FIEVRE ISOLEE DU NOURRISSON DE MOINS DE TROIS MOIS Société Pédiatrique de l’Ouest 9e journée pédiatrique d’AIN TEMOUCHENT Auditorium-Centre Universitaire 08 / 01 / 2016 Dr SEBAA DEFINITION ETAT PATHOLOGIQUE CONSTITUE PAR L’ACCROISSEMENT DE LA COMBUSTION ET DE LA TEMPERATURE ORGANIQUE - (JACOUB 1883) - C’EST L’ AUGMENTATION DE LA TEMPERATURE CORPORELLE CENTRALE DUE A UNE MODIFICATION DU POINT D’EQUILIBRE THERMIQUE. FIEVRE AIGUE < 5 JOURS FIEVRE AU LONG COURS > 3SEMAINES GENERALITES SYMPTOME LE PLUS FREQUENT EN PEDIATRIE ACCOMPAGNE ET TEMOIGNE SOUVENT DE MALADIES INFECTIEUSES BENIGNES ET BANALES PARFOIS SIGNES D’ALARME D’UNE PATHOLOGIE PLUS SEVERE RAPIDEMENT EVOLUTIVE PEC de la fièvre transformée: Avant, responsable de tous les maux-convulsions-inconfort. Actuellement n’est plus considérée comme dangereuse. Apyrexie n’est plus un objectif. Fièvre n’est pas cause de convulsions dans les convulsions fébriles et les antipyrétiques ne les préviennent pas. Fièvre n’est pas responsable du comportement malade, celui-ci n’est pas toujours présent au cours de la maladie fébrile. Fièvre est BACTÉRICIDE, VIRUCIDE , STIMULE L’IMMUNITÉ et oblige le patient au repos. PHYSIOPATHOLOGIE Homéothermie THERMOGENESE THERMOLYSE . La régulation centre hypothalamique antérieur (zone préoptique). . Réactions métaboliques intenses Graisses brunes Muscles Frissons (activité musculaire) THERMOGENESE THERMOLYSE (perte de chaleur) : - CONDUCTION - CONVEXION - RADIATION hémodynamique (par la voie circulatoire permettant un refroidissement cutané superficiel) (dpt de la T°c ambiante) en réchauffant les couches d’air avoisinantes . émission d’infrarouges (entravée par le port de vêtement) - EVAPORATION 80ml/m2/j/°c > 37°c (cutanée et respiratoire) Les réactions d’adaptation de l’organisme déclenchées par le centre régulateur permettent le maintien de la température à 37°c grâce aux informations transmises par les thermorécepteurs qui sont de 3 types: - vasomotricité cutanée (VasoD déperdition de chaleur) (VasoC - - diminue la déperdition). sudation du tonus musculaire, frissons => production de chaleur Il faut donc différencier la fièvre de l’hyperthermie: HYPERTHERMIE = augmentation de la thermogénèse (exercices musculaires intenses). et/ou baisse de la thermolyse et/ou baisse de la sudation et/ou insuffisance d’apport hydrique FIEVRE = liée à un déréglage du thermostat central dont le point d’équilibre est déplacé vers le haut. Les réactions de l’organisme seront à l’inverse, orientées: - baisse de la thermolyse (vasoC) - hausse de la thermogénèse (frissons). Cette hausse du point d’équilibre thermique peut être en rapport avec la libération de substances dites pyrogènes rencontrées au cours des épisodes infectieux aussi bien viraux que bactériens Qui sont ces substances? Ces substances modifient le point d’équilibre thermique: LPS bactériens G- . PYROGÈNES EXOGÈNES PYROGÈNES ENDOGÈNES: Candida . Nucléotide (Poly I, Poly C) - Virus. (broyats GB + BTR pyrogènes). IL 1 α et β (macrophages et monocytes). . TNF (production+++en cas de palu.). . Interféron α, Interféron δ ( Virose). . Lorsque les PLN, macrophages, monocytes détectent par leurs récepteurs spécifiques (TLR: Toll like receptor) des Ag propres aux pathogènes (PAMPs); ils sécrètent dans le sang de petites protéines à ½ vie brève interagissant entre elles. Ces cytokines (IL 1 – IL 6 -TNF) déclenchent la synthèse des PGE 2 dans des cellules endothéliales. Ces PGE 2 activent d’une part les neurones des noyaux gris régulateurs de température dans l’HYPT , déclenchent la fièvre et d’autres part stimulent le cerveau par le nerf paraS à partir du foie. Ce signal provoque dans l’encéphale la synthèse de ces mêmes cytokines (IL 1 – IL 6 -TNF) à l’origine du comportement malade et des convulsions. Centre régulateur Température (hypoT; antérieur) Cytokines IL-1, IL-6, TNF .Convulsions en contexte fébrile .Comportement malade Nerf parasympathique PGE2 PGE2 MITOCHONDRIES COX 2 IL-1, IL-6, TNF…. foie fièvre IL 1 est impliquée dans les convulsions chez la souris. Taux d’IL 1 élevé dans les leucocytes C/efts ayant convulsé . IL1, IL6, TNF sont associés au comportement malade. Ils peuvent : diminuer la capacité de mémorisation, d’apprentissage, augmenter des signes d’humeur dépressive, moduler l’appétit provoquer un mal être chez le sujet malade. Les voies d’activation (fièvre, événements intercurrents, convulsions, comportement malade) ont la même origine mais sont distincts et parallèles. Fièvre et réaction inflammatoire Micro-organismes, autoimmunité, néoplasie … Réaction inflammatoire Intervention de cytokines Locale Générale Foie Activation du système phagocytaire Sécrétion des protéines de la phase aiguë de l’inflammation Hypothalamus Fièvre Rôle des cytokines Cellules tumorales IL-1: fièvre activation hépatique LPS activation de la bactéricidie des Ac. lipotéichoïque phagocytes activation lymphocytaire Peptidoglycane TNF- : ADN bactérien fièvre Autres molécules microbiennes choc septique activation de la bactéricidie activation lymphocytaire Heat shock proteins Macrophages ++ IL-6 : Polynucléaires neutrophiles fièvre Glie Cellules dendritiques activation lymphocytaire activation hépatique Il faut affirmer la fièvre et savoir mesurer la température correctement. Chez le nourrisson la prise de température sera rectale car le thermomètre tympanique n’est pas fiable avant deux ans Les quatre méthodes de la prise de température : techniques, avantages et inconvénients (SERMET – GAUDELUS) localisation technique temps rectale Pointe du thermomètre doit dépasser la marge et le canal anal 30 à 60 s buccale Pointe du thermomètre sublinguale, lèvres fermées Axillaire Tympanique intérêt inconvénient référence Désagréable CI : rectite. 30 à 45mn de T° centrale 1 mn Simple non invasif Imprécis, variation importante, risque septique Pointe du thermom. bien dans le creux de l’aisselle, coude contre le corps Au moins 6 à 8 min Simple non invasif, intérêt chez le nouveau-né Ne reflète pas bien la température centrale Embout dans l’axe du conduit auditif externe, face au tympan Immédiat : 2 à 3s Facile , précis, reflet de la température centrale Intérêt dans l’urgence Nécessite un apprentissage. Problème chez le nourrisson et taille de l’embout CI trauma du rocher Références de température Type de température Température normale FIEVRE centrale 36,4 à 37,9 > 38,3 Rectale 36,6 à 38 > 38,2 Axillaire 34,7 à 37,3 >37,4 Buccale 35,5 à 37,5 >37,6 IL FAUT SAVOIR MENER UN INTERROGATOIRE ET UN EXAMEN CLINIQUE D’UN ENFANT FEBRILE . L’interrogatoire doit préciser : .Circonstances d’apparition .Intensité (T°>39°c Infection bactérienne?) .Durée .Signes d’accompagnement :ORL-VRS/I-URINAIRE -DIGESTIF – NEURO-CUTANEE….. . Eventuelles modifications du comportement .Le ou les traitements déjà administrés - détails L’examen clinique : COMPLET SUR UN ENFANT NU appréciera: .Etat hémodynamique : pouls-TA-TRC .Troubles de la vigilance et/ou du tonus .Signes méningés :Hypotonie axiale, fontanelle bombante/NRS .Etat Nuque raide- Kerning-photophobie /Enfant cardiorespiratoire: .Coloration cutanée: FR-Dyspnée- signes de lutte – tirage – auscultation cardiaque. Pâleur – cyanose – marbrure. .Signes d’infection des parties molles ou du squelette: palpation des surfaces osseuses(métaphyses – rachis), mobilisation des articulations. .Etat de l’abdomen : .Etat de la peau :éruption maculeuse- vésiculeuse- pustuleuse – zone douloureuse- défense-contractureHPSMG- Masse abdominale. bulleuse -purpura. .Cavité buccale – pharynx – oreilles. ELEMENTS DE GRAVITE ET INDICATION D’HOSPITALISATION 1/ INFECTION GRAVE OU POTENTIELLEMENT GRAVE : ( IPS) purpura fébrile méningite ou méningoencéphalite détresse respiratoire et/ou trouble hémodynamique in/F° syndrome abdominal chirurgical ostéoarthrite cellulodermite pyélonéphrite GEA invasive +/-DSH +/- trouble hémodynamique pneumopathie ou pleuropneumopathie 2/ FIEVRE MAL TOLEREE Asthénie – AEG – Anomalies du teint – Frissons Extrémités froides pales ou cyaniques Comportement inhabituel. Bilan demandé = NFS – Hémostase – CRP – Multistix ECBu – TLT – Iono sg – PL – ETMabd.-TDM (en fx du contexte) 3/ FIEVRE SUR TERRAIN PARTICULIER QUI LA REND GRAVE OU POTENTIELLEMENT GRAVE : Syndrome drépanocytaire ou apparenté(SS - SC – Thalassodrépanocytose) Pathologie viscérale chronique. Déficit immunitaire. 4/ FIEVRE SANS SIGNES DE MAUVAISE TOLERANCE AU DIAGNOSTIC CERTAIN OU PROBABLE. Le problème est celui du traitement de la cause. 5/ FIEVRE EST ISOLEE (nouveau-né -nourrisson < 3mois) NOUVEAU-NE : Mise en observation et bilan jusqu’aux résultats des cultures du sang, urines et LCR. Antibiothérapie débutée après prélèvement, chaque fois qu’il existe IPS et/ou anomalie biologique NOURRISSON DE 1 A 3 MOIS. Le risque d’infection btr invasive est plus importante que l’enfant plus âgé Les difficultés diagnostics à cet âge tiennent au caractère non spécifique et souvent paucisymptomatique à leur début, d’infections IPS. L’infection la plus fréquente à cet âge est la pyélonéphrite aigue Chez le nourrisson ne présentant aucun signe d’IPS, cela n’exclut pas une infection btr sévère Bilan. Les nourrissons à bas risque = - absence de signes d’IPS - aucun signe biologique en faveur d’une inf. btr: .GB 5000 – 15000 .CRP < 20 et/ou Fibrinogène < 4g/l .ECBu = normal Causes de fièvre (hyperthermies dans le cadre d’un syndrome inflammatoire) • Infections bactéries, champignons, virus, parasites • Maladies auto-immunes et allergiques dont les fièvres médicamenteuses • Cancer • Thrombose vasculaire (en particulier veineuse) Conduite à tenir devant une fièvre > 38°c chez un nourrisson de moins de trois mois LE SCORE DE YOS (Yale observation scale). Score de gravité tiré de l’observation d’un nourrisson fébrile d’après Mc CARTHY PL. (Pediatrics 1982). A chaque élément d’observation correspond un score (de 1,3 ou5): un score global < 10 signifierait à une infection bénigne dans 97% des cas un score global > 16 est associé à une infection sévère dans 92% des cas 1 point normal 3 points 5 points Altération modérée Altération sévère de l’état général de l’état général qualité du cri Fort et rigoureux ou enfant calme ne pleurant pas Geignements, sanglots Gémissements ou cri faible ou cri aigu Réactions aux stimulations parentales Pleurs brefs qui s’arrêtent ou enfant heureux ne pleurant pas Accès de pleurs Pleurs permanents ou absence de réponse Eveil Eveil permanent, si endormi se réveille vite Eveil si stimulation prolongée Apathique, somnolent Couleur Rose Extrémités pales ou cyanosées Pâle ou cyanosé ou gris Hydratation Normale Bouche sèche, peau et Pli cutané, yeux yeux normaux enfoncés, muqueuses sèches Contact avec l’entourage Sourires sans éveil Sourire bref, peu intéressé scores Pas de sourire, indifférent ou anxieux Aucun score ne permet actuellement de prédire à 100% l’absence d’IPS chez les nourrissons fébriles âgés de moins de trois mois. Le risque de séquelles graves et de décès en cas d’IPS non traitée justifie une antibiothérapie probabiliste jusqu’à s’être assuré de la négativité des cultures bactériologiques. Les marqueurs d’inflammation comme la procalcitonine et la CRP pourraient mieux guidés les CAT actuellement. CAT THERAPEUTIQUE Indications des antipyrétiques La F° est associée à une augmentation de la consommation d’oxygène. Dans des conditions limites d’hypoxie aigue ou chronique, hémodynamique (choc septique) et pulmonaire (BPN sévère fébrile) chez des enfants traités en réanimation, il parait raisonnable de contrôler la fièvre. Mais ces situations sont rares par rapport à l’ensemble des cas fébriles. EN RESUME: Traiter si F° > 40,5°c Traiter > 39,5°c si Fièvre + Douleurs Malaises Myalgies Céphalées Dénutrition Malformations cardiaques Brûlures Post-opératoire Ce qu’il faut expliquer aux parents ou à l’entourage: A DOMICILE A DOMICILE - Découvrir et déshabiller l’enfant - Stopper toute ambiance chauffante dans la chambre - Aérer la pièce (ventilateur , climatiseur) - Donner à boire abondamment - Bain (2°c de moins que la T° = en voie d’abandon) EN HOSPITALIER ENMILIEU MILIEU HOSPITALIER Uniquement pour les hyperthermies malignes: .Compresses d’alcool isopropylique .Tubulures de perfusion dans la glace .Lavement à l’eau glacée .Bair Hugger Les médicaments antipyrétiques utilisés en pédiatrie 1- Paracétamol 2 - Anti-inflammatoires non stéroïdiens : * Ibuprofène * Salicylés PARACETAMOL Dose : 15 mg/kg/6h (PO – IV) Absorption orale rapide, rectale lente Effet dose : 5mg/kg baisse la T° : 0,3 à 0,4°c 10 – 15 mg/kg baisse la T° : 1,2 à 1,4°c 20 mg/kg baisse la T° : 1,4 à 1,6°c Surdosage aigue = 150 mg/Kg en une prise cytolyse hépatique en 24h nécrose hépatique irréversible possible hypophosphorémie par atteinte tubulaire Antidote : acétylcystéine PO ou IV Attention aux passagers clandestins (RHUMAFED – HUMEX..) ASPIRINE : Dose = 60 mg/kg/j en 4 à 6 prises Absorption orale rapide, rectale lente Intoxication grave dès 10 fois la dose (1g au lieu de 0,1 g) Hyperpnée - nausées – vomissements - convulsions – coma Aspirine et syndrome de REYE (aspirine + contexte viral) souvent mortelle (atteinte cérébrale non inflammatoire), cytolyse hépatique - IRA Quasi abandonnée pour les moins de 16 ans. IBUPROFEN 20 à 30 mg/kg en 3 prises Contre-indication .allergies au produit .ulcères gastroduodénaux ou hématémèse .insuffisance hépatique, insuffisance rénale .< 6 mois (pas d’AMM) .Varicelle : peut en effet provoquer des complications infectieuses cutanées graves, voire mortelles. Les 3 produits ont la même efficacité. ADMINISTRATION ALTERNEE OU CONCOMITTANTE : - cumule les effets indésirables sans augmenter l’efficacité - ne prescrire qu’un seul ATPy mais à dose efficace - paracétamol en 1ère ligne - substitution après 24h de traitement bien conduit inefficace. - adjonction d’un 2° ATPy : ne pas associer 2 AINS Le traitement de la cause s’impose chaque fois que possible (pyélonéphrite, méningite, pneumopathie, accès palustre…). Dans tous les cas une réévaluation de la situation doit être effectuée 48h après le début de l’antibiothérapie. Bibliographie SERMET-GAUDELUS I,LENOIR G (prise de la température chez l’enfant in La fièvre de l’enfant, de la physiopathologie à la pratique): Edition médecine et enfance 1998 Mc CARTHY PL, SHARPE MR, SPIESSEL SZ, DOLAN TF( Observation scales to identify serious illness in febrile children) Pediatrics 1982 J.GAUDELUS, M. VOISIN : Fièvres aigues de l’enfant (et de l’adulte: non traité) Critères de gravité d’un syndrome infectieux) COOPER K.E . Fever and antipyresis, Cambridge Univ. Press 1 vol 181 Cambridge 1995. PIERRE BETREMIEUX JANVIER 2006 ppt, google.fr FIEVRE ET HYPERTHERMIE encore justifié? F. CORRARD; le traitement antipyrétique est-il encore justifié? Réalités pédiatriques Avril 2013 SEMINAIRE SFMU-2002, fièvre chez le nourrisson de plus de trois mois; démarche diagnostique. V. GAJDOS : Facteurs prédictifs de la présence d’une infection bactérienne sévère chez les nourrissons fébriles âgés de moins de trois mois : analyse multivariée (Archives de pédiatrie) - 2005. MERCI POUR VOTRE ATTENTION DR SEBAA