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Service Diffusion et Valorisation des Résultats de la Recherche Scientifique et Technique du CNAR
Introduction
L’existence humaine est un vrai champ de
bataille. Elle est faite de luttes perpétuelles,
pleines de souffrance, de peur, d’angoisse, de
culpabilité, de solitude et de désespoir
.
Lorsque l’homme cesse de faire de sa vie un
champ de bataille, alors il comprend ce que
c’est que vivre. Il s’aperçoit que vivre c’est
aussi mourir. Telle est l’attitude de l’individu
qui fait usage de la raison. Pour lui, vivre c’est
mourir chaque jour, c’est avancer petit à petit
vers la tombe, mais avec le désir de la
proximité de Dieu, de la vie éternelle.
Pour l’homme libre, l’âme en état de pureté
(celle du bon), séparée du corps corruptible,
s’en va vers l’invisible, vers ce qui est divin,
impérissable, éternel. À ce titre, Cresson dit
que la mort « est un bien (...), puisqu’elle est
convenable, utile et appropriée au tout ».
La
mort d’un homme exempt de passions, libéré,
comme dit Platon
, de « tous les maux qui sont
maux humains [divagation, déraison, terreurs
et sauvages amours, entre autres] » est un
gain puisqu’elle permet à l’âme purifiée d’aller
vers ce qui lui ressemble, où son arrivée réalise
pour elle le bonheur absolu. Peut-on ainsi
soutenir qu’une possibilité de survie est offerte
à l’homme après la mort ? Ou bien, son destin
est-il temporel ? Pour éclairer cette
préoccupation, nous débuterons notre étude par
le mouvement de la vie, dont la compréhension
est liée à celle du temps et de la mort, et nous
conclurons par une attitude soutenant l’entrée
dans la Sphère divine de tout être humain qui
n’enfreint pas les règles de conduite qui
englobent l’ensemble des conseils
indispensables pour un parcours heureux.
J. Krishnamurti, 1994, De la vie et de la mort, Monaco,
Editions Du Rochu, p. 57.
A. Cresson, 1962, Parc-Aurèle, sa vie, son œuvre avec
un exposé de sa philosophie, Paris, Presses
Universitaires de France, p. 84.
Platon, 1950, Apologie de Socrate. Criton. Phédon,
Paris, Gallimard, p. 149.
1. De la compréhension du temps à la
compréhension de la mort
La vie est un tout. Elle est souffrance, douleur,
angoisse, joie ou envie. C’est la
compréhension de ces réalités qui nous permet
de comprendre la mort, car la vie et la mort ne
sont pas séparées. Constat qui rejoint le point
de vue de Schopenhauer qui souligne que non
seulement l’être humain sort de l’existence par
la mort, mais encore il ne vient à l’existence
que par la mort
. Il en ressort que la fin d’une
chose est en réalité son vrai début.
En effet, pour saisir le mouvement de la vie
dans sa totalité, il faut comprendre le temps,
percevoir la signification de la souffrance et
accepter la mort ; puisqu’elles sont liées entre
elles. Dès lors, l’ouverture de l’homme à la
mort, ou le fait de s’accepter comme un être
mortel, ne se réalise que par la compréhension
de son passé et de son présent. Ainsi, la
compréhension du temps conduit
nécessairement à la compréhension de la mort
et à celle de la souffrance. C’est à juste titre
que Krishnamurti écrit : « Si nous comprenons
le temps, nous comprenons forcément ce
qu’est la mort, et nous comprendrons aussi
c’est qu’est la souffrance ».
Le rapport du sujet au temps est donc au cœur
du débat philosophique. Mais de quel temps
s’agit-il ?
Pour Heidegger, présume Decourt, la question
n’est pas qu’est-ce que le temps mais « qui est
le temps ? », donnant au temps une dimension
subjective. Il s’agit en fait du temps vécu
introduisant, entre autres, l’émotion, la
sensibilité qui sont au centre même de
l’expérience
.
À la question peut-on expliquer facilement le
temps, Saint Augustin fait savoir que si
A. Schopenhauer, 1964, Métaphysique de l’amour,
Métaphysique de la mort, Paris, Union Générale
d’Editions p. 162-168.
J. Krishnamurti, op. cit., p. 12.
P. Decourt, 2010, « Désir d’éternité : ontogenèse et
destin » [En ligne] www.psychitriemed.com