There is, however, something to be said for the view that that the student of the future,
if he had to choose among Keynes' works, would get the best picture of his total
contribution to economics in the Treatise. (Harrod, 1951, p 403)
1. Introduction
Le Traité sur la monnaie constitue un bon exemple de la difficulté que rencontre
l'historien des idées lorsqu'il s'agit de rendre compte d'idées développées dans un contexte
historique différent du sien. Dans le cas du Traité, à cette difficulté, s'ajoute le fait que la
compréhension même de l'ouvrage a donné lieu à de nombreuses interprétations souvent
contradictoires. Pour certains (Klein (1968) par exemple), l'ouvrage est une œuvre pré-
keynésienne, 'l'économie de Keynes' ne débutant véritablement qu'avec la parution de la
Théorie Générale. Le Traité est alors lu comme une reformulation de la théorie quantitative
de la monnaie. Une autre interprétation (les membres du Circus par exemple) consiste à voir
le Traité comme une étape vers la Théorie Générale et la notion d'équilibre de sous emploi.
Comme tout travail préparatoire, il est imparfait même si l'on y trouve des éléments qui seront
développés dans la Théorie Générale.
Devant cette absence d'unanimité, il apparaît bien difficile de trancher entre les différentes
opinions émises puisque d'une part on ne dispose que de peu de travaux préparatoires avant la
publication finale de l'ouvrage et que d'autre part les éléments à notre disposition conduisent à
penser que Keynes a remanié le noyau théorique de son livre jusqu'aux derniers moments
précédant sa publication.
Compte tenu de cette difficulté, deux stratégies semblent également envisageables. La
première consiste à comprendre l'ouvrage à la lumière du contexte historique et de
l'environnement théorique dans lequel il a été écrit. Cette perspective de recherche ne s'avère
pas des plus prometteuses. En effet, Keynes n'est pas pour ainsi dire des plus rigoureux pour
citer les travaux dont il s'inspire, ce qui rend la réussite du second objectif très incertaine.
Pour ce qui est du premier objectif, il est loin de suffire à rendre compte de la richesse du
Traité puisque celui-ci est avant tout un ouvrage théorique.
La seconde stratégie consiste à relire l'ouvrage à l'aide d'outils analytiques modernes. Cette
méthodologie comporte le risque de perdre en chemin l'originalité du message keynésien
d'autant plus que les outils analytiques dont on dispose généralement ont été développés par
un courant théorique auquel Keynes s'est opposé tout au long de sa carrière.