II. Le mécanisme de la transduction
La transduction est un mécanisme aléatoire, accidentel et se produisant uniquement
pendant le cycle lytique d’un bactériophage. Lors de la production de nouveaux
bactériophages, les protéines de la capside s’auto-assemblent autour de l’ADN viral. Or,
cette interaction entre les protéines de la capside et l’ADN viral n’est pas spécifique.
N’importe quel fragment d’ADN linéaire, d’une taille similaire à l’ADN viral peut être
encapsidé. La taille du fragment en question est un facteur important puisque les protéines
de la capside s’assemblent en prenant une forme tridimensionnelle, souvent icosaédrique,
dont le volume est limité. Un fragment trop long ne peut pas être encapsidé faute de place
disponible. Nous avons vu au chapitre 3 que l’ADN chromosomique et plasmidique des
bactéries était sous forme circulaire, et non linéaire. La taille des plasmides (quelques
dizaines de kilobases) ou des chromosomes (quelques mégabases) ne correspond pas non
plus à la moyenne de la taille d’un génome de bactériophage, qui est de quelques centaines
de kilobases. L’ADN de l’hôte ne devrait donc logiquement pas être encapsidé.
Or, lors du phénomène de mort cellulaire induite par la production massive de
phages lors du cycle lytique on observe fréquemment une dégradation de l’ADN de l’hôte.
Pour certains phages, cette dégradation est causée par l’une des enzymes codées par l’ADN
viral, une nucléase qui dégrade l’ADN de l’hôte afin d’obtenir des nucléotides nécessaires à
la production de grandes quantités d’ADN viral. Cette dégradation peut également être
causée par un facteur extérieur (exposition aux ultraviolets, qui causent des cassures de
l’ADN), facteur qui peut parfois être également l’élément déclencheur du cycle lytique.
Toujours est-il que si un fragment d’ADN plasmidique ou chromosomique de l’hôte est
présent sous forme linéaire et que sa taille est similaire à celle du génome viral, le fragment
d’ADN de l’hôte peut être encapsidé par erreur. Ce fragment peut provenir de n’importe
quelle partie du génome de l’hôte, on parle alors de transduction généralisée. Le phage P1
est un exemple de phage d’Escherichia coli capable de transduction généralisée.
Lorsqu’un prophage entre en cycle lytique, il est excisé du chromosome de l’hôte.
Cette étape est nécessaire à la production de nouveaux virions. Parfois cette excision est
imprécise et les gènes flanquant le prophage sont excisés eux aussi. Si ces gènes
supplémentaires ne sont pas trop longs, la taille du génome du phage n’est pas
dramatiquement impactée et cet ADN hybride reste toujours encapsidable. Dans ce cas seuls