
questions précisait qu'elles devraient être révisées dans un délai maximum de cinq ans. Un avis
du CCNE sur cette révision, émis en 1998, commentait que cette disposition était
"opportunément inspirée du constat que le soubassement scientifique de cette loi est par nature
en constante évolution et qu'il convient de se pencher sur les incidences éventuelles de ce
mouvement sur l'état du droit". Cette "évolution" et ces "incidences" ont été telles que la révision
n'a d'ailleurs pas eu lieu dans le délai prévu3.
Dans le projet de révision de ces lois de 1994, il est spécifié que "l’assistance médicale à la
procréation s’entend des pratiques cliniques et biologiques permettant la conception in vitro, le
transfert d’embryons et l’insémination artificielle, ainsi que toute technique d’effet équivalent
permettant la procréation en dehors du processus naturel". La terminologie même est
décidément, aux yeux de l'invitée, une donnée importante dans l'histoire de la bioéthique. Le
début de cette définition de 1994 renvoie à ce qui fut la première en date de ces nouvelles
techniques qui permettaient "la procréation en dehors du processus naturel". C'était en 1978. La
presse couvrit largement à l'époque la naissance, en Grande-Bretagne, du premier "bébé-
éprouvette", comme on l'appela alors, une petite fille, Louise Brown, qui avait été conçue par
FIVETE4. Cette technique, mise au point pour pallier certaines formes de stérilité5 a été
beaucoup pratiquée depuis 1978, puisqu'en France, par exemple, elle a permis la naissance, à
ce jour, de plus de soixante mille enfants, conçus donc in vitro - et non in vivo, comme cela avait
été le cas depuis la nuit des temps, jusqu'à la petite Louise Brown - et comme cela continue
bien évidemment d'être le cas...
En 1997, les échos de l'actualité se sont portés sur l'annonce d'une autre naissance
britannique, celle de Dolly6. "Il s'agissait d'une naissance animale cette fois, mais si elle a fait
3 C'est huit ans plus tard seulement, en janvier 2002, que le projet de loi a été voté, en première lecture, par
l'Assemblée nationale. Après passage devant le Sénat en janvier 2003, le vote final de la loi elle-même est prévu pour
la fin de l'année 2003. Voir plus loin "1983 - 2003 : vingt ans de bioéthique publique en France".
4 Fivete = fécondation in vitro et transplantation d'embryon, c'est-à-dire la fécondation des cellules reproductrices des
parents, non dans le corps de la mère mais dans une éprouvette de laboratoire. On transplante ensuite l'embryon
ainsi obtenu dans l'utérus de cette femme, et la grossesse se poursuit jusqu'à la naissance de l'enfant..
5 Particulièrement dans le cas de femmes dont les trompes sont absentes, obstruées ou altérées, ou d'hommes
atteints d'azoospermie, c'est-à-dire qui ne produisent pas de spermatozoïdes.
6 En février 1997, le biologiste britannique Ian Wilmut et ses collègues de l'Institut Roslin, situé près d'Edimbourg, en
Ecosse, annoncèrent qu’ils avaient réussi à cloner une brebis, Dolly, possédant exactement le même matériel
génétique que sa mère.