Janice BEST
La subversion silencieuse:
censure, autocensure et lutte pour la liberté
d'expression
LřUnivers des discours
8 La subversion silencieuse
La subversion silencieuse:
censure, autocensure, et lutte pour la liberté d'expression
LřUnivers des discours
© Janice Best, 2001
© Les Éditions Balzac, 2001
4402, Saint Hubert
Montréal, Québec
H2J 2W8
Dépôt légal Ŕ 1er trimestre 2001
Bibliothèque nationale du Québec
ISBN 2-921468-65-4
Cet ouvrage a été subventionné en partie par le Conseil des Arts du Canada
et la SODEC
Nous reconnaissons l’aide financière du gouvernement du Canada par
l’entremise du Programme d’aide au Développement de l’Industrie de
l’Édition pour nos activités d’édition.
Cet ouvrage a été publié grâce à une subvention de la Fédération
canadienne des sciences humaines et sociales, dont les fonds proviennent
du Conseil des recherches en sciences du Canada.
Tous droits de production, dřadaptation ou de reproduction par quelque
procédé que ce soit, réservé pour tous pays.
Janice Best 9
Remerciements
Je tiens à remercier plus particulièrement Odile Krakovitch pour
ses conseils et renseignements précieux; Anthony Wall et Clive Thomson
qui ont lu une version antérieure de ce projet et mřont fait de nombreuses
suggestions utiles; Giselle Corbeil et Robert Kehler m'ont aussi offert des
commentaires encourageants. À mes étudiants Catharine Garrah et Danica
MacDonald, un grand merci aussi.
Dřautres personnes ont rendu ce travail possible, notamment mon
assistante de recherche, Paige Ferguson, sans qui la recherche des sources
manuscrites aux Archives Nationales n'aurait pas été possible. Anne
MacKinnon envers qui j'ai une énorme dette. Je la remercie de l'intérêt et
du soin avec lequel elle a relu l'ensemble du manuscrit. J'ai apprécié la
bonne humeur avec laquelle elle m'a accompagnée lors de nos excursions à
la Bibliothèque Nationale de France.
Le chapitre quatre a bénéficié de mes nombreuses discussions avec
Béatrice Larochette au sujet de La dame aux camélias de Dumas fils et
lřidée du chapitre cinq est venue dřune conversation avec Robert
McIlwraith.
Pat OřNeill a lu plusieurs versions du manuscrit, et tous les
chapitres ont bénéficié de ses commentaires et conseils. Cřest lui qui mřa
suggéré lřidée dřincorporer à mes exemples de censure ceux venus du
monde de lřopéra, et notamment celui de Madama Butterfly. Sans son
soutien, son encouragement et son sens d'humour, ce livre nřaurait jamais
vu le jour et c'est à lui que je dédie ce travail.
Je remercie enfin lřUniversité Laval de son très chaleureux accueil
pendant les phases initiales du livre et le Conseil de recherches en sciences
humaines du Canada qui a accordé une subvention pour la préparation de
ce livre. Jřai également bénéficié dřune subvention de lřUniversiAcadia
et du CRSH dřaide aux petites universités.
10 La subversion silencieuse
Pour Pat
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INTRODUCTION1
Dans cet ouvrage qui porte sur lřinstitution de la censure théâtrale
telle quřelle existait au cours du dix-neuvième siècle Ŕ cřest-à-dire, une
censure officielle, préalable et obligatoire, jřexamine à la fois les manuscrits
que les auteurs soumettaient aux censeurs ainsi que les rapports des
examinateurs. Lřobjet de mon analyse est le processus même par lequel les
censeurs tentaient de justifier leurs décisions et les auteurs essayaient, pour
leur part, de répondre aux exigences des censeurs. Je me suis intéressée en
particulier aux silences de ces textes qui sont créés aussi bien par
lřautocensure des auteurs eux-mêmes que par la plume des censeurs.
Souvent, lřœuvre censurée paraissait sous une forme modifiée qui nřétait ni
celle originalement projetée par lřauteur, ni celle souhaitée par les censeurs.
Le texte final était le résultat dřune négociation entre lřauteur et les
censeurs. En effet, les traces de ce travail de retranchement et de
modification restent encore visibles sur les versions manuscrites de ces
pièces. Le fil conducteur de ce livre est que seule une analyse des «trous»
résultant du dialogue entre les auteurs et les censeurs permet de reconstruire
le véritable discours subversif qui se greffe sur le dit du texte. Car si
lřintérêt dřune œuvre littéraire réside souvent dans ce quřelle ne dit pas, ou
ce quřelle ne peut pas dire (Macherey), cela est encore plus vrai des textes
censurés.
Lorsquřon aborde lřétude de la littérature en général, ou lřanalyse
des textes, ce concept de lacunes ou de silences significatifs a un certain
flou (Hamon). Sur le manuscrit dřune pièce censurée, cependant, ces
«silences» sont visibles, résultant directement dřun acte de censure ou
dřautocensure. En examinant ce qui se cache derrière les multiples ratures
et biffures quřon trouve sur ce genre de document, je tente de faire reparler
le texte original. Ce ne sont pas des «lacunes décelées» ni des «implicites
rétablis» comme on peut trouver dans une œuvre littéraire (Hamon)2, mais
des trous réels. Mon intérêt se porte ainsi sur des silences qui se créent à
deux niveaux Ŕ dřabord celui de la censure elle-même, et les mots quřelle
supprime; ensuite celui de lřidéologie qui est à lřorigine de ces «trous».
Les exemples dřopéras censurés sont à ce titre particulièrement
intéressants. Un librettiste qui se voit contraint dřéliminer certains passages
de son œuvre peut choisir de laisser ces trous vides, ou de les remplir
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