «Entrée du sultan Mehmet II à Constantinople le 29 mai 1453»,
1876, huile sur toile, Inv. 2004 1 140. Toulouse, musée des Augustins
Photo Bernard Delorme
a
g
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n
d
a
expos itions
en
europe
Wallraf-Richartz-Museum, Cologne
Cathédrales
Romantisme, impressionnisme, modernité
Caspar David Friedrich l’a fait, tout comme Alfred Sisley et Auguste Rodin. Quant
à Claude Monet, il l’a fait 33 fois ! Et Picasso, Macke, Lichtenstein, Friedrich, Warhol et
Gursky également, pour ne citer que les artistes les plus renommés... Tous, ils se sont laissés inspirer par la grâce et la grandeur de cathédrales célèbres, des cathédrales qu’ils
ont immortalisé dans leurs œuvres.
Le musée Wallraf retrace dans son exposition d’automne intitulée «La Cathédrale»
le chemin captivant de ce motif d'image, du romantisme jusqu’à nos jours, croisant ainsi
les artistes impressionnistes et modernes.
Plus de 180 pièces sont exposées qui, toutes, représentent les édifices les plus monumentaux du moyen-âge; parmi les œuvres de l’exposition figurent quatre ouvrages du
cycle légendaire par lequel Monet a éternisé la cathédrale de Rouen.
A l'exemple de la cathédrale, la visite guide les visiteurs à travers quelques-uns des
chapitres les plus fascinants de l'histoire de l'art. Non seulement, elle permet de découvrir l’abondance des interprétations au cours des époques différentes, mais montre aussi
les surprenantes similitudes entre ces artistes éminents tout en expliquant les buts visés
individuellement par ces derniers, leurs points de vue et leurs motivations.
Des vues grandioses vous attendent !
. jusqu’au 18 janvier 2015
Vincenz Statz, «Und fertig wird er doch» (Et, pourtant, il sera prêt), 1861,
Aquarelle, 65,8 x 48,9 cm, Wallraf-Richartz-Museum & Fondation Corboud, Köln
Bruxelles
Francfort
Bozar : «Focus on Italy». Peinture
Schirn Kunsthalle : Helene
l
de Sienne. Ars Narrandi dans
l’Europe gothique. / The Yellow
Side of Sociality. Italian Artists in
Europe. / Michelangelo Pistoletto.
Love
Difference
Mar
Mediterraneo (2003-2005). Trois
expositions jusqu’au 18 janvier.
l Musées royaux des beaux-arts :
Rétrospective Constantin Meunier
(1831-1905). Jusqu’au 11 janvier
l Palais des Beaux-Arts : Sensation
et sensualité. Rubens et son héritage. Jusqu’au 4 janvier
Cologne
Wallraf-Richartz-Museum :
l
Schjerfbeck (1862-1946). Du 2 octobre au 11 janvier
l Städelmuseum : Dessins de la
Renaissance italienne. Du 8 octobre
au 11 janvier
Hambourg
Kunsthalle : Max Beckmann. Les
l
natures mortes. Jusqu’au 18 janvier
Munich
Kunsthalle der Hypo-Kulturstifl
tung : Rembrandt, Titien, Bellotto
- coll. Gemäldegalerie de Dresde.
Jusqu’au 23 novembre.
La
Cathédrale. Romantisme - Impressionnisme - Modernisme. Jusqu’au
18 janvier 2015
La
Haye
Gemeente Museum : Mark
l
l
l
l
Rothko. Jusqu’au 3 janvier
Essen
Londres
Folkwang Museum : Inspiration
British Museum : Huit momies, huit
japonaise. Monet, Gauguin, van
Gogh... Jusqu’au 18 janvier
Florence
Palazzo Strozzi : Picasso et l’expél
rience du modernisme espagnol.
Chefs-d’œuvre du musée national
Reina Sofia. Jusqu’au 20 janvier
a
g
vies, huit histoires. Jusqu’au 30 nov.
Ming - 50 ans qui ont changé la Chine.
Jusqu’au 5 janvier 2015
l Courtauld Gallery : Jack of
Diamonds. Jusqu’au 18 janvier. Egon
Schiele. Le nu radical. Du 23 octobre
au 18 janvier
l National Gallery : Rembrandt :
les dernières œuvres. Du 15 octobre
au 11 janvier
e
n
l National Portrait Gallery :
Anarchy and Beauty. William Morris
et son héritage, 1860-1960. Du 16
octobre au 11 janvier
l Royal Academy of Arts :
Anselm Kiefer, rétrospective.
Jusqu’au 14 décembre.
l Tate Britain : Late Turner Painting set free. Jusqu’au 25 janvier
l Tate Modern : Malevich. Jusqu’au
26 octobre.
l Victoria & Albert Museum :
Constable. The Making of a Master.
Jusqu’au 11 janvier.
Madrid
Fundación Mapfre : Sorolla et les
l
Etats-Unis. Jusqu’au 11 janvier
Musée du Prado : Le Bernin et
l’Espagne. Du 21 octobre au 8
février. El Greco et la peinture moderne. Jusqu’au 5 oct.
l Musée Thyssen-Bornemisza :
Peintures victoriennes de la collection
Pérez-Simón. Jusqu’au 5 oct.
l
Rome
Scuderie del Quirinal : Memling l
La Renaissance flamande. Du 10
octobre 2014 au 18 janvier 2015
San
Gimignano
Palazzo Comunale, Pinacoteca :
l
Pintoricchio. Le retable de
l’Assomption de la Vierge de San
Gimignano et les années siennoises.
Jusqu’au 6 janvier.
Venise
Fondation Querini Stampalia :
l
Sur les traces de l’architecte et
designer Carlo Scarpa Jusqu‘au
23 novembre.
l Palazzo Grassi : Irving Penn &
L’illusion des lumières. Jusqu’au 31
décembre.
l Peggy Guggenheim Collection:
Azimut/h - continuité et nouveauté.
Jusqu’au 19 janvier 2015
Vienne
Mayence
Albertina Museum (Albertinapl.)
Landesmuseum : Max Slevogt. En
l
l
route vers l’Impressionnisme. Jusqu’au
12 octobre.
Milan
Palazzo Reale : Segantini. Le
l
retour à Milan. Jusqu’au 18 janvier
d
a
Arnulf Rainer. Jusqu’au 6 janvier.
Miró - De la terre au ciel. Jusqu’au
11 janvier
l Osterr. Galerie Belvedere :
Claude Monet. Du 24 octobre au 8
février. Josef Dobrowsky. Jusqu’au
18 janvier
81
expos itions
Genève
Art & Public (Bains 37) Fabrice
l
82
Gygi. Jusqu’au 17 octobre.
l Blondeau & Cie (Muse 5) Viktor
Kopp. Jusqu’au 20 décembre
l Cabinet d’Arts graphiques (Promenade du Pin 5) Le geste suspendu.
Estampes Kabuki du Cabinet d'arts
graphiques. Du 9 oct. au 11 janvier
l Centre d'Art Contemporain
(Vieux-Grenadiers 10) Biennale de
l'Image en Mouvement 2014.
Jusqu’au 23 novembre.
l Centre d'édition contemporaine
(Saint-Léger 18) Raphaël Julliard.
Jusqu’au 29 novembre
l Centre de la Photographie (Bains
28) Biennale de l'Image en
Mouvement 2014. Jusqu’au 23 nov.
l Espace Jörg Brockmann (Noirettes
32) Ricardo Cases. Jusqu’au 13 oct.
Sara Lena Maierhofer. Du 16 octobre au 19 décembre.
l Espace L (rte des Jeunes 43)
Melting Pot, dialogue entre art
contemporain brésilien et européen. Jusqu’au 9 novembre.
l Ferme de la Chapelle, GrandLancy (39, rte de la Chapelle) Xavier
Cardinaux & Ivo Vonlanthen.
Jusqu’au 5 octobre.
l Fondation Bodmer (Cologny)
L’Histoire à la une. Du 4 octobre au
2 novembre.
l Galerie Bärtschi (rte des Jeunes 43)
en
Per Barclay. Jusqu’au 31 octobre.
l Galerie de la Béraudière (E.Dumont 2) Maîtres impressionnistes, surréalistes et modernes.
Jusqu’au 31 octobre.
l Galerie Bernard Ceysson (7,
Vieux-Billard) Christian RobertTissot. Jusqu’au 1er novembre.
l Galerie Patrick Cramer (VieuxBillard 2) Sabine Weiss, photographies. Jusqu’au 31 octobre
l Galerie Anton Meier (Athénée 2)
Doris Pache. Jusqu’au 18 octobre.
l Galerie Mezzanin (63, Maraîchers)
Thomas Bayrle. Gerald Domenig.
Christian Mayer. Mandla Reuter.
Jusqu’au 1er novembre.
l Galerie Mitterand + Cramer (Bains
52) Bird Song. Jusqu’au 20 déc.
l Galerie Skopia (Vieux-Grenadiers
9) Won't Back Down. 25th
Anniversary. Jusqu’au 25 octobre.
l Galerie Turetsky (25, Grand-Rue)
Biliana K.Voden Aboutaam.
Jusqu’au 30 octobre.
l Mamco (Vieux-Granadiers 10)
Cycle Des histoires sans fin, automne-hiver 2014-2015 & Ulla von
Brandenburg & Sonia Kacem, Prix
culturel Manor 2014. Du 29 octobre au 18 janvier
l Médiathèque du Fonds d'Art
Contemporain
(Bains
34)
Unfinished Histories - Histoires en
devenir. Jusqu’au 15 novembre.
l Milkshake Agency (24, Mont-
s uis s e
brillant) Martin Jakob. Du 7 octobre
au 18 novembre.
l Musée Ariana (Av. Paix 10)
Création contemporaine et mécenat, une alliance durable. Jusqu’au
16 novembre.
l Musée d’art et d’histoire (Ch.Galland 2) Actualité en salle du XXe
siècle: GIRLS - 2e partie: Les années
1980 (Pipilotti Rist & Joan Logue).
Jusqu’au 19 octobre. Rénover
Agrandir. Jusqu’au 31 décembre.
l Musée Barbier-Mueller (J.-Calvin
10) Nudités insolites. Jusqu’au 30
novembre.
l Musée international de la CroixRouge : «Trop humain». Artistes
des XXe et XXIe siècles devant la
souffranc. Jusqu’au 4 janvier
l Musée Rath (pl. Neuve) Gustave
Courbet - les années suisses.
Jusqu’au 4 janvier
l Studio Sandra Recio (Ports Francs,
Bâtiment A) Sandra Gamarra, artiste
péruvienne. Jusqu’au 5 décembre.
l Xippas Art Contemporain (Sablons 6) Farah Atassi & Ricardo
Lanzarini. Jusqu’au 1er novembre.
Lausanne
Collection de l’Art brut (Bergières
l
11) L’Art brut dans le monde.
Jusqu’au 2 novembre. Démons et
merveilles : Josep Baqué. Jusqu’au
26 octobre.
l Fondation de l’Hermitage (2, rte
Signal) Peindre l’Amérique - Les
artistes du Nouveau Monde (18301900). Jusqu’au 26 octobre.
l Mudac (pl. Cathédrale 6) Le verre
vivant. Acquisitions récentes de la
collection d'art verrier. Jusqu’au 16
novembre.
l Musée cantonal des beaux-arts (pl.
Riponne) Magie du paysage russe.
Chefs-d’œuvre de la Galerie nationale Trétiakov, Moscou. Jusqu’au 5
octobre. Accrochage [Vaud 2014] et
Prix Manor 2014. Du 31 octobre au
11 janvier.
l Musée de l’Elysée (Elysée 18)
Chaplin, entre guerres et paix
(1914-1940) & Amos Gitai
Architecte de la mémoire & Gilles
Peress, Telex Iran. Jusqu’au 4 janvier.
Fribourg
Espace Jean Tinguely-Niki de
l
Saint Phalle : Paul Talman - La
forme en mouvement. Jusqu’au 11
janvier.
Lens
/ Crans
Fondation Pierre Arnaud
:
Surréalisme et Arts primitifs - un air
de famille. Jusqu’au 5 octobre.
l
Martigny
Fondation Pierre Gianadda :
l
Revoir Renoir. Jusqu’au 30 nov.
l Fondation Louis Moret (Barrières
Musée Jenisch, Vevey
La Passion Dürer
À l’occasion du 25e anniversaire de son inauguration au Musée Jenisch Vevey, le Cabinet cantonal des estampes célèbre avec «La Passion Dürer» l'une des figures tutélaires de l’histoire de la
gravure. Collectionné par ceux qui défendirent dans les années 1970 la nécessité d'un lieu dédié à l'estampe dans le Canton de Vaud, Albrecht Dürer (1471-1528) est en quelque sorte à l'origine de l'institution jubilaire.
Mettant en valeur les ensembles de la Fondation William Cuendet & Atelier de Saint-Prex, du
Fonds Pierre Decker et du Musée Alexis Forel, déposés au Cabinet, l'exposition invite à parcourir
l'œuvre gravé du maître à partir des influences allemande et italienne, et à saisir l'étendue de sa contribution au domaine imprimé. Une salle consacrée à la postérité de Dürer dans l'art contemporain
souligne en outre l'impact de l'héritage, technique comme iconographique, laissé par le
Nürembergeois sur les artistes vivants.
L'important ouvrage qui accompagne l'exposition propose quant à lui une synthèse des rapports
entre Dürer et la Suisse : à l'appui de la publication exhaustive des gravures de Dürer conservées à
Vevey, il examine aussi bien les hypothèses de ses séjours à Bâle et Zurich que l’histoire du collectionnisme de ses estampes en terre helvétique et la réception de celles-ci à travers les siècles.
. du 30 octobre 2014 au 1er février 2015
A noter que le Kunstmuseum Basel consacre, du 1er novembre 2014 au 1er février 2015,
une exposition intitulée «Dürer et son temps» centrée sur les dessins de l’artiste.
Albrecht Dürer «La Vierge au singe», [vers 1498] Burin, 191 × 122 mm
Musée Jenisch Vevey – Cabinet cantonal des estampes. Fonds Pierre Decker
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expos itions
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Kunstmuseum de Bâle
Caspar Wolf (1735-1783) et la conquête esthétique de la nature
Avec son traitement radical du paysage alpin, bien au delà de l’idylle baroque, le peintre suisse Caspar Wolf (1735–1783) fut l’un des plus importants précurseurs du romantisme européen. Resté longtemps presque oublié, son œuvre a été redécouvert voici tout juste 70 ans.
Pour honorer une commande de l’éditeur bernois Abraham Wagner, Wolf a accompagné ce dernier dès 1773 dans de longues excursions en haute montagne, où ils ont été
confrontés à une nature presque, voire complètement, intacte. Tandis que les compagnons de Wolf menaient des études géographiques et géologiques et réalisaient des descriptions, l’artiste s’occupait de la documentation visuelle de l’expédition. Le résultat en est un cycle de vues alpestre qui allie l’observation spontanée avec une mise en forme artistique très savante. Wolf peint avec brio chaînes de montagnes et glaciers, cascades et grottes, ponts et torrents, lacs et hauts plateaux, qu’il dispose tantôt en
larges panoramas, tantôt en compositions fermées à s’en rendre claustrophobe.
Plusieurs monuments de la nature y figurent, parmi lesquels, en raison de la
destruction progressive du paysage, plusieurs ne sont pas parvenus jusqu’à
nous : les fameux séracs du glacier inférieur de Grindelwald, par exemple, ont
fondu depuis longtemps et on ne peut plus les admirer que dans les tableaux de
Wolf.
Wolf grandit dans des conditions humbles à Muri (Canton d’Argovie) ;
son apprentissage qu’il effectue au sud de l’Allemagne semble avoir été des
plus conventionnels. D’où provient donc cette étonnante assurance esthétique
avec laquelle l’artiste pénètre dans ce territoire vierge que constitue le projet
alpin? La confrontation intensive de l’artiste avec l’art français pendant son
séjour à Paris en 1770/1771 semble avoir été déterminante comme le montrent,
dans l’exposition, des tableaux de François Boucher, Claude-Joseph Vernet et
Philippe-Jacques de Loutherbourg, dit le jeune. Aussi curieux que cela puisse
paraître dans ce contexte, la peinture contemporaine de marines, avec ses
orages et ses naufrages, est ce qui a particulièrement inspiré Wolf.
Caspar Wolf «Vue de la vallée de Gadmen avec le Titlis, le glacier de Wenden, le Grassen
et les Fünffingerstöcke», 1778, Aarau, Aargauer Kantonalbank
L’exposition rassemble 126 œuvres de Caspar Wolf et ses contemporains,
ainsi qu’une sélection de photographies actuelles des lieux peints par Wolf dans
les Alpes. En parallèle de l’exposition, le cabinet des estampes présente les plus belles pièces de son riche fonds en dessins et gravures de Caspar Wolf.
. Du 19 octobre 2014 au 1er février 2015
33) Gilles Porret. Jusqu’au 19 octobre.
l Le Manoir de la Ville : Le Manoir
1964-2014. 50 ans d'expositions.
Jusqu’au 30 novembre
Neuchâtel
Centre Dürrenmatt (Pertuis du Saut
l
74) The Hidden World - Jim Shaw
Didactic Art Collection with JeanFrédéric Schnyder & Friedrich
Dürrenmatt. Jusqu’au 7 décembre.
l Laténium (Hauterive) Aux origines
des pharaons noirs - 10’000 ans d’archéologie nubienne. Jusqu’au 18 mai
Vevey
Musée Jenisch : La passion
l
Dürer. Du 30 octobre au 1er
février. Markus Raetz. Jusqu’au 5
octobre
l Musée suisse de l’Appareil photographique (Grand Place) Hans
Eijkelboom, Festival Images.
Jusqu’au 5 octobre.
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OUTRE SARINE
Bâle
Cartoon Museum (St. Albanl
Vorstadt 28) Going West. Le
regard de la bande dessinée tourné vers l'Ouest. Jusqu’au 2 nov.
l Fondation Beyeler (Riehen)
Gustave Courbet. Jusqu’au 18 janvier 2015
l Kunstmuseum (St. Alban-Graben
16) Caspar Wolf (1735-1783) et la
conquête esthétique de la nature.
Du 19 octobre au 1er février. For
Your Eyes Only, œuvres du musée
royal d’Anvers et dans les collections
suisses. Jusqu’au 4 janvier. Le
monde de Paul-Martial : les choses
ordinaires. Jusqu’au 19 oct.
l Musée des Cultures (Münsterpl.
20) Du Patchwork à l'illumination la robe des moines bouddhistes.
Jusqu’au 22 mars.
l Museum für Gegenwartskunst
(St. Alban-Rheinweg 60) One
Million Years - système et symptôme. Du 11 octobre au 5 avril.
e
n
l Musée Tinguely (Paul SacherAnlage 1) La Poesie de la métropole. Les affichistes. Du 22 octobre
au 11 janvier.
l Schaulager (Ruchfeldstr. 19,
Münchenstein) Paul Chan - Selected
Works. Jusqu’au 19 octobre.
str. 45) 1914/18 - Images de la
frontière. Jusqu’au 12 octobre.
l Museum Oskar Reinhart
(Stadthausstr. 6) Johann et
Friedrich Aberli, médailleurs de
Winterthour. Jusqu’au 30 nov.
Zurich
Berne
Kunsthaus (Heimpl.1) Egon
Musée des Beaux-Arts (Hodlerstr. Schiele - Jenny Saville. Du 10 octol
l
8-12) La couleur et moi - Augusto
Giacometti. Jusqu’au 8 février 2015.
Riggisberg
Abegg-Stiftung : Les tissus du
l
Moyen âge dans le culte des
reliques. Jusqu’au 9 novembre.
Weil
/ Rhein
Vitra Design Museum : Alvar
l
Aalto(1898-1976), architecte et designer. Jusqu’au 1er mars
Winterthur
Fotomuseum (Grüzenstr. 44)
l
Blow-Up - Les films classiques
d’Antonioni et la photographie.
Jusqu’au 30 novembre.
l Fotostiftung Schweiz (Grüzen-
d
a
bre au 18 janvier. Les Torches de
Prométhée. Jusqu’au 12 oct.
Ferdinand Hodler / Jean Frédéric
Schnyder. Jusqu’au 26 avril 2015
l Landesmuseum : Avec les victimes
de guerre – Photographies de Jean
Mohr. Jusqu’au 26 octobre
l Museum Bellerive (Augustinergasse 9) Coming into Fashion. Un
siècle de photographies chez
Condé Nast. Jusqu’au 19 oct.
l
Museum für Gestaltung
(Austellungsstr. 60) Wex. Jusqu’au
l Museum Rietberg (Gablerstr.
15) À cordes et à corps - Instruments
de musique de l'Inde. Jusqu’au 9
août 2015. L’art contemporain suisse
au Musée Rietberg. Jusqu’au 9
novembre.
83
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scènes lyriques parisiennes 2014/2015
Saisons
OPÉRA DE PARIS
84
Une nouvelle ère s’ouvre à l’Opéra de Paris, avec la prise de fonction
directoriale, depuis ce mois d’août, de Stéphane Lissner, qui succède à
Nicolas Joel. La programmation 2014-2015 ne s’en ressentira cependant
guère, entièrement conçue par Joel. Il faudra attendre la saison suivante
pour trouver la vraie patte de l’ancien directeur de la Scala, du Festival
d’Aix et du Châtelet. Et c’est ainsi que domine le grand répertoire, avec
quelques incursions dans l’opéra français.
Nouvelles productions. La première de celles-ci, le Barbier de
Séville, provient d’une production vue au Grand Théâtre de Genève
(Michieletto/Montanaro ; Bastille, jusqu’aux 1er, 4, 14, 15, 20, 23, 28, 30
octobre, et 3 novembre). Tosca prend le relais (Audi/Oren/Pido ; Bastille,
10, 13, 16, 19, 22, 24, 26, 27, 29 octobre, 1er, 4, 8, 10, 12, 13, 15, 17, 21,
25 et 28 novembre). Puis : l’Enlèvement au sérail (Breitman/
Jordan/Stieghorst ; Garnier, 16, 19, 22, 24, 27, 29 octobre, 1er, 5, 8 novembre, 21, 24, 26, 29 janvier, 4, 7, 10 et 12 février) ; le Cid de Massenet
(Roubaud/Plasson ; Garnier, 27, 30 mars, 2, 6, 9, 12, 15, 18 et 21 avril) ;
le Roi Arthus de Chausson, rareté s’il en est (Vick/Jordan ; Bastille, 16,
19, 22, 25, 28 mai, 2, 5, 8, 11 et 14 juin) ; et enfin Adriana Lecouvreur
de Cilea, autre rareté, mais un peu moins (McVicar/Oren ; Bastille, 23, 26,
29 juin, 3, 6, 9, 12 et 15 juillet).
Rayon reprises. La Traviata vue en fin de saison précédente se poursuit (Jacquot/Ettinger ; Bastille, jusqu’aux 3, 5, 7 et 12 octobre). Suivent :
Hänsel et Gretel (Clément/Abel ; Garnier, 20, 25, 28 novembre, 1er, 4, 9,
11, 14, 16 et 18 décembre) ; la Bohème (Miller/Elder ; Bastille, 30 novembre, 2, 4, 6, 9, 11, 13, 15, 18, 21, 23, 26, 28 et 30 décembre) ; Don
Giovanni (Haneke/Altinoglu ; Bastille, 15, 20, 23, 25, 28 janvier, 2, 5, 8,
11 et 14 février) ; Ariane à Naxos (Pelly/Schonwandt ; Bastille, 22, 27, 31
janvier, 6, 9, 12 et 17 février) ; Pelléas et Mélisande (Wilson/Jordan ;
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s
Bastille, 7, 10, 13, 16, 19, 22, 25 et 28 février) ; Faust (Martinoty/Plasson ;
Bastille, 2, 5, 9, 12, 15, 18, 22, 25 et 28 mars) ; Rusalka (Carsen/Hrusa ;
Bastille, 3, 7, 10, 13, 16, 18, 23 et 26 avril) ; la Flûte enchantée
(Carsen/Trinks/Lange ; Bastille, 17, 20, 24, 27, 30 avril, 3, 6, 10, 14, 26,
29 mai, 1er, 4, 7, 10, 15, 19, 22, 25 et 28 juin) ; et Alceste (Py/
Minkowski/Rouland ; Garnier, 16, 18, 20, 23, 25, 28 juin, 1er, 5, 7, 9, 12
et 15 juillet).
Et n’oublions pas l’Atelier lyrique de l’Opéra de Paris. Avec tout d’abord une création, Maudits les innocents, due à des étudiants de classes
de composition du Conservatoire (Taylor/Bourgogne ; Amphithéâtre
Bastille, 13, 16 et 19 décembre). Puis une autre nouvelle production,
Iphigénie en Tauride (Osinski/Jourdain ; Théâtre de Saint-Quentin-enYvelines, 6, 7 et 8 mars), et une autre, Cosi fan tutte (Pitoiset/Verdier ; 19,
20, 23 et 24 juin).
https://www.operadeparis.fr/
OPÉRA-COMIQUE
À l’Opéra-Comique, des changements s’annoncent, mais ici aussi
pour plus tard. Puisque le théâtre doit fermer ses portes durant dix-huit
mois, pour travaux, à la fin de cette saison. C’est donc la dernière saison
de Jérôme Deschamps, à qui revient la gloire d’avoir su ressusciter cette
maison dans sa vocation première. Olivier Mantei, qui est son assistant, lui
succèdera. Cette saison actuelle est aussi l’occasion de marquer le tricentenaire de ce théâtre (fondé le 26 décembre 1714, même s’il a entre temps
connu bien des avatars et reconstructions).
Le cap est donc maintenu, et l’on s’en réjouit. La Chauve-Souris
ouvre le ban (Alexandre/Minkowski ; 21, 23, 25, 28, 30 décembre, et 1er
janvier). Suivent : les Fêtes vénitiennes de Campra (Carsen/Christie ; 26,
27, 29, 30, 1er et 2 février) ; Au Monde, opéra de Philippe Boesmans créé
à la Monnaie de Bruxelles en mars 2014 (Pommerat/Davin ; 22, 24, 26 et
27 février) ; le Pré aux Clercs d’Hérold, ou une redécouverte d’un opéracomique célèbre en son temps (Ruf/McCreesh ; 23, 25, 27, 29, 31 mars, et
2 avril) ; Ciboulette de Reynaldo Hahn, reprise de la délicieuse production
vue en 2013 (Fau/Equilbey ; 27, 29 avril, 3, 5 et 7 mai) ; les Contes de la
lune vague après la pluie, opéra de Xavier Dayer créé peu avant à Rouen
(Huguet/Wurtz ; 18 et 19 mai) ; les Mousquetaires au Couvent, opérette
célèbre puis quelque peu endormie, pour fermer le ban
(Deschamps/Campellone ; 13, 15, 17, 19, 21 et 23 juin). En sus de
concerts et manifestations diverses, « Autour » de ces spectacles.
http://www.opera-comique.com/
CHÂTELET
Reprise de «La Traviata» © Opéra national de Paris / Elisa Haberer
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Le Châtelet, lui, ne connaît pas de soubresauts. Jean-Luc Choplin
poursuit donc sa route de spectacles légers pourvus d’une musique
qui l’est autant, même s’il faut remarquer pour cette saison une petite sourdine judicieusement mise aux comédies musicales de
Broadway (un peu moins omnipotentes).
Un Américain à Paris de Gershwin, d’après le célèbre film,
prend place comme ouvrage théâtral (en création mondiale !) du 22
novembre au 4 janvier, opportunément pour les fêtes (Wheeldon/
Fisher). Il Re pastore (de Mozart, tout de même !) succède
(Fredj/Spinosi ; 22, 24, 26, 28 janvier, et 1er février). Puis vient le
Petit Prince, un opéra pour enfants de Michaël Levinas, créé peu
avant à l’Opéra de Lausanne (voir l’entretien avec Levinas dans ce
numéro de Scènes Magazine ; Baur/van Beek ; 9, 11 et 12 février).
Suit Singin’ in the Rain, autre comédie musical rendue célèbre par le
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s
cinéma (Carsen ; du 12 au 26 mars). Et enfin, pour clore la saison de
spectacles lyriques, la Belle Hélène d’Offenbach
(Corsetti/Sorin/Viotti ; du 2 au 22 juin). Le tout émaillé de ballets et
concerts.
http://chatelet-theatre.com/
THÉÂTRE DES CHAMPS-ÉLYSÉES
Au théâtre de l’avenue Montaigne, nulle révolution non plus.
Michel Franck maintient sa bonne ligne de conduite.
C’est ainsi que Castor et Pollux ouvre la série des productions
d’opéras (Schiaretti/Niquet ; 13, 15, 17, 19 et 21 octobre). La
Clémence de Titus vient ensuite (Podalydès/Rhorer ; 10, 12, 14, 16 et
18 décembre). Solaris constitue pour sa part une création mondiale,
signée du compositeur Dai Fujikura (Teshigawara/Nielsen ; 5 et 7
mars). Macbeth de Verdi donne la note italienne (Martone/Gatti ; 4,
7, 11, 13 et 16 mai) ; tout comme Maria Stuarda de Donizetti, qui
clôt les opéras mis en scène (Leiser/Caurier/Callegari ; 18, 20, 23, 25
et 27 juin).
Et, ainsi que chaque saison, un florilège d’opéras en version de
concert : Alcina (Bicket ; 20 octobre) ; Cléopâtre de Massenet (Plasson ;
18 novembre) ; Semiramide (Pido ; 23 novembre) ; Niobé de Steffani
(O’Dette/Stubs ; 24 janvier) ; Guillaume Tell (Gelmetti ; 31 janvier) ;
L’Occasione fa il ladro (Mazzola ; 13 février) ; et Hercule de Haendel
(Bicket ; 14 février).
http://www.theatrechampselysees.fr/
ATHÉNÉE
Le Théâtre de l’Athénée poursuit plus que jamais, sous l’égide de
Patrice Martinet, son parcours lyrique, qui le consacre comme le Petit
Poucet de l’opéra à Paris. Relevons : The Consul, de Menotti, reprise du
spectacle donné à Herblay (Collet/Oyon ; du 8 au 12 octobre) ; Et le Coq
«Au monde» (donné à La Monnaie de Bruxelles la saison dernière) sera repris
à l’Opéra-Comique © Bernd Uhlig / La Monnaie
VERSAILLES
Il faut aussi compter, dans la vie lyrique en région parisienne, avec
l’Opéra royal de Versailles, sis dans le château, qui offre un programme
des plus fournis. Qu’on en juge : les Contes d’Hoffmann (Roels/Alber ;
16 et 18 octobre) ; Siroé, de Hasse (Cencic/Petrou ; 26, 28 et 30 novembre) ; Don Quichotte chez la duchesse, de Boismortier (Shirley/
Dino/Niquet ; 6, 7 et 8 février) ; le Bourgeois gentilhomme, de Lully
(Podalydès/Coin ; 8, 9, 10, 11 et 12 avril) ; Dardanus (Fau/Pichon ; 5 et 6
mai) ; Xerxès, de Haendel (Rudolfsson/Spinosi ; 4, 6 et 7 juin) ; Catone
in Utica, de Vinci (Peters/Minasi ; 14, 16, 19 et 21 juin). Et en version de
concert : les Boréades (Minkowski ; 5 octobre) ; le Temple de la gloire,
toujours de Rameau (Van Waas ; 14 octobre) ; Scylla et Glaucus, de
Leclair (d’Hérin ; 4 novembre) ; Zaïs, de Rameau (Rousset ; 18
novembre) ; Christophe Colomb, de Félicien David (Roth ; 13
décembre) ; Niobé, de Steffani (O’Dette/Stubs ; 22 janvier) ; CinqMars, de Gounod (Schirmer ; 29 janvier) ; et Uthal, de Méhul
(Rousset ; 30 mai).
http://www.chateauversailles-spectacles.fr/fr/opera-royal
Philharmonie de Paris
Reprise du «Consul» au théâtre de l’Athénée © TRBH - Herblay
chanta, d’après Bach (Lacroix/Grapperon ; du 11 au 17 décembre) ; La
Belle au bois dormant, rareté de Respighi (Carrasco/Monteil ; du 17 au 22
janvier) ; Kafka-Fragmente, de Kurtag (Gindt ; du 19 au 22 mars) ;
Lohengrin, mais de Salvatore Sciarrino (Osinski/Pascal ; du 19 au 23
mai) ; et la Métamorphose, opéra de Michaël Levinas (Nieto/Pascal).
Le 14 janvier 2015 ouvre solennellement la Philharmonie de
Paris, dans le parc de la Villette, la nouvelle salle de concerts de
Paris. Adieu Pleyel ! tout du moins pour les concerts de musique
dite classique. Et adieu, en partie, la salle de concerts de la Cité de
la musique ! Laurent Bayle qui préside à ces deux institutions, sera
désormais chargé de la fringante Philharmonie signée par l’architecte Jean Nouvel.
Relevons les soirées lyriques, parfois mises en scène, de cette
toute fraîche saison : l’Enfant et les Sortilèges, de Ravel (Salonen ;
4 et 5 février) ; Roméo et Juliette, de Berlioz (Roth ; 14 février et 16
mars) ; la Belle et la Bête, ciné-opéra de Philip Glass (15, 16, 17 et 18
février) ; Jeanne d’Arc au Bûcher, d’Honegger (Bellescise/Yamada ; 4 et
5 mars) ; le Voyage à Reims (Cordolani/Guidarini ; 13, 17 et 19 mars) ;
Orfeo ed Euridice, de Gluck (Equilbey ; 8 avril) ; la Fiancée du Tsar, de
Rimski (Jurowski ; 12 mai) ; Don Giovanni (Jacobs ; 7 juin).
http://www.philharmoniedeparis.fr/
Pierre-René Serna
http://www.athenee-theatre.com/
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Sélection musicale d’octobre :
86
Nouvelle production de Tosca de Puccini à la Bastille à partir du 10
octobre : au pupitre Daniel Oren et Evelino Pido, au plateau Pierre Audi
avec dans les rôles principaux, Martina Serafin, Oksana Dyka et Béatrice
Uria-Monzon (Tosca), Marcelo Alvarez, Marco Berti ou Massimo
Giordano (Mario), Ludovic Tézier, George Gagnidze, Sébastien Catana ou
Sergey Murzaev (Scarpia) en alternance jusqu'au 28 novembre.
Sur la scène du Palais Garnier, nouvelle production de L'enlèvement
au Sérail de Mozart du 16 octobre au 15 février ; aux commandes de ce
spectacle, la comédienne et metteuse en scène Zabou Breitmann et le chef
Philippe Jordan, remplacé en janvier et février par Marius Stieghorst. La
distribution réunira Jürgen Maurer (Selim), Erin Morley et Albina
Shagimuratova (Konstanze), Anna Prohaska et Sofia Fomina (Blonde),
Bernard Richter et Frédéric Antoun (Belmonte), Paul Schweinester et
Michael Laurenz (Pedrillo), Lars Woldt et Maurizio Muraro (Osmin),
Orchestre et Chœur de l'ONP.
Concert le 18 octobre à la Bastille composé par Erwartung de
Schönberg avec Angela Denoke, suivi par la 4ème symphonie de Brahms
dirigée par Ingo Metzmacher.
A l’Amphithéâtre de la Bastille récital le 2
octobre de la soprano Carolina Ullrich
accompagnée au piano par Marcelo Amaral
(Fauré, Granados et Obradors), jeune cantatrice que l'on pourra entendre à nouveau dans
cette salle le 31 octobre entourée de Varduhi
Yeritsian (piano) et de Marc Coppey (violoncelle) pour un hommage à Heitor Villa-Lobos,
puis les 14 et 15 programme Schönberg et
Mahler avec la soprano Michaela Kaune, la
mezzo Janina Baechele, le ténor Torsten Kerl et
le pianiste Marino Formenti (dont la version
des originelle des Gurrelieder pour piano et
voix).
Du côté de la Salle Pleyel, concert donné par l'Orchestre
Philharmonique de Radio France dirigé par Mikko Franck le 3 octobre,
avec la soprano Anu Komsi et le ténor Andrew Staples : au programme
Canti di vita e d'amore de Luigi Nono et la Faust-Symphonie de Liszt. Le
24 place à Matthias Goerne et à Christoph Eschenbach qui interpréteront
L'Amour et la vie d'une femme, Les Amours du poète et Douze chants sur
des poèmes de Justinius Kerner de Schumann.
Le Théâtre de l'Athénée propose du 8 au 12 octobre The consul de
Menotti dirigé par Iñaki Encina Oyón à la tête des membres de l'Orchestre
Pasdeloup et mis en scène par Bérénice Collet avec entre autres Philippe
Brocard, Béatrice Dupuy, Joëlle Fleury et Virgile Frannais. Le 13 octobre
Léa Trommenschlager (soprano) et Damien Pass (baryton) chanteront
Myrthen de Schumann.
A Versailles, le 5 octobre, Les Boréades de Rameau seront jouées par
Julie Fuchs (Alphise), Samuel Boden (Abaris), Manuel Nunez-Camelino
(Calisis), Jean-Gabriel Saint-Martin (Borilée), Chloé Briot (Sémire, une
nymphe, L’Amour, Polymnie) et Damien Pass (Borée) le Chœur Aedes et
Les Musiciens du Louvre Grenoble dirigés par Marc Minkowski. Le 14,
Le Temple de la gloire de Rameau et de Voltaire,
sera donné par Judith Van Wanroij (Lydie,
Plautine), Katia Velletaz (Une Bergère, une
Bacchante, Junie), Chantal Santon-Jeffery
(Arsine, Erigone, la Gloire), Mathias Vidal
(Apollon, Bacchus, Trajan) et Alain Buet
(L’Envie, Bélus, le Grand-Prêtre de la Gloire),
Chœur de Chambre de Namur Les Agrémens
dirigés par Guy Van Waas.
Opéra mis en scène les 16 et 18 octobre avec
Les Contes d'Hoffmann d'Offenbach dans la distribution suivante : Florian Laconi (Hoffmann),
Norah Amsellem (Olympia, Antonia, Giulietta,
Stella), Laurent Alvaro (Lindorf, Coppélius,
Dapertutto, Miracle), Inès Berlet (Nicklausse, La
A l'affiche du TCE à partir du 13 octobre
Muse), Carlos Natale (Andrès, Cochenille,
(dernière le 21), Castor et Pollux de JeanPitichinaccio, Frantz), Marcel Vanaud (Luther,
Philippe Rameau, tragédie lyrique en cinq
Crespel), Jean-Philippe Corre (Spalanzani), un
actes (version de 1754), dirigée par Hervé
spectacle signé Frédéric Roels, Orchestre de
Niquet et mise en scène par Christian
l’Opéra de Rouen Haute-Normandie dirigé par
La soprano Carolina Ullrich
Schiaretti avec John Tessier (Castor), Edwin
Jonas Alber.
Crossley-Mercer (Pollux), Omo Bello (Télaïre), Michèle Losier (Phœbé),
Le 11 octobre concert Rameau (Requiem sur Castor et Pollux), diriJean Teitgen (Jupiter), Reinoud van Mechelen (Mercure, un spartiate, un gé par Patrick Cohën-Akenine à la tête des Folies Françoises avec Céline
athlète), Hasnaa Bennani (Cléone, une ombre heureuse), Marc Labonnette Scheen (dessus), Robert Getchell (haute-contre) et Arnaud Richard
(Un grand prêtre), avec Le Concert Spirituel. Le 20 octobre Alcina de (basse-taille). Le 12 Messe du Couronnement de Mozart par Laurence
Haendel sera jouée en version de concert par Harry Bicket à la tête de The Equilbey et l'Insula Orchestra interprétée par Nuria Rial, Marianne
English Concert avec dans le rôle-titre la renversante Joyce DiDonato Crebassa, Benjamin Hulett et Johannes Weisser.
entourée de Alice Coote (Ruggiero), Anna Christie (Morgana), Christine
Rice (Bradamante) et Wojtek Gierlach (Melisso).
Vu et entendu : pour la seconde fois de sa longue histoire, le Festival
Au programme des Grandes Voix le 22 octo-bre, Rolando Villazón catalan de Castell Peralada reçoit le ténor des ténors, Jonas Kaufmann,
avec le Bohuslav Martinů Philharmonic Orchestra dirigé par Guerassim pour un concert à couper le souffle (3 août).
Voronkov en compagnie de la soprano Pumeza Matshikiza (Massenet,
Bizet, Donizetti, Lehár, Penella Moreno airs et duos d’opéras et zarzueAilleurs en France : à Lyon du 11 au 26 octobre Alex Ollé et Kazushi
las). Concert de l'Orchestre National de France le 30, sous la baguette de Ono s'attaquent au Vaisseau fantôme de Wagner.
François Lesueur
Leif Segerstam avec la soprano Orla Boylan (Tchaïkovski, Strauss et
Sibelius).
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théâtre du châtelet
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opéra de paris
Limb’s theorem Two cigarettes
in the dark
Le Festival d’automne à Paris débutait son portrait
consacré à William Forsythe par Limb’s Theorem par le
Ballet de l’Opéra de Lyon au Théâtre du Chatelet du
4 au 6 septembre.
Le Tanztheater Wuppertal était invité à ouvrir la saison de
l’Opéra de Paris avec Two cigarettes in the dark de Pina
Bausch du 1er au 7 septembre.
Créé en 1990 pour le Ballet de Francfort, Limb’s Theorem est considéré comme une des pièces emblématiques de William Forsythe. En trois
actes, toute l’originalité du vocabulaire du chorégraphe se déploie en une
multitude de mouvements dans des solos, duos ou ensembles. Corps cambrés étirés à l’extrême, construction géométrique, vitesse des enchaînements mais aussi musique électronique percussive de Tom Willems construisent un univers post-moderne où les manières n’ont plus leur place.
Les danseuses sont des amazones sur pointes et les danseurs des guerriers
urbains. Le décor est constitué d’une forme mobile – plan incliné au premier acte, écran noir pour le deuxième et sphère tronquée pour le dernier
– qui évolue et modifie l’aspect du plateau. Si le premier acte est en grande partie composé de variations pour petits effectifs, les mouvements
d’ensemble sont plus présents au deuxième
et troisième. Ce dernier s’ouvre sur la troupe rassemblée comme une armée en marche où les danseurs avancent d’une démarche chaloupée. La fureur du début laisse
place à l’apaisement. Le Ballet de l’Opéra
de Lyon, dans son répertoire de prédilection, livre une interprétation magistrale à ne
pas manquer pour découvrir le travail de
William Forsythe.
Two cigarettes in the dark est une pièce de 1985 très théâtrale. On y
retrouve les thèmes chers à la chorégraphe comme les rapports hommefemme, la solitude des êtres, la recherche de l’amour, le goût pour l’absurde mais aussi ses travers comme les scènes interminables et les répétitions
qui diluent, à mon goût, les visions fulgurantes qu’elle avait sur les êtres.
Dans Two cigarettes in the dark, les scènes se succèdent, menées tambour
battant par la comédienne Mechthild Grossmnan, prenant souvent comme
point de départ des mots ou des phrases qui n’ont de prime abord guère de
sens. Ces phrases se traduisent en situations qui renvoient sur des moments
de vie.
Stéphanie Nègre
SUITES DU PORTRAIT WILLIAM FORSYTHE DU
FESTIVAL D’AUTOMNE À PARIS
- Limb’s Theorem sera dansé du 4 au 6 décembre
par le Ballet de l’Opéra de Lyon à la Maison des
Arts de Créteil.
- Le Ballet de l’Opéra de Lyon sera de retour au
Théâtre de la Ville du 17 au 26 novembre avec
Workwithinwork et One flat Thing reproduced de
William Forsythe et Sarabande de Benjamin
Millepied.
- Du 28 au 30 octobre, le Semperoper Ballett de Dresde interprétera Steptext, Neue suite
et In the Middle Somewhat Elevated de William Forsythe au Théâtre de la Ville.
«Two cigarettes in the dark» - photo L Philippe
La pièce fait la part belle aux interprètes historiques qui brûlent les
planches comme la charismatique Mechthild Grossmann, la très classe
Julie Shanahan ou les inoxydables Dominique Mercy et Michael Strecker
pour ne citer qu’eux.
Stéphanie Nègre
La danse en octobre :
Dans le cadre du festival d’automne à Paris, la compagnie Lucinda
Childs sera au Théâtre de la ville du 17 au 25 octobre avec Dance.
Le Ballet de l’Opéra de Paris reprend du 21 octobre au 7 novembre
Rain d’Anne Teresa de Keersmaeker.
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Le Tanztheater Wuppertal sera de retour du 12 au 17 mai avec Nelken au Théâtre du
Châtelet et de 21 au 31 mai avec Pour les enfants d’hier, d’aujourd’hui et demain au
Théâtre de la Ville.
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ATELiER (loc. 01.46.06.49.24)
Hôtel Europe de Bernard-Henri
Lévy - m.e.s. Dino Mustafic - avec
Jacques Weber - jusqu’au 3 janvier
BéLiERS PARiSiENS
(01.42.62.35.00 - 11h-19h)
u Le cercle des illusionnistes de et
m.e.s.s Alexis Michalik - jusqu’au 3
janvier
CARTOuCHERiE - THéâTRE Du
SOLEiL (loc. 01.43.74.24.08)
u Macbeth de Shakespeare - m.e.s.
Ariane Mnouchkine - jusqu’au 7 déc.
CARTOuCHERiE - THéâTRE DE LA
TEMPêTE (loc. 01.43.28.36.36)
u La Grande Nouvelle d’après le
“Malade imaginaire“ de Molière m.e.s. Philippe Adrien - jusqu’au 12
octobre
COLLiNE (rés. 01.44.62.52.52)
u Le Capital et son singe d'après
Karl Marx - m.e.s. Sylvain
Creuzevault - jusqu’au 12 octobre
COMéDiE FRANçAiSE
SALLE RiCHELiEu (01.44.58.15.15)
u Le Tartuffe ou l’imposteur de
Molière - m.e.s. Galin Stoev - jusqu’au 17 février
u Antigone de Jean Anouilh - m.e.s.
Marc Paquien - jusqu’au 2 décembre
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u Un chapeau de paille d’Italie
d’Eugène Labiche - m.e.s. Giorgio
Barberio Corsetti - du 8 octobre au
14 janvier
u Dom Juan de Molière - m.e.s.
Jean-Pierre Vincent - du 17 octobre
au 16 décembre
STuDiO-THéâTRE (01.44.58.98.98)
u Cabaret Barbara de Barbara m.e.s. B. Agenin - jusqu’au 2 nov.
u Si Guitry m’était conté de Sacha
Guitry - m.e.s. Jean-Luc Tardieu - du
4 octobre au 2 novembre
ViEuX-COLOMBiER (01.44.39.87.00)
u Trahisons de Harold Pinter - m.e.s.
Fr. Bélier-Garcia - jusqu’au 26 oct.
DARiuS MiLHAuD
(01.42.01.92.96)
u Les Caprices de Marianne d'Alfred
de Musset - m.e.s. Klaudia Lanka jusqu’au 3 décembre
DAuNOu (01.42.61.69.14)
u La Pèlerine écossaise de Sacha
Guitry - m.e.s. Pierre Laville - jusqu’au 21 décembre.
GAîTé-MONTPARNASSE
(01.43.22.16.18)
u Coup de théâtre(s) de et m.e.s.
Sébastien Azzopardi - jusqu’au 23
décembre
GuiCHET MONTPARNASSE
(01.43.27.88.61)
u Lettre d'une inconnue de Stefan
Zweig - m.e.s. William Malatrat - jusqu’au 2 novembre
HéBERTOT (01.43.87.23.23)
u Le Roi se meurt de Eugène
Ionesco - m.e.s. Georges Werler avec Michel Bouquet et Juliette
Carré - jusqu’au 25 octobre
u Les cartes du pouvoir d’après
Beau Willimon - m.e.s. Ladislas
Chollat - avec Raphaël Personnaz,
Thierry Frémont ... - jusqu’au 30
novembre
LuCERNAiRE (rés. 01.45.44.57.34)
u Le Bavard de Louis-René des
Forêts - m.e.s. Michel Dumoulin jusqu’au 29 novembre
u Combat de Gilles Granouillet m.e.s. Jacques Descorde - jusqu’au
16 novembre
MANuFACTuRE DES ABBESSES
(01.42.33.42.03)
u Les combats d'une reine de
Grisélidis Réal - m.e.s. Françoise
Courvoisier - jusqu’au 19 octobre
MATHuRiNS (rés. 01.42.65.90.00)
u Je ne serai plus jamais vieille de
Fabienne Périneau - m.e.s. Jean-
Béliers parisiens
Le Cercle des illusionnistes
Alexis Michalik - dont la première pièce, «Le Porteur d’histoire», a été jouée au Studio des Champs-Elysées ainsi qu’en
tournée, remportant un vif succès - met en scène sa deuxième pièce, «Le Cercle des illustionnistes» aux Béliers parisiens, une pièce
qui partira ensuite en tournée durant l’hiver.
Il est question d’un jeu de piste théâtral sur les traces des inventeurs, magiciens et autres faiseurs de rêves…
1984, durant le championnat d'Europe des
Nations, Décembre vole un
sac et y trouve la photo
d'Avril. Il l'appelle, lui raconte l'histoire de Jean-Eugène
Robert-Houdin, inventeur et
magicien du XIXe siècle.
Cela les mène sous le coffre
de la BNP boulevard des italiens, dans le théâtre disparu
de Robert-Houdin, devant la
roulotte d'un escamoteur,
derrière les circuits du Turc
mécanique, aux prémices du
kinétographe et à travers le
cercle des illusionnistes.
«Le Cercle des illusionnistes» © Alejandro Guerrero
. jusqu’au 3 janvier 2015
a
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Louis Martinelli - jusqu’au 1er nov.
MONTPARNASSE
(rés. : www.theatreonline.com)
u La Colère du Tigre de Philippe
Madral - m.e.s. Christophe Lidon avec Claude Brasseur, Michel
Aumont, ... - jusqu’au 16 novembre
ODéON EuROPE (01.44.85.40.40)
u Les Nègres de Jean Genet - m.e.s.
Robert Wilso - jusqu’au 21 nov.
ATELiERS BERTiER
u Les particules élémentaires de
Michel Houellebecq - m.e.s. Julien
Gosselin - jusqu’au 14 novembre
œuVRE (01.44.53.88.88)
u Dispersion (Ashes to ashes)
d’Harold Pinter - m.e.s. Gérard
Desarthe - avec Carole Bouquet et
Gérard Desarthe - jusqu’au 5 oct.
POCHE-MONTPARNASSE
(01.45.48.92.97)
u Chère Elena de Ludmilla
Razoumovskaïa - m.e.s. Didier Long jusqu’au 30 novembre
u Pascal Descartes de Jean-Claude
Brisville - m.e.s. et jeu Daniel et
William Mesguich - jusqu’au 2 nov.
PORTE SAiNT-MARTiN
(01.42.08.00.32)
u Nelson de Jean Robert-Charrier m.e.s. Jean-Pierre Dravel et Olivier
Macé - jusqu’au 12 octobre
RiVE GAuCHE (01.43.35.32.31)
u Le Joueur d'échecs de Stefan
Zweig - adapt. E.-E. Schmitt - m.e.s.
Steve Suissa - jusqu’au 31 octobre
u Georges et Georges de EricEmmanuel Schmitt - m.e.s. Steve
Suissa - jusqu’au 31 octobre
ROND-POiNT (0.892.701.603)
u Alexandre Astier - L'Exoconférence
- m.e.s. Jean-Christophe Hembert jusqu’au 19 octobre
u Open Space de et m.e.s. Mathilda
May - jusqu’au 19 octobre
STuDiO DES CHAMPS ELySéES
(01.53.23.99.19)
u Le porteur d’Histoire de et m.e.s.
Alexis Michalik - jusqu’au 30 déc.
THéâTRE DE LA ViLLE
(01.42.74.22.77)
u Idiot ! Parce que nous aurions dû
nous aimer d’après Dostoïevski m.e.s. Vincent Macaigne - jusqu’au
12 octobre.
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Musée Jacquemart-André
Le Pérugin, maître de Raphaël
Après le succès de l’exposition «Fra Angelico et les Maîtres de la lumière »
en 2011, les visiteurs du Musée Jacquemart-André seront invités à redécouvrir
un autre maître de la Renaissance italienne, Le Pérugin. Connu pour son influence sur le jeune Raphaël (1483-1520), il est avant tout un peintre novateur dont
la fortune, très importante dans toute l’Italie au début du XVIe siècle, aura un
écho particulier en France jusqu’à l’époque contemporaine.
Considéré par ses contemporains comme l’un des plus grands peintres
d’Italie, Le Pérugin a initié pendant les dernières décennies du XVe siècle et les
premières du XVIe siècle une nouvelle manière de peindre, qui a profondément
marqué son époque. Son art cristallin, fait de transparences et de lumières théâtrales, a suscité un très grand engouement et les effets inédits de grâce et de
séduction qu’il a développés font de lui l’un des plus grands représentants de la
Renaissance italienne.
Le raffinement de ses œuvres, l’attention portée à l’harmonie des couleurs et
au modelé des corps témoignent de la grande maîtrise technique du Pérugin.
Inventeur de nouvelles règles de composition, il a créé un langage pictural dont
l’influence s’est étendue par-delà les frontières. Le Pérugin devient le chef de file
d’un courant artistique de portée internationale qui va se diffuser dans l’Europe
tout entière, par l’intermédiaire du jeune Raphaël
L’exposition est constituée d’une cinquantaine d’œuvres permettant de
retracer les grandes étapes de la carrière du Pérugin; 8 œuvres de Raphaël sont
également présentées à titre exceptionnel .
Le Pérugin «Portrait de Francesco delle Opere», 1494
Huile sur bois, 52 x 44 cm. Florence, Galleria degli Uffizi
© Soprintendenza Speciale per il Patrimonio Storico Artistico ed
Etnoantropologico e per il Polo Museale della Città di Firenze
Bibliothèque Mazarine
l LA TOuR DE NESLE. DE PiERRE,
D’ENCRE ET DE FiCTiON – jusqu’au 12
décembre
Centre Pompidou
l MODERNiTéS PLuRiELLES DE 1905 à
1970 – du 23 oct. au 26 janvier
l MARCREL DuCHAMP. La peinture,
même – jusqu’au 5 janvier
Centre Wallonie-Bruxelles
l OMBiLiC Du RêVE. Félicien Rops,
Max Klinger, Alfred Kubin, Armand
Simon – jusqu’au 5 janvier
Château de Compiègne
l CARRiER-BELLEuSE. LE MAîTRE DE
RODiN – jusqu’au 27 octobre.
Château de Versailles
l LA CHiNE à VERSAiLLES. ART ET
DiPLOMATiE Au XViiiE SièCLE – jusqu’au 26 octobre
Espace Dali
l DALi FAiT LE MuR – Dali et le
“street art“ - jusqu’au 15 mars
Fondation Taylor
l LE BARON TAyLOR (1789-1879) à
L’AVANT-GARDE Du ROMANTiSME – du
2 octobre au 15 novembre
Galerie Kugel
l VERMEiLLEuX, L’ARGENT DORé DE
a
g
. du 12 septembre 2014 au 19 janvier 2015
STRASBOuRG XViE-XiXE SièCLES – jusqu’au 8 novembre
Grand Palais
l NiKi DE SAiNT PHALLE – jusqu’au 2
février
l HOKuSAi – Du 1er octobre au 18
janvier
La Maison Rouge
l ART BRuT. COLLECTiON ABCD /
BRuNO DECHARME – du 18 octobre
au 18 janvier
Maison de la Photographie
l PASCAL MAiTRE, Afrique / KEiiCHi
TAHARA, Sculpteur de lumière –
jusqu’au 2 novembre
l RENé BuRRi, Mouvement – jusqu’au 12 octobre
l TiM PARCHiKOV, Suspense – jusqu’au 30 novembre
Musée des arts décoratifs
l RECTO VERSO - 8 pièces graphiques – jusqu’au 9 novembre
Musée d’art du judaïsme
l ROMAN ViSHNiAC. De Berlin à New
york, 1920-1975 – jusqu’au 25 janvier
Musée d’art moderne
l DAViD ALTMEJD, Flux – du 10
octobre au 1er février
e
n
l SONiA DELAuNAy, les couleurs de
l’abstraction – du 17 octobre au
22 février
Musée Carnavalet
l PARiS LiBéRé, PARiS PHOTOGRAPHié,
PARiS EXPOSé – jusqu’au 8 février
Musée Cernuschi
l LE JAPON Au FiL DES SAiSONS – jusqu’au 11 janvier 2015
Musée Jacquemart-André
l LE PéRuGiN, MAîTRE DE RAPHAëL –
jusqu’au 19 janvier
Musée du Louvre
l MARK LEWiS, invention au
Louvre – du 9 octobre au 5 janvier
l LE MAROC MéDiéVAL, un empire
de l’Afrique à l’Espagne – du 17
octobre au 19 janvier
Musée du Luxembourg
l PAuL DuRAND-RuEL, LE PARi DE
L’iMPRESSiONNiSME. Manet, Monet,
Renoir... – du 9 octobre au 8
février
Musée Maillol
l LES BORGiA ET LEuR TEMPS. De
Léonard de Vinci à Michel-Ange –
jusqu’au 15 février
Musée Marmottan-Monet
l iMPRESSiON, SOLEiL LEVANT, l’aube
d
a
de l’impressionnisme – jusqu’au
18 janvier
Musée de Montmartre
l L’ESPRiT DE MONTMARTRE ET L’ART
MODERNE 1875-1910 – du 17 octobre 2014 au 25 septembre 2015
Musée de l’Orangerie
l EMiLE BERNARD (1868-1941) – jusqu’au 5 janvier
Musée d’Orsay
l ATTAQuER LE SOLEiL. HOMMAGE Au
MARQuiS DE SADE – du 14 octobre
au 25 janvier
Musée du Quai Branly
l LES MAyAS, un temps sans fin –
du 7 octobre au 8 mai
Musée de la Vie Romantique
l LA FABRiQuE Du ROMANTiSME.
Charles Nodier et les voyages pittoresques – du 11 oct. au 18 janvier
Petit Palais
l DE iNGRES à POLKE – du 1er octobre au 11 janvier
l BACCARAT, la légende du cristal
– du 15 octobre au 4 janvier
Pinacothèque
l LE KAMA SuTRA : spiritualité et
érotisme dans l’art indien – du 2
octobre au 11 janvier
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m é m e n t o
GENEVE
concerts
90
u 5.10. : Concert du dimanche de la
ville de Genève. LES TALENS LYRIquES,
dir. et clavecin Christophe Rousset,
DELPHINE GALOu, contralto (Jommelli,
Vivaldi,
Cimarosa,
Anfossi,
Gassmann). Victoria Hall à 11h (loc.
Espace Ville de Genève - Pont de la
Machine, Grütli, Cité Seniors)
u 5.10. : HOMMAGE à KLAuS HuBER.
Simon Aeschimann, guitare, Stefan
Wirth, piano, Maximilian Haft, violon, Tomoko Akasaka, alto, Aurélien
Ferrette, violoncelle (Huber,
Haddad). Musée d’art et d’histoire
de Genève à 11h (rés. sur :
http://www.contrechamps.ch/)
u 6.10. : Les Grands Interprètes.
MARIA JOãO PIRES, piano, ANTONIO
MENESES, violoncelle (Beethoven,
Bach). Victoria Hall à 20h (tél.
022/322.22.40 ou : [email protected])
u 6.10. : Temps & Musique. SARAH ET
DEBORAH NEMTANu, violons, RAPHAëL
PERRAuD, violoncelle, FABRIZIO
CHIOVETTA, piano et accordéon
(Chostakovitch, Honegger, Haydn,
Dvorak). Conservatoire de Genève à
20h (billetterie : Service culturel
Migros, Migros Nyon-La Combe,
Stand Info Balexert)
u 10.10. : Série Prélude. OSR, dir.
Ilych Rivas, Orchestre de la Haute
Ecole de musique de Genève,
Solistes de l'OSR (Chostakovitch,
Respighi). Victoria Hall à 20h (Tél.
022/807.00.00 / [email protected])
u 11.10. : Concert en Famille no. 1.
LES OISEAux !, dir. David
Greilsammer, Johnny Rasse et Jean
Boucault, chanteurs d’oiseaux. Naef
Immobilier SA à 11h (billetterie en
ligne sur le site du GECA)
u 12.10. : Musique sur Rhône.
ENSEMBLE DE MuSIquE DE CHAMBRE DE
L'OSR, dir. Stephan MacLeod ( JS
Bach, Rameau).
BFM, salle
Théodore Turrettini à 11h (Tél.
022/807.00.00 / [email protected])
u 13.10. : Concert Sauvage no. 1.
DESTINATION : CuBA, Johnny Rasse et
Jean Coucault, chanteurs d’oiseaux,
Reynaldo Flecha Delgado, percussion et danse. Comédie de Genève
(billetterie en ligne sur le site du
GECA)
u 14.10. : ENSEMBLE CONTRECHAMPS,
dir. Michael Wendeberg (D'haene,
Webern, Yeznikian). Studio ErnestAnsermet à 20h (billetterie en ligne)
u 14.10. : CAMERATA ARMIN JORDAN,
dir. Benoît Willmann. Felicita
Marockinaite harpe. François-xavier
Poizat, John Blanch & Jansen Ryser,
pianos. Justine Kulakova & Anthony
Fournier, violons. Victoria Hall à 20h
(loc. Espace Ville de Genève, Grütli,
Genève Tourisme, Cité Seniors,
Centrale Billetterie T 0800 418 418)
u 15.10. : quATuOR GéMEAux &
ISABELLE MORETTI, harpe (Caplet,
Cras,
Debussy,
Ravel).
Conservatoire de Musique
u 16.10. : Concert de soirée No. 2.
LES ANIMAux, dir. Arie Van Beek,
Sylviane Derferne et Maarten Van
Veen, piano (Respighi, Wagemans,
Saint-Saëns, Haydn). BFM à 20h (loc.
022/807.17.90 / [email protected]
ou www.ticketportal.com)
u 18.10. : Les Grands Interprètes.
quATuOR
BORODINE,
Ruben
Aharonian et Sergey Lomovsky, violon, Igor Naidin, alto, Vladimir
Balshin, violoncelle (Beethoven,
Chostakovitch,
Borodine).
Conservatoire de Musique à 20h
(loc. Service culturel Migros Genève,
Stand Info Balexert, Migros Nyon-La
Combe)
u 22.10. : Série Symphonie. OSR,
dir. Jonathan Nott (Mahler). Victoria
Hall à 20h (Tél. 022/807.00.00 /
[email protected])
u 23.10. : CHICAGO SYMPHONY
ORCHESTRA, dir. Riccardo Muti
(Tchaïkovski, Debussy, Schumann).
Victoria Hall à 20h (loc. SCM, T +41
(0)22 319 61 11)
u 25.10. : Migros-pour-cent-culturelclassics. ORCHESTRE SYMPHONIquE
TCHAïKOVSKI DE MOSCOu, dir. Vladimir
Fedoseyev, RuDOLF BuCHBINDER,
piano (Brahms, Tchaïkovski). Victoria
Hall à 20h (loc. SCM 022/319.61.11)
u 29.10. : Série Grands Classiques.
OSR, dir. Kazuki Yamada, BAIBA
SKRIDE, violon (Fujikura, Roussel,
Brahms). Victoria Hall à 20h (Tél.
022/807.00.00 / [email protected])
u 31.10. : MISA CRIOLLA d’Ariel
Ramirez. Chœur Symphonique de
Vevey & Ensemble Santa Maria, dir.
Luc Baghdassarian. Terige Sirolli &
José Pazos, ténors. Eglise du SacréCœur, Georges-Favon 25 bis, à
20h30. Entrée libre - collecte à la
sortie
u 31.10. : Série répertoire. OSR,
dir. Kazuki Yamada, Baiba Skride
(Fujikura, Roussel, Brahms). Victoria
Hall à 20h (Tél. 022/807.00.00 /
[email protected])
Victoria Hall
Chicago Symphony
Orchestra
Belle soirée en perspective que celle qui verra le Chicago
Symphony Orchestra prendre place sur la scène du Victoria
Hall, avec, à sa tête, le chef renommé Riccardo Muti.
Le programme se compose de «La Tempête op. 18» de
Piotr Ilitch Tchaïkovski, de «La Mer», trois esquisses symphoniques, de Claude Debussy et, pour terminer le concert en
beauté, de la Symphonie no 3 en mi bémol majeur, dite
«Rhénane» de Robert Schumann.
. Jeudi 23 octobre 2014 à 20h00
Billetterie : Service culturel Migros, www.culturel-migrosgeneve.ch,
rue du Prince 7, T +41 (0)22 319 61 11, Stand Info Balexert, Migros NyonLa Combe
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Riccardo Muti © Silvia Lelli
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opéra
u 2.10. : SIMONE KERMES, mezzosoprano & LA MAGNIFICA COMuNITà,
dir. Enrico Casazza (Vivaldi). Victoria
Hall à 20h (loc. Espace Ville de
Genève, Grütli, Genève Tourisme,
Cité Seniors, Centrale Billetterie T
0800 418 418)
u 9, 11, 13, 15, 17, 19.10. : EuGèNE
ONéGuINE de Ilitch Tchaikovski, dir.
Michail Jurowski, Orchestre de la
Suisse Romande, m.e.s. Robert
Carsen. Grand Théâtre à 19h30, dim
19 à 15h (billetterie en ligne sur le
site du Grand Théâtre)
u 30.10. : JuAN DIEGO FLóREZ ténor.
VINCENZO SCALERA piano (Rossini,
Berlioz, Bizet, Massenet...). Victoria
Hall à 20h (loc. Espace Ville de
Genève, Grütli, Genève Tourisme,
Cité Seniors, Centrale Billetterie
T 0800 418 418)
théâtre
u Jusqu’au 2.10. : LA VéRITé de
Florian Zeller, m.e.s. Elidan Arzoni,
Création. Théâtre Alchimic (rés.
022/301.68.38 / www.alchimic.ch loc. Service culturel Migros)
u Jusqu’au 3.10. : FEVER de et m.e.s.
Attilio Sandro Palese. Le PocheGenève, lun et ven à 20h30, mer-jeusam à 19h, dim à 17h, mardi relâche
(rens./rés. /loc. 022/310.37.59)
u Jusqu’au 5.10. : CINq JOuRS EN
MARS de Toshiki Okada, m.e.s. Yvan
Rihs. Le Grütli ([email protected]
ou 022 888 44 88)
u Jusqu’au 5.10. : I-PETROLuS, de et
m.e.s. Mehdi Duman. Théâtre de la
Parfumerie, tlj à 20h30, dim à 18h
(billetterie au 022/341.21.21)
u Jusqu’au 12.10. L’éCHANGE de Paul
Claudel, m.e.s. Raoul Teuscher.
Théâtre des Amis, Carouge, marven à 20h, mer-jeu-sam à 19h, dim
à 17h (rens. 022/342.28.74)
u Jusqu’au 18.10. : L'IMPROBABLE EST
POSSIBLE, J'EN SuIS LA PREuVE VIVANTE
par la Compagnie Les faiseurs de
rêves. Théâtre Saint-Gervais (loc.
022/908.20.20 ou www.saint-gervais.ch)
u Jusqu’au 18.10. : LES DéMONS de
Dostoïevski, par la Compagnie Attila
Entertainment. Théâtre du Loup
(rés. 022/301.31.00)
u Jusqu’au 19.10. : MON FAuST de
Paul Valéry, m.e.s. Philippe Mentha.
Théâtre de Carouge (billetterie :
022/343.43.43 - [email protected])
u Jusqu’au 19.10. : LéONIE EST EN
AVANCE ou LE MAL JOLI de Feydeau.
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Evénement à Genève avec le récital que donnera,
fin octobre, le ténor de tous les superlatifs, acclamé sur
toutes les scènes lyriques du monde.
Le chanteur péruvien sera accompagné par le
pianiste Vincenzo Scalera et entonnera, pour le plus
grand plaisir des spectateurs présents, des airs d’opéra
italien et français, tels que “La Lontananza“ de Rossini,
“O blonde Cérès“ tiré des «Troyens» de Berlioz, ou
encore “A la voix d’un amant fidèle“, air de «La Jolie
fille de Perth» de Bizet. Il y aura également des airs de
«Werther» de Massenet, de «Lakmé» de Delibes ou de
«Roméo et Juliette» de Gounod...
Si vous ne voulez pas rater cette soirée, précipitezvous à l’Espace de location Ville de Genève ou, plutôt,
réservez en ligne (http://billetterie-culture.ville-ge.ch )
. Jeudi 30 octobre 2014 à 20h00
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de Pierre Corneille, m.e.s.
Geneviève Pasquier et Nicolas
Rossier. La Comédie de Genève
(loc. 022/320.50.01)
u Du 28.10. au 8.11. : DES COuTEAux
DANS LES POuLES par la Compagnie
Inka. La Traverse, mar au sam à 20h,
dim à 17h (rés. 022/909.88.94)
u Du 28.10. au 14.11. : LES JuMEAux
VéNITIENS de Carlo Goldoni, m.e.s.
Mathias Simons. Théâtre de
Carouge (billetterie : 022/343.43.43
- [email protected])
u Du 28.10. au 16.11. : L’AFFAIRE DE
LA RuE LOuRCINE d’Eugène Labiche et
SI CE N’EST TOI d’Edward Bond, m.e.s.
Eric Salama, créations. Le Grütli
([email protected] ou 022 888 44
88)
u Du 31.10. au 5.11. : WuNDERKAMMER par la Compagnie Figuren
Theater Tübingen, adultes et ados.
Théâtre des Marionnettes (rés.
022/807.31.07 ou en ligne)
Juan Diego Flórez
a
t
COMIquE
Victoria Hall
Création, m.e.s. Julien George.
Théâtre du Crève-Cœur, ch. de
Ruth, Cologny (rés. 022/786.86.00)
u Du 2 au 4.10. : MASTROM 68N,
PARTIE 1 par Aurélien Gamboni et
Sandrine Teixido. Théâtre de
l’usine (rés. 022/328.08.18 ou
www.theatredelusine.ch)
u Du 2 au 5.10. : Laboratoire spontané. CONSuLTATIONS POéTIquES, perfomance, tout public. Théâtre Am
Stram Gram (Loc. 022/735.79.24 et
Service Culturel Migros)
u 4 et 5.10. : MOBY DICK d'après
Herman Melville, m.e.s. Matthieu
Cruciani, dès 9 ans. Théâtre Am
Stram Gram à 17h (Loc.
022/735.79.24 et Service Culturel
Migros)
u 4 et 5.10. : Carrefours transalpins.
VENERE E ADONE de Shakespeare,
joué en italien et en français. M.e.s.
Valter Malosti, chor. Michela
Lucenti. Le Galpon (rés. au
022/321.21.76 au plus tard 2 heures
avant le début de l’événement mail : [email protected])
u Du 4 au 19.10. : TOI Du MONDE par
le Bouffou Théâtre à la Coque, dès 4
ans. Théâtre des Marionnettes (rés.
022/807.31.07 ou en ligne)
u Du 7 au 11.10. : ON NE PAIE PAS,
ON NE PAIE PAS! De Dario Fo, m.e.s.
Joan Mompart, création.
La
Comédie de Genève (loc.
022/320.50.01)
u Du 7 au 11.10. : EN ATTENDANT
GODOT de Samuel Beckett, m.e.s.
Laurent Vacher. Le Poche-Genève,
lun et ven à 20h30, mer-jeu-sam à
19h, dim à 17h, mardi relâche
n
Juan Diego Flórez | Photo: Decca / Josef Gallauer
(rens./rés. /loc. 022/310.37.59)
u Du 7 au 18.10. : WESTERN
DRAMEDIES, par la 2b Company.
Théâtre
Saint-Gervais
(loc.
022/908.20.20 ou www.saint-gervais.ch)
u Du 9 au 19.10. : D’uN RETOuRNEMENT L’AuTRE de Frédéric Lordon,
m.e.s. Vincent Bonillo. Théâtre
Alchimic (rés. 022/301.68.38 /
www.alchimic.ch - loc. Service culturel Migros)
u 10.10. : Laboratoire spontané.
BAL LITTéRAIRE, performance, dès 7
ans. Théâtre Am Stram Gram (Loc.
022/735.79.24 et Service Culturel
Migros)
u Du 10 au 12.10. : DIMITRI CLOWN -
55 ANNéES, de et
avec Dimitri. Théâtre de Carouge
(billetterie : 022/343.43.43 [email protected])
u Du 16.10. au 2.11. : LES DEMEuRéES
de Jeanne Benameur, m.e.s. Didier
Carrier, Le Poche-Genève (rens./rés.
/loc. 022/310.37.59)
u Du 20 au 30.10. : TuRLuTuTu! de et
m.e.s. Guy Jutard, création, de 1 à 3
ans. Théâtre des Marionnettes, hors
abonnement (rés. 022/807.31.07 ou
en ligne)
u Du 28.10. au 1.11. : LES éGARéS Du
CHACO de Jean-Paul Wenzel. Théâtre
Saint-Gervais (loc. 022/908.20.20 ou
www.saint-gervais.ch)
u Du 28.10. au 2.11. : L'ILLuSION
LES TEMPS FORTS DE
danse
u Du 1er au 12.10. : uP de József
Trefeli et Mike Winter, création.
Salle des Eaux-Vives, 82-84 r. EauxVives, à 20h30 (billets : Service culturel Migros, Stand Info Balexert,
Migros Nyon La Combe)
uDu 10 au 13.10. : ENJOY SILENCE
de Célia Houdart, chor. Mickaël
Phelippeau. Théâtre de l’usine (rés.
022/328.08.18 ou www.theatredelusine.ch)
uDu 16 au 19.10. : LAST PLAYS, chor.
Lucie Eidenbenz, création. Théâtre
de l’usine (rés. 022/328.08.18 ou
www.theatredelusine.ch)
Musée d’Art et d’Histoire, Genève
Le Quatuor de Genève
Dimanche 2 novembre à 11 heures, dernier concert de la saison
2014. Les habitués de la Saison de musique de chambre du Quatuor de
Genève le savent, l'ensemble propose chaque année une nouvelle étape
dans son exploration des quatuors de Beethoven: ici l'opus 59 no 3,
œuvre puissante de la période médiane du compositeur, avec son
andante qui nous conduit de l'ombre à la lumière, sur d'obstinés pizzicati au violoncelle, et son final échevelé, véritable déluge de matière
en fusion.
L'autre partie du programme est consacrée au fil rouge de cette
année 2014, Mozart, avec son quintette pour clarinette et cordes.
Pièce heureuse, tendre et vibrante de chaleur humaine, bien que composée dans une période de grande solitude, ce quintette intègre miraculeusement la sonorité de la clarinette à celle des cordes. L'occasion
d'entendre Camillo Battistello, jeune clarinettiste italien membre de
l'OSR, invité par le Quatuor de Genève.
. dimanche 2 novembre 2014
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Camillo Battistello
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A la Comédie de Genève
Geneva Camerata
Avec “Destination : Cuba“, et grâce à Johnny Rasse et Jean Boucault,
le Geneva Camerata nous entraîne sur les ailes des oiseaux.
Imprévisible, surprenant, ce concert sera sûrement hors normes !
o
BEAT ANDERWERT, hautbois, DAVIDE
BANDIERI, clarinette, ALExANDER
GRYTSAYENKO,
violon,
ELI
KARANFILOVA, alto, JOëL MAROSI, violoncelle, SEBASTIAN SCHICK, contrebasse
(Britten,
Hindemith,
Prokofiev). Salle Métropole à 12h30
(Billetterie de l’OCL: Tél.
021/345.00.25)
u 31.10. : HELSINKI BAROquE
ORCHESTRA, dir. René Jacobs,
SuNHAE IM, soprano, BENNO
SCHACHTNER, contre-ténor, JuLIAN
PRéGARDIEN, ténor, ARTTu KATAJA,
basse (J.-S. Bach). Opéra de
Lausanne, à 20h (Billetterie :
021/315.40.20, lun-ven de 12h à 18h
/ en ligne et infos : www.opera-lausanne.ch)
opéra
Johnny Rasse et Jean Boucault, chanteurs d’oiseaux
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Copyright: Benjamin Tesseidre
. Lundi 13 octobre 2014 à 19h30
u Du 29.10. au 2.11. : DIFFRACTION
de Cindy Van Acker. Salle des EauxVives, 82-84 r. Eaux-Vives, à 20h30
(billets : Service culturel Migros,
Stand Info Balexert, Migros Nyon La
Combe)
divers
u Du 1er au 12.10. : FAMILLE
BOuTABOu par la Brigades d’Intervention Clownesque (CH) &
Pataclowns (Bénin), Jeune public.
La Traverse, mer à 14h30, ven à
19h, sam à 18h, dim à 11h (rés.
022/909.88.94) u 8.10. : 150e anniversaire des
relations diplomatiques entre la
Suisse et le Japon. BANRAKu Théâtre de Marionnettes Classique
du Japon. BFM à 19h30 (billetterie:
ww.starticket.ch & 1 heure avant le
début au guichet du BFM)
u 15.10. : LE RêVE PENCHé par la
Compagnie Tohu Wa Bohu, Jeune
public. La Traverse à 14h30 (loc.
Service
culturel
Migros,
022/319.61.11)
u 10.10. : SARKIS OHANESSIAN. Salle
des Fêtes de Thônex à 20h30 (Billets
FNAC ou www.thonex.ch)
u 26.10. : APéRITIF CRèVE-CœuR, lec-
ture avec Anne Vaucher et Alain
Carré. Théâtre du Crève-Cœur, ch.
de
Ruth,
Cologny
(rés.
022/786.86.00)
u30.10. : TRISTAN GARCIA, lecture,
littérature et philosophie. Théâtre
de l’usine (rés. 022/328.08.18 ou
www.theatredelusine.ch)
LAUSANNE
concerts
u 19.10. : Concert du dimanche.
O.C.L., dir. Alexandre Bloch, MARCANTOINE BONANOMI, contrebassde
(Rota, Mozart). Opéra de Lausanne à
11h15 (Billetterie de l’OCL: Tél. 021
345 00 25)
u 23.10. : OSR, dir. Jonathan Nott
(Mahler). Théâtre de Beaulieu à
20h15 (Tél. 022/807.00.00 /
[email protected] ou chez Passion
Musique)
u 27 et 28.10. : O.C.L., dir. Marek
Janowski, MIKLóS PERéNYI, violoncelle
(Wagner, Von Dohnányi, R. Strauss).
Salle Métropole à 20h (Billetterie :
021/345.00.25)
u 28.10. : Les Entractes du mardi.
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u 3, 5, 8, 10, 12.10. : MANON d’après
l’abbé Prévost, dir. Jesús López
Cobos, Orchestre de Chambre de
Lausanne, m.e.s. Arnaud Bernard.
Opéra de Lausanne, ven à 20h, mer
8 à 19h, dim 5 à 17h, dim 12 à 15h
(Billetterie : 021/315.40.20, lun-ven
de 12h à 18h / en ligne et infos :
www.opera-lausanne.ch)
u 30.10. : Forum Opéra – LE PETIT
PRINCE, Conférence de Yaël Hêche.
Salon Alice Bailly de l’Opéra de
Lausanne à 18h45 (Billetterie :
021/315.40.20, lun-ven de 12h à 18h
/ en ligne et infos : www.opera-lausanne.ch)
théâtre
u Jusqu’au 4.10. : LES FILLES Du ROI
LEAR Ou LA VéRITABLE HISTOIRE DE
RIHANNA d’après Shakespeare,
m.e.s. Marielle Pinsard, création.
L’Arsenic ([email protected] /
021/625.11.36)
u Jusqu’au 5.10. : LE GRAND
POuRquOI d'après Wolf Erlbruch,
m.e.s. Muriel Imbach, dès 4 ans. Le
petithéâtre (réservation en ligne sur
le site du théâtre)
u Jusqu’au 12.10. : KARL PROJEKT,
d’après les sketches de Karl
Valentin,
par
L’Obsidienne
Compagnie. Pulloff Théâtre,
Industrie 10, me/ve à 20h, ma/je/sa
à 19h et di à 18h (réservations en
ligne sur : www.pulloff.ch, ou au 021
311 44 22)
u Du 1er au 12.10. : uN JOuR DE
CLAIRE, m.e.s. Ribaupierre Massimo
Furlan. Vidy-Lausanne, salle Charles
Apothéloz, mar-jeu-sam à 19h, ven à
20h30 (rés. 021/619.45.45 -
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www.billetterie-vidy.ch)
u 11 et 12.10. : L'HISTOIRE Du PETIT
TAILLEuR, dir. Antoine Marguier,
Compagnie du Rossignol, concert,
dès 4 ans. Le petithéâtre (réservation en ligne sur le site du théâtre)
u Du 21 au 26.10. : LE PARC de
Michel Viala, par la Cie Sur les planches, m.e.s. Claude-Inga Barbey.
Théâtre 2.21, ma, je, ve à 19h, me,
sa à 20h30, di à 18h (billetterie en
ligne sur : www.theatre221.ch/abosbillets/reservations)
u Du 21.10. au 2.11. : AGAMEMNON
de Rodrigo Gardia, par les Cies Le
cinquième quartier & Push-up.
Théâtre 2.21, ma, ve à 20h30, me, je,
sa à 19h, di à 18h (billetterie en
ligne sur : www.theatre221.ch/abosbillets/reservations)
u Du 23 au 25.10. : LA PRISON d'après Michel Foucault, m.e.s.
Collectif F71. La Grange de Dorigny
(rés. 021/692.21.24)
u Du 25 au 28.10. : GO DOWN, MOSES
de Romeo Castellucci. VidyLausanne, salle Charles Apothéloz,
mar-jeu-sam à 19h, ven à 20h30 (rés.
021/619.45.45 - www.billetterievidy.ch)
u Du 28.10. au 2.11. : KING KONG
de Virginie Despentes, m.e.s.
Emilie Charriot, création. L’Arsenic
([email protected]
/
021/625.11.36)
u Du 28.10. au 16.11. : MON FAuST
de Paul Vléry, m.e.s. Philippe
Mentha. Théâtre Kléber-Méleau,
ma-me-je 19h00 – ve 20h30 – sa
19h00 – di 17h30 – lu relâche (Achat
en ligne sur vidy.ch)
u 28.10. au 16.11. : TOuBABS de
Leslie Rudolf par la Compagnie
Venado, m.e.s. Leslie Rudolf. Pulloff
Théâtre, Industrie 10, me/ve à 20h,
ma/je/sa à 19h et di à 18h (réservations en ligne sur : www.pulloff.ch,
ou au 021 311 44 22)
u Du 29.10. au 16.11. : LE RéVIZOR
d'après Nicolas Gogol, m.e.s.
Evelyne Castellino, création, dès 8
ans. Le petithéâtre (réservation en
ligne sur le site du théâtre)
u Du 30.10. au 2.11. : D'uN RETOuRNEMENT L'AuTRE de Frédéric Lordon,
m.e.s. Vincent Bonillo. La Grange de
Dorigny (rés. 021/692.21.24)
danse
u Du 7 au 10.10. : uTéRuS, chor.
Foofwa d’Imobilité. L’Arsenic ([email protected] / 021/625.11.36)
u 9 et 10.10. : PARADIS – COLLECTION
PRIVéE, chor. Marlene Monteiro
Freitas. L’Arsenic ([email protected] / 021/625.11.36)
d
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divers
u 2.10. : RENCONTRE-CONFéRENCE
autour de la figure de Rihanna.
L’Arsenic ([email protected] /
021/625.11.36)
u Du 9 au 11.10. : ALLAIN LEPREST
PORTE uN JOLI NOM, par la Cie 5/4,
avec Karine Barbey, Sachat Maffli,
Jean-Samue Racine, Lee Maddeford.
Théâtre 2.21 à 21h
u Du 14 au 16.10. : Festival étudiant
POINT.VIRGuLE. La Grange de Dorigny
(rés. 021/692.21.24)
AILLEURS
annecy
BONLIEu SCèNE NATIONALE aux Haras
d’Annecy, sauf mention contraire
(rens./rés. 04.50.33.44.11 / [email protected])
u Du 4 au 29.10. : Les visites guidées - LES HôTESSES D’ACCuEIL
u Du 8 au 14.10. : ANNECY CINéMA
ITALIEN, Festival de Cinéma
u Du 9 au 19.10. : Les visites déguidées - BERTRAND BOSSARD
u 15.10. : INVENTIONS, Orchestre
des Pays de Savoie, dir. Nicolas
Chalvin, CAMILLE JOuTARD, hautbois
solo (Mulsant, Mozart, Janacek,
Vanhal). église Sainte Bernadette à
20h30 (rés. 04 50 33 44 11)
u 17.10. : CONCERT INéDIT,
Orchestre des Pays de Savoie, dir.
Nicolas Chalvin, Hugues Lachaize,
cor anglais, N.N., trompette,
Ensemble Initium (Hahn, Bach,
Campo). Cathédrale St. Pierre à
19h
u Du 21 au 26.10. : Les visites guidées - PHILIPPE MACASDAR
annemasse
RELAIS CHâTEAu-ROuGE à 20h30
sauf mention contraire (loc.
+33/450.43.24.24)
u 1.10. : FEVER, à LA VIE à LA MORT de
et m.e.s. Attilio Sandro Paese
u 4.10. : ZOMBIE ROCKERZ PARTY, electro-punk
u 8.10. : ALPS NEW JAZZ, jazz
u 10.10. : ERNESTO "TITO" PuENTES
BIG BAND, musiques cubaines
u 15 et 16.10. : OBLOMOV par les
Compagnies Supertroptop et
O'Brother Company
u 15.10. : MOI J'ATTENDS de Davide
Scali et Serge Bloch, m.e.s. Alban
Coulaud
u 17.10. : THE VALLEY OF
ASTONISHMENT de Peter Brook, m.e.s.
Peter Brook et Marie-Hélène
Estienne
u 18.10. : DELuxE, Electro Swing
u 25.10. : SLEEKSTAIN / THE BLACK
FLOWERS, Hard Rock
fribourg
THéâTRE EquILIBRE à 20h (billetterie :
Fribourg Tourisme 026/350.11.00 /
[email protected])
u 16.10. : ALAIN CHAMFORT
u 21.10. : Concert 2. ORCHESTRE DE
CHAMBRE FRIBOuRGEOIS, dir. Laurent
Gendre, STEFAN MuHMENTHALER, violon (Beethoven, Schumann)
u 28 et 29.10. : SéquENCE 8 par Les
7 Doigts de la main, m.e.s. Shana
Carroll et Sébastien Soldevila
givisiez
THéâTRE DES OSSES, 20h, di à 17h
(loc. 026/469.70.00)
u Jusqu’au 28.11. : L’ILLuSION
COMIquE de Pierre Corneille, m.e.s.
Geneviève Pasquier et Nicolas
Rossier
gland
LA CôTE FLûTE FESTIVAL, du 2 au 5
octobre.
u 5.10. : L’OCG, dir. Philippe
Bernold, Michel Bellevance, JoséDaniel Castellon, Sarah Rumer, et
Matthias Ziegler, flûte (CPE Bach,
Mozart, Dufeutrelle, Jolivet).
Théâtre de Grand-Champs, à 17h
(billetterie : 022/807.17.90 lun-ven
de 9h30 à 12h / [email protected])
é
m
e
martigny
FONDATION GIANADDA, à 20h, dim à
17h sauf mention contraire (rés. +41
27 722 39 78)
u 16.10. : Dans le cadre du 200e
anniversaire de l'amitié SuisseRussie. MIKHAïL RuDY, piano
(Chopin, Liszt, Stravinski)
u Du 16 au 18.10. : LES îLES FLOTTANTES de et avec Pascale Roccard,
m.e.s. Jean-Luc Placé. Théâtre
Alambic, Hôtel-de-Ville 4, jeu-ven à
19h30, sa à 19h (rés./loc.
027/722.94.22)
meyrin
THéâTRE FORuM MEYRIN
(loc. 022/989.34.34)
u 8.10. : AMOuR ET JAMBE CASSéE par
la Compagnie de la Casquette
u 15, 16 et 17.10. : THE VALLEY OF
ASTONISHMENT de Peter Brook, m.e.s.
Marie-Hélène Estienne
u Du 15 au 17.10. : SuR uN FIL – THE
TIGHTROPE, film de Simon Brook
u 17.10. : RENCONTRE AVEC GABRIELE
SOFIA
u 27, 28 et 30.10. : ANTES, chor,
Guilherme Botelho, Compagnie
Alias
n
o
u Du 27.10. au 1.11. : ALIAS, alter
ego de Botelho, DISTANCIA, trois pièces à l'humanisme universel
u 31.10. : JETuILNOuSVOuSILS, chor.
Guilherme Botelho, Cie Alias
mézières
THéâTRE Du JORAT à 20h, dim à 17h,
sauf mention contraire
(rés. : www.theatredujorat.ch/)
u 5.10 : LE POIDS DES éPONGES, par la
Compagnie Alias
monthey
THéâTRE Du CROCHETAN à 20h
(loc. 024/471.62.67)
u Jusqu’au 5.10. : LOu par la
Compagnie l'Ovale
u 9 et 10.10. : DERBORENCE de
Charles-Ferdinand Ramuz, m.e.s.
Mathieu Bertholet
u 19.10. : ON NE PAIE PAS, ON NE PAIE
PAS ! de Dario Fo, m.e.s. Joan
Mompart
u Du 21 au 23.10. : BIANCO Su BIANCO
de et chor. Daniele Finzi Pasca,
m.e.s. Hugo Gargiulo
u 25.10. : MARIANNE FAITHFuLL
u Du 31.10. au 2 novembre :
SéquENCE 8 par les 7 doigts de la
Au TPR, La Chaux-de-Fonds
L’embrasement
En se référant aux années 70, l’auteur italienne Loredana Bianconi
tente d’analyser les raisons qui font passer de l’engagement politique à la
résistance armée. Une problématique qui n’a pas perdu de son actualité.
la chaux-fds
THéâTRE POPuLAIRE ROMAND / CENTRE
NEuCHâTELOIS DES ARTS VIVANTS sauf
mention
contraire
(loc.
032/967.60.50 ou www.arcenscenes.ch/)
u Du 2 au 4.10., Beau-Site dans le
parc : THE PLACE TWO BI(CENTENAIRE)
u 8, 11, 15 et 18.10., Cinéma ABC :
10, 11, 12 L'AuTOMNE DE POuGNE de
Pierre-Luc Granjon et Antoine
Lanciaux
u Du 23 au 26.10., Beau-Site :
L'EMBRASEMENT de Loredana
Bianconi, m.e.s. Anne Bisang
t
«L’Embrasement» © Hélène Tobler
. du 23 au 26 octobre 2014
93
m
é
m
main, m.e.s. Shana Carroll et
Sébastien Soldevila
montreux
Auditorium Stravinski, 20h15 sauf
mention contraire
(loc. 021/962.21.19)
u 31.10. : IMPéTuEux DESTINS - Chœur
HEP-Arpège-Sinfonietta Lausanne
morges
94
THéâTRE DE BEAuSOBRE à 20h
(loc. 024/471.62.67)
u 3 et 4.10. : MANRu d’Ignacy J.
Paderewski,
m.e.s.
Gérard
Demierre, Opéra
u 8.10. : LE POIDS DES éPONGES par la
Compagnie Alias, Danse
u 10.10. : STéPHANE ROuSSEAu,
Humour
u 11.10. : JEAN-GABRIEL CuENOD,
Humour
u 28 et 29.10. : OBLOMOV de Ivan
Alexandrovitch et Gontcharov,
m.e.s. Volodia Serre, Théâtre
u Du 31.10. au 2.11. : BIANCO Su
BIANCO de et m.e.s. D. Finzi Pasca
neuchâtel
THéâTRE Du PASSAGE. A 20h, di à 17h
(loc. 032/717.79.07)
u Du 2.10. : LA GRèCE JuSqu'à
NAPLES, musique traditionnelle
grècque
u Du 21 au 26.10. : MI GRAN OBRA de
et par David Espinosa
u Du 22 au 25.10. : JOSEPH GORGONI
- DE A à ZOuC
u 26.10. : DOuTE de John Patrick
Shanley, par la Compagnie du
Passage
u 26.10. : CONTES DES VOYAGEuRS de
et par Ariane Racine, conte
u 28 et 29.10. : LA SECONDE SuRPRISE
DE L'AMOuR de Marivaux, m.e.s.
Valentin Rossier
u Du 28.10. au 2.11. : SANDRINE
VIGLINO SE POSE DES quESTIONS (MAIS
SE FOuT DES RéPONSES)
u 31.10. : FLORENCE CHITACuMBI
THéâTRE Du POMMIER (loc. 032 725 05
05 ou en ligne)
u 1.10. : MATHILDE de et par Neville
Tranter. Théâtre de marionnettes
par la Cie Stuffed Puppel (NL)
u 9 au 12.10. : GuLLIVER d’après
“Les Voyages de Gulliver“ de J.
Swift, par la Cie Le Thaumatrope,
m.e.s. Adrien Kuenzy, Karim
Belkacem. Temple du Bas
u 16.10. : POuRquOI LES FILLES NE S’é-
e
n
t
PILENT JAMAIS LE PREMIER SOIR de et
par Karine C.
u 26.10. à 15h et 17h : ALI BABA &
LES quARANTE VOLEuRS de Domenico
Carli, d’après Les Mille et une
Nuits, par un orchestre à cordes et
le comédien Joan Mompart.
nyon
uSINE à GAZ sauf mention contraire
(loc. 022/361.44.04)
u 3.10. : JIBCAE, café-concert
u 4.10. : ABLAYE CISSOKO & VOLKER
GOETZE, concert
u Du 8 au 11.10. : FRéDéRIC RECROSIO
– JE SuIS VIEux (PAS BEAuCOuP MAIS
DéJà), spectacle
u 29.10. : FAMILLE BOuBOuTA par Bic
& Pataclowns, jeune public
u Du 31.10. au 1.11. : PSS PSS par le
Baccal Clown, spectacle
onex
SPECTACLES ONéSIENS, salle communale à 20h30 (loc. 022/879.59.99
ou SCM 022/319.61.11)
u 3.10. : CHRIS ESquERRE, Humour
u 8 et 9.10. : PERCOSSA - humour et
musique
u 16.10. : CARMINHO, Fado
u 29 et 30.10. : LES POuBELLES BOYS,
humour
plan/ouates
ESPACE VéLODROME, sauf avis
contraire (loc. 022/888.64.60)
u 16.10. : FEu SACRé d’après George
Sand, musique de Frédéric Chopin
pully
L’OCTOGONE, à 20h30 sauf mention
contraire (loc. 021/721.36.20)
u 4.10. à 19h : Concert Amdathtra.
RAGA ET DASTGAH, Inde/Iran
u Mardi 7.10. à 20h : Pour L’Art et le
Lutrin. quATuOR TERPSYCORDES.
u 10.10. : FROM B TO B, Création et
interprétation Thomas Hauert &
àngels Margarit
u 31.10. : ZELDA ET SCOTT, m.e.s.
Renaud Meyer. Avec Chloé
Lambert, Julien Boisselier & JeanPaul Bordes
sion
THéâTRE DE VALèRE à 20h15, sauf mention contraire (loc. 027/323.45.61)
u 8.10. : LOu par la Compagnie de
l'Ovale et Théâtre du Crochetan,
m.e.s. Lorenzo Malaguerra
a
g
o
u 14.10. : LAVERIE PARADIS de ClaudeInga Barbey, m.e.s. Séverine Bujard
u 22.10. , Théâtre du Crochetan :
BIANCO Su BIANCO de et m.e.s.
Daniele Finzi Pasca
u 26.10. : Au PAYS DE L'AILLEuRS de
Guy Kummer-Nicolussi, dir. Manuel
Voirol, Camerata de Sion
thonon
MAISON DES ARTS, ESPACE MAuRICE
NOVARINA à 20h30, sauf mention
contraire (loc. 04.50.71.39.47 ou en
ligne : billetterie.mal-thonon.org)
u 1er et 2.10. : NI FINI NI INFINI de
Roland Shön, m.e.s. Hervé
Lelardoux
u 4.10., Evian : GREGORY PORTER,
jazz
u 7 et 8.10., Evian : LE SquARE de
Marguerite Duras, m.e.s. Didier
Bezace
u 12.10., Evian : L’ORCHESTRE DES
PAYS DE SAVOIE FêTE SES 30 ANS, dir.
Nicolas Chalvin (Mozart) à 15h / A
17h30 : AMéRIquE BELLE EPOquE.
OPS, dir Nicolas Chalvin. Naoko
Ogihara, violon. Hervé Billaut, piano,
Hugues Lachaizze, cor anglais, NN,
trompette (Milhaud, Bernstein,
Copland, Ravel)
u 12 et 13.10., Evian : JOuRS DE FêTE
EN HAuTE-SAVOIE, dir. Nicolas
Chalvin, Naoko Ogihara, violon,
Hervé Billaut et Jean-François
Zygel, piano, Hugues Lachaize,
quatuor Caravan (Mozart)
u 14 et 15.10., Evian : LES
PSYCHOPOMPES de et m.e.s. Gilles
Granouillet
u 17.10. , Evian : ANTOINE BROuZE
quINTET, jazz
u Du 23 au 26.10. : POuR LE MEILLEuR
ET POuR LE PIRE par le Cirque Aïtal
vevey
LE REFLET - THéâTRE DE VEVEY. à
19h30, dim à 17h sauf mention
contraire (rés. 021/925.94.94 ou
L@billetterie)
u 2.10. : LE POIDS DES éPONGES, chor.
Guilherme Botelho
u 4 et 5.10. : ALL APOLOGIES – HAMLET
par la Cie Alexandre Doublet
u 8 et 9.10. : MANGEZ-LE SI VOuS VOuLEZ de Jean Teulé, m.e.s. J.C. Dollé
et Clothilde Morgiève
u 29.10. : ON NE PAIE PAS, ON NE PAIE
PAS! de Dario Fo, m.e.s. Joan
Mompart
Winston Ntshona, par la Cie La
Saburre. Oriental-Vevey, rue d’Italie
22, mer-jeu-ven à 20h, sam à 19h,
dim à 17h30
villars s/gl.
ESPACE NuITHONIE, à 20h (loc.
Fribourg Tourisme 026/350.11.00 /
[email protected], ou
Nuithonie: 026 407 51 51)
u 3.10. : BARBOuZE DE CHEZ FIOR,
Annick Rody et Camille Stoll, violons, Laurence Crevoisier, alto, Sara
Oswald, violoncelle
u 9.10. : 33T! par le Collectif
Ouverture, m.e.s. Alain Bertschy
u 11.10. : EVEREST de Stéphane
Jaubertie, m.e.s. Nino D'Introna
u 15 et 16.10. : DERBORENCE d'après
Charles-Ferdinand Ramuz, m.e.s.
Mathieu Bertholet
u 18.10. : CuCHE ET BARBEZAT RALLuMENT LE SAPIN, m.e.s. Pierre Mifsud
et Pierre Naftule
yverdon
THéâTRE BENNO BESSON
(loc. 024/423.65.84)
u 7.10. : HôTEL PARADISO de Thomas
Rascher, Sébastien Kautz, Nicolas
Witte, m.e.s. Michael Vogel
u 10.10. : LA BELLE MEuNIèRE de
Schubert, Julian Prégardien, ténor
u 15.10. : BALLET BAR de et m.e.s.
Youssef Bel Baraka et Fouad Kouchy
u 17.10. : LE LABORATORIuM de et
m.e.s. Angélique Friant
u 30.10. : COLORATuRE – MRS JENKINS
ET SON PIANISTE
de Stephen
Temperley, m.e.s. Agnès Boury
THéâTRE DE L’ECHANDOLE (loc.
024/423.65.84 ou 024/423.65.89
une heure avant le spectacle
u Du 3 au 5.10. : CHRONIquES ADRIATIquES de Domenico Carli, m.e.s.
Anne-Cécile Moser
u 14.10. : LE DOMPTEuR DE SONIMAux
par la Compagnie Cheesecake
u 16.10. : LA SORCIèRE Du PLACARD
Aux BALAIS de Pierre Gripari, Cie
Pomme Poire & Contepotes
u 23.10. : SéRIE SHAKESPEARE par Les
arTpenteurs
u Du 31.10. au 2.11. : GuLLIVER, Ou
L’OMBRE DE L’HOMME-MONTAGNE de
Rosa Mogliasso, musique de Bruno
Moretti
ORIENTAL-VEVEY (rés. 021/925.35.90
ou www.orientalvevey.ch)
u 22.10. au 2.11. : THE ISLAND - L’îLE
de Athol Fugard, John Kani et
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AU GRAND THÉÂTRE
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Casse-Noisette
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BALLET DU GRAND THÉÂTRE
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DIRECTION
PHILIPPE COHEN
ORCHESTRE DE LA SUISSE ROMANDE
ORCHESTRE DE LA SUISSE ROMANDE
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+41(0)22 322 5050
Une saison musicale à la Grange au Lac
Evian-les-Bains
Une saison musicale à la Grange au Lac
L’Orchestre
des Pays
Evian-les-Bains
de Savoie fête ses 30 ans !
2 concerts pour un après-midi festif
Mozart selon Zygel
L’Orchestre
des Pays
Jean-François Zygel,
piano
Orchestre
des
Pays
de
de Savoie fête sesSavoie
30 ans !
Dimanche
12
octobre,
15hfestif
2 concerts pour un après-midi
Mozart
selon
Zygel
Amérique
Belle
Epoque
Jean-François
piano
Orchestre des Zygel,
Pays de
Savoie
Orchestre
des Pays
de Savoie
Naoko Ogihara,
violon
Hervé Billaut,12
piano
Dimanche
octobre, 15h
Hugues Lachaize, cor anglais
Amérique
Belle Epoque
Direction : Nicolas
Chalvin
Orchestre
des Pays
de Savoie
Milhaud, Bernstein,
Copland,
Ravel
Naoko
Ogihara,
violon
Dimanche 12 octobre, 17h30
Hervé Billaut, piano
Hugues Lachaize, cor anglais
Philippe Jaroussky, contre-ténor
Direction : Nicolas Chalvin
Ensemble
Artaserse
Milhaud,
Bernstein,
Copland, Ravel
Programme Vivaldi
Dimanche 12 octobre, 17h30
Sa. 22 novembre à 20h
Philippe Jaroussky, contre-ténor
NocturnesArtaserse
Ensemble
Orchestre des
Pays de Savoie
Programme
Vivaldi
Nelson Goerner, piano
Sa. 22 novembre à 20h
Direction : Walter Weller
Mozart, Schönberg, Penderecki, Chopin
Nocturnes
Samedi 13 décembre à 20h
Orchestre des Pays de Savoie
Nelson Goerner, piano
Direction : Walter Weller
Mozart, Schönberg, Penderecki, Chopin
0 450 71 39 47
0 450 71 39 47
Enfants Prodiges
Orchestre des Pays de Savoie
Michael Barenboim, violon
Direction : Nicolas Chalvin
Tôn–Thât Tiêt, Mendelssohn, Mozart
Enfants Prodiges
Samedi 28 février à 20h
Orchestre des Pays de Savoie
Michael Barenboim, violon
Anne Queffélec, piano
Direction : Nicolas Chalvin
QuatuorTiêt,
Manfred
Tôn–Thât
Mendelssohn, Mozart
Bach-Busoni, Bach-Hess, Haendel,
Samedi 28 février à 20h
Beethoven, Schumann...
Samedi
21 mars, piano
à 20h
Anne
Queffélec
Quatuor Manfred
Histoires à deux pianos
Bach-Busoni, Bach-Hess, Haendel,
Orchestre des
Pays de Savoie
Beethoven,
Schumann...
Lidija Bizjak et Sanja Bizjak, piano
Samedi 21 mars à 20h
Direction : Nicolas Chalvin
Honegger, Mozart, De Falla, Saint-Saëns
Histoires à deux pianos
Samedi 11 avril à 20h
Orchestre des Pays de Savoie
Lidija Bizjak et Sanja Bizjak, piano
Nikolaï Lugansky, piano
Direction : Nicolas Chalvin
Schubert, Tchaïkovski
Honegger, Mozart, De Falla, Saint-Saëns
Samedi 11
16 avril
mai àà20h
Samedi
20h
Orfeo Lugansky, piano
Nikolaï
EnsembleTchaïkovski
La Fenice
Schubert,
Direction : Jean Tubéry
Samedi 16 mai à 20h
Monteverdi - Opéra version concert
Samedi 6 juin à 20h
Orfeo
Ensemble La Fenice
Direction : Jean Tubéry
Monteverdi - Opéra version concert
Samedi
13 décembre
à 20h
Chanson,
jazz à la
Grange
Samedi 6 juin à 20h
Vincent Delerm . Samedi 8 novembre, 20h30
James Carter . Samedi 15 novembre, 20h30
Michel Fugain et Pluribus . Vendredi 6 décembre, 20h30
Chanson, jazz à la Grange
Vincent Delerm . Samedi 8 novembre, 20h30
James Carter . Samedi 15 novembre, 20h30
Michel Fugain et Pluribus . Vendredi 6 décembre, 20h30
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