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la stéatorrhée (ou diarrhée graisseuse) et le diabète sont généralement absents. Tout au plus peut-on
retrouver une intolérance aux hydrates de carbone. L'amaigrissement est le deuxième signe
fondamental et atteste de l'organicité de la pathologie. Au début de la maladie, il est plus dû aux crises
douloureuses qu'à une maldigestion. Pour sa part, l'examen clinique est le plus souvent pauvre en
dehors des signes cliniques d'alcoolisme chronique. La pacréatite chronique peut également être
découverte du fait d’une complication. C'est un mode de début possible sous la forme d'une
pancréatite aiguë ou d'une autre complication. Enfin, ce qui est plus rare, la maladie peut être de
découverte fortuitement sur l'analyse d'un ASP ou un autre examen radiologique portant sur la région
pancréatique.
Pour établir un diagnostic positif, l’examen clinique est peu révélateur. En effet, en l'absence de
calcifications radiovisibles, la forme de début constitue un des diagnostics les plus difficiles en
pathologie digestive. La notion d'un éthylisme chronique doit cependant attirer l'attention. Douleur,
amaigrissement et ictère sont les signes fondamentaux de la pancréatite chronique. Dans le cadre de
l’analyse biologique, l'amylasémie doit être interprétée avec prudence en dehors d'une pancréatite
aiguë. Des taux légèrement élevés n'ont aucune valeur diagnostic dans la pancréatite chronique. Par
contre des taux élevés pendant plusieurs jours peuvent témoigner d'un kyste pancréatique. D’un autre
côté, l'hyperglycémie provoquée orale (HGPO) peut révéler un état pré-diabétique précédant de
plusieurs années un diabète vrai. Il est également possible de pratiquer un PABA-test qui est un
examen non-agressif consistant en l'absorption d'un peptide sélectivement dégradé par la
chymotrypsine et dont les métabolites sont dosés dans les urines et le résultat exprimé en %. Une
valeur inférieure à 50% peut être considérée comme pathologique, mais n'apparaît que pour une
pancréatite chronique évoluée. Une valeur supérieure n'exclut pas le diagnostic. Les faux négatifs et
faux positifs sont nombreux. Le Pancréolauryl-test repose sur le même principe mais nécessite 2 tests
séparés de 48h00 qui seront comparés. Concernant l’exploration fonctionnelle des sécrétions
pancréatiques, celles-ci sont recueillies par tubage duodénal après stimulation par la sécrétine ou la
cholécystokinine. En cas de pancréatite chronique, la concentration et le débit des bicarbonates et des
enzymes sont réduits. La destruction pancréatique ne se traduit pas toujours par un déficit sécrétoire
et, devant des anomalies, il est impossible de faire la différence entre pancréatite chronique et cancer.
Seules une lactoferrine augmentée et une lithostatine abaissée paraissent spécifiques de la
pancréatite chronique calcifiante. Enfin, la quantification de la stéatorrhée peut constituer un autre
élément diagnostic. Celle-ci n'apparaît effectivement qu'en cas de réduction sécrétoire de 90%. Elle
correspond au dosage des graisses dans les selles recueillies sur 3 jours après charge en beurre
pendant 6 jours. En cas de stéatorrhée, le poids des selles quotidienne est toujours supérieur à 300
grammes jours. Une quantité de graisse supérieure à 7 grammes par jours signe la stéatorrhée. Un
test positif doit être reproduit sous traitement par extraits pancréatiques.
L’imagerie est un autre élément du diagnostic. Un ASP debout (face + profil) doit être pratiquée. Les
clichés, centrés sur les 2 premières vertèbres lombaires, mettent en évidence les calcifications dans la
moitié des cas. Leur siège, leur nombre, leur forme et leur volume sont variables. Exceptionnellement,
d'autres tumeurs pancréatiques peuvent donner des calcifications. D’un autre côté, l’échographie et le
scanner permettent d’apprécier les modifications de volume et d'échogénicité, les dilatations
canalaires et la présence de calculs qui sont les principaux signes échographiques de la pancréatite
chronique. La présence de kyste pancréatique est un argument diagnostic de valeur. Pour sa part, le
scanner n'est fait que si l'ASP et l'échographie sont insuffisants. C'est un examen très sensible pour
mettre en évidence les calculs infraradiologiques et préciser les rapports entre les kystes
pancréatiques et les organes de voisinage. La Cholangiopancréatographie rétrograde endoscopique
(CRPE) fait également partie du bilan préopératoire ainsi que l'artériographie. Elle est ici d'une
importance capitale en mettant en évidence les premières lésions canalaires signant le diagnostic de
pancréatite chronique. Enfin, l’échoendoscopie est encore un examen trop récent pour avoir fait ses
preuves. Les signes de début sont la présence de kystes inférieurs à 1cm et une hyperéchogénicité
parenchymateuse.
En terme de diagnostic différentiel, il faut analyser Les autres syndromes douloureux abdominaux
chroniques. Ainsi, l'ulcère gastro-duodénal présente des douleurs sémiologiquement différentes et
l'endoscopie en fait le diagnostic. De même, dans l'artérite mésentérique ou angor abdominal, les
sujets sont plus âgés, artéritiques et les douleurs sont post-prandiales. La négativité des examens
morphologiques fait pratiquer une artériographie sélective des artères mésentériques qui fait le
diagnostic. Concernant le cancer du pancréas, la douleur est permanente, le sujet plus âgé, l'ictère
d'aggravation progressive avec grosse vésicule. La présence d'une masse pancréatique hétérogène,
de métastases hépatiques et d'une sténose du canal de Wirsung sont des arguments en faveur du