MALN UTRITION PAR CARE NCE E N M I C RO-N UTRI ME NTS Selon • · o M s . la moitié de la population mondia le est affectée de malnutrition invalidantes : la malnutri­ tion protéino-énergétique, les troubles liés une carence en iode, l'avitaminose A et l' ané­ mie ferriprive. <<Un grand nombre de maladies et de dé­ cès attribués aux principales maladies trans­ missibles sont en réalité dus à la malnutrition qui affaiblit la résistance de l'organisme aux infections», a déclaré le Dr Hiroshi Nakaj ima, Directeur général de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) dans le discours qu'il a prononcé le premier j our du Sommet mon­ dial de l'Alimentation organisé par l'Organi­ sation des Nations Unies pour l'Alimentation et l'Agriculture à Rome, en Italie, du 1 3 au 1 7 novembre 1 996. A la fin de j anvier 1 996, des plans d'ac­ tion nationaux pour la nutrition avaient été adoptés par 98 pays et étaient en cours d' éla­ boration dans 4 1 autres pays, conformément aux engagements souscrits par les partici­ pants à la Conférence internationale sur la nutrition tenue à Rome en décembre 1 992. La situation demeure cependant dramatique à l'échelle mondiale. Plus de 800 millions de personnes dans le monde entier ne peu­ vent toujours pas satisfaire leurs besoins es­ sentiels en énergie et en protéines, plus de 2 milliards de personnes n'ont pas un apport suffisant en micronutriments essentiels et des centaines de millions souffrent d'affections dues à une alimentation malsaine ou désé­ quilibrée. << D 'autre part » , a-t-il aj outé, << à cause de la malnutrition qui sévit dans les pays en développement, 1 7 4 millions d'enfants de moins de cinq ans présentent une insuffi­ sance pondérale et 230 millions des retards de croissance. Les privations, les souffrances et le gaspillage de potentiel humain que re­ présentent ces chiffres sont inacceptables à tout point de vue. Que ce soit par souci hu­ manitaire, dans un esprit de j ustice sociale ou au nom du développement, il importe que les gouvernements nationaux et la com­ munauté internationale s'efforcent de remé­ dier à cette situatio n >> . On reconnaît actuellement que 6,6 mil­ lions de décès d'enfants de moins de cinq ans sur les 1 2 ,2 millions estimés chaque an­ née, c'est-à-dire 54 % des décès d'enfants en bas âge dans les pays en développement, sont dus à la malnutrition . Cette perte de poten­ tiel humain associée aux souffrances humai­ n e s se trad u i t p a r un c o û t s o c ial e t économique qu'aucun pays n e peut suppor­ ter. En 1 990, seuls 53 pays en développe- I.:OMS, travaillant en étroite collabora­ tion avec ses Membres, avec d'autres insti­ tutions du système des Nations Unies et des '' organisations non gouvernementales; met ac­ tuellement l'accent sur les principales formes a m é n a g e m e n t: et: n a t u re - n u m é ro 1 2 3 ment disposaient de données fiables sur la prévalence de l'insuffisance pondérale chez les enfants en bas âge ; en 1 9 9 5 , ces données existent dans 97 pays et comportent pres­ que toutes des précisions sur les retards de croissance et l'émaciation. Dans certaines régions, notamment dans l'Afrique subsaharienne et en Asie méridio­ nale, la stagnation de l'amélioration du sta­ tut nutritionnel de la population associée à une croissance démographique rapide a en­ gendré une augmentation de la population totale d'enfants en état de malnutrition. Ac­ tuellement, c'est en Asie (et en particulier en Asie méridionale) que l'on rencontre la plus forte proportion d'enfants atteints de malnutrition dans le monde (plus des deux t i e r s ) . Vi e n n e n t e n s u i t e l 'Afr i q u e et l'Amérique latine. Plusieurs formes de malnutrition liée à une carence en micronutriments sont des causes importantes d'incapacités et engen­ drent, bien souvent, d'autres types de mor­ bidité. Leur prévalence est encore plus répandue q u e celle de la malnutrition p rotéino-énergétiq ue. En chiffres absolus, la carence en fer est la plus importante de toutes les carences en micronutriments, p uisque près de 1 . 990 millions de personnes souffrent d'anémie et 3 . 600 millions de carence en fer. Il y a ca­ rence en fer lorsque les réserves en fer de l'or­ ganisme sont épuisées. Si l'anémie ferriprive est principalement causée par une carence en fer, les carences en folare, en acide ascor­ bique, en riboflavine et en divers minéraux y contribuent aussi. Les personnes les plus exposées aux ca­ rences en fer sont les femmes en âge de pro­ créer et les enfants de moins de cinq ans, pour lesquels la prévalence avoisinerait les 5 0 % dans les pays en développement. De toutes les regwn s du monde, c'est l'Asie méridionale qui est la plus durement tou­ chée p uisque la prévalence atteint les 8 0 % dans certains pays . Chez les nourrissons et les enfants en bas âge, même une anémie lé­ gère engendre des retards de développement tant sur le plan intellectuel que physique. Chez les enfants plus âges et les adultes, la carence en fer diminue la capacité de travail et la production . Elle est en outre responsa­ ble d'un absentéisme accru et d'accidents du travail. Au cours de la grossesse, l'anémie maternelle aggrave les effets des hémorragies et de la septicémie lors des accouchements et représente un facteur important de mor­ talité maternelle. Elle accroît aussi l'incidence de l'insuffisance pondérale à la naissance, de l'anémie et de la malnutrition protéino-éner­ gétique des nourrissons. S ' il n'existe pas de solution miracle pour remédier à cette situation, une combinaison de méthodes préventives apparaît comme la solution la plus efficace. Une amélioration du régime alimentaire suppose la consom­ mation d'aliments riches en fer et en vita­ mine C et d'aliments d'origine animale et la suppression du thé ou du café avec les repas ou aussitôt après. L'adj onction de fer dans les aliments, notamment dans les céréales de base, est pratiquée dans un nombre crois­ sant de pays. La supplémentation en fer est la méthode la plus courante, en particulier chez les femmes enceintes . Un autre problème essentiel est celui des troubles dus aux carences en iode. La carence en iode demeure l'unique cause importante de lésions cérébrales et d'arriération mentale à l'échelle mondiale. Selon les estimations de l'OMS, en 1 990, 1 . 570 millions de person­ nes, soit environ 30 % de la population mon­ diale, étaient exposées à une carence en iode. En 1 99 5 , l'OMS a estimé à 750 millions le nombre de personnes présentant un goitre. a m é n a g e m e n t et n a t u r e - n u m é ro 1 2 3 Un apport insuffisant en iode pendant la grossesse et la petite enfance entraîne une déficience mentale chez les j eunes enfants. Une carence même marginale peut provo­ quer un retard de développement mental al­ lant j usqu'à 1 0 points de Q. I . I.:objectiffixé pour l'an 2000 est l'iodation correcte d'au moins 90 o/o du sel de consom­ mation, y compris le sel utilisé pour la con­ sommation animale et celui qui sert à la préparation de denrées alimentaires couran­ tes telles que le pain. Plusieurs régions, et notamment l'Afrique occidentale et centrale, auront besoin d'un appui supplémentaire pour parvenir à cet obj ectif. Une évaluation de la prévalence des ca­ rences en iode, qui vient d'être réalisée dans 1 06 pays en développement, a révélé que la carence en iode était un problème de santé publique pour plus d'un million de person­ nes ou pouvait le devenir si l'on mettait fin aux programmes d'iodation du sel. Bien que ce problème demeure extrêmement préoc­ cupant à l'échelle mondiale, de nombreux pays font preuve d'un dynamisme croissant et enregistrent des résultats mesurables dans la lutte contre la carence en iode. Il n'existe encore aucun pays dans lequel l'iodation universelle du sel se soit avérée impossible ou plus coûteuse qu' une autre solution. Il y a carence lorsque le régime alimen­ taire contient des apports insuffisants en vi­ tamine A pour remplacer la quantité utilisée par les tissus. Les conséquences sont une perte de la vision crépusculaire, voire la xérophtalmie cécitante et la destruction de la cornée. La carence en vitamine A est la principale cause de cécité chez les j eunes enfants. Alors que les affections causées par une carence en vitamine A sont un problème de santé publique, les taux de mortalité in­ fantile ont été réduits de 20 à 30 % . Plusieurs méthodes d e prévention e t de traitement de la carence en vitamine A ont été expérimentées, y compris l'amélioration de la production et de la consommation d'ali­ ments riches en vitamine A ou en carotène, tels que les légumes verts, les légumes et les fruits de couleur orange et le foie, les œufs et les produits laitiers, lorsqu'ils sont disponi­ bles. I.:enrichissement des matières grasses (margarine) a été introduit avec succès dans les pays industrialisés et on en a fait de même avec le sucre, également avec succès , en Amérique centrale. Une autre stratégie qui s'est avérée utile est la l'administration de doses importantes de vitamine A tous les quatre à six mois aux enfants d'âge présco­ laire et aux femmes allaitantes . La troisième carence en micro-nutriments par ordre d'importance est l'avitaminose A qui est officiellement reconnue dans 76 pays comme un problème maj eur de santé publi­ que. On estime à 2 , 8 millions le nombre d'enfants de moins de cinq ans souffrant d' af­ fections liées à cette carence et 2 5 8 millions ont été diagnostiqués comme étant atteints de déficience biochimique. C'est en Asie du Sud-Est que l'on trouve la prévalence et les effectifs les plus importants . Comme le Dr Nakaj ima l'a relevé dans son discours, «La mondialisation de l'indus­ trie, du commerce, des voyages et des com­ munications a o uvert des possibilités de coopération internationale sans précédent dans la lutte contre la faim et la malnutri­ tion. Toutefois, on s'accorde aussi à recon­ naître que la qualité de certains aliments et les aspects culturels liés à leur production, à leur distribution et à leur préparation sont essentiels pour l'amélioration du régime ali­ mentaire. Si l'on ne tient pas suffisamment compte de ces éléments, il sera difficile de progresser sur la voie de l'amélioration de la a m é n a ge ment n u m é ro 1 2 3 sécurité alimentaire des ménages, de la pro­ motion de régimes alimentaires équilibrés, de la lutte contre les carences en micro nu­ triments, de la promotion de l'allaitement au sein et des autres stratégies énumérées dans le plan d'action adopté en 1 992 (par la Conférence internationale sur la nutrition à Rome) . Dans ce domaine, nous avons beau­ coup à apprendre du réseau impressionnant d'ONG et de groupes communautaires tels que les associations d'agriculteurs et de fem­ mes qui s'occupent de ce genre de problè­ m e s , n o t a m m e n t p o u r i n s taurer des pratiques plus équitables a u sein des com­ munautés et des familles . Ce genre d'asso­ ciations j o ue en effet un rôle prépondérant dans la recherche de solutions efficaces et du­ rables » . GROUPES DE POPULATIONS TOUCHÉS PAR LES CARENCES E N MULTI-NUTRJMENTS ( 1 9 9 5 ) Troubles dus à la carence en Iode Goitre (a) Carence en vitam i n e A Xérophtal m i e (b) Anémie (c) Anémie ferri p rive ( d) Carence e n fer (e) ( m i l l ions) (mil lions) ( m i l l ions) ( m i l l ions) ( m i l l ions) 1 36.00 1 . 05 233.70 2 1 0 . 30 420 . 70 50.00 0.06 1 4 1 .70 1 27.60 255. 1 0 2 1 3.00 1 . 45 765.20 688 .60 1 377 .30 89.00 NA 79.80 7 1 .80 1 43.60 Méd ite rranée orientale 1 1 6.00 0.1 6 1 79 . 50 1 6 1 . 50 323. 1 0 Pacifique occidental 1 56.00 0. 1 3 587.40 528 . 70 1 057.40 TOTAL 760 . 00 2.85 1 987.30 1 788.50 3 577.20 Région OMS Afrique Amériques Asie d u Sud- Est E u rope a) population touchées par le goitre à tous les stades (chiffres basés sur les taux cumulés en 1 99 5 ) . b ) Données d e 1 995 pour les enfants d e moins d e 5 ans. c) Chiffres sur l'anémie basés sur les taux de prévalence régionauxcalculés à partir des données nationales pour les divers groupes d'âge (enfants de 0 à 5 ans et de 6 à 14 ans, les hommes et les femmes de 1 5 à 59 ans, ainsi que les adultes au-delà de 60 ans) . d) L'anémie ferri prive constitue environ 90 % de routes les anémies. e) Les sujets ayant une carence en fer sont à peu près deux fois plus nombreux que ceux a m é n a g e m e n t: et: n a t: u r e - n u méro 1 23