importe plus que les faits objectifs ». Pour Dantzer
(1989) «ce n’est plus une réaction de survie qui se
déroule de façon stéréotypée quel que soit l’agent
agresseur, mais une relation transactionnelle qui
implique d’abord la perception et l’interprétation de la
situation ».
Cohen, Kamarch, et Mermelstein (1983) ont adopté le
nom de «stress perçu» pour désigner ce facteur.
Dans le cas d’une maladie physique le patient doit
faire face à diverses sources de stress : la douleur, l’in-
validité, les conditions d’hospitalisation et de traite-
ment, en même temps il doit préserver son équilibre
émotionnel, une image de soi satisfaisante, tout en
veillant à conserver de bonnes relations avec sa famil-
le et son milieu social… Ces multiples préoccupations
nécessitent le déploiement de stratégies d’ajustement
ou coping très diversifiées.
Ainsi, un même individu peut, dans certaines situa-
tions, mettre en place plutôt des stratégies cognitives
de coping destinées à réduire la tension et, dans
d’autres, des stratégies comportementales destinées à
résoudre le problème (Folkman et Lazarus 1988).
Selon une étude de Pearlin et Schooler (1978), les stra-
tégies cognitives seraient davantage adoptées dans les
cas où l’événement est de nature incontournable
(maladies graves) tandis que les stratégies comporte-
mentales le seraient cette fois, dans le cas où un effort
pourrait amener un changement de la situation (situa-
tion de perte d’emploi par exemple…).
Le choix des stratégies de coping est très étroitement
dépendant des variables environnementales (les carac-
téristiques de la situation, les ressources sociales ou
soutien social).
Les stratégies de coping centrées sur le problème à
résoudre sont davantage utilisées en présence de situa-
tions susceptibles de changer ou d’évoluer.
Par contre, des stratégies centrées sur la diminution de
la tension émotionnelle sont préférentiellement utili-
sées lorsque la situation ne peut être modifiée ou si elle
est incontournable.
Selon de nombreux travaux, en particulier ceux de
Lazarus et Folkman (1984) les personnes qui attribuent ce
qui arrive à des causes internes et contrôlables, utilisent
davantage des stratégies de coping centrées sur le problè-
me plutôt que les personnes qui attribuent ce qui leur arri-
ve à des causes externes incontrôlables (ex : la fatalité).
L’évitement est la stratégie la plus utilisée. Il peut s’agir
d’activités de substitution à expression comportemen-
tale ou cognitive (activité sportive, relaxation, jeux, loi-
sirs…). Elles permettent de liquider la tension émotion-
nelle et aident ainsi l’individu à se sentir mieux. Ce
type de stratégie est efficace associée à la confrontation
avec l’événement stressant.
À l’opposé de l’évitement qui détourne l’attention du
problème, la vigilance focalise l’attention sur celui-ci
pour mieux le prévenir ou le contrôler.
Janis et Mann (1977) distinguent deux formes de
coping vigilant :
– la recherche d’information pour en savoir plus sur
la situation
– la mise en place de plan de résolution de problème.
Le recours à ce type de stratégies peut permettre de
diminuer la détresse émotionnelle tout en facilitant le
contrôle de la situation. Ainsi, le fait d’avoir davantage
d’informations sur la nature du problème peut aider à
mettre en place des plans d’action. (Rothebaum, Weisz
et Snyder 1982). Cependant, le coping vigilant peut
aussi augmenter l’intensité de l’émotion quand la
recherche de l’information révèle que les choses sont
pires que ce que l’on pensait ou que rien ne peut être
fait pour changer le cours des événements.
« Il n’y a pas de stratégie de coping efficace en soi,
indépendamment des caractéristiques personnelles et
perceptivo-cognitives du sujet et des particularités des
situations stressantes » (I. Paulhan, M. Bourgeois)
1995.
■2. 3 L’anxiété
L. J Carpenito (1995) définit l’anxiété comme « un sen-
timent de malaise (d’appréhension) individuel ou col-
lectif, d’origine généralement inconnue, se manifestant
par une activation du système nerveux autonome ».
Elle se manifeste par des symptômes d’ordre physiolo-
gique, émotionnel et cognitif qui varient suivant son
intensité.
Ses caractéristiques :
• physiologiques se traduisent par une augmentation
de la fréquence cardiaque, de la pression artérielle,
et de la fréquence respiratoire, des tremblements de
la voix, causées par des bouffées vasomotrices ou
pâleurs...
• émotionnelles laissent apparaître des sentiments de
nervosité, le manque de confiance en soi, des ten-
sions, la crainte d’un malheur imminent…
• comportementales se manifestent le plus souvent par
l’irritabilité, les pleurs, les tressaillements… les cri-
tiques de soi ou d’autrui, la passivité.
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Recherche en soins infirmiers N°60 - Mars 2000