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Sommaire
Editorial : André Mien
Poésie :
Gisèle Guillemot
Témoignages de femmes
Brève de Lyon
A lire à écouter à visionner
A MA MERE
Ecoute Maman je vais te raconter
Ecoute il faut que tu comprennes
Lui et moi on n’a pas supporté
Les livres qu’on brûlait
Les gens qu’on humiliait
Et les bombes lancées
Sur les enfants d’Espagne
Alors on a rêvé
De fraternité
Ecoute Maman je vais te raconter
Ecoute il faut que tu comprennes
Lui et moi on n’a pas supporté
Les prisons et les camps
Ces gens qu’on torturait
Et ceux qu’on fusillait
Et les petits enfants
Entassés dans les trains
Alors on a rêvé
De liberté.
Ecoute Maman je vais te raconter
Ecoute il faut que tu comprennes
Lui et moi on n’a pas supporté
Alors on s’est battu
Alors on a perdu.
Ecoute Maman il faut que tu comprennes
Ecoute ne pleure pas…
Demain sans doute ils vont nous tuer
C’est dur de mourir à vingt ans
Mais sous la neige germe le blé
Et les pommiers déjà bourgeonnent
Ne pleure pas
Demain il fera beau.
Gisèle Guillemot Fresnes, juillet 1943
Editorial André Mien.
Ceux d’entre nous, ont l’habitude de lire
un ou plusieurs journaux dont ils commencent
l’inventaire par les avis de décès. Ils ont peut
être été frappés, par le nombre très élevé des
décès de dames âgées pour lesquelles il est
mentionné :
Ancienne déportée ou ancienne
résistante ou ancienne résistante déportée.
Rarement est donné un ajout
d’indication d’une décoration.
Nous nous interrogeons : y en eut-il tant
que cela ? La résistance et ses conséquences
souvent tragiques n’étaient-elles pas souvent
l’affaire d’hommes, de décideurs compétents et
de combattants virils ? Le général de Gaulle qui
allait en 1944 donner le droit de vote aux
femmes ne créa que très peu de femmes
Compagnons de la Libération, 6, sauf erreur,
contre plus de mille hommes
Nos mentalités sont encore telles que
l’individu qui se bat et résiste est à priori un
homme.Certes, l’histoire a retenu quelques
grands noms de femmes résistantes comme
Germaine Tillion, ou la présidente de notre
Fondation, Marie Jo Chombart de Lauwe qui
l’une et l’autre ont continué à résister à
l’intérieur du camp mais les autres, tant d’autres
dont nous apprenons ce dont elles ont été
capables, au moment de leur disparition,
soixante dix ans plus tard ?
Celui ou celle qui résiste à une situation
qu’en conscience il juge inacceptable, mettant
ainsi en jeu sa sécurité voire sa vie, peut et doit
le faire selon d’une part les données de cette
situation, d’autre part les moyens qui lui sont
propres, garantie d’efficacité.
Bulletin n°
8
MARS 2014
MEMOIRE DE LA
DEPORTATION
A.F.M.D du Rhône
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La quasi-totalité des femmes n’a pas
manié la mitraillette. Il n’était pas moins
utile et risqué de transmettre des messages,
d’héberger des personnes recherchées, de
fabriquer des faux papiers, d’abriter une
boite aux lettres.
Ces femmes dont certaines ont péri à
Ravensbrück n’étaient pas des auxiliaires,
elles étaient des résistantes à part entière .Au
reste, il s’est trouvé entre ces femmes
d’authentiques chefs de guerre. Ainsi de
Daniele De Jomaron.
J’ai, un souvenir très chaleureux de trois femmes.
A elles trois, elles ont formé un réseau local de
propagande et d’information. Républicaines sans
faille ni concession, elles détestaient l’Allemagne
nazie et abhorraient le régime de Vichy. La plus
jeune, la vingtaine, tout juste sortie de l’ Ecole
Normale filait fréquemment sur son vélo. Celle
d’age moyen, la quarantaine respectable, en
rapport avec la troisième, recherchait les
renseignements et venait en aide aux personnes en
danger. La première était une toute jeune
institutrice, la seconde, sa directrice d’école, la
troisième l’inspectrice de l’une et l’autre. Cela eu
lieu au cœur de la Bourgogne. La dernière
survivante des trois, la jeune institutrice entrant
dans le métier dans les années 40, vient de mourir
à quatre-vingt onze ans. C’est pour moi l’occasion
de lui rendre hommage ainsi qu’à ses semblables
qui aimaient la République et les enfants.
André Mien.
Note de la rédaction :
Il nous est apparu intéressant de reproduire des textes et des témoignages vieux de 60 ans peut
être plus, dont la lecture semble rébarbative mais en réalité, passionnante.
Nous avons tenu également de ne citer avant tout que des textes de femmes. Peu d’entre elles
parlent de la déportation, mais surtout de leur action dans la résistance ; sans doute préfèrent elles ne
garder que le meilleur et oublier le pire Nous avons cherché à mettre en valeur ces « petites mains »,
peu connues, qui composait l’armée des ombres, à Lyon et dans la région.
Nouse avons dû abréger certains textes les coupures sont indiquées par le sigle /…/
Des femmes dans la Résistance.
Service Périclès 1942-1944
En ville (Lyon-Paris), les femmes du réseau
"Périclès" ont été nombreuses, et elles ont presque
toutes été arrêtées et déportées. Si je rédige
aujourd'hui ce récit, à l'intention de Patricia
BOYER,/…./ Bientôt personne ne sera plus pour
témoigner. C'est pourquoi jcris ces pages de
mémoire pour que les jeunes n'oublient pas ce qui a
été fait, vécu par ces femmes indomptables.
Élève au Lycée de Bourg, j'avais 16 ans au
moment de l'Armistice (16 Juin1940). J'ai écouté,
tremblante d'émotion et de colère, le vieux Maréchal
chevroter "qu'il fallait cesser le combat"./:/…..
Ma famille était pétainiste, mon village, ma
ville, le curé, que tous respectaient, les notables : en
cet été 1940, il y avait en France 40 millions de
pétainistes. Pour quelle raison ce refus de
l'Armistice jaillit du plus profond de moi ? D'abord
par un patriotisme simple et vif. J'aimais la France
"mère des arts, des armes et des lois".J'aimais "cette
terre charnelle". Le beau poème de Péguy, je me le
redisais avec passion
"heureux les épis mûrs et les blés moissonnés"
: La présence des soldats allemands sur notre
sol me révoltait comme une souillure. Cette
"armée de soldats verts", il fallait "la bouter
hors de France".
D'autre part, malgré mon jeune âge,
j'étais motivée plus politiquement : je savais
que le régime, en Allemagne, était dictatorial et
antisémite, j'avais entendu à la radio Hitler
injurier les "ploutocraties", j'avais entendu
hurler des foules fanatisées. Tout cela me
paraissait très grave et menaçant pour mon
pays et notre liberté
Ma résistance a d'abord été enfantine :
je traçais des croix de lorraine sur les murs, le
V de la victoire, je portais fièrement la croix de
Lorraine au revers de mon manteau ...
Deux ans ont passé, j'ai grandi. En 1942, j'étais
en Khâgne à Lyon, étudiante en philosophie, et
avec un groupe très restreint d'amis étudiants
nous avons commencé à organiser un "comité
de Résistance -
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Inter-Faculté" : Il comprenait quelques
étudiants en lettres : Georges Lesèvre, (Séverane),
Georges Epstein ("Fanfan"), en médecine : le
docteur Jeune ("Martin"), Georges Graber
("Garnier"), moi-même, "Maryse", plus tard en
1943, Hélène Roederer, qui nous donnait à
distribuer dans les boîtes aux lettres le journal
clandestin "Défense de la France".
À partir de 1943, nous avons été en contact
avec le service Périclès, orienté contre le départ en
Allemagne des jeunes gens touchés par le S.T.O.,
et vers la création de maquis, en particulier dans le
Haut Jura, au-dessus de Saint-Claude(Viry, La
Pesse, ...).
Le Lieutenant-colonel Robert Lagarde, au
charisme indéniable, officier de réserve, ancien
officier de renseignement au IIème Bureau, a
fondé le service "Périclès" ou "École des Cadres
du Maquis" qui recrutait des étudiants/…/
. Je me propose ici de parler seulement des
femmes de ce réseau dont je faisais partie. Leur
rôle a été plus important qu'on ne le sait
d'habitude, et Robert Lagarde les à recrutées
systématiquement et massivement./…/
. Robert Lagarde a eu l'idée assez neuve et
originale que des femmes avaient un rôle capital à
jouer dans un réseau de Résistance, qu'elles étaient
capables de faire cette sorte de guerre aussi bien
que des hommes, et qu'il fallait leur faire
confiance.
J'ai contacté le réseau par l'intermédiaire de
"Séverane", qui m'a mise en contact, en mars
1943, avec "Renée" (Antoinette Spicher),
assistante sociale à la Croix Rouge de Lyon, dont
l'appartement, rue Molière, servait de "point de
chute" à notre réseau. Renée pouvait avoir 35 ans,
elle était belle, grave, réfléchie, entièrement
dévouée à notre cause. Comme j'allais en vacances
dans un petit village de l'Ain, elle m'a d'abord
demandé de lui trouver du ravitaillement pour des
clandestins de Lyon, ou de passage à Lyon.
Pendant tout l'été 1943, j'ai envoyé des colis à
l'adresse de Renée et de la Croix Rouge.
Mais cela n'était pas suffisant : le réseau
avait besoin d'agents de liaison, entièrement
disponibles pour aller au maquis (Saint-Claude), à
Paris, et à l'intérieur de Lyon. En novembre 1943,
j'ai abandonné mes études à la Faculté de Lettre de
Lyon pour entrer dans la clandestinité. J'avais une
chambre à Vaise/…/
Je dépendais de "Gabriel" ("Leroy") qui
m'a chargée très vite d'organiser les liaisons et m'a
envoyé des jeunes filles. Ensemble nous avons mis
sur pied un service de liaison qui fonctionnait un
peu comme un réseau d'espionnage, avec des
pseudonymes, des mots de passe, des signes de .
reconnaissance (par exemple: les stores d’une
fenêtre). Nous avons organisé :La liaison vers
Paris : une ou deux fois par semaine, elle était
assurée par la toute frêle Nancy, qui a été
arrêtée et déportée en juin 1944, et par Janine
aux cheveux dorés qui est passé entre les
mailles du filet. J'allais leur porter la valise
contenant le courrier dans les environs de
Perrache, un peu avant leur départ. Il leur
fallait franchir la ligne de démarcation, et
c'était chaque fois un moment d'angoisse à
dissimuler avec soin.
2. La liaison vers Saint-Claude et ses
maquis, assurée par Jeannette et Norante,
arrêtées au maquis et déportées toutes les
deux. Je suis allée plusieurs fois à Saint-
Claude accompagner des jeunes gens. Nous
pensions qu'un couple était moins suspect
qu'un homme seul.
3. La liaison à l'intérieur de Lyon,
assurée par moi, Maryse, qui ai échappé de
justesse la capture. Je passais 2 fois par jour
relever le courrier dans les "boîtes aux lettres"
que nous avions dans la ville. Je transmettais
tous les jours ce courrier au Centre qui
m'envoyait un agent de liaison. J'allais aussi, à
heures invariables, aux "point de chute",
rendez-vous fixés sur un plan de Lyon que
tous les membres du réseau possédaient. Ces
rendez-vous changeaient tous les jours, avec
le Centre. Je rencontrais aussi "Garnier", qui
était seul à être en contact avec le graveur -
dont j'ai ignoré le nom - qui nous fabriquait
des faux tampons Tout cela était très
romanesque et plaisait à notre goût de
l'aventure.
Que transportaient ces agents de
liaison? Des choses interdites et dangereuses :
des journaux clandestins, des tracts, de faux
papiers, des cartes d'alimentation
"réquisitionnées", des armes, du plastic et des
détonateurs.
Nous avions l'air tellement jeunes et
innocentes que nous nous glissions partout,
des jeunes gens auraient éveillé la
méfiance. Nous accentuions notre air de
jeunesse en nous habillant de manière
enfantine : un petit béret, des chaussettes
blanches, des sandales... Ainsi je me souviens
qu'un jour j'étais dans un trolley qui montait à
la Croix-Rousse, où j'avais un rendez-vous.
Le trolley a été arrêté par des miliciens qui ont
fait sortir les passagers et ouvrir les sacs. Dans
mon sac j'avais deux fausses cartes d'identité
et une boîte de cartouches. J'ai déplié mon
mouchoir pour cacher ces choses dangereuses,
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j'ai ouvert mon sac en faisant un grand
sourire au milicien, qui m'a gentiment pris le
menton, comme à une enfant... Et plus d'une fois,
je n'ai pas résisté au plaisir de faire monter dans un
tram, par un soldat allemand, une lourde valise
chargée de tracts. Je remerciais gentiment
Un "drôle de jeu" a dit Roger Vaillant...
Tout cela était terriblement romanesque, mais
aussi très dangereux
À Lyon, l'hiver 43-44 a été terrible : la
Gestapo de Barbie, efficacement appuyée par la
Milice de Touvier, a multiplié les arrestations dans
nos rangs. Tous les soirs un camarade manquait à
l'appel, et nous attendions, blêmes de froid et
d'anxiété sous la lumière bleue des réverbères.
Nous savions maintenant ce qui se passait à l'École
de Santé ou Place Bellecour, siège de la Gestapo,
et Rue Sainte-Hélène, siège de la Milice. Nous
savions que les camarades arrêtés étaient
abominablement torturés dans le but de les faire
parler, mais aussi de les avilir, de les détruire dans
leur humanité même. Ces abominations
renforçaient notre volon de lutter. Le nazisme
nous est apparu alors comme un mal absolu qu'il
fallait combattre pour des raisons philosophiques
et morales : "pour l'honneur de l'espèce humaine"
Dans ce réseau Périclès, à Lyon, en 43-44,
il y avait aussi Madame Séverane (40 ans, femme
d'un professeur de technique, mère de Séverane).
Responsable du Service Social, elle s'occupait des
prisonniers et de leurs familles. Arrêtée à Perrache
en mars 1944, en mars 1944, en même temps que
"Marceau", et torturée par Barbie, elle a témoigné
à son procès. (cf. son livre : "Face à Barbie" - Lise
Lesèvre). Son mari et son jeune fils de 15 ans ont
été arrêtés eux aussi et sont morts en déportation.
Il y avait la petite Annette (18 ans) qui était
secrétaire au Centre. Un petit bout de fille aux
yeux gris, d'une énergie sensationnelle qui, elle
aussi, a échappé de justesse à la capture. Nous
avons suivi le même chemin : comme moi elle a
gagné le maquis du Haut-Jura, en juin 1944, et
après, à la Libération, s'est engagée au Premier
Régiment de Franche-Comté/…../ Plus tard, dans
le maquis du Haut-Doubs, il y a eu Marie-Hélène
Vuilleumier (35 ans, professeur de Lettres au
Collège Sévigné, à Paris), blessée au combat de la
Planée, achevées par les Allemands ; et Francine,
arrêtée lors de ce combat (voir plus loin, dans la
partie : Maquis).
Il y en a eu d'autres, que je connaissais
moins, parce qu'elles étaient "basées" à Paris -
(Christine, par exemple). Des femmes courageuses
ont mis leur appartement à notre disposition, ont
accepté de servir de "point de chute", ce qui était
dangereux, car leur adresse était connue de
beaucoup de gens
Le Maquis : (été 44). Au début de juin
1944, à Lyon, les survivants de "Périclès" ont
reçu l'ordre de Robert de se réfugier au plus vite
dans un maquis du Jura. Je suis partie le 5 juin,
avec "Garnier" et "Michel". Les voies étaient
coupées, la circulation des trains difficile. Le soir
du 5 juin,/…./ Nous sommes arrivés à l'hôtel, à
17 heures, au moment le patron écoutait,
debout, la radio de Londres, le Général de Gaulle
annonçant le débarquement : "Alors va se lever
le soleil de notre grandeur..."/……/
Pour assurer les liaisons, je portais une
robe, bleue et rose, un corsage blanc et je passais
inaperçue. Après la Grange des Prés, j'ai été
envoyée au poste de commandement de R.
Lagarde, au-dessus de la Planée, près de
Pontarlier. Nous étions une douzaine dans ce
camp, dont quatre jeunes filles : Marie-Hélène,
Jeannick, Francine et moi. Au début de juillet,
Robert et Jeannick sont passés en Suisse pour
une mission importante. En leur absence notre
camp avait été installé trop près de Pontarlier,
étaient cantonnées des troupes allemandes. Les
Allemands, intrigués par la circulation des
voitures à proximité de la forêt, ont envoyé, le 13
juillet, une patrouille qui a ramassé sur la route
un de mes agents de liaison. Emmené à
Pontarlier, menacé d'être fusillé, il a accepté de
conduire une compagnie allemande à notre
camp.
J'étais au village quand les Allemands
sont arrivés, vers 16 heures:/…/Pendant ce
temps, le camp était attaqué par les Allemands.
Marie-Hélène a été blessée dès le début de la
fusillade, puis achevée. Jeannick s'est échappée
en fuyant dans la forêt, Francine a été arrêtée. À
l'interprète qui lui demandait ce qu'elle faisait là,
elle a répondu : "je suis du maquis, et je suis fière
d'être du maquis". Elle a pu sauter du train qui la
déportait vers l'Allemagne. En Alsace, elle a été
recueillie et cachée au Couvent du Mont-Saint-
Odile jusqu'à la fin de la guerre.
Le lendemain, j'ai été retrouvée par "Gazelle"
(Dornier), qui m'a conduite dans une ferme,
étaient cachés les rescapés : Robert, Jeannick,
Thalney, etc... Nous avons "récupéré" pendant
deux ou trois jours. Puis Robert est parti installer
son P.C. à Lemuy, et moi, avec mes agents de
liaison, je me suis installée dans une grande
demeure, à Montorge, en pleine forêt, près du
village d'Arc-sous-Montenot. Le curé d'Arc,
l'Abbé Schultz, d'origine alsacienne, aidait la
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Résistance depuis des années, et mettait sa
cure à notre disposition.
Je garde un souvenir émerveillé de la
chaleur de son accueil. À Montorge nous avons
célébré la Libération de Paris, en chantant devant
un feu de camp... La Libération approchait.
Beaucoup de liaisons étaient maintenant assurées
par des lignes téléphoniques mises en place par un
officier de marine, rallié de la dernière heure à la
Résistance. Mais jusqu'au bout, des agents de
liaison en bicyclette ont parcouru les routes et les
forêts du Jura.
Après la libération, des jeunes filles du Service
Périclès se sont engagées au Service Social du
Premier Régiment de Franche-Comté. Ce régiment
a été formé à partir des maquis du Jura et du
Doubs, intégré à la Première Armée Française, et
il a participé à tous les combats.
. (Prise de Colmar en février 45, puis
invasion de l'Allemagne et de l'Autriche jusqu'au
lac de Constance). Annette et moi avons passé
Noël au giment, près de la Bresse (Vosges) sur
le flanc du Honneck
Nous avions maintenant un uniforme, mais
aussi un foulard rouge, et nous avons accompagné
nos camarades jusqu'au bout, jusqu'à la victoire (8
mai 1945).
Alors seulement nous sommes rentrées chez nous,
dans nos familles qui nous attendaient. Il n'a pas
été simple de retrouver "la vie de tous les jours aux
travaux ennuyeux et faciles"... À l'automne, j'ai
repris le chemin de la Faculté de Lettres de Lyon,
avec une bourse de victime de la guerre. Je suis
devenue professeur de philosophie en octobre
1948.
Maryse Jolyon
Simone Lagrange
Cérémonie du souvenir hier en fin de matinée,
parc Paul-Mistral à Grenoble. Commémoration du
67e anniversaire de la Libération des camps de
concentration. Hommages, prières et recueillement.
De nombreux élus de gauche et de droite sont là. Le
préfet aussi. Et la chanson de Jean Ferrat “Nuit et
Brouillard” qui résonne… Puis une voix s’élève,
celle de Simone Lagrange, présidente de l’Amicale
des déportés d’Auschwitz-Birkenau et des camps
de Haute-Silésie
Elle, qui a
vécu l’horreur a 13 ans et qui en a réchappé, a choisi cette année de teinter son discours de
l’actualité la plus brûlante. Après avoir rendu hommage aux victimes des camps nazis, elle lance :
« Aujourd’hui en Ukraine, en Russie, des groupuscules fascistes se retrouvent, souvent sous le
regard indifférent des gens. En Slovaquie, en Hongrie, on fait renaître les fers de lance existant
durant la dernière guerre mondiale. En Roumanie, des sortes de ghettos sont construits pour y
enfermer des Roms. En Autriche, à Brennau ville natale d’Hitler, un musée rappelle maintenant sa
naissance. Les voyous de l’extrême-droite ne se cachent plus. En Allemagne, des nazillons sont là.
J’ai vu qu’ils avaient même des camps d’entraînement. Ils ont aussi des insignes et des drapeaux
qui rappellent le passé.
Et en France, chez nous, à Lyon, un des leurs défile, avec ses amis sur les quais du
Rhône. Lyon, ville de Résistance, a dans son assemblée gionale un conseiller fasciste, exclu du
FN, si c’est vous dire ! En Angleterre, des groupes importants d’extrême-droite tiennent des
réunions publiques. Pendant qu’en Savoie dans une auberge en deux fois déjà, des Anglais boivent
à la mémoire du Führer. L’aubergiste ne se rend compte de rien, sinon de l’argent qui tombe dans
sa caisse. Le cercle se referme ! Il est plus que temps de se réveiller ! N’attendons pas que le
danger nous retombe dessus, la dernière fois, on nous a dit : Nous ne savions pas. Aujourd’hui, on
ne peut plus dire cela ! »
Interview de S Lagrange par Ève MOULINIER le 30/01/2012
Voir le site : http://www.ajcf.fr/spip.php?article450
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