Présentation diabète et ramadan

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DIABETE ET RAMADAN UNE SITUATION
RENCONTREE A TOUS LES AGES
Dr ANTOINE HEMERET
INTRODUCTION :
PRATIQUES RELIGIEUSES ET IMPERATIFS DE SOINS :
INTRUSION DES PARTICULARISMES RELIGIEUX ET CULTURELS A
L’HOPITAL
LE RAPPORT AU CORPS,LA PRATIQUE DE LA PRIERE ? LES INTERDITS
ALIMENTAIRES, LES RITES ET PRECEPTES RELIGIEUX S’IMMISCENT DANS
LE FONCTIONNEMENT DES HOPITAUX
LES DIFFICULTES APPARAISSENT QUAND LES CROYANCES HEURTENT LA
NEUTRALITE LAIQUE DU SERVICE PUBLIQUE ET ENTRAVE LES
TRAITEMENT MEDICAUX , VOIRE MENACE LA VIE DU PATIENT.
IL EST NECESSAIRES ADMIS QUE LES TROIS MONOTHEISMES ADMETTENT
LA TRANSGRESSION DES INTERDITS EN CAS DE RISQUE DE LA PERTE
D’INTEGRITE PHYSIQUE OU MENTALE.
DANS LE SERMENT D’HYPPOCRATE LE MALADE N’A NI RACE NI RELIGION
LOI DU 9 DECEMBRE 1905 SUR LA SEPARATION ENTRE L’EGLISE ET L’ETAT
L’HOPITAL PUBLIQUE OFFRE LE LIBRE EXERCICE DU CULTE DANS SES
ETABLISSEMENTS AVEC LA PRESENCE D’AUMONIERS POUR LES
DIFFERENTS CULTES
CIRCULAIRE DU 1ier FEVRIER 1944 RAPPELLE QUE LE PERSONNEL DOIT
RESPECTER LA LIBERTE DE CONSCIENCE DES MALADES.
CIRCULAIRE DU 4 JANVIER 1974 DU REGLEMENT INTERIEUR DES
ETABLISSEMENT HOSPITALIRS RECOMMANDE LE RESPECT DANS LA
MESURE DU POSSIBLE ,DES EXIGENCES ALIMENTAIRES LIEES A LA
PRATIQUE DE CERTAINES RELIGIONS.
ARTICLES L.1111-1 à L.1111-3 DU CODE DE LA SANTE PUBLIQUE : TOUT
MALADE A LE DROIT DE REFUSER LES SOINS, LE MEDECIN DOIT DELIVRER
UNE INFORMATION CLAIRE LOYALE, INTELLIGIBLE, ADAPTEE ET AUSSI
COMPLETE QUE POSSIBLE. LES DEROGATIONS EN SONT LA MENACE DE LA
SECURITE PUBLIQUE, ET LA MISE EN JEU DU PRONOSTIC VITAL.
LOI DU 4 MARS 2002 : CHARTE DU PATIENT HOSPITALISE PRECISE « QUE
TOUT PATIENT A UN EGAL ACCES AUX SOINS , SANS CONSIDERATION DE
SEXE,D’AGE, DE RELIGION ,D’OPINION OU D’APPARENCE.
RAPPORT STASI SUR LA LAICITE DU 11 DECEMBRE 2003
CIRCULAIRE DU 2 FEVRIER 2005 RELATIVE A LA LAICITE DANS LES
ETABLISSEMENT DE SANTE :
ELLE PRECISE
1/ L’EGALITE DE TOUS LES PATIENTS
-TOUS LES PATIENTS SOIENT TRAITES DE LA MEME FACON QUELLES QUE
PUISSENT ETRE LEUR CROYANCES RELIGIEUSES
- LES PATIENTS NE PUISSENT DOUTER DE LA NEUTRALITE DES AGENTS
HOSPITALIERS.
-DANS LE DOMAINE RELIGIEUX,LES PATIENTS SE VOIENT GARANTIR LA
LIBRE PRATIQUE DE LEUR CULTE ET LA MANIFESTATION DE LEUR
CONVICTION RELIGIEUSES , LE LIVRET D’ACCUEIL DOIT COMPORTER LES
INDICATIONS DES DIFFERENTS CULTES ET LE NOM DES MINISTRES DU
CULTE DES DIFFERENTES RELIGIONS. LE PATIENT DOIT POUVOIRE,DANS
LA MESURE DU POSSIBLE,SUIVRE LES PRECEPTES DE SA RELIGION
(RECUEILLEMENT ,NOURRITURE, LIBERTE D’ACTION ET D’EXPRESSION.)
-IL VA DE SOI QUE LES REGLES DE NEUTRALITE DOIVENT DEMEURER
COMPATBLE AVEC LES EXIGENCES D’UNE BONNE DIPENSATION DES
SOINS. CES DROITS S’EXERCENT DANS LE RESPECT DE LA LIBERTE
DESUTRES. TOUT PROSELYTISME EST INTERDIT .
- L’EXPRESSION DES CONVICTIONS RELIGIEUSES NE DOIVENT PAS PORTER
ATTEINTE A LA QUALITE DES SOINS ET AUX REGLES D’HYGIENE , NI A LA
TRANQUILITE DES AUTRES PATIENTS NI DE LEUR PROCHES, NON PLUS
QU’AU FONCTIONNEMENT REGULIER DU SERVICE
2/ LA NEUTRALITE DU SERVICE PUBLIC ET DE TOUS SES AGENTS
HOSPITALIERS.
3/ LA NON DISCRIMINATION A L’EGARD D’UN AGENT D’UN SERVICE
PUBLIC HOSPITALIER
LE JEUNE.
JEUNE POLITIQUE : Grève de la faim (GANDHI)
JEUNE MEDICAL : avant une anesthésie, repos digestif, perte de poids …
JEUNE ECONOMIQUE : fins de mois …
Boycott (Monsanto…)
JEUNE RELIGIEUX : on le retrouve dans la majorité des religions, il est périodique et
rattaché à une date ou un évènement théologique.
ISLAM : durant le RAMADAN
CATHOLICISME : Durant le CAREME
JUDAISME : Durant le YOM KIPPOUR
Le jeûne à pour but d’améliorer l’homme sur le plan spirituel, relationnel et
physique. :
Objectif spirituel du jeûne :
Obtenir un détachement physique, par rapport au monde de la matière, pour permettre à
l’esprit de se concentrer sur la réalité divine.
Initialement le jeûne s’accompagnait d’une mise au repos avec un calme comparable à la mort
ou à l’état qui précède la naissance, permettant à l’esprit d’approcher cet « au-delà ».
Le Jeûne était parfois considéré comme favorisant la fertilité.
Parfois le jeûne était présenté comme pouvant prévenir les catastrophes.
Ailleurs le jeûne à un rôle pénitentiel voire même sacrificiel (Incas).
Le Jeûne est souvent lié à l’équinoxe de printemps qui symbolise la renaissance de la vie .
Objectif social du jeûne :
Soumettre riches et pauvres aux même privations et montrer sa capacité de se priver de ce qui
semblait indispensable.
Objectif physique du jeûne :
Apprentissage de l’endurance, élimination des toxines,purification du corps.
L’ISLAM :
Particularités alimentaires imposées par le Coran :
Selon la loi coranique, le sang est considéré comme une nourriture impure. La viande doit être
issue d’un animal abattu et égorgé selon le rite « Halal ».
Les interdit alimentaires sont la consommation de boissons alcoolisées et celle de la viande de
porc.
Les cinq piliers de l’Islam (ARKÂN) :
Obligations fondamentales du croyant
1°)La profession de foi (CHAHÂDAH)
2°)La Prière (SALÂT)
3°)Le jeûne (SAWM) durant le RAMADAN
4°)L’aumône (ZAKÂT)
5°)Le pèlerinage (HADJ)
LE JEUNE DURANT LE RAMADAN :
Obligations du Ramadan :
-
Il s’agit d’un jeûne diurne de durée variable.
-
C’est à la fois une pratique personnelle et collective
-
Les nuits de Ramadan doivent être des nuits de prières , de recueillement,
de méditations et de lecture du Coran.
C’est le troisième pilier de l’Islam, il se déroule au cours du 9ième mois du calendrier
Islamique : Le Ramadan. Il se caractérise par l’obligation d’abstinence du lever au coucher du
soleil.
Il est interdit de manger , de boire, de fumer, d’avoir des relations sexuelles, et de tenir des
propos malveillants. Sa durée est de 29 ou 30 jours selon l’année.
• J 29 ou 30 : rupture du jeûne qui donne lieu à une fête l’Aïd el Fitr ou
Aïd el Séghir (petite fête).
• (Ramadan → « ramdam » fête bruyante)
Le jeûne est interdit durant les autres jours de fête de l’année.
PARTICULARITES DU CALENDRIER ISLAMIQUE OU CALENDRIER HEGIRIEN :
Le calendrier Islamique est basé sur les cycles lunaires. Une année lunaire de 354 jours 1 /3
ne correspond pas parfaitement au calendrier Grégorien de 365 jours 1 /4 , aussi la date du
Ramadan est elle reculée de 11 jours par ans , et ne se retrouve à la même période que environ
toutes les 30 années.
Il existe par conséquent des variation de durée du jeûne en fonction des saisons mais aussi des
heures de lever et de coucher du soleil en fonction de la latitude. La période diurne durant
laquelle le jeûne est observée pouvant varier de 5 à 20 heures…
Incidence de la latitude et de la date du Ramadan :
On voit que les contraintes physiologiques qui sont imposées à l’organisme durant le jeûne
du ramadan peuvent être plus ou moins importante en fonction de la durée de la phase de
jeûne. Contraintes auxquelles on peu ajouter les contraintes climatiques mais aussi sociales et
professionnelles (horaires décalés , 3X8, travail de nuit ou en coupures…)
LE RAMADAN RECULE DE 11 JOURS TOUS LES ANS ET EFFECTUE UN CYCLE DE
3O ANS AVANT DE SE DEROULER A UNE MEME PERIODE. IL EXISTE DONC UNE
VARIABILITE DES DATES DU RAMADAN LE PLACANT PARFOIS EN ETE ET PARFOIS
EN HIVERS PAR EXEMPLE. CETTE VARIATION RETRORADE EXPLIQUE EGALEMENT
LES VARIATIONS DE DUREE DE LA PERIODE DE JEUNE EN FONCTION DU MOIS
CONCERNE.
Organisation des repas durant le Ramadan : (en exemple le cas du Maghreb).
Premier repas après le coucher du soleil : quelques dates, café au lait, pain ou crêpes ou
Messemmen, beurre, confiture ou miel, pâtisseries maison, chorba ou soupe, brik à la viande
Second repas 3 heures après le premier : crudités ou cuidités, tajine ou brochettes, pain, fruits,
thé sucré.
Troisième repas , le dernier avant l’aube : café ou thé, messemen, crêpes, pain, beurre, miel,
confiture, ou semoule de couscous aux raisins secs.
La rupture du jeûne « Aïd El Séghir » ou petite fête :
La fin du jeûne et de la période du Ramadan donne lieu à une fête qui dure la journée et qui
renoue avec le rythme habituel des trois repas diurnes : les repas peuvent alors par exemple
être composés comme cela :
Petit déjeuner : café au lait ou thé sucré, pâtisserie maison, crêpes ou Messemmen, petites
pâtes dans du lait. Le petit déjeuner peut se prolonger jusqu’au déjeuner ou au milieu de
l’après-midi.
Déjeuner : structure du repas habituel, mais il n’est souvent pas pris à cause de la prolongation
du petit-déjeuner.
Goûter : pâtisseries avec du thé sucré ou du café au lait accompagné de fruits oléagineux, et
de plus en plus souvent de sodas.
Dîner : plats de viandes cuisinées poulet, agneau ou mouton, bœuf cuisiné avec une sauce,
accompagnant semoule : légumes verts, œufs dures, pruneaux au miel et sésame, raisins secs.
En dessert :fruits suivis de pâtisseries et oléagineux servis avec thé ou café .
Islam et mode de vie :
Selon les convictions religieuses de chacun, la loi coranique subira une adaptation
personnelle, il en va de même selon le groupe ethnique concerné. Des différences sont
présente entre les Magrébins,les Indiens, les Arabes, les Turcs, les Africains,les Pakistanais,
les Indonésiens …
La loi Islamique embrasse tous les aspects de la vie individuelle et collective des musulmans.
Elle préconise d’entretenir son corps, l’alimentation à un rôle conservateur et protecteur de la
santé. La bonne nourriture est celle qui « profite ». La quantité prend le pas sur la qualité
nutritive des aliments. « Si tu mange, tu es protégé ».
La femme est celle qui prépare les repas, elle est donc garante de la bonne santé de toute la
famille.
Epidémiologie du diabète dans le monde musulman :
Il existe plus de un milliard de musulmans qui pratiquent le jeûne .La prévalence du diabète
dans le monde islamique est très variable selon les origines ethnique, mais elle est toujours
égale voire supérieur au reste du monde. Il existe une très forte prévalence en Inde , et en
Afrique . L’incidence du diabète dans ces régions est en constante augmentation .
L’étude Epidiar (Epidemiology of diabetes and ramadan)*
Menée auprès de 12.243 patients de 13 pays musulmans et non musulmans.
D’après cette étude environ 43% des patients diabétiques de type 1 et 79% des patients
diabétiques de type 2 jeûnent durant le Ramadan. A l’échelle mondiale cela représenterait 40
à 50 millions de diabétiques à jeun entre l’aube et le coucher du soleil et cela durant un mois
lunaire complet !
En dépit de l’exemption qui représente « plus qu’une simple permission de non jeûne »,
beaucoup insistent pour jeûner .
Dispense du jeûne :
⇔ DEMARCHE PERSONNELLE
ACTE DE FOI
≠
INFLUENCE DE LA COMMUNAUTE
⇔ DEMARCHE COLLECTIVE
Le Ramadan est une décision personnelle.
En sont dispensés :
- Les enfants de moins de 12 ans.
-
Les gens ne disposant pas de toutes leurs facultés mentales.
-
Les malades (dispense de 1 à 30 jours).
-
Les femmes en couches ou indisposées.
-
Les voyageurs.
-
Les vieillards.
Si un croyant rompt ou ne fait pas toute ou partie du Ramadan il peut jeûner au cours de
l’année en dehors des autres périodes de fêtes religieuses, Afin de rattraper son acte de foi.
Sorte de crédit, par exemple en cas d’impossibilité ou de rupture de jeûne pour un voyage,
une maladie …
Si le Coran recommande le jeûne, il en exempte donc les malades, spécialement si le jeûne
peut provoquer des conséquences sur la santé. La bonne santé est un état de chose voulue par
Allah, et le croyant doit agir avec cet état physique avec autant de respect que pour toute autre
chose voulu par dieu.
Le diabétique ne déroge pas à cette règle, et la dispense de jeûne pour raison de maladie doit
théoriquement s’appliquer à sa situation.
Mais les choses ne sont pas si simples , en effet la conduite du jeûne est un choix personnel
mais aussi, un défit au regard de soi même , de la communauté, et enfin de son dieu. Il n’est
donc pas étonnant que bons nombres de croyants se sentent obligés de faire le Ramadan en
dépit des conseils de prudences qui sont prodigués
Sourate 2 Verset 183 : « Le jeûne de Ramadan est l’un des cinq piliers de l’Islam, cependant
quand le jeûne peut altérer de manière significative la santé ou quand la personne est malade,
l’Islam l’exempt de jeune ».
Sourate 2 Verset 185 : « Allah cherche à vous faciliter l’accomplissement de la règle , il ne
cherche pas à la rendre difficile » .
Sourate al baqarah Verset 184 : « qui conque d’entre vous est malade ou en voyage, devra
jeûner un nombre égale d’autre jour, mais pour ceux qui ne pourraient le supporter il y a une
compensation : nourrir un pauvre ».
PHYSIOLOGIE DU JEUNE :
Modifications physiologiques dues au jeûne :
Dans le domaine clinique :le comportement alimentaire durant la période du Ramadan a des
répercussions sur l’axe gastro-intestinal, avec recrudescence des troubles dyspetiques :
( ballonnement, constipation, régurgitation pyrosis épigastralgies,nausée induite par la cétose
de jeûne). Une étude conduite par Laraqui* retrouverait des troubles digestifs chez 33% des
patients en période de Ramadan contre 14% en dehors de cette période.
La déshydratation est égalent fréquemment évoquée ainsi que ses conséquences
(Thromboses veineuses et artérielles ,coliques néphrétiques , hypotension et malaises avec
chute).Insuffisance rénale et potentialisation des différents traitements .
On note également des troubles du sommeil avec augmentation de la latence à
l’endormissement, une diminution de la durée totale de sommeil de deux à quatre heures de
moins, avec un sommeil de mauvaise qualité : court et fractionné. Les stades profond (Stade 2
et 3) , important pour la récupération et les fonctions cognitives sont également diminués.*
Humeur et irritabilité : celle-ci est souvent exacerbée du fait de la forte consommation
d’excitants : café, thé, tabac, mais aussi de la fatigue.
Dans le domaine hormonal :
Le jeûne entraîne une inversion du cycle insuline-glucagon. Durant le reste de l’année,
l’hormone digestive la plus secrétée est l’insuline, qui permet au glucose de pénétrer dans les
cellules pour y être transformé en énergie.
L’insuline en faisant entrer le glucose dans les cellules provoque dans les premiers jours du
jeûne des hypoglycémies qui sont responsable des petits malaises et de la sensation de faim
éprouvé par le jeûneur la première semaine.
Durant le Ramadan, une fois les premiers jours écoulés,l’insuline laisse sa place prédominante
au glucagon. Le glucagon est l’hormone du jeûne, elle va mobiliser les réserves de
l’organisme en particulier les graisses pour fabriquer de l’énergie.
La prédominance du glucagon au bout de quelques jours de jeûne permet de moins présenter
d’hypoglycémies, la faim se fait moins ressentir.
Lors de la rupture du jeûne il faut quelques jours pour que la sécrétion d’insuline et de
glucagon redeviennes basales, or c’est à ce moment que l’alimentation diurne reprend de
façon brutale et souvent très riche en hydrate de carbone , le risque d’hyperglycémie est
important avec possibilité de coma hyperosmolaire sur des organisme déshydratés et fatigués
et ce encore plus chez le sujet agé.
Dans le domaine métabolique :
La calcémie accuserait en début de nuit une diminution significative,mais sans atteindre un
seuil inférieur à la normale. Le cholestérol total augmenterait significativement. Le taux
d’insuline diminue le jour tout comme celui de gastrine. Le PH gastrique moyen diminue
également , cette diminution persiste le mois qui suit le jeûne.
Dans le domaine de l’hydratation :
Les pertes hydriques restent inchangées sauf en cas de déshydratation, durant la journée les
stimuli déclenchant la soif sont permanents par défaut d’apport, il existe une oligurie , et des
complications lithiasiques et infectieuses ne sont pas rares, d’autant que ces dernières sont
facilitées pas le diabète.
Un apport hydrique quotidien est donc nécessaire dès la rupture du jeûne à la tombée de la
nuit, la consommation de fruits au repas du matin permet de fournir à l’organisme une petite
réserve en eau pour les heures suivantes. Cette déshydratation est en outre responsable d’une
hypo volémie avec ses conséquences rhéologiques :hypotension orthostatique souvent
aggravée par les neuropathies associées, accident thrombotique veineux mais aussi arteriels.Il
conviendra donc de faire particulièrement attention à tous les traitements potentiellement
hypotenseurs ,en particulier aux diurétiques que l’on réduira ou interrompra au besoin. Dans
Dans le domaine du sommeil :
Comme relaté plus haut, une diminution du temps de sommeil de deux à quatre heures avec
un sommeil court et fractionné est habituellement signalée, souvent en parallèle d’une
diminution des performances cognitives et physiques.
Pour les sujets actifs, le risque d’accident au travail est probablement plus important.
ETUDE DU CH DE LA CONCEPTION SEPTEMBRE 2007
DURANT
LE RAMADANT CETTE ETUDE A PORTEE SUR 1731 ENTREE AUX
URGENCES POUR DES MOTIF MEDICAUX
DEUX GROUPES ONT ETE DISTINGUES : PATIENT EN COUR DE RAMADAN (221)
ET PATIENTS NE JEUNANT PAS
LES PATHOLOGIES OBSERVEES CONFIRME LA PLUS GRANDE MORBIDITEE
DANS LE GROUPE DES JEUNEURS
RAMADAN
DIABETE
9%
GROUPE TEMOIN
0,2%
COLIQUES NEPHRETIQUES
17,7 %
3,4%
CEPHALEE
5,8%
1,6%
DYSPEPSIE
36%
16%
Usages des médicaments durant le ramadan :
Cela à été fixé par le consensus de la conférence Médico-religieuse de Casablanca du 14-17
juin 1997 :*
Médicaments compatibles :
Gouttes ophtalmologiques
Injections sous-cutanées, intramusculaires ou intra articulaires
Injections intraveineuses à but curatif
Ovules gynécologiques et antiseptiques vaginaux
Crème, gel ; pommades et patchs
Trinitrine sub-linguale dans le traitement de l’angor
Gargarismes et aérosols buccaux, dentifrices, bains de bouche sans les avaler
Seraient également compatible pour la majorité des experts mais pas tous :
Gouttes et aérosols nasaux
Aérosols broncho-dilatateurs
Injections intra rectales, et suppositoires
Dialyse péritonéale ou rein artificiel.
Médicaments Incompatible avec le jeûne :
La voie orale
Les injections intraveineuses nutritives.
Recommandations pour la prise en charge du patient diabétique durant le Ramadan :
Le Pr. Larbi Abib propose le schéma suivant :
Pour tout malade qui désir jeûner,une consultation avant, pendant et après le Ramadan.
Il faut savoir précisément comment s’est déroulé le Ramadan antérieur.
Dans tous les cas , rappeler quelques conseils faciles à mettre en application
-S’HYDRATER DES LA RUPTURE DU JEUNE ET JUSTE AVANT SA REPRISE AU
MATIN
-EVITER LES EXCES DE SUCRE RAPIDES ET DE GRAISSE
-MANGER DES SUCRES LENTS AU REPAS QUI PRECEDE LA JOURNEE
-FAIRE UNE SIESTE EN DEBUT D’APRES MIDI
-PRENDRE LES MEDICAMENT AU DEBUT DES REPAS
-ASSURER UNE SURVEILLANCE GLYCEMIQUE AU MOINS 4 FOIS PAR JOUR
-CONSULTER AU MOINDRE PROBLEME
Consensus médical de Casablanca : Janvier 1995*
Il stipule que le jeûne ne sera permis chez les diabétiques que si leur diabète répond à
certaines conditions :
CE QUI EST DONC NEGOCIABLE :
• DIABETIQUE DE TYPE II OBESE OU NORMO PONDERAL, BIEN EQUILIBRE ET
STABLE SOUS UNE DIETETIQUE ET /OU UN TRAITEMENTPAR BIGUANIDE ET
/OU SULFAMIDE
• DIABETIQUE INDEMNE DE COMPLICATION DEGENERATIVES ET DE TOUTE
AFFECTION INTERCURRENTE.
CE QUI EST CONTRE INDIQUE :
• LE JEUNE SERA PROSCRIT CHEZ LE DIABETIQUE AGE ,TRAITE PAR
INSULINE ? MAL EQUILIBRE ? COMPLIQUE ? ET POLYMEDIQUE .
• DIABETE DE TYPE I ET II SOUS INSULINE , SI DES INJECTIONS SONT
INDISPENSABLES ENTRE LE LEVER ET LE COUCHER DU SOLEIL
• DIABETE DE TYPE I CHEZ L’ENFANT
• DIABETE GESTATIONNEL ET AU COURS DE L’ALAITEMENT
• DIABETE INSTABLE : HYPOGLYCEMIES OU HYPERGLYCEMEIS FREQUENTES
ACCIDENT ACIDO-CETOSIQUE OU HYPER-OSMOLAIRE
RECENTS
• DIABETE DE TYPE I OU II AVEC COMPLICATION VISCERALES EVOLUTIVES
• DIABETIQUE VIVANT SEUL
• DIABETIQUE AU GRAND AGE
• DIABETIQUE AYANT UNE ACTIVITE A RISQUE OU TRES PHYSIQUE
•A L’INVERSE IL EXISTE UNE TRES BONNE INDICATION DU JEUNE CHEZ LE
DIABETIQUE DE TYPE 2 EN SURPOIDS ET TRAITE PAR LA DIETETIQUE SEULE !!!
Attention aux hyper et Hypoglycémies :
Selon l’étude Epidiar, les diabétiques de Type 1 et 2 ont ainsi respectivement 4,7 et 7,5 fois
plus de risques d’hypoglycémie, et 3 et 5 fois plus de risque d’hyperglycémie sévère.
Il existe aussi un risque plus élevé d’acidocétose chez les diabétiques (principalement de type
1) qui jeûnent, surtout s’ils étaient hyper glycémiques avant le début du jeûne. Ce risque est
d’autant plus élevé que de nombreux patients diminuent leur dose d’insuline en estimant que
pendant le mois du Ramadan, leur prise alimentaire sera réduite , alors qu’elle n’est en faite
que décalée dans le temps.
Autre risque auquel sont exposé les diabétique pendant le Ramadan : La déshydratation Celleci conduit à une hypo volémie sanguine et à un risque majoré d’hypotension orthostatique et
de thromboses. Ce dernier est encore plus important pour les patients plus âgés,
ne se déplaçant que peu durant le jeûne et en période de forte chaleur.
Recommandations Epidiar* :
Selon les auteurs, le praticien doit dans un premier temps classer les patients selon son risque
de complications et préparer le jeûne un à deux mois à l’avance, par une éducation et un
traitement adéquat, afin de stabiliser au mieux le diabète avant le Ramadan.
Les experts insistent sur la nécessité d’individualiser les soins et convaincre les patients de
surveiller fréquemment leur glycémie capillaire surtout en cas de diabète de type 1.
Ils insistent également sur la nécessité de se nourrir de façon équilibrée, en évitant les
nourritures grasses et sucrées. Des sucres lents sont conseillés pendant le dernier repas pris
avant le lever du soleil, tandis que des sucres simples sont plus appropriés pour le repas du
soir. Dans tous les cas, il est vivement conseillé d’augmenter les quantités d’eau ingérées
avant et après le jeûne Quant à l’exercice physique, les auteurs estiment qu’un niveau normal
doit être maintenu en évitant tout excès, en particulier avant le coucher du soleil. Les prières
doivent être considérées comme faisant partie des exercices de la journée.
Tous les patients devraient comprendre qu’ils doivent toujours et immédiatement rompre le
jeûne en cas d’hypoglycémie, si leur glycémie passe en dessous de 0,7 g/litre dans les
premières heures de jeûne ou si leur glycémie excède les 3 g/l.
Enfin pour les femmes enceintes diabétiques ou atteintes d’un diabète gestationnel, les auteurs
soulignent que le jeûne présente un haut risque pour la mère et l’enfant. Dans les cas où la
mère choisirait néanmoins de jeûner, ils recommandent une prise en charge dans des services
spécialisés.
Management des diabétiques de type 1 durant le jeûne du Ramadan :
Sont spécialement à risques ceux qui sont mal équilibrés avant le jeûne.
Le sont également ceux qui ne sont pas capable d’un bon monitoring des glycémies par auto
mesures.
On peu proposer deux injections de NPH ou d’une autre insuline d’action intermédiaire,
réalisée l’une avant le repas après le coucher du soleil et l’autre avant le repas précédant le
lever. Il faut particulièrement surveiller les glycémies de milieu de journée car c’est à partir de
midi que les hypoglycémies sont les plus fréquentes ;
On peut également proposer d’autre schéma en particulier de bons contrôles sont obtenus pour
une seule injection d’insuline glargine un analogue de l’insuline, d’action prolongée
(Lanthus). Par exemple le soir avant le dîner.
L’utilisation d’une pompe à insuline serait ici une bonne façon d’adapter les besoins en
insuline à la carence d’apport durant le jeûne , la faible diffusion et le coût de ce matériel en
fait cependant une indication théorique pour le moment.
Il en va exactement de même pour les patients diabétiques de type 2 insulino-requérant.
Management du diabète de type 2 durant le jeûne du Ramadan :
Chez les patients diabétiques de type 2 équilibrés par simple régime, les risques sont minimes,
tout au plus il existe un risque d’hyperglycémie post-prandiale après les repas du matin et du
soir si le patient n’y prend pas garde. Aussi faut-il répartir les calories avec 2 à 3 petites
collations entre le repas du soir et celui du matin. Le plus souvent il s’agit de patients âgés
dyslipémiques et vasculaires par conséquent les risques encourus sont plus liés au terrain et à
la déshydration.
Chez les patients diabétiques de type 2 sous anti-diabétiques oraux les choses sont plus
nuancées :
Patients sous Metformine seule :
le risque est minime car les hypoglycémies sont rares
Il suffit de modifier les prises passant de 3 prises par jour à seulement 2, les auteurs
recommandent de prendre 2/3 de la dose quotidienne immédiatement avant le repas du soir et
1/3 de cette dose avant le repas du matin.
Patients sous Glitazones :
Peu de risque d’hypoglycémie , il n’est pas recommandé de modifier le traitement.
Patients sous sulfamides hypoglycémiants :
Il s’agit là d’un groupe de patient à risque .Le risque d’hypoglycémie est majeur, leur
utilisation doit être raisonnée, il faut avant tout individualiser le produit utilisé :
Sulfamides d’action Prolongée :
L’utilisation de la Glibenclamide (Daonil) est totalement contre indiqués durant le Ramadan
du fait de risque d’hypoglycémies sévère et prolongées.
Sulfamides d’action courte ou intermédiaire :
L’utilisation de la Gliclazide (Diamicron) et de la Glimepiride (Amarel) a montré que le
risque d’hypoglycémie était un peu plus faible mais bien existant
Etude turque conduite chez 52 patients diabétiques de type 2 durant le ramadan : les patients
sont divisés en 2 groupes
L’un mis sous Glimepiride (Amarel) ou Gliclazide (Diamicron).
Et le second mis sous Repaglinide (NovoNorm).
Les auteurs concluent que le Repaglinide (NovoNorm) est moins dangereux que les
sulfamides même d’action courte.
L’un mis sous Glimepiride (Amarel) ou Gliclazide (Diamicron).
Et le second mis sous Repaglinide (NovoNorm).
Les auteurs concluent que le Repaglinide (NovoNorm) est moins dangereux que les
sulfamides même d’action courte.
Patient sous insulinosécréteurs non sulfamidés : Glinides
La Répaglinide (NovoNorm),est très utilisée du fait de la sécurité de sa courte durée
d’action elle peu être proposée en deux prises l’une au repas qui suit le coucher du soleil et
l’autre à celui qui précède le lever.
Une étude publiée dans Diabetes Researche and Clinical Practice en 2002 * a
suivie 235
patients diabétiques de type 2 habituellement traité par sulfamides antidiabétique durant le
mois du Ramadan.
Les patients ont étés randomisés en 2 groupes : 116 mis sous Repaglinide (NovoNorm) et
119 mis sous Glibenclamide (Daonil).
La différence entre les taux d’HbA1c entre les deux groupes n’a pas été significative, mais
Le nombre des accidents hypoglycémique a été significativement plus important dans le
groupe des sulfamides : 2,8% dans le groupe du Repaglinide, et 7,9% dans celui du
Glibenclamide
En conclusion, l’utilisation des anti-diabétiques oraux au cours du Ramadan est possible mais
doit être accompagnée de règle précises :
Règles de prescription des anti diabétiques oraux durant le jeûne du Ramadan :
LES SULFAMIDES , EN PARTICULIER CEUX D’ACTION PROLOGEE SONT
CONTRE-INDIQUES
LA METFORMINE PEUT ETRE UTILISEE SANS RISQUE D’ACCIDENT
HYPOGLYCEMIQUE .
LES GLINIDES PEUVENT ETRE UTILISES AVEC UNE SECURITE CLINIQUE
PLUS IMPORTANTE QUE LES SULFAMIDES .
IL CONVIENDRA D’ADAPTER LES PRISE ORALE AU RYTHME DES DEUX
REPAS QUOTIDIENS , EN DELIVRANT PAR EXEMPLE 2/3 DE LA DOSE
QUOTIDIENNE AVANT LE REPAS DU SOIR ET SEULEMENT 1/3 , VOIRE RIEN,
AVANT LE REPAS QUI PRECEDE LE JEUNE .
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