Saison 2011 / 2012 ALPHONSE LE JEUDI 24 ET LE VENDREDI 25 MAI 2012 AU GRAND T © Michel Cavalca DOSSIER JEUNE PUBLIC SOMMAIRE PRÉSENTATION ......................................................................................... 3 LE PROPOS ............................................................................................... 4 LES INTENTIONS DE MISE EN SCÈNE ............................................................. 5 AUTOUR D’ALPHONSE ............................................................................... 7 CORINNE MÉRIC, COMÉDIENNE ................................................................... 8 WAJDI MOUAWAD, AUTEUR ........................................................................ 9 LA COMPAGNIE BANDE D’ART ET D’URGENCE ............................................ 11 ALPHONSE : EXTRAITS ............................................................................. 12 ALPHONSE : PHOTOS ............................................................................... 13 LES ÉCHOS DE LA PRESSE ........................................................................ 14 Dossier réalisé à partir de documents divers dont ceux fournis par la Compagnie Bande d’Art et d’Urgence. 2 ALPHONSE TEXTE WAJDI MOUAWAD CONCEPTION ET JEU CORINNE MÉRIC Mise en jeu Scénographie Univers sonore Lumière Vidéo Costume Magali Chabroud Stéphanie Mathieu Éric Dutriévoz Stéphane Descombes Érick Priano Anne Dumont SOUTENU PAR le Théâtre Nouvelle Génération – CDN / Lyon ALPHONSE EST PUBLIÉ AUX ÉDITIONS LÉMÉAC LE JEUDI 24 ET LE VENDREDI 25 MAI 2012 À 20H30 AU GRAND T DURÉE : environ 1h10 e PUBLIC : à partir de 6 TARIF : 6€ ou un pass-culture 3 LE PROPOS « Je peux voir n'importe qui à côté de moi si je veux, King Kong ou Frankenstein et des troupeaux d'oiseaux roses blessés... » La Vie devant soi, Romain Gary Alphonse a disparu, il n’est pas rentré de l’école un soir, et, depuis, tout le monde le cherche : sa famille s’inquiète, la police enquête, à l’école, on se renseigne. Alphonse, lui, marche sur un chemin de campagne et fait face à la plus grande expérience de sa jeune vie : l’invisible. Alors que rien ni personne ne l’avait préparé à une telle rencontre, voilà que surgissent en lui, à travers les forces de la nuit, des personnages réels et imaginaires peuplant les coulisses du rêve et de l’amour : Pierre-Paul-René, Judith, Walter, Victor, la grotte… Alphonse, c’est l’histoire d’un enfant qui marche sur un chemin de campagne et qui part à la recherche de pâtissiers disparus. Alphonse, c’est aussi l’histoire d’un enfant qui rêve qu’il marche sur un chemin de campagne. Alphonse, c’est l’histoire d’un enfant qui s’appelle Alphonse ou Pierre-Paul-René. C’est un homme ou une femme qui retourne sur ses pas. C’est un voyage invisible, au cœur du réel. Alphonse, c’est un conte, une enquête policière, un récit, un souvenir, un rêve… La pièce de Wajdi Mouawad raconte toutes ces histoires. Ces histoires sont comme des chemins qui se suivent, s’éloignent et se rejoignent au croisement du visible et de l’invisible. 4 LES INTENTIONS DE MISE EN SCÈNE « Une réalité fantôme, comme ces membres fantômes, ces jambes ou ces bras qui ont été amputés, et dont la présence continue à se faire ressentir… » Joël Pommerat, Théâtres en présence « Quelle est la nature de la lumière qui éclaire un rêve dans le sommeil alors qu’on dort les yeux fermés, et quelle est la lumière que nous pouvons reconstituer au réveil d’un rêve ? » Claude Régy, L’État d’incertitude L’ORIGINE D’ALPHONSE « Au tout début, il y a mon émotion de spectatrice lors de la représentation d’Incendies à Malakoff en 2004 et la découverte de l’écriture de Wajdi Mouawad. À la suite d’une correspondance avec l’auteur, j’ai eu l’occasion de découvrir la pièce Alphonse et le projet d’en faire un spectacle est né. En août 2006, à partir d'une adaptation du texte, j'ai créé Alphonse au festival de Pélussin avec des adolescents et une comédienne professionnelle. Cette première approche théâtrale, dans laquelle la parole se partageait à plusieurs voix, a été fondatrice. Elle m’a permis d'explorer l'écriture de façon plus concrète, grâce à la présence et la rencontre sur scène d'enfants et d'adultes. Le désir de revenir au monologue initial s’est nourri de cette expérience collective. Le projet de jouer seule Alphonse en portant mon regard d’adulte sur l’enfance, a mûri et s'est peu à peu imposé, comme une évolution logique et nécessaire. » ALPHONSE ET L’INVISIBLE « Le texte de Wajdi Mouawad est un monologue dans lequel toutes sortes de personnages se croisent et prennent la parole. Alphonse, en marchant, laisse surgir en lui les personnages réels ou imaginaires qui l’entourent. À travers son regard, ils prennent vie et l’histoire commence. Dans Alphonse, l’écriture est libre et multiple, elle n’est jamais identifiable complètement ; dès qu’on semble l’apprivoiser ou la reconnaître, elle s’échappe et nous entraîne ailleurs, là où on ne l’attend pas : la narration croise le jeu incarné, l’imaginaire accompagne toujours le réel. Jouer Alphonse, c’est avancer sur un chemin, pour tenter de retrouver, en marchant, une trace oubliée de l’enfance. À chaque instant de l’écriture, l’inconnu côtoie le connu, comme une présence, ou comme une empreinte encore vivante du passé. L’invisible est peut-être ce lieu caché au fond d’une grotte, où l’adulte pourrait apercevoir l’enfant qu’il a été. 5 La scénographie dévoile et transforme l’espace au fur et à mesure de l’histoire. Le plateau est ce lieu du réel dans lequel l’invisible peut surgir et dont les contours se dessinent à la craie. Faire apparaître, comme une image en négatif, l’espace du rêve et de l’intime. Il s’agit aussi d’inventer un langage scénographique qui accompagne la parole, qui se transforme et se dessine, et qui entrouvre des portes, sans jamais les fermer, pour laisser au spectateur un passage vers l’imaginaire. Donner à voir et à sentir toutes ces empreintes qui peuplent nos espaces intimes, comme des figures révélées par la scène. La lumière joue un rôle essentiel dans ce processus de révélation. À partir de voix dans le noir, elle fait exister des formes dans la nuit. Elle éclaire le rêve et attire Alphonse vers l’invisible, elle se devine, et révèle peu à peu les différents lieux traversés. L’univers sonore, celui du dehors et celui du dedans d’Alphonse, transforme la parole, se glisse entre les mots, et laisse entendre les voix oubliées. Dès la première lecture, je me suis sentie intuitivement proche de cette histoire, un peu comme une impression de déjà-vu ou de déjà-vécu. C’est une sensation physique, une odeur particulière, un lieu étrange reconnu comme les traces d’une mémoire lointaine. La parole de Wajdi Mouawad me traverse parce qu’elle porte en elle, une vérité profonde, intemporelle. Je me dis alors que cette vérité appartient peut-être un peu à chacun, qu’elle se cache peut-être quelque part, dans un recoin secret de l’enfance, et j’ai envie d’aller fouiller par là-bas, pour voir… » Corinne Méric Alphonse a été créé en janvier 2010 au Théâtre Nouvelle Génération à Lyon (CDN). 6 AUTOUR D’ALPHONSE « Je dirais que je suis beaucoup plus habité par la peur et la crainte de perdre la passion et la pureté qui m’habitaient lorsque j’étais adolescent. Je me pose surtout la question de la manière de vivre encore sans elles et quel sens cela peut-il avoir d’exister sans être enflammé continuellement. N’importe comment, mais être enflammé… » Wajdi Mouawad « La marche, telle que je la vis, n’est pas une activité sportive. C’est une méditation. Au diapason du mouvement et de mon rythme cardiaque. Quand je marche, je suis. Moi qui ai très peu d’endurance, de souffle, je suis inépuisable dès qu’il s’agit de mettre un pied devant l’autre. La marche est pour moi le seul remède à l’angoisse, peut-être parce qu’elle est le lieu du fantasme. » « Quand je marche, je ne pense pas. Je fantasme. Je rêve à telle pièce que je vais écrire, à telle histoire, je refais une mise en scène. Je fantasme sur des choses glorieuses : je sauve le monde, par exemple, je suis un super-héros. Ou bien je délire sur des situations apocalyptiques qui me mettent à mon avantage : tout le monde meurt autour de moi et je dois trouver un sens aux choses avant que l’humanité ne soit ensevelie ou, inversement, c’est moi qui meurs et on me pleure beaucoup. Des fantasmes enfantins, vaniteux, mais d’un ludisme incroyable. Marcher en imaginant que nous sommes plus grands que nous-mêmes. » « Il est magnifique de marcher au rythme de son cœur et d’être pris dans ce fantasme : imaginer que vous combattez le dragon dans un lieu dantesque, non loin de l’arbre noir où une femme, belle, est attachée et est sur le point d’être dévorée par des corbeaux. Vous combattez le dragon, mais, en même temps, tout en marchant, vous tenez compte des feux rouges et des feux verts, sans vous en rendre compte tout à fait parce que vous êtes tout à votre combat. Tout à coup, une voiture freine brusquement, en crissant des pneus ! Vous vous arrêtez ! Vous voilà au coin du boulevard Saint-Laurent et de la rue Beaubien… Rien… Simplement quelqu’un de pressé… Vous reprenez la marche, mais vous ne vous souvenez plus de votre rêve ! Ne demeure que la sensation qu’il vous faisait éprouver… La marche pour moi a ceci d’important qu’elle se situe continuellement dans le domaine des sensations. Dans la marche, les fantasmes, auxquels la vie nous arrache, s’ils s’évaporent, si à la limite on ne s’en souvient plus, ils demeurent inscrits en nous, fossilisés en nous, puisque l’on continue à porter la sensation qu’ils nous ont fait éprouver. » Jean-François Côté, Architecture d’un marcheur : Entretiens avec Wajdi Mouawad 7 CORINNE MÉRIC, COMÉDIENNE © Michel Cavalca Au théâtre, Corinne Méric a travaillé comme comédienne avec notamment Jean-Paul Wenzel, Nino D’introna (Théâtre Nouvelle Génération - CDN Lyon), Bernard Rozet, Cédric Marchal, Christian Taponard, Patrick Le Mauff, Laurent Vercelletto, Géraldine Bénichou, Antoine-Laurent Figuière, Michel Dieuaide… Elle crée la compagnie Bande d’Art et d’Urgence qui porte à la scène des textes d’auteurs contemporains. Elle a mis en scène et joué L’Inondation d’Evgueni Zamiatine, Foi Amour Espérance d’après Odön Von Horvàth et Talking Heads d’Alan Bennett. En 2004, elle découvre l’écriture de Wajdi Mouawad et entame alors un travail autour du monologue Alphonse et présente la version définitive, en janvier 2010 au Théâtre Nouvelle Génération à Lyon (CDN). Le spectacle sera repris en tournée en 2010, 2011 et 2012. Parallèlement à son parcours de comédienne et de créations de spectacles, Corinne mène différents ateliers de pratique artistique, notamment en milieu scolaire, et pour des chanteurs. 8 WAJDI MOUAWAD, AUTEUR © Jean-Louis Fernandez Né en octobre 1968, l’auteur, metteur en scène et comédien Wajdi Mouawad a passé son enfance au Liban, son adolescence en France et ses années de jeune adulte au Québec avant de vivre en France aujourd’hui. Il obtient en 1991 le diplôme en interprétation de l’École nationale de théâtre du Canada à Montréal et codirige aussitôt avec la comédienne Isabelle Leblanc sa première compagnie, Théâtre Ô Parleur. En 2005, il crée les compagnies de création Abé Carré Cé Carré avec Emmanuel Schwartz au Québec et Au Carré de l’Hypoténuse en France. Parallèlement, il prend en 2000 la direction artistique du Théâtre de Quat’Sous à Montréal pour quatre saisons. Associé avec sa compagnie française à l'Espace Malraux, scène nationale de Chambéry et de la Savoie, de 2008 à 2010, il est en 2009 l’artiste associé de la 63e édition du Festival d’Avignon, où il propose le quatuor Le Sang des promesses, accueilli au Grand T en septembre 2009. Depuis septembre 2007, il est directeur artistique du Théâtre français du Centre national des Arts d’Ottawa. En septembre 2011, il devient artiste associé au Grand T – scène conventionnée de Loire-Atlantique. Sa carrière d’auteur et de metteur en scène s’amorce au sein du Théâtre Ô Parleur en portant au plateau ses propres textes : Partie de cache-cache entre deux Tchécoslovaques au début du siècle (1991), Journée de noces chez les Cromagnons (1994) et Willy Protagoras enfermé dans les toilettes (1998), puis Ce n’est pas la manière qu’on se l’imagine que Claude et Jacqueline se sont rencontrés coécrit avec Estelle Clareton (2000). C’est en 1997 qu’il effectue un virage en montant Littoral (1997) qu’il adapte et réalise au cinéma en 2005 ; expérience qu’il renouvelle avec Rêves (2000), puis Incendies (2003) qu’il recrée en russe au Théâtre Et Cetera de Moscou et Forêts (2006). En 2008, il écrit, met en scène et interprète Seuls. En 2009, il se consacre au quatuor Le Sang des promesses, qui rassemble, en plus d’une nouvelle version de Littoral, les spectacles Incendies, Forêts et une création Ciels. Wajdi Mouawad crée en mars 2011 à la Schaubühne de Berlin le spectacle Temps. Il écrit également un récit pour enfants Pacamambo, un roman Visage retrouvé, ainsi que des entretiens avec André Brassard : Je suis le méchant ! Comédien de formation, il interprète des rôles dans sept de ses propres spectacles, mais aussi sous la direction d’autres artistes comme Brigitte Haentjens dans Caligula d’Albert Camus (1993), Dominic Champagne dans Cabaret Neiges noires (1992) ou Daniel Roussel dans Les Chaises d’Eugène Ionesco (1992). Plus récemment, il interprète Stepan Fedorov dans la pièce Les Justes de Camus mise en scène par Stanislas Nordey. Parallèlement, il met en scène d’autres univers : Al Malja (1991) et L’Exil de son frère Naji Mouawad, Voyage au bout de la nuit de Louis-Ferdinand Céline, Macbeth de Shakespeare (1992), Tu ne violeras pas de Edna Mazia (1995), Trainspotting de Irvine Welsh (1998), Œdipe Roi de Sophocle (1998), Disco Pigs de Enda Walsh (1999), Les Troyennes d’Euripide 9 (1999), Lulu le chant souterrain de Frank Wedekind (2000), Reading Hebron de Jason Sherman (2000), Le Mouton et la baleine de Ahmed Ghazali (2001), Six personnages en quête d’auteur de Pirandello (2001), Manuscrit retrouvé à Saragosse, opéra de Alexis Nouss (2001), Ma mère chien de Louise Bombardier (2005) et Les Trois Sœurs de Tchekhov (2002) encore en tournée. Il a porté récemment au plateau trois des sept tragédies de Sophocle. Ce premier volet, la trilogie Des femmes, a vu le jour au Rocher de Palmer à Cenon (Gironde) en juin 2011 et a été présenté au Grand T en septembre 2011. La pièce Alphonse a été créée en 1993 au Québec, dans une mise en scène de Serge Marois. Le rôle d’Alphonse était joué par Wajdi Mouawad. 10 LA COMPAGNIE BANDE D’ART ET D’URGENCE LA MISE EN ROUTE La compagnie Bande d’Art et d’Urgence a été créée en 2001 par deux comédiennes, Christine Brotons et Corinne Méric, qui en parallèle à leur parcours respectifs d’interprètes, ont eu l’envie de jouer et de porter des projets en assumant entièrement les choix artistiques. À partir de 2009, Corinne Méric ressent la nécessité de s’impliquer davantage dès la conception et de s’inscrire dans la durée en proposant des projets plus personnels. LA MARCHE Les créations s’articulent le plus souvent autour de la parole d’un seul personnage. Bande d’Art et d’Urgence crée également des formes théâtrales où se rencontrent sur scène enfants, adolescents et artistes professionnels. Parallèlement, la compagnie développe un travail d’actions culturelles et pédagogiques sous la forme d’ateliers, de stages, de rencontres et de petites formes théâtrales. UNE DIRECTION Depuis quelques années, Bande d’Art et d’Urgence s’intéresse plus particulièrement aux questions liées à l’adolescence et à ce moment fait de bouleversements, de rêves et d’errance. Ces questions sont présentes à travers les spectacles, à travers les différents ateliers en collèges et lycées, et les expériences de créations avec les adolescents ; elles ont peu à peu construit un lien et une cohérence dans le travail mené par la compagnie. Dans cette recherche, l’écriture contemporaine tient une place importante. LES MARCHEURS Aujourd’hui composée d’une équipe aux domaines artistiques éclectiques et complémentaires, la compagnie fait appel ponctuellement à des metteurs en scène, auteurs, éclairagistes, scénographes et à d’autres artistes pour collaborer à la création de ses spectacles. La particularité et la raison d’être de la compagnie Bande d’Art et d’Urgence proviennent de ces différents choix artistiques et de toutes ces rencontres. 11 ALPHONSE : EXTRAITS PROLOGUE « Quand on est petit, On est bien mal renseigné. Alors on imagine. Plus tard, Imaginer, ça devient plutôt compliqué. Alors on se renseigne, Alors on devient grand et y a pas de mal à ça. C’est dans l’ordre des choses. Et les choses sont bien faites Puisqu’elles nous empêchent de revenir en arrière, Ce qui est très bien. Car si un homme, par le plus grand des hasards, croisait un jour sur son chemin l’enfant qu’il avait été et si tous les deux se reconnaissaient comme tel, ils s’écrouleraient alors la tête première contre le sol, l’homme de désespoir, l’enfant de frayeur. » MOTS D’ALPHONSE « Il faut dire que dans certaines situations on ne sait pas comment réagir et quand l’invisible s’ouvre à vous, c’est la panique. » « La nuit, tu t’attaches, par peur, qu’aux choses qui sont autour de toi, et plus la nuit est noire, plus tu peux voir en toi, Walter, parce que tu es bien la seule chose que tu peux encore voir. » « Viens, on s'envolera et on verra les océans, on les verra se confondre, leurs bleus, leurs rouges, on les verra, les océans. » « Tout a commencé un matin lorsqu'en me levant et en marchant dehors, j'ai bien vu que tous ceux qui m'entouraient avaient au fond des yeux un terrible désespoir. » « Alphonse… On ne savait pas d’où il venait. Un jour, comme ça, je l’ai vu arriver en tournant le coin de la rue. Il avait un regard très doux. » « - Qui es-tu ? - Je suis Pierre-Paul-René ! Un enfant doux, monocorde et je ne m’étonne jamais de rien. Je suis venu vivre dans ta tête. Alphonse, désormais tu te lèveras sans crainte au milieu de la nuit et sans crainte tu traverseras le couloir pour aller boire ton verre d’eau, car je serai toujours là. Et ce fut tout. » 12 ALPHONSE : PHOTOS © Michel Cavalca © Michel Cavalca 13 LES ÉCHOS DE LA PRESSE 14 Alphonse, de Wajdi Mouawad, Théâtre Nouvelle Génération à Lyon Corinne Méric vibrante d’intensité À l’initiative du Théâtre Nouvelle Génération, la quatrième édition du festival Régénération présentée ces jours-ci a de quoi faire sortir le public lyonnais de sa torpeur hivernale. En effet, durant ces neuf jours, pas moins de cinq nationalités représentées par douze compagnies sont mises à l’honneur à travers un ensemble de créations qui brillent tant par leur qualité que par leur diversité. Et le festival quant à lui est un concentré de chaleur et d’énergie. Parmi le programme proposé notre œil de critique s’est arrêté sur la présentation d’Alphonse, texte de Wajdi Mouawad, mis en scène par la Cie Bande d’Art et d’Urgence : un moment précieux. La petite scène du TNG accueille une cinquantaine de spectateurs enfants et adultes pour leur livrer l’histoire d’une disparition. Alphonse n’est pas rentré de l’école, et, alors que tout le monde le cherche, celui-ci marche sur une route de campagne, à moins que ce ne soit qu’un rêve… Cette pièce conte avec humour et profondeur l’histoire d’une disparition dans l’invisible, dans la nuit, sur le chemin des pâtissiers disparus, où se trouve Pierre-Paul-René, double imaginaire du petit garçon… Toujours sur le fil entre rêve et réalité. Sur le plateau, quelques éléments composent un décor noir et blanc en apparence minimaliste : une chaise, un tableau en ardoise. L’espace de jeu est délimité par des lignes recouvertes de morceaux de papier calciné et, dans un coin, des gravillons blancs sont déposés sur le sol. Une voix déchire alors l’obscurité : c’est celle d’Alphonse, incarné par Corinne Méric, jeune femme au visage doux et juvénile, au physique androgyne, à la chevelure courte et rousse. Toute une galerie de personnages apparaissent sous les traits de la comédienne, qui, malgré la difficulté de l’exercice, sait rendre vibrant d’intensité chacun des nombreux portraits qu’elle incarne : la famille d’Alphonse, le voisin, Walter, Judith et les autres, donnant ainsi à voir les liens unissant le petit garçon à son entourage. Toujours justes, les protagonistes ne cessent de convaincre et d’émouvoir. La densité de l’écriture de Wajdi Mouawad est aisément identifiable. En effet, Alphonse est un texte bavard, pas forcément simple d’accès pour le jeune public. C’est un « texte à tiroirs » peut-on dire, où les chemins se croisent et se séparent, offrant une grande quantité de possibles, un nombre impressionnant de directions. Le va-et-vient entre le monde d’Alphonse, la réalité des choses et les témoignages qui abondent à son sujet est permanent. La mise en abîme semble perpétuelle : le petit garçon s’engouffre dans son imaginaire, l’imaginaire de l’enfance, l’invisible du rêve, de la nuit, à moins que ce ne soit celui de la mort, la mort de l’enfance… 15 Une vraie réussite Enfin, en matière visuelle et sonore, cette pièce est une vraie réussite. Les éclairages ne cessent de créer du sens au sein de l’espace de jeu, donnent à voir des zones d’ombre, mettent en lumière des personnages oniriques, des formes tracées à la craie sur un tableau devenu bureau d’écolier, ou bien masquent des éléments pour mieux suggérer l’épaisseur de la nuit. Le spectateur se retrouve tour à tour plongé dans un immense couloir, une route de campagne ou encore dans une grotte. À l’image des situations qui se transforment et se dévoilent toujours entre rêve et réalité, les éclairages et l’emploi des accessoires nous font ainsi glisser d’un monde à l’autre toujours dans la pénombre. Les sonorités du dedans, de l’extérieur, tel que le bruit des gravillons, ou encore les échos créent également les espaces, racontent et font évoluer la pièce au gré de son déroulement dans une parfaite cohérence. Alphonse est un moment touchant, où se côtoient justesse de jeu, talent et sensibilité. Corinne Méric et la Cie Bande d’art et d’urgence ont su faire de ce texte un moment de théâtre qui remue le spectateur, le renvoie à lui-même, à sa part d’Alphonse, cet imaginaire de l’enfance enfoui en chacun. Élise Ternat, Les Trois Coups, 11 janvier 2010 16 17 Contacts Pôle Public et Médiation ÉDUCATION ARTISTIQUE ET CULTURELLE MARION FRASLIN-ÉCHEVIN 02 28 24 28 18 [email protected] PASCALE DEGRIECK / MANON ALBERT / 02 28 24 28 08 [email protected] / [email protected] FLORENCE DANVEAU / 02 28 24 28 16 [email protected] CAROLINE URVOY / 02 28 24 28 17 [email protected] LE GRAND T BP 30111 44001 Nantes cedex 01 Tél 02 28 24 28 24 Fax 02 28 24 28 38 De nombreuses pistes de travail autour des spectacles sont disponibles dans le document « ALLER AU THÉÂTRE : LIRE, VOIR, DIRE, ÉCRIRE ET FAIRE… AVEC LES ÉLÈVES » SAISON 2011 / 2012 Rendez-vous sur : http://www.leGrandT.fr/IMG/pdf/aller_au_theatre_11-12.pdf 18