CONFORT D’ÉTÉ PASSIF
LES GUIDES
BIO-TECH
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Techniquement, ces solutions existent et sont
déjà mises en œuvre sur un certain nombre
de bâtiments en France métropolitaine et dans
les pays voisins, mais aussi plus largement
dans les pays du Sud qui connaissent déjà des
conditions climatiques d’été rigoureuses et
un accès à l’énergie difficile. Les principaux
obstacles au développement de ces techniques
passives ne sont donc pas techniques mais
culturelles et réglementaires.
Culturels d’abord
Si on examine le développement de la cli-
matisation sur les dernières décennies, on
constate qu’un certain standard de confort
s’est d’abord imposé dans les surfaces com-
merciales et les bureaux, certes justifié par
une inflation incontrôlée des charges internes
(éclairage, bureautique, équipements…),
mais aussi des apports solaires favorisés par
la mode architecturale du tout vitré sans pro-
tection solaire. Puis ont été atteints d’autres
secteurs, dans lesquels les justifications sont
moins évidentes : l’automobile, le logement…
Aujourd’hui, la chaîne du froid est assurée, de
la maison au bureau en passant par la voiture.
Au nom de la modernité et d’un certain statut
social, un standard de confort s’est imposé
chez nous et a remplacé d’autres conceptions
du confort qui préexistaient. Et pourtant, la
climatisation n’équipe qu’une part minime des
bâtiments dans le monde et, là où elle est
pratiquée, le confort qu’elle est sensée offrir
est loin de faire l’unanimité.
Réglementaires ensuite
La victoire de ce standard a été largement
favorisée, comme toujours, par l’arsenal nor-
matif. Les débats qui avaient accompagné la
naissance de la norme 77302, dans les années
60 se sont éteints par KO. Celle-ci est devenue
la référence universelle sous tous les climats
et dans tous types de bâtiments : c’est elle qui
s’impose dans tous nos cahiers des charges.
Il a fallu attendre la première décennie de ce
siècle pour voir une évolution du contexte
normatif adapté aux conditions d’été et aux
bâtiments non climatisés, avec le confort
auto-adaptatif et la valorisation de la vitesse
d’air. Nous disposons aujourd’hui d’un outil-
lage normatif nouveau et adapté qu’il s’agit
de faire connaître. C’est un des objets de cet
ouvrage.
Les débats sur la transition énergétique sont
engagés en France et dans le monde entier : au
cœur des débats, les échanges d’information
et d’analyse sur la question du changement
climatique.
La mise en œuvre du confort d’été passif
dépend donc du contexte climatologique,
et des données climatologiques retenues. Il
s’agit donc de baser les calculs sur les données
statistiques les plus récentes. Il ne nous appa-
raît pas pertinent de dimensionner les projets
sur des situations extrêmes, même si celles-
ci devraient se multiplier. Il est sans doute
préférable de rechercher et anticiper pour ces
périodes, des solutions « palliatives » : modi-
fication des horaires, mise à disposition d’une
salle rafraîchie...
Nous verrons que cette conception du confort
d’été passif implique des arbitrages « été/hi-
ver » et une approche globale, dès la concep-
tion, qui va de l’environnement extérieur à
l’aménagement et à l’utilisation du bâtiment,
dans une logique vertueuse. L’approche propo-
sée et les solutions développées s’inscrivent
dans une gestion responsable, et sur le long
terme, du patrimoine naturel, bâti et culturel,
mais aussi dans une approche critique de la
croyance en la toute-puissance technique.
Les informations et points de vue exposés
dans ce guide résultent du travail critique
de mise en commun d’expériences de pro-
fessionnels impliqués dans leurs pratiques,
qui n’hésitent pas à débattre à ce pro-
pos et à mettre à disposition leur
savoir-faire.
2 - NF ISO 7730, la norme actuelle de référence sur le confort thermique