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L
ES INTENTIONS DE MISE EN SC
È
NE
« Une réalité fantôme, comme ces membres fantômes, ces jambes ou ces bras qui ont été
amputés, et dont la présence continue à se faire ressentir… »
Joël Pommerat, Théâtres en présence
« Quelle est la nature de la lumière qui éclaire un rêve dans le sommeil alors qu’on dort les
yeux fermés, et quelle est la lumière que nous pouvons reconstituer au réveil d’un rêve ? »
Claude Régy, L’État d’incertitude
L’ORIGINE D’ALPHONSE
« Au tout début, il y a mon émotion de spectatrice lors de la représentation
d’Incendies à Malakoff en 2004 et la découverte de l’écriture de Wajdi Mouawad. À la
suite d’une correspondance avec l’auteur, j’ai eu l’occasion de découvrir la pièce
Alphonse et le projet d’en faire un spectacle est né.
En août 2006, à partir d'une adaptation du texte, j'ai créé Alphonse au festival de Pélussin
avec des adolescents et une comédienne professionnelle. Cette première approche
théâtrale, dans laquelle la parole se partageait à plusieurs voix, a été fondatrice.
Elle m’a permis d'explorer l'écriture de façon plus concrète, grâce à la présence et la
rencontre sur scène d'enfants et d'adultes.
Le désir de revenir au monologue initial s’est nourri de cette expérience collective. Le
projet de jouer seule Alphonse en portant mon regard d’adulte sur l’enfance, a mûri et
s'est peu à peu imposé, comme une évolution logique et nécessaire. »
A
LPHONSE ET L
’
INVISIBLE
« Le texte de Wajdi Mouawad est un monologue dans lequel toutes sortes de personnages
se croisent et prennent la parole. Alphonse, en marchant, laisse surgir en lui les
personnages réels ou imaginaires qui l’entourent. À travers son regard, ils prennent vie et
l’histoire commence.
Dans Alphonse, l’écriture est libre et multiple, elle n’est jamais identifiable complètement ;
dès qu’on semble l’apprivoiser ou la reconnaître, elle s’échappe et nous entraîne ailleurs, là
où on ne l’attend pas : la narration croise le jeu incarné, l’imaginaire accompagne toujours le
réel.
Jouer Alphonse, c’est avancer sur un chemin, pour tenter de retrouver, en marchant,
une trace oubliée de l’enfance. À chaque instant de l’écriture, l’inconnu côtoie le
connu, comme une présence, ou comme une empreinte encore vivante du passé.
L’invisible est peut-être ce lieu caché au fond d’une grotte, où l’adulte pourrait
apercevoir l’enfant qu’il a été.