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Partie 1 • Modules d'exercices : sujets
l’auteur,lesoin,lorsqu’ilestorthographiéausingulier,désignel’attentionpositiveet
constructiveportéeàquelqu’undanslebutderéaliserquelquechoseavecluietpour
lui.Ainsi,l’expression« prendre soin »n’estpasàconfondreaveccellede« faire des
soins ».PourWalterHesbeen,« prendre soin, c’est porter une attention particulière à
une personne qui vit une situation qui lui est particulière et ce, dans une perspective
de lui venir en aide, de contribuer à son bien-être, à sa santé ».L’objectifestbiende
venirenaideàuntiers,àun« corps-sujet »cequidiffèredevouloirvenirenaideen
attribuantuniquementlepatientàun« corps-objet ».Quelquesoitlecontexte,être
soignant relève fondamentalement d’une intention profondément et généreusement
humaine,concrétiséeparlerespectd’autruietpardesactionspenséesetcrééespour
tenterdevenirenaideàunepersonne.Laformationactuelledesétudiantsensoins
inrmiersetl’organisationont,hélas,tendanceàorienterlesoinprincipalementvers
desactionsobjectives,centréessur« le corps-objet ».
Le temps, un atout pour prendre soin ?
SelonlejournalisteJean-LouisServan-Schreiberg[3],letempspeutsedénirencequi
mesureunetransformation:« Le temps est une ressource démocratique, la différence
vient de l’usage que l’on en fait ».Pourcedernier,danslapostmodernité,« seul le
temps du faire, de l’agir est pris en compte dans notre pratique quotidienne, celui de
la réexion – avant et après – s’est volatilisé ».Ainsi,cettecourseàlaproductivité
quelesacteurssociauxconnaissentactuellement,tantdansleurviepersonnelleque
professionnelle,inuencelespratiquesetlescomportements.Cettequêtecontinuelle
del’efcacitéd’actiondansl’immédiatetésembleainsiinterférersurleprendresoin.
Aujourd’hui, avoir le temps semble être devenu un privilège dans une situation de
soin.Cependant,bienqueletempsest,etresteratoujoursunedimensionsubjective,
tellementdépendantedel’acteuretdelasituationqu’ilvitàunmomentdonné,nous
devonsrestervigilantssurlesensetlesprioritésquenousaccordonsàl’activitédesoins.
Eneffet,celanouspermettraitpeut-êtredeprendresoinetd’éviterainsiuneconfusion,
parfoistroprépandue,entrelanalitéetlesmoyensdel’actiondesprofessionnelsde
santé.Aujourd’hui,laprioritédesinrmièresestdeparvenirà“prendre”lesecteur
desoinsquileurestattribuédanssaglobalitéetdansletempsimparti.Lanotionde
responsabilité étant aussi une forte préoccupation, celles-ci souhaitent prioriser les
soinsprescritsd’ordretechniqueavantceuxrelationnels.Letempsnousapparaîtainsi
commeétantirrémédiablementunfacteurquiinuenceleprendresoin.Est-cel’unique
raison?L’organisationhospitalièreetdesunitésdesoinsnepeut-ellenouspermettre
del’optimiseraumieux?
L’organisation dans les institutions hospitalières, garante du prendre soin ?
L’organisationauseindel’hôpitalestcertescomplexe,maisest-ceuneraisonsufsante
pourexpliquerlanégligenceduprendresoinquenouspouvonsparfoisobserver?
Silesanalysesdusecteurhospitalierrapprochentsouventl’organisationdel’hôpitalau
modèleorganisationnelqu’HenryMintzberg[4]nommela« bureaucratie professionnelle »,
l’hôpital peut également reéter les traits d’une conguration bureaucratique,
missionnaire,ouencore,adhocratique.
Lepersonnelsoignantd’unhôpitalestprincipalementconstituéd’inrmières,d’aides-
soignants et de médecins. Ces derniers possèdent une expertise très pointue sur
laquellel’institutionhospitalières’appuiepourorganiserleurtravail.C’estcequ’Henry
Mintzberg appelle« la standardisation des qualications ».Cettereconnaissancede