et même personne, et, dans le langage courant, on appelle « style », la marque
ou la trace que ladite personne imprime à la langue à travers son texte.
Jusqu’ici, tout a l’air très clair, très limpide, sauf que les deux exemples que
j’ai évoqués__celui du poème baudelairien et celui de l’article de chimie__ne
sont que deux extrêmes de l’activité d’écriture. Entre ces deux extrêmes, il
existe un nombre considérable de pratiques d’écriture qu’il est très difficile de
ranger avec certitude dans le poétique ou au contraire dans le non poétique. Tout
d’abord, la poésie ne se résume pas aux pieds, aux rimes, au vers et à la strophe,
tous ces élément n’étant que la marque d’un certain état, historiquement datée,
de l’activité poétique dans la littérature occidentale. Dès que l’on prend
conscience de cela, on est contraint de se poser la question de la poéticité.
Qu’est-ce qu’un texte en régime poétique ? Qu’est-ce qui définit un texte en
régime poétique ? Cette question nous renvoie à notre dichotomie première entre
textes poétiques et textes non poétiques et du même coup, à la question tant
débattue et rebattue de la typologie textuelle. A ce jour, il a été proposé
tellement de typologies textuelles différentes qu’il serait vain d’essayer de les
énumérer dans le court temps qui nous est imparti. Disons qu’on semble arriver,
de nos jours, à une sorte de consensus qui veut qu’il n’existe pas de rupture, de
discontinuité entre les différents types de textes, mais plutôt un continuum. On
pense alors au roman. On pense à la dichotomie classique entre « poésie » et
« prose », mais dans le cas du roman justement, il semble difficile d’avancer
qu’il n’y ait que du prosaïque chez Stendhal, Dostoïevski ou, plus près de nous,
Edouard Glissant. Le roman fonctionne donc sur un régime hybride, à la fois
prosaïque et poétique, le degré d’hybridation variant d’un auteur à l’autre. La
distinction habituelle entre « poésie » et « prose » pose problème et les ouvrages
ou articles sur la question sont eux aussi innombrables.
J’ai parlé donc du roman et de son caractère hybride, mais on se trouve
toujours en littérature. Que faire, quand on parle de typologie textuelle, des
textes de philosophie, d’anthropologie, de psychanalyse ou d’histoire ? Où donc