Corrigé de l`entraînement n°10 aux QRC (30 mars 2012)

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Ministère des Affaires Étrangères et Européennes 2011-2012
Préparation au Concours interne de Secrétaire des Affaires Étrangères
Économie internationale
D. GLAYMANN (UPEC)
Corrigé de l’entraînement n°10 aux QRC
(30 mars 2012)
1. Politiques structurelles et politiques conjoncturelles
Exposez ce qui distingue les politiques économiques structurelles des politiques
économiques conjoncturelles en donnant un exemple de chacune d’elles.
Les politiques structurelles mises en œuvre par les pouvoirs publics ont trois
caractéristiques majeures :
- elles visent à modifier les structures socioéconomiques d’un pays ou (d’une
région), qu’il s’agisse des structures de la production (poids des différents
secteurs et branches, spécialisation, développement de « champions »
nationaux…), de la concurrence (limitation des ententes, réglementation de
professions ou d’ouvertures de magasins…), de l’emploi (par secteurs, par
métiers, par qualifications, par âges…), des revenus (parts relatives des revenus
du travail et du capital, échelle des salaires…) ou du commerce extérieur ;
- elles s’inscrivent dans la moyenne ou la longue durée car les structures
évoluent lentement et ne peuvent le faire que sous l’effet d’actions prolongées et
non réversibles ;
- elles s’appuient sur des moyens lourds qui demandent une préparation
importante, qui impliquent une mise en œuvre lente et qui donnent des résultats
progressifs, invisibles dans le temps court.
La politique industrielle et la politique des revenus sont deux exemples typiques
de ces politiques structurelles.
Les politiques conjoncturelles également pilotées par les pouvoirs publics
présentent trois caractéristiques nettement différentes des précédentes :
- elles cherchent à réguler la conjoncture économique en répondant aux aléas
pour influencer les équilibres macroéconomiques (niveau de l’inflation, niveau du
chômage, niveau des échanges extérieurs en lien avec le rythme de la
croissance) ;
- elles s’inscrivent dans la courte durée (la conjoncture), c’est-à-dire des
échéances d’1 trimestre à 2 années en recherchant des effets rapides,
spectaculaires et réversibles,
- elles recourent à des moyens souples pouvant être mis en mouvement sans
délai et dont les résultats sont immédiats ou quasi-immédiats.
La politique monétaire et la politique budgétaire sont les principales politiques
conjoncturelles.
2. Commentaire
Expliquez et analysez la citation suivante : « Le traité de Maastricht a (…) permis aux
banques centrales de confisquer à leur profit une grande partie du policy-mix comme
moyen d'intervention dans les rouages économiques nationaux, ne laissant aux
pouvoirs publics qu’une partie, beaucoup plus réduite qu’auparavant, de ces moyens
traditionnels de peser sur la conjoncture. » (Jacques Manoury, Des Délices de l’inflation
aux affres de la déflation. Une lecture keynésienne de la crise, PURH, 2009, p. 286).
Le policy mix désigne une politique économique conjoncturelle basée sur une
utilisation combinée par le gouvernement des politiques monétaire et budgétaire pour :
- relancer l’activité économique (la production et l’emploi) en injectant de la
monnaie dans le circuit économique (au moyen d’une baisse de certains
prélèvements obligatoires ou d’un accroissement de certains revenus de
redistribution et/ou d’un relâchement des contraintes pesant sur le crédit) afin
d’alimenter la demande (de consommation et d’investissement) en période de
ralentissement de la croissance, de stagnation voire de récession ;
- calmer l’activité économique (la production et l’inflation) en réduisant les
injections de monnaie ou en ponctionnant une partie de la masse monétaire (en
augmentant certains prélèvements obligatoires ou en resserrant les conditions
d’accès au crédit) afin de réduire la demande solvable (devenue source
d’inflation excessive) en période de « surchauffe ».
Ces politiques assez directement inspirées par l’analyse keynésienne du circuit
économique, des équilibres et du rôle majeur de la demande ont été largement
utilisées dans les années 1950-1970 aux États-Unis et dans différents pays d’Europe
occidentale, notamment sous la forme de ce que l’on a qualifié de politiques de « stop
and go ». Elles ont fait l’objet de critiques virulentes des économistes monétaristes qui
en ont fait la cause majeure de l’inflation chronique des années 1970-1980. Ceci a
contribué à réduire leur usage dans le contexte de la « stagflation » où leur efficacité a
été fortement atteinte face à l’inflation et au chômage qu’elles ne parviennent alors
plus à maîtriser et à réduire.
Le développement de l’Union économique et monétaire européenne tel qu’il a été mené
dans les années 1980-1990 et concrétisé par le Traité de Maastricht a fortement
limité la possibilité pour les États signataires de recourir au policy mix en
confiant le pilotage de la politique monétaire à la Banque centrale européenne (ce qui
en prive les exécutifs politiques) et en fixant des fortes limites aux politiques
budgétaires (le déficit budgétaire ne devant pas dépasser 3% du PIB et la dette
publique 60% du PIB), contraintes inscrites dans la durée par le Pacte de stabilité et
de croissance adopté par le Conseil européen d’Amsterdam en juin 1997.
La récente crise financière a néanmoins montré qu’une coordination était possible entre
les gouvernements et la BCE (bien que le Traité ne la prévoie pas) et qu’une relance
monétaire souhaitée par les États était possible. Parallèlement, les règles budgétaires
ont été assouplies d’un commun accord par les pays de l’Eurogroupe compte tenu de la
récession. La perspective d’adoption d’une « règle d’or » empêchant un tel relâchement
et le maintien de la compétence monétaire de la BCE indépendante des États rendent
cependant toujours impossible un recours libre et autonome au policy mix par
les gouvernements nationaux des pays de la zone euro.
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