N 14/2012 Parution irrégulière Surface approx. (cm²) : 1677 29 RUE DE CHATEAUDUN 75308 PARIS CEDEX 9 - 01 75 55 10 00 Page 1/4 NOTION CLE : LA POLITIQUE - L'ETAT - LA LIBERTÉ HOBBES AU SEIN D'UNE ANGLETERRE MARQUÉE PAR LA GUERRE CIVILE, IL VA EXPLORER LE CHAMP DE LA PHILOSOPHIE POLITIQUE. CÉLÈBRE POUR SA FORMULE L'HOMME EST UN LOUP POUR L'HOMME », HOBBES MÉRITE QUE L'ON ETUDIE SES TRAVAUX SUR L'ORGANISATION DE L'ÉTAT, TOUJOURS D'ACTUALITE. n le tient pour le pere de la philosophie po htique moderne un digne successeur de Platon et d Anstote Pourtant on ne retient souvent de sa pensée politique qu une for mule par ailleurs de marquée de Haute « l'homme est un loup pour l'homme1 » On l'a tenu pour un de fenseur de la monarchie absolue celle de Charles Ie en lutte contre son Parlement puis, contradictoirement, pour un theon cien de la tyrannie republicaine du Lord Protector Oliver Cromwell II est vrai qu il soutenait que la crainte du pouvoir était le commencement de la sagesse dont on fait les societes apaisées et bien policées et il baptisa l'Etat ce « dieu mortel » du nom biblique et suggestif de Leviathan le mons tre mann qui, d apres le livre de Job terre nsait les populations Pourtant la pensée philosophique de Hobbes est plus profonde et plus riche que ce que l'on en retient en general apres avoir lu quèlques chapitres cles du Leviathan (1651) Elle ne résulte pas des elucubrations utopiques d un anacho rete réfugie dans sa tour d ivoire, maîs est celle d'un homme qui n'hésita pas a s'en gager par la plume et eut maille a partir avec cles contradicteurs quand bien même une prudence peut-être excessive lui dicta de s'éloigner dè sa terre natale déchirée par la BREAL2 1748491300504/GTA/OTO/2 25/151 •BIOGRAPHIE guerre civile Sa longue vie dont il fit le re cit en latin a deux reposes (dont I un en dis tiques) en témoigne Hobbes n a pris que progressivement et tardivement conscience de son originalité il avait passe la quarantaine quand il entre prit son œuvre de philosophe createur C est a Westport dans les faubomgs de Malmes bury qu il vit le jour le S avril 1^88 L'Espa gne menaçait alors I Angleterre « Le petit ver qui est moi n est pas entre tout seul dans le monde Les rumeurs selon lesquelles l'Invincible Armada mènerait notre race a sa perte causèrent une telle peur a ma mere qu elle mit au monde moi même et la peur' » Quoi qu il en dise Hobbes, ne avec « la crainte pour frere jumeau », ne fut pas un homme timoré et si dans la premiere moi tie de son existence, il fut de sante plutôt fragile il a traverse son siecle en se sortant des situations troubles occasionnées par la guerre civile Dans un ouvrage dont le titre 5 avril 1588 Naissance a Westport 1608 Bachelor of Art a Oxford, Hobbes entre au service du comte de Devonshire 1610 Premier voyage sur le continent 1829-1631 Deuxieme voyage sur le continent 1634-1636. Troisieme voyage en Europe 1640 Redaction des Elements de la loi naturelle et politique Exil en France (jusqu'en 1651) 1&42 1851 1655 1686 De Cive Leviathan De Corpore Hobbes, menace de proces pour athéisme, écrit pour sa defense Behemoth (1679) 1673-1678 Traductions de V Iliade et de l'Odyssée 4 decembre 1679 Mort a Hardwick Hall. Eléments de recherche : Toutes citations : - BREAL ou BREAL EDITIONS - BREAL DIFFUSION N 14/2012 Parution irrégulière Surface approx. (cm²) : 1677 29 RUE DE CHATEAUDUN 75308 PARIS CEDEX 9 - 01 75 55 10 00 Page 2/4 est inspiré par un autre monstre du livre de Job, Béhémoth ou le Long Parlement, où il analyse les causes de la guerre civile anglaise, Hobbes, septuagénaire, souligne combien l'époque a été mouvementée « Si dans le temps comme dans l'espace, il y avait des degrés de haut et de bas, je croîs véritablement que le degré le plus élevé dans le temps serait la période qui s'est écoulée entre 1640 et 1660 Car celui qui de cet endroit, comme de la montagne du Diable, aurait considéré le monde et observé les actions des hommes, particulièrement en Angleterre, aurait pu contempler le spectacle de toutes les sortes d'injustices et de toutes les sortes de folies que le monde pût fournir3 » Composer une philosophie politique dans ce contexte n'était certes pas sans dangers pour un philosophe qui, ne seraitce qu'à cause de sa haute stature - il mesurait près de deux mètres - ne pouvait pas passer inaperçu. Ne pas être le « perroquet d'Aristote » A vant de devenir l'auteur des trois grands traités de philosophie politique - les Elements de la loi naturelle et politique, le Traité du citoyen et le Léviathan - Hobbes a vécu une première vie sous le signe de l'étude, du préceptorat et des voyages Le jeune Thomas, enfant précoce, connaît à six ans le latin et le grec, et traduit en latin, à quatorze ans, la Médée d'Euripide Etudiant à Oxford, il y devient Bachelor of Art (1608) et entre aussitôt au service de William Cavendish I (1552-1626) Les Cavendish sont une puissante famille du Devonshire, à laquelle Hobbes resta attaché toute sa vie, exerçant d'abord les fonctions de précepteur auprès du fils, William Cavendish II (1591-1628) C'est en compagnie de ce dernier qu'il découvre le continent - il est en France lors de l'assassinat d'Henri IV - et qu'il apprend à ne pas se contenter d'être le « perroquet d'Anstote » Vers la fin des années 1620, il entreprend de traduire La guerre du Péloponnèse de Thucydide Hobbes, alors résolument royaliste, espérait par cette traduction montrer aux Anglais « toute la stupidité de la démocratie et combien un individu a beaucoup plus de sagesse que toute une assemblée » La lecture de Thucydide, enfin, le conforte dans son aversion profonde de la guerre en général, de la guerre civile en particulier Après la mort du fils Cavendish, il fait, en 1629 et en 1630, un deuxième voyage pendant lequel il lit avec ferveur les Elements de géométne d'Euclide, « illumination » décisive dans la mesure où elle lui inspira la BREAL2 1748491300504/GTA/OTO/2 26/151 Entre 1640 et 1660, celui qui aurait considéré l'Angleterre aurait pu contempler toutes sortes d'injustices méthode qu'il s'est efforcé de suivre en philosophie Un troisieme périple avec le jeune William Cavendish III (1627-1684) en France et en Italie lui donne l'occasion de connaître le père Mersenne, l'ami de Descartes, de se her avec Gassendi et de rencontrer Galilée, alors en résidence forcée en novembre 1635 S'estimant menace par la guerre civile qui s'amorce en Angleterre, Hobbes s'exile en France II y fréquente l'essentiel de la « république des lettres » C'est là qu'il compose les traités politiques qui ont fait sa gloire La fm de la guerre civile et l'avènement de la dictature de Cromwell le conduisirent à accepter l'autorité du Parlement unifiée en la personne du futur Lord Protector Le contenu et le succès de ses écrits politiques lui ayant attiré de nombreuses inimitiés, Hobbes eut à soutenir de multiples polémiques avec les savants et les théologiens, avec John Wallis (1616-1703) notamment, un professeur de géométrie a Oxford, qui avait pointé sans ménagement, dans une Réfutation de la géométrie hobbesienne (1655), les erreurs mathématiques de Hobbes Ce dernier, piètre mathématicien, croyait avoir donne « douze solutions différentes » du problème de la quadrature du cercle ' S'obstinant dans son erreur, il déclare à Wallis que « [sa] géométne, est, comparée à la vôtre, ce que I est à O » La polémique dégénéra au point que Wallis qualifia de « chiure » un ouvrage de Hobbes Celui-ci, s'en prenant au Geometry and Philosophy de Wallis, le présenta comme « composé entièrement d'erreurs et d'mvectives » et alla jusqu'à le comparer à « un vent malodorant, pareil à celui qu'une haridelle lâche quand son ventre plein est trop étroitement serré4 ». Ambiance ' II s'opposa aussi, sur la question de l'existence du vide, au physicien Robert Boyle Contre l'évêque arminien Bramhall, il sou- tint le déterminisme lors d'une longue polémique théologico-philosophique Enfin, il fut accusé d'athéisme par le chancelier Hyde et plusieurs évêques, ainsi que d'avoir fait dépendre l'Eglise de l'autorité royale Parmi ses détracteurs, certains le tinrent pour responsable de la grande peste et de l'incendie de Londres ' II meurt à Hardwick Hall, après avoir rédigé les deux versions de son autobiographie, traduit Y Iliade et l'Odyssée (1673) et proposé une ultime présentation de sa philosophie naturelle, le Decameron physwlogicum (1677) Sur une plaque de marbre noir, on peut lire cette épitaphe en latin • Vir pr obus et fanta erudttionis domi fortsque bene cogmtus (« Un homme honnête et bien connu par sa réputation d'érudition dans son pays et à l'étranger ») Selon une anecdote, Hobbes aurait proposé que l'on grave sur sa tombe : « Voici la véritable pierre philosophale. » « L'illumination euclidienne » C omme la plupart des philosophes de l'âge classique, Hobbes a vu dans les mathématiques, plus précisément dans la méthode géométrique, un modèle pour conduire sa raison en philosophie D'Euchde, qu'il a lu tardivement - à plus de quarante ans - Hobbes retient la clarté et la rigueur des raisonnements, l'esprit déductif et le souci de fixer avec précision le sens des termes, de bormes prémisses devant nécessairement conduire à de bonnes conclusions « La philosophie est la connaissance, acquise par un raisonnement correct, des effets ou phénomènes, d'après les causes ou les générations que l'on conçoit et, inversement, de leurs générations possibles d'après les effets connus1 » II s'en faut cependant que les diverses versions de sa philosophie possèdent toujours le caractère déductif et rationnel qu'il leur attribue Néanmoins, conformément à cette orientation fondamentalement rationaliste, Hobbes cherche à déduire les principes de sa philosophie politique des principes universels de la nature humaine : « L'explication vraie et claire des éléments des lois naturelles et politiques, qui est ma visée présente, dépend de la connaissance de ce qu'est la nature humaine, de ce qu'est un corps politique et de ce qu'est une loi6 » écrit Hobbes dans son traité De la nature humaine, que Diderot a qualifié de « sublime », soutenant que c'était là un « livre à lire et à commenter toute sa vie7 » NOTIONS ASSOCIEES : AUTRUI - LA LIBERTE Eléments de recherche : Toutes citations : - BREAL ou BREAL EDITIONS - BREAL DIFFUSION N 14/2012 Parution irrégulière Surface approx. (cm²) : 1677 29 RUE DE CHATEAUDUN 75308 PARIS CEDEX 9 - 01 75 55 10 00 Page 3/4 Toutes les grandes œuvres de Hobbes suivent un plan analogue repondant au mouvement profond de sa pensée La philosophie première, la métaphysique, et la connaissance de l'homme, l'anthropologie, y sont conditions de la science politique L'anthropologie hobbesienne est matérialiste en cela qu'elle part des corps et des possibilités qui leur sont inhérentes, et qu'elle me l'existence de substances immatérielles. Les esprits (spmts), les anges, s'il en existe, et Dieu a fortiori, sont des corps si ténus qu'on ne peut les percevoir par les sens Néanmoins, Hobbes réintroduit une sorte de dualisme en distinguant nettement les facultés du corps et celles, mentales, à la fois cogmtives et motrices, de l'esprit (mind) Ce dernier désigne, chez lui, non une substance, maîs une fonction propre à tous les corps capables de mouvement animal Hypertrophiée chez l'homme, cette fonction connaît un développement très considérable à cause de la possession du langage et du rapport particulier de l'homme au temps Distinguant l'homme de l'animal, la parole est ainsi « la plus noble et la plus profitable de toutes les [ ] inventions [. ], sans laquelle il n'y aurait pas eu entre les hommes plus de République, de société, de contrat, de paix qu'entre les lions, les ours et les loups8 » L'homme : un être de désir M aîs avant d'être un être de parole et de raison, l'homme est un être de désir Préfigurant Spinoza et Leibniz, Hobbes confère au concept de conatus (« effort », en anglais endeavor) un rôle essentiel. Défini abstraitement comme « un mouvement qui a lieu à travers la longueur d'un point ou en instant donne », le conatus sert d'abord à expliquer les mouvements spécifiques des êtres vivants. Hobbes en tire une conception du monde strictement mecamste et déterministe développée systématiquement dès le Short Tract of First Prtnciples (Court Traite, 1630 9) - même les pensées ne sont à ses yeux que des mouvements internes provoqués par des mouvements externes qui se manifestent sous des formes diverses (sensations, fantasmes, imaginations, souvenirs) Plus spécifiquement, chez l'homme, le conatus est à l'origine des passions primitives caractéristiques de la vie affective de l'mdividu (appétit/aversion, amour/haine, plaisir/douleur,joie/chagnn) -cette liste des passions fondamentales est commune à la plupart des penseurs de l'âge classique On peut définir le conatus comme un désir qui pousse l'homme à rechercher tout ce qui lui BREAL2 1748491300504/GTA/OTO/2 27/151 permet de se maintenir en vie et, corrélativement, de fuir ce qui peut l'entraver dans cette quête Au total, le conatus hobbesien est essentiellement réflexif, tourné vers la préservation de soi II marque profondement la conception du bonheur, présente dans le Léviathan comme « une continuelle marche en avant du désir, d'un objet à un autre, la saisie du premier n'étant que la route qui mené au second' ». Insatiable dans cette quête effrénée, l'individu hobbesien est pris dans un mouvement constant où il est animé par le « désir sans trêve d'acquérir pouvoir après pouvoir, désir qui ne cesse qu'à la mort10 » Le jeu de la mécanique des passions naturelles conduit Hobbes a déduire de sa conception de l'homme une description de la condition naturelle de celui-ci caractérisée par la guerre de chacun contre chacun Cette conception, marquée par l'mdividualisme et le nominahsme, l'a conduit à rompre avec la tradition scolastique, issue de l'aristotéhsme et du stoïcisme, qui attribuait à l'homme une tendance « naturelle » à vivre en société Contre Anstote, Hobbes affirme que, par nature, l'homme n'est pas un animal sociable II n'entend pas par la que les hommes ne sont pas aptes à vivre en groupe (congressus), maîs qu'ils ne sont pas naturellement enclins a vivre comme associés (socu) dans une société politique Au sem des groupes qu'ils peuvent être amenés à former, Hobbes ne conteste pas que « les enfants pour vivre, les adultes pour bien vivre ont besoin de l'aide des autres" » Maîs sa description de la condition naturelle des hommes tend a montrer que, laissé à lui-même, l'homme poursuivant des buts égoïstes, conformément a sa nature, tend a entrer en guerre perpétuelle contre son semblable II voit dans cette évolution la conséquence inévitable de l'égalité naturelle des hommes entre eux Aucun individu n'a suffisamment de force physique, ni n'est assez rusé pour s'imposer durablement aux autres « De cette égalité de capacité, résulte une egalité d'espoir d'atteindre nos fins12 » qui excite en chacun l'envie de posséder ce que l'autre possède De la procède une défiance généralisée, chacun voyant en autrui une menace pour lui-même et un obstacle, fût-il potentiel, à la réalisation de ses désirs Dès lors, il paraît raisonnable d'anticiper et de prévenir le mal en tentant de « se rendre maître, par la force ou la ruse, de la personne du plus grand nombre possible d'hommes, jusqu'à ce qu'il ne voie plus une autre puissance assez importante pour le mettre en danger13 » Dans l'état de nature, i'însociable sociabilité de l'homme joue à plein. L'homme est un loup pour l'homme Page de titre du Léviathan, édition de 1651. Un état de guerre permanent A cela s'ajoute l'extrême vanité des hommes qui ne souffrent la compagnie de leurs semblables que pour mieux se mépriser mutuellement . « Tout homme escompte que son compagnon l'estime au niveau où il se place luimême, et, au moindre signe de mépris ou de sous-estimation, il s'efforce, pour autant qu'il l'ose [. ], d'arracher, en leur nuisant, à ceux qui le méprisent une plus haute considération 14 » Ainsi, les causes de querelle sont la rivalité, la défiance et la vaine gloire ou la fierté. Il en résulte un état de guerre permanent, ouvert ou larvé, de chacun contre chacun • « Dans un tel etat, il n'y a aucune place pour une activité laborieuse, parce que son fruit est incertain, et par conséquent aucune culture de la terre, aucune navigation, aucun Eléments de recherche : Toutes citations : - BREAL ou BREAL EDITIONS - BREAL DIFFUSION N 14/2012 Parution irrégulière Surface approx. (cm²) : 1677 29 RUE DE CHATEAUDUN 75308 PARIS CEDEX 9 - 01 75 55 10 00 Page 4/4 usage dc marchandises importées par mer, aucune construction convenable [...]; pas d'arts, pas de lettres, pas de société, et, ce qui est le pire de tout, la crainte permanente, et le danger de mort violente, et la vie de l'homme est solitaire, indigente, dégoûtante, animale et brève'^ » Dans l'état de nature, l'msociable sociabilité de l'homme joue à plein et l'homme est bien un loup pour l'homme. Le seul moyen pour sortir de cet état de guerre structurel est d'ériger un pouvoir commun tout-puissant qui imposera sa loi à tous dans la communauté politique C'est la genèse du Léviathan, « ce dieu mortel » qui s'impose aux hommes non de l'extérieur, maîs avec leur consentement qu'éclairé une réflexion rationnelle sur leur condition misérable. Il procede aussi de la dynamique même des passions, puisque, par une sorte de renversement dialectique, la peur de la mort violente qui, dans un premier temps, contribue à diviser les hommes, les pousse à la concorde « Les passions qui inclinent les hommes a la paix sont la crainte de la mort, le désir des choses nécessaires à une existence confortable, et un espoir de les obtenir par leur activité16 » Comment sortir de l'état de nature, si funeste aux hommes 9 Réponse par une sorte de convention (covenant) ou de pacte Chacun des futurs associés, renonçant à sa liberté naturelle, s'engage vis-à-vis de chacun des autres a se dessaisir de son droit naturel à faire tout ce qui est en son pouvoir pour se conserver en le transmettant a un tiers, homme ou assemblée, qui exercera la puissance publique et les gouvernera « C'est comme si chacun devait dire a chacun "J'autorise cet homme, ou cette assemblee d'hommes, j'abandonne ŒUVRES • Outre l'édition des Œuvres complètes sous la direction d'Yves Charles Zarka aux éditions Vnn, les principales œuvres philosophiques de Hobbes sont désormais disponibles dans des traductions nouvelles ou d'anciennes traductions révisées dans les collections de poche (Le Livre de poche, GF/Flammarion, Folio). Ainsi la traduction du Léviathan par François Tricaud (Sirey, 1971) est-elle complétée par celle de Gérard Maire! (Folio, Gallimard, 2000). • Arnaud Milanese a retraduit BREAL2 1748491300504/GTA/OTO/2 28/151 mon droit de me gouverner à cet homme, ou a cette assemblée, à cette condition que tu lui abandonnes ton droit, et autorises toutes ses actions de la même manière17 " » Ainsi, fabriqué à l'image de la machine humaine naturelle, naît un corps politique, le Commonwealth ou République, corps dont l'âme, le principe d'animation, est la souveraineté. Ainsi au mécanisme naturel des passions se substitue, par le pacte, un mécanisme tout artificiel, dans lequel la justice et les lois forment une raison et une volonté artificielles Maîs, œuvre des hommes, le Léviathan est « dieu mortel » dont la fonction est avant tout de défendre la vie et les biens des individus, de faire que « l'homme devienne un Dieu pour l'homme ls » L'Etat ne pourrait la remplir si sa souveraineté n'était pas absolue et indivisible, et si le souverain n'était pas la seule source de la légalité politique Modernité de Hobbes Q u'est-ce qui, en fin de compte, fait de Hobbes un penseur moderne ? En quoi est-il légitime de lui aca place éminente qu'il s'attribuait lui-même aux côtés de Copernic en astronomie de Galilée en physique ou de Harvey en médecine "> Prenant son point de départ dans l'individu, mû par ses désirs, au premier rang desquels figure le désir de se conserver, tempère par le calcul rationnel, il a élabore une théorie hypothétique de la condition humaine à l'état de nature qui montre la nécessite de l'institution de l'Etat II I a élaborée à partir d'une conception moderne des Eléments de loi, le Court traité des premiers principes et une reconstitution du De Corpore (Allia, 2006). Il existe en outre des éditions scolaires fort bien présentées d'extraits du Léviathan ê On recommandera, notamment dans la collection Folioplus, l'édition commentée des chapitres xm à xvn du Léviathan (par Benoît Schneckenburger et Christine Cadet), des mêmes extraits par Mikael Garandeau et Eric Marquer en Classiques Hachette (1997) et des chapitres xw et xvn par Dominique Weber du droit subjectif et fondée sur une théorie contractuahste de la souveraineté absolue du pouvoir politique On lui doit enfin une interprétation theologico-pohtique de l'Ecriture sainte par laquelle il montre l'importance de soumettre, dans l'ordre politique, le pouvoir ecclésiastique au pouvoir politique Certes, certains aspects de cette théorie de la souveraineté absolue pourront paraître inappropriés aux yeux de ceux qui s'efforcent d'organiser la complexité croissante du monde contemporain en rognant la souveraineté des Etats, maîs l'intention de l'entreprise hobbesienne demeure d'une entière actualité • contenir l'individu livré au désir fantastique de sa toute-puissance et répondre de manière raisonnée à la nécessité de stabiliser les rapports entre les hommes afin d'éviter la guerre civile Le déclin relatif des grandes philosophes de l'histoire, qui espéraient trouver dans la réflexion historique les clés du devenir de l'humanité, a même redonné à la pensée de Hobbes sa pleine actualité A défaut de réaliser la félicité sur terre, elle permet de s'accorder sur les conditions minimales qui permettent à l'homme de vivie en sécurité, protége le mieux possible des maux qui le menacent ici-bas Jean Montenot 1. Plaute i asinaire ll 4 repris dans Le Citoyen Epitre dedicatoire 2. Autobiographie 3. Behemoth I 4. Enqlish Works, IV 440 5. De Corpore œuvres latines 0 L I chap I 6. Elements de la loi naturelle et politique 1 1 7. Correspondance avril 1 772 8. Léviathan I 4 De la parole . 9. Dp cit Xl 1 95 10. dp ot Xl 2 96 Tl. Oe Cue I 2 note 12. Le\iathan I 13, • De la condition naturelle des hommes 13. Ibid 14 Léviathan XIII 15. Dp cit I 13 . Delà condit on naturelle 16. Ibid n.Levathan ll 17 Des causes delà generation et d une definition de la Republique 18. Le Citoyen Epitre dedicatoire (Breal, 2003). Enfin, des traductions annotées par Philippe Folliot sont disponibles à l'adresse : http://pagespersoorange.fr/philotra. BIOGRAPHIES Outre les récits autobiographiques de Hobbes, on consultera : Thomas Hobbes, Arnold A. Rogow, 1986, trad. française 1990, PUF. Hobbes, une chronique. Cheminement de pensée et de sa vie, Karl Schuhmann, Vrm, 1998. COMMENTAIRES . * Léviathan, Gérard Mairet, Ellipses, 2000. * Hobbes. Philosophie, science et religion, Pierre-François Moreau, PUF, 1989. s La philosophie politique de Thomas Hobbes, Leo Strauss, 1936, traduction A. Enegrén et M. B. de Launay, Belm, 1991. « Hobbes, matérialisme et politique, Jean Terrel, Vrin, 1994. Le vocabulaire cfe Hobbes, Jean Terrel, Ellipses, 2003. La décision métaphysique de Hobbes. Conditions de la politique, Charles Yves Zarka, Vrin, 1987. Eléments de recherche : Toutes citations : - BREAL ou BREAL EDITIONS - BREAL DIFFUSION