Andres Gomez 9. Pourquoi Vygotski choisit le thermomètre pour

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9. Pourquoi Vygotski choisit le thermomètre pour illustrer le fonctionnement de la
méthode indirecte?
Afin de mieux comprendre pourquoi Vygotski a choisi le thermomètre pour illustrer le
fonctionnement de la méthode indirect, nous allons utiliser une analogie contemporaine
qui est celle des sciences criminelles et plus particulièrement la criminologie. Cette
analogie nous permettra de mieux comprendre l'idée de Vygotski, elle sera accompagné
des analogies utilisé par Vigotski (1929/2004) et des éléments présentés lors du cours de
Mme Fridriech (2010).
Une des premières affirmations de l'époque était que seule la méthode directe utilisé
notamment par les “behavouristes” possèdent les élément afin de connaître la réalité. En
effet, les behavouristes utilisent la méthode direct afin de mesurer les reactions à des
stimulations. Cette méthode directe est aussi utilisé lors de l'introspectionnisme c'est-à-
dire dans la perception ou conscientisation des fonctions psychique qui fonctionne au sein
de l'être. Cependant, cette idée rend impossible la psychologie de l'enfant, en effet l'adulte
ne peut connaitre que son expérience immédiate et par conséquence l'enfance devient
alors un "paradis à jamais perdu". Dans le même ordre d'idée, la criminologie serait
impossible avec la méthode direct, car dans ce cas les crimes devraient être commis en
présence de l'enquêteur pour que l'enquête soit valide, ce qui serai peu vraisemblable.
Pour résoudre cette impasse, Vygotski nous invite à nous questionner sur le
fonctionnement des autres sciences: "Comment un historien étudie-t'il le passé?" et nous
ajoutons : Comment un criminologue étudie-t'il un crime?. La réponse se trouve dans les
méthodes indirectes, en effet, un historien cherche les traces, indices, vestiges, du passé,
comme un criminologue cherche les traces, les indices, les témoignages d'un crime. Le
passé est, dans un premier temps, inaccessible à l'historien, mais c'est à travers les traces
qu'il peut reconstruire et interpréter le passé (voir Figure 1)
Figure 1 : (Friedrich,
2010)
Parallèlement, le criminologue ne connaît rien du crime, mais c'est à travers des indices
comme une arme de crime, des traces de sang ou encore de l'ADN qu'il peut reconstruire
et interpréter une scène du crime. Ce même fonctionnement est illustré par
Vygotskyilorsqu'il utilise l'analogie du thermomètre. En effet, Le thermomètre permet
d'étudier les traces de la modification de la chaleur et non la chaleur elle-même.
Deuxième élément sur lequel Vygotski insiste sur la notion libératrice du thermomètre. En
effet, contrairement au microscope, le télescope et le téléphone qui prolonge un des sens,
le thermomètre émancipe de la sensation de chaleur. Pour illustrer ce principe, Vygotski
reprend l'exemple de Scherbina (1908) qui expliquait l'optique à des voyants. Les
criminologues ne pouvant pas être présent lors d'un crime ont eux aussi développés des
outils libérateurs tels que le prélèvement d'ADN ou d'empreintes digitales. Ces éléments
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permettent d'interpréter la scène de crime et de reconstruire le crime et ne requiert pas
leur présence. Comme vu au chapitre précédent, ces interprétations se font sur la base
des traces/indices laissés au moment du crime.
Finalement, Vygotski souligne le fait que le thermomètre est instrument conçu grâce à des
connaissances antérieures, dans ce cas sur la loi de la dilatation des corps. Finalement la
lecture d'un thermomètre est une interprétation "indirecte" de la dilatation des corps. Dans
ce sens, Vygotski affirme "[qu'] il n'existe aucune différence de principe entre l'utilisation du
thermomètre et l'interprétation en histoire, en psychologie, etc." Cette notion est aussi vrai
pour la criminologie, en effet, l'ADN est utilisé afin d'identifier les individus, mais l'utilisation
de cet outil a nécessité énormément de connaissance au niveau biologique et chimique.
Dans ce sens, la criminologie interprète les traces pour reconstituer la scène du crime car
elle se base sur des connaissances empiriques. Ces connaissances et paradigme
évoluent. Par exemple, les thermomètres utilisés aujourd'hui sont plus performants et les
empreintes digitales ont laissé la place à l'échantillonnage ADN. De nouvelles
connaissances ont permis d'améliorer les outils qui nous permette de mieux interpréter et
reconstruire le monde réel.
Comment peut-on à partir de sa description du thermomètre concevoir (prévoir) le
fonctionnement de la méthode indirecte en psychologie?
La méthode utilisé pour la psychologie doit avoir les mêmes caractéristiques que l'historien
et le criminologue. Celle-ci doit étudier la psychologie indirectement, c'est à dire que la
psychologie doit chercher les traces. En effet, notre psychisme a un rôle "d'entonnoir",
seules quelques traces nous sont accessibles. Vygotski utilise l'analogie de l'oeil, l'oeil ne
voit pas tous. En effet, le psychisme trie et sélectionne l'information. Simon et Cabris
(1999) ont mis en évidence ce principe dans leurs études sur la selective attention. Dans
cette recherche, vingt-huit volontaires regardent une vidéo d'une équipe de basket se
faisant des passes, à chaque passe les volontaires doivent appuyer sur une touche. Après
30 secondes, une femme avec un parapluie fait irruption dans la vidéo et y reste pendant
quatre secondes. Seuls six personnes (sur vingt-huit) mentionnent le passage de la
femme avec le parapluie. Par conséquent, il est clair que notre psychisme a un rôle de
selection dont les méthodes directes ne tienne pas vraiment compte. Raison pour laquelle,
seule les méthodes indirectes nous permettrons de reconstruire le monde réel et de
comprendre ce qui s'est passé dans cet "entonnoir". Notre psychisme trie de l'information
à laquelle nous n'avons plus accès directement. Ce processus laisse des traces, et par
conséquent le rôle de la psychologie et d'étudier ces traces afin de comprendre ce qui se
passe dans ce filtre de la réalité. Les méthodes indirectes doivent donc se concentrer sur
les traces laissés par notre psychisme, ces traces permettent une interprétation et une
reconstruction de la réalité.
La deuxième caractéristique des méthodes indirectes est qu'elle doivent posséder un
instrument qui a deux caractéristiques principales. La première caractéristique est que
l'instrument est émancipatoire, tout comme le thermomètre, l'instrument nous affranchi de
notre perception. Pour le criminologue, l'analyse ADN affranchit le criminologue d'être
présent au moment du crime, en effet, cet outil lui permet de d'interpréter la présence ou
l'absence de certains individus lors d'un crime. La deuxième caractéristique et que cet
instrument doit être conçu sur des connaissances antérieures. Tout comme le
thermomètre s'appuie sur les lois de la dilatation des corps, la psychologie doit s'appuyer
sur des modèles, des connaissances, des lois qu'elle aura conçus précédemment. Cela ne
veut pas dire que ces modèles doivent être parfait. La loi d'Archimède a permis de
nombreux progrès en Science bien qu'incomplète, les lois de Newton ne représentent
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qu'une partie infime de l'univers, les lois d'Einstein ne permette pas l'explication quantique.
Ces instruments que sont les modèles qui ont été conçu à travers les découvertes
scientifiques, c'est dans ce sens que doit être conçu l'instrument psychologique.
En résumé, la psychologie se base sur les méthodes indirectes pour interpréter et
reconstruire la réalité. Ces méthodes indirectes se construisent sur un instrument qui
idéalement possède les mêmes caractéristiques qu'un thermomètre c'est-à-dire qu'il doit
être libérateur et qu'il se construit sur des connaissances antérieures.
Bibliographie
Friedrich, J. (2010). Lev Vygotski: médiation, apprentissage et développement: une lecture
philosophique et épistémologique.
Simons, D. J., & Chabris, C. F. (1999). Gorillas in our midst: Sustained inattentional
blindness for dynamic events. Perception-London, 28(9), 1059-1074.
Chicago
Vygotski, L.S. (1929/2004). La signification historique de la crise en psychologie.
Lausanne, Paris: Delachaux et Niesté. (p.158-180)
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