Tourisme & Territoires / Tourism & Territories (2009)
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PARTICIPATION DE L’AFRIQUE
AU TOURISME INTERNATIONAL :
FAIBLESSES ET CAUSES
Antoine HOUNGA80
Résumé
L’Afrique a la réputation d’un continent riche en ressources
naturelles et socioculturelles qui, normalement, devraient lui
permettre de se faire une place de choix dans le domaine du
tourisme sur le plan international. Mais, tel n’est pas le cas parce
que des problèmes importants existent. L’objectif de notre étude
est de rechercher et de présenter les causes qui engendrent ces
différents freins à l’évolution du tourisme international sur ce
continent.
Dès cet instant, une lecture d’informations diverses basées sur
une documentation spécifique à notre étude va permettre de
relever des faiblesses du tourisme africain que sont entre autres :
le niveau de vie très bas des populations limitant le nombre de
voyageurs à but touristique, l’insuffisance des équipements et
infrastructures, les tensions politiques (guerres et conflits), le
climat difficile et les maladies tropicales.
Mais il faut souligner que c’est surtout l’Afrique subsaharienne
qui, face à cette réalité, ne représente pas encore une zone
privilégiée du tourisme international à la lecture de la part infime
des pourcentages qui lui reviennent dans la répartition
géographique des recettes et arrivées générales.
Mots clés : tourisme, Afrique, économie
80 Institut National de la Jeunesse, de l’Éducation Physique et du Sport (INJEPS),
Université d’Abomey-Calavi, Bénin
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utrefois considéré comme une activi uniquement
réservée aux pays développés, le tourisme a fini par
s’étendre aux moins avancés dont les pays africains.
L’Afrique a la réputation d’être un continent qui offre
dépaysement et exotisme à la clientèle en raison de la richesse de
ses ressources naturelles et socioculturelles (par exemple, la
nature, le paysage, la faune, la flore, le safari, le soleil, la plage).
Ainsi, le secteur touristique occupe une place de plus en plus
importante dans l’essor de pays africains il est une source de
richesse, de croissance et de diversification économique.
Mais le développement du secteur touristique en Afrique, surtout
subsaharienne, est confronté à divers obstacles liés au faible
indice de développement humain notamment le faible niveau des
revenus, d’alphabétisation et d’espérance de vie ainsi que les taux
élevés d’accroissement de population (Tévoédjrè, 2002).
D’ailleurs, François Vellas (1996, p. 34) abonde dans le même
sens en soulignant que « le retard des pays africains en matière
de tourisme international s’explique d’abord par un problème
global de développement économique».
Cet état de chose rend l’industrie touristique africaine non
compétitive et c’est ce qu’à juste titre Iain et al. (2001, p. 2) font
remarquer en affirmant : « dans toute l’Afrique, l’industrie
touristique se situe en deçà des normes internationales».
C’est une situation qui est, à notre avis, préoccupante et qui de
surcroît, hypothèque et retarde l’avenir de l’Afrique dans le
domaine du tourisme.
C’est pourquoi nous émettons l’hypothèse selon laquelle la
faiblesse de la participation de l’Afrique au tourisme international
varie d’une région à l’autre et ce, en rapport avec le niveau
économique (une économie embryonnaire, l’insuffisance des
infrastructures et équipements touristiques) mais aussi avec
certaines contingences environnementales (climat et les maladies
tropicales) sociales et politiques (guerres, conflits sociaux).
MATÉRIEL
Notre matériel d’étude est constitué de sources d’information
recueillies sur le tourisme en Afrique et dans le monde, à partir :
d’articles de la presse internationale traitant du
tourisme (au sens large depuis les récits économiques,
environnementaux, culturels, jusqu’aux textes
politiques ou sportifs),
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de documents statistiques officiels reçus de
l’Organisation Mondiale du Tourisme,
de documents relatifs à la politique de développement,
les comptes rendus des colloques, séminaires,
conférences
d’ouvrages généraux relatifs au tourisme international.
Cette diversité d’informations a une utilité particulière car elle
permet de dresser un état des lieux du contexte afin de mieux
cerner dans leurs grandes lignes, les dynamiques qui
interviennent dans l’évolution et le développement du tourisme
dans les pays industrialisés et les moins avancés.
SULTATS ET DISCUSSIONS
LA SITUATION DU TOURISME INTERNATIONAL EN
AFRIQUE
L’essor du tourisme depuis la fin de la seconde guerre mondiale
bien que considérable est inégalement réparti selon les pays.
Dans les pays en développement, la majeure partie de l’activité
touristique est assurée par les flux internationaux constitués de
visiteurs étrangers, les flux nationaux étant quasi inexistants. Par
contre, dans les pays industrialisés, les mouvements internes
viennent s’ajouter aux flux internationaux. Cette attraction pour
l’Afrique est liée à l’originalité de ses ressources naturelles et
culturelles qui suscitent la curiosité des touristes étrangers.
Malheureusement ce potentiel est peu ou pas transformé en
produits touristiques authentiques susceptibles de créer des
valeurs ajoutées. «L’Afrique n’a pas réussi, d’une manière
généralisée, à créer des produits ni à accéder à des marchés qui
fassent de tourisme le moteur de moteur de développement qu’il
pourrait être dans cette région ». (Rapport sur le développement
en Afrique, 2000, p. 11). Georges Cazes (1989, p. 22, 23, 28),
évoque, la place du continent sur le marché du tourisme mondial
en soulignant les inégalités mondiales majeures du tourisme
international. En effet, il fait constater que le Tiers Monde, dont
fait partie l’Afrique, ne reçoit que le quart du flux total de
touristes internationaux, alors qu’il concentre plus de trois quarts
de la population mondiale. Aussi, les trois quarts des flux totaux
reviennent-ils aux pays industrialisés développés sont
concentrées les deux fonctions du tourisme à savoir « émission »
et « réception ».
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En 1981, la part de l’Afrique dans le tourisme international, selon
Vellas (1986, p 6), a été de 2,5 % pour les arrivées touristiques et
de 2,09 % pour les recettes. Cette faiblesse est imputable surtout
au niveau économique relativement bas des pays africains, à
l’importance de la distance qui sépare certains pays d’Afrique de
l’Europe et au coût élevé des transports internationaux. En 1986
(Vellas, p. 6), ajoute-t-il, seules 2,6 % des arrivées internationales
étaient enregistrées pour le compte de l’Afrique soit huit millions
de touristes internationaux et 2,156 milliards de dollars US de
recettes. Elle se classe après les Antilles et l’Amérique latine (6 %)
et avant le Moyen-Orient (2,1 %) et l’Asie (moins de 1 %). Les
causes se rattachent à l’influence de divers facteurs politiques,
économiques et financiers se manifestant différemment suivant
les orientations des gouvernements et l’action exercée sur la
conjoncture politico-économique. Aussi ce même auteur fait-il
observer en 1994 en matière des arrivées touristiques, la faible
part de l’Afrique avec seulement 3,5 % du total mondial.
En 1998, une statistique sur la distribution des arrivées
touristiques des six continents (OMT, 2001a, p.78), place l’Afrique
en quatrième position après l’Europe, première, les Amériques
deuxième, l’Asie Est/Pacifique troisième et avant le Moyen-Orient
cinquième et l’Asie du Sud sixième. Pourtant, dix fois plus grande
que l’Europe, elle regroupe 24,9 millions d’arrivées contre 372,5
pour le vieux continent sur un total de 625,2 pour l’ensemble du
monde.
Après ce bref aperçu sur la capacité de l’Afrique à se placer sur le
marché du tourisme international, quelques constats s’imposent.
Le continent africain ne représente pas encore une zone
privilégiée du tourisme international à la lecture de la part infime
des pourcentages qui lui reviennent dans la répartition
géographique des recettes et arrivées générales. Aussi, doit-il
faire face d’abord à la concurrence des autres pays du Tiers
Monde et ensuite des pays industrialisés. Cependant, bien qu’elle
ne participe encore que de façon marginale et lointaine à la
création de nouveaux foyers touristiques, une évolution, même
faible, s’observe d’une année à l’autre à cause de quelques foyers
(pays) qui représentent les destinations privilégiées du tourisme
international. Le tourisme d’une manière générale, a évolué en
Afrique depuis les années quatre vingt en référence à la lecture
que nous avons faite et ceci se traduit à travers les moyennes de
taux de croissance des arrivées ou des recettes d’une année à une
autre.
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Ainsi de « 1980 à 1985, le taux de croissance annuel moyen a été
de 4,5 % pour les arrivées en Afrique contre 2,7 % pour
l’ensemble du monde, et de 1,5 % pour les recettes en Afrique
contre 0,7 % pour le tourisme mondial » (Vellas, 1986, p. 6).
Depuis « 1995, le nombre absolu des arrivées internationales a
augmenté de 7,5 millions ; au cours de la même année, la part de
l’Afrique passait à quatre pour cent du total mondial, tandis que
dans la période 1995-2000, le continent dans son ensemble,
connaît une croissance supérieure de près d’un point et demi à
celle du monde, à un rythme annuel de 6,6% contre 4,9 % pour le
tourisme mondial » (OMT, 2000a, p.2).
Pierre Biombi Mouandjo Lewis, (2002, p. 100) souligne qu’ « en
1999, les chiffres de l’Organisation Mondiale du tourisme
attestent un taux de croissance plus que respectable en ce qui
concerne l’Afrique dans la mesure l’on observe une
augmentation de 8,2% du nombre d’arrivées internationales et
une hausse de 10,3% des recettes du tourisme. »
Par contre en « 2000, les arrivées internationales y ont augmenté
à peine de 1,5 % à cause du brusque recul de deux grandes
destinations africaines à savoir, l’Afrique du Sud et le
Zimbabwe » (OMT, 2000a, p.2). En « 2001, les arrivées
internationales y ont augmenté de 3 % ; cette progression étant
due pour l’essentiel à deux pays d’Afrique du nord, la Tunisie et le
Maroc qui ont connu une croissance respectivement de 10 % et 8
%, pendant la période de janvier à août » (OMT, 2002a, p. 2).
Certes, l’Afrique enregistre des progrès notables dans le secteur
touristique, mais ces derniers, ne lui permettent pas encore de
s’affirmer sur le plan mondial : elle devra faire beaucoup d’efforts
pour maintenir cette progression à cause de l’incertitude qui
caractérise le climat social et politique dans les différents pays
qu’elle renferme.
Aujourd’hui, même s’il part d’une base plus étroite en nombre de
visiteurs, « le continent africain connaît des taux de croissance
supérieurs (7,2 %) à ceux des autres régions » (Iain et al, 2001, p.
1).
Cette croissance est sans doute liée à la volonté mise en œuvre
dans le développement de ce secteur par quelques pays reconnus
comme des foyers touristiques. Il s’agit pour l’Afrique de refaire
son image économique sur le plan international afin de tendre
vers une promotion au mieux de son tourisme en comptant
d’abord sur ses forces internes.
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