Si les bactéries ont déserté
la viande cuite à point, elles
colonisent encore les ustensiles,
les récipients et les mains. Cinq
règles d’or pour avoir le dessus.
CUIRE | On ne le répètera jamais assez: la volaille doit être
parfaitement cuite. Si la température au centre atteint au
moins 70° C, toutes les bactéries sont détruites, qu’elles
soient nocives ou pas, et résistantes aux antibiotiques
ou non. Une viande bien cuite ne comporte plus de zone
rouge et se détache facilement des os.
LAVER | Nettoyer soigneusement tous les ustensiles
qui sont entrés en contact avec la viande crue. Pour la
planche, plus que le matériau, c’est l’entretien qui compte.
Après l’avoir lavée au savon, la faire sécher à l’air libre et
la jeter dès qu’elle est fissurée. Par ailleurs, changer fré-
quemment d’éponge à vaisselle et laver les torchons à
haute température, idéalement à 95 degrés.
ISOLER LA VIANDE CRUE | Eviter tout contact entre la
viande non cuite et des aliments consommés crus! Et
veiller à ne pas placer la viande cuite dans le plat qui a
contenu la viande crue, et à ne pas utiliser des ustensiles
ayant été en contact avec elle.
SE LAVER LES MAINS | Enlever bagues et bracelets avant
de cuisiner et se savonner à l’eau chaude après avoir tou-
ché la viande crue.
GÉRER LES SURGELÉS | La surgélation ne tue aucune
bactérie, qu’elle soit résistante ou non. Décongeler la
viande dans le réfrigérateur ou au micro-ondes, mais pas
à température ambiante, et jeter le jus qui est produit à la
décongélation.
Si les bactéries s’avèrent inoffensives, leur capacité de
résistance n’inquiète pas directement. Le problème ré-
side dans le fait que la résistance peut être transmise à
d’autres bactéries, celles-là nocives. Les infections dues à
des bactéries résistantes – qui peuvent survenir dans les
plaies, les poumons, le sang ou les voies urinaires – sont
en effet difficiles, voire impossibles à traiter. D’après les
estimations des autorités de santé de l’Union européenne
datant de 2009, 25 000 personnes mourraient chaque
année d’une infection à bactéries résistantes aux antibio-
tiques. Et le nombre d’infections de ce type augmente.
A l’hôpital universitaire de Zurich, rien que pour un type
de bactérie, on a comptabilisé 161 cas en 2010, contre
30 cinq ans auparavant.
Eviter la prolifération
Deux bactéries préoccupent plus spécialement les au-
torités médicales: le SARM (pour staphylocoque doré,
résistant à la méthicilline) et le BLSE (pour Bêta-lacta-
mase à spectre étendu). Notre laboratoire a donc traqué
ces indésirables ainsi que le Campylobacter, principale
cause de gastro-entérite dans le monde. Résultat des
courses: sur les 40 viandes de poulet et de dinde ache-
tées dans la grande distribution, 19 contiennent l’une
et/ou l’autre de ces bactéries résistantes aux antibiotiques.
Un constat: les échantillons de viande importée sont plus
touchés. La volaille bio étant encore marginale dans les
étals, nous ne l’avons pas incluse dans notre sélection.
Qu’on se rassure, la viande bien cuite ne contient plus de
bactéries actives. Mais la volaille crue peut en revanche
contaminer les personnes ou d’autres aliments consom-
més sans cuisson si les règles d’hygiène ne sont pas
appliquées. Adopter les bonnes pratiques à la cuisine est
donc plus que jamais essentiel (lire ci-dessous).
Conseils
Haro sur les bactéries
à la cuisine !
Interview de Vincent Perreten,
professeur d’épidémiologie, pistes sur
les sources de contamination et liens vers
les offices fédéraux sur frc.ch/poulet-resistant
Adopter des règles
d’hygiène strictes
avec la volaille crue
est essentiel
.
14
frc mieux choisir I octobre 2013 I N°62
point fort I alimentation
photopixel/shutterstock.com