APPROCHES DE L`URBANISATION DU BATI ET DE SES

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APPROCHES DE L'URBANISATION DU BATI ET DE SES TECHNIQUES
DE 1870 A 1920 ENVIRON
A SAINT - DENIS
G. CHARRIERE ET KIS J.C.
ARCHITECTES D.P.L.G.
SERVICES TFr.HNIOUES TOCTPAIiV
1)
PRELIMINAIRES
Une étude statistique révélait, il y a quelques années,
l'ancienneté du patrimoine bâti de la ville.
Nous pouvons remarquer que 42,6 % de ce dernier est
antérieur à 1914.
D'autre part, la population de SAINT-DENIS passera de
3.000 à 60.000 habitants entre 1800 et 1914, la courbe démographique
s ' accentuant à partir de 1850.
Il s'avère donc que l'étude de l'urbanisation de SAINTDENIS entre 1870 et 1920, constitue en grande partie la trame
urbaine qui a persisté jusqu'à nous.
L'urbanisation n'est pas pré-établie. Elle est une donnée
vécue et vivante intégrant un processus engendré
par tel ou tel
système de production et par les différentes phases de son développement, avec des pratiques sociales déterminées par l'évolution des
forces productives et des rapports de production.
Le constat des années 1870 à 1920 ne peut se faire, sans
prendre référence d'abord à l'évolution spatiale.
Prendre en compte cette période, c'est nécessairement, aussi,
connaître l'histoire qui la précède avec ce qu'elle lui apporte au
niveau de la structure urbaine en place (quartiers, ilôts, voirie,
équipements) .
- 2 -
) LE SITE
A
Dés la période antique et médiévale, le site a une grande
importance car il réunit les conditions géographiques favorables
au développement urbain :
- une plaine près d'un méandre de la Seine, au nord de
PARIS à quelques lieues de Notre-Dame (9 km) •
- un carrefour : quatre routes nord, sud, est et ouest
avec une voie principale, celle qui mène à PARIS.
- la ville s'établira au bord de la Seine et des affluents
qui sinuent dans le point le plus bas de la cuvette de la région
parisienne, laquelle est périodiquement soumise à inondations (au
moyen-âge jusqu'au pied de l'abbaye) : la cité sera presque hors d'eau,
sur un relief légèrement plus élevé. Situation différente de PARIS
où le fleuve est au coeur de la ville.
En 1870, la vocation topographique du lieu est inchangée ;
avec ses rivières non canalisées et le cours de la Seine sans
barrages de régulation
SAINT-DENIS subira de plein fou<=t la
grande crue de 1910.
B) L'HERITAGE DU PASSE
a) La
cité médiévale se présentant comme un système clos
constituant une unité, celle-là
est définie par la séparation
entre ville et campagne. C'est l'enceinte, un mur continu, qui définit cette unité, laquelle parait structurée par la hiérarchie que le
"noyau central" établit entre les différents quartiers.
Ce noyau est très étendu et excentré, il constitue presque
la moitié de l'intérieur de la ville. C'est un ensemble de constructions importantes regroupées : la basilique, lieu de culte communautaire ouvert à la ville et offrant l'asile, l'abbaye contigue,
siège du pouvoir religieux, économique et politique.
- 3 Ce centre est intimement lié au reste du tissu urbain ;
d'abord par un axe est-ouest dont il est l'aboutissement et aussi
par le noyau médiéval qui s'agglutine autour de lui en un réseau à
peu près rayonnant de relations denses. La Basilique n'est pas
seulement le coeur de la cité, mais elle est aussi, avec sa
rue, l'élément structurant.
Les quartiers s'organisent autour des principales rues.
Celles-ci relient les trois églises originelles entre-elles.
Certains des cours d'eaux affluents de la Seine, irriguent
la cité après avoir défini au nord une zone marécageuse insalubre.
Ils traversent les quartiers, mais à l'intérieur des ilôts.
Les maisons des artisans donnent devant sur la rue et
derrière sur le "ruisseau". L'abbaye exploite lavoirs et moulins
dans sa propriété urbaine, ceux situés près de la Seine étant également sous sa dépendance. Les espaces non construits servent de
jardins ou de potagers, ils sont attenants aux bâtiments pour constituer un parcellaire fortement hiérarchisé dans lequel l'abbaye se
taille la part du lion.
En l8?0, il reste donc encore des traces de toute cette
structure urbaine médiévale.
b) Sous la monarchie absolue et le début du stade
manufacturier
La forme urbaine s'est modifiée d'une façon relativement
cohérente tout au long du moyen-âge jusqu'au XVIème siècle.
En examinant les cartes du XVIlème et du XVIIlème siècle,
nous constatons immédiatement que de profondes transformations
morphologiques se sont produites ;
Au XVIème siècle :
- création d'une maison commerciale au bord du fleuve ,
La Maison de Seine.
./•
- 4 -
- construction d'une nouvelle enceinte fortifiée.
Dans la première moitié du XVIlème siècle
de nombreux couvents,
surtout de
Au XVIIIème siècle,
création de nouvelles voies
:
installation
congrégations féminines.
modification du tracé intérieur et
:
- route des Poisonniers reliant la Maison de Seine à PARIS,
elle trouve son tracé définitif car sa datation se situé à l 'épooue
romane
- 1725, percement de la rue d'Enghien (rue de PARIS) ,
- construction de la route
reliant SAINT-DENIS à
VERSAILLES par NEUILLY,
- construction d'une nouvelle route de la Chapelle à la
Porte de Paris,
Apparaissent aussi comme équipements nouveaux :
- 1756,
construction par Charles Axel Guillaumot de la
caserne des Suisses de la Garde
- 1764,
(et détruite seulement après 1968) ,
inauguration du dépôt de mendicité sur l'emplace-
ment d'une ancienne manufacture de cuir
- 1767,
existant encore en 1870,
agrandissement de l'abbaye par Robert de Cotte,
avec ses bâtiments toujours en place,
- 1770,
Mique,
construction de la Chapelle des Carmélites par
aujourd'hui Tribunal d'Instance.
L'ancienne commune médiévale change donc d'aspect et lègue
aux citadins du XlXème siècle d'autres données urbaines.
Aussi une
enceinte plus large est construite pour
répondre aux nouvelles règles de l'art militaire
armes à feu)
;
(due à l'usage des
elle ne délimite pas de nouveaux espaces et son tracé
ne présente pas le caractère ordonnateur de celles qu'établira VAUBAN
pour d'autres cités.
- 5 -
Par contre,
le percement de la rue d'Enghien
(rue de PARIS),
qui traverse SAINT-DENIS de part en part et coupe l'axe est-ouest,
institue un nouveau système morphologique qui existe encore,
d'hui,
et qui donnera l'occasion,
de 1870 à 1920,
aujour-
de construire
encore davantage ou mieux de part et d'autre de cette voie Nord-Sud.
La rencontre desdites rues définit en outre un lien particulier ;
dans son ensemble le nouveau tracé ainsi créé est un élément
ordonnateur du système urbain.
Cette nouvelle forme vient
sans la détruire.
se superposer à l'ancienne mais
Cette amélioration de la circulation à l'intérieur
de la ville s'est faite avec une relative adaptation du tracé au
parcellaire existant.
L'abbaye à travers ses transformations successives,
par ailleurs tendance à se refermer sur elle-même,
aura
ne mettant en
représentation que la façade de l'église.
D'autre part,
té
:
il s'effectue un déplacement de 1 ' attractivi-
les quartiers marchands autour de la Basilique se voient concur-
rencés,
du point de vue de leur attraction,
par le quartier sud où
s'installent les couvents.
Le système de relation de la ville avec son milieu
(système viaire)
et les relations de celle-ci avec l'extérieur prend
de 1 ' ampleur:
- la Maison de Seine vient renforcer la relation entre la
ville et le fleuve,
il n'y a plus juxtaposition mais liaison concrète.
- aux chemins tortueux et précaires se substitue un réseau
de routes rectilignes,
plantées d'arbres.
. d'une part une série de grandes liaisons avec
les lieux de résidence royaux
Révolte vers VERSAILLES,
:
route de la
route de PARIS.
• /.
- 6 . d'autre part, système reliant la constellation
des résidences aristocratiques établies aux
alentours de SAINT-DENIS ( châteaux de STAINS,
SAINT-OUEN, la BRICHE) .
La ville est un des points d'articulation de ce réseau,
et en fait partie intégrante.
La construction de la caserne en dehors de l'enceinte
vient renforcer la prégnance de ce système de liaisons multiples,
ce rôle d'articulation étant ici accentué par la production d'un
espace : une place ronde distribuant les différents axes de
communication .
L'ancienne ville féodale perd du terrain mais existe encore
La seule transformation importante que subira le noyau médiéval sera
la construction du dépôt de mendicité, enclave importante, certes,
mais limitée et exceptionnelle.
La forme urbaine a profondément évolué mais de façon diversifiée : les additions externes, les percées et les substitutions
renvoient à de nouvelles pratiques sociales. Anciennes et nouvelles
parties de la ville concourent à définir un nouvel "objet urbain",
produit et reflet d'un nouveau système économique, politique et
culturel .
Car ce qui caractérise la situation économique, c'est alors
le développement du capitalisme marchand et manufacturier.
La bourgeoisie commence ses entreprises ; à SAINT-DENIS
les drapiers ont obtenu privilèges dés 1319. Les commerces et les
échanges se développent ; la ville, qui jouit de la proximité de
PARIS, sera une étape de transformation finale des produits manufacturés, principalement pour les produits textiles. Les cours d'eau et
les moulins sont là qui permettent l'apprêt et le finissage des draps
De 1870 jusqu'à nos jours, ici, où là, demeurent encore, exploités
ou non, les bâtisses correspondant à ce développement, à cette époque
de la bourgeoisie naissante malgré les vicissitudes politiques.
Dans la ville les congrégations s'installent richement ;
dans la campagne l'aristocratie établit ses résidences.
• • • / • • •
PARIS n'étant pas loin, la noblesse de robe est aussi
présente. De belles maisons, près de la Basilique s'érigent et
résisteront jusque vers les années 1970 à l'absence d'entretien et
à la pioche des démolisseurs.
L'évolution morphologique que nous venons de décrire est
l'expression de l'appropriation par la noblesse de l'espace, mais
ceci est le résultat d'un processus dont les bases remontent à la
féodalité .
Le réseau est en partie constitué, la structure urbaine
peut déjà fonctionner selon de nouvelles règles (l'axe nord-sud est
un élément urbain si utile qu'il joue encore aujourd'hui un rôle
important) .
c) La période 1815-1845, base de l'industrialisation de
SAINT-DENIS, à son tour, apportera son patrimoine aux usagers de la
ville entre 1870 et 1920.
Jusqu'en 1815, la structure urbaine reste dans l'ensemble
celle de l'ancien régime. C'est sous la Restauration et la Monarchie
de Juillet que d'importantes transformations morphologiques vont se
produire .
Les principales étapes du processus sont :
- 1816, comblement et assainissement des fossés par la
Municipalité ,
- 1821, ouverture du Canal Saint-Denis au trafic,
- 1829, inauguration du premier théâtre - 39, rue de Paris
(ancienne Chapelle Sainte Croix) ,
- 1832-1835, travaux de dérivation et d'assainissement des
cours d'eau au nord de la ville,
- 1841, début des travaux de défense autour de PARIS,
construction des forts de la double couronne, de la Briche et de
1 ' Est.
- 8 -
- 1844,
inauguration des deux ponts de l'Ile Saint -Denis
et de la Garenne/Gennevilliers
(entreprise menée à bien par
des
personnes privées : les frères SEGUIN qui perçurent un péage jusqu'en
1887) ,
- 1844, fondation des abattoirs,
- 1845,
fin des travaux de défense,
- 1846,
ouverture de la gare du nord,
- 1859,
annexions des communes divisées par la ligne des
fortifications
(commune de la Chapelle à cheval sur PARIS et SAINT-
DENIS) , extension de la zone à l'octroi.
- 1856-1860, extension des gares marchandises à la
Chapelle,
- 1861-1865, agrandissement de la gare du nord.
Les invasions de 1814-1815 ont suscité chez les dirigeants,
le désir de renforcer le potentiel défensif de PARIS, d'où mise au
point d'un double système.
D'une
part, la protection de PARIS par un système de
fortifications continu, d'autre part une série de forts en avant poste,
disposés aux points stratégiques dont Saint-Denis fait partie, dispositif constitué d'une ligne de fortification au nord et à l'est renforcée par trois forts
(qui ne seront que détruits ou rognés qu'après
la dernière guerre mondiale) .
Par ailleurs, on expropria et coupa en deux certaines
communes limitrophes de PARIS.
La barrière de l'octroi ne correspondait plus aux limites
de la ville et une population pauvre s'installa sur les terrains
auxquels était rattachée une servitude militaire.
Le front des guinguettes reculait, celui des zone de
décharges et de services notamment les cimetières
également.
- 9 Ces transformations successives, étalées sur environ trente
ans, vont profondément modifier le paysage ; elles détermineront
dans une grande mesure les conditions du développement urbain futur.
Trois points sont plus particulièrement à noter :
- les modifications de la relation entre SAINT-DENIS
et PARIS,
- la nouvelle périphérie de SAINT-DENIS,
- la création d'une zone particulière au nord de
la ville.
La délimitation des zones d'influences respectives de PARIS
et SAINT-DENIS va se faire au détriment de la Chape lle^ PARIS englobant
une partie de la Plaine Saint-Denis, soit la moitié de la commune de
la Chapelle.
La mise en service du canal va renforcer les liaisons
fonctionnelles entre les deux villes. De grandes parcelles de terrain
se substitueront, en tant que support morphologique, au parcellaire
rural traditionnel. La mosaïque des petites parcelles cédera la place
à un assemblage de grande zone.
Au niveau du noyau urbain, l'évolution se fait en deux
étapes .
Les anciennes fortifications, tombées en désuétude, sont
aménagées. La municipalité comble et assainit les fossés. L'enceinte
n'est plus une barrière physique insalubre. Sa réappropriation sous
forme de boulevard est alors possible. C'est l'amorce d'un premier
développement périphérique. Des obstacles subsistent. La zone nord
est sujette aux inondations, le Rouillon, la Vieille Mer, provoquent
des dégâts, au sud, le Rû de Montfort également.
Des travaux doivent être entrepris. En 1835, les zones
insalubres sont peu à peu asséchées.
Ces opérations contribuent donc à créer un espace viable
autour de la ville. Les éléments qui préexistent vont orienter les
- 10 -
zones d'extension possibles.
Au nord,
nord-sud,
l'extension ne peut se faire qui suivant un axe
en dépassant la Caserne.
A l'ouest,
la Maison de Seine constitue déjà un noyau
urbain solide et autonome.
Au sud,
le tracé du canal vient limiter la zone d'extension
possible à une frange relativement étroite sauf
au niveau du Rû de
Montf ort .
Le canal,
les voies de chemin de fer, la Seine,
les ouvrages
de la défense de SAINT-DENIS, qui constituent une solide ceinture au
nord et à l'est de la ville vont jouer le rôle de limites physiques
extrêmes du futur développement.
Or, quelles sont les données économiques et politiques
qui ont présidé à ces transformations ?
Il y a eu la révolution de 1789 et la prise du pouvoir
par la bourgeoisie. La frange la plus lucide de l'aristocratie
s'y est ralliée.
Dans la région parisienne bien qu'une activité manufacturière existe depuis la fin du XVIIème siècle et le début du XIXème
siècle,
le développement de la grande industrie demeure faible. La
haute finance hésite encore à investir.
Les possibilités de profit sont cependant importantes dans
le secteur du transport.
Un exemple intéressant, ce sont les conséquences de la
réalisation du canal
: le trajet sur la Seine est raccourci et en
1922 la liaison du canal de l'Ourcq avec le canal Saint-Denis et
Saint -Martin, assure la jonction avec le réseau fluvial de l'est.
/..
- 11 -
Pour le chemin de fer,
la Municipalité bourgeoise de
Saint-Denis comprit très bien l'intérêt de l'opération
:
elle décida
de l'emplacement de la nouvelle gare sur le terrain de la Maison de
Seine.
La place est idéale,
les liaisons sont aisées avec la ville,
la Plaine et tous les réseaux de communication.
La valorisation de la banlieue par une infrastructure
s'accompagne de la mise en place d'un dispositif militaire qui
permet
:
lja redéfinition des statuts des éléments urbains
Denis et la Plaine,
:
Saint-
Paris et la zone des fortifications.
la protection de ces infrastructures,
le contrôle et la
répression éventuelle des travailleurs qui s'installent dans cette
zone .
Sur le plan urbain,
le territoire est aménagé pour permettre
le développement de la production capitaliste,
le ville
e
la mutation de la Vieil-
t i e rejet des travailleurs dans certaines zones rési-
duelles .
00O00
LA GRANDE
INDUSTRIALISATION
Il nous reste à mettre en place la période qui nous
intéresse plus particulièrement 1870-1920.
séparément deux éléments
urbaine du "centre",
:
Pour cela,
nous analyseront
la zone d'industrialisation et l'évolution
bien que ces phénomènes soient concomitants.
./•
A partir de 1850,
l'évolution de Saint-Denis Se diversifiera
D'une part le centre va se restructurer,
la proche périphérie de la
ville va être urbanisée, d'autre part la Plaine Saint-Denis va
s ' industrialiser.
A)
L'industrialisation de la Plaine Saint-Denis
C'est un phénomène complexe car il est dans ce cas synonyme
de la création de la banlieue parisienne.
Il est difficile de ne considérer la structure morphologique
de ce nouveau système urbain que d'un point de vue formel. En effet,
ayant à observer des phénomènes directement liés au développement
du mode de production capitaliste, à la grande industrie,
on
doit
tenir compte du fait que la mise en place d'un nouvel appareil
productif est très fortement déterminé économiquement et politiquement
Essayons donc de différencier les systèmes caractéristiques
de la Plaine Saint-Denis,
chacun de ses systèmes ayant une logique
propre exprimant d'une part sa structure interne (taille des parcelles
relation aux voies de communication) d'autre part les différents
types d'unités productives existantes.
a)
Analyse de la Plaine en 1850
La zone la plus dense est celle qui a été déjà valorisée
dans la période précédente : c'est la zone comprise entre la ville
de SAINT -DENIS et la Seine à l'ouest. De part et d'autre de la voie
est-ouest qui prolonge le pont, on voit s'établir des usines.
C'est en effet une zone particulièrement bien desservie,
surtout après la création d'une voie routière la reliant directement
à PARIS
(ancienne route des Poisonniers) .
- 13 -
Les usines disposent d'un choix entre chemin de fer et voies fluviales
pour leur approvisionnement;
SAINT-DENIS avec ses travailleurs est
toute proche à partir de la gare qui est le point névralgique. Au
sud,
ce sont des bâtiments de taille moyenne orientés plus ou moins
régulièrement est-ouest,
parcellaire,
suivant sans doute l'orientation de l'ancien
mais aussi le tracé du chemin de fer et le canal Saint-
Denis. Au nord,
les lignes de chemin de fer définissent de grandes
parcelles triangulaires qui sont loties d'un seul tenant
l'usine des chantiers de la Loire). Ce
(exemple
sont des espaces directement
résiduels du système de chemin de fer.
Puis l'implantation change et c'est la zone au nord-ouest
qui est occupée.
La densité de bâtiments industriels y est forte.
Ils sont orientés nord-sud et semblent constituer un système plus
compact.
C'est l'occupation de l'ancienne zone des Moulins assainie.
Cette occupation semble se faire par l'acquisition de grandes
surfaces,
non desservies directement.
dernières zones industrialisées
C'est sans doute une des
(fin du XlXème) ,
si l'on met à part
le petit noyau urbanisé près de la gare,, qui est un prolongement du
centre de SAINT-DENIS.
Il n'y a pas de logements c'est un espace de
production .
b)
Le système linéaire de la route de PARIS
L'axe routier direct est certainement un lien évident
pour une installation industrielle.
Nous noterons que ce système n'est pas purement usinier.
Il est mixte et la voie est le support d'une urbanisation hétéroclite
(petites impasses,
systèmes de coins de croisement,
de petites parcelles)
surdensif ications
abritant logements ouvriers et ébauche de centre
avec école et église. L'urbanisation s'est faite en partant de PARIS
plutôt que de SAINT-DENIS.
c)
Le système linéaire de la route de Saint-Ouen
à Aubervilliers
C'est un ancien chemin rural qui est resté sinueux.
joint les deux seuls éléments urbains anciens de la Plaine
château de Saint-Ouen et le village d 1 Aubervilliers ,
:
Il
le
ces centres
- 14 sont secondaires par rapport à PARIS et SAINT -DENIS.
discontinu :
Ce système est
il traverse la voie de chemin de fer et ses emprises
à l'ouest de la route de PARIS et va se fondre dans la complexité
r
du réseau de SAINT-OUEN.
^)
La fonction des deux systèmes précédents
Les deux systèmes ne peuvent être définis isolement car
ils sont liés et constituent avec l'embranchement du chemin de fer,
un système global qui a des articulations
- le croisement route de PARIS,
AUBERVILLIERS,
voie de chemin de fer.
points privilégiés
"noyau urbain"
route de SAINT-OUEN à
C'est un lieu défini pour des
(les coins), lesquels sont le support d'un petit
sorte d'étape entre PARIS et la PORTE DE PARIS,
- l'intersection route de PARIS,
seconde étape,
:
moins structurée
:
chemin des quatre routes,
on peut y distinguer
"un coin" et
un petit système linéaire.
B)
Le carrefour Pleyel
Le constituent d'une part,
l'intersection de deux des
trois voies reliant SAINT-DENIS à PARIS
l'ancienne route des Poisonniers,
:
la route de la Révolte et
et d'autre part l'existence d'une
vaste propriété foncière sur laquelle s'est installée l'usine des
pianos Pleyel.
mixte
Ce carrefour se développe comme un système autonome
(habitat + équipement + usine)
possédant sa propre complexité
:
organisation orientée des parcelles suivant une logique autonome au
carrefour
(due sans doute à l'ancien parcellaire rural)
d'axe structurant joué par les avenues,
secondaires
:
et rôle
enfin systèmes greffés
impasse pavillonnaire et avenue privée de l'usine
électrique .
C)
Le système des grands espaces industrialisés
- Les grandes propriétés foncières
:
c'est notamment
l'usine à gaz organisée en deux grandes parcelles au nord de la route
de SAINT-OUEN à AUBERVILLIERS de part et d'autre de l'avenue de
PARIS et l'usine électrique à l'est du carrefour Pleyel sur les
SYSTEME VES GRANDES PROPRIETES
INDUSTRIELLES, L'USINE A GAZ ET LES MAGASINS GENERAUX
- 15 -
berges de la Seine.
Ce sont de grandes propriétés d'un seul tenant,
définies par les voies de circulations,
et qui ont leur organisation
interne.
La zone sud des entrepôts de la ville de PARIS est aussi
très étendue
:
sa forme générale reste semblable
par les grandes infrastructures)
différente
;
il y existe,
mais son organisation interne est
en effet,
issues de l'ancien réseau rural,
(espace déterminé
un réseau interne de voies
et dans les parcelles ainsi définies,
un remplissage systématique par des bâtiments industriels orientés
nord-sud,
éparpillés de façon homogène,
les causes de cette organisa-
tion étant les embranchements ferrés qui aboutissent à chaque
ensemble de bâtiments.
En outre,
d'éléments
:
il faudrait encore définir deux grands groupes
- d'une part,
le réseau du chemin de fer,
très long
dans sa partie sud avec sa propre logique fonctionnelle
gare de triage)
;
il se rétrécit
vers le nord.
(hangars,
C'est un espace non
urbain mais qui joue cependant un rôle comme structure fixe rigide
dont la présence ne peut être ignorée.
Il fonctionne plutôt comme
un obstacle au développement des systèmes d'urbanisation que nous
avons définis ) au niveau de l'ensemble de la Plaine,
il est un
support concret du développement industriel.
Quelles sont les bases économiques qui ont présidé à ce
développement industriel avec sa répercussion en ce qui concerne
l'urbanisation ?
L'activité industrielle est à l'origine textile,
de la laine et des étoffes.
15000
personnes,
traitement
En 1855 sur une population estimée à
on compte trois à quatre mille employés dans
l'impression sur étoffe.
Les usines d'impression sont au nombre de
22 et l'on dénombre également 16 laveurs et marchands de laine.
1844,
des abattoirs neufs sont créés.
En
La Foire du Lendit est devenue,
depuis 1813 ? foire des moutons.
Dés la fin du XIXème siècle,
activité métallurgique et chimique.
on remarque l'existence d'une
- 16 L'évolution de l'industrialisation et du capitalisme de
production vont déterminer des étapes de l'installation des industries
de plus en plus diversifiées et compétentes.
Entre 1860 et 1870, s'établissent :
- 7 usines chimiques,
- 6 entreprises métallurgiques,
- 2 verreries,
- 1 fabrique de pierres,
- plusieurs manufactures de peaux, maroquiniers.
Entre 1870 et 188 0, la croissance continue mais surtout
dans le domaine de la métallurgie.
- 5 usine métallurgiques,
- matériels de guerre, charpentes métalliques,
- matériels roulant pour les chemins de fer,
- 4 usines chimiques,
<
- 1 manufacture d'orfèvrerie (Christof le) .
Entre 1880 et 1900 la croissance se maintient :
- 7 nouvelles entreprises chimiques,
- 6 nouvelles entreprises métallurgiques,
Les entreprises existantes se développent et
diversifient leurs activités . Des industries
diverses se créent : société de travaux publics,
imprimeries, usines électriques.
PARIS est proche et en 1860 l'élargissement des limites
de l'octroi a déjà favorisé l'exode de l'industrie parisienne vers
des zones non taxées. La Plaine est libre, proche et bénéficie
d'une infrastructure de transport en plein devenir.
L'industrialisation de la Plaine Saint-Denis est un des
éléments principaux de la formation du capitalisme parisien.
■ /•
Le cadre général de l'évolution est défini par le tracé des
infrastructures de transports, la place et la hiérarchie des noyaux
urbains existants, les unités de production s 1 établissant suivant
leur capacité propre d'acquisition foncière en récupérant l'espace
rural.
Entre 1900 et 1918, il semble que le mouvement d'extension soit
arrêté; l'espace est occupé dans sa plus grande partie. Les entreprises vont évoluer dans un système déjà fixé, des modifications internes se produiront, mais le passage est effectué. Le milieu est maintenant urbain, la banlieue existe comme nouveau système, produit et
résultat de l'économie capitaliste. C'est l'espace usinier qui domine;
l'habitat sauvage au coopératif ouvrier sera relégué dans les interstices , éparpillé et souvent contrôlé par le patronat. De petits
centres se créeront (Pleyel, La Plaine) regroupant bistrots, restaurants, échoppes, mais ils seront vite dominés par des bâtiments institutionnels appropriés (Eglise, Ecole) .
L'URBANISATION DU CENTRE
Quelques dates d'opération ponctuent cette période :
- 1864-1866 une fontaine est construite place auy Gueldres .
- 1867 Viollet-Le-Duc sur une commande municipale construit la
nouvelle église de Saint-Denis de l'Estrée. Celle-ci est le
support d'un nouveau tracé urbain reliant la gare à l'axe
Est-Ouest.
Il y a aussi la construction de l'Hôtel de la
Sous-Préfecture qui deviendra ensuite un orphelinat, existant aujourd'hui encore.
- 1883 Réalisation
d'un nouvel hôtel de ville
- 1890 Démolition du dépôt de mendicité
- 1891 Rachat du dit terrain
par la Municipalité
- 1893 Inauguration du nouveau marché, construit sur ce terrain
- 1896 Le couvent des Carmélites devient siège de la Justice
de Paix.
- 18 -
- 1900, construction d'un nouveau théâtre.
Entre 1860 et 1900, le centre de SAINT-DENIS va se transformer profondément.
L'axe Saint-Denis de 1 ' Estrée-Basilique était jusqu'alors
éléments structurants, mais il est nécessaire que la ville intègre
les nouvelles valeurs de l'industrie. Pour cela un axe reliant deux
églises ne suffit plus. La gare excentrée devient un point d'activité
dominant. Mais celle-ci est isolée du centre (il faut franchir le
canal) . Elle ne peut donc pas définir une nouvelle centralité.
Viollet-Le-Duc va donc 1 ' intégrer à un nouveau système
axial, cette nouvelle opération articulée autour de la nouvelle
église de l'Estrée se réalise par la symétrie. Mais cette symétrie
est un artifice car la voie nord ne débouche sur rien ou presque, la
voie sud par contre relie la gare à l'église. Celle-ci sert de relais
pour réaliser la jonction avec l'axe urbain.
Un urbaniste écrit à ce sujet :
*' Le système voyer est redéfini de plusieurs
manières :
- le tracé nouveau est à vif, sur les parcellaires
existants : c'est l'opération de l'Estrée,
- l'élargissement des voies intérieures, sans
doute l'axe de la Basilique et de l'Estrée,
qui permet une substitution typologique du type
Haussmanien ,
- le remodelage des boulevards circulaires surtout
à l'ouest, avec la transformation en place de
l'espace résiduel entre le boulevard et la caserne,
et l'ordonnancement de la Porte de Paris, (une
place semi-circulaire et un espace intégrant
l'avenue de Paris, la route de la Révolte et
l'écluse du canal dans une axialité) .
Le nouvel Hôtel de Ville, construit dans la même
période oppose une monumentalité laïque à la
Basilique. Le dernier espace public (la place aux
Gueldres) , est aussi remodelé et assaini par
l'installation d'une fontaine publique.
- 19 -
Ces opérations vont rendre possible l'appropriation d'une grande partie de l'espace par la
bourgeoisie triomphante. . .
un nouveau quartier périphérique proprement
bourgeois,
avec un nouvel espace urbain à l'ouest,
auteur des boulevards nouvellement créés
:
Une de* opération* exemplaire* par *a cohérence urbaine e*t la
réalisation en 1885 du *quare Thier*, aujourd'hui équare fierté Ve Geyter. Van*
tt compte. rendu du Con*eil Municipal tenu lu 23 Novembre 1882, l'on peut lire
le* recommandation* *uivante* :
" Monsieur le Maire informe le ConAQ.il que le* terrain* do. la ville...
derrière le* nouvelles écoles doivent être vendue aux enchère* publique*... Il a
exprime le dé*ir qu'un "modèle type" *oit adopte poux le* maison* à construite
en façade *ut le*dit* terrain*... Il débite interdite toute construction provisoire
ayant un mauvais aspect. SUA l'avis de V Architecte de la ville et de l'Agent
Voyet, il détermine l'expre**ion "modèle type".
Ain*i, V intervention municipale pan. V adoption de "modèle* type*"
incite à voit *e réaliser de* opération* urbaine* cohérente*, en agi**ant par
le biais de la réglementation.
...
"L'appropriation de certaines zones urbaines
du centre,
par la remise en état suivant de
nouvelles références idéologiques de l'espace
urbain
Entre 1870 et 1890,
et la place d'arme,
zones est,
(par exemple,
la place aux Gueldres) .
l'axe nord-sud,
entre la patte d'oie
la branche de la patte d'oie menant à STAINS les
de la Porte de Paris jusqu'au cimetière vont être
occupées et bâties progressivement. Le phénomène
- 20 se concrétise de deux façons :
- urbanisation le long d'axes routiers importants
- urbanisation selon un système d'impasses et
de voies secondaires.
C'est un processus non contrôlé d 'occupation d'espaces de rejet, peu accueillant, près des fortifications, le long du canal, du mur d'enceinte du
Parc de la Légion d'Honneur ou du cimetière.
Une nouvelle périphérie s'est donc constituée :
à l'ouest, des quartiers bourgeois, à l'est,
l'ébauche des quartiers ouvriers. La situation est
classique .
Pour le centre, la situation est analogue. L'ouest
et le sud sont réservés aux bourgeois. A l'est et
le long de la Légion d'Honneur, s'entassent les
travailleurs, surtout dans l'ancien noyau médiéval.
L'espace urbain central est contrôlé par un ensemble de bâtiments institutionnels qui assurent le
contrôle et la répression éventuels des populations
ouvrières .
Notamment par la construction d'écoles, pour les populations
ouvrières de 14 écoles avant 1914 :
1876
1876
1876
1879
1879
"
"
"
"
"
Jules Guesde
Suger
Denis Diderot
Stalingrad
Félix Faure
1882
1886
1890
"
"
Marcel Sembat
Emile Connoy
Anatole France
1898
1899
"
"
241, Avenue du Président Wilson
Franciade
1907
1899
"
"
Ecole des Boucheries
Ecole Blanqui
1906
"
Danielle Casanova
- 21 -
"Donc à partir de 1890,
la croissance urbaine va
accentuer cette tendance à l'ouest. Le quartier
de Saint-Denis de l'Estrée se densifie et accueille
un nouveau théâtre.
La croissance du quartier du canal s'ordonne autour
de la place Jules Guesde et des rues qui y convergent.
C'est le point final de l'expansion bourgeoise
amorcée par le remodelage des boulevards et
l'opération Viollet-Le-Duc, une caserne et une
école venant compléter le système. A l'est, le
long du Rû de Montfort, près du fort de l'Est,
l'urbanisation continue ; et, phénomène nouveau,
le
quartier de la Porte de Paris se développe avec le
nouvel hôpital et les rues greffées sur l'Avenue
de Paris.
On notera que la zone est restée peu urbanisée,
sans doute est-elle encore trop insalubre. Ce
déséquilibre sera accentué par 1 ' effet 'd ' isolement
produit par l'hôpital,
le parc de la Légion d'Hon-
neur et le cimetière. Le centre se transf orme ? lui ,
ponctuellement ; un nouveau marché est construit
et vient enrichir l'axe NORD/SUD. Sans doute le noyau
médiéval se dégrade-t-il encore avec ses rivières
devenues égouts à l'air libre et ses maisons
surpeuplées " .
Parallèlement, les données politiques et sociales de cette
évolution sont ainsi définies :
" L'industrialisation de la Plaine s'accompagne
d'une forte croissance de la population dyonisienne.
La population ouvrière augmente.
Il est nécessaire pour la bourgeoisie de contrôler
la situation. Elle le fait de deux façons. D'abord
en créant de nouveaux quartiers pour son usage et
ensuite en accompagnant la relégation des travailleurs dans les zones les plus anciennes et les
plus dégradées d'un encadrement approprié.
• /.
- 22 -
Nous ne décrirons pas la situation de la classe
ouvrière à la fin du XIXème siècle,
et au début
du XXème; elle est connue avec la surpopulation,
les prélèvements locatifs exhorbitants ,
etc..
On peut cependant s ' imaginer les conditions de vie
dans le centre médiéval et l'insalubrité des zones
proches des fortifications à l'est,
transformées
en bourbier l'hiver.
La classe laborieuse,
classe dangereuse doit être
contrôlée .
Aussi,
construit-on écoles,
asiles,
prisons qui
sont autant de lieux de la répression sociale mise
en place par la bourgeoisie.
Cependant ce qui compte c'est la production
: aussi
laissera-t-on dans toute la zone nord les usines
s'installer à côté de l'habitat et commencer à
encercler la ville,
comme un prolongement de la
Plaine Saint-Denis f .
Cette évolution morphologique radicale,
croissance ségrégative,
cette
cette réappropriation de
la ville de l'ancien régime,
ce transfert de la
symbolique urbaine n'est possible que progressivement et nécessite la stabilité politique. Celle-ci
est assurée par la Troisième République. "La guerre
de 1914-1918,
marquera la fin de cette installation
dans ses meubles de la bourgeoisie et l'apparition
sur la scène urbaine de la question du logement
de façon nouvelle" .
"Sur le plan formel,
nous ferons deux remarques
:
d'une part les deux zones sont clairement délimitées.
Le canal marque la limite entre l'habitat et
l'industrie. Les deux espaces sont de nature
différente tant en ce qui concerne leurs caractéristiques physiques que leur histoire.
aménagés selon des modes différents.
c'est le
"laissez-f aire " ,
Ils sont
Pour la Plaine
pour SAINT -DENIS un
certain dirigisme municipal J' .
Le XXème siècle va voir se constituer une autre composante,
la banlieue habitée. A partir de 1918, c'est en effet
1 ' habitat qui va constituer 1 ' élément principal de la
croissance urbaine.
- 23 -
QUELQUES EXEMPLES DE TYPOLOGIES DU DOMAINE BATI
A ces problèmes de logements des populations ouvrières,
plusieurs types d'opérations furent engendrés, répondant à des
motivations d'amélioration des conditions de vie ou de contrôle
rapproché. Motivations antagonistes mais ayant le même résultat
spatial
: le contrôle social et politique des classes laborieuses
Ces opérations prennent place dans les espaces interstitiels
laissés pour compte par l'espace usinier, où sont des opérations de
spéculation foncière privée.
Leur éparpillement fait qu'aucune structure urbaine globale
ne se dégage. Ce sont des ponctuations morphologiques.
Exemples :
A)
Les lotissements de rues privées 1900-1920
Ces extensions urbaines ont lieu d'une manière plus diffuse
et liée à l'initiative privée.
Un propriétaire de grandes parcelles rurales ou industrielles entreprend une opération de lotissements et crée une voie privée
dont il demande le classement dans la voirie communale. Les lots sont
de petites tailles : 10 à 15 m de façade sur 15 à 20 m de profondeur.
Sur ces lots revendus à des particuliers, se construisent,
dans un premier temps, des petites maisons de rapport de R + 1 ou
• • •
/•
• •
- 24 R + 2 où le propriétaire-gérant occupe un logement à rez-de-chaussée
et loue les 2 ou 3 logements des étages.
Dans les années 1910 et 1913 et par la suite, les lots
encore libres seront occupés par de petits immeubles locatifs de
4 à 5 niveaux et de 1 à 2 logements par palier, alors que les
petites maisons de rapport seront l'objet de surélévation de 1 à 2
niveaux, le lot interdisant, par sa taille, toute construction d'un
autre bâtiment sur cour.
B) Les habitations ouvrières et économiques 139 0-1910
a) Localisation et type d'opération
. Les immeubles à lover économique urbain
A SAINT -DENIS, ils sont intégrés dans l'espace industriel
proche des établissements dont ils dépendent.
. Les immeubles à lover économique en cité
Libérés des contraintes de la parcelle urbaine.
. Les maisons à lover économique en cité
Maison pour une ou deux familles.
Distinction est faite entre deux types de cités :
. La cité urbaine coopérative
Le lotissement est à l'initiative d'une
société coopérative et la construction des
maisons laissées aux particuliers.
Les maisons sont disposées en rangées le
long d'un impasse (communiquant avec la
voie publique) . Elles sont mitoyennes et
disposent d'un jardin devant et d'un jardin
derrière.
- 25 -
. La cité isolée patronale ou philanthropique
Elle constitue une poche sur des terrains
industriels et agricoles,
isolée du
contexte urbain (cité Messonnier, construc
tion rue Jules Siegfried, rue Georges
Picot) .
b)
- Immeubles à lover économique urbain 1890-1910
Ces immeubles représentent une part importante du
patrimoine sur PARIS et en banlieue.
La production philanthropique ou coopérative est
fort peu représentée.
Exemples :
L'AMITIE
10, Rue Gaston Philippe
LE FOYER
137 bis, Rue Gabriel Péri.
- Immeubles à lover économique en cité
La liberté affirmée est une certaine libération des
contraintes
urbaines.
Un plan d'ensemble prévoyant voirie et implantation
d'immeubles régit les positions relatives des bâtiments par rapport
à des espaces collectifs. Ceux-ci sont des jardins, des cours, des
voies .
Les unités bâties sont isolées ou groupées par addition
avec ou sans jeu de retrait. Exemple,
la cité "la Ruche".
- Maisons à lover économique en cité
Les modes de groupement se font suivant l'impasse ou la
villa. Ces maisons bordent le plus souvent une voie privée. Exemples
les cités type; "le coin du feu", passage Jules Siegfried, Georges
Picot, Henry Boucher, rue Louis Collerais, rue Loubet.
./.
- 26 Historique d'une opération d'urbanisation périphérique :
L'ilôt Renan a été bien tracé par les Architectes Scalabre,
Delorme et Doré qui l'ont étudié en détail.
" L'ilôt délimité par la rue Ernest Renan, le boulevard
Jules Guesde et le boulevard Marcel Sembat, fait partie
de la périphérie immédiate du centre ville.
Situé à proximité de la gare et du canal Saint-Denis,
au-delà du tracé des fortifications et du voisinage de
l'ensemble urbain dont l'église Saint-Denis de 1 ' Estrée
est la pièce principale ; cet ilôt s'est urbanisé à partir
de la deuxième moitié du XIXème siècle sur la base du
développement de l'activité industrielle.
L'examen des différents états du parcellaire appelle des
remarques. A l'origine, la périphérie nord et ouest de
l'ilôt s'est constituée sur la base d'une occupation
parcellaire néohaussmanienne classique, cependant que le
centre et l'est de l'ilôt, tournés vers le canal, restaient
peu construits et affectés à une activité d'entrepôt ou de
petite industrie.
A partir du boulevard Jules Guesde et suivant une direction
est-ouest se sont constituées de petites rues : la Villa
Danré suivant un parcellaire pavillonnaire et l'impasse
Chateaudun, ruelle étroite, regroupant un habitat ouvrier
très modeste.
On constate que l'ilôt s'est peu à peu densifié suivant
ces bases pour atteindre une occupation maximum pendant
l'entre deux guerres.
Il présente alors une structure complexe correspondant
aux différentes activités qu'il abrite :
- habitat néohaussmanien à l'angle Ernest RenanJules Guesde,
• • • /• • •
- 27 habitat plus modeste le long de Jules Guesde et
Renan avec quelques éléments pavillonnaires sur
Jules Guesde.
Quels vont être les effets de la création de
cette voie nouvelle ?
Le tracé de cette voie,
du fait de son
importance va supprimer les liens directs
qu'entretenaient l'ilôt avec le canal.
L'ilôt n'aura plus de façade donnant sur
le canal,
il sera isolé de celui-ci non
seulement par une voie routière de transit
mais de plus par une contre-allée
desservant des parkings.
L'espace restant près de la passerelle
piétonne qui enjambe le canal,
restera
vacant .
D'autre part,
la voie bouleverse le
parcellaire sur son passage et cela de
deux façons
.
:
certaines parcelles vont être
amputées et rester inconstruites
jusqu'à nos jours,
c'est le cas
du terrain du gaz,
.
d'autres parcelles vont être
reconstruites en particulier près
du canal.
De plus,
il est à noter que la villa
Danré va être coupée en deux et donc
s'interrompre à son débouché sur le
boulevard.
./.
- 28 -
Si le tracé de cette voie se justifie
à l'échelle du réseau général de circulation de la ville,
sa création aura
pourtant une série de conséquences non
prévues ou en tout cas non contrôlées
qui perturberont de façon sensible la
structure urbaine de l'ilôt.
C'est le cas en particulier de la série
d ' immeubles hauts qui seront construits
en limite du boulevard,
dans la partie
sud de l'ilôt. Ces constructions parallèlépipèdiques seront implantées suivant
une logique désormais connue de façon à
permettre une densité maximum mais sans
tenir aucun compte de leur environnement.
Contrairement au proccessus haussmanien
dans lequel la percée d'une voie nouvelle
dans un parcellaire ancien s'accompagnait
d'un remembrement et de la constitution
d'un front bâti le long de la voie ainsi
créée,
le tracé du boulevard Marcel
Sembat à laissé l'ilôt béant et les
quelques opérations privées qui en ont
résultées se sont faites sans respect
pour le tissu urbain dans lequel elles
s ' inséraient .
La situation actuelle de l'ilôt Ernest
Renan est bien évidemment le produit de
cette évolution historique :
. remplissage des intérieurs de
parcelles notamment sur Ernest
Renan par des ateliers, des entrepôts ou logements sur coursives
adossés aux limites parcellaires,
- 29 . entrepôts, ateliers, aires de
stockage sur la façade donnant
sur le canal.
Le parcellaire est donc très hétérogène,
les propriétés s 1 imbriquant les unes aux
autres pour former un système complexe
comportant des parcelles de tailles, de
configurations géométriques et de situations très différentes. On voit parfaitement, par exemple, de longues parcelles
comportant un débouché sur rues voisiner
avec des parcelles enclavées.
Nous ne sommes donc pas en présence d'une
forme urbaine.
Cette situation correspond à l'histoire
du développement de SAINT-DENIS et
notamment à la croissance de la ville en
déhors de ses fortifications à la fin du
XIXème siècle, et au développement de
l'urbanisation dû à l'activité industrielle de la Plaine, ainsi que du secteur
de la gare et du canal .
Cette complexité du parcellaire traduit
la différence de statut social des propriétaires et des habitants ainsi que la
vitalité durant ces périodes du développement urbain de la banlieue industrielle.
Sans doute le mélange des activités
industrielles et de l'habitat, et la
qualité générale médiocre du patrimoine
bâti, traduisent-ils les conditions de
vie assez misérables des occupants de
l'ilôt, mais force est de constater que
sur le plan de la structure urbaine, ce
dernier a atteint, vers 1930, sa maturité.
• /.
- 30 -
La situation va radicalement changer à partir des années
1950 avec la réalisation d'une opération qui va bouleverser la forme
de l'ilôt.
Il s'agit du prolongement du boulevard Marcel Sembat.
Cette voie nouvelle,
d'une emprise totale d'environ 28 m
va relier les boulevards établis à l'emplacement des anciennes
fortifications au quartier de la gare et à l'Ile Saint-Denis.
L'ilôt Ernest Renan va être coupé en deux par cette voie,
sa forme trapézoïdale initiale sera détruite et remplacée par deux
ilôts inégaux de forme triangulaire.
-
31 -
LE BATL PROGRAfïlES ET TECHNIQUES
DE
L'ESPRIT DU
PROGRAMME A
LA LETTRE
A chaque instant, cette phrase devenue célèbre de
Victor Considérant, 'l'architecture écrit l'histoire" s'applique
à Saint-Denis car toute cité est un microscome dans sa spécificité,
avec un dedans et un dehors pris dans un contexte historique à chaque instant mouvant entre son passé et son devenir.
Donc, Saint-Denis, fait partie d'une région avec
un
sol, des matériaux, un climat, données qui sont elles aussi relativement à la fois permanentes et variables dans le temps. Ses habitants ont une histoire, des traditions locales y compris dans la
construction ou dans les manières de vivre, en fonction de la place
des citoyens dans un complexe socio-économique, lui-même vivant,
avec sa culture, ses modes et les défauts ou les qualités des hommes,
qu'ils soient usagers, décideurs, ou constructeurs.
L'architecture dionysienne atteste sa réalité ; elle
influe sur l'environnement extra-muros et en suit réciproquement
les progrès et les régressions au niveau des techniques, des forces
productives et des rapports de production qui mettent en oeuvre les
matériaux pour des programmes spécifiques.
Ainsi la période objet du propos se situe essentiellement sous la III ème république, époque d'expansion d'une bourgeoisie capitaliste ayant ses besoins, sa nature, son idéologie.
-32-
De 1870 à 1920, Saint-Denis, ville en voie de développement industriel, subit en conséquence des mutations nombreuses :
multiplication des usines et extension de l'habitat lié à la main
d'oeuvre, qui, elle, nécessite des programmes publics ou d'activités tertiaires liés aux facteurs précédents.
La rationnalisation d'activités commerciales surtout
alimentaires avec les halles du marché et les abattoirs municipaux,
mais aussi avec les grands magasins comme ceux à l'angle du boulevard J.Guesde et de la rue de la République va de parallèle avec
des bâtiments publics et administratifs à l'échelle d'une cité
s ' agrandissant : Mairie, Banque de France, Gendarmerie, Bibliothèque,
Théâtre et premiers équipements sociaux que la collectivité publique
est amenée à prendre en charge par rapport à un bouillonnement d'initiatives individuelles laissant pour compte les jeunes, les indigents,
les vieux, d'où des équipements du type asile, bien loin des programmes affinés de nos actuelles crèches, maternelles ou maisons de retraite.
Le développement des grandes infrastructures de circulation amène aussi leur propre équipement comme les gares ferroviaires (chemin de fer } et tramways aux anciens dépôts RATP).
Si l'on s'en tenait à ce qu'écrivait il y a quelques
lustres ou à peine décennies les historiens de l'architecture, la
période ne vaudrait pas la peine d'être prise en compte, tant la
contestation dans le cadre de ce qui se développe par rapport à
ce qui se meurt masque en général les valeurs objectives d'une certaine période, au niveau des programmes comme de leur réalisation
concrète.
Et puis il y a sans doute autant dans l'architecture
que dans les autres arts toujours un petit côté mode qui comme pour
le changement d'une robe ou d'un costume le rend aussi nécessaire
que celui du pâturage pour réjouir l'animal...
Prenons quelques exemples en les situant dans leur contexte.
-33-
Une société industrielle efficace a besoin d'une
instruction de base à sa mesure, d'où le développement des écoles
publiques avec un enseignement primaire de
ses populaires sont aussi attachées que la
motifs différents : un ouvrier doit savoir
mourir pour la patrie dont on lui enseigne
qualité auquel les clasbourgeoisie mais pour des
lire, compter, écrire ou
l'histoire et la géographie
(ses départements et ses colonies !). Mais point de philosophie f et
encore moins de velléités contestataires!
A) EQUIPEMENT TYPE ; Le Groupe Scolaire
L'enseignement à la Jules Ferry engendre donc un
jumelage typique, école de filles - école de garçons, avec un préau
ou galerie parfois seulement couverts pour les récréations et non
adaptés pour quelque déjeuner des enfants à midi, puisque les mères
sont à domicile et peuvent généralement préparer les repas. Le groupe
scolaire avec logement de direction au dernier niveau, loge de concierge près de l'entrée, en tambour contrôlent les deux sections, et
surtout les classes sur un ou deux étages enserrent comme des cours de
casernes , sans recoins ni décrochements de refuge, où le maître,
malgré quelques troncs de platanes, surveille d'un seul regard les
ébats mesurés de la récréation.
Déjà réfléchissons un peu par exemple à l'équipement
végétal de la cour d'école tant il est idéal pour le programme.
Supportant facilement une taille même brutale, poussant avec
vigueur et rapidement hors des blessures produites par les activités ludiques, le platane est une essence vivant bien en Ile-deFrance, avec des racines profondes qui n'endommagent pas les revêtements de cours.
Et l'arbre, peu exigeant en fraîcheur, donne une
ombre dense en été, a même de belles feuilles pour les "leçons de
chose" et de dessin ; et puis il offre pour le responsable de la
discipline scolaire un grand avantage : son tronc à l'inverse de
celui du peuplier, n'offre aucune branche aux enfants où ils
pourraient grimper et se faire du mal ; à la rigueur quelques
bosses où il est peu conseillé de se frotter ! Pour le reste, les
champs, la verdure il ' y en a pas très loin et où, en dehors des
horaires scolaires, les enfants peuvent aller pêcher des grenouilles,
sur les bords des ruisseaux ou rivières naturelles telles que la
Vieille Mer, avant que ne se construise le tissu pavillonnaire des
quartiers riverains.
-34-
De cette période où les galopins pouvaient s ' ébattre
ailleurs que dans les cours scolaires ou sur les terrains des complexes sportifs, l'école des Boucheries est par exemple un des
modèles du genre. Le tracé du plan révèle, malgré la forme polygonale
de l'ilôt, un parti très strict refermant la cour centrale par les
bâtiments du musée et de la bibliothèque. Sur la rue, le corps central
du groupe jdécroché en hauteur par rapport aux deux corps qu'il encadre,
affirme la franchise des volumes et une structure très lisible : des
grandes portes d'entrée, des baies en plein ceintre, en pierres appareillées jusque dans leurs piédroits, des frontons percés d'oculus,
une corniche ornée de cartouches et de clefs de voûtes moulurées et
travaillées, montrent publiquement le noeud central du programme où
le directeur et la concierge concourrent à bien verrouiller l'établissement. Certes au premier étage, les fenêtres des mêmes classes régnent c
d'un bout à l'autre de la façade en lui donnant son unité : mais au
second, se différenciant franchement des autres baies, celles du logement de fonction directorial, ayant à éclairer des volumes moindres,
ne dissimulent pas leur nature. Sur cour, les baies sont exprimées
avec la même véracité : grandes ouvertures pour les salles d'enseignement et plus petites pour les couloirs.
Venons-en à la maçonnerie de briques et pierres imbriquées.
Réunis au sommet par une arcature , les éléments porteurs, eux
en pierre, sont parfois affirmés par une forte saillie sur des remplissages de briques moins épais, ou bien l'articulation des étages
est franchement montrée par des assises de pierre correspondant aux
planchers ou plafonds. Mais comme l'architecture à une fonction sociale, l'effort de la composition sur rue se limite sur cour à la
seule rationnalité : aussi, plus brutalement, le linteau métallique
devient apparent de ce côté-là au-dessus des baies, encore qu'une
assise de brique donne toujours l'épaisseur du plancher.
Mais regardons aussi le soubassement. A Saint-Denis,
la nappe phréatique, à quelques mètres dans le sous-sol d'alluvions
plus ou moins perméables et sillonné en surface de rivières aux
méandres non moins nombreux que ceux de la Seine, c'est-à-dire en
drainant mal les terrains, fait que les maçonneries traditionnelles,
-35-
hourdées à la chaux, pompent l'humidité du sol. Au Carmel, malgré
le grand architecte Mique, les soeurs se plaignent des efflorescences
de salpêtre qui endommagent les parements de leurs austères locaux du
1 8ème siècle!
A l'école des Boucheries, on a pallié ces inconvénients.
Le soubassement en meulière qui provient de Villers-Cotteret est
idéal pour éviter les remontées d'eau : cette roche siliceuse, évidée
du cal3aire qui a disparu, offre par ses cavités un obstacle au phénomène de capillarité. Et quoique difficiles à jointoyer, les moellons,
traités en opus incertum, donnent une mosaïque couleur pain d'épice
dont la teinte, alliée à celles de la modénature calcaire ou aux
briques bien appareillées et parfois émaillées, se suffit à elle-même
et dispense de peintures et d'enduits où s'attachent les poussières
urbaines.
La polychromie soutenue des composants argileux des
matériaux préfabriqués continue en toiture. La tuile industrielle,
les mitrons couronnant les cheminées moulurées, les épis de terre
cuite sommant les faîtages s'inscrivent dans cette coloration qui
est le produit du développement des manufactures et usines. L'usage
courant de la brique, notamment émaillée, dans le bâtiment s'explique
par une production en quantité, à prix concurrentiel, utilisée d'abord
pour le revêtement des stations de métro. La famille du baron et industriel Empain s'y enrichit ainsi, tandis que la main d'oeuvre, elle,
afflue dans les usines et que les pauvres gars limousins et bretons
quittent "le pays"
pour "monter" dans la région parisienne où les
chantiers, comme celui de l'Ecole des Boucheries, nécessitent le soin
et le tour de main afin de dresser correctement des murs appareillés,
tant la cotation donnée par les rangs de briques réglait en hauteur les
dimensions des pierres ou des baies etïentre ' axe des voùtains modulait
le rapport des dimensions du plan.
Bref, il fallait bien de bons ouvriers auxquels était même
souhaitable un enseignement élémentaire
. La commission des bâtiments scolaires, dont faisait partie Viollet-le-Duc, l'auteur de
l'Eglise Neuve à Saint-Denis, dans son souci de bien faire n avait-elle
pas, de son côté, codifié les dimensions des classes, les hauteurs
d'allèges des fenêtres, leurs orientations, etc.? Les fameuses
normes contraignantes dont se plaignent aujourd'hui les architectes
des édifices d'enseignement publics ont en effet leurs lettres de
-36-
noblesse !
B) L'EVOLUTION DES MAITRES D'OEUVRE
L'histoire du bâti à Saint-Denis, de 1870 à 1920, non plus
ne peut omettre ce fameux Viollet-le-Duc, dont les Entretiens
sur l'architecture, en s 'appuyant sur l'exemple de la cathédrale,
donnent à la structure la primauté sur le décor et firent admettre
ce principe à des émules
(comme Wright, Perret, Horta, Le
Corbusier). Et pourtant, notre période d'étude débute lorsque vient
d'être achevée
son
Eglise de l'Estrée qui traduit en même temps
la fin d'un style.
Oar il n'empêche que cette église bien faite manque
de saveur. De même qu'un bon grammairien ou étymologiste n'est pas
nécessairement grand écrivain ou poète, lesquels ont un registre de
règles et mots plus limités mais issus d'une formation personnelle,
locale ou provinciale, un excellent connaisseur d'un style ne peut
faire oeuvre magistrale en collationnant seulement les détails divers, mouvants, de toutes les provinces et de tous les lustres d'une
période architecturale. Un bâtiment est aussi vivant que le visage
d'une jolie femme aux traits trop réguliers et passe-partout mais
où un grain de fantaisie, de dissymétrie, d'imperfection, devient
de "beauté" parce qu'il contribue à l'expression réelle de la nature.
Et puis la foi qu'avait à exprimer le maître d'oeuvre
était trop
formelle
et impériale pour autoriser une telle liberté.
Car Viollet-le-Duc devint, malgré lui, l'un des représentants de l'art officiel tourné vers le passé. Dieu sait pourtant
qu'à Saint-Denis, un vulgaire entrepreneur de maçonnerie, François
Goignet, dès 1853, a réalisé la première maison en "pierre industrielle", c'est-à-dire en béton nu que la France et le monde connaissent.
On peut la voir rue Charles Michels, résistant au temps et à l'absence
d ' entretien.
Et aux abattoirs municipaux, rue Brise-Echalas, la
commune, vers 1865, déjà s'offre l'une des premières, et actuellement
l'une des plus vieilles } charpentes en bois lamelle pour couvrir et
./. . .
-37-
protéger, selon les meilleures règles de l'hygiène, l'industrie
alimentaire nécessaire au commerce local.
L'évolution de la technique ce n'est donc plus le
gothique !
L'art et les limites de Viollet-le-Duc apparaissent à
travers son propre credo : "Voir c'est savoir".
Cette éducation de l'oeil et de la main, qui ont fait
de cet homme un maître, lui ont permis de comprendre et reproduire
avec rationnalisme les principes et formes de l'architecture médiévale, du mobilier correspondant - et plus généralement de tout ce
qui, animé ou inanimé, attire son regard.
Et Viollet-le-Duc, illustre sans doute aussi l'apogée
d'une catégorie d'architectes qui étaient à la fois constructeurs,
peintœs, sculpteurs, dans des oeuvres monumentales qui avaient à
conjuguer essentiellement des disciplines où même l'analyse mathématique et statique reste essentiellement géométrique ou graphique.
Or, expérimenter c'est aussi savoir. Dès 1867, Eiffel
publie un mémoire sur La valeur du module d'élasticité applicable
aux pièces composées entrant dans la construction
métallique.
Baltard vient de construire les halles en 1854, année où Labrouste
réalise aussi la grande salle de la Bibliothèque Nationale, à peine
coupée par 4 colonettes métalliques centrales portant la structure
des coupoles.
Viollet-le-Duc, certes, a bien aussi dessiné des charpentes et structures en métal, notamment pour Notre-Dame, la basilique de Saint-Denis ou pour la tête de la statue de la Liberté à
New-York. Mais le métal ne lui sert trop qu'à soutenir la forme
ancienne des combles et des voûtes. La logique du nouveau matériau
ne lui ouvre pas une nouvelle grammaire d'expression puisqu'elle
suppose au préalable les connaissances mathématiques de l'ingénieur
(f) celles réalisées par l'architecte Debret, donc qui ne sont pas son oeuvre
en cette technique
• • • / ...
-38-
La seule analyse visuelle du passé ou du présent n'est plus alors
suffisante. Telle est cette impuissance qui empêche ce restaurateur
de réellement apprécier les hangars et les serres comme de l'architecture... alors qu'il a pourtant tant aimé le gothique pour ses
structures et ses verrières.
D'ailleurs, dans les nouvelles réalisations architecturales de l'époque, les ingénieurs d'abord supplantent les architectes.
Car l'intérêt d'une structure métallique (résille ou
treillis) est d'avoir des reports de charge ponctuels, par opposition
à la structure de masse de la maçonnerie, ce qui ménage de grands espaces libres de tous supports encombrants aux manutentions ou à la vue,
et qui peuvent abriter une gare, un marché, des ateliers. Tels sont à
Saint-Denis, maintes usines de la Plaine ou de la zone dite "DelaunayBelleville", le marché du centre-ville ou le dépôt des tramways, avenue
de Stalingrad (aujourd'hui Garage Municipal). L'espace enclos y prend
un aspect nouveau.
3t » les pièces de la structure usinées ou finies ailleurs
que sur le chantier qui ne sert plus qu'à un montage rapide des composants, nécessitent un dessin précis avec leur positionnement dans les
assemblages, outre la manière dont les éléments doivent être mis en
oeuvre. La mécanisation du travail, les dimensions des pièces et les
possibilités des laminoirs, le mode d'assemblage (et de démontage),
semblent donc un temps donner moins d'initiative à la "créativité"
des architectes.
Néanmoins, vers les années 70, ces derniers sauront se
saisir des nouveaux matériaux mis à leur disposition : fer laminé,
fonte, briques, briques émaillées, terre cuites, céramiques, grès et
aussi béton ou bois sous diverses formes. Parmi les contractions métalliques permettant des portées supérieures aux charpentes traditionnelles, les marchés de quartier n'en figurent pas moins parmi les constructions aujourd'hui sacrifiées du XIX ème siècle, puisque sur une
quarantaine érigés à Paris durant ce siècle, cinq ensembles d 1 importance
ont seulement survécu. La distribution du ravitaillement et la concentration du commerce évoluant vers le type grande surface, ces bâtiments,
• • •/•
-39-
malgré leur situation privilégiée dans la ville, voient leur emplacement
devenir un site convoité par les projets publics ou autres.
Heureusement, la municipalité 3ionysienne
• n'est pas
tombée dans ce travers, puisque le marché de la rue G-abriel-Péri est
en instance de rénovation.
)
UN EQUIPEMENT TERTIAIRE
En effet , le quartier de la Mairie et de la Halle du
marché restftau centre des activités commerciales de la ville depuis déjà
des siècles.
Au XlVème siècle, c'est un modeste enclos au Nord de
la place Pannetière (le lieu où l'on vendait le pain, les brioches,
le pain d'épices et le son), aujourd'hui place Victor-Hugo qui donna
abri à la foire du Landy. Il était situé à l'emplacement où se tient
toujours encore une partie du marché à l'Ouest de la Mairie.
Lorsque les loges de la foire, ainsi que le tribunal et
le pilori furent démolis, cet espace fut en effet libre comme place
du marché, nom qu'elle conserva jusqu'en 1914 où elle devint la place
Jean-Jaurès. Une photographie datant de 1880 nous montre sur cette
place, une petite halle destinée à cette activité commerciale qui se
développait. En septembre 1871, les commerçants en boutique envoyèrent par exemple une pétition au Maire "parce que le marché établi
sur la place de Saint-Denis est devenu journalier depuis l'occupation
prussienne" .
Aussi, après démolition en 1890 du dépôt de mendicité,
pouvant contenir jusqu'à 1200 détenus (un amas de bâtisses laides
aux murailles sales, aux cachots bas, humides, ferraillés d'anneaux
et de chaines, sans air, sans lumière, sauf un petit jour venant du
judas grillagé), la commune acquérait-elle l'année suivante le terrain
d'assiette pour la somme de 200 000 francs, à l'usage d'un nouveau marché ; et le 8 juin 1892, le Conseil Municipal inscrivait au 3S*une somme de 374 870 francs pour la construction de sa halle par la maison
Guérin et Rigaux.
(* Budget supplémentaire)
-40-
Satisfaction était donc donnée aux habitants de
l'ilôt, peu enchantés de l'ancien équipement départemental d'incarcération des indigents dont la porte cochère s'ouvrait deux ou trois
fois par semaine pour laisser passage aux fourgons traînés par deux
hommes et où étaient transportés des cadavres enveloppés dans un
suaire de grosse toile. Mais d'autres considérations d'urbanisme et
de politique commerciale plaidaient aussi pour cette opération.
L'achat des parcelles au département de la Seine qui
pratiquait la surenchère fut néanmoins laborieux.
Pour le programme, la Municipalité, dans un souci d'unité,
imposa à l'ensemble des commerçants une identité pour les matériaux
et pour la largeur des tables d'étal, avec un groupement par catégories
de commerces, ce qui entraîna des protestations des intéressés en raison de la concurrence qui en résultait.
L'article 15 du cahier des charges fut aussi discuté.
Il prévoyait "que les voitures ne pourront stationner que sur les
rues M. Pinson, des Etuves et place du Marché, côté opposé à la Mairie.
Elles devront être alignées sur un seul rang sous la surveillance et la
responsabilité de l'adjudicataire de l'affermage".
Mais Monsieur Adam, Conseiller Municipal, soucieux d'éviter
les encombrements demanda d'y ajouter : "les voitures devront effectuer
leur chargement et déchargement sans interruption, afin que les abords
du marché ne soient encombrés en quoi que ce soit".
Monsieur Rance, Architecte-Voyer, donna au Conseil Municipal, la situation des travaux le 18 janvier 1893.
Son ouvrage avec sa charpente en fer, ses grilles et
lames des persiennes en tôle, ses murs de briques et de pierre, avec
leur modénature, leur appareillage, reste typique à la fois d'un programme et des matériaux ou techniques utilisées, pour y répondre à
une époque donnée, et avec soin.
-41-
Par exemple, toutes les pièces de la charpente métallique furent
pesées sous contrôle de l'administration municipale pour qu'il n'y
ait pas
risque de tricherie.
Même s'il nfest pas une oeuvre maîtresse de l'architec-
ture française, ce marché n'en n'est pas moins témoignage, avec sa
grande halle simple, franche, protégeant les marchands forains et
leurs marchandises dés intempéries, du soleil et du vent, tout en
éclairant les étals par le jour naturel, sans que le confort atteigne
cependant celui des installations de boutiques ayant pignon sur rue.
L'installation de la halle du marché remodela le quartier,
ne serait-ce que par le tracé des voies nouvelles le ceinturant sur
trois côtés avec le linéaire d'immeubles qu'elles engendrèrent à la
même période. Il y a donc une unité historique et architecturale de
l'ensemble à respecter, datant de la fin du 19 ème siècle avec ses
programmes, ses structures couvrantes et ses prospects, avec même
ses noms des grands hommes politiques pour les rues du quartier.
) NOUVELLES TECHNIQUES
Mais passons à un autre type d'architecture et de techniques, apparus vers cette époque. Ainsi, en ce qui concerne le béton,
"la pierre artificielle de François Coignet" tend parallèlement à se
développer puisque cet entrepreneur, dont l'usine est dans la rue
Charles-Michels actuelle,
a
mis au point un nouveau malaxeur,
permettant de produire dix fois plus de béton dans un temps donné.
Et tandis que nait
ainsi la bétonnière, l'ancêtre du béton armé
voit le jour
dans ladite rue, avec le pavillon du n° 72, puisque
la terrasse est renforcée de poutrelles métalliques noyées dans
l'aggloméré. En 1861 , six ans après que Lambot ait lui aussi conçu
un petit bateau, en mortier de ciment et armé de tiges de fer,
François Coignet publie un ouvrage dans lequel il prévoit les premières
applications du béton armé, pour notamment la construction de planchers
et de voûtes. Du même auteur sont aussi plusieurs livres d'économie
politique où s'affirment ses convictions républicaines et phaH&n.stériennes .
./.
-42-
Mais jusqu'en 1890, les dispositions employées restent
très empiriques. Ce n'est qu'à partir de cette date que le nouveau
matériau, le ciment armé comme on l'appelle alors, prend de l'essor
grâce à des constructeurs ayant foi en lui, tels que Edmond Coignet,
fils de François, et Eennebique. Dès lors, on établit tant par le
calcul que l'expérience, les dimensions, formes et emplacements rationnels des deux matériaux composants : le béton et les armatures d'acier.
C'est de ciment armé, en 1899, que Donna construit le pont sur le canal.
Mais, bien que le béton soit un matériau complet, qui peut
être à la fois "ossature et enveloppe", comme le disait l'architecte
Baudot l'utilisant tel quel, vers 1902, à l'église St-Jean de Montmartre, rares sont les maîtres d'ouvrages et d'oeuvre qui souhaitent
utiliser le béton armé autrement que pour des structures dissimulées
sous des revêtements. Tel était par exemple le plancher de l'hôtel des
Postes, rue de la République, et inauguré le 28 décembre 1913. De
béton armé qui le constituait alors, avec ses armatures d'acier doux,
non torsadé, illustre les progrès de la technique actuelle.
L'architecte de ce bâtiment public, P. Moulin, construisit
vers 1900, nombre des édifices les plus caractéristiques par le soin,
le fini du détail que l'on regarde encore avec attention à St-Denis.
Ainsi, la succursale de la Banque de France, rue Catulienne, avec son
magnifique hall, typique de l'accueil des clients à cette époque, encore que le bâtiment fut reconstruit en 1924.
ï)
PB VRAIS ARCHITECTES
Avec cette famille d'architectes dionysiens dont le grandpère a réalisé les beaux immeubles d'habitation en pierre de taille de
la Place de la Résistance, nous abordons la liste des multiples bâtiments publics ou privés dont tous ne peuvent être signalés. Ainsi, à
l'angle de la rue et de la Place de la Légion d'Honneur, se trouve la
tour arrondie du bâtiment construit à l'emplacement de l'ancien HôtelDieu, malheureusement détruit (sauf sa cave, aménagée actuellement en
discothèque municipale) vers 1907. Son dôme, que la municipalité de
St-Denis se propose de faire reconstruire prochainement, était une
sorte de contre-point, devant l'entrée de la Légion d'Honneur.
-43-
Conçu, composé dans le goût de l'époque, il montre
que l'angle de deux rues était affirmé, mis en valeur et non limité
à la seule juxtaposition des façades correspondant aux deux côtés
d'un angle, comme cela est trop souvent le cas aujourd'hui. Tous les
angles de l'ilôt de cet ensemble de bâtiments municipaux où furent
logés, bibliothèque, musée, bureau d'aide sociale, sont coupés selon
les règlements de voirie de l'époque qui incitait
à de tels traite-
ment et dégageait la vision pour les premiers véhicules automobiles.
Toujours sur cette tour d'angle, un oeil averti retrouvera
l'excellente habitude des constructeurs de signer et de dater leurs
oeuvres. La symétrie pratiquée de chaque côté de l'entrée bourgeoise,
entre le nom des architectes ( Â . et G. Cailleux)et celui des entrepreneurs (Nacut et de Bosson) atteste le sentiment du travail accompli et mis
en oeuvre avec responsabilité, en fuyant un commode anonymat : chacun
ose revendiquer sa fonction, s'exposer aux félicitations ou à la critique. Et il y a même dans la graphie des lettres de ces signatures, parfois recherche et coquetterie.
THEATRE,
HOPITAL, MAIRIE,
ETC ,
Dans le panorama sommaire de cette architecture, citons
le théâtre inauguré en 1902. Une excellente carte postale de l'époque
nous montre un désossé du bâtiment avec la trame des charpentes de
bois et de métal, les blocs de pierres, bruts d ' épannelage , dans
l'attente des sculptures à y tailler, l'échafaudage de pied en bois,
où les aides passaient parfois quelques années dans l'apprentissage
de leur montage avant de prétendre à devenir compagnon. Et bien sûr,
l'alimentation des travailleurs du chantier -en matériaux et grâce, aussi
à une femme qui leur apporte de quoi manger dans son panier!
Laissons, sur la ceinture des boulevards extérieurs du
centre-ville (en y regrettant les plantations de hautes tiges du
temps jadis) ce théâtre avec sa caserne de pompiers, mais aussi l^groupes
scolaires
ou l'ancien hôpital qui n'ont pas moins de caractère,
afin de mieux regarder la mairie. Dans son style
"R enaissance
française," c'est-à-dire avec une toiture d'ardoises pentue pour bien
évacuer les eaux de pluie de nos climats océaniques, elle est sans
doute l'une des plus équilibrée des bâtisses
similaires dans la
région parisienne.
-43 bis-
Cette nécessité n'est pas étrangère à l'histoire municipale
même .
Le bourg de 3t-Denis dépendit longtemps de l'abbaye pour
tout ce qui concernait l'administration. L'organisation municipale ne
devint effective que le 9 Juin 1720, où les affaires de St-Denis échurent , sous la présidence du bailli, à trois échevins et au receveur des
deniers communaux. Les échevins étaient élus par les représentants du
clergé, des marchands et artisans en corps constitués. C'est donc en
1733 que fut décidée la location du premier hôtel de ville, déjà situé
sur la Place Pannetière, l'actuelle Place Victor-Hugo. C'était la maison
dune marchande de blé.
Le trpisiène hôtel de ville, lui, fut acheté en 1793, proche
du précédent. C'était "la plus bell^ae la place et la plus apparente".
Mais elle aussi n'était pas conçue pour un fonctionnement approprié
à la gestion municipale. Néanmoins, elle permettait d'y abriter :
"Su rez-de-chaussée, le corps de garde et la justice de paix, au premier
étage, la salle d'assemblée, la chambre de réunion du Conseil municipal
et les archives,
au second étage, la salle des séances du Comité révolutionnaire, les bureaux de l'Etat-civil et des contributions". Il y
a eu
en outre, une bibliothèque, en ce dernier niveau, dès 1798.
Mais la seconde mairie
était devenue trop étroite. Le
développement démographique de la commune, la prise en compte de l'étatcivil par l'administration municipale, les mariages qui devaient se faire
au moins en mairie, créaient des besoins nouveaux en locaux. On démolit
donc cette fort belle bâtisse d'époque Louis XV, avec les arcs en anse de
panier de ces cinq baies par niveau, dont les clés de voûte s'ornaient de
mascarons^ et
arec
ferronneries
en
garde-corps.
Quoique non appropriée à un usage municipal, ladite maison
avait dû séduire par un élément que l'on retrouve dans l'actuel et dans
les similaires : le balcon central du premier étage, accessible depuis
la salle d'assemblée et qui dut servir souvent aux proclamations 0
-43 ter-
Car une mairie pour être belle -c'est-à-dire pour qu'elle
plaise à ses administrés dont elle est par excellence la "maison"
-
est implantée pour un besoin et avec un programme dont l'expression
arch.it ecturale, réussie ou pas s la fait accepter ou rejeter par les
citoyens des différentes générations.
D'abord, la mairie n'est pas implantée n'importe où.
A Paris, à Saint-Denis ou à Trifouillis-les-0 ies, elle est la première
manifestation de la liberté que gagra la fraction jadis dynamique de la
population : la petite bourgeoisie (avec ses commerçants et artisans) se
gérant elle-même .
La mairie est donc près du marché, et a pignon sur quelque
place qui, par elle-même, y gagne de l'importance et devient souvent
la principale de la ville.
Des emmarchements de la mairie, le cortège nuptial doit aussi
pouvoir poser pour le photographe et la mariée jeter les poignées de
bonbons et de riz porte-bonheur.
Sous le péristyle à arcades, même si l'usage a disparu,
la population peut s'abriter et aussi s'informer des nouvelles de la
cité en les commentant , lire les bans de mariage ou le temps au baromètre.
Au premier étage s'affirment la salle de réunion, des fêtes
et des mariages, ainsi que celle du conseil. Et la travée centrale de
l'édifice, avec son balcon, permet au maire de s'adresser, sur la place,
à la population. Quant aux services municipaux, ils siègent, eux,
dans
les ailes du bâtiment ou aux demi-niveaux. Il y a même les caves, car
la mairie est aussi le lieu des réceptions publiques, où trinquer ajoute
la bonne note finale au cérémonial, à 1( heureuse élection des élus.
Tout cela est àsa place et justement traduit dans la troisième
mairie dionysienne, bâtie à la fin du XIX ème siècle. Le signal architectural qu'elle est pour la population remplit sa fonction et apparait
sans porter ombre à la tour de la Basilique. Le maître d'oeuvre de la
mairie n'a pas commis l'erreur de vouloir un bâtiment systématiquement
rival .
-44-
Son architecte, Laynaud, l'a surmonté
d'un élégant petit
clocheton. Inaugurée en 1883 par le Président de la République,
notre mairie avait la rigoureuse allure des hôtels de ville de
langue d'oil. Ses hautes baies du premier étage possédaient des
jeux de vitraux colorés et géométriques, ses frontons ornés, une
riche modénature et ses cheminées très travaillées la rendaient
moins austère qu'aujourd'hui, épurée, par les modes des architectures
ultérieures de "fioritures" pourtant agréables
mais aussi de restaura-
tion coûteuse.
le remplacement des vitraux par des glaces a d'ailleurs
correspondu à des baies traitées comme sur les dessins d'architectes
du grand siècle, en trous libres et dépourvus de menuiseries, ce qui
est contraire au style Renaissance. Et puis, bourrée comme un oeuf,
pour maints services administratifs d'une ville de 100 000 habitants
au 20ème siècle, il a fallu ouvrir des chiens-assis en toiture (à
l'arrière heureusement) et rajouter un "escalier de secours" extérieur
pour correspondre à la législation actuelle. Nul doute que la création
attendue d'un grand centre administratif permettra de réparer l'outrage
né des besoins décennaux.
L'intérieur de la mairie, bien restauré en aes salles
d'apparats, ses salons, son double escalier d'honneur sous les fresques
peintes de Delahaye -et bordé sur les murs de celles du peintre dionysien Léon Bonhomme-mérite d'être vu par ceux qui n'ont pas assisté à
quelque mariage, face au bas relief qui orne la cheminée de la salle
des fêtes et qui semble un condensé allégorique de l'histoire dionysianne
.^Ii
' architecture, néanmoins, ne concerne pas que les bâtiments
publics, parfois d'une officialité ennuyeuse ou d'une correction prétentieuse. L'engouement pour
la constructim industrielle du XIXe siècle
devrait aussi davantage se porter sur l'habitat de la même période.
Car le conflit entre l'ancien et le nouveau s'y traduit en cette ère. On construit encore à Saint-Denis, de petits pavillons ou immeubles de rapport qui sentent un peu
la tradition de l'Ile-de-France.
L'abondance des carrières de gypse dans la région parisienne y
engendre
sur un ou quelques niveaux des parements au plâtre, dont la malléabilité
• • •i• • •
permet tous les moulages et jeux de modénature. Des persiennes
en bois, un toit à pente moyenne aux tuiles plates, des cheminées
de briques et voilà des maisons bien de la région.
G) NOUVEAUX MATERIAUX
Mais le développement de la. brique et des terres cuites
sous toutes leurs formes, outre leur prix concurrentiels, notamment
au niveau du transport, se traduit dans le lotissement pavillonnaire
économique (Rue Collerais par exemple) ou dans de petits "bijoux" individuels tant il y a de recherche (maison à l'angle des rues
Désiré-lelay _ et Riant), voire dans l'agence de l'architecte Paul Moulin
rue Catulienne. En levant un peu les yeux, même pour des immeubles de
rapport, l'oeil tombe ici ou là sur des appareillages de brique recherchés, des plaques émaillées de toutes couleurs, des rives d'arêtiers
en pignons qui sont protégées par des tuiles mécaniques décorées, etc..
Sur les façades, les jeux de la brique relèvent souvent de la virtuosité et les clefs des tirants déploient des arabesques.
Certes, dans le domaine de l'habitat, la pénétration de
l'industrie se fait plus hésitante. Qui peut s'offrir de la pierre>e n e
n'hésite pas à l'utiliser pour les façades, encore que la taille se
fasse de plus en plus par des procédés mécaniques laissant des empreintes sur le matériau et dont on tire même des effets.
Par ailleurs, l'évolution de la législation par rapport
aux alignements à respecter sur voirie permet dès la fin du XIXe siècle
à partir d'une certaine hauteur, de faire déborder les bow-windows sur
la voie publique. Ladite saillie permet d'animer les façades, de conqué
rir quelques mètres carrés ne coûtant rien sur le domaine de la collectivité, et de mieux voir de haut de qui se passe dans la rue.
L'immeuble de standing typique à St-Denis, se situe à
l'angle du Boulevard Jules-Guesde et de la rue Ernest Renan. L'arrondi
sur l'angle est couronné comme d'une mitre. Le sas d'entrée possède un
sol orné de terres cuites fleuries. Portes à la française sont équipées
de petites glaces biseautées.
-46-
Par un escalier bien balancé, au tapis tendu par des barres
de laiton, qui veut l'emprunter est conduit aux étages à travers une cage
éclairée naturellement par des vitraux en teinte claire. A moins qu'on ne
veuille utiliser le premier ascenseur réalisé en immeuble -hydraulique
bien sûr- s 'élevant avec une lenteur royale et calculée, qui vous laisse
voir à travers sa structure métallique très ajourée, l'attardé qui
s'éreinte à monter à pied ou n'a pu rentrer avec vous dans la cabine circulaire, faite pour deux personnes, juste la place de 1' évidemment de la
volée dès emmarchements j
Et les prétentions des classes aisées
s'affirment dans le
plan des logements avec antichambre, salon, salle à manger et autres dispositions typiques de l'époque, plus cossues que dans le logement populaire (individuel ou collectif) dont des nombreux exemples sont aussi donnés
à travers les développements de l'illustration.
Faut -il oublier la loge de concierge qui, à rez-de-chaussée,
veille au grain et à une utilisation "bourgeoise" de l'immeuble ?J
^E GRANDS PETITS A COTE
Venons-en aux corps d'états secondaires du bâtiment, qui ont
aussi leur utilité avec les infrastructures urbaines qui s'y rattachent.
A) AMENEE ET EVACUATION DES EAUX
L'eau amenée de Seine à St-Denis et St-Ouen par l'usine de
la C.G-.E. est prouvée comme source de l'épidémie cholérique qui sévit
dans la banlieue nord de Paris en 1891. Le Docteur Leroy des Barres,
médecin-chef de l'hôpital de St-Denis, fait la même démonstration pour les
épidémies de typhoïde.
La C.G.E. n'alimente pourtant par son réseau (auquel le
Département impose une alimentation par eau de Seine filtrée au sable et
prise en amont de Paris en 1904) que 30
a
/o
des maisons de St-Denis, les
autres habitants utilisant les puits artésiens ou l'eau des bornes-fontaines alimentées par les nappes du sous-sol. Les habitants de la route de
Stalingrad et de la rue Henri-Barbusse demandaient encore en 1892, la création d'une de ces bornes pour alimenter en eau leur quartier.
Mais l'eau des puits est parfois polluée, Ce n'est qu'à la
fin de la première guerre mondiale que la distribution d'eau par la C.G-.E.
put être généralisée, les industriels et maraîchers, pour leurs gros besoins, continuant d'exploiter leurs puits artésiens ou pompages dans la
nappe phréatique. Outre la canalisation de 70 bornes distributrices, une
fontaine plus monumentale au rond-point de la Caserne, alimente gratuiteJ
• • • / • • ■
ment les citadins •
Quand l'eau a été utilisée, il faut aussi la rejeter, et
sous la Illème République, la ville s'équipe en réseau d'assainissement,
couvre les "rigoles" nauséabondes qui étaient à l'air libre, encore que
l'équipement de la banlieue tarde par rapport à celui de Paris.
Pierre Douzenel, le chercheur compétent sur l'histoire de
la ville, écrit :
"Le tout-à-1 ' égout ?
Les propriétaires résistèrent longtemps au branchement de
leur immeuble sur le tout-à-1' égout , malgré une loi du 10 juillet 1894
due à MM. PouDelle et Bechmann qui en faisait obligation. La Chambre des
Propriétaires fit alors canroa&ne pour qu'aucune atteinte ne soit portée
à la liberté des propriétaires en leur imposant un mode d'évacuation .
Ils n'étaient pas seuls à s'opposer à ce mode d'évacuation,
le Conseil Municipal de St-Denis y était aussi opposé, quoique les motivations ne fussent pas les mêmes. Les propriétaires y voyaient une charge
pécunière supplémentaire, le Conseil s'y opposait par souci d'hygiène.
Dans le règlement de police municipale qui avait été adopté
par le Conseil, le 10 janvier 1892, l'article 83 stipulait :
il est
expressément défendu de jeter dans les égouts des urines et des immondices ou matières fécales et généralement tous corps ou matières pouvant
obstruer et infecter les égouts. (2)
En Janvier 1893, le propriétaire d'un immeuble sis Avenue de
Paris (Wilson) 124, et 126, sollicitait l'autorisation d'installer le
tout-à-l'égout, le maire, a transmis cette demande à la Préfecture avec
un avis défavorable.' 1 (3)
D'où cette réponse de la tutelle :
Le Préfet de la Seine à
M. le Maire de St-Denis:
Tous avez attiré mon attention sur les inconvénients qui
pourraient résulter au point de vue de la salubrité, des déversements
d'eaux vannes dans les égouts et vous avez émis l'avis qu'il conviendrait de refuser l'autorisation qu'il sollicite.
(1) Séance du Conseil municipal du 20 avril 1905, rapport d'un conseiller
et du maire.
(2) Bulletin municipal officiel du dimanche 17 janvier 1892.
(3) Délibération du Conseil municipal du 14 mars 1893.
./.
-48
Les ingénieurs du Département ont fait observer que
toutes les fois que, comme dans l'espèce, les déversements de cette
nature peuvent être effectués dans les égouts où une pente suffisante
ou une quantité d'eau abondante favorise le prompt entrainement des
projections, il ne peut y avoir qu'avantage à appliquer le système
du tout -à-1 ' égout . .
Sur l'ensemble du réseau départemental qui représentait
une longueur de 19 057 mètres, seuls 1679 mètres n'étaient pas aptes
au tout-à-1 ' égout soit parce qu'ils se déversaient dans une rivière,
soit parce qu'ils n'avaient pas assez de pente pour évacuer les matières .
Des propriétaires peu scrupuleux, profitèrent de ce nouvel avantage pour en abuser, ce qui amena en 1901, le Conseil municipal
à examiner ce problème : (1 )
Vous n'ignorez pas que depuis quelques années un certain
nombre de propriétaires, envoient sans autorisation leur vidange à
1' égout, ce qui contribue beaucoup à l'émanation des odeurs dont la
population se plaint avec raison.
C'est pourquoi, je viens demander à mes collègues s'il
ne serait pas utile d'élaborer un règlement comprenant notamment :
1 °- L'obligation pour les propriétaires déversant à
1' égout d'avoir dans sa maison l'eau nécessaire à l'écoulement des
matières.
2°- L'établissement d'une taxe destinée à indemniser la
ville des curages plus fréquents qu'elle sera obligée d'effectuer et
des travaux de curage supplémentaires qu'elle pourrait faire pour faciliter l'écoulement des matières .
Si le tout-à-1' égout s'est étendu peu à peu, il ne s'est
appliqué bien souvent que dans les W.C. qui se trourient dans 1» cour
ou sur le palier des étages. Les locataires ayant les W.C. chez eux
étaient peu nombreux, car c'était un luxe qui entrait dans le prix du
loyer comme l'eau et le gaz à tous les étages. "
(1 ) Délibération du Conseil municipal du 27 juillet 1901.
» • •/ • • •
-49B)
DES MOYENS ET FLUIDES NOUVEAUX
Des développements similaires, à partir notamment des
délibérations du Conseil Municipal peuvent être faits sur le chauffage et l'éclairage dans les bâtiments communaux et sur la voie publique, r dont les données de l'époque sont développées en annexe.
L'appel d'offres et le descriptif pour le chauffage central
de la Mairie invoque déjà les économies d'énergie pour fixer la température des bureaux à 18° et à 14° dans les circulations. Les chaudières
à vapeur doivent avoir une autonomie de 10 heures et le réseau de distribution être calorifugé.
l'ascenseur prévu pour le premier des bâtiments municipaux
en 1897, pour un prix de 10 290 francs, avec 1/20e d ' imprévus ,1 • est par i
la maison Edoux et Cie. C'est un événement technique qui n'émerveille
plus aujourd'hui alors qu'il était pourtant la dernière intrusion de la
machine en tant que telle dans les bâtiments et amenait une solution
industrielle au problème des circulations verticales.
Certes, au XVII le siècle, il y avait déjà des "chaises
volantes" commandées à bras. Le premier monte-charge à vapeur et
ayant un parachute de sécurité fut construit par Elisha Graves Otis,
au Cristal Palace de New-York, lors de l'exposition de 1853.
Mais en France, c'est effectivement Léon Edoux qui réalise le premier monte-fardeaux hydraulique en 1864, avec deux plateaux
reliés par une chaîne et se mouvant par déversement d'eau réciproque
dans leurs bacs respectifs. Enfin, en 1867, le même constructeur, à
l'exposition universelle de Paris, présente ce qu'il appelle un
"ascenseur" où la cabine est solidaire d'un piston coulissant dans un
cylindre vertical enfoncé dans un puits creusé sous l'appareil. La pression de l'eau entrant dans ledit cylindre chasse le piston vers le haut
qui élève en même temps la cabine qu'il porte et guidée par
rails verticaux,
Edoux, avec d'autres grands constructeurs d'ascenseurs,
(Roux-Combaluzier, Lepape, Otis) en réalisant d'importants et puissants
pour la tour Eiffel et son ascenseur double y assure encore le
service
depuis 99 ans.
•
/•
• •
-50-
> Lorsque l'entreprise Edoux se présente donc à l'appel
d'offres en la Mairie de Saint-Denis, elle a des références de renommée internationale. Outre celles de la Tour Eiffel, du Palais de
l'Industrie et des Beaux Arts, de l'hôpital Beaujon, Edoux s'enorgueillit encore d'avoir réalisé les ascenseurs des Grands Magasins
parisiens. Sa proposition est donc pour la mairie "un ascenseur perfectionné à piston plongeur et à compensateur".
Cette année 1898 voit aussi des travaux de sécurité en
mairie concernant l'éclairage au gaz, c'est-à-dire "la dépose des
conduites éclairant les grandes salles au-dessus desdites , en fer
creux, placées au ras du sol du plancher de l'étage d'attique, afin
de ne pas enfermer cette conduite sous les parquets". Et parmi toutes les
fournitures nécessaires aux besoins, on relève aussi, dans le lot
ameublement 9 "1 0 lampes à gaz en bronze avec abat-jour, conduits,
raccords, etc...".
Pour les bâtiments publics dionysiens, c'est seulement
en 1914 que les travaux d'installation électrique apparaissent dans
l'appartement du Receveur de l'Hôtel des Postes, le reste de l'établissement étant encore éolairé au gaz, comme les autres édifices
publics.
En date du 23 décembre 1915, une note annexée à un devis
d'entrepreneur pour les ateliers scolaires de St-Denis (école des
Boucheries) fait état que le directeur a demandé l'éclairage électrique
de son bureau et de la salle du conseil, mais faute d'ouvriers qualifiés
on s'est rabattu sur l'installation au gaz. Néanmoins, l'étude de l'équipement électrique dans l'ensemble du bâtiment est poursuivie.
Telle était la réalité des techniques aux alentours de la
1ère guerre mondiale.
./.
51C)
LE PAYSAGE URBAIN
Dans ce tour d "horizon, il faut aussi faire place au
mobilier urbain et au paysage citadin en général, tant la juxtaposition de bâtiments individuels, mêmes de qualité, ne suffit pas pour
faire une ville agréable et dont le caractère peut naître, par contre,
d'éléments simples et fonctionnels dont la répétition engendre un univers nouveau.
Tel est par exemple celui de la Plaine où 1 ' amas des
résilles, treillis, poutrelles et réservoirs métalliques des gazomètres,
par leur gigantisme et profil présent sur toute une partie de l'horizon
de la ville, illustrent le racourcis lapidaire de Morand les définissant comme "carcasses de Colis ée ". Et puis, sortant des grandes halles
industrielles ou émergeant des sheds en dents de scie qui distribuent
correctement une lumière zénithale sur les plans de travail, des dizaines de cheminées crachent leurs panaches de fumées et de scories, comme
si cette zone était le ventre de Vulcain^
0
ù l'on peine, sue, se blesse
et parfois meurt.
Plus discrets mais non moins beaux sont les ouvrages d'art
comme les ponts et passerelles. Soit dans la brutale rudesse de poutres
métalliques en treillis sur appui libre, soit par1 leur architecture
recherchée, comme au pont reconstruit après la guerre de 1870 et qui,
en 1905, franchit la Seine en trois arches. L'ossature qui supporte
tablier et tro ttoir sur une largeur de 13,70 m permet le passage des
cables, canalisations en-dessous, et au-dessus d'une importante circulation, voire elle des tramways. Les candélabres à gaz, au-dessus des
dés que portent les culées ne sont pas moins décorés qu'elles. Si la
conception de l'ouvrage est des ingénieurs Hetier et Caldagues, par
contre, le grand architecte Formigé a dirigé la partie décorative.
Cet homme de l'art voulait être peintre et "rêvait de
décor de couleur". Elève de l'école des Beaux Arts, il travaille chez
Boeswillwald et au service des monuments historiques. Chef d'agence de
Ballu, il lui succède ensuite et devient architecte des Promenades et
Plantations de Paris. Ses palais de l'Exposition de 1889, avec des matériaux nouveaux (fer, terre cuite, céramique), mais dans des formes
connues, font sa renommée.
./.
-52-
Le pont de 1' Ile-Saint-Denis parait très caractéristique de ce
mariage entre les nouveaux produits de l'industrie et l'esthétique
qui précéda leur naissance. Son architecte a d'ailleurs participé
à d'autres ponts connus sur la Seine : les viaducs pour le métro
dit de Passy et d 'Austerlitz. On doit au fils de Formigé la continuation de l'oeuvre de Viollet-le-Duc , pour la restauration de la
Basilique de Saint-Denis, avec un respect encore plus scrupuleux des
styles médiévaux que traduit aussi son excellente monographie sur
l'édifice et sur le monastère attenant.
Parler du paysage urbain, c'est évoquer aussi les enseignes bien peintes et calligraphiées sur les murs, les devantures,
notamment de boucheries avec leurs marbres enluminés de dorures, les
glaces dépolies des cafés traçant des arabesques, ou les réverbères à
gaz des trottoirs qui sont devenus aujourd'hui pièces de collection
ou de jardins privatifs. Des statues réalistes (de Nicolas Leblanc,
de Vercingétorix) ou le buste de la République animent alors quelques
places ou squares -des ilôts de -verdure et de frondaisons protégés par
des grilles ad hoc, et où enfants, mères, amoureux, flâneurs, pouvaient
écouter les fanfares jouant sous les élégantes couvertures des kiosques
surhaussant les musiciens pour mieux les voir et les entendre, et sans
que gênent les fines colonettes métalliques supportant de tels parapluies
Même les plaques de bronze pour le numérotage des habitations, avec leurs chiffres en relief et bien lisibles, contribuaient
au repérage immédiat des citoyens. A ces derniers, l'heure était distribuée par les horloges de la Mairie, du marché ou de l'Eglise Neuve.
En ce temps, où Flammarion vulgarisait l'astronomie, petits et grands
pouvaient même lire la fuite du temps au cadran solaire implanté sur
un fronton du groupe scolaire Jules Guesde, construit vers 1876.
D'ailleurs, des règles d'unité présidaient à l'harmonie
du bâti pour éviter l'hétérogénéité des constructions:
"En 1882, lors de la construction des habitations sur la
rue bordant le square De Geyter, une délibération du conseil municipal
en fixa les règles. Il ne sera permis auxad judicataires des terrains
vendus par la ville, sur la rue bordant le square et le cours Ragot,
.../.
53-
ni clôtures en planches, ni hangars, ni même de clôtures en maçonnerie pleine ; toutes les façades seront ravalées de moulures.
Toutefois, les façades en briques, moellons ou pierres apparentes
pourront être unies, les ravalements en plâtre uni sont seuls interdits. Les constructions élevées devront avoir au moins deux étages."
Quant au ravalement des façades, l'administration municipale y veillait aussi^ :
" Dans un article publié dans un journal local, le
14 avril 1895, on lit ; ... Saint-Denis a Jean Baptiste Clément »
On lui a trouvé un emploi à la mairie. Jean-Baptiste Clément est
promu "Inspecteur du grattage des maisons"... Quant vous verrez
passer dans nos rues, un homme à grandes moustaches, le chef couvert
d'un large feutre, la pipe aux dents et le nez au vent, vous reconnaîtrez le chansonnier du "Temps des cerises" ... en train de chercher
une rime ? Non, en train d'inspecter simplement les façades des maisons."
Au terme de cette présentation succinte et loin d'être
exhaustive, le lecteur aura-t-il appris à mieux apprécier le passé ?
Parmi nos erreurs humaines, l'absence de modestie consiste parfois à
renier ou sousestimer nos origines directes, notre proche passé, avec
ses arts et ses qualités spécifiques.
De beaux immeubles place de la Résistance au 19ème siècle,
en ont ainsi supplanté de non moins admirables du 18ème ou 17ème.
L'ilôt de l'actuelle bibliothèque a pris la place d'un vieil Hôtel-Dieu
de grande qualité.
Il existe pareillement de mêmes raisons fondamentales
pour sauvegarder f a ± utilisables, àes bâtiments à composants métalliques
ou en briques de la période objet du propos. Techniquement, ils ont été
construits avec un soin et une recherche bien supérieurs à ceux d'aujourd'hui, ce qui en rend, proportionnellement , leur restauration aussi
facile que celle de tout récents édifices, moins bien conçus et plus
chichement réalisés. Enfin, historiquement, ces bâtiments témoignent
de nouvelles données et solutions, techniques, économiques et sociales
qui font partie du patrimoine global de l'humanité, de la nation
française, de Saint-Denis, de votre quartier.
-54-
Puisse cette approche de l'urbanisation et du bâti en
votre cité f montrer à chaque Dionysien qu'il possède dans et par
sa ville un acquit, qu'ainsi il connait mieux et comprend, e'est-à'
dire un milieu qui lui est favorable et non pas indifférent et que
chacun a contribué à construire, maintenir et parfois détruire par
méconnaissance .
Savoir où l'on vit, découvrir le pourquoi et le comment
des structures urbaines et du tissu bâti que l'on rencontre, c'est
aussi pouvoir s'entretenir avec le voisin sur cet objet qui est aussi
le sien, que l'on aime, ou l'on se repère et déjà sécurisant par celàmême, outre ses potentialités prometteuses dès lors qu'on les connait.
55)
DATES DE CONSTRUCTION DES MONUMENTS DIONYSIENS
EQUIPEMENTS ET OUVRAGES D'ART
Selon Monin (op. cité) , la métamorphose de Saint-Denis
de 1870 à 1912 fit que sur son territoire s'édifièrent :
^Le nouvel Hôtel-de-ville avec la démolition de l'ilôt de
la Place dTÀrmes, composé de 21 vieilles maisons. L'Hôpital, les
roupes scolaires, les écoles maternelles, le bureau de bienfaisance,
es fourneaux économiques, l'orphelinat municipal, la crèche, la Caisse des écoles, les cantines et colonies scolaires, le théâtre, les
salles de réunion pour les sociétés, la salle des fêtes, le gymnase,
la justice de paix, le dégôt des pompes à incendie et leur matériel,
la Bourse du travail, 1' Hôtel des postes, les squares, la serre, le
marche, les abattoirs, l'éclairage multiplié des voies publiques, les
egouts , la canalisation de 70 bornes-fontaines, la machine élévatoire
des eaux de source, la construction du pont sur le canal, celui de fer
'.sur la Seine, les passerelles du canal, l'acquisition d'immeubles pour )
le dégagement des abords de la gare, la canalisation du Croult et du
Rouillon, les quais de Seine et du canal, la réfection générale du pavage des rues, l'assainissement de plusieurs quartiers, l'éclusage
automatique du canal, le bureau central de l'octroi, la maison du
conservateur du cimetière, les dépôts du matériel de la ville. L'agrandissement du cimetière, le four crématoire, le monument aux soldats
morts pendant la guerre de 1870-1871. L'aménagement des combles de
l 'Hôtel de Ville."
~~~
La caractéristique la plus essentielle de ces dépenses de
transformation de la ville, c'est que les contribuables, les habitants,
ne s'en ressentirent nullement.
Ces travaux s'exécutèrent avec deux emprunts, amortissables
à longues échéances représentant la somme modique de 439.678 francs
par an d'amortissement.
Une gestion économique et un resserrement pondéré des services communaux limitèrent les dépenses à leur stricte nécessité.
Il en résulte des plus-values budgétaires, évitant le
recours abusif aux centimes additionnels, si lourdement supportés par
la collectivité laborieuse de notre ville, v
./.
-56-
Une petite chronologie détaillée donne :
-1876
.
Première ligne de tramways sur rail, et à "impériales", trainés par deux chevaux.
Ouverture de la gare de chemin de fer à la Plaine.
Square THIERS (DE GEYTER) : établi suivant autorisation préfectorale en date du 30 Avril 1879.
Hôtel de ville : travaux effectués de 1881 à 1883 Première pierre posée le 30 Octobre 1881 sous la
présidence de Monsieur ENGELHARD (alors président
du Conseil Municipal de Paris) - Inauguration le
21 Novembre 1883.
Groupe scolaire 120 avenue de Paris, dit groupe de
la Plaine - construit de 1874 à 1876.
Groupe scolaire angle du boulevard Châteaud^ki et
rue Suger, datant de la même époque
- 1878-1879
Groupe scolaire Boulevard Félix Faure.
Ecole de filles route de Gonesse.
- 1880
Construction d'une fontaine monumentale au rondpoint de la caserne.
- 1881
Implantation de dizaines de bornes-fontaines.
- 1881-1882
Groupe scolaire du cours Ragot (boulevard M.Sembat)
- 1880-1884
Hôpital hospice : travaux mis en adjudication les
29 avril et 10 mai 1880, décompte approuvé le
3 mars 1884, inauguré le 3 Octobre 1880.
(Trois pavillons militaires ont été inaugurés par
le général ANDRE ministre de la guerre, le 9 mars
1902) .
- 1884
- 1886
- 1887
Chemin de fer industriel de la Plaine Saint-Denis à
Aubervilliers .
Groupe scolaire Emile Connoy
Eclairage électrique dans un magasin 69, rue de
Paris .
./.
-57-
Groupe scolaire du quartier Pleyel.
- 1893
Marché centre.
- 1898
Groupe scolaire 241 avenue de Paris.
- 1899
Ecole maternelle - angle rue de la Fromagerie et de la
rue Blanqui .
Ecole maternelle rue Franciade
Pont sur le canal en béton armé.
- 1901
Eglise Sainte Geneviève de la Plaine, inaugurée le
13 Octobre 1901.
- 1902-1905 . Théâtre Salle des Fêtes :
- 1905
. Pont sur la Seine.
1906
- 1907
. Groupe scolaire Danielle Casanova
. Commencement de l'Ecole des Boucheries.
- 1909
. Bureau de Bienfaisance
. Salle de réunions Légion d'Honneur.
- 1910
. Inauguration de divers bâtiments communaux : Ateliers
scolaires, B.A.S, agrandissement de 1 ' hôpital-Hospice ,
construction de l'hôtel des Postes, surélévation des
groupes scolaires (avenue de Paris 129 et 241), travaux
de voirie impasse Marteau, rues Nay et Gisquet, Fouquet
Baquet, Bâtiments communaux de la Plaine et du quartier
Pleyel, orphelinat Génin, groupes scolaires de la
route d ' Aubervilliers et de la rue des Boucheries,
construction de la salle des réunions de la place de la
Légion d'Honneur.
. Fondation des colonies scolaires.
1910-1914
. Premiers autobus.
1913
. Le Maire est chargé par le Conseil Municipal d'entre
prendre la réalisation des bains-douches.
-58-
1914
. Principe de création d'une cantine maternelle,
dans les locaux du dispensaire antituberculeux de la
rue Traverse.
. Ouverture de la gare du chemin de fer
Soissons .
1916
du Pont de
. Vote d'un crédit de 40.000Frs a prélevé sur le fond
du chômage pour la construction du siège définitif
de la cantine maternelle grande rue Saint-Marcel.
59)
INDEX BIOGRAPHIQUE
7)
BOMMA Aimé (7555-7930) . Ingénizui de la Ville, dz Vomit. Utilité. tièt
tôt le. aiment aimé.
A Saint-Venit , en 1899 pou.fi le. pont &uK le canal
et poui let égoutt de la Plaine de Ciéteil en1 894 .
CAI LLEUK A et G , an.chite.ctei> de la ville de. Saint-Vznit , zntiz Izt
deux guziizt de 1870 zt 1914, ont piopotz ou. néalité plutizuit bâtiments communaux, [groupe tcolaiiz Avenue Wilson
ou du bou.le.vaKd de
Chateaudun, halle de la légion d'Honnzui).
3)
COTGNET Viançoit
(-[814- 1 888]
Ciéateui de l'usine dudit nom à. Saint-Vznit - développe le. béton pou.fi
le.qu.el il piznd plu.tizu.iii bizvztt. Conttfiu.it la catzinz de la Cité à
Van.it, let diguzt de Saint- J zan- de- Luz , le phaiz de Von.t-S.aid. Vublie
divzit ou.vn.aget d'économie politique.
A néalité en 1 853 , avec Théodoiz LACHEZ, la pizmiélz maiton en cimznt
au 72 lue. Ch. tt.iche.lt.
4)
EPOUX Léon
(1827-1910)
Czntializn. fait dzt expen.ie.ncet tun Izt combuttiblzt natune.lt zt aitikicielt. S ' inttalle à PARIS veit 1 860 comme zntizpie.ne.ui dz tiavaux
publiât. Vuit à paitil dz 1868, tz tpécialite dant let atczntzuit . A
léalité Iz pizmizi dz la Uaiiiz.
5)
FORMIGE J e.an- Camille.
[1 845- 1 9 2 7]
Aichitzctz dzt Viomznadzt zt dzt plantationt dz Vaiit. Szt palait dz
V zxpottion dz 1889 iont ta iznommzz. Vaiticipz avzc Izt ingénizuit à
la léalitation dzt viaduct d' Auttzilitz zt dz Vatty.
A Saint-Vznit continuz à izttauizi la Batiliquz zt léalitz la paitiz
aichitzctuialz du pont tui la Szinz.
./.
Le nom de COIGNET est intimement lié à la naissance et au développement de
l'industrie du Ciment Armé.
François COIGNET (1814 - 1888) est l'un des inventeurs du béton armé. Après
avoir étudié la composition et la fabrication des bétons et mis au peint leur
utilisation pratique, il construit à LYON des immeubles qui sont les premiers
bâtiments en béton coulé dans des coffrages. En 1852, à SAINT-DENIS, il coule
une terrasse qui constitue le premier plancher en béton armé réalisé au monde.
Dans son important ouvrage sur les "bétons agglomérés appliqués à l'Art de
Construire" publié en 1861, il prévoit et décrit l'utilisation de ses procédés
dans tous les domaines de la construction. Parmi ses principales réalisations,
on peut citer : la Caserne de la Cité à PARIS, l'Aqueduc de la VANNE, y compris le pont aqueduc de VILLENEUVE S/YONNE et la traversée de la forêt de
FONTAINEBLEAU, des maisons de' rapport à PARIS qui sont à ce jour en parfait état
de conservation, des travaux à la mer à SAINT-JEAN-DE-LUZ, etc ...
Son fils Edmond COIGNET (1861 - 1915) poursuit l'oeuvre paternelle. Il s'attaque
tout d'abord au problème théorique de la résistance des matériaux appliqués au
béton armé. Ses méthodes de calcul, déduites de nombreuses expériences et réalisations furent utilisées par les constructeurs du monde entier pendant cinquante ans. En 1892» Edmond COIGNET dépose un brevet de poutrelles préfabriquées
et utilise pour la construction du Casino de BIARRITZ, la préfabrication, ce
procédé moderne de construction qu'il vient d'inventer. C'est également Edmond
COIGNET qui, le premier, pense à l'utilisation de béton armé pour l'exécution
de pieux et de palplanches.
Edmond COIGNET, en général directement, mais aussi par l'intermédiaire de
concessionnaires, entreprit des travaux en FRANCE, en BELGIQUE, en GRANDEBRETAGNE, en ITALIE, en ALGERIE, au MAROC, au SENEGAL,. en TURQUIE, en EGYPTE,
en REPUBLIQUE ARGENTINE et au BRESIL. Dans la gamme étendue de ses réalisations
figurent des immeubles et des installations industrielles, des ponts et des
appontements , des réservoirs et des canalisations, des hangars. Il faut surtout
citer le château d'eau de l'exposition de 1900 à PARIS, le platelage du pont sur
la Pétrusse à LUXEMBOURG, le quai nord de MONACO, les caissons du port de BAHIA.
60 bis
EIFFEL Gustave (1832-1923)
Centralien qui s'oriente d'abord vers la chimie. Il travaille pour la Compagnie
Générale de matériel de chemin de fer, pour laquelle il construit, à 26 ans, son
premier pont (Bordeaux). Devient un entrepreneur à 36 ans et particulièrement important après 1871. Ses ponts du Douro (1877) et de Garabit (1884) sont à juste
titre célèbres. Il construit sa fameuse tour de 1887 à 1889, tant attaquée et
aujourd'hui fierté de la capitale. Il eut contre lui Garnier l'architecte de
l'Opéra et Gounod le musicien, mais qui firent amende honorable ensuite/
Parmi les irréductibles, attachés au passé, outre Maupassant et Sully Prudhomme,
il y avait l'artiste dionysien Meissonnier.
D'Eiffel, il faut voir aussi, à Paris, les Magasins du Bon Marché avec ses verrières et passerelles et, à l'immeuble du Crédit Lyonnais (19 boulevard des
Italiens), la coupole de cristal. Au lycée Carnot on lui doit un immense et clair
hall couvert.
A Saint-Denis, les divers grands bâtiments des usines Citroën, (rue Ambroise
Croizat et boulevard de la Libération) avec leurs fermes (en arcs) permettant des
portées de quelques 36 mètres, sont de lui. Certains furent remontés là après leur
utilisation lors de l'exposition parisienne. Ils y servaient à abriter des dirigeables.
Eiffel aurait construit aussi la passerelle du gaz au-dessus de l'avenue
Wilson.
Attaqué au moment du scandale de Panama, où il construisait les écluses, Eiffel
se consacra
à la météorologie et à 1 'aérodynamise; à 86 ans, il réalisa
donc sa première soufflerie et collabora à la première mise au point d'un prototype
en soufflerie, le Breguet LE.
60)
7)
GUIMARP Hector (1 867-1 942)
Elève de* art* décoratif* avant *e* étude.* d' architecte. En 1894
priorité d'une bour*e d'étude* pour aller rencontrer Horta à Bruxelles .
Le Cartel Béranger et le* bouche* de métro l'ont rendu célèbre. Un
de* premier* à *' être lntére**é â la production lndu*trlelle d'élément* de con*tructlon Interchangeable* . Il meurtâ New-York en 1942,
au pay* de *a fiemme, le peintre kdellne Oppenhelm.
A réalité â Salnt-Venl* V u*lne de* établi** ement* Uozal.
8)
MOULIN Paul (1881-1927)
Architecte dlony*len, &ll* d'un autre » Jule* , dont II continue
le groupe *colalre de* Boucherie*. On lui ^oltde beaux Immeuble*
Place de la P,é*l*tance, â l'angle de* rue* v . Ve Geyter et Lorget.
A réalité auttl l'Hôtel det Pottet et la tuccurtale de la Banque de
Vrance à Salnt-Venl*. Autre* con*tructlon* â Louvre* et Staln* .'
9)
VIOLLET-LE-VUC
(1814-1879)
Célèbre architecte, re*taurateur de la Madeleine de Vezelay, de
Hotre-Vame de Pari*, de la Ba*lllque de Salnt-Venl* , du château de
Plerre^ond* , etc.
Ecoeuré par le Second Empire dont II lut pourtant l'architecte ofi^Iclel, Il e*t élu municipal *ur une ll*te républicaine de Pari*
aprè* la commune.
A réalité â Salnt-Venlt, l'égllte Salnt-Venlt de l'Ettrée. Partlclp
tou* la lllème république aux programme* de con*tructlon^ *colalre* .
Rédige de nombreux ouvrage* *ur l'architecture â la &ln d'une carrière bien remplie^ a une renommé Internationale.
61)
BIBLIOGRAPHIE
Outxe le* livAe* de et *ur l'époque qui concexnent V architecture , quelques ouvAages semblent indispensables pour une appAoche plut, technique et dionysienne du sujet. C'est dan*
l2.uA pAopAQ- bihlloQKa.phi.<L que l'on pourra tAouvex une. documentation exhaustive., et dont nous
avons usé abondamment.
- Paul CHEMETOV et BeAnoAd MARREV , Architectures, PaAis 1848-1914, Vunod éd. 1980.
VieAAe V0U2EUEL, Saint-Venis en cartes postales, bil. Européenne.
VieAAe VOUZENEL, Mémoire *ur l'eau potable, eaux usées et assainissement, Saint-Venis
VécembAe 1919.
-J.C
VELOME ET
M. ELEB-HARLE,
J.P SCALA8RE,
MC
ïoAme. UAbaine et Habitat, U.V.8 191 S thèse de diplôme.
GANGNEUK , E.LAJSUEV, S. SANTE L II , Typologie opérationnelle de l'habitat,
ancien - 1850-191 4, Plan construction.
AVVA et M.VUCREUX, l'espace industriel en question, Saint-Venis AubeAvillieAS , Vol 1, UVRA/
ESA 1980.
- Ph. GUÎLBERT, Etudes géologiques et HydAogéologiques sur la ville de Saint-Venis - 1911.
-J.C
VELORUE ,
BRUWET
C.
J.P.,
PORE, J.P SCALABRE,
Saint-Venis, ilôt de la Aue EAnest Renan SeptembAe 1919
"Aux origine* de l' indus tAialisation de la Aégion de SaintVenis " , Etude* de la région parisienne, avr. 1 96 9 , pp 11-1 2
" L' industrialisation de la Aéqion de Saint-Venis , Acta qéogAaphica, 4, 1970, pp. 223-280, 2 tabl. , 3 photo*, 6 plan*,
bibiogA .
LAGARRIGUE
L . , Cent an* de tAan*port* en commun dan* la Aégion parisienne
Par^*, RATP, 1956, 2 vol. 218 p. + 141 p., pl. plan* et caAte*
- Archive* municipale* de Saint-Veni* , notamment délibération* du con*eil
municipal .
62)
ARCHIVE DE PARIS
3 M 2
1. Propagande électorale
D6 5 9 9. Ligne de Paris à Creil, Pontoise et Beaumont.
gare de Saint-Denis (1872-1917).
9
»
D 6 5
15. Ligne des Docks de Saint-Ouen aux Epinettes a
la Plaine Saint-Denis et à Ermont. Affaires Générales
(1878-1911) .
MON IN H.
Histoire de la Ville de Saint-Denis et de la Basilique
éd. Cuit, et civilisation, Bruxelles 1971, rééd. de
l'ouvrage de 1928.
Sous la direction M. DAUMAS et J. PAYEN avec C. DUFOUR, C. FONTANON ,
G. JIGAUDON, D. LARROQUE, A. HUGUETTE.
. Evolution de la géographie industrielle de Paris et sa
proche banlieue au XIXème siècle.
2 V, Paris, 1976
. Analyse historique de l'évolution des transports en commun dans la région parisienne de 1855 à 1939 .
1 V + planches, Paris, 1977
( Publications du CNAM)
PARMENTIER A.
Le travail industriel des enfants et leur scolarisation au
XIXème siècle .
Archives départementales de la Seine-Saint-Denis, service
éducatif 1980.
LOMBARD -JOURDAN A. Les trois hôtels de Ville de Saint-Denis, bull.
de la Société de l'histoire de Paris et de l'Ile de
France, Paris 1979, éd. Librairie d'Argences 1980.
P. DOUZENEL
La petite histoire des transports dionysiens et du métropolitain . SDR Mai 1976.
Bibliothèque municipale - SD DOC 388 4 TRA - Le transport
à Saint-Denis.
63)
CREDIT PHOTOGRAPHIAI IF
Outre. V apport du sen.vi.de Photo muni.ci.pal, e.t
de V atichi.vi.ste Pi.en.ne DE PERETT1 , l'Iconographie a été sérieusement étalée pan. les pn.opn.es documents
- du Bureau du Plan et des Services Techniques
- de Pierre VOUIEHEL et CLEE dont les Importantes
collections de cartes postales de l'époque donne.nt une Idée non seulement du patrimoine mais d
V atmosphère générale du paysage urbain.
- de la direction départementale de l'Equipement Subdivision territoriale Clos Saint- Quentin
- du GEP, par V Intermédiaire de Monsieur VEHEVPkS
SARV et des architectes ayant eu mission de ce
service pour le centre-ville de Salnt-Venls
[Jacques GUEUARV. et Jean-Michel SAUGMET ont pris
à eux seuls 3000 clichés sur le bâti du centreville).
IMMEUBLES A LOYER ECONOMIQUE URBAINS 3890 -1930
Les immeublas à loyer populaires constituent une part importante de
l'échantillon étudié à Paris et en banlieue. Parmi ceux-ci la production
philanthropique ou coopérative est fort peu représentée dans le temps
et dans 1 ' espace .
Les immeubles "Dyonisien", en particulier, ne témoignent pas d'une
démarche spécifique sur l'organisation du logement.
La forme et les dimensions des plans sont des constantes avec peu de
variantes
:
1 - plan simple de forme rectangulaire de 10 m d'épaisseur sur 15 à 17 m
de profondeur. Donne lieu à des additions : deux unités accolées avec
un même vestibule, ou 2 corps de bâtiments un sur rue, un sur cour.
Sur une épaisseur moyenne de 9 à 10 mètres, les logements sont distribués
à 2 par palier et sont à double orientation.
Sur une épaisseur supérieure [jusqu'à 13 m) le refend médian sert se
séparateur entre 2 logements mono-orienté et les cuisines apparaissent en
façade .
2 - sur une parcelle plus large
se présentent : "
(jusqu'à 25 ou 30 m) que profonde,
ceux cas
Le corridor de part et d'autre de l'escalier est éclairé sur cour ou en
position centrale selon l'épaisseur du bâtiment.
Dans le cas de faible profondeur (moins de 8 m] , il y a distribution
de logements sur rue et de logements à double orientation en bout de
corridor.
Dans le cas d'une épaisseur supérieure (11 à 13 m) le corridor en position
centrale est éclairé par des courettes latérales, il aistribue deux
séries de logements mono-orientés.
Lg ^OYER se présente comme une opération à deux corps de bâtiments d'aspect
petits-bourgeois, non contredit par les logements. Les immeubles sur
cour et sur rue sont identiques avec deux logements par palier, les cours
sont vastes. Les immeubles possèdent six niveaux aussi bien sur cour que
sur rue.
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FAÇADE PRINCIPALE
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R .deC
PLAN ETAGE
HABITATIONS OUVRIERES ET ECONOMIQUES
1890 -
1910
- UNE PRODUCTION SPECIFIQUE
Cette catégorie recouvre une production immobilière spécifique,
des sociétés philanthropiques, coopératives ou patronales.
celle
Les objectifs, charitables et spéculatifs, sont souvent de fixer en le
logeant, un prolétariat instable, d'origine rurale récente.
- Financement
Pour bâtir,
ces sociétés bénéficient de fonds divers
- subventions,
faibles,
:
accordées par la loi 1894 sur les habitations à
bon marché.
- dons de personnes "charitables",
legs,
prêts des communes.
- parts de propriétés distribuées à des coopérateurs .
- Projets
Les projets sont élaborés d'une façon particulière, ils sont scuvent
l'objet d'un concours. Les projets primés sont diffusés par des publications, des modèles sont sélectionnés lors de concours départementaux et
leur réalisation est facilitée sur le territoire d'une commune en organisant
par exemple des concours restreints entre primés, cas de la cité "La Ruche"
Les architectes primés sont généralement des praticiens libéraux, scuvent
expérimentés, comme Maistrasse et Guyon, dont on connaît les réalisations
à caractères novateurs, à Paris, les HBM
- INNOVATION ET ECONOMIE
Ces conditions particulières de promotions ne semblent pas produire
d'emblée un type d'immeuble aux caractéristiques nouvelles ; tout au
moins au niveau des dispositions des plans de logement et du langage
architectural des façades.
En revanche, les innovations résident dans les préoccupations de commodité,
salubrité et économie et la façon dont elles sent réalisées dans des
programmes populaires.
Une réflexion spécifique est appliquée à la réalisation économique de
ces constructions. Une solution, recommandée d'ailleurs lors des concours,
est d'utiliser les matériaux locaux et les sous-produits des industries,
disponibles sur place, comme le mâchefer.
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Les matériaux les plus courants sont
- briques, meulière en gros oeuvre
- béton de mâchefer : murs,
- moellons
:
: murs
cloisons,
fonoations
: fondations
/
- tuiles mécaniques en toiture.
- FILIATION
Les caractéristiques les plus importantes à noter, à propos des immeubles
rencontrés, sont les traits qui les rattachent d'une part à la tradition de
l'immeuble à plan simple populaire
dont il rationalise les caractères
essentiels, et les références à la production industrielle au niveau
des systèmes constructif s .
Les parentés avec l'Immeuble Industriel s'affirment au niveau des matériaux
mis en oeuvre et du traitement décoratif.
Celui-ci est très discret et se réfugie dans les bandeaux de briques
émaillées des baies, contrastant avec les murs de meulière ou de mâchefer.
Cependant,
il est vrai que ces immeubles innovent essentiellement par
:
- leur solidité et la sobriété de leur décoration
- l'éventail des éléments de confort tels que W.C. intérieur au logement,
eau sur évier, fourneau et armoire dans les cuisines
- et en dernière instance, par leur échelle
comme une addition d'opérations.
:car ils se présentent toujours
- LOCALISATION ET TYPE D'OPERATION
Afin de rendre compte des immeubles de ce type rencontrés au sein de
l'échantillon, nous avons distingué :
- les immeubles
à loyer économique urbain
Situés à Saint-Denis par exemple dans des secteurs proches des établissements industriels. Il s'agit d'opération dense sur des terrains Deu
urbains .
Le plan simple à 2 et 3 logements par palier est la règle
Le Dlan diq
tribuant 4 logements par palier, surtout réalisé par de^ lne4 -w
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FAÇADE PRINCIPALE
COUPE
PLAN
PLAN
ETAGE
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IMMEUBLES A DEUX LOGEMENTS PAR PALIER
Les logements sont souvent des réductions de l'appartement petit -bourgeois
par la distribution et la taille des pièces.
Ils comprennent
:
- une antichambre se prolongeant par un débarras et distribuant toutes
les pièces
- cuisine et U.C.. qui jouxtent l'escalier et s'éclairent sur la cour. Le
U.C. peut n'avoir qu'une ventilation indirecte par une trémie au-dessus
de la pierre d'évier. La cuisine est souvent exiguë "l'ouvrier préparant
son repas sur le seul foyer du logis, situé dans la salle".
- trois chambres au maximum dont une "salle avec cheminée".
IMMEUBLES A TROIS LOGEMENTS PAR PALIER
La disposition à trois logements par palier, dans une enveloppe de même
dimension que pour deux logements, soit 18 m de façade sur 9à 10 m de
profondeur, produit des logements plus réduits, de deux chambres et une
cuisine W.C. Un logement sur trois est mono-orienté avec cuisine en
façade .
Ce logement mono-orienté est en général médiocrement isolé de ses deux
voisins ; le refend appuyant les conduits de fumée est dans ce cas en
prolongement d'un des murs de l'escalier et ne sert plus de séparateur des
logements .
L'inconvénient de ces logements réside dans leur mono-orientation
et leur difficulté à être convenablement ventilé.
Au-délà de 4 logements par palier, le corridor central s'allonge et
s'éclaire soit sur cour, soit latéralement selon la distribution
de logement uniquement mono-orientée ou non.
Dans ce cas, les logements sont généralement composés de : 1 salle et 1
chambre
ou pour les plus grands de 2 chambres, 1 cuisine et 1 débarras.
La façade présente un grand nombre de baies dont le rythme est
MAISONS OUVRIERES A LOYERS ECONOMIQUES EN CITE
Sur une assise foncière réduite, entre 18 et 36 m2, les principes de
distribution sont peu différenciés. C'est par le cloisonnement et
la place de l'escalier que la partition de l'enveloppe s'opère
,
orientant, selon l'importance relative de la maison, la salle ou la
cuisine sur le côté "montré" jardin ou rue.
DISTRIBUTION
Un premier clivage se fait par l'existence ou non d'une séquence d'entrée
distincte d'un dégagement. Souvent, entrée et dégagement sont confondus
et l'accès a lieu sous la volée d'escalier.
L'escalier sur le côté de la maison est soit
lié à l'entrée, soit en
fond de dégagement. Il y a alors passage traversant Oe la rue ou du
jardin vers la cour.
Escalier et entrée associés permettent une redivision en 4 de l'enveloppe
ce qui donne 2 ou 3 pièces selon la surface.
L'escalier dans un angle, opposé à l'entrée implique ou bien une entrée
vaste et deux pièces ou une cuisine accessible directement.
Les étages sont de simple
redivision en 2 ou 3 chambres avec cabinet,
armoire ou chambrette selon les surfaces. Le W.C. est toujours intérieur
au logement et toujours aussi lié à l'escalier : sous la volée à rez-dechaussée ou réduisant la trémie à l'étage.
Les maisons à 2 niveaux sont surélevées sur cave,
perdu .
le comble est généralement
Les éléments de confort sont limités mais présents : eau courante sur
l'évier de la cuisine, chasse d'eau dans les W.C, avec système d'égoût
et fosse collective, cheminées dans les salles et chambres, bouches de
chaleur dans les pièces sans foyer sans oublier le lavoir dans les courett
Parmi les 3 types A, B et C de la Ruche, pour lesquels un tableau reprend
les analogies et les différences, le premier est une variante de maison
semi-rurale avec pièce unique, alors que les types B et C adaptent, en cit
un principe de maison urbaine à vestibule traversant, réduction par division du plan de base simple.
SYSTEME CONSTRUCTIF
Le mode constructif est proche de celui des petites maisons de rapport
industrielles étudiées précédemment. Nais l'aspect est modeste. La
décoration s'arrête au bandeau des baies et à quelques points de céramique,
La brique est le matériau de prédilection, elle est partout disoonible
et économique, de bonne qualité, elle évite l'inconvénient de l'enduit
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Les Cites
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COIN
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et son entretien onéreux.
si l'argile manque.
Elle peut être fabriquée sur place,
La meulière est un matériau plus riche,
ment pour sa dureté.
en ciment,
utilisée quelquefois en soubasse-
L'utilisation de matériaux locaux est réalisée à LA RUCHE avec le pisé de
mâchefer et de chaux qui est laissé apparent. Les matériaux tels que
les blocs de ciment comprimés selon le procédé Coignet expérimenté
par l'ingénieur Coignet, dans une maison à SAint Denis, sent utilisés pour
les seuils, les marches, les appuis. Une maison, Cité du Coin du Feu;
est réalisée en blocs maçonnés.
FORMATION
LRBAINE
Parmi les modes de groupements urbains, l'impasse et la villa sont les
plus fréquents. Les maisons bordent une voie privée, avec ou sans jardin
devant .
Les maisons sont rarement isolées, elles sont jumelées par 2 et laissent
un passage sur le côté. Quand elles sont groupées par 4 sur deux voies
différentes en simple bande continue ou en double continue, elles forment
alors un ilôt étroit dont le centre est redivisé en jardin
avec ou sans
passage à l'arrière de ceux-ci.
En cité, les maisons sont groupées par bande ou par grappe et elles donnent
sur un espace collectif : placette, rue, séparées de cet espace soit
par un jardin, scit par une contre allée à l'arrière des maisons. Cours
ou courettes sont .redivisées ou non.
L'échantillon étudié, indique que les maisons en situation urbaine eu en
cité diffèrent peu en disposition intérieure.
La cité offre plus fréquemment l'exemple de maisons groupées par 2, 3 ou
4 sous un même toit. Ainsi que des maisons aux dimensions extrêmement
réduites 18 à 24 m2 de surface construite à rez-de-chaussée.
La rangée urbaine est en revanche surtout la reproduction d'un mêmeplan à
peu de variante près.
PETIT IMMEUBLE LOCATIF OUVRIER (l,2.,3
LOGEMENTS PAR ETAGE)
DES RUES DE LOTISSEMENT SANS COMMERCE
Morphologie
Il s'agit souvent de la même assise foncière que celle de la petite maison
de rapport. La parcelle est même quelquefois plus réduite, dans les lotissements après 1900, on trouve des parcelles de 10 m sur rue et 20 m en
profondeur.
La façade est ainsi limitée, car le montant des taxes de voirie est
calculé au mètre linéaire de façade.
Distribution
Le plan est approximativement carré, de l'ordre de 10 x 10 m. L'escalier
est en position centrale, le passage sous l'escalier relie la rue et la
cour, avec départ de l'escalier de cave et un W.C. sur cour.
Généralement,
on trouve 1
à
2 logements par palier et 5 niveaux.
Logements
Les logements comportent 2 chambres sur rue et 1 cuisine et 1
cour .
chambre sur
Quand le palier distribue 3 logements, ceux-ci ne comportent plus qu e
2 chambres et 1 cuisine, et 1 cuisine-salle et 1 chambre pour le logement
mono-orienté. Il y a alors un W.C. sur le palier.
La façade est percée de baies régulières,
souvent les souches de cheminées.
les trumeaux supportent
La construction s'apparente à celle de la maison de rapport surélevée
sur cave.
Remarque : Si la parcelle est plus étroite (moins de 10 m de large)
on retrouve le plan simple divisé, l'escalier est alors en position
latérale et distribue 1 logement par palier.
Le logement comporte alors 2 chambres sur rue et 1 chambre et 1 cui
BUr cour.
IMMEUBLE DE RAPPORT INDUSTRIEL URBAIN SANS COMMERCE
IMMEUBLE A PLAN SIMPLE A 2 ET
3 LOGEMENTS PAR PALIER
Morpho logie
Le cas le plus typique est constitué par l'immeuble en bordure de rue,
occupant une assise de 10 m par 10 ou 15 m de profondeur en substitution sur
un parcellaire ancien.
Distribution
L'escalier occupe l'axe rue-cour, au centre et autorise un passage traversant. Deux logements sent distribués par palier. Ils comportent 2
chambres en façade, une cuisine et une chambre sur cour, les W.C. sont
toujours associés à l'escalier.
Variantes
La façade comporte en général 4 travées de baies simples et sans balcon.
Lorsque la parcelle est plus longue que large,
travées de baies pour 2 logements par palier.
la façade compte 5à 7
Ceux-ci sont plus vastes que les précédents, possèdent un salcn et 2 chambres
en façade, et chambre cuisine et salle à manger sur cour.
La décoration est plus abondante et la façade s'orne de balcons au
bel étage et au 5ème ou 5ème selon la hauteur de l'immeuble (la hauteur
étant liée à l'importance de la voie].
El.
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14
RUE
Ex
CATULIENNE
S* Denis
PC
RUES DE LOTISSEMENT PRIVE
PETITE MAISON DE RAPPORT A 1 ET 2 LOGEMENTS PAR NIVEAU
Taille et distribution
Ce sont des maisons de 2 à 3 niveaux, le propriétaire gérant occupait
le logement à rez-da-chaussée et louait les étages.
Cette maison possède une cour arrière et plus rarement un jardin de
devant. Elle possède une entrée sur rue et le vestibule est traversant
rue-cour, sous l'escalier.
On rencontre le plus souvent le plan simple avec escalier en position
centrale et 2 logements par palier, entre 10 et 15 m de façade. En-dessous
9 à 19 m de façade, le plan est réduit, l'escalier est alors en position
latérale, et l'on trouve 1 seul logement par palier.
Les logements sont distribués sur cour et sur rue toujours de part et
d'autre d'un dégagement délimité par le refend médian et comprennent : salle
à manger, salon sur rue, et 1 chambre, la cuisine et W.C. sur cour. Bien
souvent, le W.C. est situé a.-mi-étage de l'escalier sur un petit palier
intermédiaire .
Système décoratif et façade
La maison est surélevée sur cave.
Le soubassement en meulière ou plus modestement cimenté avec ses
soupiraux de ventilation des caves, sert d'assise.
Le rez-de-chaussée est souvent traité en assise contrastée de briques
rappelant les bossages, les percements sont simples sans jambages marqués,
les linteaux métalliques sont apparents.
Il y a toujours utilisation de quelques motifs de briques vernissées ou
de céramiques.
Une corniche limite mur et
toiture, celle-ci a une couverture de tuiles
mécaniques et une gouttière pendante simple.
Système constructif
Les fondations sont en meulière ou gros moellons durs,
en briques pleines.
les refends sont
Les cloisons en carreaux de plâtre ou carreaux de plâtre et mâchefer.
Le plancher bas du rez-de-chaussée est en voutins de brique.
Remarque : Ces maisons sont sauvent l'cbjet de surélévation de 2 à 3
niveaux. Après la guerre de 34-38, une certain confort est alors introduit
W.C. intérieur, salle de bains ou cabinet de toilettes.
IN II
IMMEUBLE DE RAPPORT INDUSTRIEL URBAIN AVEC COMMERCES - 1880 - 19QQ
IMMEUBLE DE RAPPORT A PLAN SIMPLE A 2 ET 3 LOGEMENTS PAR PALIER
Morphologie
La taille de la parcelle est réduite : 15 m de large, 20 m de profondeur
et permet l'édification d'un immeuble en bordure de rue avec cour.
Les opérations c'angles disposent de parcelles plus grandes mais tout
aussi profondes.
Système de distribution
D'une manière générale, le type adopte le plan simple avec distribution de
2 logements par palier. L'escalier est situé dans l'axe rue-cour sauvent
en position centrale. Il est éclairé par la cour.
Il y a toujours un passage rue-cour sous l'escalier. La cour est étroite
et occupée par les extensions des commerces à rez-de-chaussée.
Dans certains cas, le porche en position centrale, dessert deux immeubles
contigus, ne formant qu'une seule.:cpération dense, mais bénéficiant de
2 systèmes de distribution.
Lcgements
Les logements à double orientation sont distribués de part et d'autre
de l'escalier avec les pièces de service sur cour, cuisine et chambre,
et salon salle à manger sur rue, séparées par le refend médian. Une alcove
ou un local de rangement est pris sur l'extrémité du corridor.
Dans les opérations plus denses, les logements sont distribués de part
et d'autre de refends médians qui jouent alors un rôle de séparation entre
appartements. Ceux-ci sont mono-orientés et comprennent une cuisine, W.C.
et trois chambres en enfilade, la dernière étant commandée.
S'il y a trois logements par palier, un des logements est uniquement orienté
sur rue et la cuisine n'est pas soulignée en façade.
Langage de façade,
système constructif et décoratif
La mouluration accuse encore les
lignes horizontales.
Un registre intermédiaire, réunifié par des pilastres franchissant deux
étages accuse le 3ème et 4ème niveaux.
La décoration utilise, dans les halls d'entrées et vestibules, la faïence
blanche sur les murs et des mosaïques de couleur au sol. Quelquefois, un
décor en stuc.
238
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PLAN
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IMMEUBLE DE RAPPORT INDUSTRIEL AVEC ARTISANAT OU COMMERCE DES QUARTIERS
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3 900 - 1914 - 1920
IMMEUBLE DE RAPPORT A PLAN SIMPLE ET 2 A 3 LOGEMENTS PAR PALIER
Morphologie
Il s'agit de la 2ème génération d'immeubles construits dans les quartiers
nouveaux, sur l'emplacement d'une petite entreprise artisanale ou même
à caractère rural (laiterie) en bordure de rue.
Les parcelles sont larges,
à 50 m.
de 17 à 25 m de façade et profondes,
de 40
Distribution
Le fond de la parcelle est desservi par le passage sous porche,
ou axé.
latéral
L'escalier est latéralisé, il peut être recentré au-dessus du porche au
1er niveau; le nombre de logements par palier est généralement de 3 mais
ceux-ci sont vastes du fait de l'assise foncière généreuse. On trouve
par exemple 2 logements de 4 chambres, cuisine et W.C, à double orientation
et 1 logement de 2 chambres, cuisine mono-orientée.
Langage architectural
L'aspect est toujours très lié au système constructif,
et sur cour sont en briques.
les façades sur rue
Sur rue, la brique est apparente, les linteaux métalliques sont soit
cachés par des plates-bandes appareillées, soit par une frise de carreaux
céramiques vernissés.
La façade arrière est sauvent enduite et peinte du fait dé l'utilisation
d'une qualité inférieure de briques plus poreuses qu'en façade.
La décoration s'appuie sur des motifs polychromes de briques vernissées
et les jambages des baies, quelquefois, un balcon à l'étage noble, et
au Sème étage en retrait.
Problème de réhabilitation
Malgré un aconfort : ni .
t extérieur souvent cossu, ces immeubles ne possèdent pas de
iuffage collectif, ni salle de bai;
3-LI I S
PLAN
ETAGE
PLAN
R . de C.
LES LOTISSEMENTS VES RUES PRIVEES
CITE
LE COIN DU FEU
RUE LOUIS COLLERAIS
RUE
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CITE REALISEE EN 1&95, PAR LA "COMPAGNIE PES
CHEMINS VE FER VU NORP" A PROXIMITE VU BOULEVARD
P'ORNANO, RUE JULES SIEGERIEZ ET GEORGES PICOT PRES
VU POUT VE SOÏSSSOKS
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