Chapitre 1 Du développement au développement durable ➤ Géo p. 8-35 / Hist-Géo p. 264-291 La question Du développement au développement durable s’insère dans le thème introductif Les enjeux du développement. Comme l’indique la problématique du programme, cette question doit permettre à partir d’un état de la planète de dégager les grands enjeux du développement conduisant à une réflexion sur des modes plus durables de développement pour l’ensemble des sociétés de la planète. Il est abordé à partir de trois problématiques dont l’étude s’appuie sur des exemples. ◗◗ Mettre en œuvre la question Problématiques Séquences • Quelles inégalités de développement dans le monde ? Des contrastes de développement existent entre les pays du Nord et du Sud, mais aussi au sein de ces deux ensembles, à toutes les échelles. En dépit de l’amélioration des conditions de vie, la lutte contre la pauvreté reste un objectif prioritaire. Le développement s’accompagne de maux de toutes sortes pour l’environnement et les sociétés. 1 • Quels sont les enjeux de la croissance de la population ? Répartition et croissance des populations sont inégales aux différentes échelles spatiales : aujourd’hui, la majorité de la population vit dans les pays dits du Sud et dans les villes. Ces tendances vont se renforcer. Satisfaire les besoins croissants et nouveaux de plus de 9 milliards d’hommes en 2050 reste un défi majeur de développement. Ces besoins ont et auront des effets sur les ressources, les activités économiques, les espaces… • Comment définir le développement durable ? Quelles sont ses différentes modalités de mise en œuvre ? Le développement durable est un projet qui vise à mieux gérer les ressources et les espaces, à réduire les inégalités socio-spatiales en alliant protection de l’environnement, développement économique et spatial et meilleur partage des ressources et des richesses. Ce projet s’adresse à tous les acteurs de l’échelle planétaire à l’échelle locale. Sa mise en œuvre est difficile mais progresse selon diverses modalités. 124 Un développement inégal et déséquilibré 2 De nouveaux besoins pour plus de 9 milliards d’hommes en 2050 Supports Pour aller plus loin Exemple • Doc. clé : Des Nords, des Suds, 1. Le Mexique : un dévep. 19 / p. 275 loppement inégal à toutes • Cartes enjeux : les échelles, p. 16 / p. 272 – Les inégalités de développement, p. 12 / p. 268 Cours du manuel 1. Un développement iné- – Des facettes du mal-développement, p. 14 / p. 270 gal et déséquilibré, • Carte : La richesse mondiale : prop. 18 / p. 274 duit intérieur brut (PIB) (2013), p. 32 / p. 288 • Dessin de presse : Nord-Sud : dessin d’Ysope (2009), p. 34 / p. 290 Exemple • Doc. clé : L’évolution de la popula2. Le Nigeria : gérer la tion mondiale, p. 25 / p. 281 forte croissance démo- • Carte enjeux : La population mongraphique ?, p. 22 / p. 278 diale en 2030, p. 20 / p. 276 • Photographie : Une question majeure Cours du manuel 2. De nouveaux besoins de développement durable : la forte pour plus de 9 milliards pollution du littoral chinois, p. 9 / p. 264 d’hommes en 2050, p. 24 / p. 280 3 Mettre en œuvre des modes durables de développement Exemple • Doc. clé : Mettre en œuvre le déve3. Copenhague : mettre en loppement durable au niveau local : œuvre le développement l’Agenda 21 de la ville de Bischheim, durable, p. 28 / p. 284 p. 31 / p. 287 • Cartes enjeux : Des indicateurs pour Cours du manuel 3. Vers des modes durables mesurer le développement durable, p. 26 / p. 282 de développement ?, • Doc. clé : Västra Hamnen, quartier p. 30 / p. 286 durable de Malmö (Suède), p. 153 / p. 409 • Étude de cas : Vancouver, une métropole américaine durable ?, p. 126 / p. 382 © Magnard, 2015 – Histoire Géographie 2de – Livre du professeur Question sur… Trois questions sur le développement des sociétés Le développement durable constitue le fil directeur du programme de géographie de Seconde. Le thème 1 « Les enjeux du développement durable » est obligatoire et premier car, d’une part, il introduit la problématique du développement durable en la mettant en perspective à partir de l’inégal développement et des besoins des sociétés, d’autre part, il donne les clés de lecture des questions des trois autres thèmes. La première question « Quelles inégalités de développement dans le monde ? » permet de faire un constat des fortes inégalités et des objectifs du développement. Ce premier constat, confronté aux dynamiques de la population mondiale, autorise ensuite à poser la question « Comment faire face aux besoins de plus de 9 milliards d’hommes en 2050 ? » : des besoins futurs croissants en raison de la charge démographique qui devrait augmenter de plus de 2 milliards d’habitants mais aussi des mutations des sociétés. Dès lors, la question « Mettre en œuvre des modes durables de développement ? » inscrit la réflexion dans une perspective de développement durable. Le développement durable doit être envisagé dans toute sa complexité, résultat de la nécessaire intégration de trois aspects : le développement économique (qu’il faut distinguer de la croissance économique, celle-ci consistant à accroître les disponibilités financières notamment de l’État, tandis que le développement inclut aussi une amélioration de la qualité de vie) ; la justice sociale (qui implique que soit mis fin aux intolérables inégalités qui Cours : documents clés 1. Les pays les plus développés se situent en Amérique du Nord, en Europe du Nord-Ouest et en Océanie. 2. Les pays les moins développés au Nord se situent en Europe centrale et orientale anciennement communiste : Bulgarie, Roumanie, Russie… 3. Les pays émergents se situent dans le Sud : par exemple, en Amérique latine (Mexique, Brésil), en Afrique (Maroc, Afrique du Sud), en Asie (Inde, Chine). 4. C’est le continent africain qui compte le plus grand nombre de PMA. 5. Les inégalités Nord-Sud demeurent une réalité mais des inégalités apparaissent aussi dans ces deux ensembles. L’hétérogénéité du Sud est particulièrement marquée, allant de pays à très hauts revenus comme les pays pétroliers jusqu’aux pays les plus pauvres (PMA). L’évolution de la population mondiale (doc. 2 p. 25 / p. 281) caractérisent notre monde) et la qualité environnementale (qui inclut la fin des pollutions, des excès de prélèvements des ressources naturelles). Le développement durable ainsi envisagé est un objet politique, sa mise en œuvre dépend largement des choix politiques des États, des régions… de chaque citoyen. Sorte d’utopie pour aujourd’hui et le futur, le développement durable conduit à réfléchir à nos pratiques, aux modes de gestion des ressources, des territoires, il a une dimension opérationnelle… Il devrait conduire à corriger certains excès, à faire la part de ce qui est modifiable dans nos activités et nos modes de vie pour permettre un partage plus équitable, un meilleur usage de la planète, pour une vie meilleure de chacun. La réflexion sur le développement durable doit contribuer à mettre en garde l’élève contre les discours simplistes, contre les solutions toutes faites et applicables partout, contre les « il n’y a qu’à » schématiques et idéologiquement connotés, contre les discours catastrophistes et passéistes. Elle conduira donc à pratiquer l’incertitude, à mettre en évidence la difficulté à envisager des solutions définitives. L’analyse géographique – en insistant sur les acteurs, les jeux d’acteurs, les conflits, les enjeux, les débats concernant tel ou tel mode d’aménagement ou de gestion des territoires – doit faire prendre conscience aux élèves de leur future place dans la société et dans les choix de gestion des ressources et des territoires. Corrigés Des Nords, des Suds (doc. 1 p.19 / p. 275) 1. Entre l’an 1000 et le début du XIXe siècle (huit siècles), la population mondiale est passée de 300 millions à 1 milliard (triplement) ; entre 1800 et 2014 (214 ans), elle a été multipliée par 7, passant de 1 à 7,2 milliards. 2. La période « d’explosion démographique » se place entre 1960 et 2000. En 40 ans, la population mondiale a doublé, en passant de 3 à 6 milliards. On assiste ensuite à un ralen- ➤ p. 10-11 / p. 266-267 ➤ p. 19, 25, 31 / p. 275, 281, 287 tissement de la croissance ; les prévisions pour 2050 sont de 9,5 milliards. Le taux de croissance annuel a commencé à baisser à partir de 1965 passant de 2 % à 1,2 % en 2010. 3. La durée de vie moyenne a progressé de 22 ans de 1950 à 2014. 4. La population urbaine a dépassé la population rurale en 2009. 5. La population mondiale continue d’augmenter mais le rythme de la croissance s’est ralenti ; cette population est de plus en plus urbaine et elle vieillit. Mettre en œuvre le développement durable au niveau local : l’Agenda 21 de la ville de Bischheim (doc. 1 p. 31 / p. 287) 1. Les élus municipaux de la ville de Bischheim sont à l’origine de cet Agenda 21. 2. Trois grands objectifs sont portés par cet Agenda : impulser le développement local ; améliorer la qualité de vie et la solidarité entre les habitants ; assurer une meilleure gestion des ressources. 3. Le premier objectif correspond au pilier économique, le second au pilier social, le troisième au pilier environnemental. 4. Les responsables veulent développer une ville qui possède toutes les qualités pour répondre aux exigences du développement durable. © Magnard, 2015 – Histoire Géographie 2de – Livre du professeur 125 Exemple 1 Le Mexique : un développement inégal à toutes les échelles ◗◗ Problématique Le Mexique est significatif des inégalités de développement. Pays émergent, sa croissance économique a permis un relatif développement, mais les inégalités restent fortes à toutes les échelles, ainsi que le mal-développement. ◗◗ Corrigés 1. Le Mexique est devenu la deuxième puissance économique d’Amérique latine. Les indicateurs socio-économiques (cf. doc. 3) le situent dans une position moyenne traduisant une élévation du niveau de vie, de santé et d’éducation. Une classe moyenne a émergé et une frange croissante des classes populaires accède au logement. 2. Le Mexique reste confronté à tous les maux du mal-développement : très fortes inégalités de revenus ; pauvreté (la moitié de sa population vit en dessous du seuil de Exemple 2 Le Nigeria connaît une très forte croissance de la population dans un contexte de pauvreté qui empêche la majorité des habitants de mener une vie décente. ◗◗ Corrigés 1. Le Nigeria est à la fin de la phase 1 de la transition démographique : baisse de la mortalité et maintien de la natalité. Cela produit un accroissement naturel très fort qui se concentre dans les villes. Le maintien de la natalité s’explique par la jeunesse de la population et par la mortalité infantile. L’évolution positive réside dans l’accroissement du PIB/habitant. Cette richesse peut servir au développement : recul de la sous-alimentation et baisse de la natalité. 2. Masse démographique et urbanisation sont patentes. Exemple 3 Copenhague, capitale du Danemark, pays scandinave avancé sur les questions environnementales, ambitionne de fournir un modèle durable de développement urbain. ◗◗ Corrigés 1. La ville a reçu le prix 2014 du fait de ses efforts en matière de transports (transports en commun, pistes cyclables), de réduction des émissions de CO2 (isolation, système de chauffage), de gestion des déchets et d’espaces verts (agrément et biodiversité urbaine). Regard critique : il s’agit de la couverture d’une plaquette de promotion qui met en valeur la verdure, qui ne constitue pas un élément crucial de la durabilité. ➤ p. 22-23 / p. 278-279 Le marché est installé sur un échangeur routier faute de politique d’urbanisme et congestionne le trafic. Le logement est marqué par une certaine verticalité, témoin d’un effort de densification. Les réseaux électriques sont présents. Les logements, même médiocres, sont construits en dur. Ce n’est pas un quartier pauvre. 3. La pauvreté vient d’une mauvaise répartition des richesses. L’espérance de vie et la mortalité traduisent un état sanitaire insuffisant (manque de soins et malnutrition). Le manque d’éducation condamne toute une partie de la jeunesse au chômage. L’ensemble produit une violence quasi permanente avec des émeutes au Nord et l’implantation de Boko Haram. 4. Le Nigeria doit favoriser une meilleure distribution de la richesse pour réduire la pauvreté, garantir la sécurité alimentaire de sa population, lutter contre la violence. Copenhague : mettre en œuvre le développement durable ◗◗ Problématique 126 pauvreté) et tous les problèmes qui y sont associés (logements précaires ou informels, insalubrité, manque de services de santé et d’éducation, violence et criminalité). 3. Les inégalités régionales sont fortes. Les États les plus pauvres sont ceux du sud ou du centre (sauf la zone métropolitaine de Mexico) ; ce sont des États agricoles, à forte population indigène (ex. : l’État du Chiapas). Les États les plus développés sont les États frontaliers des États-Unis (industrie manufacturière) et ceux de la presqu’île du Yucatan (tourisme). Dans l’agglomération, les espaces centraux plus riches s’opposent à ceux de la périphérie. 4. Ces documents montrent que les inégalités sociales et spatiales sont massives. Dans les métropoles comme Mexico, la prospérité des quartiers centraux ne peut dissimuler ni l’entassement des populations pauvres à leur périphérie ni la violence qui y règne. Le Nigeria : gérer la forte croissance démographique ? ◗◗ Problématique ➤ p. 16-17 / p. 272-273 ➤ p. 28-29 / p. 284-285 2. Les innovations techniques sont mises au service de l’environnement. L’action publique (normes, subventions, politique d’achats) privilégie la qualité du cadre de vie (baignade, parcs, vélo), la réflexion sur l’alimentation (circuits courts), le traitement de l’eau (toitures végétalisées, dépollution). 3. Les axes choisis pour le quartier concernent les déchets, l’eau, la biodiversité et les énergies renouvelables, dans un contexte de démocratie participative. Mais le fonctionnement des équipements n’est pas assuré (solaire, eau, économies d’énergie) et la population d’origine est chassée par le montant des loyers. 4. La mise en œuvre de la dimension environnementale du développement durable fait de Copenhague une des villes les plus écologiques. Mais la mixité sociale n’a pas fonctionné. © Magnard, 2015 – Histoire Géographie 2de – Livre du professeur Carte enjeux 1 Les inégalités de développement L’IDH est un indice composite calculé par le PNUD depuis 1990 : il oscille entre 0 et 1. Le planisphère se prête bien à une analyse emboîtant les échelles : –à l’échelle mondiale, coupure Nord-Sud ; – à l’échelle des masses continentales, différenciation des Suds, de l’Amérique du Sud à l’Afrique en passant par l’Asie ; – à l’échelle d’un continent, contraste par exemple pour l’Afrique entre les deux extrémités Nord et australe par rapport à l’Afrique noire occidentale et centrale. ➤ p. 12-13 / p. 268-269 Le pluriel de la limite Nords-Suds se justifie par l’hétérogénéité des situations de part et d’autre de cette limite : au Nord, voir l’IDH plus faible de l’Europe orientale anciennement communiste ; au Sud, voir l’émergence de quelques pays en Amérique latine (Argentine, Chili…) et en Asie (Malaisie, Thaïlande…) qui tranche avec la faiblesse encore très répandue. À noter le cas particulier des monarchies pétrolières du golfe Persique, peu peuplées. Utiliser la carte interactive ✔S aisir l’adresse du lien indiqué sur la page pour accéder librement à la carte www.lienmini.fr/magnard-hg2-108 Grâce à la légende interactive, on peut sélectionner des figurés et organiser l’analyse de la carte par type d’information. Pour une carte complexe, on peut exploiter cette possibilité pour sélectionner les informations majeures à retenir pour le schéma. Un exemple de démarche pour analyser la carte en favorisant le passage au schéma : • L’IDH moyen de l’humanité étant estimé à 0,7, on peut, en partant du fond de carte, ne faire apparaître que les pays apparemment les plus favorisés (aplats bleu moyen : 0,7 à 0,8 et bleu foncé : > 0,8). Cette planète bleue chevauche la limite N/S, notamment sur le continent américain. Elle intègre aussi des pays en développement du nord de l’Afrique, du Moyen-Orient et de l’Asie Orientale. On peut faire le lien avec la plage bleue simplifiée du schéma qui accompagne la carte. • Inversement, en partant du fond de carte, on affiche seules les plages jaunes et orangées qui localisent les pays les moins favorisés (0,3 à 0,7), une planète jaune centrée sur l’Afrique subsaharienne et l’Asie du Sud et du Sud-Est. On visualise la plage jaune simplifiée du schéma qui accompagne la carte. • En retirant la plage colorée orange (0,5 à 0,7), on souligne la gravité de la situation de nombreux pays d’Afrique subsaharienne, où la croissance démographique reste vive (cf. La population mondiale en 2030, p. 20 / p. 276). Carte enjeux 2 Des facettes du mal-développement Carte 1 – Une image de la pauvreté humaine Comme l’IDH, l’indice de pauvreté multidimensionnelle (IPM) est aussi un indicateur statistique composite qui mesure la pauvreté dans les pays en développement. Il a été utilisé pour la première fois par le PNUD en 2010 pour compléter la mesure de pauvreté monétaire (1,25 $ au moins par jour). Cet indice prend en compte les privations aigües dans les trois domaines (niveau de vie, santé, éducation), à partir de dix composantes (biens mobiliers, sol de l’habitation, électricité, eau, toilettes, combustibles de cuisine, mortalité infantile, nutrition, années de scolarité, nombre d’enfants inscrits à l’école). Son intérêt est de mettre en évidence l’étendue de l’extrême pauvreté dans le monde : près de 1,5 milliard de personnes vivant dans les 91 pays couverts par l’IPM. À l’échelle mondiale, deux zones d’extrême pauvreté se détachent : l’Afrique subsaharienne et l’Asie du Sud. L’ Afrique est le continent de la plus grande pauvreté ; en Asie, même si la pauvreté a reculé, l’Inde, vu sa masse démographique, est le pays qui compte le plus de pauvres dans le monde. Carte 2 – La richesse mondiale inégalement partagée (2014) La carte de la richesse établie à partir du PIB par État et du PIB par habitant permet de repérer de multiples opposi- ➤ p. 14-15 / p. 270-271 tions, d’autant qu’il s’agit d’une carte par anamorphose : – entre les pays du Nord riches ou très riches (pays développés industrialisés à hauts revenus) et les pays du Sud (pays en développement) ; – au sein de chaque grand ensemble : au Nord, des pays au PIB très élevé (ex. : Amérique du Nord, Europe du Nord) et des pays au PIB moins élevé (ex. : en Europe de l’Est ou en Russie) ; au Sud, une grande hétérogénéité entre les continents, au sein des continents, entre les États. On peut donc croiser avec profit cette carte avec celle de l’IDH. Carte 3 – La suralimentation L’obésité est définie par l’OMS comme un excès de masse grasse entraînant des conséquences néfastes pour la santé. Elle est mesurée par l’indice de masse corporelle (poids en kilogrammes divisé par la taille en mètres, portée au carré). Souvent considérée comme un « excès de développement » dû à une surconsommation dans les sociétés riches (les États-Unis sont le pays le plus touché en nombre absolu et en valeur relative), l’obésité se répand rapidement dans les pays du Sud, liée à des régimes alimentaires spécifiques comme en Amérique centrale, au Proche-Orient et en Afrique du Nord. À l’inverse, l’Asie est le continent le moins touché par un phénomène que l’OMS considère comme une maladie depuis 1997. © Magnard, 2015 – Histoire Géographie 2de – Livre du professeur 127 Carte enjeux La population mondiale en 2030 L’opposition Nord-Sud apparaît nettement au plan du taux de croissance annuel. À noter la situation extrême de régression démographique traduisant les effets du vieillissement (Japon, Italie), conjuguée à une mortalité plus forte (quelques républiques de l’ex-URSS), ou les ravages du Sida (Afrique australe). L’hétérogénéité des situations apparaît dans une analyse plus fine : certains pays du Sud ont achevé leur transition démographique avec une croissance faible, ➤ p. 20-21 / p. 276-277 comme la Chine ou l’Uruguay, alors que la plus grande partie de l’Afrique noire, du Proche et du Moyen-Orient gardent un taux de croissance élevé. La traduction de cette croissance en temps de doublement de la population permet de mieux saisir le défi en termes de développement pour les pays concernés par un doublement de leur population en moins de 35 ans ; beaucoup sont des PMA. Utiliser la carte interactive ✔S aisir l’adresse du lien indiqué sur la page pour accéder librement à la carte www.lienmini.fr/magnard-hg2-109 Grâce à la légende interactive, on peut sélectionner des figurés et organiser l’analyse de la carte par type d’information en repartant du fond de carte. Mais il faut aussi bien comprendre la nature de la représentation utilisée pour ce thème. • Lorsqu’il s’agit, comme ici, d’une représentation par anamorphose, le « fond de carte » ne correspond pas à une représentation des États selon la superficie, ce qui est le cas le plus courant, avec les réserves à faire selon la projection utilisée. Dans cette représentation, les formes géométriques sont proportionnelles à l’estimation des populations des États en 2030. Le passage « visuel » au schéma n’est donc pas aisé puisque celui-ci présente, même de façon très simplifiée, les espaces selon leur superficie. • En affichant le « fond de carte » sans plages colorées, on met en évidence les grandes masses démographiques prévues en 2030, le poids énorme de l’Asie orientale et du Sud avec la Chine, l’Inde et l’Indonésie, et le poids de plus en plus important de l’Afrique. L’Europe occidentale, l’Amérique, le Moyen-Orient pèsent peu par rapport à ces grandes masses. • En revanche, en affichant seules les plages orangées (taux de croissance > 1 %), on souligne les dynamiques démographiques très fortes de l’Afrique et du Moyen-Orient par rapport au bloc de l’Asie orientale et du Sud. • En y ajoutant la plage jaune (0 à 1 %), on s’aperçoit que la Chine ou l’Indonésie partagent des croissances modérées comme en Europe occidentale, en Amérique du Nord ou au Brésil. • En affichant seules les plages bleues (taux de croissance < 0) et les plages orange moyen et foncé (taux > 2 %), on montre les dynamiques démographiques les plus divergentes de part et d’autre de la Méditerranée. Carte enjeux Des indicateurs pour mesurer le développement durable Carte 1 – L’empreinte écologique Elle mesure la pression de l’humanité sur la biosphère en évaluant combien d’hectares sont en moyenne nécessaires pour fournir les ressources biologiques dont chaque humain a besoin, ainsi que pour assurer l’absorption des rejets de son activité, essentiellement le CO2. C’est une autre façon d’envisager les inégalités de développement : un Américain a besoin de 9,5 ha, un Français 5,2 ha, un Chinois 2 ha, un Indien 0,9 ha, pour une moyenne mondiale de 2,7 ha alors que la biocapacité disponible de la Terre est de 1,8 ha par habitant. Eu égard à cet indicateur, nous surconsommons les ressources naturelles, et les principaux responsables seraient avant tout les pays développés. Carte 2 – L’espérance de vie Comme les autres planisphères, celui-ci se prête à l’opposition Nord-Sud et à une analyse multiscalaire à des échelles de plus en plus fines (à l’échelle continentale des Suds, à l’échelle de chaque continent). À noter, à l’échelle mondiale, la situation dramatique de l’Afrique subsaharienne qui abrite l’ensemble des pays de la première classe, à espérance de 128 ➤ p. 26-27 / p. 282-283 vie à la naissance inférieure à 56 ans. À l’inverse, la situation du continent latino-américain est la plus proche des pays du Nord (Chili). La Russie, avec 68 ans, est en décalage avec la situation des pays du Nord. L’espérance de vie en Chine est supérieure de 9 ans à celle de l’Inde (75,3 ans contre 66,4). La confrontation de ce planisphère avec celui de l’empreinte écologique montre que les pays à faible empreinte écologique par personne sont ceux qui ont la plus faible espérance de vie. À l’intérieur du groupe de pays à espérance de vie élevée, l’empreinte écologique varie, signe que l’on peut réduire son impact sur la nature tout en vivant bien. Carte 3 – La « qualité de vie » Publié chaque année par la société irlandaise International Living, cet indice reflète par ses critères la vision américaine de la qualité de vie : il ne prétend donc pas être synthétique mais cherche à susciter une réflexion sur les critères de mesure du développement en incorporant, par exemple, les critères de liberté, de sécurité et de risques. Les pays du Moyen-Orient se trouvent ainsi pénalisés par l’introduction de ces critères. © Magnard, 2015 – Histoire Géographie 2de – Livre du professeur Exercices Corrigés Analyser une carte ➤ p. 32-35 / p. 288-291 ➤ p. 32 / p. 288 Analyser la carte de façon détaillée 4. Au Nord de la limite Nord-Sud, les valeurs sont élevées (supérieures en moyenne à 15 000 dollars) ; au Sud, elles sont globalement plus faibles. 5 et 6. Au Nord, l’Amérique du Nord, l’Europe de l’Ouest, le Japon, l’Australie ont des valeurs du PIB/habitant élevées (supérieures à 30 000 dollars) : ce sont les pays anciennement industrialisés. En Europe centrale et en Russie anciennement communistes, le PIB/habitant est plus faible. Au Sud, on peut distinguer : – des pays au PIB très élevé ou relativement élevé : pays pétroliers (Arabie Saoudite, par exemple), pays émergents (comme la Turquie, l’Argentine, le Chili, la Malaisie) ; – des pays au PIB moyen : Chine, Brésil…, pays dont le développement est récent ; – des pays au PIB faible ou très faible : en Afrique subsaharienne (majorité de PMA) et en Asie du Sud (sauf l’Inde). Ces contrastes de richesse dans les pays du Nord comme du Sud font qu’il faut parler de Nords et de Suds, au pluriel. Produire un schéma Sélectionner les informations Identifier le type, la source, la date de la carte 1. La carte est une carte en figurés de surface sous forme de plages colorées. Les valeurs représentées sont de 2013 et proviennent d’une organisation internationale, l’ONU. 2. L’information fournie par la légende est l’inégale richesse du monde au travers du PIB par habitant : le PIB est la valeur de la production réalisée pendant un an à l’intérieur d’un État par l’ensemble des agents économiques (y compris les entreprises étrangères). 3. Le dégradé de couleurs rend compte de l’inégale richesse, du plus clair (plus pauvre) vers le plus foncé (plus riche). Analyser la carte de façon globale ➤ p. 33 / p. 289 Dessiner le contour du schéma 1. Le contour du schéma est issu d’une simplification du tracé du planisphère. Il respecte la forme, la disposition des continents. C’est une projection polaire, alors que la carte est une centrée sur l’Europe. Lesprojection contrastes Nords/Suds 3. Les principaux ensembles de pays développés et en développement et, à l’intérieur de ces deux ensembles, les pôles de richesse et, pour les Suds, les PMA. Réaliser le schéma 4. Cf. schéma. Titre : ........................................................................................................................................................................... Principaux pôles de richesse par habitant AMÉRIQUE DU NORD CORÉE SUD DU ................ Dans les Nords 1. ………………………………………… Pôle de richesse RUSSIE L’OUEST EUROPE DE ................. Pays développés APON J................. CHINE + AMÉRIQUE DU SUD MAGHREB – Dans les Suds 2. ………………………………………… SINGAPOUR MOYEN-ORIENT important AUSTRALIE ………………………… Pays en développement Pôle de richesse AFRIQUE SUBSAHARIENNE + AFRIQUE DU SUD important – PMA Limite ……………………… Nords/Suds 5. Trois types de figurés ont été employés : figurés de surface (plages colorées), figurés ponctuels (ronds, carrés) et figurés linéaires (limite Nords/Suds). 6. Les figurés ponctuels sont hiérarchisés (tailles différentes) pour classer les pôles de richesse (plus ou moins importants). 7. Autres figurés possibles. Figurés du schéma Autres figurés possibles 8 et 9. Cf. schéma. © Magnard, 2015 – Histoire Géographie 2de – Livre du professeur 129 Analyser un dessin de presse ➤ p. 34 / p. 290 Décrire le dessin de presse 1. Le dessin est d’Ysope et date de 2009. 2. Les mots clés sont Nord et Sud et la problématique celle d’une domination qui dure encore aujourd’hui. 3. Le dessin représente un globe terrestre aux proportions particulières : l’hémisphère Nord est disproportionné, celui du Sud inexistant, réduit à une ombre portée. Au Nord, un personnage opulent (symbole du gros cigare bagué), bien portant, dont les grosses mains reposent sur l’Europe et l’Amérique du Nord ; au Sud, les pieds d’un homme qui paraît très maigre et en haillons. Analyser le dessin 4. L’auteur souhaite montrer le contraste majeur entre le Nord (des pays riches) et le Sud (des pays pauvres) et la domination de l’un sur l’autre. 5. La question posée par le personnage du Nord (« Combien de temps encore ils vont pouvoir nous supporter !? ») désigne le décalage de richesse entre le Nord et le Sud, ainsi que la domination que le Nord exerce sur le Sud (exploitation des richesses minières, agricoles...). 6. Le dessin a des limites : en effet, la richesse au Nord n’est pas généralisée, tandis qu’au Sud des pays sont émergents (puissances pétrolières, pays géants comme le Brésil, l’Inde, la Chine...), d’autres en voie de développement rapide et d’autres toujours à la traîne, comme l’ensemble des 50 PMA. 7. Ce dessin est un bon outil de communication car il véhicule un message visuel simple illustrant le contraste majeur de développement du monde. S’évaluer ➤ p. 35 / p. 291 Connaître les définitions 1. Développement : l’IDH est un indicateur du développement des sociétés formé de trois composantes : le niveau de vie des habitants (PIB par habitant), l’espérance de vie à la naissance, le niveau d’éducation. 2. La croissance est l’augmentation de la production de biens et de services mesurée par l’évolution du PIB, alors que le développement associe à la croissance Bibliographie Mémoriser les acquis du cours 1. VRAI. 2. FAUX : les inégalités internationales et internes aux États se sont creusées ; la richesse est de plus en plus concentrée. 3. VRAI : même si les Maldives et les Samoa ne sont plus des PMA en 2015 ; l’ONU dénombre donc désormais 48 PMA contre 25 à la création du groupe en 1971. 4. VRAI. 5. FAUX : plus de 60 % de la population mondiale vivra en ville à cette date. Identifier trois idées principales sur une photographie 1re idée : La photographie montre un contraste socio-spatial majeur des villes du Sud : habitat taudifié au premier plan, espace urbain « moderne » d’immeubles au second plan et même de tours à l’horizon plus lointain. 2e idée: L’accroissement de la population de Mumbai se traduit par l’étalement urbain et l’extension des habitats précaires. L’extension spatiale de la ville augmente le besoin de déplacements, donc les risques de pollution. 3e idée : Les transports collectifs en voie propre (monorail, métro...) sont des équipements destinés à faciliter les mobilités urbaines et à limiter la pollution. Ils ne seront opérationnels qu’à l’horizon 2021. Développement durable : Les métropoles mondiales doivent relever plusieurs défis dans la perspective d’un développement durable : loger décemment l’ensemble de leur population, maîtriser la croissance urbaine, gérer les déplacements de la population. Sitographie ✔✔ Brunel S., Le développement durable, 5 édition revue et corrigée, PUF, 2012. ✔✔ Brunel S., Pitte J. R. (dir), Le ciel ne va pas nous tomber sur la tête, J. C. Lattès, 2010. ✔✔ Dubresson A., Veyret Y. (dir), 10 défis pour la planète, Autrement, 2012. ✔✔ Collectif, « 20 ans de développement durable », Problèmes économiques n° 3044, La Documentation française, 2012. ✔✔ Veyret Y., Arnould P. (dir.), Atlas des développements durables, Autrement, 2008. ✔✔ Veyret Y., Jalta J., Développements durables. Tous les enjeux en 12 leçons, Autrement, 2010. ✔✔ « Dossier Population mondiale. La Bombe humaine », Diplomatie n°44, AREION Group, 2010. ✔✔ Mancebo F., Développement durable, A. Colin (Poche), 2013. e 130 l’amélioration des conditions de vie de l’ensemble de la population. 3. Les PMA (Pays les moins avancés) sont un groupe de pays définis par l’ONU en 1971 à partir de trois critères : la faiblesse des revenus, celle des ressources humaines et une vulnérabilité économique forte. 4. La transition démographique est le passage en deux phases d’un régime démographique traditionnel de fortes natalité et mortalité à un régime moderne de faibles natalité et mortalité. La mortalité baisse d’abord, puis la natalité, diminuant la croissance démographique. 5. Le développement durable repose sur trois piliers : la croissance économique, le progrès social et la gestion de l’environnement. ✔✔ PNUD, Rapport mondial sur le développement humain 2014 : http://hdr.undp.org/sites/default/files/hdr14-report-fr.pdf ✔✔ « Le développement durable, approches géogr aphiques », Géoconfluences : h tt p : / / g e o c o n f l u e n c e s . e n s - l y o n . f r / i n f o r m a t i o n s scientifiques/dossiers-thematiques/developpementdurable-approches-geographiques ✔✔ Ministère de l’Éducation nationale, EDUSCOL, Éducation au développement durable : http://eduscol.education.fr/pid23360/education-audeveloppement-durable.html ✔✔ Canopé, Académie d’Amiens, Éducation au développement durable, Pôle national de compétences : http://crdp.ac-amiens.fr/edd/ ✔✔ GIEC, rapports sur les changements climatiques : http://www.ipcc.ch/home_languages_main_french.shtml ✔✔ IDDRI, Institut du développement durable et des relations internationales : http://www.iddri.org/ © Magnard, 2015 – Histoire Géographie 2de – Livre du professeur