Responsabilité sociale des entreprises
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Savez-vous que la plupart des
marques* que nous payons quel-
quefois très cher ne sont que
des marques? Il n'y a rien derriè-
re ces noms, ces logos: pas
d'usine pas d'ouvrier; trop lourd,
trop cher à gérer. Les chaussures,
les vêtements, les boissons
gazeuses et autres aliments que
nous consommons avec tant de
plaisir, sont fabriqués ou condi-
tionnés dans les pays du sud-est
asiatique, "là où les travailleurs
ont faim", par des sous-traitants
qui emploient dans des zones
franches (zones de non-droit où
être syndiqué peut valoir la mort)
des ouvriers rivés à leur chaîne
17 heures d'affilée et payés 1/2
dollar par jour ; à titre de compa-
raison un ouvrier américain pour
le même travail est payé 18 dol-
lars de l'heure.
Lorsque le véritable processus de
production est à ce point dévalué,
il va de soi que les individus qui
effectuent le travail le sont aussi.
Les profits ainsi dégagés, sont
bien sûr utilisés à engraisser les
actionnaires mais - c’est moins
connu - ils servent aussi à faire
prospérer le logo du produit et à
lui donner du sens. Il faut que
les consommateurs s'identifient
toujours plus à lui, à l'image
qu'il renvoie ; qu’ils en fassent
un objet symbole de leur mode
de vie et un signe de reconnais-
sance tribal. Au bout du compte
pour nous permettre de nous
sentir mieux dans nos baskets et
mieux dans nos têtes il faut que
des millions d'êtres humains
vivent aujourd'hui en esclavage.
Est-ce vraiment une fatalité ?
Non, bien sûr et le numéro spé-
cial que vous avez entre les
mains démontre le contraire, à
condition que chacun d'entre
nous y mette un peu du sien.
Pour en savoir un peu plus sur
"les mœurs dissolues" des
marques, il faut lire le terrible
bouquin de Naomi Klein, "NO
LOGO" éditions Actes Sud 24,
24 euros.
J. A.
* Nike, Adidas, Coca Cola, Esprit, Kiwi,
Wonderbra, Levi's, Gap etc..
Socialement responsables
près la qualité des pro-
duits, la sécurité, les sys-
tèmes d’assurance de la
qualité avec les normes
ISO 9000 puis ceux du
management environnemental
avec les ISO 14000, les consom-
mateurs s’intéressent aux pra-
tiques de l’entreprise dans son
environnement social. Ils ont expri-
mé leur besoin de règles du jeu
économiques et sociales, transpa-
rentes en y intégrant la dimension
d’éthique sociale.
Ainsi les représentants des con-
sommateurs au comité consomma-
tion AFNOR ont souhaité qu’AFNOR
étudie la faisabilité d’une norme sur
les aspects éthiques des conditions
de production et sur l’information
donnée aux consommateurs. Cette
demande a été appuyée par le
Ministre en charge de la Con-
sommation. AFNOR a ainsi entrepris
en 2001 une étude autour des
points suivants : définition du péri-
mètre qui recouvre ce concept,
recensement des acteurs concernés
et leur soutien éventuel vis à vis de
sujet, filière la plus appropriée pour
débattre de cette question.
AFNOR a d’abord procédé à une
étude documentaire puis à un repé-
rage des acteurs impliqués dans le
champ. Des entretiens en face à
face ont été organisés ainsi que des
réunions-débats et ateliers. Un rap-
port final, réalisé avec l’aide des
acteurs impliqués et notamment
des représentants des consomma-
teurs a été rendu au comité d’orien-
tation et de programmation
d’AFNOR en juin 2001. Ce rapport
recense les principales initiatives
dans le domaine de la responsabi-
lité sociale des entreprises tant
publiques que privées. L’éthique
sociale recouvre essentiellement,
pour les personnes interrogées, la
notion de responsabilité sociale de
l’entreprise dans le cadre de son
activité envers les diverses parties
prenantes : actionnaires, clients,
salariés, fournisseurs, consomma-
teurs, pouvoirs publics,…
Déjà quelques premières initiatives
en normalisation ont été prises. Les
participants à la réflexion sont
exprimés sur le rôle de la normali-
sation dans ce domaine. Il ressort
que la normalisation pourrait avoir
une place comme outil car elle n’a
pas de vocation à fixer des perfor-
mances sociales aux organisations.
En revanche elle peut aider à
construire un consensus général
destiné à une application volontai-
re contribuant à la compréhension
mutuelle et à la cohérence des
démarches tant publiques que pri-
vées.
Quatre directions possibles ont été
identifiées pour la normalisation :
•Les modalités de labellisation des
produits (informations pour le
consommateur)
•Les informations de "reporting"
•Les outils de management
•Les modalités de conduite d’un
audit social.
Par ailleurs, le président du comité
consommation d’AFNOR, Yves
HUGUET (Léo Lagrange) a avec
AFNOR participé à l’élaboration de
la position du CEN (Comité
Européen de Normalisation) en
réponse à la consultation lancée
par la Commission européenne sur
le livre vert : promouvoir la respon-
sabilité sociale des entreprises.
Dans le même temps le COPOLCO
(comité ISO pour la politique de
consommation) travaille à une
étude de faisabilité dont le rapport
sera rendu en juin prochain lors de
la réunion plénière qui sera précé-
dée de la journée d’étude sur le
même thème.
Dans un domaine où les réflexions
et les initiatives déjà prises sont
nombreuses, la normalisation pour-
rait apporter transparence, crédibili-
té, cohérence et aide à la vérifica-
tion.
Annie TRICOCHE
AFNOR - Conseiller affaires
consommation
A
Actualité
législative
act : 01 42 71 57 70
Un projet de loi est en cours de
discussion en Belgique, visant à
promouvoir la production socia-
lement responsable. Ce texte
prévoit qu’un label pourra être
apposé sur les produits par les
entreprises, certifiant que toutes
les étapes du processus de
fabrication répondent aux cri-
tères de conformité.
Ces critères comprennent au
moins le respect des normes
définies dans les conventions de
base de l’Organisation Internatio-
nale du travail et en particulier :
• l’interdiction du travail forcé
• le droit à la liberté syndicale
• le droit d’organisation et de
négociation collective
• l’interdiction de toute discrimi-
nation en matière de travail et
de rémunération
• l’âge minimum pour le travail
des enfants ainsi que l’interdic-
tion des pires formes de travail
des enfants.
A suivre…
Et le commerce solidaire ? Il
correspond au commerce
équitable mais dans une lo-
gique Nord/Nord.
A l’AFNOR toujours qui a mis
en place une réflexion autour
de l’éthique sociale, dans la
suite logique de la publica-
tion du livre vert sur "La res-
ponsabilité sociale des entre-
prises" par la commission
européenne. Cette responsa-
bilité, qui vise surtout les
PME eu égard à leur contribu-
tion importante au niveau
économique et de l’emploi,
est une "intégration volontai-
re des préoccupations socia-
les et écologiques des entre-
prises à leurs activités com-
merciales et leurs relations
avec leurs parties pre-
nantes"
2
.
Enfin, dans le cadre du
Collectif de l’Ethique sur
l’Etiquette, nous travaillons à
l’élaboration d’un label social,
label qui donnerait des infor-
mations sur les conditions de
travail dans la filière d’appro-
visionnement du produit
concerné. Il devra garantir
du respect des droits
sociaux fondamentaux par
tous les acteurs écono-
miques de la filière et certi-
fiera que les entreprises
s’inscrivent dans une
démarche de progrès social
continu, et donc durable,
pour tous les travailleurs
impliqués.
Pour une consommation res-
ponsable par tous, le réseau
Léo Lagrange s’engage con-
crètement et durablement …
Marie-Laure DAVY
Chargée de mission Education
à la Consommation et à
l’Environnement
1 Association Française de
Normalisation
2 Livre Vert "Promouvoir un cadre
européen pour la responsabilité
sociale des entreprises"
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