R. Fabre et al. / Médecine et maladies infectieuses 40 (2010) 555–559 559
sont en cours pour déterminer celles qui proviennent de patients
n’ayant eu aucun contact avec le milieu de soins et qui pour-
raient être qualifiées réellement de « BLSE communautaires ».
L’acquisition de ces souches au cours d’un séjour antérieur à
l’hôpital ou dans une institution de soin privée est en effet pos-
sible. Le portage au niveau de la flore digestive des patients est
possible pendant des périodes très prolongées.
La stabilité globale de la sensibilité de E. coli aux prin-
cipaux antibiotiques utilisables en ville et en particulier aux
fluoroquinolones est plutôt rassurante. Les recommandations de
prise en charge éditées par l’Afssaps respectivement en 2007 et
2008 chez l’enfant et l’adulte visent à épargner cette classe
d’antibiotique. La diminution progressive de sensibilité à la CIP
que l’on observe bien avec l’âge chez la femme et probablement
liée à l’augmentation de la pression antibiotique avec l’âge, par-
ticulièrement marquée avec les fluoroquinolones (Tableau 3).
L’absence d’utilisation de quinolones explique des taux de sen-
sibilité de 100 % à cette famille antibiotique chez l’enfant. En
revanche, le SXT largement utilisé chez l’enfant est moins actif
sur les souches de E. coli isolées chez les moins de 15 ans que
dans la tranche des 15 à 65 ans ou il est moins utilisé au profit
des quinolones. Après 60 ans l’augmentation significative de la
résistance aux quinolones conduit à une plus grande utilisation
du SXT qui est corrélée à une baisse de sensibilité à cet anti-
biotique. Quels que soient l’âge et le sexe, les furanes et la FOS
conservent une excellente activité sur E. coli comme le montrent
de plusieurs études franc¸aises et européennes [5–8]. Cependant
ces molécules, jusqu’alors moins utilisées que les quinolones
[6], sont maintenant recommandées en première intention dans
la cystite aiguë non compliquée de la femme, y compris chez
la femme de plus de 65 ans qui ne présente pas de comorbi-
dité [2]. Notre étude relève déjà une diminution significative de
la sensibilité de E. coli aux furanes chez la femme de plus de
74 ans (p< 0,001), même si les taux de sensibilité restent encore
supérieurs à 90 %.
5. Conclusion
À Elbeuf et dans son agglomération, les céphalosporines de
troisième génération, la GM, la FOS et les furanes conservent
une excellente activité sur les E. coli isolés d’infections urinaires.
Les fluoroquinolones sont très actives sur les souches d’E. coli
responsables d’infections urinaires de la femme âgée de 15 à
65 ans alors que les taux de résistance acquise à ces molécules
peuvent poser problème chez l’homme et chez la femme de plus
de 65 ans.
Les nouvelles recommandations de l’Afssaps pour le traite-
ment des infections urinaires communautaires visent à limiter
la pression antibiotique exercée par les fluoroquinolones dans la
communauté. Elles incitent à une plus grande utilisation de la
FOS et des furanes dans les cystites aiguës simples de la femme
au détriment des fluoroquinolones. L’impact de ces recomman-
dations sur la prescription et la fréquence de répartition et la
sensibilité de E. coli aux antibiotiques mérite d’être surveillé
régulièrement.
Conflit d’intérêt
Les auteurs n’ont pas transmis de conflit d’intérêt.
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