scènes magazine ISSN 1016-9415 2 67 / novembre 2014 au théâtre de carouge : les jumeaux vénitiens CHF. 10.-- 7 € s o m m a i r e 66 cinéma 8 9 10 11 12 17 cine die / raymond scholer cinémas du grütli en novembre / christian bernard cinémathèque suisse en novembre / raymond scholer festival tous écrans / émilien gür festival filmar / david leroy les films du mois / christian bernard, émilien gür, serge lachat tournée : la nuit du court métrage / christian bernard 20 22 22 23 24 24 25 26 28 29 portrait : elina garanca / françois lesueur mémento opéra bâle : les contes d’hoffmann / éric pousaz zurich : lohengrin & fanciulla del west / éric pousaz berne : armide / éric pousaz marseille : la gioconda / françois jestin nice : les vêpres siciliennes / françois jestin lyon : der fliegende holländer / françois jestin vienne : luxe et prestige / éric pousaz, frank fredenrich venise : trouvère de routine / pierre-rené serna fondation bru zane : dinorah à berlin / éric pousaz 31 32 32 33 34 36 carouge : les jumeaux vénitiens / laurence tièche chavier comédie : jourdheuil retrouve müller / jérôme zanetta le poche : les combats d’une reine en tournée : l’illusion comique théâtre forum meyrin : l’annonce faite à marie / maïa arnauld vidy-lausanne : jan karski / bertrand tappolet château rouge : en attendant godot / laurent darbellay 38 39 40 41 42 43 44 45 46 46 47 48 49 50 52 52 53 54 54 entretien : jacky terrasson / frank dayen musicales de compesières en novembre / christian bernard portrait : ton koopman / yves allaz portrait : le quatuor de jérusalem / pierre jaquet agenda genevois / martina diaz agenda romand / yves allaz fondation gianadda : saison musicale / yves allaz genève : donald litaker & l’ocg / éric pousaz festival de lucerne : en été et “au piano“ / e. rüegger concours de genève : flûte et piano / frank fredenrich trois questions à emily beynon / beata zakes concours de genève : sébastian jacot / anouk molendijk concours de genève : emily beynon / beata zakes concours de genève : pascal rogé / monica schütz vernier sur baroque : hadrien jourdan / martine duruz portrait : eliahu inbal / yves allaz concerts arts & lettres, vevey : saison / yves allaz jazz classics : saison / julie bauer ambronay : renouveau / frank fredenrich ambronay sur cd / martine duruz opéra 18 18 théâtre 30 30 musique 37 37 267 / novembre 2014 spectacles 56 56 58 60 bonlieu annecy : scènes d’automne / jérôme zanetta entretien : thierry loup, équilibre-nuithonie / valérie vuille théâtre de beausobre : saison / nancy bruchez danse 62 62 ailleurs 63 63 salle des fêtes du lignon : far / emmanuèle rüegger 64 65 66 venise : madrigaux de monterverdi / pierre-rené serna fondation bru zane : concerts / frank fredenrich fondation bru zane : meyerbeer à l’honneur / e. rüegger chronique lyonnaise : molière et racine / frank langlois 68 70 72 72 73 73 74 74 75 75 musée de élysée : peress / chaplin / gitaï / catherine graf bâle : for your eyes only / régine kopp berne : augusto giacometti / régine kopp mémento beaux-arts : france lyon : jacqueline delubac, le choix de la modernité mémento beaux-arts : ailleurs madrid : l’impressionnisme et les américains mémento beaux-arts : suisse romande genève : chine impériale, splendeurs de la dynastie qing mémento beaux-arts : suisse alémanique genève : les rois mochica / pérou ancien 77 79 80 83 83 84 85 86 86 87 87 musée jacquemart-andré : le pérugin / régine kopp grand palais : niki de saint-phalle / régine kopp fondation cartier-bresson : william eggleston / chr. pictet opéra : un barbier sans séville / pierre-rené serna théâtre de l’opéra de paris : ouverture / stéphanie nègre théâtre des champs-élysées : gala / stéphanie nègre sélection musicale de novembre / françois lesueur chronique des concerts : coup d’éclats / david verdier mémento théâtre théâtre de la colline : rien de moi mémento expositions espace dali : dali fait le mur expositions 67 67 paris 76 76 les mémentos 88 86 87 90 91 91 93 encarts : festival les créatives / saint gervais : daisy / théâtre forum meyrin : guillaume tell / en tournée : utopia mia encarts : philippe jaroussky à évian / ensemble cantatio à genève / michel corboz à lausanne / théâtre des marionnettes de genève : soucis de plume victoria hall : orchestre des nations unies théâtre alchimic : petits crimes conjugaux théâtre la parfumerie : the stones théâtre de beausobre, morges : elizabeth sombart ABONNEZ-VOUS! Découvrez chaque mois dans nos pages : L’actualité culturelle d’ici et d’ailleurs Cinéma Concerts Livres Opéra Critiques Danse Expositions Théâtre Entretien Avant-Premières Mémento Scènes Magazine - Case postale 48 - 1211 Genève 4 Tél. 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Bref, le bon peuple genevois avait à peine eu le temps de digérer – ou d'apprécier – le refus de la traversée de la rade et pris la peine de s'inquiéter (un peu, il ne faut pas exagérer!) de l'avancement du projet de la Nouvelle Comédie sans oublier le « projet de rénovation et d'agrandissement du Musée d'art et d'histoire » que voici que tombait la nouvelle plutôt inattendue : Genève allait bénéficier d'une nouvelle salle de musique, ou plutôt d'une véritable Cité de la musique. Comme à Paris ? Oui, comme à Paris ! Faut-il donc enterrer le Victoria Hall ? Cette salle dont tous les spécialistes vantaient encore il n'y a pas si longtemps les qualités acoustiques ? Regretter cette salle, en fait une des plus inconfortables d'Europe occidentale avec sa jauge de 1600 places dont à peine un tiers à peu près correctes, puisqu'elle a été construite à une époque où seuls les privilégiés avaient le droit de pouvoir apprécier normalement les prestations d'artistes. Regretter un hall indigne d'un haut lieu de l'art musical où il ferait bon échanger des opinions, partager des impressions ? Alors en effet, force est de constater, d'après les termes du communiqué de la Fondation pour la Cité de la musique de Genève (FCMG) « que le Victoria Hall, en dépit des qualités qu'on lui connaît, n'était(sic) plus adapté aux réalités contemporaines, malgré les améliorations qu'il a subies depuis son inauguration voilà environ 125 ans. » Le Victoria Hall désormais au passé, pourquoi pas ? Alors, certes, il était temps de lancer un projet novateur... Mais sans vouloir jeter le bébé et l'eau du bain avant même la gestation, il convient de s'interroger sur la façon dont le projet a été lancé. On annonce la création d'une fondation « pour la Cité de la musique à Genève », voilà qui est fort bien. L'OSR en est partie prenante, ce qui ne devrait pas surprendre puisque ce projet offre à l'orchestre « un beau projet d'avenir », lequel « offrira à nos musiciens et à notre public un confort et une acoustique hors normes et donnera un nouvel élan à nos démarches d'ouverture et de partage ». Jusque là, rien à redire. Mais plus concrètement ? Il est question de ne pas toucher aux finances publiques. Soit. On demande à voir...Il faut donc faire appel au mécénat ? Intégralement ? Ensuite trouver un lieu plutôt au centre ville ? Il va falloir le trouver. Un projet architectural ? Un concours international sera lancé, sans doute bientôt. Nul doute que de nombreuses voix se feront entendre pour juger de la qualité – architecturale entre autre – du projet. Et l'on sait qu'au bout du lac des esprits plus ou moins bien intentionnés veillent au grain pour ce qui concerne les projets novateurs. Mais après tout, on nous assure du côté de l'OSR qu'il « s'agit d'une réalisation enthousiasmante, ambitieuse et exceptionnelle pour notre orchestre et tous les mélomanes du Grand Genève, mais aussi, de manière beaucoup plus large, qui contribuera de façon significative au rayonnement de notre ville, de notre canton, de notre région »... Wait and see ... FF/SCENES MAGAZINE scènes magazine case postale 48 - 1211 Genève 4 Tél. (022) 346 96 43 de France 00-41-22 346 96 43 www.scenesmagazine.com e-mail : [email protected] c i n é le cinéma au jour le jour Cine Die Rétrospective Titanus à Locarno 6 Comme le constate Emiliano Morreale, le conservateur de la Cineteca Nazionale, le cinéma italien est une légende à l’étranger, alors qu’il semble parfois n’avoir rien produit de marquant depuis 40 ans. Or, l’expérience du cinéma classique italien par les nouvelles générations se résume à une demi-douzaine de cinéastes « porteurs ». La rétrospective Titanus (firme fondée officiellement en 1928, mais produisant des films sous le sigle de la Lombardo-Teatro Film depuis 1916) était donc d’une utilité fondamentale en donnant aux nouveaux cinéphiles l’occasion de se rendre compte de la richesse d’un patrimoine, notamment celui des années 50, une époque pivotale qui vit le déclin du néo-réalisme et la création, à partir de ses cendres, du mélodrame et de la comédie. L’âge d’or de la Titanus s’étend sur une période de 15 ans, entre Catene (Raffaello Matarazzo, 1949) et Il Gattopardo (Luchino Visconti, 1963). Mais il n’y a pas de style Titanus reconnaissable. Goffredo Lombardi, le fils et (dès 1951) successeur du fondateur Gustavo, avait des goûts éclectiques et maintint toujours un équilibre entre les productions populaires et les créations artistiques. Il y avait parmi les premières des produits typiques de la Titanus, par exemple les mélodrames flamboyants en couleurs, comme m a film noir, puis prend rapidement les apparences d’une affaire torride : la tentative de séduction d’une femme mariée par un des voleurs, qui s’avère être un ancien amant. Mais nous salivons en vain : elle reste opiniâtrement vertueuse. Malgré cela, son mari se croit trompé, car le gaillard plaît manifestement aux dames, et lorsqu’il vient lui demander des comptes, un coup de pistolet malencontreux envoie l’adultérin in spe ad patres. Au lieu de dire la vérité aux flics, le mari panique et s’embarque pour l’Amérique. Où la loi le retrouve comme mineur de fond des mois plus tard (Interpol était manifestement très efficace), le transfère en Italie et instruit son procès pour meurtre. L’avocat commis par sa femme (déjà ostracisée par le voisinage) recommande à celle-ci d’avouer avoir été infidèle, car un mari trompé a certains droits inaliénables, comme celui de liquider l’amant. Avalant sa honte, la femme fait ce pieux mensonge au tribunal. Le mari est libéré séance tenante, apprend de l’avocat qu’elle a menti et court à la maison la prendre dans ses bras. Que de souffrances quand même pour une L'amant, le mari et l'épouse dans «Catene» C. Cardinale et Burt Lancaster dans IL GATTOPARDO Torna ! (R. Matarazzo, 1954) ou Maddalena (Augusto Genina, 1954) ou des comédies alfresco pleines de joie, de jeunesse et de soleil, comme Poveri ma Belli (Dino Risi, 1957), mais aussi d’un goût plus local comme Il tallone di Achille (Mario Amendola et Ruggero Maccari, 1952) avec Tino Scotti, ce petit comique irritant comme un moustique qui fonde tous ses effets sur une logorrhée intarissable et se mesure constamment à des femmes de poids ou des bombes sexuelles. En même temps, le studio permettait à des réalisateurs débutants (Valerio Zurlini, Francesco Rosi) ou des maîtres confirmés (Luchino Visconti, Alberto Lattuada, Giuseppe de Santis) de faire des films méditatifs. Mais peu de cinéastes peuvent être considérés comme des icônes Titanus. Le premier serait bien sûr Raffaello Matarazzo (8 mélos entre 1949 et 1959), à égalité avec le nettement moins typé Camillo Mastrocinque (8 comédies légères), suivi de Dino Risi. L’apport de la culture napolitaine est important chez Titanus, pas seulement dans les films avec Totò (dont Gustavo Lombardo lance la carrière cinématographique en 1937) mais aussi dans le sous-genre du film de revue ou celui du musicarello (mélodrame avec chansons). Catene (1949), le premier mélo de Matarazzo, en fait partie. Le film commence par un vol de voiture qui nous plonge dans une atmosphère de a c t bête jalousie ! La matrice des mélos interprétés par le couple Yvonne Sanson (la capiteuse actrice grecque)/Amedeo Nazzari (l’Errol Flynn italien) se trouve là : pour des raisons d’honneur personnel ou de morale offensée, le protagoniste se met inutilement dans de sales draps (ou peut y être mis par un coup du destin), souffre et fait souffrir ceux qu’il aime, et lorsqu’il a assez souffert, il trouve la rédemption. Le schéma bonheur chute – rédemption est répété avec des configurations de plus en plus complexes dans les films suivants pour atteindre son apogée dans le diptyque I Figli di Nessuno (1951)/ L’Angelo Bianco (1955). Le premier film commence dans les profondeurs d’une immense carrière où travaille un groupe d’ouvriers, , métaphore parfaite des abîmes émotionnels que les protagonistes matarazziens vont parcourir. Le riche Comte Guido (Nazzari), héritier de ladite carrière, s’est fiancé en secret à Luisa (Sanson), la fille du gardien, et madame Mère (Françoise Rosay) n’aime guère ce mélange de classes sociales. Comme Luisa a a péché et enfanté, Mère ordonne au méchant contremaître (Folco Lulli) de kidnapper le bébé et d’incendier la maison, faisant ainsi croire à Luisa que son bébé a brûlé. Luisa se fait nonne (Sœur Addolorata !) et Guido est inconsolable. L’enfant mourra, certes, mais lors d’une explosion dans la carrière. Où est la rédemption ? Eh bien, dans le second film! Comme le public a dû souffrir d’attendre 4 ans pour connaître la suite. Au début, Guido perd sa 2e épouse (et la fillette qu’elle lui a donnée) dans un accident nautique d’une violence inouïe. Désemparé, il passe une nuit d’amour avec la copie conforme de Luisa (trois ans avant Vertigo de Hitchcock !), une artiste de cabaret rencontrée u a l i t é c i n é m a par hasard. Sachant qu’elle est le sosie du grand satirique à The Longest Day de Zanuck : le amour de Guido, l’entraîneuse recherche et retroduo comique Franchi et Ingrassia se trouve uve la nonne, Sœur Addolorata. Elle est enceinte embrigadé dans la der des ders et réussit à damer le pion aux Autrichiens à Caporetto : des œuvres du comte, mais, condamnée pour les innombrables seconds rôles sont tenus possession de came, elle enfante en prison, où les par plus de 100 acteurs qui travaillent sans mauvais traitements infligés par ses codétenues salaire. Parallèlement, le tournage de Il ont ruiné sa santé. La nonne, accourue à son cheGattopardo de Visconti voit son budget augvet, appelle Guido pour lui annoncer qu’il est menter de 1,7 à 2,6 milliards de lire. Le film papa : avec 2 Sanson pour le prix d’une, il se rend sort en 1963 et ne rentre pas dans ses frais. à la prison à toute vitesse et épouse l’amante Lombardo arrête la production, mais c’est d’un soir dans la chapelle. Mais les codétenues trop tard. La faillite semble programmée, prennent le nouveau-né en otage pour faciliter car aux pertes des deux films précédents leur évasion. C’est alors que la nonne entre en s’ajoutent encore celles de I sequestrati di action divine et vient récupérer le petit chose Altona (Vittorio de Sica). Un administrateur pour le donner à son papa. Nonne saint-sulpides banques est envoyé restructurer la cienne et amante sensuelle, Sanson montre l’éTitanus. 119 employés sont licenciés. tendue de son talent dans ce double rôle. Lombardo est obligé de vendre tous les serMais Goffredo Lombardo voulait aussi laisYvonne Sanson dans «L'Angelo Bianco» vices créés au courant des 70 ans passés : les ser des films artistiques à la postérité. En 1953, il fit appel à Luchino Visconti, Roberto Rossellini, Luigi Zampa et Gianni studios Farnesina et Scalera, les ateliers de doublage, des cinémas, les édiFranciolini pour réaliser une carte de visite de la Titanus. Siamo Donne tions Chronograph, ses appartements à Ostia et Parioli. Et les dettes seront montre d’abord des files interminables de jeunes femmes (souvent accom- payées, un fait tellement rare dans ce milieu de requins. Le dernier film pagnées de leurs mères) qui attendent devant le studio pour tenter de pas- produit par la Titanus sort en 1964 : Il Demonio de Brunello Rondi (hisser une audition. Au bout d’une série d’interviews et d’éliminations, les toire d’une possession démoniaque, non pas traitée en film d’horreur, mais starlettes de demain sont choisies. Avec l’espoir de devenir une fois l’éga- sous l’éclairage ethnographique des coutumes païennes encore en vigueur le d’une des 4 étoiles auxquelles sont consacrés les sketches des 4 cinéastes : Anna Magnani, Ingrid Bergman, Isa Miranda et Alida Valli. Alors que Visconti et Rossellini racontent des saynètes humoristiques, Zampa montre la solitude de la Miranda qui a préféré la carrière au bonheur conjugal, mais le sketch le plus poignant est celui de Franciolini : Valli, en visite impromptue chez sa maquilleuse, se sent prête à tomber amoureuse du mari de celle-ci, un conducteur de trains. Rarement émoi naissant fut traité avec autant de sensibilité et la Valli ne fut jamais aussi belle. Robert Aldrich et Stewart Granger sur le tournage de «Sodom and Gomorrah Visconti et Magnani sur le tournage de «Siamo Donne» En 1960, Rocco e i suoi Fratelli de Visconti, film d’auteur s’il en est, est un succès commercial retentissant. Lombardo commence à voir grand. Il donne le feu vert au tournage (Londres, Rome, Maroc) de Sodom and Gomorrah de Robert Aldrich. Le budget est dépassé de 2 milliards de lires, des coproducteurs se retirent de l’affaire. Titanus doit s’endetter auprès de plusieurs banques italiennes. Quand le film sort en 1962, les rentrées sont bonnes, mais n’épongent pas les dettes. Il giorno piu corto de Sergio Corbucci, tourné pour faire rentrer des devises, est une réponse a c t u a l dans les Pouilles ou en Calabre. Daliah Lavi y donne une démonstration de la « marche de l’araignée » qu’on croyait inventée par L’Exorciste (1973)). Pendant 20 ans, la Titanus ne fera que de la distribution. En 1986, Goffredo produit le premier film de Giuseppe Tornatore, Il Camorrista. Mais depuis 1989, la Titanus ne produit plus que des téléfilms. Dans un émouvant documentaire, L’Ultimo Gattopardo : Ritratto di Goffredo Lombardo (2010), présenté par Guido Lombardo (imaginez Primo Carnera en costume cravate), le fils qui préside à la compagnie Titanus depuis 2005, Giuseppe Tornatore rend justice à celui qui lui a mis le pied à l’étrier et qui est aussi un des grands gentlemen du cinéma. Au mois prochain Raymond Scholer i t é 7 c i n é m a cinémas du grütli Claude Lelouch, Ermanno Olmi Les 15 et 16 novembre, hommage à Claude Lelouch invité par Edouard Waintrop à venir présenter cinq de ses films. Auparavant, le 4 novembre, première en sa présence du dernier film en date du vétéran Ermanno Olmi, Torneranno i prati. 8 Claude Lelouch, tout le monde ou presque le connaît, pour l’encenser ou le vomir. Un homme et une femme, bien sûr, le succès et la notoriété instantannés, couronné à Cannes en 1966, Oscar du meilleur réalisateur l’année suivante, la chanson éponyme de Francis Lai et Nicole Croisille (ba da ba da da) faisant le tour du monde avec plus de 300 adaptations… Rejet aussi instantanné par la critique cinéphile. Déjà en 1960, à propos de Le Propre de l’homme, son premier film, la critique des Cahiers du cinéma commençait ainsi : « Claude Lelouch, retenez bien ce nom, vous n'en entendrez plus jamais parler ». La réconciliation fut longue à venir avec celui dont on a souvent dit: « Il ne raconte pas grand-chose, mais il le fait tellement bien. » Pour ceux qui, comme le signataire de ces lignes, connaissent mal l’œuvre de Lelouch, le recours au documentaire qu’il réalisa en 2011, D'un film à l'autre, sur son propre parcours de cinéaste revisité sans trop de complaisance, s’est révélé très utile. En prenant les films qu’il viendra présenter à Genève dans l’ordre chronologique, on commence par Le Voyou (1970) pour lequel Lelouch fait à nouveau appel à Jean-Louis Trintignant, mais pour un rôle moins romantique que dans Un homme et une femme. Il fait aussi appel à Charles Denner qui l’enthousiasme : « Il ne jouait jamais. Il vivait littéralement chaque scène comme dans un état second habité jusqu’à la folie par son personnage. » En 1972 il tourne L'aventure c'est l'aventure avec Lino Ventura, Jacques Brel, Charles Denner, film critique sur a l’après Mai 68. En 1975 il fera tourner Michèle Morgan, dans Le Chat et la Souris avec Serge Reggiani. Dans une scène annonçant les futurs bêtisiers des séries télévisées, on y voit Michèle Morgan attraper un fou rire après avoir trouvé un clou dans un gâteau… En 1998 viendra le plus intimiste Hasards ou coïncidences avec Alessandra Martines et Pierre Arditi. « J’avais envie, dit-il, de réaliser un film sur ce qui me fait le plus peur : apprendre la mort d’un de mes enfants ou de la femme que j’aime. Je voulais filmer cet instant infilmable mais surtout montrer comment on peut remonter la pente. Comment continuer à vivre quand on a tout perdu ? Je suis fier de l’avoir «Torneranno i prati» d'E. Olmi fait… Le film n’a pas perdu d’argent. Il a été amorti, alors que l’échec public est absolu. Je crois que c’est un film qui s’adresse aux croyants de la vie. » Puis ce sera en 2007 le pied de nez à la critique que constitue Roman de gare : « En 2006, j’ai eu envie, comme un magicien de faire un ultime tour de passe-passe, l’idée saugrenue de faire un film sous un pseudonyme… Je me suis souvenu du mer- c t u a veilleux pied de nez de Romain Gary au monde des lettres lorsqu’il a écrit La vie devant soi sous le pseudonyme d’Emile Ajar. Lui aussi, à un moment donné, s’était senti meurtri. J’avais le sentiment que mes films n’intéressaient plus personne… On s’est tous lancé dans cette énorme supercherie et j’ai demandé à mon meilleur ami de jouer le rôle du metteur en scène… et petit à petit, s’est fait Roman de gare (sous le pseudonyme d'Hervé Picard). » Encadrant ce week-end, la projection d’autres titres est annoncée sous réserve : Un homme et une femme (1966), La Vie, l'Amour, la Mort (1968), La Bonne Année (1973) un des films préférés de Kubrick selon Sydney Pollack…, Le Bon et les Méchants (1975), Les Uns et les Autres (1981) avec lequel Lelouch se lance dans le film choral, Itinéraire d'un enfant gâté (1988) où il se convertit au tournage à plusieurs caméras, « à mon sens le film dans lequel je dirige le mieux les comédiens car pour la première fois j’utilise systématiquement deux, voire trois caméras. » Ermanno Olmi Rencontre certainement émouvante avec le vieux maître (83 ans) (Il Posto; Les Fiancés) venu présenter Torneranno i prati (Ils reviendront dans les prairies), sa réponse personnelle aux commémorations de l’éclatement de la première Guerre mondiale. Décrivant la vie des combattants sur le front des Dolomites, le film d’une heure et demi en temps réel a nécessité huit semaines de tournage dans une tranchée reconstituée en haute montagne, de quatre heures de l’après-midi à quatre heures du matin par -10 dans cinq mètres de neige. Voulant faire œuvre utile, comme il le dit, Olmi ne désarme pas : « Les versions officielles ne sont plus crédibles, les mensonges, les édulcorations, nous ne devons plus les taire: nous devons savoir, connaî-tre, car quel enseignement tirer d’une Histoire sans sincérité ? » Torneranno i prati , Les Sentiers de la gloire de Kubrick, même combat ? Christian Bernard l i t é c i n é m a novembre à la Cinémathèque suisse Amos Gitai Robin Williams Troisième mois de la rétrospective Gitai. Le 6 novembre, le réalisateur en personne présentera au cinéma Capitole le film qu’il a consacré à son père, Lullaby to My Father (2011). « La vie de Munio Weinraub Gitai est exemplaire de l’itinéraire, de l’engagement social et de l’implication professionnelle de toute une génération d’architectes nés en Europe Centrale (en l’occurrence : Pologne), formés au Bauhaus et qui, à la différence de leurs prestigieux maîtres exilés outreAtlantique (Gropius, van der Rohe…), iront en Un hommage de 13 films est consacré au comédien disparu. Dommage que le film cassegueule et brillant qui l’a lancé, Popeye (Robert Altman, 1980), une transposition live de la célèbre bande dessinée, ne soit pas de la partie. The World according to Garp (George Roy Hill, 1982), Moscow on the Hudson (Paul Mazursky, 1984), Good Morning Vietnam (Barry Levinson, 1987), Dead Poets Society (Peter Weir, 1989) sont essentiels, mais The Fisher King (Terry Gilliam, 1991), souffrant du péché mignon de tous les scénarios de Richard LaGravenese, l’accumulation d’éléments fantastico-poétiques qui finissent par compter pour du beurre, ne l’est pas. On pourra aussi vérifier le statut de Hook (1991), compté parmi les films les plus faibles de Steven Spielberg. Mrs. Doubtfire (Chris Columbus, 1996), The Birdcage (Mike Nichols, 1996, d’après le très franchouillard La Cage aux Folles), Deconstructing Harry (Woody Allen, 1997), Good Will Hunting (Gus Van Sant, 1997), One Hour Photo (Mark Romanek, 2002), Insomnia (Christopher Nolan, 2002) et Night at the Museum (Shawn Levy, 2006) complètent l’éventail vertigineux de l’acteur, dont une dizaine de Yaël Abecassis dans «Lullaby to My Father» Palestine mettre en pratique l’enseignement reçu. » Au cours du mois, plus d’une dizaine de documentaires du cinéaste montreront la grande diversité de ses intérêts. Certains titres se confondent avec leur contenus: American Mythologies (1981), Ananas (1983), Bangkok-Bahrein/ Travail à vendre (1984), Au pays des Oranges (1994). Wadi (1981), Wadi 10 ans après (1991) et Wadi Grand Canyon (2001) étudient une vallée, Wadi Rushmia, située à l’est de Haïfa et peuplée d’un mélange d’immigrants juifs et d’Arabes expulsés de chez eux, vivant en coexistence fragile : au fil des ans, de nouveaux immigrants s’installent et le contexte politico-social se détériore avec l’intrusion des promoteurs immobiliers. Give Peace a Chance (1994) tient la chronique des événements qui ont conduit à l’accord de paix Arafat-Rabin. The Arena of Murder (1996) inventorie les traces laissées par l’assassinat de Rabin. a c t u Al Pacino et Robin Williams dans «Insomnia» titres depuis 2004 n’ont plus trouvé de distributeur chez nous : était-il trop catalogué comme gentil et lacrymal ? Commémoration de la Grande Guerre cinéma soviétique », on peut (et on doit) découvrir Un Débris de l’Empire (1929) de Fridrikh Ermler (sur un soldat qui a perdu la mémoire au front, ne la retrouve que dix ans plus tard et a de la peine à s’orienter dans ce nouveau monde soviétique) et Marchands de Gloire (1929) de Léonide Obolenski (d’après une pièce de Marcel Pagnol et Paul Nivoix) qui instrumentalise également la perte de mémoire et la fracture de l’identité dans une vigoureuse charge antimilitariste. Denis Côté Le Québécois Denis Côté est dans certains milieux très bien coté. A côté de lui, ses compatriotes Denis Villeneuve et Kim Nguyen, pour ne pas parler de Daniel Grou (alias PodZ) ou d’Eric Tessier, sont considérés comme des tâcherons. Parce qu’ils font du cinéma construit, structuré, et conçoivent le récit comme un outil à distiller la 9 «Vic + Flo ont vu un ours» tension, ils sont méprisés par les thuriféraires de la modernité. Ceux-ci truffent leurs appréciations d’expressions comme « confronter le spectateur à un récit qui n’en est pas un », « déambuler dans le réel d’un pas somnambulique », « la dimension dramatique reste cachée, latente, comme la bête qui se cache en chaque individu ». Ce qui n’est pas pour inspirer confiance a priori. Selon les propres termes de l’auteur, le cinéma de Côté invite, alors que le cinéma standard impose. À l’évidence, l’œuvre de Denis Côté est une affaire de goût acquis. Après avoir vu Elle veut le Chaos (2008) et Curling (2010), je ne l’ai pas encore. Mais je veux bien lui donner une chance supplémentaire avec les documentaires Bestiaire (2012, le regard des bêtes) et Que ta Joie demeure (2014, sur le monde du travail en usine). Et avec sa dernière fiction, Vic + Flo ont vu un ours (2013), parce que le titre est marrant. Raymond Scholer A l’occasion du cours de François Albera sur « la Première Guerre mondiale vue par le a l i t é c i n é m a festival tous écrans, genève Plongée dans l'univers du transmédia La vingtième édition du festival Tous Ecrans investira du 6 au 13 novembre la Maison communale de Plainpalais. 10 Le Festival Tous Ecrans/Geneva International Film Festival explore depuis 1995 les liens entre le cinéma, la télévision et les nouvelles formes de création digitale. L'an passé, tranchant avec les éditions précédentes, la manifestation s'était dotée d'une ligne directrice claire centrée autour de trois sections (cinéma, télévisons ainsi que web et transmedia) ; cette année, manière d'affirmer le dynamisme de sa programmation, elle s'offre un « petit » déménagement. En effet, pour sa vingtième édition, le festival, dirigé depuis 2013 par Emmanuel Cuénod, prend ses quartiers à Pitoëff, la Maison communale de Plainpalais. Car vingt ans, ça se fête ! Investissant les deux étages du bâtiment, le festival met à disposition du public deux salles de projection (370 et 310 places), un restaurant, un bar, une salle de conférence ainsi que des espaces dévolus à la culture digitale. L'artiste François Moncaré, dont l'œuvre interroge les connexions entre l'art, l'humain et les nouvelles technologies, y exposera plusieurs installations numériques. Parmi celles-ci, on peut citer Who Loves the Sun, un soleil qui évoluera en fonction du public, ainsi que Digital Rave(l), qui fera prendre vie, grâce aux techniques de video mapping, à la fresque d’Edmond Ravel qui orne les murs de Pitoëff. Nouveauté surprenante, la jardin de la Maison communale de Plainpalais accueillera un drivein urbain, à l'accès gratuit, dans lequel seront diffusées des séries cultes des années 1990. Focus sur le Canada Pour cette nouvelle édition, l'accent sera mis sur les films venus du Canada : s'ouvrant avec Le Règne de la beauté, le dernier opus de Denys Arcand, le festival accueillera le réalisateur Guy Maddin qui tournera au cours du festival un épisode de sa série Spiritisme. Le tournage, réalisé avec la HEAD et l'ECAL, est ouvert au public et aura lieu samedi 8 novembre de 14h à 17h. La manifestation, qui a l'ambition de a faire découvrir au public toutes les nouvelles tendances en matière de cinéma, de télévision et de culture digitale, propose comme chaque des casque 3D de réalité virtuelle Oculus Rift. Ceux-ci, avec leur vision à 360o, ont entre autres la particularité d'abolir le hors-champ. Le virtuel se confond alors totalement avec la réalité, ce qui renforce l'immersion du spectateur au sein de la fiction qui lui est proposée. Pour la première fois, le Festival Tous Ecrans décernera le prix Film & Beyond, destiné à récompenser l'œuvre d'un artiste au caractère transdisciplinaire. Il sera remis Jean-Hugues Anglade, acteur qui s'est illustré aussi bien dans le domaine du cinéma qu'à travers d'autres pratiques audiovisuelles. Le festival se clôturera sur la projection de Coming home du réalisateur chinois Zhang Yimou, drame situé à la fin de la Révolution culturelle. Jim Fiscus SHOWTIME (© 2014 Penny Dreadful © Showtime Networks Inc. All Rights Reserved (1)-2 année une sélection de séries qui se distinguent par leurs qualités esthétiques et formelles. La programmation proposera un large panorama de productions télévisuelles, des grands crus américains à des œuvres plus confidentielles. Parmi les plus attendues, on citera The Strain, réalisée par Guillermo del Toro, Penny Dreadful de John Logan, Babylon de Danny Boile, sans oublier Gomorra, inspirée du célèbre roman de Roberto Savinio, ainsi que Fargo, qui transpose l'intrigue du film des frères Coen dans le Minnesota de 2006. La manifestation fera également la part belles aux séries web dans le cadre de la section « web et transmédia », qui conjugue à la fois œuvres de fiction et projets documentaires. Le festival, qui propose depuis sa création d'expérimenter de nouveaux dispositifs audiovisuels, offre cette année la possibilité d'essayer c t u a En marges des projections se tiendra le traditionnel workflow, le programme professionnel du festival. Celui-ci accueillera une série de rencontres dédiées aux pratiques digitales, de même que des débats autour de la création numérique et télévisuelle ainsi que de la convergence des médias. Les enfants ne seront pas non plus en reste : la Journée pour tous du dimanche permettra aux familles de participer au festival à travers un programme concocté en collaboration avec la Lanterne Magique et l’émission pour enfants de la RTS Mission Ciné. En clair, cette vingtième édition s'annonce aussi festive qu'expérimentale. Emilien Gür Programmation détaillée : www.tous-ecrans.com l i t é c i n é m a sociales. Certes, le film de Solano parle d’autre chose, mais il parle aussi de ce qui rend cette terreur possible : la pauvreté et l’exploitation créées par tout un système. festival Filmar Le festival FILMAR des films d’Amérique latine revient pour sa 16ème édition du 15 au 30 novembre. Festival pantagruélique de 400 projections, l’accent sera mis cette année sur un monstre dans ce monstre : le cinéma argentin. Le pays de Solanas, Subiela et Bielinsky sera ainsi au centre de la manifestation avec 40 titres, dont huit films allant de 1962 à 1985 et six films résumant l’âge d’or du Nouveau Cinéma Argentin (1990-2010). Les autres pays ne seront pas oubliés : 115 films des productions récentes de Bolivie, Brésil, Chili, Colombie, Cuba, Équateur, Mexique, Nicaragua, Panama, Paraguay, République Dominicaine, Uruguay et Venezuela seront également présentés. Pour ceux qui ont des lacunes en géographie de l’Amérique latine, voilà un bon moyen de les combler. Le festival aura, bien sûr, sa sélection en compétition avec huit fictions et huit documentaires. FILMAR veut s’adresser non seulement aux cinéphiles mais déclare élargir sa préoccupation au champ politique et social en s’adressant aux personnes actives dans le domaine de la solidarité internationale. Films ‘prioritaires’ Dans les films à suivre, on n’a que l’embarras du choix. A priori, on pourra être tenté par Lulu de Luis Ortega, ne serait-ce que pour inscrire l’œuvre de ce jeune réalisateur de 34 ans dans la continuité de la cinématographie argentine. Dans Lulu, il s’essaye à l’exubérance en suivant un couple de jeunes qui va vivre la vie au présent sans se soucier du lendemain. Une soif de vie d’autant plus débridée que Ludmila (une des deux « Lu » du titre) a une balle dans le corps qui menace de bouger et de la tuer à tout moment. Comme les précédents films d’Ortega manifestaient plus de préoccupations formelles minimalistes qu’émotionnelles, ce film pourrait être son « contes cruels de la jeunesse » ou s’avérer n’être qu’un vain exercice de style. Le Chilien Cristian Jimenez, avec La Voz en off, mérite aussi l’attention avec l’histoire d’une femme qui décide de faire une pause dans sa vie en faisant vœu de silence et en se mettant en état d’isolement médiatique. Cela pourrait décourager a priori, mais Jimenez avait réussi avec Bonsai (sélectionné à Cannes dans la sélection « un certain regard »), un film doux amer sur ce qu’il appelait déjà « le nouveau sen- a c t u timent de solitude » et mêlait considérations sur Proust, l’art d’écrire, la botanique et le sexe dans un cocktail qui échappait aux effets de mode et d’artificialité. Un ton et un style que La Voz en off pourrait encore affiner. Œuvre forte En parallèle de ces découvertes, le festival rendra également hommage à l’écrivain colombien Gabriel García Márquez, Prix Nobel de Littérature en 1982, disparu en 2014 et une exposition consacrée à Mafalda, le personnage créé par le dessinateur argentin Quino en contrepoint aux « Peanuts » de Schulz. Il y aura assurément de quoi faire. David Leroy Sélection en compétition : FICTION LULU, Luis Ortega, 2014, Argentine PRAIA DO FUTURO, Karim Aïnouz, 2014, Brésil LA VOZ EN OFF, Cristian Jímenez, 2014, Chili MATEO, María Gamboa, 2013, Colombie CONDUCTA, Ernesto Daranas, 2014, Cuba SILENCIO EN LA TIERRA DE LOS SUEÑOS, Tito Molina, 2013, Equateur LA TIRISIA, Jorge Pérez Solanas, 2014, Mexique LOS ENEMIGOS DEL DOLOR, Arauco Hernández, 2014, Uruguay Mais c’est peut-être du Mexique que viendra l’œuvre forte du festival avec La Tirisia de Jorge Pérez Solano. Dans Espiral (2009), Solano affirmait sa conviction que le Mexique devait trouver la solution à ses nombreux problèmes en se basant sur ses seules forces qui passent, là comme ailleurs, par les femmes, seules garanties de solidarité dans des La Tirisia, Solano revient dans la région aride du Mixtec Oaxaca et raconte l’histoire de deux femmes enceintes qui doivent s’occuper de la famille et du village alors que les hommes, poussés par l’exil économique, vont chercher du travail au loin. Les choix impossibles qu’elles seront amenées «La Tirisia» de Jorge Perez Solanas à faire les plongeDOCUMENTAIRE ront dans la « Tirisia », la tristesse perpétuelle, « la mort de l’âme ». Tourné dans la région CIUDADELA, Rubén Guzmán, 2014, Argentine aride du Mixteca, le film assume la dimension DURAZNO, Yashira Jordán, 2013, Bolivie universelle de cette chaîne d’abandon et de déli- MATARAM MEU IRMAO, Cristiano Burlan, 2013, Brésil tement. Difficile de ne pas relier ce film avec l’ac- HOTEL NUEVA ISLA, Irene Gutierrez, 2013, Cuba tualité mexicaine récente sur le massacre barba- LA MUERTE DE JAIME ROLDOS, Manolo Sarmiento, re de 43 étudiants dans l’Etat voisin du 2013, Equateur Guerrero et qui nous rappelle l’état de violence QUEBRANTO, Roberto Fiesco, 2013, Mexique et de terreur extrême dans laquelle le crime SOBRE LAS BRASAS, Mary Jímenez, 2014, Pérou organisé et les politiciens corrompus tiennent le EL SILENCIO DE LAS MOSCAS, Elizer Arias, 2013, Mexique. Le libéralisme sauvage et les narco- Vénézuela trafiquants unis pour étouffer les revendications a l i t é 11 c i n é m a filme ces corps d’adolescentes. La cinéaste sait faire sentir toute la charge athlétique, énergique, sensuelle et sexuelle de ces corps féminins qui exsudent une force incroyable, en parfait contraste avec leur « impuissance » sociale et professionnelle. Les scènes des rencontres clandestines de la bande dans une petite chambre d’hôtel, où ces filles sont quasiment collées les unes aux autres, mais où elles bougent, dansent, chantent magnifiquement sur Diamonds de Rihanna resteront gravées dans l’esprit et le cœur du spectateur. Autre réussite : les images jamais misérabilistes de la cité (particulièrement belle de toutes ses lumières la nuit) dont l’architecture, comme celle de la Défense, semble destinée à accueillir ces joutes et ces danses. C’est dans cette mesure que ce film diffère, comme le désire Céline Sciamma, d’un « film de banlieue ». Les films du mois «Bande de filles» © Agora films BANDE DE FILLES 12 de Céline Sciamma, avec Karidja Touré, Assa Sylla, Lindsay Karamoh, Marietou Touré… (France 2014) Présenté en ouverture de la Quinzaine des Réalisateurs à Cannes cette année, le troisième long-métrage de la jeune réalisatrice Céline Sciamma, Bande de filles, marque un retour aux questions qui taraudent l’adolescence féminine après un détour par les interrogations sur l’identité sexuelle à la fin de l’enfance dans Tomboy. Après un pré-générique qui nous happe dans un match de football américain joué par des filles avec tout l’équipement « guerrier » nécessaire et donc avec tout l’engagement physique qu’implique ce sport, nous assistons au retour de l’équipe dans sa cité. Au fur et à mesure que se défait le groupe, l’impression de puissance qu’il dégageait fait place à une sorte d’inquiétude sous le regard (méprisant ? menaçant ?) de groupes de mecs désœuvrés. Le film se focalise ensuite sur Marieme (Karidja Touré, excellente, dans son premier rôle), une adolescente noire de 16 ans, en situation d’échec scolaire. Dans une scène d’anthologie, la proviseure ou la conseillère d’orientation – qui reste pure voix off – lui fixe son « destin » : malgré son désir de poursuivre ses études, Marieme est condamnée à la filière professionnelle ! A la maison, pas de père et une mère souvent absente pour son travail de nettoyeuse. Elle doit s’occuper de ses petites sœurs et subir l’autorité tyrannique et violente d’un grand frère. Un jour, elle est littéralement draguée par un groupe de trois filles au verbe haut, à la dégaine a Serge Lachat de bagarreuses et qui lui donnent une formidable impression de liberté. Impression qui se modifiera par la suite, mais en attendant, Marieme retrouve une sorte de confiance en elle en intégrant cette petite bande de guerrières qui adoptent les comportements et les valeurs des mecs : la hiérarchie entre bandes et à l’intérieur de celles-ci se décide au cours de bastons d’une rare violence, et ces filles assument leur sexualité conquérante en refusant le rôle qui les attend de mères et d’épouses. En même temps qu’elle découvre cette « liberté » et ses limites, Marieme vit une première histoire d’amour que son frère ne tolère pas. Il lui fait dans toute la cité une réputation de « pute ». Elle quitte le domicile familial, prend ses distances avec sa bande et, refusant la prostitution, accepte un boulot de livreuse de drogue que lui offre le caïd du coin. Mais très vite elle se rend compte que sa situation l’emprisonne au moins autant que le mariage que lui propose son amoureux. Le film s’arrête alors qu’elle esquisse un mouvement de sortie du cadre… On le voit, Céline Sciamma (em)brasse trop de sujets graves (le déterminisme social, sexuel et racial, le poids des archaïsmes et des interdits dans les familles et dans la cité, la drogue, la prostitution…) pour les traiter en profondeur. Non seulement elle ne dit rien de très neuf, mais sa façon de juxtaposer des scènes (inégalement réussies) sans véritable travail de montage (beaucoup d’ellipses marquées par un noir) ne permet aucun vrai développement et la dernière partie est vraiment la moins bonne. Indéniablement le meilleur de ce film très « physique » (la première scène est matricielle de ce point de vue) tient à la façon dont Sciamma c t u a DER KREIS de Stefan Haupt Zürich, 1956. Deux hommes, Ernst Ostertag et Röbbi Rapp, fréquentent l'organisation secrète « der Kreis », pionnière en matière d'émancipation homosexuelle en Europe. L'un est professeur de français dans un lycée, l'autre coiffeur et chanteur de variété. Ils se rencontrent et s'aiment. Zürich avait alors la réputation d'une ville tolérante et attirait des homosexuels du monde entier. Néanmoins, les autorités regardaient d'un œil méfiant les activités du « Kreis ». Le groupe fut contraint de cesser son activité lorsque la communauté homosexuelle zurichoise fut victime d'une série de meurtres. Les médias s'emparèrent de ces faits divers pour stigmatiser de manière virulente la communauté gay de la ville. Lorsqu'un des meurtriers fut acquitté, un quotidien zurichois titrait « le triomphe de l'humanité »... Suite à cette affaire, la police souhaita établir une liste des membres de l'organisation et multiplia les rafles dans les cabarets gays. En 1967, Karl Meier alias « Rolf », le fondateur du groupe, dut dissoudre ce dernier et mettre un terme à la publication de la revue qui y était associée. Si « der Kreis » n'existe plus depuis longtemps, Ernst et Röbbi vivent toujours ensemble. Stefan Haupt est allé à leur rencontre. Célébrant la liberté d'aimer, Der Kreis dresse un portrait émouvant d'une période de l'histoire qui demeure peu connue de ce côté-ci de la Sarine. Œuvre à la nature hybride, le film alterne séquences de reconstitution de la vie des deux hommes au sein du mouvement homosexuel et entretiens avec ces derniers. Au regard du cinéaste sur la Zürich des l i t é c i n é m a au succès planétaire et à l’exploitation économique moderne des créations du grand couturier. L’amant Pierre Bergé est l’instigateur et le maître des stratégies économiques que le film n’hésite pas à montrer « en action » au cours de discussions avec les investisseurs américains. Dès lors, une ques«Der Kreis» avec Ernst Ostertag (Matthias Hungerbühler), Felix (Anatole Taubman) tion essentielle années 1960 succède la vision des protagonistes taraude Saint Laurent : que reste-t-il de l’artiste sur leur propre histoire. Le film, contrairement à dans le logo YSL qui marque les nombreux proce que laisse présumer son titre, met plus en duits dérivés ? Ou encore : comment rester un avant ces deux individus que le groupe. C'est là artiste (même avec la frustration de se sentir son principal défaut : au lieu de proposer une peintre raté) dans un monde où votre identité se véritable réflexion sur l'organisation « der fond dans une marque ? Kreis », le film donne parfois l'impression un peu Se développant au gré d’un montage qui fait décevante d'être un biopic. La parole du couple fi de la chronologie (le spectateur trouve ses aurait méritée d'être plus exploitée, afin d'offrir repères historiques dans les dates affichées à l’éun contrechamp aux images mises en scène par cran), le film explore aussi la mystérieuse alchiStefan Haupt et de maintenir une certaine distan- mie entre l’époque et les œuvres. Explorant la ce vis-à-vis des scènes de reconstitution. proximité de Saint Laurent avec Andy Warhol Emilien Gür (même si Saint Laurent ne pourra jamais réaliser le rêve du peintre américain de voir sortir une SAINT LAURENT « collection Andy Warhol ») ou avec Mondrian, de Bertrand Bonello, avec Gaspard Ulliel, Bonello travaille sur les goûts artistiques du couHelmut Berger, Jérémie Rénier, Louis Garrel, turier en matière de peinture certes, mais aussi en Léa Seydoux, Dominique Sanda… (France, matière de littérature. Son amour pour Proust par 2014) exemple se manifeste non seulement par son goût pour un tableau assez médiocre offert par Pierre Deuxième film sorti en quelques mois sur Bergé qui représente la chambre et le lit de l’écriYves Saint Laurent, réalisé malgré l’hostilité de vain dans lequel le cinéaste fait se glisser fantasPierre Bergé, compagnon du couturier et instiga- matiquement son personnage, mais aussi par son teur du film de Jalil Lespert, le Saint Laurent de choix du nom de Bertrand Bonello est une œuvre intelligente, sub- Swann lorsqu’à tile sur les affres de la création et sur les rapports l’ouverture du terriblement complexes entre l’art et la vie. film Saint Œuvre qui s’éloigne du biopic traditionnel Laurent vient se (ce qu’est le film de Lespert) en se focalisant sur réfugier dans un une décennie seulement de la vie de Saint hôtel de luxe Laurent, de 1965 à 1976, période la plus créative pour y trouver le du couturier, mais aussi la plus sombre, la plus sommeil et pour marquée par un vertige autodestructeur (alcool, s’y dévoiler dans drogues, médicaments…). Même si le cinéaste un interview téléoffre quelques éclairages sur l’enfance comme phonique dont sur la fin de vie de Saint Laurent, son but n’est Bergé interdira la pas tant de raconter une vie que de porter toute publication. son attention sur les tensions insupportables entre Et ses goûts Gaspard Ulliel la puissance créatrice et le « devenir-icône » lié en matière de a c t u a l i t cinéma sont évoqués par des extraits de Madame de… de Max Ophuls ou d’autres des Damnés de Visconti regardés dans les larmes à l’occasion d’un passage à la télévision. Ce qui permet à Bonello un coup de force magistral lorsqu’il donne le corps d’Helmut Berger à Saint Laurent vieilli. Helmut Berger qui se regardant lui-même jeune incarne sans presque rien dire à la fois la noblesse, l’extrême faiblesse et le regard tragique de son personnage sur la vie et le « temps perdu »! De même que le goût de Saint Laurent pour les sculptures antiques, grecques, égyptiennes ou asiatiques, et les camées témoigne de sa fascination pour un monde aujourd’hui disparu et permet à Bonello de montrer comment Bergé exerce son pouvoir (dans le film, tous les rapports amoureux sont aussi des rapports de pouvoir) à la fois par ses cadeaux qui flattent les goûts du couturier et par la « mise en scène muséale » de ceux-ci qui perturbe l’artiste qui ose à peine les toucher. La finesse de Bonello se manifeste encore lorsqu’il utilise les goûts musicaux de Saint Laurent (Mozart, Schubert, Bach, Pergolèse, l’opéra et la Callas) à la fois pour peindre son personnage (ces musique lui servent de « cocon » pour sa création, à l’inverse des rythmes contemporains qui, avec l’alcool et les drogues servent à l’étourdir et à lui faire oublier douleurs et angoisses dans les soirées en boîte) et en même temps pour faire de ces partitions classiques un « commentaire critique » des scènes qu’elles accompagnent. L’autre grande question abordée par le film est celle de ce qui passe du présent, voire de l’actualité dans les créations de Saint Laurent. Rien, ou presque pourrait-on croire lorsque défilent à grande vitesse en split-screen des images d’actualité (mai 68, la démission de de Gaulle, la guerre du Vietnam…) et des images des défilés de ces mêmes années. Difficile de mesurer la est «Saint Laurent» © Frénétic films é 13 c i n é m a 14 présence d’échos au vu de l’apparente distance infinie entre le monde dans lequel évolue Saint Laurent et la réalité quotidienne des Françaises et des Français. Et de ses ouvrières dont il reconnaît le travail, mais dont il ne veut rien savoir. A l’une d’elles qui veut un congé pour avorter il offre une grosse somme d’argent dans un geste apparemment généreux, mais interdit qu’on la reprenne à son retour… C’est évidemment sur le terrain de la sexualité que se jouent les différences les plus troublantes entre réalité et monde imagié, entre les rêves de folles passions et les rencontres sordides dans les bosquets, entre le besoin de tendresse et les jeux sado-masochistes. Mais le refus du réel, le mal-être, la peur de la panne créatrice fugacement oubliés dans le sexe et les drogues, font rapidement de Saint Laurent une sorte de zombie (en fait il est mort avant d’être mort comme le montre une scène très drôle où des journalistes de Libération cherchent le bon titre pour sa nécro, multiplient les clichés à son propos avant de conclure qu’il est insaisissable !), de personnage en lévitation pour qui réalité et fantasmes se confondent. Et Gaspard Ulliel excelle dans cette façon d’être à la fois là et pas là, présent et absent. Et c’est une des réussites du film que de nous égarer nous aussi entre réalité et imaginaire en étant à certains moments presque un documentaire (dans les scènes d’atelier avec les différentes pratiques des « petites-mains », par exemple), à d’autres un film onirique (les reptiles sur le lit). Et de nous offrir des scènes où nous perdons pied : après la mort de son chien Moujik, Saint Laurent en achète une quantité de la même race, ce qui nous fait perdre nos repères temporels, puisque Moujik renaît sans cesse de ses cendres ! Comme Saint Laurent d’ailleurs, puisque le film se termine sur la magnifique scène d’un défilé filmé comme jamais défilé de mode ne fut filmé, véritable opéra, vertigineux jeu de lumiè- «National Gallery» © Xenix films a res, de couleurs, de mouvements avec un écran divisé comme un tableau de Mondrian avec des bandes d’images défilant horizontalement au bas de l’écran et verticalement. Moment magique de pur cinéma ! Serge Lachat NATIONAL GALLERY de Frederick Wiseman (France/Etats-Unis, 2014) Le documentariste américain aura 85 ans le 1er janvier prochain. Celui qui s’est spécialisé dans le portrait de la société américaine à travers de grandes institutions (hôpitaux, tribunaux, écoles…) vit et travaille des deux côtés de l’Atlantique, entre Paris et la Californie. Ses récentes réalisations, La Danse, le ballet de l’Opéra de Paris (2009), Crazy Horse (2011) sur les coulisses du cabaret parisien, ou At Berkeley (2013) sur l’université du même nom, en témoignent. Il a traversé la Manche pour filmer de l’intérieur la National Gallery de Londres. Aucun amateur de peinture ne devrait manquer ces trois heures de bonheur. Au début les tableaux seuls, comme hors du temps. La caméra parcourt les salles éclairées mais vides de tout public. Succession dans leur évidence de chefs-d’œuvre dont on se souvient ou non qu’ils sont accrochés là, dans l’un des plus beaux musées de peinture du monde. Moment de silence et de grâce. Bruit mécanique hors-champ, un nettoyeur entre dans le cadre avec sa cireuse. C’est par le bas de la hiérarchie que Wiseman choisit de débuter la ronde des nombreux métiers impliqués par un grand musée. Mais, contrairement à Nicolas Philibert qui explorait dans La Ville Louvre (1990) tous les coulisses du musée parisien, le propos de Wiseman n’est pas de mettre l’accent sur les sans-grades de l’institution, car dès la séquence suivante, nous sommes avec les cadres que nous ne quitterons pratiquement pas. Plus précisément avec le directeur et une proche collaboratrice qui lui répète encore et encore (il est admirable de flegme) que la Gallery doit mieux prendre en compte les souhaits et les attentes du public. C’est la concréti- c t u a sation de ce projet en forme de mission pédagogique auprès de toutes sortes de publics, qui nous est donnée à voir : tableaux commentés lors de visites guidées par des conservateurs-conférenciers; formations continues pour enseignants d’histoire de l’Art du secondaire ou pour restaurateurs; ateliers de dessin d’après modèles, et, très impressionnant, atelier de lecture des tableaux avec les doigts pour les aveugles. Les commentaires des conférenciers, toujours concis et concrets, sont très divers : sur les tableaux (que raconte le tableau ? Quel est son sujet ? Où étaitil placé ? Par qui et comment était-il vu ?) ou sur les peintres (l’ambiguité du Samson et Dalila de Rubens; le paradoxe de Poussin peignant les corps en sculpteur, …). Chacun y trouvera son miel. Chemin faisant, on apprend énormément de choses sur la vie du musée. Par exemple à quel point une exposition temporaire, telle celle consacrée à Léonard de Vinci en 2011-2012, est l’occasion pour les conservateurs de progresser dans leur connaissance de tableaux pourtant célèbres, que ce soit par le travail de restauration (essentiellement le nettoyage de vernis inconsidérément appliqués dans le passé) dont la règle d’or, admirable de modestie lucide, est d’être toujours réversible, ou par l’étude aux rayons X. Ayant visiblement gagné la confiance des responsables de la Gallery, Wiseman filme en toute simplicité leurs réunions dont les préoccupations économiques ne sont pas absentes. Ce qui nous vaut un savoureux débat : Faut-il prêter pour sa publicité la façade du musée à une manifestation de course à pied extrêmement populaire se terminant devant le musée à Trafalgar Square ? Wiseman a la finesse et la modestie de s’effacer derrière le discours et le travail de l’institution dont il ne cherche à aucun moment à faire un portrait à charge. Ce qui ne signifie pas une totale absence de critique, mais c’est au spectateur de l’apercevoir. Ainsi, autre moment savoureux, celui du réglage minutieux de la lumière sur un tryptique, l’intensité devant être partout égale, sauf que le tryptique est enfermé dans une chasse en bois créant une bande d’ombre de 30 cm sur le haut du tableau et la tête du Christ en majesté… Mais les plus beaux moments de ce film qui n’en manque pas, sont les face-à-face en miroir des tableaux et des spectateurs les regardant. Eux comme nous mortels. L’évidence que ces objets et ces visages depuis longtemps disparus sont toujours vivants, que ce sont les tableaux qui nous regardent et nous interrogent dans leur immortalité, même relative et provisoire, s’impose alors. Christian Bernard l i t é c i n é m a virtuosité (les différents visages de la mort, les tatouages, la de Naomi Kawase, avec Fujio Tokita, Jun danse sous des formes Murakami, Jun Yoshinaga, Makiko Watanabe, multiples…). Elle sait Miyuki Matsuda,… (Japon, 2014) admirablement bien jouer du réel et de l’iQuatrième film de Naomi Kawase en com- maginaire (le dos pétition à Cannes où elle avait obtenu la Caméra tatoué du noyé revu d’Or pour Suzaku, Still the Water est né d’un dans un cauchemar deuil, celui de sa mère adoptive, et d’un retour de par le jeune homme la cinéaste sur l’île de ses ancêtres, Amami. C’est qui le fantasme donc un film qui porte sur les grandes questions comme amant de sa «Le sel de la terre © Juliano Ribeiro Salgado / Filmcoopi existentielles que nous propose la réalisatrice : la mère aperçu pendant vie, la mort, la vie après la mort, la transmission, le coït), de la vie d’icil’immensité de la nature. On reconnaîtra là des bas qui continue dans l’au-delà, de la transmis- du Désir (1987),…). Mais peut-être faut-il rapthèmes qui parcourent à des degrés divers toute sion d’une génération à l’autre. Et elle sait filmer peler que Wenders est un cinéaste attiré par le l’œuvre de Kawase. comme personne des scènes qui nous emportent : documentaire au moins autant que par la fiction C’est sur la mort que s’ouvre le film, par la les frémissements érotiques du jeune couple à (Nick’s Movie (1980) en hommage à Nicholas découverte d’un noyé au dos tatoué d’un dragon. vélo, les chants ancestraux chantés par la fille de Ray, Tokyo-Ga (1985), Buena Vista Social Club La mort ensuite d’une chèvre égorgée dans une la morte et repris par d’autres, la mort qui devient (1998), Pina (2011), premier documentaire en scène du tout début du film et reprise dans la der- une fête. Elle sait admirablement bien jouer de la 3D, récompensé par un Oscar en 2012)… Et nière partie. La mort enfin d’Isa, la mère de beauté des cadres, de la lumière à travers les cette année était présenté à Cannes dans la secbranches et du mouve- tion Un certain regard, Le Sel de la Terre, un documentaire sur Salgado cosigné par Wim ment des vagues. Et pourtant, peut- Wenders et le fils du photographe. Un film qui être gêné par la préten- offre une plongée dans l’œuvre de Sebastião tion de la cinéaste à par- Salgado dont tout le monde a vu quelques-unes ler de tout, par son désir au moins des grandes fresques en noir et blanc de placer son film sous le qui peignent le destin tragique de diverses popusigne absolu de la beauté lations… Dans le film, l’œuvre de Salgado est (beauté des acteurs, de la présentée chronologiquement au fil de ses pronature et des paysages de jets et ouvrages. A chaque étape, Salgado, le l’île d’Amami), gêné plus souvent en voix off, parfois filmé en grosaussi par le manque de plan en noir et blanc (forcément !), apparaissant chair des personnages et disparaissant en fondu enchaîné « derrière » (tous semblent incarner ses photos traitées comme des glaces sans tain une idée plus qu’une per- (seule marque forte de l’écriture de Wenders), sonne réelle), le specta- commente ses projets et les photos qui défilent Jun Yoshinaga, Nijiiro Murakami dans «Futatsue na mado /Still the Water» © Filmcoopi teur peut rester à l’exté- sur le grand écran comme pour un diaporama. rieur d’un film qui sem- Un commentaire sans explications techniques Kyoko, la jeune protagoniste, entourée de sa ble figé dans sa pose initiatique et poétique, dans ou artistiques, mais qui insiste sur la dimension famille dans une sérénité qui peut faire rêver. son panthéisme omniprésent, dans le trop beau humaniste et engagée du travail de Salgado pour La jeune Kyoko introduit aussi le thème de pour être vrai… qui « les hommes sont le sel de la terre ». Serge Lachat l’amour : elle est amoureuse de Kairo, un garçon Après quelques rappels sur l’origine famide sa classe (moins mûr qu’elle, plus hésitant sur liale et les études d’économie de celui qui a ses sentiments, peut-être perturbé par son rapport LE SEL DE LA TERRE commencé à photographier assez tard (à plus de à une mère divorcée qui voudrait « refaire » sa de Wim Wenders et Juliano Ribeiro Salgado 30 ans) et sur l’importance capitale de son vie…) Le tout sur fond d’une nature à la fois (Brésil, France, Italie, 2014) épouse (rappelée tout au long du film) qui magnifique et menaçante (beauté minérale des confèrent au documentaire des allures de biopic Tout le monde connaît Wenders, père fon- (on devine qu’il portera plus sur le photographe bords de mer, beauté végétale des arbres, mer infinie, typhons destructeurs…). On le comprend dateur du Nouveau Cinéma allemand dans les que sur ses photos), on commence par revoir les immédiatement, Naomi Kawase n’a pas peur des années 60-70, très vite cinéaste mondialement photos des mines d’or à ciel ouvert du Brésil qui « grands » thèmes. Peut-être même veut-elle trop reconnu et abondamment primé (Alice dans les ont rendu Salgado rapidement célèbre : ce qui embrasser pour bien étreindre. Alors certes, elle Villes (1974), L’ami américain (1977), Paris- permet au photographe de rappeler les condisait tisser ses thèmes avec délicatesse et même Texas (1984), Palme d’Or à Cannes, Les Ailes tions dans lesquelles il a dû travailler et son FUTATSUME NO MADO/ STILL THE WATER a c t u a l i t é 15 c i n é m a 16 effort pour saisir en dépit de tout la dignité de ces hommes-fourmis. Modeste, Wenders reste en retrait, se contentant de rappeler son amour de la photographie et de celle de Salgado en particulier. Modestie louable certes, mais dont le prix est malheureusement l’absence de toute analyse du travail et de l’art du photographe (de son choix du noir-et-blanc, de ses cadrages, par exemple). Et a fortiori l’absence de tout questionnement et de toute critique sur l’esthétisation de la misère (jamais ne sont évoqués les reproches « d’inauthenticité » formulés en son temps par Susan Sontag, jamais ne sont abordées les questions du financement des projets). Ce qui vaut pour les photos vaut également pour le film : jamais Wenders ne s’explique sur le choix et le nombre des photographies qu’il fait défiler sur grand écran, ni sur la vitesse du défilement de ces photos géantes (le regard n’a pas le temps de s’arrêter vraiment comme dans une exposition). Pas plus qu’il ne justifie son choix d’imposer une musique (qu’on peut juger insupportable !) omniprésente et destinée à « gérer nos émotions (combien de fois le silence serait-il préférable pour regarder les images de Salgado !). L’intention du film est donc prioritairement de nous emmener sur les traces de ce photographe à la fois reporter, aventurier, artiste engagé, au gré d’un parcours qui le conduit inéluctablement à témoigner des horreurs du monde : fasciné par les conditions de vie, de travail et de mort des hommes, il est amené à photographier les famines, les catastrophes, les exodes, les massacres dans les déserts ou les forêts d’Amérique latine ou d’Afrique, mais aussi en Europe (en ex-Yougoslavie) ou au MoyenOrient (à l’occasion de l’incendie par Saddam Hussein des puits de pétrole irakiens). On apprend qu’en 1998, épuisé physiquement et moralement, dépressif, Salgado a voulu se réfugier dans le domaine familial. Mais là encore, sous l’effet de la déforestation et des sécheresses, il n’a rien retrouvé du paradis verdoyant de son enfance. A l’instigation de son épouse, des arbres ont été replantés et après quelques années difficiles, une nouvelle forêt a surgi. C’est dire que le film qui risquait de démoraliser son spectateur par l’horreur des « sujets » traités s’achève sur une note d’espoir écologique. Qui permet à Salgado de reprendre ses caméras et nous offrir des images des beautés naturelles menacées ou renaissantes du monde, ainsi que, en bon rousseauiste, de quelques tribus vivant dans la forêt profonde ou sur la banquise comme aux origines du monde. Reste à a savoir si cet optimisme retrouvé fait le poids face aux images terribles que Wenders et Salgado nous font redécouvrir… Serge Lachat GONE GIRL de David Fincher, avec Ben Affleck, Rosamund Pike, Carrie Coon,… (USA, 2014) mari plus qu’imparfait ! Le reste est à découvrir en voyant le film ! Ce résumé très partiel permet de comprendre combien Fincher est un cinéaste malin qui sait jouer avec les attentes de spectateurs d’un thriller et les déjouer (cf. déjà The Game, Fight Club), mais il permet aussi et surtout de montrer combien, en adaptant Les Apparences, le best-seller de la jeune Gillian Flynn, Fincher se pose en critique de l’Amérique bien-pensante à laquelle il propose une image lézardée du couple et du mariage : « A quoi penses-tu ? Comment te sens-tu ? Qui es-tu ? Que nous sommes-nous fait l’un à l’autre ? Qu’est-ce qui nous attend ? » Ces simples questions menacent définitivement le vernis de perfection de tout couple qui apparaît dès lors, et ce n’est pas nou- Avec Gone Girl, David Fincher témoigne une fois encore de sa capacité à « manipuler » ses spectateurs pendant près de deux heures et demi grâce à un scénario aux virages brusques et qui joue avec les limites de la vraisemblance. Un jeu forcément plaisant parce que le cinéaste a toujours une longueur d’’avance sur son spectateur. Du coup, trop raconter l’histoire risque de gâcher le plaisir ! Disons seulement qu’après une ouverture qui nous plonge dans une petite ville de l’Amérique profonde, on apprend qu’Amy (Rosamund Pike), l’épouse de Nick Dunne (Ben Affleck) a disparu le jour du cinquième anniversaire de leur mariage et que la maison porte des traces de lutte. Le mari réagit d’une manière qui le rend vite suspect : «Gone Girl» avec Ben Affleck (Nick Dunne) et Rosamund Pike (Amy Dunne) hébété (il met du temps à © Fox Warner avertir la police, plus de temps encore à avertir ses beaux-parents), pas veau dans le cinéma américain (il suffit de penassez « dévasté » aux yeux des habitants du ser à Hitchcock), comme le terreau inépuisable bourg qui se rassemblent pour se lancer à la des histoires les plus sordides. Mais ici cette recherche de la disparue, l’arrivée des médias dénonciation reste un peu froide et assez antiparégionaux, puis nationaux en fera très vite un thique dans sa misogynie : le cinéaste a beau coupable idéal au gré d’un storytelling qui, dans prétendre en s’amusant qu’ « après avoir vu ce la course à l’audimat, ne s’encombre d’aucune film, quinze millions d’Américains vont divornuance, ni d’aucune réserve. cer », il ne croit pas assez en ses personnages Simultanément, Fincher nous raconte l’his- (ne les aime pas assez !) pour créer en nous un toire du couple en faisant lire par Amy son jour- véritable vertige, même en recourant à un nal en voix off : le coup de foudre réciproque de accompagnement musical « lynchien » envahisdeux écrivains new-yorkais (Amy est même une sant. En revanche, Fincher apparaît une fois de star de la littérature enfantine), le mariage, la plus comme un des rares cinéaste américains à crise économique, le chômage, la mère mouran- critiquer des institutions de son pays : après te de Nick qui amène le couple à déménager avoir jeté un regard altermondialiste sur le capidans le Missouri, où Nick retrouve l’univers de talisme et la société de consommation américaison enfance et sa sœur jumelle, l’ennui qui ne dans Fight Club (1999), dénoncé la société s’installe, les tensions qui s’exacerbent jusqu’au « incestueuse » des élites issues des grandes moment de la disparition. Nick, inculpé, recourt universités et qui dirigent le pays dans The aux services d’une star du barreau new-yorkais Social Network (2010), vilipendé le monde poliqui se dévoile surtout un remarquable « commu- tique de Washington dans la série télévisée niquant » qui apprend à Nick à « retourner » les House of Cards (2013), il s’attaque dans Gone médias en avouant une liaison et en se posant en Girl aux dérives des médias, et surtout aux chaî- c t u a l i t é c i n é m a nes d’infos en continu qui abreuvent le bon peuple avide d’histoires avec des bons et des méchants. Et il démonte brillamment la machine médiatique dont le cynisme absolu ne se préoccupe absolument pas des gens qu’elle broie ni des entraves à la justice que constituent ses méthodes pour le moins cavalières… Serge Lachat MAGIC IN THE MOONLIGHT de Woody Allen, avec Colin Firth, Emma Stone, Hamish Linklater, Marcia Gay Harden,…(USA, 2014) A 79 ans Woody reste fidèle à son rythme ordinaire d’un film par an et avec cette cuvée 2014 il nous prouve qu’il est toujours bien là. S’écartant de la noirceur propre à ses « grands » films récents (Match Point, Vicky Cristina Barcelona, Blue Jasmine), il nous offre avec ce MITM, une brillante fantaisie théâtrale à la Lubitsch, mise en abyme comprise, où il confirme son habileté de scénariste multipliant les (faux) dénouements si bien que jamais la fable ne se referme sur elle-même. Le spectateur pensant apercevoir le bout de l’oreille d’une thèse ou d’une certitude en sera pour ses frais. Mais il adorera être embarqué dans une mécanique narrative aussi précise qu’un numéro de prestidigitation. A la fin des années 20, Stanley Crawford (Colin Firth, excellent, même s’il surjoue à l’occasion) triomphe dans le monde entier avec ses fabuleux tours de prestidigitation qu’il présente sous le nom et le déguisement chinois de Wei Ling Soo. En bon Anglais rationaliste, il considère son art comme une technique qu'il pratique avec une virtuosité sans égale, mais il déteste et méprise les “magiciens“ qui se font passer pour des mages ou des médiums dotés de pouvoirs surnaturels et qui promettent des contacts avec l’au-delà, par exemple. Un soir, à Berlin - ce qui nous permet de croiser Ute Lemper en chanteuse à la Dietrich et d’entendre un peu de musique “moderne” (Weill, Stravinski) avant de baigner pour le reste du film dans le “vieux jazz” tant prisé par Woody Allen -, un collègue et ami de longue date sollicite l’aide de Stanley pour confondre une certaine Sophie Baker (Emma Stone), une jeune Américaine qui fait tourner les tables, prétend lire dans les pensées et vit avec sa mère dans une somptueuse villa de la Côte d’Azur où elle est supposée permettre à la maîtresse de maison, Mrs. Catledge, d’entrer en contact avec son défunt mari. En échange, sa mère et elle doivent toucher une importante a c t u somme d’argent pour créer une fondation où des scientifiques seront supposés étudier les dons de Sophie! Qui, par ailleurs doit épouser le fils Catledge follement épris de la belle Américaine. Mis au défi, Stanley renonce à ses vacances «Magic in the Moonlight» © Frénétic Films avec sa fiancée et se précipite pour démasquer l’imposture et protéger les cynisme et un mépris de classe: il vient en effet Catledge contre cette escroquerie. Mais, ébloui d’un milieu britannique fort aisé, alors que la par les dons de divination et de magie de petite Américaine sort de Kalamazoo dans le Sophie, il ne tarde pas à douter de ses propres Michigan et cherche à échapper à la pauvreté en certitudes matérialistes, et il finira bien sûr par utilisant ses dons. A l’évidence, il est plus facitomber amoureux de la belle magicienne. le de citer Nietzsche quand on sort de la bonne Même si l’on y retrouve le goût de Woody société anglaise que d’évoquer Dickens quand Allen pour la magie (qu’il a pratiquée dans son on vient d’un milieu ouvrier. Christian Bernard, Serge Lachat adolescence et qu’il a déjà évoquée dans entre autres Broadway Danny Rose, Le Scorpion de Jade ou Scoop), même si elle semble redire Suisse Romande encore que la seule vraie magie de notre monde, Tournée de la Nuit du Court métrage c’est l’amour, cette comédie sentimentale per- La Tournée terminera son parcours de 10 villes met au cinéaste une critique de tous les partis- de Suisse romande en un mois et demi par pris excessifs, que ce soit pour la croyance Lausanne le 21 novembre. nigaude aux discours irrationnels ou pour un Quatre programmes d'une heure environ sont intégrisme du rationnel. Les certitudes, répète le proposés au public: film avec un psychanalyste (forcément, chez BEST OF SWITZERLAND constitué de six Woody Allen!) comme porte-parole, nous courts métrages suisses remarqués dans les festicondamnent à la solitude et au malheur. vals internationaux, permettra de voir En Août de Qu’importe donc de succomber parfois aux la réalisatrice et comédienne Jenna Hasse, précroyances naïves si celles-ci rendent la vie senté à la Quinzaine des Réalisateurs de Cannes moins sinistre… Dans la même ligne, à y bien cette année. regarder, cette comédie offre aussi et même sur- CARTE BLANCHE AU FIFF propose six films tout une réflexion sur la question de la croyan- sélectionnés par Thierry Jobin, directeur du ce. Homme de spectacle, Woody Allen nous Festival international de films de Fribourg, rappelle, parce qu’il le sait bien, que le specta- venant du Bhoutan, de Madagascar, d'Irak ou teur n’est pas l'homme rationnel qu’il est dans la d'Argentine. Le 3è programme DE VRAIES vie quotidienne. Dans une salle de spectacle, au RENCONTRES tourne autour de rencontres cinéma, il « veut » croire à l’histoire racontée, amoureuses un peu décalées et originales. Enfin, au prix de ce que les anglophones nomment une un programme de courts Westerns BANG « suspension of disbelief ». Mais WA sait très BANG, I SHOT YOU DOWN! clôturera la Nuit bien aussi que le spectateur adore tout autant les sous les coups de fusil. surprises et se faire emmener en bateau, surtout A voir à lorsque le magicien dévoile ses trucs. D’où l’eu- MORGES Cinéma Odéon, vendredi 7 novembre phorie qui s’empare de lui contrairement à dès 20h00 Stanley, vrai professionnel connaissant tous les YVERDON Cinéma Bel-Air, vendredi 14 trucs de son métier, mais très fâché, lui, de novembre dès 20h00 découvrir dans la dernière partie du film com- LES BREULEUX Cinéma Lux, samedi 15 novembre dès 20h00 ment il a été berné! On a aimé par ailleurs, le portrait d’une LAUSANNE Pathé les Galeries, vendredi 21 novembre dès 19h15 certaine société anglo-saxonne vivant dans les Christian Bernard années 20 sur la Côte d’azur, Allen sachant parRens. www.nuitducourt.ch faitement pointer les différences de classe. Stanley se trouve ainsi renvoyé à une culture, un a l i t é 17 o p é r portrait de la mezzo-soprano Elina Garanca Grande, blonde, le regard bleu perçant, la mezzo-soprano lettone Elina Garanca poursuit depuis plusieurs années une belle carrière. Vienne, Milan et New York lui font les yeux doux et l'accueillent chaque année pour des opéras, tandis que les autres la programment pour des concerts et des récitals dans lesquels le charme de son timbre grave et moelleux fait merveille. Le public suisse du Grand Théâtre de Genève qui a la chance de la retrouver régulièrement depuis sa première Marguerite de La damnation de Faust en 2008, aura la chance de l'entendre à nouveau le 30 novembre prochain dans I Capuletti e i Montecchi de Bellini. 18 Dans cet opéra, elle tiendra le rôle de Romeo en compagnie d'Aleksandra Kurzak (Giulietta) dans une version concertante dirigée par Karel Mark Chichon, époux de Mme Garanca. Leur dernier concert consacré à des airs de Bizet, Gounod, Tchaïkovski, SaintSaëns, Massenet et Glinka avec avec le Deutsche Radiophilhar-monie Saarbrücken avait eu lieu le 30 janvier 2013. de Cardiff en 2001, elle auditionne pour le prestigieux Staatsoper de Vienne devant Ioan Holander, qui lui propose sans tarder sa première Charlotte de Werther - un opéra dans lequel on peut la retrouver auprès de Marcelo Alvarez dirigée quelques années plus tard par Philippe Jordan (Dvd TDK Vienne 2005). a clusivité avec la Deutsche Grammophon dès 2005, la cantatrice débute à Paris dans La Cenerentola mise en scène par Irina Brook au TCE, avant de répondre à l'invitation du Festival d'Aix-en-Provence pour incarner Dorabella dans le Cosi fan tutte réalisé par Patrice Chéreau, production dans laquelle elle fait sensation quelques semaines plus tard au Palais Garnier sous la direction de Gustav Kuhn, entourée de Barbara Bonney, Erin Wall, Stéphane Degout, Shawn Mathey et Ruggero Raimondi. Si la sœur de Fiordiligi ne lui pose aucun problème de tessiture et d'interprétation, sa longue silhouette fluide se pliant avec talent à l'haletante « chorégraphie » demandée par Chéreau, elle est la révélation de La clemenza di Tito du couple Hermann, remontée à Garnier en septembre 2006, dans le rôle de Sesto qu'elle maîtrise parfaitement. Ses connaissances des règles du bel canto lui permettent d'aborder Adalgisa à Munich en 2008 auprès d'Edita Gruberova (Norma) et de débuter au Met en janvier de la même année, dans celui de Rosina, où elle est immédiatement adoptée par le public américain. Les débuts On voit mal comment Elina Garanca, originaire de Riga, aurait pu ne pas devenir cantatrice ; entre un père chef d'orchestre et une mère mezzo-soprano, la jeune fille baigne dès son plus jeune âge dans un environnement essentiellement tourné vers la musique classique. Elle apprend le piano sans pour autant s'épanouir dans cette pratique, mais sa mère qui interrompt subitement sa carrière pour des raisons de santé, se met à enseigner l'art dramatique, nouvelle activité suivie avec intérêt par sa fille. Ainsi vers quinze ans envisage-t-elle un temps de devenir comédienne. Le music-hall et le management culturel l'attirent également mais ses parents ne l'imaginent pas dans ce milieu. A l'écart des grands circuits lyriques, la Lettonie n'est pas un pays où l’opéra est très implanté, pourtant après réflexion elle se décide à travailler sa voix : Elina a dix sept ans. Après six mois de leçons avec sa mère, elle entre à l'Académie de Riga où pendant deux ans elle y acquiert de bonnes bases et découvre son timbre de mezzo. En suivant des masterclasses, elle fait la rencontre d'Irina Garilovici qui l'aide à préparer plusieurs concours internationaux. Nous sommes en 1998 et la jeune mezzo se fait remarquer et engagée par l'Opéra de Meinigen, avant d'entrer en troupe à l'Opéra de Francfort. Finaliste au concours a Elina Garanca © credit Karina Schwarz Répertoire Elle se produit dans différents rôles de Nicklausse à Dorabella, en passant par Orlofsky ou Meg Page, mais sa carrière prend son essor en 2003, lorsqu'elle est invitée pour la première fois au Festival de Salzbourg pour interpréter Annio de La clemenza di Tito de Mozart, sous la direction d'Harnoncourt. Les contrats s'enchaînent alors pour la jeune femme qui revient à Vienne chanter son premier Sesto en 2006, puis Rosina du Barbier de Séville. Sous contrat d'ex- c t u a Vienne lui confie le rôle d'Octavian du Chevalier à la rose, dans lequel elle remporte un vif succès, tandis que sa maison de disque lui offre l'intégrale d'I Capuleti e i Montecchi de Bellini, qu'elle partage avec Anna Netrebko et le chef Fabio Luisi, captée en direct de Vienne en 2009. Les deux artistes se retrouvent en 2011 pour participer à la première in loco d'Anna Bolena de Donizetti sur la scène viennoise, une soirée retransmise à la télévision (et publiée en dvd DG). l i t é o p é r a MIGROS Saison 20 L-CLA E R U T L U C T N E -POUR-C SSICS ictoria Halll 14/2015 au V Mardi 18 novembre 2014 à 20 h AMSTERDAM BAROQUE ORCHESTRA & CHOIR Ton Koopman (direction), Johannette Zomer (soprano), Bogna Bartosz (contralto), Jörg Dürmüller* (ténor), Klaus Mertens (basse) Œuvres de Mozart *Soliste suisse Lundi 8 décembre 2014 à 20 h ORCHESTRE DE CHAMBRE FRANZ LISZT Mischa Maisky (violoncelle) Œuvres de Marcello, Corelli, Haydn, Bartók, Tchaïkovski Billetterie: Service culturel Migros Genève, Rue du Prince 7, Tél. 022 319 61 11 Stand Info Balexert et Migros Nyon-La Combe. www.culturel-migros-geneve.ch Organisation: Service culturel Migros Genève www.culturel-migros-geneve.ch www.migros-pour-cent-culturel-classics.ch François Lesueur (1) Que l'on peut traduire par Les chaussures sont vraiment importantes. Le 30 novembre 2014 à 19h30 au Grand Théâtre de Genève Billetterie en ligne sur : www.geneveopera.ch DEC. 2 23 28 30 3 19 FRANZ LEHÁR En 2014 la cantatrice a pris le temps de se consacrer au récital, une forme musicale qu'elle apprécie énormément, passant notamment à Versailles et à Paris (Théâtre du Palais Royal) au mois de juin avec le pianiste Malcom Martineau, mais également à Berlin avec Roger Vignoles. Elle était cependant fidèle au festival de Salzbourg l'été dernier pour interpréter La Favorite de Donizetti en concert avec Juan Diego Florez, Ludovic Tézier et Roberto Abbado à la baguette (22 et 26 août). On pou- Strauss en décembre 2014 à Berlin avec Le Chevalier à la Rose dirigé par Donald Runnicles. Avant cela, le 30 novembre elle sera au Grand Théâtre de Genève pour interpréter Romeo dans I Capuletti e i Montecchi de Bellini en version de concert. A cette occasion elle sera entourée par Francesco Meli, et d'Aleksandra Kurzak et dirigée par Karel Mark Chichon, un concert à ne pas manquer. Pour ceux qui voudraient tout savoir de la cantatrice, un détour sur ses mémoires s'impose : en 2013 Wirklich wichtig sind die Schuhe (1) sont en effet sorties chez Ecowin. JOYEUSE Récital vait l'entendre sur la scène de la Scala de Milan début octobre (3 et 4) pour chanter à nouveau le Requiem de Verdi en hommage à Claudio Abbado, avec Riccardo Chailly, Anja Harteros, Ildebrando d'Arcangelo et Matthew Polenzani, deux ans après avoir participé à celui de Barenboïm qui réunissait Anja Harteros, Jonas Kaufmann et René Pape (cd et dvd Decca). Parmi les rôles dont rêve la belle mezzo, on trouve Eboli et Amneris, deux poids lourds verdiens, mais également Dalila et Maria Stuarda. Cette saison elle abordera cependant pour la première fois Santuzza dans Cavalleria rusticana aux côtés de Jonas Kaufmann à la Scala de Milan (mise en scène Mario Martone, direction Carlo Rizzi du 12 au 23 juin). Son dernier album intitulé Méditation est paru récemment chez DG. Témoignage très personnel, elle y exprime les valeurs fondamentales en lesquelles elle croit, alternant des airs d'Allegri, Mozart, Gounod et Mascagni avec le Chœur de la Radio Lettone et les forces du Deutsche Radiophilharmonie Saarbrücken sous la conduite de son mari, programme qui fait l'objet d'une grande tournée. Elina Garanca retrouvera T 021 315 40 20 WWW.OPERA-LAUSANNE.CH La saison précédente Elina Garanca s'était également illustrée dans le rôle-titre de Carmen, répondant à l'invitation du Met et trouvant une fois encore en Roberto Alagna une partenaire à la hauteur de son engagement (dvd DG), personnage qu'elle avait interprétée pour la première fois en 2007 dans sa ville natale de Riga, et dans lequel elle est à nouveau attendue en mars 2015 à Milan dans la mise en scène d'Emma Dante, face à José Cura, sous la conduite de Mazzimo Zanetti, puis au Met un peu plus tard dans la saison avec Kaufmann ou Alagna. LA VEUVE m é m e n t o genève Grand Théâtre (022/418.31.30) I Capuletti e I Montecchi (Chichon) – 30 nov. lausanne Opéra (021.315.40.20) Le petit Prince (van Beek-Baur) – 5, 7, 8, 9, 12 nov. zurich Opernhaus (044.268.66.66) Il Matrimonio segreto (MinasiDäuper) – 1er, 5, 9 nov. The Turn of the screw (TrinksDecker) – 2, 9, 12, 14, 19, 23 nov. Die Zauberflöte (Meister-Gürbaca) – 7, 10, 13, 18, 20, 25, 26, 28 nov. Robin Hood (Zlabinger-Brown) – 15, 23 nov. Die Frau ohne Schatten (LuisiPountney) – 22, 27, 30 nov. o p é r a L'Elisir d'amore (Rustioni-Pelly) – nice Opéra (04.92.17.40.79) Turandot (Boër-Grazzini) – 12, 14, 16, 18 nov. strasbourg Opéra National du Rhin (03.89.36.28.28) L'Amico Fritz (Carignani-Boussard) – 5, 7 nov. (21, 23 à Mulhouse) toulouse Théâtre du Capitole (05.61.63.13.13) Owen Wingrave/The Turn of the screw (Syrus-Sutcliffe) – 21, 23, 25 nov. 18, 22, 26, 29 nov. florence Teatro del Maggio Musicale (39/056.27.79.350) Cavalleria Rusticana (BisantiPontiggia) – 2 nov. Falstaff (Mehta-Ronconi) – 29 nov. milan Teatro alla scala (39/02.720.03.744) Simon Boccanegra (Ranzani-Tiezzi) – 2, 5, 6, 9, 11, 13, 16, 19 nov. turin amsterdam De nederlandse Opera (31.20.62.55.456) Lohengrin (Albrecht-Audi) – 10, 13, 16, 20, 23, 26, 29 nov. Teatro Regio (39/011.881.52.41) Giulio Cesare (De Marchi-Pelly) – 20, 23, 25, 27, 29 nov. paris 20 Champs-Elysées (01.49.52.50.50) Cléopâtre (Plasson) – 18 nov. Semiramide (Pido) – 23 nov. Châtelet (01.40.28.28.40) An American in Paris (Fischer-Wheeldan) . 22, 23, 28, 28, 30 nov. Opéra National (08.92.90.90) Bastille : Il Barbiere di Siviglia (MontanaroMichieletto) – 3 nov. Tosca (Oren-Audi) – 1er, 4, 8, 10, 12, 13, 15, 17, 21, 25, 28 nov. La Bohème (ElderMiller) – 30 nov. Garnier : Die Entführung aus dem Serail (Jordan-Breitman) – 1er, 5 nov. Hänsel und Gretel (Abel-Clément) 20, 25, 28 nov. avignon Opéra-Théâtre (04.90.82.81.40) Mireille (Guingal-Fortune) – 30 nov. lyon Opéra (0826.30.53.25) Semiramide (Pido) – 18, 20 nov. marseille Opéra (04.91.55.11.10) Moïse et pharaon (Arrivabeni) – 8, 11, 14, 16 nov. montpellier Opéra National (04.67.60.19.99) Happy happy (WaschkSchönebaum) – 19, 20, 21, 22 nov. La contralto Sonia Prina sera «Giulio Cesare» au Teatro Regio de Turin en novembre bruxelles venise barcelone vienne La Monnaie (32/70.23.39.39) Shell Shock (Kessels-Cherkaoui) – 1er, 2 nov. Liceu (34.934.85.99.13) Arabella (Ros-Marba-Loy) – 17, 20, 23, 26, 29 nov. madrid Teatro Real (34/90.224.48.48) La Fille du régiment (CampanellaPelly) – 1er, 2, 4, 5, 7, 9, 10 nov. londres ROH (0044/207.304.4000) I due Foscari (PappanoStrassberger) – 2 nov. Idomeneo (Minkowski-Kusej) – 3, 6, 10, 15, 19, 24 nov. a c t Teatro La Fenice (39/041.24.24) La Porta della legge (CeccheriniWeigand) – 2 nov. Staatsoper (43/1514447880) Tannhäuser (Chung-Guth) – 2 nov. La Bohème (Ettinger-Zeffirelli) – 4, 7 nov. Il Barbiere di Siviglia (GüttlerRennert) – 5 nov. La Petite renarde rusée (NetopilSchenk) – 8, 12, 14, 17 nov. La Khovanchtchina (BychkovDodin) – 15, 18, 21, 24, 27, 30 nov. Le Nozze di Figaro (GoetzelMartinoty) – 16, 19, 22, 25 nov. Der Rosenkavalier (PetrenkoSchenk) – 20, 23, 26, 28 nov. u a l Theater an der Wien (43/15.88.85) Les Pécheurs de perles (Spinosi-de Beer) – 16, 19, 22, 25, 28, 30 nov. Demofonte (Curtis) – 23 nov. King Arthur (King) – 29 nov. berlin Deutsche Oper (49/30.343.84.343) Roberto Devereux (Rizzo) – 5, 11 nov. The Rape of Lucretia (Carter-Shaw) – 14, 16 nov. Carmen (Lacombe-Schuhmacher) – 28 nov. Falstaff (Solyom-Loy) – 29 nov. Staatsoper (49/30.20.35.45.55) Il Barbiere di Siviglia (HindoyanBerghaus) – 2, 6, 8 nov. Journal d'un disparu / La Voix humaine (AlbersOsterman) – 7, 8, 14, 16, 22, 23 nov. The Turn of the screw (Bolton-Guth) – 15, 19, 22, 27, 30 nov. Faust (HussainWiegand) – 23, 26, 29 nov. Komische Oper (49/30.47.99.74.00) Clivia (Tietje-Huber) – 1er nov. Die Zauberflöte (Poska-Kosky) – 21 nov. La Belle Hélène (Nanasi-Kosky) – 8, 15, 23 nov. Das Gespenst von Canterville (PoskaHadziametovic) 2, 9, 13, 16, 28 nov. West side story (Shoots-Kosky) – 7, 12, 22, 28, 29 nov. Don Giovanni (Nanasi-Fritsch) – 30 nov. new york Metropolitan Opera (00.1.212.362.60.00) La Bohème (Frizza-Zeffirelli) – 14, 20, 24, 28 nov. Carmen (Heras-Casado-Eyre) – 1er nov. Die Zauberflöte (Fischer-Taymor) – 3, 8 nov. The Death of Klinghoffer (Robertson-Morris) – 1er, 5, 8, 11, 15 nov. Aida (Armiliato-Frisell) – 4, 7, 12, 15, 19, 22 nov. i t é G d La GrandeDuchesse de Gérolstein PRODUCTION DU GRAND THÉÂTRE DE GENÈVE O P É R A - B O U F F E E N 3 A C T E S E T 4 TA B L E A U X JACQUES OFFENBACH DIRECTION MUSICALE FRANCK VILLARD MISE EN SCÈNE & COSTUMES L A U R E N T P E L LY CHŒUR DU GRAND THÉÂTRE ORCHESTRE DE LA SUISSE ROMANDE 15>31.12.2014 SAISON1415 WWW.GENEVEOPERA.CH +41(0)22 322 5050 o p é r a opéra en suisse alémanique Zurich : Un Lohengrin pittoresque Bâle : Un Offenbach servi tiède Lorsqu'il s'attaque à Lohengrin, le metteur en scène et patron de l'institution Andreas Homoki décide de renouveler le déroulement de l'action car il semble en avoir assez des apparitions mystiques, entourées d'un rayon bleuâtre, au moment où l'envoyé du Graal passe sur la terre. L'intrigue se joue pour lui dans une taverne du haut-Tyrol occupée de femmes en costumes folkloriques et de messieurs en culottes de cuir. Lohengrin apparaît à l'occasion d'une grande mêlée dansée : vêtu d'une longue chemise de nuit blanche, il semble s'être évadé de l'hôpital psychiatrique le plus proche. Rapidement rhabillé de l'inévitable costume typique Premiers levers de rideau... 22 La nouvelle production des Contes d'Hoffmann d'Offenbach devait donner aux Bâlois l'occasion de découvrir la nouvelle version de la partition reconstruite par Michael Kaye et Jean-Christophe Keck. Las! Ils ont découvert qu'une resucée de la vieille version Choudens (avec l'Air du Diamant de Dapertutto et le fameux septuor, tous deux arrangés par des mains étrangères, qu'on devrait impitoyablement écarter dans une version respectueuse des intentions du compositeur); pire encore : elle était servie sans grand enthousiasme par une distribution en grande partie dépassée par les exigences de la musique et mise en images par un metteur en scène peu soucieux de rendre compréhensibles les fils embrouillés de l'intrigue. Hoffmann (Rolf Romei) passe son temps à camoufler d'inquiétants trous dans sa tessiture et ne fait qu'effleurer le rôle. Simon Bailey (les quatre incarnations diaboliques) s'esquinte à atteindre les notes aiguës de son rôle et sombre pitoyablement dans les actes munichois et vénitien qu'il massacre allègrement. Les dames s'en sortent mieux : les pyrotechnies ahurissantes d'Olympia conviennent au timbre léger d'Agata Wilewska alors que les amples envolées lyriques d'Antonia siéent à la voix voluptueuse de Maya Boog. Le soprano large de Sunyoung Seo souffre quant à lui de la tessiture encore trop basse pour elle de Giulietta et elle ne donne pas le change bien longtemps. Excellents, par contre, le Niklausse de Solenn' Lavanant-Linke, les diverses figures de serviteurs grotesques confiées à Karl-Heinz Brandt et la mère aux débordements pathétiques de Rita Ahonen. Rien de passionnant non plus à signaler du côté de la direction somnolente d'Enrico Delamboye et de la mise en scène loufoque d'Elmar Goerden qui transplante Venise dans une station service, la taverne de Nuremberg dans un centre d'entraînement militaire (à moins que ce ne soit un asile de fous) avant de la muer en terrain de basket pour le final, et ainsi de suite... Il est certes légitime de vouloir moderniser une intrigue d'opéra vieille de près de 150 ans, mais peut-on se permettre n'importe quoi ? A Bâle, il semble que oui... (Représentation du 17 sep«Les Contes d’Hoffmann» avec Maya Boog ©T+T Fotografie, Tanja Dorendorf tembre) a c t A Zurich : «Lohengrin» avec Klaus Florian Vogt et Elza van den Heever © Monika Rittershaus du lieu, il traverse le drame d'un air distrait avant de repartir alors que le frère d'Elsa refait surface, habillé de la même tenue nocturne que Lohengrin au premier acte. L'idée du metteur en scène est de rendre l'intrigue de l'opéra romantique plus proche de nous; il la rend simplement ridicule, comme s'il s'était agi pour lui de rendre hommage à la production cinématographique du milieu du XXe siècle où les films folkloriques alpestres inspirés de l'histoire de Heidi faisaient florès en Suisse comme en Autriche. Conspuée à Vienne où elle a été présentée en avril dernier, cette relecture scénique a été à peine mieux accueillie à Zurich. Dommage, car la distribution est une des meilleures qui se puissent imaginer sur une scène actuelle. Tous les chanteurs sont convaincants, à commencer par le Héraut au accents flamboyants de Michael Kraus ou le Roi au timbre ferme et flamboyant dans le grave de Christof Fischesser; en outre chacun d'eux habite son rôle avec un aplomb tant dramatique que vocal qui ferait honneur aux plus grandes scènes mondiales. Klaus Florian Vogt est acclamé partout dans le monde comme un des meilleurs tenants du rôle titre. Sa voix légère, facile sur tout le registre au point de paraître parfois inexpressive, intègre chaque note de son emploi avec un éclat presque surnaturel. Elza van den Heever émeut en Elsa avec son soprano déjà dramatique et lourd qui reste pourtant capable d'alléger le son sans perte de substance. Petra Lang, la récente Brünnhilde genevoise, brûle les planches avec son Ortrud démoniaque qui fait courir le frisson dans ses imprécations magistralement maîtrisées alors que Martin Gantner, en Friedrich von Telramund, semble disposer d'une voix qui semble avoir gagné en puissance ces derniers mois. Légère déception par contre du côté des chœurs, au chant épais et souvent trop pâteux, et de l'orches- u a l i t é o p é r a tre que la direction routinière de Simone Young ne parvient pas à sortir d'une certaine torpeur : les cuivres couaquent trop souvent, les décalages avec le plateau s'accumulent dans les ensembles à la fin des 2e et 3e actes et les attaques gagneraient à gagner en agressivité pour donner vie à ces interminables séquences en ré majeur qui semblent paralyser la progression dramatique de l'ouvrage. (Représentation du 21 septembre). Zurich : Une fanciulla d'anthologie Comme le veut une tradition maintenant fermement établie à Zurich, les reprises de productions antérieures bénéficient du même traitement que les nouvelles productions : les chefs et les chanteurs sont de première qualité et les mises en scène sont retravaillées avec un souci du détail inespéré, au point que l'impression d'ensemble soit encore meilleure que le soir de la première! Ce fut le cas de cette Fanciulla del West de Puccini, donnée trois jours après le Lohengrin tyrolien qui marquait le début de la saison d'hiver 14/15. La mise en scène de Barrie Kosky paraît encore plus agressive et tendue qu'auparavant : les coups pleuvent, les gens s'affrontent, les bouteilles volent avec un naturel qui évoque plus le théâtre que l'opéra. Quant aux chanteurs, maintenant habitués à ce contexte où cruauté et sadisme se donnent la main, ils donnent le meilleur d'eux-mêmes aussi bien scéniquement que vocalement. Catherine Naglestad habite le rôle avec une véhémence qui ne vire jamais au cri : son soprano à la ligne soignée domine aisément les plus grands ensembles sans marquer un quelconque signe de fatigue, ce qui veut dire quelque chose dans un rôle dont la grande wagnérienne Birgit Nilsson disait qu'il était plus fatigant à chanter correctemenent que celui d'Isolde. Le ténor Zoran Todorovich réussit le tour de force de chanter fort et bien un emploi dont les angles accusés et les incursions dans l'aigu ont effrayé plus d'un ténor italien. Enfin, Scott Hendricks parvient par sa ligne A Zurich : «La Fanciulla del West» avec Catherine Naglestad en Minnie © Monika Rittershaus de chant élégante à rendre le personnage du shérif presque sympathique, ou du moins à nous en faire comprendre les motivations psychologiques. Du coup, l'intrigue gagne en cohérence et les nombreux acolytes qui font de la figuration dans la scène du saloon ou celle de la chasse à l'homme semblent vraiment se grouper autour d'un chef à qui ils reconnaissent à bon droit un rôle de leader. L'orchestre, sous la direction de Marco Armiliato se surpasse et donne de l'instrumentation de Puccini une image incroyablement moderne, plus riche en coups de théâtre et en audaces harmoniques que celle d'aucun autre titre de ce même compositeur. Un vrai bonheur! (Représentation du 24 septembre) a c t u a l A Berne : «Armide» © Philipp Zinniker Berne : Le prix de l'originalité Le Théâtre de Berne s'est offert une entrée en matière des plus originales en programmant la rare Armide de Gluck en lever de rideau à sa nouvelle saison lyrique. Le pari a payé musicalement, mais la scène, elle n'a pas suivi. La metteuse en scène Anne-Sophie Mahler a eu la curieuse idée de transplanter l'intrigue dans une résidence cossue situé en bordure d'un désert. Il s'y déroule une cocktail party cosmopolite où les invités apparaissent en costumes d'apparat. La maîtresse de maison n'est pas de bonne humeur et le montre à chacun de ses hôtes. Lorsqu'un commando de soldats débraillés fait irruption dans cet univers bien huilé, Armide tombe aussitôt amoureuse de l'un d'entre eux qui s'est endormi dans son salon. C'est bien sûr Renaud, qui profite quelques heures de la situation pour se refaire une santé, boire quelques drinks et se faire offrir une nouvelle tenue vestimentaire avant de repartir pour de nouvelles aventures. La niaiserie du propos ne serait pas grave en soi, d'autant que le décor de Duri Bischof est agréable à regarder, s'il ne tuait dans l'œuf le drame imaginé par Quinault. Et comme la direction d'acteurs est quasi inexistante, on s'ennuie ferme pendant ces deux heures et demie de spectacle, d'autant que les artistes, laissés à eux-mêmes, sont scéniquement aussi expressifs que des œufs au plat.. Mais heureusement, il y a la musique. Mario Venzago anime le discours instrumental d'une vie intense qui pousse à l'urgence dramatique chaque épisode d'une intrigue dont les rebondissements sont d'abord intérieurs. Les solos instrumentaux sont une joie pour l'oreille et donnent les clefs de la psychologie des personnages bien mieux que ne le fait la scène. La distribution, excellente dans son ensemble, est dominée par l'Armide vibrante de Miriam Clark : voix ample mais admirablement conduite, souffle long, aigus étincelants et sensuels. Andries Cloete en Renaud dispose d'un ténor étroit, moins flexible qu'on aurait pu le souhaiter, mais il parcourt le rôle avec une mâle assurance qui convainc à défaut de séduire. Dans les emplois moins en vue, c'est Claude Eichenberger (la Haine) qui emporte la palme avec ses déchaînements vocaux assurés à l'extrême; mais c'est en fait tous les interprètes restants, une petite quinzaine en tout, qui mériteraient d'être mentionnés ici car chacun d'eux habite son emploi avec bravoure sans commettre d'impair stylistique ou vocal. Du côté de la musique, donc, l'honneur de Gluck est sauf. (Représentation du 5 octobre) Eric Pousaz i t é 23 o p é r a à marseille La Gioconda Pour son ouverture de saison, l’Opéra de Marseille a choisi un titre assez rarement proposé sur les scènes hexagonales, La Gioconda, défendue ce soir par une distribution de valeur. 24 Depuis sa création en 2006 à l’Opéra de Nice (voir SM 187), la production de Jean-Louis Grinda, l’actuel directeur de l’Opéra de Monte-Carlo, a beaucoup tourné de par le monde. Pour illustrer ce drame vénitien, les images restent de facture classique, avec des toiles peintes en fond de plateau pour la place Saint-Marc au 1er acte, puis l’île de la Giudecca au IV. Nous n’avons pas exactement retrouvé, comme à Nice il y a 8 ans, le « dispositif de fumées descendant le long de projecteurs verticaux », la gestion des lumières en ce soir de première ayant apparemment été sujette à un dysfonctionnement. La fameuse « Danse des heures » est toujours plus élégante que débridée, avec, avant la chorégraphie proprement dite, les personnages placés en transparence derrière un plafond peint. Du point de vue musical, le chef Fabrizio Maria Carminati délivre un discours de qualité, aux commandes de musiciens appliqués. Les chœurs semblent bien préparés (très belle entame du II avec les pupitres de ténors, basses, enfants qui interviennent tour à tour), mais font preuve tout de même par moments d’imprécisions dans les départs ou de défauts d’homogénéité, les sopranos saturant quant à elles régulièrement dans l’aigu. Le point faible de la distribution vocale est malheureusement la soprano Micaela Carosi dans le rôle-titre : les moyens sont là, mais la musicalité est souvent approximative, avec des aigus régulièrement en-dessous, de nombreux graves confidentiels, et des changements de registres peu harmonieux. Béatrice UriaMonzon (Laura) nous gratifie en revanche d’une somptueuse prise de rôle, particulièrement investie, sonore, explosive par moments, et la contralto Qiu Lin Zhang (La Cieca) chante d’une voix sereinement posée, mais avec une diction sans doute perfectible. Le ténor Riccardo Massi (Enzo) découvert en mai 2012 à Avignon (distribué dans Tosca, voir SM 244) confirme les espoirs qu’on pouvait placer en lui. D’une couleur de timbre plutôt sombre, le grave est toujours très bien assis et l’aigu généreux, tandis que l’acteur paraît encore bien raide. Le rôle de Barnaba convient aujourd’hui idéalement au baryton Marco di Felice, il projette avec mordant, voir arrogance, mais sans aller jusqu’à l’outrance. Pour compléter les rôles principaux, la basse Konstantin Gorny (Alvise Badoèro) possède un grain de vrai méchant, mais il a bien de la peine à s’imposer dans les ensembles ou les duos avec les autres protagonistes. Entre les représentations de Gioconda, Juan Diego Florez proposait le 5 octobre un récital accompagné au piano par Vincenzo Scalera. Perturbé à un ou deux moments par quelques graillonnements dans la gorge, le ténor péruvien se montre toutefois absolument unique : depuis ses débuts internationaux à Pesaro en 1996, il a conservé à l’identique ses prodigieuses capacités d’agilité dans l’écriture rossinienne, maintenu l’élégance de sa ligne vocale, et développé aussi un mordant dans l’aigu, un squillo qui lui permet d’aborder a c t Marco di Felice et Riccardo Massi © Dresse un répertoire romantique où il fait merveille, comme Roméo de Gounod ou encore Werther. A l’issue d’un programme extrait en majorité de son dernier CD « L’amour » (1 CD DECCA), les 6 bis accordés sont particulièrement généreux, comme « Ah ! Mes amis » ou « La Donna è mobile ». François Jestin Ponchielli : LA GIOCONDA – le 1er octobre 2014 à l’Opéra de Marseille Récital Juan Diego FLOREZ – le 5 octobre 2014 à l’Opéra de Marseille à nice Les Vêpres siciliennes Un titre absolument splendide en ouverture de saison à l’Opéra de Nice, mais une exécution un peu moins convaincante. Cela faisait 5 ans que l’ancien directeur musical Marco Guidarini n’avait pas foulé les planches niçoises, il marque son retour par une lecture techniquement bien maîtrisée, mais qui manque sans doute de passages plus aériens, plus retenus, plus légers. Les chœurs semblent bien préparés, mais ne sont pas toujours compréhensibles, et il est bien dommage pour cette représentation en version de concert que les surtitres soient absents ce soir… pour une fois, ils n’auraient gêné en rien le spectateur dans son appréciation de la mise en scène ! On comprend bien également que des coupures dans les ballets du III soient logiques dans une version concertante, mais leur suppression intégrale, u a l i t é o p é r a comme c’est le cas ici, ôte, en plus du plaisir de l’écoute, un des caractères du grand opéra français « en 5 actes avec ballets obligés ». La soprano Anna Kasyan (Hélène) fait une excellente impression, ceci dès son redoutable air d’entrée qui demande à la fois abattage, agilité, et une tessiture très étendue permettant de passer sans encombre les écarts vertigineux. Son français est de qualité, son investissement dans le rôle évident, avec des changements de registres vers le grave quand même un peu abrupts. Le ténor Michal Lehotsky (Henri) qui remplace Marcello Giordani initialement programmé, est clairement le point faible de la distribution : diction trop exotique, voix brouillonne, suraigus hasardeux en fin de soirée, seuls quelques aigus claironnés font plaisir à l’oreille. Le baryton Davide Damiani (Guy de Montfort) possède un joli grain, mais on aimerait davantage de dynamique, et la basse Kihwan Sim (Procida) remplit sans problème son office, ces deux chanteurs ayant une prononciation plus que correcte mais nécessitant une attention tendue et permanente. On constate la différence lorsque le chanteur Bernard Imbert ouvre la bouche pour interpréter le modeste rôle de Robert : enfin une diction parfaite, une déclamation qui se projette directement dans le cerveau apaisé de l’auditeur ! François Jestin Avant cette ouverture de saison d’opéra, Joyce DiDonato se produisait en septembre à Lyon, dans un concert d’extraits de son tout nouveau CD « Stella di Napoli » (1 CD ERATO). Un an tout juste après l’enregistrement sur cette même scène, la mezzo américaine prenait un plaisir visible à retrouver ses partenaires, l’Orchestre National de Lyon très énergiquement dirigé par Riccardo Minasi, dont la gestique est à elle seule déjà tout un spectacle ! Après une mise en route dans l’impossible cabalette « Ove t’aggiri o barbaro » de Pacini, DiDonato fait preuve d’une forme vocale splendide, alternant les cantilènes chantées sur le souffle et d’autres passages conduits à vitesse supersonique, culminant dans la Zelmira de Rossini, son compositeur fétiche. Verdi : LES VÊPRES SICILIENNES – le 3 octobre 2014 à l’Opéra de Nice à lyon Der Fliegende Holländer François Jestin L’Opéra de Lyon a passé commande d’une nouvelle production du Vaisseau fantôme à Alex Ollé de la Fura dels Baus. Ce n’est pas la première apparition du collectif catalan sur la scène lyonnaise, qui a déjà réglé ici Tristan et Isolde en 2011 et un diptyque Erwartung / il Prigioniero au printemps 2013. Dans sa note d’intention, Alex Ollé indique avoir déplacé l’action dans le port de Chittagong au Banglagesh, « un des endroits les plus pollués au monde, (…) formidable cimetière marin… ». Si les images projetées pendant l’ouverture sont universelles, avec une mer déchaînée et des vagues qui viennent se briser sur la proue d’un navire à jardin, on s’éloigne au 2ème acte de la Norvège décrite dans le livret, au vu des « fileuses » qui récupèrent les métaux assises sur la plage, pendant que les hommes s’affairent en arrière-plan sur un chantier de démantèlement naval. Au premier acte une passerelle métallique est déployée depuis les a c t cintres, vertigineuse et occupant toute la hauteur du cadre de scène, empruntée par Daland et quelques équipiers, qui ne doivent pas oublier de s’assurer au câble de ligne de vie. Du sable est répandu sur le sol, sur une structure en boudins rebondissants (plusieurs chanteurs glissent ou trébuchent) qui remonte vers le fond du plateau et permet des projections vidéo souvent spectaculaires, comme ces rochers pendant le dernier duo Erik – Senta. La plupart des protagonistes alternent l’excellent et quelques temps plus faibles, à commencer par Simon Neal dans le rôle-titre, pas toujours homogène dans la puissance et la qualité du timbre. La soprano Magdalena Anna Hofmann (Senta) se montre émouvante dans les passages doux comme sa ballade au II, elle est aussi capable de volume, mais plusieurs notes aigues sont imprécises. Le ténor Tomislav Muzek (Erik) est à son meilleur dans ses deux airs, à d’autres endroits de la partition certaines notes sont peu harmonieuses, tandis que Falk Struckmann trouve en Daland un rôle idéal à ses moyens actuels, qui incluent l’usure du timbre. A la tête d’un orchestre bien concentré et de chœurs en grande forme, et particulièrement enthousiastes sur l’entame du III, le chef Kazushi Ono privilégie constamment l’expressivité de la musique, et il a le grand mérite d’éviter de produire des torrents de décibels qui couvriraient le plateau. Concert Joyce DiDonato – le 22 septembre 2014 à l’Opéra de Lyon Wagner : DER FLIEGENDE HOLLÄNDER – le 11 octobre 2014 à l’Opéra de Lyon «Le Vaisseau fantôme» © Fernandez u a l i t é 25 o p é r a ouverture des saisons lyriques Vienne : Luxe et prestige Les premières représentations des près de trois cents spectacles lyriques mis à l'affiche annuellement par le Staatsoper de Vienne réunissaient chacune, comme d'habitude, deux et trois grandes pointures internationales du chant,... Le Vaisseau fantôme de Wagner 26 Le premier lever de rideau permettait aux Viennois de découvrir Bryn Terfel dans le rôle du Hollandais maudit juste avant son passage remarqué au Grand Théâtre de Genève. Sa voix ample et sonore est mise à contribution par l'artiste avec un art de la nuance réellement fascinant: beaucoup de phrases mélodiques sont à peine caressées par un timbre malléable à souhait qui ne présente aucune faille dans les pianissimi les plus infimes. Le rôle est habité jusque dans ses moindres recoins par un chanteur qui sait se faire entendre sans abuser d'un art du crescendo qui ne connaît apparemment aucune limite. D'autant plus terrifiant qu'il paraît réservé, ce Hollandais ne dominait pas indûment la Senta au timbre rond et ardent de Ricarda Merbeth, aucun doute une des meilleures interprètes actuelles de ce rôle meurtrier. Le Daland à la bonhomie débordante de Peter Rose et l'Erik au ténor à la fois lyrique et tendre de Norbert Ernst complétaient à la perfection cette distribution de rêve. Du côté de la fosse, la direction tempétueuse de Graeme Jenkins donnait sa pleine mesure dans un accompagnement orchestral de grande tenue que complétaient l'incomparable engagement tant scénique que musical d'un choeur superlatif. Seul point faible : la mise en scène de Chritine Mielitz a pris de sérieuses rides au cours des plus de cinquante reprises dont elle a fait l'objet jusqu'ici: ses panneaux coulissants, ses éclairages grand'guignolesques et sa chorégraphie répétitive mériteraient de passer à la trappe car leur naïveté parvient presque à tuer l'impression d'effroi que le chef et les chanteurs parviennent à communiquer à l'auditoire. (12 sept.) Rusalka de Dvorak Le lendemain soir, Rusalka montrait les forces de l'Opéra sous leur meilleur jour. La mise en scène de Sven-Eric Bechtolf, étrennée il y a à peine huit mois, transpose le monde de l'ondine dans un parc enneigé où les ruines d'une maison abandonnée en pleine construction semblent parcourues de courants d'air, symboles patents d'un univers d'où tout sentiment chaleureux est banni. Avide d'amour, Rusalka fait une tentative désespérée pour s'arracher à ce monde désolé et glacial mais sa tentative, comme l'exige les lois du conte, est condamnée à l'échec. La grandeur Staatsoper : «Le Vaisseau fantôme» avec Bryn Terfel (Holländer) et Ricarda Merbeth (Senta) ©Wiener Staatsoper / Michael Pöhn a c t u a impressionnant du décor de Rolf Glittenberg, encore magnifié par des éclairages latéraux de la meilleure veine, place au premier plan la barbarie inhumaine d'un monde où amour rime seulement avec sexe et ou tout sentiment n'est que l'expression d'un calcul servant destiné à satisfaire de misérables petits égoïsmes de chacun. Kristina Opolais aurait dû interprétée le rôle titre; malade, elle a été remplacée en dernière minute par une jeune chanteuse russe qui fait partie de la troupe de l'Opéra, Olga Bezsmertova: voilà un nom à retenir! Son triomphe laisse en effet présager un avenir radieux pour cette cantatrice : la voix, sur tout le registre, est d'une beauté sereine, presque extatique, avec cependant quelques signe de faiblesse dans le grave. Un jeu scénique raffiné, un physique de mannequin de mode et une intensité dramatique de chaque instant assurent en tous les cas un départ fulgurant à la carrière de cette jeune artiste dont on devrait reparler avant longtemps. La jeune chanteuse était idéalement entourée par le Prince aux épanchement vocaux flamboyant de Piotzr Beczala, l'Ondin aux accents tour à tour caressants et caverneux de Günther Groissböck, la sorcière au chant passionné mais trop bon enfant de Janina Baechle et la Princesse étrangère de Monika Bohinec aux aigus projetés avec une perfection glacée. A la tête d'un orchestre grandiose au jeu enflammé et rutilant, Tomas Netopil rend parfaitement justice à l'instrumentation luxuriante de Dvorak qui n'est parvenu dans aucune autre de ses autres partitions lyriques à retrouver ce parfait mélange de féerie et de vérité dramatique. (13 septembre) La Magicienne de Tchaïkovski Cet opéra de la pleine maturité du compositeur russe n'est jamais parvenu à s'imposer durablement au répertoire, même en Russie. La faute en incombe d'abord à un livret impossible au plan dramatique où les morts s'amoncellent en fin de parcours sans la moindre justification psychologique. Le compositeur lui-même n'est pas au mieux de sa forme dans cet ouvrage trop long où les dialogues s'enchaînent interminablement sans apporter d'éléments neufs à la compréhension du drame et nécessitant l'intervention de nombreux passages en récitatifs qui tuent dans l'œuf toute tentative de ménager un fil conducteur cohérent au plan musical. Le Theater an der Wien a placé cette production en tête de sa saison pour mettre l'accent sur une programmation qui sort résolument des sentiers battus avec son mini festival Gluck (quatre ouvrages, dont deux en version scénique!), sa mise à l'affiche de deux créations l i t é o p é r a contemporaines et sa présentation, scénique égalemeent, d'un Triptyque consacré à Beaumarchais avec des opéras de Paisiello, Mozart et Milhaud... La Magicienne nécessite de grands effectifs: un chœur imposant (ici l'Arnold Schoenberg Chor, parfait sur tous les plans), une poignée de danseurs et une distribution d'une quinzaine de chanteurs, parmi lesquels on compte au moins cinq rôles principaux. Si l'on excepte une tendance générale à chanter trop fort, cette distribution est idéale en tous points : Asmik Grigorian s'immerge sans réserve dans le rôle meurtrier de la magicienne qui, au départ, paraît trop lourd pour son soprano délicat; mais une technique imparable lui permet de surmonter victorieusement tous les écueils et elle s'impose facilement comme la pièce maîtresse du spectacle. Par l'ardeur et le brillant de son chant, le ténor Maksim Askenov ne le lui cède en rien et brosse un portrait pathétique et exalté du jeune héros possédé par un amour qui le dépasse. Son père, incarné par un Vladislav Sumlinsky aux réserves vocales inépuisables, et sa mère, à laquelle Agnes Zwierko prête son mezzo-soprano sensuellement profond, complètent ce quatuor de choix auquel vient encore s'ajouter le timbre épanoui, au réserve de souffle d'une incroyable longueur, que Vladimir Ognovenko prête au sombre traître par qui tout arrive. Mikhail Tatarnikov, le chef principal du deuxième théâtre lyrique de SaintPétersbourg, offre de la partition une lecture ébouriffante, peut-être trop axée sur la recherche de l'effet, mais en tous les cas apte à rendre accessible au spectateur occidental un langage lyrique d'une étrange modernité chez un compositeur dont on a tendance, souvent un peu trop vite, à juger le style excessivement académique! La mise en scène de Christof Loy se réclame de la même esthétique que sa Donna del lago présentée il y a trois aux an Grand Théâtre. L'action se joue dans un décor impersonnel aux hautes parois tapissées de bois et à l'ameublement spartiate. La magicienne du titre, telle une Mélisande, sort mystérieusement d'une ouverture pratiquée dans le mur et tourne immédiatement la tête à l'impressionnante gent masculine qui erre dans ces lieux. Son charme sème aussi la zizanie dans le ménage princier. Jalouse, l'épouse du prince voit son mari et son fils céder aux sortilèges de la belle inconnue et elle l'empoisonne séance tenante; le père, furieux de découvrir en son fils un rival inattendu, le poignarde à mort avant de prendre conscience de son acte et de sombrer dans la folie au cours d'une scène mémorable où l'orchestre décrit avec force dissonances l'orage qui sévit dans la nature et dans a c t u l'âme du protagoniste. A défaut de rende compréhensible un développement aussi erratique des situations dramatiques, cette mise en scène a au moins le mérite de ne pas s'encombrer de trop nombreux niveaux de relecture... On peut néanmoins parier que bon nombre de spectateurs, à en juger par les commentaires entendus à l'issue de la représentation, n'ont pas été séduits par la cohérence du propos scénique. (14 septembre) Eric Pousaz Don Carlo & L’Elisir d’amore Fin septembre, le Wiener Staatsoper affichait deux grands titres du répertoire lyrique avec en tête d'affiche deux ténors dont la présence laisse rarement indifférent. Pour Don Carlo tout semblait «L’elisir d’amore» avec Adriana Kučerová (Adina) et Juan Diego Flórez (Nemorino) © Wiener Staatsoper / Michael Pöhn avoir bien commencé. On retrouvait en effet le timbre chaleureux et la puissance vocale superbement éclairé par Alessandro Carletti et toujours aussi imposante d'un Roberto Alagna à des costumes de Carla Teti. Pour Juan Diego Florez comme d'habitude, l'expressivité incomparable. Toujours aussi à l'aise sur scène, il formait un couple parfaitement pas de mauvaise surprise. L'entrée sur scène à crédible avec la jeune Adrianne Pieczonka, à la l'occasion de cette « furtiva lagrima » attendue voix ayant peu d'ampleur mais d'une très belle par le public se fait les mains dans les poches. Il palette de couleurs rendant très émouvante son s'agit certes d'une indication de la mise en scène Elisabetta. On déplorera donc le curieux forfait traditionnelle d'Otto Schenk donnée pour la du plus latin des ténors français puisqu'en effet le 213ème fois mais qui vieillit fort bien dans un maître des lieux Dominique Meyer dut annoncer décor représentant de manière réaliste la place de après la première scène du troisième acte que village italienne traditionnelle. Pourtant cette Roberto Alagna n'était plus en état de poursuivre indication de jeu convient à merveille au ténor la représentation. Réaction mitigée mais polie du péruvien entrant ainsi en scène en faisant preuve public viennois décidément bien élevé, on imagi- d'une aisance naturelle ajoutant au charme du ne volontiers ce qui se serait passé à la Scala... personnage de Nemorino qu'il interprète de façon Distribution jeune par ailleurs, y compris un inégalable à l'heure actuelle. Séduction du Grand Inquisiteur au port altier (Ain Anger) dont timbre, émotion, virtuosité sont au rendez-vous le tête à tête avec Philippe II (Sorin Coliban ne et l'on ne s'étonne guère du tonnerre d'applaudismanquait pas d'intensité ou encore une certes très sements qui salue la performance qui méritait séduisante Eboli mais dont la voix manque enco- bien d'être bissée. Et si la baguette de Guillermo re de mordant et de maturité pour imposer un «O Garcia Calvo ne rendait pas toujours justice à Don fatale » de référence. Privée de conclusion, l'aspect giocoso du chef-d'œuvre de Donizetti, le la représentation s'achevait donc sous forme de reste de la distribution méritait bien des éloges, à concert avec successivement George Petean, commencer par Adriana Kucerova, délicieuse Posa à la belle musicalité et Elisabetta seul(e) en Adina au timbre fruité ou encore David Pershall, scène, l'occasion au moins pour ces deux inter- Belcore à la technique affirmée, alors que dans prètes de recevoir un accueil chaleureux grâce à un style moins burlesque qu'habituellement la complicité d'Alain Altinoglu inspiré à la tête de Adam Plachetka était un convaincant Docteur l'excellent orchestre du Staatsoper. Trois actes à Dulcamara. Frank Fredenrich peine avaient convaincu que la mise en scène de Daniele Abbado servait avec intelligence le propos imaginé par Camille du Locle, dans un décor unique sobre et habile de Graziano Gregori a l i t é 27 o p é r a à la fenice de venise Trouvère de routine La production de Il trovatore à la Fenice de Venise correspond à l’image que l’on se fait de cet opéra, l’un des piliers de la trilogie dite « populaire » de Verdi, sans surprise ni indignité. Un bon spectacle de province, dirions-nous. 28 Serait beaucoup moins d’aspect provincial, le public : chic, mis en grands frais et grandes toilettes, pour une simple après-midi (!) d’une représentation ordinaire qui en suit d’autres. Ce qui tranche singulièrement sur les masses de touristes débraillés qui errent de par les ruelles à l’entour ! À croire que la Fenice est le rendez-vous obligé de toute la haute société (bourgeoise) du Nord de l’Italie. Le lieu, avec d’autres certainement, où il convient de se montrer… Il est vrai que le théâtre, depuis sa reconstruction, arbore un décor magnifique, tout en dorures, reconstitué avec goût selon son ancien apparat ; beaucoup plus beau et fastueux, dans notre souvenir, que celui préexistant (refait dans les années et le style 1970), comme nous l’avions connu peu avant le sinistre qui l’a réduit en cendres en 1996. L’acoustique aussi se révèle excellente, d’une présence rare, pour un théâtre finalement neuf. L’assistance écoute donc sagement, tout en papotant à l’occasion avec son voisinage, et réserve des applaudissements de bon aloi sans délire démonstratif particulier. Il est vrai que cette production du Trouvère n’est pas faite pour décoiffer les chignons soigneusement peignés, ni ternir l’éclat des bijoux ostentatoires. Lorenzo Mariani réalise une mise en scène de convention, avec les personnages en place où on les attend et des gestes eux aussi attendus, en costumes crypto XIXe siècle, sur un plateau nu et téné-breux parsemé de quelques rares éléments de décor. Nulle trouvaille, surprise, ni même incongruité (que l’on aurait presque souhaitée !), ne vient émailler un déroulement qui nous ramène à la belle époque de l’opéra de papa, des années 70 : celle de l’antérieure Fenice, précisément. Reste la musique. Elle «Le Trouvère». se révèle de même nature, honnête, sans Photo © Michele Crosera transporter d’enthousiasme ni de révolte (ici déplacés, comme on l’a compris). Artur Rucinsky est un Conte de Luna de belle prestance, qui déchaîne quelques fugaces cris de bravos. L’Azucena de Veronica Simeoni possède la noirceur qui sied à son personnage, alors que le Manrico de Gregory Kunde distille un beau phrasé et des aigus bien lancés. La Leonora de Kristin Lewis paraît un peu courte de souffle, quand le Ferrando de Roberto Tagliavini débite son chant tout à trac. L’orchestre suit, sans couac ni transcendance particulière, aux ordres bien ordonnés de Daniele Rustioni. Après le baisser de rideau et des applaudissements de circonstance, le public s’empresse d’envahir les trattorias avoisinantes pour achever cette belle journée par un dîner en bonne compagnie. Pierre-René Serna a c t u a l i t é o p é r a sous le patronage du palazzetto bru zane grâce à son air de la folie du 2e acte que Maria Callas a remis au goût du jour dans un récital discographique resté célèbre. Dinorah fait flamber Berlin Brillante prestation Le centre de musique romantique française, sis au Palazzetto Bru Zane à Venise, offre son soutien logistique et financier aux institutions désireuses de sortir des sentiers battus du répertoire pour faire connaître les trésors oubliés du vaste catalogue d'ouvrages lyriques français du XIXe siècle. Contraint de fermer ses portes pour rénovation jusqu'à fin novembre, le Deutsche Oper de Berlin a inscrit à son programme, avec le soutien du dit centre, une version de concert de Dinorah ou le Pardon de Ploërmel exécutée à la célèbre Philharmonie construite par Hans Scharoun. Le but était d'abord de rappeler que Giaccomo Meyerbeer était Berlinois et qu'il est mort il y a juste 150 ans; et puis, il s'agissait pour l'institution lyrique berlinoise de lancer avec panache un vaste cycle consacré aux grands titres écrits pour l'Opéra de Paris. Le premier jalon en sera posé dès l'an prochain : la version originale de L'africaine, intitulée Vasco de Gama, ouvrira les feux le 4 octobre 2015 avant que ce titre ne soit rejoint à l'affiche, un an plus tard, par Les Huguenots, puis Le prophète... jour de ses noces) et celle du Freischütz de Weber (un mystérieux personnage promet ici un trésor au héros s'il vainc ses peurs et se soumet pendant un an à des épreuves dont il doit sortir victorieux). Manque de corps Le livret, pourtant, manque de corps, bien qu'il soit dû à des spécialistes qui ont contribué Patricia Ciofi avait la lourde tâche de reprendre le flambeau de son illustre devancière dans le rôle titre. Elle s'en tire brillamment avec sa voix argentine mais jamais excessivement mince ou acérée, son délié parfait dans les vocalises et son art inimitable de faire vivre une phrase musicale par de légers déplacements d'accents ou de nuances. Etienne Dupuis, son amoureux inconstant, brille par la clarté d'un timbre de baryton, qui déploie une puissance rare jusque dans les fa aigus, plus que par le raffinement de la caractérisation. Dans le rôle déjà plus épisodique du simplet de village craintif, Philippe Talbot déploie des trésors d'imagination pour donner du poids à un personnage qui sert avant tout de faire-valoir et dont la musique n'atteint pas à des sommets d'intelligence musicale. Tous les rôles de caractère, nettement plus épisodiques encore, sont admirablement tenus par des jeunes membres de la troupe alors que l'orchestre et les chœurs, magnifiques de brio et Version française Dinorah est le seul opéra comique de l'auteur écrit directement en français, si l'on oublie quelques péchés de jeunesse traduits de l'allemand ou de l'italien. Bien que le compositeur ait lui-même pu assurer la création de l'ouvrage, il n'en existe pas moins de sept versions différentes, et toutes ne sont pas de la plume de l'auteur, même si ce dernier a donné son aval au travail des tâcherons qui se sont chargés d'ajouter ici un récitatif, là un air ou une musique d'entr'acte. A Berlin, c'est la première version en langue française, avec passages parlés, qui a été choisie. Trois personnages suffisent aux librettistes pour esquisser une action relativement simple, qui n'est pas sans évoquer celle des Puritains de Bellini (l'héroïne devient folle lorsqu'elle se croit abandonnée par son fiancé le a c t u «Dinorah» en version de concert © Bettina Stoess par leurs textes au succès du Faust et du Roméo et Juliette de Gounod ou du Mignon et du Hamlet de Thomas. L'opéra commence alors que l'héroïne est déjà folle, et il faut plus de deux heures et demie de musique pour arriver au happy end sans grands coups de théâtre intermédiaires. Mais l'opéra est resté célèbre, surtout a l i t de précision sous la direction enlevée d'Enrique Mazzola, faisaient vraiment regretter que l'on n'entende pas plus souvent un ouvrage aussi bien écrit pour les voix comme pour les instruments. (Représentation du 12 octobre) Éric Pousaz é 29 t h é â t théâtre de carouge Les Jumeaux vénitiens Créée il y a un an à Bruxelles et interprétée par une équipe issue du Conservatoire royal de Liège où enseigne Mathias Simons, la pièce du Vénitien Goldoni reste d’une brûlante actualité tant ses thèmes – le sexe, l’argent, le pouvoir – parlent aux spectateurs d’aujourd’hui. Intéressé par la spécificité du théâtre en tant qu’art vivant, se frottant à la comédie comme au théâtre politique, le metteur en scène belge a une formation d’acteur, enseigne à Liège, a fondé sa propre compagnie, le Groupe 92, écrit – on lui doit les poèmes dramatiques de la dernière partie de Rwanda 94. Entretien avec Mathias Simons. Vous avez écrit à propos des Jumeaux vénitiens que la modernité des codes en faisait une pièce au propos très actuel. 30 Carlo Goldoni prend une vieille forme qu’il transforme en machine à jouer en la faisant éclater. Il peint ses contemporains vénitiens, critique la grande puissance financière et politique qu’a été la cité des doges, désormais sur le déclin. Tout le monde ment, tout le monde est obsédé par la possession – de la femme, de l’argent, du pouvoir. Aucun n’est ce qu’il paraît être. C’est ce double langage incarné par les jumeaux qui m’a frappé. Et comme mon dada est le théâtre dans le théâtre, cette pièce me comble… Attardons-nous sur la dualité qui va de pair avec le mensonge et la dissimulation. Tous les personnages présentent deux faces. Pancrace, le Tartuffe goldonien, convoite la fille de la maison de l’avocat d’affaires à laquelle il est attaché, comme on disait alors. Sous une apparence d’homme vertueux et altruiste, se cache un terrible manipulateur. Les jumeaux Zanetto et Tonino ne sont qu’un seul et même personnage double, métaphore condensée des contradictions qui animent la société et les individus eux-mêmes. L’avocat Balanzoni, mû par son désir d’argent, ment sur sa paternité présumée. Florindo, ami supposé de Tonino, lui ment par désir sexuel, etc. , etc. Seule Rosaura ne ment que par ignorance, croyant être une autre que ce qu’elle est. Tous prétendent donner une image contraire à leurs désirs réels. Goldoni manie une dialectique de l’être et du paraître poussée à l’extrême. r e Vous parlez de comédie, mais il y a tout de même deux morts, ce qui n’est guère fréquent chez l’auteur vénitien. En effet, c’est très rare, mais nécessaire pour rétablir l’ordre. La crise a entraîné du désordre, a mis à nu les intentions brutales des personnages, tous avides de posséder. Seule la mort d’un jumeau et de Pancrace restaurera un ordre apparent, bien que rien ne change au fond, puisque chacun retourne à ses petites affaires. L’ordre n’est donc pas remis en question. Passer ainsi du rire à la mort présente-t-il des difficultés de mise en scène ? Il faut voir la pièce comme un univers de bande dessinée. Les costumes sont un mélange de coupes du dix-huitième siècle et de matières modernes ; les personnages portent par exemple des baskets aux pieds. Au fur et à mesure que la pièce avance, la machine et les codes s’emballent. Dans la deuxième moitié de l’acte trois, le rôle double devient visible par le spectateur : l’acteur qui joue les jumeaux (formidable Fabrice Murgia !) ne se cache plus pour se changer et entretenir l’illusion. Pour répondre à votre question, un happy end n’est pas possible. La comédie se résout dans la mort qui lui confère son contrepoids tragique. Quelle scénographie avez-vous imaginée pour matérialiser le double ? Il y a d’une part un espace de tréteaux (comme dans la Commedia dell’arte), avec au fond une toile peinte mais qui laisse voir les pieds des personnages à l’arrière, d’autre part un grand miroir au sol. La toile peinte sur un tulle devient peu à peu transparente, laissant toute son ambiguïté à la scène finale. La transparence du tulle raconte les coulisses tout en préservant le mystère du théâtre. L’acte trois s’ouvre sur l’arrière, on voit les personnages jouant les personnages, l’acteur unique jouant à vue les deux jumeaux. C’est une double mise en abyme, du vrai théâtre dans le théâtre… Propos recueillis par Laurence Tièche Chavier Les Jumeaux vénitiens, Théâtre de Carouge, salle François-Simon, du 28 octobre au 14 novembre 2014, réservations au 022 343 43 43, www.tcag.ch «Les Jumeaux Vénitiens» © Celine Chariot e n t r e t i e n t h é â t r e la suite de quoi nous est donnée à voir une pantomime qui renvoit au poète Heinrich von Kleist et à son célèbre récit Michael Kohlhaas ; enfin, vient le triptyque consacré à Lessing « SOMMEIL REVE CRI DE LESSING ». comédie de genève / théâtre du loup Jourdheuil retrouve Müller Leitmotiv Du 11 au 30 novembre, on pourra voir une fresque expérimentale, autobiographique et délirante d’Heiner Müller, Gundling Frédéric de Prusse Sommeil Rêve Cri de Lessing. Mise en scène par Jean Jourdheuil de manière incisive et parfaitement en phase avec notre temps, elle incite à une réflexion sur la situation franco-allemande au sein de l’Europe et sur la place de l’artiste dans la toile du pouvoir. Entre autres… Texte peu connu, Vie de Gundling Frédéric de Prusse Sommeil rêve cri de Lessing, bien que très inspiré par les surréalistes français, fait allusion à de nombreux classiques du théâtre allemand, tels que Goethe, Kleist ou Lessing, pour ne citer qu’eux. Il s’agit aussi d’une réflexion parodique sur le théâtre germanique, sur la place des intellectuels au pouvoir et sur la « grandeur » prussienne. En 1976, Heiner Müller écrit une pièce à travers laquelle il interroge brutalement l’identité allemande en créant une figure ambiguë, celle d’un savant, historien officiel de la Prusse de Frédéric Ier, au début du XVIIIe siècle, un certain Jacob Paul von Gundling. Ce dernier est l’objet de moqueries incessantes des militaires et des gens de cour, en raison de sa grande culture. Il est même considérer comme fou. On peut donc clairement y lire la douleur de Müller, homme de l’est vivant aux Etats-Unis, loin de son pays déchiré. Autant d’axes thématiques qui ont séduit Jean Jourdheuil, ami et traducteur de Heiner Müller, lorsqu’il a monté cette opus provocant et grotesque, avec les étudiants du TNS à l’été 2013. Il en avait d’ailleurs établi une traduction française aux côtés de Hans Schwarzinger voilà trente ans déjà aux éditions de Minuit. Quelque chose d’indéfinissable Rappelons que la pièce mise en scène par Jourdheuil précède d’une année la rédaction du texte décisif de Müller, Hamlet-Machine (1977), mais tous deux rédigés à son retour en RDA après un séjour de 9 mois comme professeur et a c t u artiste invité à l’université d’Austin au Texas. Il avait alors, miraculeusement obtenu l’autorisation d’honorer cette invitation, après un ostracis- Jean Jourdheuil © Michelle Kokosowski me de 10 ans de son pays. Jourdheuil considère dans ce sens que ces deux textes sont un moment de l’histoire du théâtre à marquer d’une pierre blanche : « ils sont contemporains de l’entrée des sociétés occidentales dans ce que certains appellent l’ère de la post modernité ». Pour sa part, Heiner Müller affirmait également que cette pièce tenait une place toute particulière dans son cœur. Il avait du mal à trouver la bonne distance par rapport à elle. Il ressentait à chaque fois quelque chose d’indéfinissable lorsqu’il citait ce texte ou lorsqu’il en parlait. Dans ses notes d’intentions, Jean Jourdheuil précise la structure singulière et parfois déroutante de cette œuvre-montage. Elle « présente la vie de Gundling en une scène, celle de Frédéric de Prusse en huit scènes, au milieu desquelles est enchâssée la scène intitulée « JE VIENS DE L’ENFER FAITES MON DIEU QUE JE DEVIENNE PIEUX Asile de fous prussien ». A a l i t Jourdheuil ajoute alors qu’il ne faut pas « traiter cette pièce comme une pièce historique, à costumes. La figuration historique sera de l’ordre de l’allusion, elle doit rester légère, aérienne, pour permettre de faire apparaître et de rendre évident ce qui, dans cette pièce étrange, a valeur de leitmotiv, au sens musical ». Les leitmotiv dont parlent Jourdheuil sont de fait la série des scènes qui dénoncent la confrontation entre un représentant du pouvoir et la figure de l’intellectuel ou de l’artiste, dans un rapport d’humiliation du second par le premier ; et la série affligeante des scènes d’exécution. Sachant que le spectacle se déroulerait sur la scène du Théâtre du Loup, Jourdheuil explique enfin que « le dispositif scénographique de Jean-Claude Maret devrait être léger, sans pesanteur figurative, afin de faire apparaître que l’objet du spectacle n’est pas la réprésentation historique, mais plutôt l’autoportrait, le jeu des associations et le dérapage contrôlé (…) ». On aura donc compris l’exigence, mais aussi la pertinence du regard porté par Heiner Müller et son complice Jean Jourdheuil sur l’évolution de la société aux prises avec une histoire qu’ils regardent en face, sans complaisance, avec humour et avec toute la détermination de guetteurs du siècle qui ont foi en la dramaturgie comme un véhicule prémonitoire et privilégié de nos consciences. Soyons à la hauteur ! Jérôme Zanetta Du 11 au 30 novembre : Vie de Gundling Frédéric de Prusse Sommeil Rêve Cri de Lessing de Heiner Müller, m.e.s. Jean Jourdheuil. La Comédie au Loup, mar-mer-jeu-sam à 19h, ven à 20h, dim à 17h (rés. 022/301.31.00) é 31 Le Poche - Genève Du 17 au 30 novembre 2014 : « Les Combats d’une Reine » En tournée : «L’Illusion comique» dans la mise en scène de Geneviève Pasquier et Nicolas Rossier Les 1er et 2 novembre, La Comédie de Genève (location : 022 / 320 50 01) Le 6 novembre, Le Reflet - Théâtre de Vevey (location : 021 / 925 94 94) Les 9, 21, 22, 23 novembre, Théâtre des Osses, Givisiez (location : 026 / 469 70 00 ) Du 13 au 15 novembre, La Grange de Dorigny, Lausanne ( (réservation : 021/ 692 21 24) Le 28 novembre, Salle CO2, Bulle-La Tour (location : [email protected], 026 / 913 15 46) t h é â t r e théâtre forum meyrin Amour, foi et chant Aux Bouffes du Nord, Yves Beaunesne présentait L'annonce faite à Marie de Paul Claudel, la première pièce de l'auteur à être jouée en 1912. Il réussit le pari fou de s'emparer de la langue tortueuse, de la syntaxe singulière de Claudel pour créer « un opéra de paroles » d'une très grande intensité émotionnelle. Spectacle qui fera escale à Meyrin. Une histoire somme toute assez triviale qui s'articule autour de la rivalité entre deux sœurs sur fond de mysticisme. Au commencement était Violaine, une jeune femme, délicate et sautillante, habitée par la voix de Dieu - une adoration si pure qui la porte à embrasser un lépreux. De ce chaste baiser Mara, sa sœur cadette, se servira pour contrarier les dessins nuptiaux de Violaine avec Jacques. Profitant du pèlerinage du père qui lui préfère son aînée, Mara condamne Violaine et épouse Jacques. Répudiée, celle-ci sombre dans une folie christique jusqu'au jour où Mara vient lui demander de l'aide. Jusqu'ici tout semble écrit par avance, l'action se situe au cœur du Moyen-Âge, les femmes considérées comme une essence, vivent une double soumission - à un père omniscient et à Dieu omniprésent - la vie se cantonne au quotidien d'une exploitation agricole, seule la foi permet de transcender les aléas de l'existence. apparaissent les silhouettes de deux violoncellistes, présentes sans être en interaction directe avec les acteurs autrement qu'au travers des prières et des cantiques. Le metteur en scène a demandé à Camille Rocailleux de composer une partition pour entendre le texte en musique de manière à se détacher de l'envoûtement généré par celui-ci. Émerge un univers étrange, entrelacs d'idiomes peu connus - jusqu'à l'araméen. La double compétence de sa troupe d'acteurs lui permet d'investiguer les méandres de la langue et de verser dans l'art lyrique. Cette juxtaposition, imaginée par Claudel lui-même, assure une pérennité au texte capable de toucher même les plus agnostiques d'entre nous ! La voix de l'auteur ne s'est pas tu avec celles de Laurent Terzieff et d'Alain Cuny. Judith Chemla (Violaine) et Marine Sylf (Mara) n'ont rien à envier à leurs aînés. Derrière l'apparente finesse de sa silhouette, Judith Chemla dévoile une énergie, une aura de grande tragédienne, mystique, offerte tout en restant juste, elle évite l'hystérie et renouvelle ainsi un genre théâtrale poussiéreux et désuet. Renversant ! Yves Beaunesne réveille Claudel, sa foi poreuse, humble et pudique et non celle arrogante et chiantissime qu'on lui prête souvent. Derrière l'ébriété divine de Violaine se cache le dialogue de la chair et de la tentation « un drame de la possession d'une âme par le surnaturel » pour citer Claudel d'une beauté renversante ! Maïa Arnauld Les 25 et 26 novembre : L'Annonce faite à Marie de Paul Claudel, m.e.s. Yves Beaunesne. Théâtre Forum Meyrin (loc. 022/989.34.34) Modernité Yves Beaunesne génère une mise en scène moderne et apporte une respiration à la syntaxe claudélienne, sa scansion délicate par le biais de magnifiques pauses musicales et chantées. Derrière le rideau de fils qui partage la scène en deux, a c t «L’Annonce faite à Marie» © Guy Delahaye u a l i t é 33 t h é â t r e vidy : une approche de l’holocauste par le témoignage Jan Karski Messager de la résistance en Pologne, Jan Karski tente de sensibiliser en vain la communauté internationale sur l’extermination des Juifs d’Europe. En adaptant le récit, Jan Karski, dû à Yannick Haenel, le metteur en scène français Arthur Nauzyciel porte à son plus pertinent et sensible l’acte de témoigner au théâtre. 34 Résistant catholique, Jan Karski est l’infortuné passeur auprès des Alliés de l'extermination de la population juive du ghetto de Varsovie. Mais son message demeure sans lendemain, malgré son entretien avec Roosevelt. Parti du livre de Yannick Haenel, le metteur en scène explique que l’auteur raconte un personnage complexe en s’appuyant sur plusieurs sources. « D’abord un récit documentaire, en racontant le Polonais par le biais du témoignage qu’il donne au cinéaste Claude Lanzmann dans le film Shoah. Une seconde partie s’axe sur l’autobiographie écrite par Karski en 1943, Mon témoignage devant le monde. La troisième est une fiction où l’écrivain essaie d’insuffler des mots au silence, de raconter ce qui a hanté et habité ce silence du Résistant qui dura 35 ans avant son interview par Lanzmann. Ce dispositif pose la question de la représentation au théâtre. Comment représenter théâtralement ce qui a davantage partie liée avec le documentaire, puis l’autobiographie et la fiction ou l’illusion. Par sa structure, le roman appelait l’arrivée subite d’une personne disant : Je suis Jan Karski. Du coup, le théâtre devient ce qu’il est de plus intéressant dans la rencontre entre réel et illusion, morts et vivants, visible et invisible. » Une pièce aux récits emboités La citation du poète allemand Paul Celan : « Qui témoigne pour le témoin ? » est l’un des axes du travail d’Arthur Naucyziel. Ce dernier se présente d’abord sur le plateau transformé en lieu de tournage. Il reprend la mise en abyme et le commentaire de Haenel sur le récit de Karski face à la caméra de Lanzmann. « Soixante ans après la libération des camps d’extermination d’Europe centrale, on sait qu’il est impossible d’ébranler la conscience du monde, que rien jamais ne l’ébranlera parce que la conscience du monde n’existe pas, le monde n’a pas de conscience, et sans doute l’idée même de monde n’existe-t-elle plus », entend-on alors. Il s’agit pour le metteur en scène d’ « évoquer en creux la disparition des témoins ». Ce petit-fils d’un déporté explique : « La question qui se pose est celle de la transmission du témoignage et la place que peut y prendre la littérature, le théâtre. Le spectacle est une tentative de répondre à cette dimension, en se disant : 'Est-ce que l’on a un rôle à jouer dans cette place qui nous échoit maintenant, celle d’un relais, en redonnant voix à ce message ?' » Le second volet de l’opus voit le défilement sur écran géant du plan agrandi du ghetto de Varsovie, comme lors de la découverte d’un microfilm. Cette vidéo est réalisée par le plasticien polonais contemporain Miroslaw Balka. Il s’agit d’une forme de soubassement de ce que le metteur en scène a arpenté lors de la préparation de sa pièce, la cartographie de l’ancien ghetto. « C’est un travail sur l’absence, en deux dimensions, auquel Marthe Keller prête sa voix, qui prépare la troisième partie, l’incarnation, et rend le théâtre nécessaire », souligne Nauzyciel. Ce moment semble faire écho aux intuitions du philosophe et essayiste Walter Benjamin écrivant sur le fait historique et sa reconnaissance dans le présent : « La vérité immobile qui ne fait qu’attendre le chercheur ne correspond nullement à ce concept de la vérité en matière d’histoire. Il s’appuie bien plutôt sur le vers de Dante qui dit : c’est une autre image unique, irremplaçable, du passé qui s’évanouit avec chaque présent qui n’a pas su se reconnaître visé par elle. » La troisième partie est la plus controversée. Lors de la sortie du livre de Haenel, Lanzmann écrit : « Les scènes qu'il imagine, les paroles et pensées qu'il prête à des personnages historiques réels et à Karski lui-même sont si éloignées de toute vérité – il suffit de comparer le récit de Karski à ses élucubrations – qu'on reste stupéfait devant un tel culot idéologique, une telle désinvolture, une telle faiblesse d'intelligence. » Sur le plateau, se dévoile la reproduction d’un couloir de l’opéra de Varsovie, un entre-deux accueillant les méditations et réflexions imaginaires prêtées à Karski par Haenel. Le comédien Laurent Poitrenaux est cet homme défait travaillé par le message qui n’a pu influer sur le cours des événements. Il se désole alors de l’inaction des Alliés face à la solution finale. Puis la remarquable danseuse Alexandra Gilbert, déjà vue chez Sidi Larbi Cherkaoui (Foi, Myth) chute sur elle avant de se refigurer, telle une image que l’on décollerait d’une surface. Elle donne ainsi une possible expression de la résistance et du désarroi des personnes qui témoignèrent de la réalité concentrationnaire ou y survécurent, mais dont la parole fut longtemps impossible, empêchée ou peu entendue. Bertrand Tappolet Jan Karski (Mon nom est une fiction), Théâtre de Vidy, du 13 az 22 novembre. Rens. : www.vidy.ch «Jan Karski (Mon nom est une fiction» a c t u a l i t é l THÉODORA & TAMI ICHINO Du 1er au 30 novembre 2014 ENTRE CIEL & PERLES laFERME de laCHAPELLE laFERME de laCHAPELLE FAR WAYNE MCGREGOR WAYNE MCGREGOR | RANDOM DANCE VENDREDI 28 & SAMEDI 29 NOVEMBRE — 20h SALLE DES FÊTES DU LIGNON Place du Lignon 16 — Vernier GALERIE LA FERME DE LA CHAPELLE 39, ROUTE DE LA CHAPELLE | CH -1212 GRAND-LANCY WWW.FERMEDELACHAPELLE.CH Ville de Lancy République et canton de Genève Service de la culture — 022 306 07 80 www.vernier.ch/billetterie Théâtre des Marionnettes de Genève NOVEMBRE MA 4 – LA MALADIE DU POUVOIR d’Octave Mirbeau ME 12 – MUR d’Amanda Sthers avec Rufus et Nicole Calfan Comédie VE 14 – GUITARES ET CORDES MA 18 – ANTOINE DULÉRY FAIT SON CINÉMA (MAIS AU THÉÂTRE) Humour MA 25 – LA PETITE ÉVASION de Daniela Ginevro DÉCEMBRE JE 4 – MÉTALLOS ET DÉGRAISSEURS de Patrick Grégoire ME 10 – PETITS CRIMES CONJUGAUX d’Eric-Emmanuel Schmitt JE 18 – ALBUM DE FAMILLE Théâtre et chansons SOUCIS DE PLUME WUNDERKAMMER Adultes, ados Jusquau 5 novembre 2014 Un étonnant cabinet aux merveilles marionnettiques. Dès 4 ans 8 au 26 novembre 2014 Les extraordinaires aventures de Monsieur Petitmonde dans des univers parallèles. tmg e nnett mario s Rue Rodo 3 Genève 022 807 31 07 www.marionnettes.ch t h é â t r e pièce. Cela fonctionne plutôt bien, en particulier lorsque les deux vagabonds sont seuls sur scène. Toutefois, lorsqu’ils sont rejoints par Pozzo et Lucky, l’espace scénique devient presque trop exigu et semble entraver à la fois la gestuelle corporelle et les interactions entre les personnages. château rouge, annemasse En attendant Godot « Je ne sais pas plus sur cette pièce que celui qui arrive à la lire avec attention. Je ne sais pas dans quel esprit je l'ai écrite. Je ne sais pas plus sur les personnages que ce qu'ils disent, ce qu'ils font et ce qui leur arrive. De leur aspect j'ai dû indiquer le peu que j'ai pu entrevoir […] Je ne sais pas qui est Godot. Je ne sais même pas, surtout pas, s'il existe. Et je ne sais pas s'ils y croient ou non, les deux qui l'attendent. Les deux autres qui passent vers la fin de chacun des deux actes, ça doit être pour rompre la monotonie ». 36 Voici ce qu’écrit Samuel Beckett à Michel Polac en janvier 1952, au moment de la parution aux Editions de Minuit d’En attendant Godot : les vagabonds Vladimir et Estragon n’existent donc que par ce qu’ils disent et font, sans aucune certitude sur euxmêmes et sur l’existence de Godot, qu’ils s’obstinent à attendre jour après jour, perdus dans un monde décharné, un non-lieu où ils ne vont rencontrer que le monstrueux Pozzo et son esclave Lucky. Œuvre incontournable dans l’histoire du théâtre et de la création contemporaine, passage obligé pour quiconque veut penser le théâtre de l’absurde, Godot est une œuvre très souvent représentée, et sa scénographie est méticuleusement décrite par Beckett dans d’innombrables didascalies. Elle constitue donc un objet à la fois fascinant et risqué pour tout metteur en scène. Scénographie très resserrée C’est au tour de Laurent Vacher de se confronter cet automne à Beckett, d’abord au Poche de Genève, puis à Château Rouge à Annemasse. D’abord comédien, Vacher a créé en 1998 la Compagnie du Bredin, actuellement en résidence au Théâtre Ici & Là à Mancieulles. Après avoir réalisé diverses adaptations de textes et Les Contes de la mine en collaboration avec Philippe Malone et Ariane Gardel, il a récemment mis en scène Lost in Supermarket de Philippe Malone en collaboration avec le chorégraphe Farid Berki. a Dimension clownesque Dans cet espace restreint, les comédiens font entendre le texte, sa force, son originalité, de façon convaincante – que ce soit la célèbre tirade de Lucky, les interventions cinglantes de Pozzo ou les dialogues sans fin de Vladimir et Estragon. Toutefois, surtout dans l’acte II, le niveau sonore des dialogues devient par moments excessif : les comédiens crient alors leur texte plus qu’ils ne le disent (et sans que les didascalies ne l’imposent), la beauté et la précision du texte beckettien passant alors un peu au second plan. De manière similaire, Vacher a souhaité accentuer «En attendant Godot» © Christophe Raynaud de Lage la dimension clownesque de la Vacher place son approche de Godot sous le pièce (« La notion de “cirque“, de “cabaret“ signe d’un refus de tout « sentiment de pétrifica- porte mon choix vers des acteurs ayant une forte tion devant le texte ou l’auteur », et revendique présence, sachant mettre en valeur leur clown, un désir de « rendre compte de la langue dans sachant jouer, jongler avec les éléments donnés tout ce qu’elle a de précis et de vivant, de faire par le texte. Le rythme du burlesque se fait sur entendre le texte avec toute sa force, son origina- l’instant, entre eux et avec le spectateur. »), et si lité, son universalité, et son actualité ». Ce pro- ce partis-pris est souvent convaincant, il suscite gramme ambitieux se traduit par des partis-pris parfois une impression d’excès – gestuelle, souvent intéressants, même si pas toujours plei- costumes, expressions des visages. nement convaincants. Ainsi, Vacher privilégie une scénographie Un Godot captivant et singulier, donc, qui très resserrée autour des deux protagonistes. prend des risques et les assume, et qui mérite larVladimir et Estragon sont sans cesse rapprochés gement d’être découvert. l’un sur l’autre, positionnés l’un derrière l’autre, Laurent Darbellay passant au-dessus de tuyaux, se glissant derrière un bout de mur, comme s’ils devaient sans cesse lutter pour leur place sur scène. Là où certaines mises en scène insistent sur l’étendue désertique Château rouge Annemasse, du mercredi 12 au vendredi qui entoure les personnages, cette «Route à la 14 novembre. Renseignements et réservation : campagne, avec arbre» évoquée dans la première http://www.chateau-rouge.net/ ou (+33) 450 43 24 24. ligne du texte, Vacher choisit de donner une atmosphère beaucoup plus claustrophobique à la c t u a l i t é m u s i q u e pour s'épanouir : l'insurmontable dilemme du jazz… geneva camerata au bâtiment des forces motrices Jacky Terrasson Faire un sevrage de temps en temps est essentiel pour mieux revenir. Les frontières (musicales et autres)… Il est indispensable de voyager, de tout goûter. Aussi bien à l'aise en solo qu'en trio, en fortissimo qu'en pianissimo, le pianiste Jacky Terrasson ne cesse pas d'étonner. La variété de ses albums et la richesse de ses compositions doivent autant au jazz be-bop (Bud Powell, Monk) qu'à la musique classique (Ravel, Poulenc, Satie), voire à la chanson populaire (Aznavour). Aussi, la plupart des festivals internationaux le demandent. Le musicien répond aux questions de Scènes Magazine depuis quelque part entre Séoul et New York, avant d'atterrir à Genève le mardi 11 novembre pour un concert swinguant au Camerata (GECA). Gouache, la musique en couleurs et les correspondances synesthésies… Oui. La musique suffit-elle sans parole ? Oui, parce que chacun entend ce qui lui parle. Jouer seul ou à plusieurs ? Les deux. J'ai toujours pensé que l'expression jouer seul était curieusement choisie car on joue forcément à plusieurs. Deux compositions pour séduire l'être aimé. Je te veux de Satie et l'adagio du concerto en sol de Ravel par Michelangeli ou Duchable. Sur l’improvisation… A vos marques… Partez ! Le ciel est gris sur Genève. Mince alors ! Réponses transmises par écrit par Jacky Terrasson et recueillies par Frank Dayen Jacky Terrasson © Devin De Haven Non, ou alors juste pour ceux qui aiment. Votre définition du jazz. Une expression immédiate, la joie, la danse, l'envie, le désir de l'autre, l'offre. Le style Monk. La force, l'originalité, l'humour et le risque. La musique classique comme inspiration… Absolument. Les plus belles mélodies en sont issues. Le jazz, une nécessité ? Repriser ou se défaire des influences Bio express Naissance en 1965 à Berlin, d'une mère américaine et d'un père français. Commence le piano à 5 ans et étudie sa pratique au lycée. Rencontre avec Francis Paudras (biographe de Bud Powell). e n t Concert prestige de Jacky Terrasson Let's swing au Geneva Camerata, dans le Bâtiment des Forces motrices de Genève, le mardi 11 novembre à 20h00. Billetterie Fnac. www.genevacamerata.com r Remporte le concours Thelonious Monk lors de son séjour américain au Berklee College Of Music. Collaborations avec des voix prestigieuses comme Dee Dee Bridgewater, Cassandra Wilson, Dianne Reeves, Betty Carter, Jimmy Scott, Charles Aznavour, Ry Cooder, Ibrahim e t i e Maalouf… A ce jour, Blue Note Records a édité une dizaine de ses albums. En 2012, il sort l'album Gouache, avec Michel Portal et Stéphane Belmondo. n 37 m u s i q u e les musicales de compesières The Seven Year Itch Les Musicales de Compesières ont 7 ans d'existence. Le moment d’entrer dans un nouveau cycle que Claire Haugrel, la fondatrice et directrice artistique de la manifestation genevoise, a résolument placé sous le signe du renouveau. 38 Comme le dit Claire Haugrel, « sept ans, c'est l'âge de raison et, pour ne pas ronronner ou se démobiliser, il faut des idées nouvelles, des ouvertures nouvelles. C'est chose faite. Nouveau logo, nouvelle image, nouveau comité et des nouveaux concerts, un cycle de causeries et l'arrivée d'une formation orchestrale accueillie pour trois ans en résidence : La Camerata du Léman ». Reprenons dans le détail. Pour l’image, un visuel renouvelé met en valeur la poésie du bijou architectural qu’est le site de Compesières, avec son église jouxtant la Commanderie des Chevaliers de Malte. Quant au nouveau comité, il sera désormais présidé par Michel Favre, l’ancien Secrétaire général de la Commune de Plan Les Ouate. C’est évidemment le renouvellement de l’offre musicale qui frappe le plus. Si la formule de trois week-ends est maintenue, tout comme est maintenue la préoccupation d’offrir sur trois jours une place successivement aux jeunes solistes, aux solistes confirmés et à la musique d'oratorio, le principal changement tient à l’invitation pour une résidence de trois ans faite à une jeune formation orchestrale professionnelle, La Camerata du Léman. Existant depuis deux ans, La Camerata du Léman est une formation à géométrie variable, formée de 15 musiciens de base âgés de 20 à 30 ans, tous professionnels et juste sortis des Conservatoires Supérieurs lémaniques. Jouant debout, sans chef, la formation privilégie l’écoute mutuelle. C’est sur elle que le choix de Claire Haugrel s’est porté, convaincue qu’ « après de nombreux récitals ou de nombreux concerts en musique de chambre, l'élément susceptible d'apporter une réelle ouverture aux Musicales de Compesières et aux jeunes musiciens, serait une formation orchestrale ». L’orchestre de son côté trouvera un lieu d’accueil, un soutien financier, et l’occasion de se faire connaître. C’est ainsi que la nouvelle formule des Musicales se compose le vendredi soir, d’un concert de solistes (en récital ou accompagnés de la CdL), le samedi soir, d’un concert de la Camerata du Léman (avec ou sans soliste), le dimanche, de musique d’oratorio. Autre nouveauté, les dimanche à 11h. des concerts offerts permettront d’entendre la voix émouvante de la soprano Savika Cornu Zozor dont on n’oublie pas le très beau récital du 30 novemenbre 2013 au Victoria Hall avec l’Orchestre des Nations-Unies. L’occasion d’écouter également Marcelo Giannini, organiste titulaire du Temple de Carouge. Si l’on ajoute le Cycle de causeries sur la campagne genevoise en entrée libre à 15h., organisé par l’historien Dominique Zumkeller, suivi des concerts de 17h., pourquoi ne pas envisager de passer tout le dimanche à Compesières, compte tenu de l’accueil chaleureux des responsables des Musicales et des prix spéciaux pratiqués par l’Auberge de Compesières pour le public des Musicales ! Christian Bernard Programme et renseignements : www.dacapoch.com/musicalesdecompesieres Navettes gratuites depuis la Place neuve une heure avant les concerts. YVAN VAFFAN CENTRE CHORÉGRAPHIQUE NATIONAL DE GRENOBLE JEAN-CLAUDE GALLOTTA DANSE | EQUILIBRE VE 5 DÉC. 2014 Jean-Claude Gallotta fait partie de ces conteurs magiques et, trente ans après l’avoir créé, son Yvan Vaffan agit sur nous avec la même fougue et le même bonheur. WWW.EQUILIBRE-NUITHONIE.CH RÉSERVATIONS FRIBOURG TOURISME ET RÉGION 026 350 11 00 m u s i q u e portrait Ton Koopman Légende vivante de la musique baroque, Ton Koopman sera en concert à Genève le mardi 18 novembre au Victoria Hall, en compagnie de son Amsterdam Baroque Orchestra & Choir et d’un quatuor de solistes, pour une soirée Mozart donnée dans le cadre de la saison « Migros-Pour-cent culturel ». Trois œuvres sont à l’affiche : la Symphonie No 20 K.133, la Messe du Couronnement K. 317 et le Requiem K. 626. Même programme à St-Gall le 17, à Zurich le 19, ainsi qu’à La Chaux-de-Fonds le 20, à l’invitation de la Société de Musique. Né à Zwolle en 1944, claveciniste, organiste, chef d’orchestre et musicologue, Ton Koopman a marqué le monde musical de sa forte personnalité et par ses traductions de référence de l’œuvre de Bach et de Buxtehude. Elève de Gustav Leonhardt, le fondateur de l’école hollandaise de l’interprétation à l’ancienne, Ton Koopman reçoit de son maître les fondements mêmes de l’exécution et de l’ornementation baroques. Un héritage qu’il transmet à son tour à ses élèves de l’Université de Leiden, où il enseigne la musicologie, et du Conservatoire royal de La Haye, où il est professeur de clavecin. Membre honoraire de la Royal Academy of Music de Londres, Ton Koopman est aussi le directeur artistique du Festival Itinéraire Baroque en Périgord Vert, créé en 2002. Un festival où se produisent nombre de jeunes musiciens et ensembles de musique ancienne, qui bénéficient ainsi du soutien très actif de Koopman à la jeune génération. Vaste discographie Ton Koopman © Eddy Posthuma de Boer Amsterdam, Bach et le mystère de son génie C’est en 1969, à l’âge de 25 ans, que Ton Koopman fonde son premier orchestre baroque, Musica Antiqua Amsterdam. Dix ans plus tard, il crée sa formation actuelle, l’Amsterdam Baroque Orchestra, suivie, en 1992, de l’Amsterdam Baroque Choir, en vue de l’exécution et de l’enregistrement de l’intégrale des Cantates sacrées et profanes de J.S.Bach. Une vaste entreprise que Ton Koopman mènera à son terme en 2004. Au journaliste Thierry Hillériteau qui lui demande - le Figaro du 24.07.14 - quel regard il porte sur la jeune génération du renouveau a c t posait pas aujourd’hui encore, il n’écrirait pas un livre sur Buxtehude, l’un des mentors de Bach, pour tenter de percer le mystérieux génie de son élève. En 45 ans de carrière, Ton Koopman a été l’invité d’un grand nombre d’orchestres de par le monde, dont l’Orchestre de Chambre de Lausanne à plusieurs reprises. En 2011, il a été nommé pour trois ans Artiste en résidence du Cleveland Orchestra. Il a aussi joué sur les orgues les plus célèbres du continent et été chargé de l’édition complète des Concertos pour orgue de Haendel par la maison Breitkopf & Härtel, et pour Carus de l’édition du Messie de Haendel et du Das jüngste Gericht de Buxtehude. Pour ses 70 ans, il a dirigé cet été en Périgord Les Vêpres de Monteverdi, compositeur auquel il entend consacrer beaucoup de temps au cours des années à venir. u baroque, Ton Koopman répond : « Je ne crois pas qu’il puisse y avoir un renouveau baroque. L’héritage de Gustav Leonhardt ne s’arrêtera pas le jour où nous aurons redécouvert toutes les œuvres et tous les compositeurs oubliés des XVIIe et XVIIIe siècles. Il s’arrêtera le jour où l’on cessera de se demander « pourquoi ? » Avec Leonhardt, je passais mes journées à lui poser cette question. C’est ainsi que j’ai trouvé ma voie. » Et d’ajouter que cette question, il n’a pas cessé de se la poser, et que s’il ne se l’était pas posée, il n’aurait pas décidé, en 1995, d’enregistrer son intégrale des Cantates de Bach, alors que Leonhardt et Harnoncourt avaient fini la leur cinq ans auparavant. Et que s’il ne se la a l i t La discographie de Ton Koopman est immense. En 2003, il crée son propre label « Antoine Marchand », son nom en français, pour diffuser ses enregistrements, dont les 22 volumes des Cantates et Passions de Bach et les seize de Buxtehude. En plus de ces intégrales, Ton Koopman a aussi servi pour le disque bien d’autres compositeurs, comme Biber (Requiem et Vêpres), Charpentier (Leçons des Ténèbres), Purcell (The Fairy Queen), Telemann (Kammermusik), Haendel (concertos pour orgue, La Resurrezione, Le Messie), Haydn (plusieurs symphonies) et bien sûr Mozart (Requiem et symphonies). Ton Koopman a obtenu un grand nombre de distinctions internationales. Docteur Honoris Causa de l’Université d’Utrecht pour ses recherches scientifiques sur l’œuvre de Bach, il a aussi reçu en 2006 la prestigieuse médaille Bach de la ville de Leipzig et deux ans plus tard, le BBC Award pour ses enregistrements des Cantates du Cantor. Yves Allaz 18 novembre : Migros-pour-cent-culturel-classics. Amsterdam Baroque Orchestra & Choir, dir. Ton Koopman, Johannette Zomer, soprano, Bogna Bartosz, contralto, Jörg Dürmüller, ténor, Klaus Mertens, basse (Mozart). Victoria Hall à 20h (loc. SCM 022/319.61.11) é 39 m u s i q u e à considérer la musique comme un être vivant même si les portées ont un siècle, ou plus, d'âge - témoignent, au-delà d'un soin académique à animer les seize cordes, d'une très grande liberté, comme dégagée de tout port d'attache. Aujourd'hui les artistes poursuivent une carrière internationale qui les amène à fréquenter les scènes du monde entier. Leur identité est devenue cosmopolite; ce sont d'authentiques citoyens du monde. le quatuor de jérusalem à genève et vevey Précision et liberté Des musiciens de l'ex-URSS qui ont passé par Israël, associés à un Américain, pour de la musique austro-allemande dans une ville suisse, l'affiche est pour le moins cosmopolite ! 40 En 1993 trois jeunes immigrés venus de l'ancienne Union Soviétique se sont rencontrés sur les bancs de l’Académie Rubin de Jérusalem. Cet important conservatoire de l'Etat d’Israël, est - et a été - un point de passage pour beaucoup de solistes venus d'ex-URSS et désireux d’aller se perfectionner à la Juilliard School de New York. Le premier violon Alexander Pavlovsky natif de Kiev, le second violon Sergei Bresler originaire de Kharkov, et le violoniste Kyril Zlotnikov de Minsk, n’ont pas eu à se rendre aux USA pour faire partie des grands. Repérés par leur directeur dans l’Orchestre du Conservatoire de Jérusalem, ville natale d’Amihai Grosz (alto), les étudiants ont été confiés à un excellent pédagogue: le violoniste d’origine roumaine Avi Abramovitch, qui les a initiés à la technique et au répertoire du quatuor. Il va ensuite les encourager à fonder leur propre formation, pendant la saison 1993 - 1994. radio britannique leur apporte son soutien. Ces chambristes deviennent “BBC Generation Artists“. Des mécénats privés prennent le relai et en 2003, les musiciens obtiennent un prix prestigieux : le “Borletti Buitoni Tust Award“. 2010, c'est l'arrivée de l'Américain Ori Kam, venu remplacer Amihai Grosz : une nou- Réputation velle recrue parfaite, sachant s'intégrer sans se fondre. L'ensemble gagne une couleur nouvelle, qui ne trahit pas les anciennes valeurs. Pour ces interprètes, les auditeurs doivent sentir que chaque musicien est “naturellement“ en symbiose avec les autres. « Nous nous mettons toujours préalablement d'accord sur ce qui nous paraît essentiel et nous y consacrons beaucoup de temps. Une fois le dénominateur commun trouvé, ce que l'autre imagine, loin de nous contrarier, n'est plus un problème. Sa créativité peut s'exprimer. » Dans leur art, ces concertistes s'attachent à trouver un équilibre : « Si l'on fait ressortir trop de détails, l'auditeur est perdu, si nous nous attachons à la structure d'ensemble, cela devient ennuyeux ». Toutes ces préoccupations - qui consistent Le succès n'attend pas, ni en Israël ni à l'étranger : après un premier prix de musique de chambre à l’Académie de Jérusalem en 1996, ces interprètes au jeu transparent, lumineux, élégant et déjà... très mature, remportent, l'année suivante, deux prix au Concours international Schubert de Graz, pour leurs interprétations de Kurtág et Bartók. Leur succès, ils l'expliquent par un souci du détail et de la cohérence: « La profondeur d'une interprétation, ce n'est pas la même chose de la ressentir ou de la comprendre. Mais il faut, par exemple, qu'un crescendo apparaisse nécessaire au public, et qu'inévitablement il débouche sur une tension et une excitation. » Leur point de référence se déplace à Londres de 1999 à 2001, puisque la a A Genève et Vevey Dans le programme genevois, figureront les Lettres intimes de Janacek. L'ouvrage est pour le moins tourmenté, car il évoque la correspondance amoureuse - pas moins de 750 lettres ! - du compositeur avec Kamila Stöslova, une femme mariée plus jeune que lui. Dans le Quatuor Jérusalem c t u a mouvement lent, Janácek imagine ce qui se passerait entre eux, s’ils étaient un jour réunis... Les artistes auront donc largement l'opportunité d'offrir à leur public toute la palette de leur potentiel artistique ! Pierre Jaquet BEETHOVEN: Quatuor Op.18 no. 4- JANACEK: Quatuor No.2 «Lettres intimes» - BEETHOVEN: Quatuor Op.18 n° 5 Disques chez Harmonia Mundi - Conservatoire de musique de Genève, lundi 1er décembre 2014 à 20h 00 - Salle del Castillo de Vevey, le mardi 2 décembre l i t é m u s i q u e en novembre Agenda genevois Le Grand Théâtre de Genève continue avec son automne russe : après Eugène Oneguin en octobre, c’est Casse-Noisette qui sera à l’affiche du 13 au 21 novembre. L’Orchestre de la Suisse Romande sera dirigé par Philippe Béran, tandis que la chorégraphie est à charge de Jeroen Verbruggen. Les amateurs lyriques ne manqueront pas par ailleurs I Capuleti e i Montecchi de Bellini en une unique version concert donnée le 30 novembre, dans une copruduction avec le Festspielhaus de Baden-Baden. Le Deutsche Radio Philharmonie Saarbrücken-Kaiserslautern sera dirigé par Karel Mark Chichon : Elina Garanca sera Romeo et Aleksandra Kurzak Juliette. Côté symphonique, relevons le concert du 5 novembre organisé par les Amis de l’OSR : le Concerto pour violon et orchestre de Beethoven et la Symphonie No 1 de Brahms seront exécutés au Victoria Hall par le violoniste Sergey Khachatryan, sous la baguette d’Eliahu Inbal. La formation retrouvera son directeur artistique Neeme Järvi le 26 novembre, accompagné pour l’occasion par la mezzo-soprano Lilli Paasikivi. Au programme : Lieder d’Alma Mahler, Symphonie N° 85 en si bémol majeur, dite "La Reine de France" de Haydn et la Sinfonia Domestica de Richard Strauss. Ces deux dernières œuvres seront aussi jouées le 28 novembre, toujours au Victoria Hall, où le chef estonien sera cette fois accompagné par le clarinettiste Martin Fröst, qui interprétera le Concerto pour clarinette et orchestre N° 1 de Carl Maria von Weber. Evoquons aussi le Concert du dimanche de la Ville qui accueille, le 2 novembre au Vitoria Hall, l’Ensemble Cantatio et des solistes pour une interprétation de l’oratoria Theodora de Haendel, une œuvre rare au concert. L’Orchestre de Chambre de Genève donne quant à lui de nombreux rendez-vous au mois de novembre : le dimanche 16 novembre au Victoria a c t u Hall pour entendre l’oratorio Paulus de Mendelssohn, dirigé par Natacha Casagrande ; le dimanche 23 novembre à l’Église Sainte-Croix de Carouge pour écouter notamment des sérénades de Mozart et Dvorák, avec l’Orchestre des Pays de Savoie ; enfin le lendemain au Bâtiment des Forces Motrices, pour une soirée « tragédie » où le ténor Donald Litaker chantera du Britten tandis que le chef Joji Hattori dirigera notamment la Symphonie No 4 de Schubert. Sabine Meyer © Thomas Rabsch EMI Classics La venue de Yuri Termikanov avec l’Orchestre Philharmonique de SaintPétersbourg, le 17 novembre au Victoria Hall, est incontournable. Accompagné par le pianiste Nikolaï Lugansky, les deux Russes interpréteront le Concerto pour piano No 3 de Rachmaninov et la Symphonie No 6 de Tchaïkovski. L’ Amsterdam Baroque Orchestra & Choir viendra au VH le 18 novembre dans le cadre des concerts Migros-pour-cent-culturel, avec à sa tête Ton Koopman, pour une soirée mozartienne, où résonneront notamment son Requiem en ré mineur et la Messe du Couronnement. Le compositeur salzbourgeois sera aussi à l’honneur du a l i t concert de Gala de l’ONU qui se tiendra le 8 novembre, puisqu’Antoine Marguier y dirigera La Grande Messe en ut majeur et le Concerto pour piano No 23 (avec Audrey Vigoureux au piano). Notons encore le concert de l’Orchestre Symphonique Genevois le 9 novembre toujours dans la même salle : avec Gleb Skvortsov au pupitre, la pianiste Irina Chkourindina jouera le premier concerto de Chopin, avant que ne résonne la Symphonie No 2 de Brahms. Enfin, le Geneva Camerata donne rendezvous le 11 novembre au BFM pour une soirée swing dirigée par David Greilsammer, qui propose de revisiter notamment avec le pianiste Jacky Terrasson le Concerto pour piano No 4. ; puis il sera le 18 novembre au Musée d’art et d’histoire pour une soirée « Rencontres du Troisième Type » avec les solistes de l’orches-tre et le Ballet Junior de Genève Les mélomanes devront choisir le 9 novembre entre un concert « flegmatique » proposé par l’Ensemble Contrechamps au Mamco et l’Ensemble de musique de chambre de l’OSR, qui les attendra avec plusieurs œuvres de Richard Strauss arrangées au BFM. Les chambristes se retrouveront au Conservatoire de Musique de Genève pour deux rendez-vous prestigieux dans le cadre des concerts Caecilia : en effet, le Trio Guarneri de Prague interprétera le 7 novembre des œuvres de Beethoven, Bloche et Brahms, tandis que le Quatuor Modigliani, renforcé par d’autres musiciens, dont Sabine Meyer à la clarinette, promet de jouer le 15 novembre le Quintette avec clarinette et cordes en la majeur de Mozart et un Octuor de Schubert. Quant aux passionnés de musique contemporaine, Contrechamps leur donne rendez-vous le 18 novembre au Studio ErnestAnsermet pour découvrir des nouveaux « lieux sonores » de l’automne. Signalons avec un peu d’avance la présente, le 1er décembre, au Conservatoire de Genève, du Quatuor de Jérusalem qui propose de nous faire écouter les Quatuors N° 4 en ut mineur, op. 18 N° 4 et N° 5 en la majeur, op. 18 N° 5 de Beethoven, et le Quatuor à cordes N° 2 «Lettres intimes» de Leoš Janácek. Martina Diaz é 41 m u s i q u e scènes de novembre Agenda romand Si la création du Petit Prince de Levinas et le 17e Festival Bach de Lausanne apparaissent comme les manifestations musicales majeures du mois, l’actualité musicale de novembre s’avère aussi fort riche et variée dans les principales villes de Suisse romande, à La Chaux-de-Fonds comme à Bienne, à Neuchâtel comme à Fribourg. 42 A Lausanne, à l’Opéra, du 5 au 12, Le Petit Prince, de Michaël Levinas, est une commande des Opéras de Lausanne et de Lille, avec Jeanne Crousaud dans le rôle-titre, une mise en scène de Lilo Baur, avec l’Orchestre de Chambre de Genève, sous la direction musicale d’Arie van Beek. Le 14, l’Ensemble Vocal de Lausanne, son Ensemble Instrumental et des solistes, donneront, sous la conduite de Michel Corboz, à l’occasion de son 80e anniversaire, la Passion selon Saint Jean, BWV 245, de J.S. Bach. Le 16, l’Orchestre de la HEMU jouera, sous la conduite d’Hervé Klopfenstein, la Symphonie No 12 « L’année 1917 » de Dmitri Chostakovitch. Les 17 et 18, Olga Peretyatko chantera des airs de Mozart lors du 3e concert d’abonnement de l’Orchestre de Chambre de Lausanne, qui, dirigé par Jaime Martin, interprétera aussi la Sérénade No 1 de Brahms. Le 30, l’OCL et M a r c e l o Lehninger accompagneront le trompettiste Nicolas Bernard dans le Concerto No 3 de J.W. Lilli Paasikivi © Rami Lappalainen and Unelmastudio Oy Ltd Hertel, encadré par les Symphonies No 88 de Haydn et « Haffner » de Mozart. Le 26, au BCV Concert Hall, l’OCL conduit par Daniel Cohen, jouera Ma Mère l’Oye de Ravel, avec lecture des contes de Perrault. Le 17e Festival Bach déroulera ses fastes jusqu’au 29 novembre, à l’Opéra le 16 (Max Emanuel Cencic et Il Pomo d’Oro), à l’Eglise de Villamont le 2 (œuvres pour luth), à l’Eglise StFrançois le 7 (Collegium Musicum de a Lausanne), le 23 (Les Talens Lyriques et le Chœur du Palau de la Musica de Barcelone pour l’Oratorio de Noël de Bach) et le 28 (Kei Koito à l’orgue), à l’Eglise St-Laurent le 21 (Il Canto di Orfeo dans des œuvres de Carissimi). Programme détaillé sur : www.festivalbach.ch A Beaulieu, le 6, 3e concert d’abonnement de l’Orchestre de la Suisse Romande, sous la direction d’Eliahu Inbal, avec Sergey Khachatryan en soliste. Au programme : le Concerto pour violon de Beethoven et la Symphonie No 1 de Brahms. Le 27, 4e concert de l’OSR, sous la conduite de Neeme Järvi, avec Lilli Paasikivi, mezzo-soprano. Au programme : la Symphonie No 85 « La Reine » de Haydn, des Lieder d’Alma Mahler orchestrés par Jorma Panula et la Sinfonia Domestica de Richard Strauss. Du 25 au 28, représentations des trois grands ballets de Tchaïkovski par le Ballet Classique de St.Petersbourg, avec orchestre. La Belle au Bois dormant le 25, Casse-Noisette le 26, Le Lac des Cygnes le 28. A la Cathédrale, les 19 et 20, l’Ensemble Vocal Horizons, les Chœurs Résonances et L’Alouette, des solistes et l’Orchestre Amabilis se produiront dans le Requiem de Verdi, sous la conduite de Ferran Gili-Millera. Le 24 à la HEMU, concert-portrait de Klaus Huber, pour son 90e anniversaire, présentation de Philippe Albèra, avec l’Ensemble Contemporain de la HEMU conduit par William Blank. A l’Octogone de Pully, le 4, concert Pour l’Art par le Cuarteto Casals de Barcelone, dans des quatuors de Schubert, de Chostakovitch et de Ravel. A Lutry, au Temple, pour la 56e saison des Concerts Bach, le 2, œuvres de Haendel et de Bach, par les Voix de Lausanne (dir. Dominique Tille) et l’Orchestre des Jeunes de Fribourg (dir. Theophanis Kapsopoulos), ainsi que le 23, pages de Bach et de Schubert en « Hommage à Tibor Varga », par l’Ensemble à cordes Gyula Stuller. A la Salle MPJ, le 21, « Regards sur la Pologne », avec des œuvres de Chopin, Bacewic et Lutoslawski. c t u a A Vevey, à la Salle del Castillo, deux concerts d’Arts et Lettres, le 13, par le Quatuor Sine Nomine et la harpiste Marie-Pierre Langlamet (Debussy et d’André Caplet) et le 19, par Veronika Eberle, violon, Sebastian Manz, clarinette, et Herbert Schuch, piano (Milhaud, Brahms, Schumann, Bartok). Au Théâtre, le 16, Viva la Mamma de Donizetti, par l’Opéra de Bienne, sous la direction de Franco Trinca. A Montreux, à l’Auditorium Stravinski, le 1er novembre, musiques de films de John Williams, par l’Orchestre du XXIe siècle de Lucerne conduit par Ludwig Wicki. Au Châtelard, le 2, « La mystérieuse Albion », œuvres de William Babell (1690-1723), par l’Ensemble Arabesque. A Moudon, au Temple, le 30, le Requiem de Verdi, sous la direction de Ferran Gili-Millera. A Rolle, au Rosey Concert Hall, le 18, l’Orchestre Philharmonique de Saint-Petersbourg se produira, sous la conduite de Yuri Temirkanov, dans le Concerto pour piano de Grieg avec Nicolai Luganski en soliste, et une Suite du Lac des Cygnes de Tchaïkovski, arrangée par Temirkanov. A l’Abbaye de Bonmont, le 30, l’Ensemble Courou de Berra exécutera des Noëls populaires et des Chants sacrés des Alpes du Sud, sous la direction de Michel Bianco. A Yverdon, au Temple, le 7, l’Orchestre d’Yverdon-les-Bains jouera des œuvres de Mozart, en compagnie du pianiste Christian Chamorel, sous la conduite de son chef Christian Delafontaine. A Martigny, à la Fondation Gianadda, le 9, Le Messie de Haendel, par le Chœur Novantiqua, le Moment Baroque et des solistes, sera donné sous la conduite de Bernard Héritier, et le 19, l’OCL, sous la baguette de Jaime Martin, jouera le Concerto pour clarinette de Mozart, avec Paul Meyer, ainsi que la Sérénade No 1 de Brahms. A Sion, à la Fondation de Wolff, le 7, concert de l’Ensemble D-Cadences et le 21, récital de la harpiste Valentina Hrobat. Le 14, au Théâtre de Valère, récitals dans le cadre des Journées Internationales de la guitare. A Sierre, à l’Eglise Ste-Catherine, le 16, l’Ensemble vocal Sierrénade, l’Orchestre de chambre Concertino et des solistes interpréteront la Messe en si mineur de J.S. Bach. A Neuchâtel, au Temple du Bas, le 9, la Sérénade (1953) de Samuel Ducommun - né il y a 100 ans - , le Concerto pour violon de Frank Martin, avec Félix Froschhammer en soliste, et la Symphonie « Ecossaise » de Mendelssohn, figurent au programme du concert de l’Ensemble l i t é m u s i q u e Symphonique de Neuchâtel, que dirige Alexander Mayer. Le 22, Renaud Bouvier conduira le Chœur Cantabile, des solistes et l’ESN dans Ein deutsches Requiem de Brahms. Le 23, le Quatuor Terpsycordes jouera Schubert, Webern et Ravel. A La Chaux-de-Fonds, à la Salle de Musique, le 9, récital du pianiste Alexandre Tharaud, dans des œuvres de Mozart, de Schubert et de Beethoven (Sonate op.110) et le 23, Ein deutsches Requiem de Brahms, par les mêmes interprètes que la veille à Neuchâtel. Le 20, au Palais des sports, l’Amsterdam Baroque Orchestra & Choir de Ton Koopman et un quatuor de solistes interpréteront, de Mozart, la Symphonie No 20 K.133, la Messe dite « du Couronnement » et le Requiem K.626. A Bienne, au Stadttheater, les 2, 14 et 26, Rusalka de Dvorak, dans une version de chambre de Marian Lejava, avec la soprano Brigitte Hool dans le rôle-titre, et le 12, 21 et 25, Viva la Mamma de Donizetti. Au Palais des Congrès, le 19, l’Orchestre Symphonique Bienne Soleure, conduit par Brian Schembri, interprétera la musique de scène d’Egmont, la Chorfantasie op.80 et la 8e Symphonie de Beethoven. A Porrentruy, le 8, à l’Eglise des Jésuites, œuvres de Marini, Telemann et Bach, par Stéphanie Erös, violon baroque, Sarah Van Cornewal, flûte, et Philippe Despont, orgue et clavecin. A St-Ursanne, les 29 et 30, à la Collégiale, présentation du Theatrum Musicum, recueil de musique sacrée de Samuel Capricornus (1628-1665), par l’Ensemble baroque Eloquence. A Fribourg, à l’Equilibre, le 4, Muhai Tang conduira la Philharmonie de Belgrade dans Schéhérazade de Rimski-Korsakov et le Concerto No 1 de Chopin, avec le pianiste Ingolf Wunder en soliste, et le 26, Philippe Béran sera à la tête de l’Orchestre de Chambre de Genève pour jouer la musique du Cirque (1928) de Chaplin, avec projection du film. Le 20, concertspectacle de l’Ensemble Art-en-ciel, avec Isabelle Meyer au violon et à la direction , dans « Les Huit Saisons » de Vivaldi et Piazzolla. A l’Aula Magna, le 16, récital du pianiste Joseph Moog. A l’Eglise St-Michel, les 8 et 9, CantaSense, des solistes et l’Orchestre de Chambre fribourgeois placés sous la direction de Bernhard Pfammater, présenteront Die letzten Dinge, un oratorio de Ludwig Spohr. Du 20 au 23, au Forum Fribourg, création de Pontéo, une fresque musicale et chorale de Pierre Huwiler. Yves Allaz a c t u fondation gianadda, martigny Saison musicale Après avoir accueilli tour à tour durant l’été l’Opéra de Lausanne dans Phi-Phi de Christiné, un concert de l’Académie Tibor Varga de Sion ainsi que l’Orchestre du Festival d’Ernen, la Fondation Gianadda propose une saison de dix concerts à l’abonnement de septembre 2014 à fin mai 2015, plus une soirée hors abonnement en décembre, avec Cécilia Bartoli et I Barocchisti conduits par Diego Fasolis. Cette nouvelle saison s’est ouverte en septembre avec le premier des deux concerts donnés dans le cadre du 200e anniversaire de l’amitié Suisse-Russie. Grand concert choral le dimanche 9 novembre, avec le Chœur Novantiqua de Sion, des solistes et le Moment Baroque, sous la conduite de Bernard Héritier, pour Le Messie de Haendel. Rappelons que Le Moment Baroque, fondé en 2003 à La Chaux-de-Fonds, a pour vocation première l’accompagnement de chœurs sur instruments historiques. Toujours en novembre, le mercredi 19, l’Orchestre de Chambre de Lausanne, dirigé par le chef espagnol Jaime Martin, interprétera la Sérénade No 1 de Brahms, après avoir accompagné Paul Meyer dans le Concerto pour clarinette K. 622, de Mozart. Après le « Concert du Souvenir » du lundi 8 décembre, consacré à de la musique spirituelle, par Cécilia Bartoli, Diego Fasolis et I Barocchisti, la saison d’abonnement reprendra en janvier 2015 avec un récital du brillant pianiste valaisan Olivier Cavé, qui proposera un programme très éclectique d’œuvres de Mozart, de Scarlatti, de Chopin, de Clementi et de Schubert (Wanderer-Fantasie), à l’enseigne de « Rétros-pective, 30 ans de musique à la Fondation ». Ancien élève de Nelson Goerner, de Maria Tipo et d’Aldo Ciccolini, Olivier Cavé s’est fait connaître par de superbes enregistrements de sonates de Muzio Clementi et de Domenico Scarlatti, et a été salué par la presse comme « une révélation du 33e Festival de La Roque d’Anthéron », en été 2013. Le mercredi 11 février, la violoncelliste Sol Gabetta se joindra au pianiste Bertrand Chamayou, pour l’exécution de sonates de Beethoven et de Mendelssohn, ainsi que de deux grandes pages de Chopin : le Grand Duo Concertant op. 12 et la Sonate op. 65. Des extraits de l’Art de la Fugue de Bach et le monumental Quatuor No 15, op.132, de Beethoven seront au programme de l’Emerson a l i t String Quartet, le dimanche 8 mars. Deux lauréats du Concours Géza Anda sont à l’affiche du récital du jeudi 16 avril. Il s’agit de l’Italien Filippo Gamba, 1er Prix Anda en 2000, et de l’Autrichien Christoph Berner, Prix Schumann du Concours Anda 2003. Ces deux artistes joueront des œuvres de Schubert et de Schumann, pour piano et piano à 4 mains. Au piano et à la direction du Kammerorchesterbasel, le samedi 9 mai, Christian Zacharias proposera un programme romantique d’œuvres de Mendelssohn (Ouverture des « Hébrides ») et de Schumann (Symphonie No 2) encadrant le Concerto pour piano No 3, op. 37, de Beethoven. Enfin, le vendredi 29 mai 2015, le Kansai Olivier Cavé, photo Aline Kundig Philharmonic Orchestra (Osaka) et Augustin Dumay, violoniste et chef de la formation nippone depuis 2011, interpréteront l’ Ouverture de Rouslan et Ludmila de Glinka, le Poème de Chausson, Tzigane de Ravel et la Quatrième Symphonie de Brahms. Tous les concerts sont à 20h, sauf pour le lundi 8 décembre et le dimanche 18 janvier à 17 h. Yves Allaz Réservations : tél. +41 27 722 39 78 [email protected] é 43 m u s i q u e écrit pour sa voix. Le 24 novembre à Genève, dans le cadre d'un concert donné par l'Orchestre de chambre de Genève, il interprétera le Nocturne pour ténor, sept instruments obligés et ensemble de cordes de Britten... donald litaker à l'ocg Un ténor aux talents multiples Étonnantes capacités Comme presque tous les artistes formés aux Etats-Unis, le ténor américain Donald Litaker aborde tous les genres avec un égal bonheur car il ne semble pas connaître de vraies limites. 44 Après avoir bénéficié de l'enseignement de Daniel Ferro à la Juilliard School, New York, il s'est rendu à l'Accademia Chigiana de Sienne pour y parfaire sa formation. Ensuite, comme beaucoup de chanteurs américains, il a décidé de rester en Europe où les possibilités de se produire sont plus nombreuses qu'aux Etats-Unis, ne serait-ce qu'en Allemagne qui compte plus d'une huitantaine de théâtres affichant des ouvrages lyriques sur un rythme bi- ou trihebdomadaire. Ses première armes, il les fait au théâtre de Bonn où, à la vue de ses déconcertants moyens vocaux, on lui confie immédiatement des rôles très lourds du répertoire germanique alors que, parallèlement, par souci de conserver sa souplesse et son éclat à son timbre exceptionnel, il tient à mettre progressivement à son répertoire tous les grands rôles de ténor mozartiens. vous, comme l'attestent les nombreuses coupures de presse éparpillées dans les journaux spécialisés... Du côté de la salle de concert, son activité n'est pas moins intense. De Mendelssohn à Berio, de Haydn à Mahler, de Bach à SaintSaëns, il a à peu près chanté tout ce qui a été S'il fallait tenter de définir la voix de ce chanteur hors normes, il faudrait presque accoler des termes qui pourraient sembler contradictoires. A l'éclat velouté d'un timbre parfaitement à l'aise dans l'idiome mozartien, il allie une robustesse qui lui permet d'entonner avec aisance et vaillance les la et si aigus chers aux ténors de l'école germanique ou de couronner avec désinvolture d'un contre-ut claironnant les strettes d'un ouvrage lyrique italien sans jamais donner l'impression de devoir forcer sa nature. Dans le registre différent de la musique spirituelle ou symphonique, comme celui du soliste du Requiem de Berlioz, de la Huitième Symphonie de Mahler ou encore dans Jeanne d'Arc au Bûcher de Honegger, c'est un suraigu vertigineux qu'il est alors capable de mettre au service de l'expression dramatique de la musique sans sacrifier la beauté du profil vocal de tels emplois. Encore peu connu en Suisse romande malgré un bref passage à Lausanne pour Le Chant de la terre de Mahler, cet artiste mérite amplement que l'on signale d'une pierre rouge dans son agenda la date de son concert au bout du lac... Eric Pousaz Lundi 24 novembre 2014, 20h, Bâtiment des Forces Motrices : Concert de l'Orchestre de chambre de Genève placé sous la direction de Joji Hattori intitulé "Tragédie". Au programme, la Valse triste de Jean Sibelius, le Nocturne Op. 60 de Britten et la Symphonie en do mineur no 4 dite "Tragique" de Schubert. Aisance Aujourd'hui, qu'il chante Mozart, Verdi, Britten ou Wagner, sa voix reste brillante, robuste et claire sur tout le registre. Elle se coule ainsi avec bonheur dans tous les styles; Verdi, Cherubini, Gluck, Weber, Rossini, Enesco ou Britten n'ont pas de grands secrets pour lui : il semble même presque impossible de trouver un type d'écriture lyrique auquel il ne se soit pas encore frotté. Et chaque fois, le succès est au rendez- Location : 022 / 807.17.90 [email protected] ou www.ticketportal.com Donald Litaker a c t u a l i t é m u s i q u e lucerne festival Diversité Certes, le Lucerne Festival accueille les plus grands orchestres d’Europe et d’outre-mer mais le Lucerne Festival Academy Orchestra, une phalange consacrée à la musique d’aujourd’hui et formée de jeunes musiciens du monde entier triés sur le volet, se montre digne des autres formations. Wolfgang Rihm, la soixantaine, est considéré comme l’un des plus grands compositeurs de notre époque. Né à Karlsruhe en Allemagne, où il vit toujours, il a été entre autres un élève de Karlheinz Stockhausen. Le Lucerne Festival lui a commandé une œuvre qui a été interprétée par Stefan Dohr, cor solo des Berliner Philharmoniker, accompagné du Mahler Chamber Orchestra. À la baguette, Daniel Harding. Une des caractéristiques du style de Rihm est le chant. De fait il a beaucoup composé pour la voix. Son Concerto pour cor s’en ressent. Au début, l’orchestre est un doux tapis pour le cor, puis il s’emballe, couvrant l’instrument solo. Ce dernier dialogue aussi avec les autres cuivres. Il y a une ambiance comme dans une rue où les voitures klaxonnent. Vers la fin, Stefan Dohr exécute de manière impressionnante un solo très exigeant dans les tons bas. Le Lucerne Festival et la Commission Roche ont commandé une œuvre à Unsuk Chin, invitée en tant que composer in residence. Fille de pasteur, la compositrice coréenne a fait ses premières armes avec György Ligeti. Elle collabore également avec l’Ensemble intercontemporain à Paris. Le Silence des sirènes, inspiré de Homer et James Joyce, a été interprété par le Lucerne Festival Academy Orchestra avec à sa tête Simon Rattle. Soliste : la soprano canadienne Barbara Hannigan. Disons-le tout de suite, ce fut un événement. Hannigan a été époustouflante. La pièce est composée de fragments très différents, comiques ou tragiques, qui se succèdent. Intéressant le traitement de la voix: soit elle est pleine, mélodieuse, allant des basses aux aigus, soit elle est saccadée ou faible, ne consistant qu’en chuchotements. Il y a même un passage lors duquel la soprano ne fait qu’articuler les mots, sans qu’un son ne sorte de sa bouche. Enjouée ou effrayante, échevelée et jouant habilement de ses bras et de son châle, Barbara Hannigan avait l’air d’une déesse de la mythologie. Autre composer in residence, Johannnes Maria Staud a aussi composé une œuvre commandée par le Lucerne Festival. On connaît le compositeur autrichien grâce au Concerto pour violoncelle qu’il a dédié à JeanGuilhem Queyras; cette fois il proposait une pièce pour violon, percussions et cordes, interprétée par la soliste américaine née au Japon, Midori, accompagnée par l’Orchestre symphonique de Lucerne. À la baguette, James Gaffigan. L’œuvre est finement ciselée du début consistant en un long moment de pizzicati à la fin signifiée par le triangle. Le violon, mélodique, est comme suspendu dans l’espace. Il a un son pur, sans vibrato. Il y a de nombreux passages pour violon seul, parfois légers, parfois virtuoses. (Remarquables percussionnistes: Jenny, Erwin Bucher et Michael Erni.) Le Lucerne Festival Academy Orchestra a aussi interprété une œuvre de Staud, Zimt, composée après la lecture de Die Zimtläden de l’écrivain juif polonais Bruno Schulz. Il y décrit l’atmosphère mystérieuse de l’enfance. Zimt est formé de deux parties qui s’articulent en six miniatures. La première partie, douce dans les violons, avec deux harpes et de légères percussions, rappelle une autre œuvre de l’enfance: Les Contes de ma mère l’Oye de Ravel. La a c t u a l Simon Rattle dirige le Lucerne Festival Academy Orchestra, avec en soliste Barbara Hannigan, dans «Le Silence des sirènes» © Lucerne Festival / Priska Ketterer deuxième partie est plus contrastée avec des fortissimi à grand renfort des cuivres et des timbales. L’orchestre dirigé par Matthias Pintscher était époustouflant. Jörg Widmann a été composer in residence du Lucerne Festival en 2009. Clarinettiste de son état, il privilégie les bois. Ainsi il a composé pour le Cleveland Orchestra une pièce pour flûte et «groupes» d’orchestre intitulée Flûte en suite (2011). La caractéristique du compositeur allemand consiste dans le fait qu’il se voit dans la suite de l’histoire de la musique. Dans Flûte en suite il évoque la musique baroque et plus particulièrement Bach. L’œuvre est constituée de huit parties relativement brèves, portant des noms évocateurs comme Allemande, Sarabande, courante. Chaque partie commence par une flûte très douce, qui donne l’impulsion à un groupe d’orchestre que ce soit les bois, les cuivres, les cordes ou les harpes et le clavecin. La musique de Bach est suggérée dans toute la pièce mais à la fin, elle cite ouvertement et avec humour le concerto pour flûte de Bach avant de le détourner. Le flûtiste solo du Cleveland Orchestra (un des «big five») pour qui Widmann a expressément composé Flûte en suite a été ovationné. À la baguette il y avait Franz-Welser Möst. Lucerne Festival “au piano“ Les plus grands pianistes du monde viennent au Festival “au piano“ qui a de plus en plus d’importance au niveau international. Ils joueront dans la superbe salle de concert du KKL créée par Jean Nouvel, du 22 au 30 novembre 2014. C’est Maurizio Pollini qui ouvrira le Festival le samedi 22, avec un programme surprise. Le lendemain dimanche, le Français Pierre-Laurent Aimard interprétera le Clavier bien tempéré de Bach. Il y aura deux concerts avec orchestre consacrés aux concertos de Beethoven. Le lundi 24 on pourra entendre les concertos 2, 3 et 4, le mercredi 26 les concertos 1 et 5. Le pianiste norvégien Leif Ove Andsnes dirigera en jouant le Mahler Chamber Orchestra. Le récital très attendu d’Evgeny Kissin aura lieu le jeudi 27 novembre. Il jouera un éventail de pièces allant de Beethoven à Prokofiev en passant par Chopin et Liszt. Le vendredi 28, le pianiste britannique Paul Lewis, un élève d’Alfred Brendel, interprétera trois sonates de Beethoven. Un autre élève de Brendel, Martin Helmchen, donnera un récital consacré aux variations, avec des œuvres de Mozart, Beethoven, Schubert et Webern. C’est le pianiste canadien Marc-André Hamelin qui clôturera le Festival. Ce virtuose interprétera ses propres Variations on a theme of Paganini, mais aussi une sonate de Haydn, et des pièces de Liszt et Debussy. A la Lukaskirche, proche du KKL, auront lieu à midi trois récitals de jeunes pianistes qui ont déjà fait leurs preuves: le Letton Vestard Shimkus (le 26 novembre), l’Italienne Sophie Pacini (le 27 novembre) et le Britannique Benjamin Grosvenor (le 28 novembre). Emmanuèle Rüegger Plus de détails sur : www.lucernefestival.ch/de/festivals/festival_am_piano_2014/ i t é 45 m u s i q u e 69e concours de genève Flûte et piano Désormais organisée en alternance avec un concours de composition, l'édition 2014 du Prix International d'interprétation accueillera pianistes et flûtistes du 16 novembre au 5 décembre. 46 La première édition de ce concours s'étant déroulée en 1939, il s'agira donc en principe de la 75e édition, mais le second conflit mondial avait bien sûr eu pour conséquence que la manifestation n'avait concerné que des instrumentistes installé dans le pays, on parlera donc du 69e Concours de Genève, Prix international d'interprétation. Cet anniversaire sera tout naturellement célébré, tout d'abord par une fête qui aura lieu le dimanche 16 novembre (Genev'Art Space à 18h), et également par la parution d'un ouvrage retraçant l'histoire du Concours, (Une Certaine idée de la musique. Le Concours de Genève 1939.2014 par Marie DuchêneThégarid, Ed. Slatkine) et par l'édition d'un coffret de 5 CD (par Claves Records). Et comme à chaque édition, réputation de la manifestation oblige, les candidats et candidates se bousculaient au portillon. La présélection effectuée au printemps a permis un premier choix, ainsi en ce qui concerne le piano, sur 174 candidatures reçues provenant de 23 pays, il restera 44 candidats âgés de 18 à 29 ans issus de 9 pays, l'Asie étant largement majoritaire en l'oc- currence. Côté flûte on comptait 134 candidatures reçues provenant de 30 pays, pour 50 candidats sélectionnés, âgés de 17 à 29 ans et issus de 18 pays. Le jury piano sera présidé par Pascal Rogé et comprendra Pascal Devoyon, Gabriel Kwok, Robert McDonald, Gitti Pirner, Viktoria Postnikova et Katsumi Ueda. On notera que les candidats qui franchiront le premier tour interpréteront une composition de William Blank, Lightnings, quant aux quatre finalistes, ils auront l'occasion de se faire entendre tout d'abord accompagnés par le Quatuor de Genève et le contrebassiste Alain Ruaux, et ensuite par l'Orchestre de la Suisse romande dirigé par Alexander Shelley. Le jury flûte sera présidé par Emily Beynon et comprendra Silvia Careddu (Premier Prix du Concours de Genève 2001), Mathieu Dufour, Eynal Ein-Habar, Andrea Lieberknecht, Felix Renggli et Hideaki Sakai. L'originalité de cette édition consistera dans le fait que les candidats demi-finalistes auront l'occasion d'interpréter avec l'Ensemble Contrechamps (dirigé par Gregory Charette) Pneuma pour flûte et 5 instruments de Kwang- Trois questions à Emily Beynon La compétition est-elle importante pour un musicien ? La participation à un concours peut être une expérience extrêmement riche pour un jeune musicien: cela inclut l’apprentissage d’un programme varié, qui comprend aussi bien les pièces imposées que le répertoire contemporain; le tout doit être entraîné à la perfection et exécuté à un très haut niveau pendant une période intense et courte. C’est un défi pour les meilleurs, mais également un exercice très utile, indépendamment de la position atteinte dans le classement. Aux compétences musicales doit donc s’ajouter une excellente gestion du temps. C’est aussi l’occasion d’écouter, de rencontrer d’autres musiciens du monde entier et d’entendre l’opinion du jury. Pour le lauréat, cela peut ouvrir des portes; dans ce sens, c’est une expérience utile. En tant qu’étudiante, j’ai participé à quelques compétitions internationales. Par ce biais, j’ai non seulement amélioré mon interprétation et mes compétences, mais j’ai surtout rencontré des personnalités qui m’ont inspirée. Certaines comptent aujourd’hui parmi mes amis ! Comment arrivez-vous à comparer et à juger des candidats appartenant à différentes écoles, traditions, cultures ? C’est un sujet aussi important que délicat ! Personnellement, je considère que, dans la compétition, la façon la plus claire d’approcher cette question est de se demander si la musique nous parle au-delà de la technique: les compétences a c t Ho Cho, œuvre lauréate du Prix de composition 2013. La finale avec orchestre verra les candidats êtres accompagnés par L'Orchestre de Chambre de Genève, direction Nicolas Chalvin. Tous les récitals sont bien entendu ouverts au public, ils se dérouleront au Conservatoire ou au Studio Ansermet, alors que les finales auront lieu soit au Conservatoire, soit au Victoria Hall. En dehors des trois Prix (en principe!) offerts par le Concours aussi bien pour le piano que pour la flûte, de nombreuses autres récompenses seront offertes, prouvant ainsi l'intérêt croissant que suscite la manifestation auprès de mécènes et de mélomanes. Le plus prestigieux sera encore une fois le Prix « Coup de Cœur Breguet » permettant à un (ou une) flûtiste de pouvoir enregistrer un CD avec orchestre, sans compter qu'une montre sera offerte à un Premier prix, pour le piano et pour la flûte. Autre rendez-vous attendu par de jeunes interprètes mais également par les amateurs, il s'agit de la master class qui se déroulera du 3 au 5 décembre en collaboration avec les Hautes Ecoles de Musique de Genève et Lausanne, et cette année, c'est Pascal Rogé qui officiera au Conservatoire de la place Neuve, où aura lieu un concert de clôture le 5 décembre à 18h30. On rappellera également l'originalité de Concours, à savoir l'hébergement des interprètes qui est pris en charge par des familles certes nombreuses, mais il est évident que de nouvelles bonnes volontés sont toujours bienvenues (amis @concoursgeneve.ch ou 022 328 92 68). Frank Fredenrich Rens et loc. 022 328 62 08 techniques doivent avoir atteint un tel niveau que ce n’est plus un critère, la musique est ainsi libre de parler, de chanter et d’exprimer les souhaits du compositeur. La tradition et la nationalité sont surpassées de la même façon: ce que le musicien veut transmettre à son public devient plus important que l’accent avec lequel il s’exprime. La flûte: un instrument féminin ou masculin ? C’est amusant, n’est-ce pas ? Cet instrument est masculin en italien (il flauto), et féminin en français (la flûte). Dans ma langue maternelle, il n’y pas de distinction de genre, alors que ma langue d'adoption en a deux: un masculin/féminin et un neutre (de fluit est de genre masculin/féminin). Typiquement, en Europe du Nord et en Asie, plus de filles que de garçons jouent de la flûte, et dans le Sud de l’Europe les proportions sont de 50/50. Mais un excellent musicien peut être autant une femme qu’un homme, il n’y pas de règle pour cela. La flûte est un instrument extrêmement riche, à la fois puissant et délicat, transparent et multicolore, et l’on dit que la capacité des poumons exigée est la même que pour jouer du trombone (instrument dit masculin). En même temps, le joueur doit également être capable d’exprimer la fragilité. C’est aussi un des instruments les plus anciens, qui a subi une grande évolution, d’où probablement sa variété et ses contradictions. Propos recueillis et traduits par Beata Zakes u a l i t é m u s i q u e Celui qui sera choisi à dix-huit ans pour remplacer une première flûtiste à l’Orchestre Philharmonique de Hong Kong, qu’il quittera deux ans plus tard afin de poursuivre ses études à la HEM, joue également depuis 2008 dans l’orchestre du festival Saito Kinen, dirigé par Seiji Osawa, dont il apprécie particulièrement l’épure de sa direction. un genevois au concours Sébastian Jacot, flûtiste Quelques semaines après son premier prix au concours Carl Nielsen, nous avons rencontré Sébastian Jacot, de passage à Genève pour différents concerts, alos qu’il se prépare à participer au Concours de Genève. Ce jeune flûtiste genevois nous a parlé de sa formation, de son parcours professionnel et de ses goûts artistiques. Portrait. « Je n’aime pas vraiment le son – stéréotypé - de la flûte ». Cette phrase, lancée au travers de la conversation, explique beaucoup de choses à propos de Sébastian Jacot. Car s’il est maintenant un flûtiste confirmé, ayant obtenu le premier prix et le prix du public à Kobe en 2013, ainsi que récemment le premier prix au concours Carl Nielsen à Odense au Danemark, c’est un peu un hasard qui l’a initialement poussé vers la flûte. Jacques Zoon. Cette spécificité le démarquera aisément des autres flûtistes, et parfois dans un Issu d’une famille de musiciens, il a très jeune suivi l’émulation d’un de ses frères et de sa sœur, ayant respectivement choisi le violon et le violoncelle, pour aussi commencer la musique, par curiosité. Celui qui avait demandé avec une candeur enfantine à jouer de l’instrument le plus facile s’est vu attribuer la flûte à bec, qu’il a vite délaissée pour la flûte traversière. Il étudiera notamment cet instrument avec Isabelle Giraud, de qui il dit tenir son embouchure détendue, puis vers quinze ans avec Jacques Zoon, à la Haute Ecole de Musique de Genève. Sébastian Jacot © Isabelle Meister Expressivité L’influence de ce dernier, figure quasi-paternelle pour Sébastian, se remarque autant dans son expressivité artistique que sur son choix d’instrument. Suite à un cours où le jeune étudiant avait joué sur la flûte en bois de son professeur, il ramènera cet instrument chez lui, pour ne jamais lui rendre et ainsi le forcer à lui vendre ! C’est donc quasiment exclusivement que Sébastian joue de la flûte en bois, un modèle de Haynes fabriqué à la demande de e n t r sens peu appréciable : les flûtes en bois n’étant pas légion en orchestre, ayant longtemps été réputées comme moins fiables, moins puissantes - en résumé, pas de vrais instruments - il sera rapidement mis à l’écart lors de certains concours. Mais le musicien restera fidèle à une certaine conception esthétique du son de l’instrument, en insistant sur la chaleur et la rondeur possible et nécessaire. e t i e Aspect communicatif Sur nos scènes genevoises, on a pu notamment l’entendre comme flûtiste solo dans l’ensemble Contrechamps, qui lui permet d’aborder des musiques qu’il trouve particulièrement stimulantes pour la recherche technique de l’instrument. Mais c’est avant tout sur l’aspect communicatif de la musique que le flûtiste met l’accent ; le jeu doit toujours rester un moyen d’échange avec le public, et pas seulement un étalage de prouesses techniques. Et lors du concours Nielsen, alors que son instrument souffrait d’une fissure dans le bois peu avant son passage sur scène, c’est sa musicalité et son charisme qui ont encore fait preuve. Le son de la flûte avait beau être altéré sur certains points, l’interprète a su se démarquer par une sensibilité toujours renouvelée. Car c’est peut-être cela qu’il faudrait retenir de Sébastian Jacot : ce n’est pas vraiment un flûtiste. C’est un artiste qui a choisi ce média, par un heureux hasard, pour exprimer avec les multiples facettes de sa personnalité, l’essence même de la vie. Nous pourrons l’écouter prochainement dans notre région au travers de la saison de l’ensemble Contrechamps, à Munich pour la saison de l’orchestre de chambre, ainsi qu’en soliste au Japon le 7 décembre avec l’ensemble de Saitama, le 8 décembre avec l’ensemble de Tokyo, le 9 et 10 décembre dans le cadre du « Special memorial concert of Kobe International Flute Competition » à Nagoya et Kobe, et enfin à Munich pour un concert du 31 comme soliste avec l’orchestre de chambre de Munich. Propos recueillis par Anouk Molendijk n 47 m u s i q u e 69e concours de genève La flûte acclamée Du 16 novembre au 5 décembre se déroulera à Genève le prestigieux Concours International sous le patronat de la marque Breguet. La flûtiste galloise Emily Beynon présidera un jury venu du monde entier. Pascal Rogé, lui, dirigera les arbitres du piano. 48 «Le 69e Concours de Genève est ouvert, sans distinction de sexe ou de nationalité à tous les flûtistes nés après le 30 novembre 1984. Aucune dérogation ne sera acceptée», précise le règlement. Les candidats ont envoyé leurs dossiers avant le 30 avril; une première sélection a eu lieu à partir d'enregistrements au mois de mai. Les épreuves sont publiques; la première semaine est consacrée à deux récitals : ils se déroulent entre le Conservatoire (programme obligatoire avec une page contemporaine solo à choix, pour 50 candidats) et le Studio Ansermet (piano ou clavecin, pièces représentatives de 3 époques). La demi-finale, avec l’Ensemble Contrechamps, aura lieu les 26 et 27 novembre. La pièce imposée sera la partition lauréate du Prix de composition 2013, pour flûte et cinq instruments (clarinette, violon, violoncelle, percussion et piano) écrite par le Coréen Kwang Ho Cho. Intitulée Pneuma, elle reflète « non seulement le souffle, la respiration, mais aussi l’âme, le Saint Esprit ». En deuxième partie, les candidats joueront la Sonate pour flûte, alto et harpe de Claude Debussy. Le Victoria Hall accueillera la finale le 1er décembre. L’Orchestre de Chambre de Genève dirigé par Nicolas Chalvin, accompagnera les solistes dans un concerto contemporain à choix (E. Carter, J. Dove, J. Tower ou A. Jolivet), ainsi que dans un de deux concertos de Mozart. Emily Beynon : présidente Pour résumer la personnalité de l’arbitre, l’adjectif anglais restless pourrait convenir. Non dans le sens « nerveux, agité, impatient » : ces qualificatifs ne sauraient s’appliquer à une aussi grande dame; la musicienne connaît les efforts de confrontation avec une nouvelle partition et d’appropriation progressive des notes sans en perdre le souffle. Non, Miss Beynon est restless, car elle est toujours en mouvement, entre son Pays de Galles natif et le reste du monde, avec un “plus-qu’un-pied-à-terre“ à Amsterdam; elle y occupe le poste de première flûte à l'Orchestre du Concertgebouw. Restless aussi, elle est toujours en projet, en collaboration, en rencontre, comme une athlète excellant en triathlon. Si la plupart de ses collègues se consacrent à une carrière de soliste combinée avec de fréquentes incursions dans la musique de chambre, Emily Beynon apprécie également les pupitres d’orchestre… L'artiste se produit aussi en trio, avec sa sœur Catherine, harpiste, et le pianiste Andrew West… Attirée par l’univers contemporain, elle s’est fait dédier des partitions et a lancé un projet d’édition de “nouvelles pièces pour flûte solo“ ; pour cela, elle a collaboré notamment avec Emmanuel Pahud. A quand la direction ? Il y a aussi son travail pédagogique, des années de masterclasses à travers le monde et d’enseignement aux Conservatoires de La Haye et Amsterdam. Si elle n'a plus le temps de jouer la business woman, elle s’associe avec Suzanne Wolff, flûtiste amateure, pour créer la Nederlandse Fluit Academie, une “école d'été“ active depuis 2009. Apparaissant souvent dans les médias, c’est une habituée de la BBC et AVRO (Pays-Bas); elle est présente sur la toile, dans ses teaching videos sur YouTube. Parmi ses enregistrements, on trouve British Flute Concertos (Chandos), Flute Mystery de Fred Jonny Berg, avec sa sœur Catherine et le Philharmonia Orchestra sous la baguette de V. Ashkenazy, ou encore un CD des concertos de Mozart avec l'Orchestre de chambre du Concertgebouw (PentaTone Classics). A Genève… Quelle juge sera-t-elle ? Grand sœur, elle sait combien la participation à des épreuves affecte les jeunes musiciens. Indulgente, elle se rappelle un concours auquel elle s’est présentée sans même avoir acheté la partition requise pour la finale… Et exigeante, noblesse oblige : le candidat doit posséder le don de partage, servir l’œuvre et le compositeur, tout en sachant marquer le jury par sa propre personnalité. Que le meilleur - la meilleure - gagne ! Beata Zakes Emily Beynon, présidente du Jury flûte a c t u a l i t é m u s i q u e des personnalités car « on ne joue pas Bach comme ça ». Il est clair qu’il faut rester cohérent au niveau musical. Mais si Glenn Gould avait participé à ce concours, il n’aurait pas passé la première épreuve ! 69e concours de genève Pascal Rogé Interprète incontournable du répertoire de son pays (Ravel, Debussy, Poulenc), le pianiste français Pascal Rogé sera le président du Jury de piano lors de la prochaine édition du Concours de Genève. De retour d’une compétition mouvementée en Italie, il répond à nos questions. En tant que jeune musicien avez-vous vous-même participé à des concours de piano ? Quels souvenirs en gardez-vous ? En tant que candidat, j’en garde de très mauvais souvenirs. Je n’ai pris part qu’à un petit nombre de concours, rien ne sert de les accumuler. Cependant, mon meilleur souvenir date de 1967, lorsque j’ai participé au Concours « George Enescu » à Bucarest. J’y avais rencontré Nadia Boulanger. J’avais 16 ans. J’étais sans appréhension, c’était une nouvelle expérience. J’avais été jusqu’en finale et le public y était extraordinaire, il m’avait beaucoup touché. L’année d’après, je participais au Concours de Montréal, dont j’ai été éliminé à la première épreuve. Mais j’y ai fait de belles rencontres ! J’étais en effet resté coincé au Canada quelque temps, c’était en plein pendant les événements de mai 68. Le premier et seul que j’aie gagné a été le Concours Jacques Thibaud, à l’âge de 20 ans, alors que j’étais encore étudiant au Conservatoire de Paris. Vous revenez du Concours Rina Sala Gallo de Monza en Italie, dont vous vous êtes retiré, estimant comme « frauduleux » le comportement de certains des membres du jury. Vous allez prochainement présider le Jury à Genève, comment appréhendez-vous cette lourde tâche ? e n t r Pensez-vous qu’une compétition pour départager des artistes soit quelque chose de défendable ? J’ai pleinement confiance. Nous aurons évidemment des avis différents, mais nous aurons En tant que juré, de temps en temps, il faut se jeter à l’eau et y aller… Ne pas laisser cela aux mains des professionnels des jurys. Ceux-ci n’entrent pas dans mon éthique. Si je peux aider les jeunes, les encourager, les soutenir, alors ce n’est pas inutile. Comme lors de chaque édition, les candidats du Concours devront interpréter une pièce contemporaine, commandée pour l’occasion. Quel est votre rapport aux nouvelles créations ? Pascal Rogé, président du Jury piano l’opportunité de discuter, en bonne compagnie, humainement et musicalement. En qualité de président, j’ai pu personnellement inviter deux tiers des jurés, des personnes en qui j’ai confiance. Pendant le Concours, je souhaite privilégier les personnalités, les musiciens qui ont quelque chose à dire, un langage qui leur est personnel. Telle est la direction que je souhaiterais prendre. Il m’est souvent arrivé d’être juré dans des concours où l’on avait éliminé de gran- e t i e J’espère que les jeunes musiciens pourront exprimer quelque chose et pas seulement se casser la tête avec le texte ! Quand j’étais jeune, la nouvelle musique, la musique électro-acoustique, ne me plaisait pas du tout. On était loin de ce que je voulais exprimer avec mon instrument. Je me suis donc un peu éloigné de cela. Et je me suis aperçu que la musique avec des ordinateurs, c’est limité. Car il faut trouver un langage, toucher les gens. Avec ma compagne, pianiste elle aussi, nous avons créé en 2011 le Concerto pour deux pianos et percussion Pulse Magnet, d’un jeune compositeur australien que j’ai découvert récemment, Matthew Hindson. Sa musique est originale et créative, mais aussi harmonique. La création musicale, c’est quelque chose de nouveau pour moi, et c’est quelque chose de merveilleux. La musique n’est pas morte, les jeunes s’expriment. Le fait de pouvoir dialoguer et échanger avec le compositeur, est une démarche nouvelle pour moi. Je suis prêt à accueillir d’autres offres, des créations, si elles correspondent à quelque chose en moi. Propos recueillis par Monica Schütz n 49 m u s i q u e festival vernier sur baroque Hadrien Jourdan Hadrien Jourdan, organiste et claveciniste originaire de Genève, est un grand connaisseur des orgues et clavecins historiques, l’inventeur de systèmes mécaniques dans le domaine de la facture instrumentale, le lauréat de plusieurs concours internationaux, le directeur des Concerts Spirituels, et coach pour les classes de chant, violon et traverso à la HEM genevoise. Entretien. 50 Hadrien Jourdan a enregistré plusieurs CDs, dont l’un, consacré à Thomas Tomkins et Orlando Gibbons, a obtenu un diapason d’or et fait référence dans le monde de l’orgue. Il organise aujourd’hui la troisième édition du Festival de Vernier, qui a pour thème le bassin méditerranéen, Naples et l’Espagne surtout. Et le défi n’est pas des moindres : attiser la curiosité des habitants de Vernier et bien sûr des amateurs du genre pour les musiques d’un temps reculé, ancienne surtout et baroque un peu, celles qui étaient pratiquées du 14e au 17e siècles, avec une incursion dans le 18e siècle pour le dernier concert chorégraphié. L’idée d’Hadrien Jourdan est d’ouvrir les spectateurs à un autre monde, original mais accessible à tous, en misant sur une grande diversité des programmes et des instruments. Le 5 novembre, l’Ensemble Daedalus, bien connu grâce à sa riche discographie, nous plongera dans la musique napolitaine du 14e au 16e siècle, populaire et savante, sous la direction de Roberto Festa. Il y a huit ans à l’église St Germain, l’Ensemble avait présenté un programme très abouti, témoignage du travail de recherche pointue de leur chef. Résultat vibrant et convaincant, coloré, festif, à l’instrumentation variée qui ne manquera pas de plaire à tous les publics, néophytes et amateurs avertis. Marco Beasley, le ténor, s’est illustré déjà grâce à ses contributions au fameux CD Tarentella Christina Pluhar et au très beau Stefano Landi avec Christina Pluhar et l’Arpeggiata, de même qu’à ses collaborations avec l’ensemble Accordone. L’Ensemble Le Concert Brisé dirigé par William Dongois redonnera vie le 8 novembre e Hadrien Jourdan au répertoire espagnol du 17e siècle, qui constitue une explosion de créativité, peu connu encore. Une redécouverte de la pratique de l’improvisation, de l’ornementation et de la diminution à travers un grand nombre d’arrangements permettant de mêler différentes familles d’instruments, dont, par exemple, la doulciane, ancêtre du basson. On sait que Scarlatti a composé 550 sonates, officiellement pour clavecin. Parmi elles, une vingtaine diffèrent par la présence d’une basse chiffrée, d’indications dynamiques et d’une structure multipartite inhabituelle. Une indication « pour mandoline » ayant même été trouvée, le choix de cet instrument s’imposait donc pour ces pièces. Nul doute que, le 9 novembre, sous les doigts de la mandoliniste espagnole Mari Fe Pavon, soutenue par le continuo d’Hadrien Jourdan, ces magnifiques pièces ne révèlent de nouvelles surprises. Orgue et clavecin seront réunis le 12 novembre par Luca Scandali et Hadrien Jourdan, qui adopteront la pratique principalement napolitaine du « partimento », perfectionnement de la basse continue sur laquelle on improvise en faisant intervenir le contrepoint. Dans la seconde moitié du 17e siècle, Bernardo Pasquini écrit un recueil de sonates pour deux n t r e instruments à claviers, basé sur cette pratique. Les deux musiciens en ont enregistré l’intégrale, ce qui n’avait jamais été fait. Hadrien Jourdan relève la saveur, la simplicité et la sensualité de cette musique où l’improvisation est primordiale. A ces sonates s’ajouteront des concertos pour deux claviers du Padre Soler. La littérature espagnole sera aussi de la partie, le 13 novembre. Alain Carré dira les textes qu’il a tirés du Don Quichotte de Cervantes, textes qui seront prolongés par des musiques espagnoles du 17e siècle surtout, jouées par Hadrien Jourdan, Oleguer Aymami (violoncelle) et Amandine Solano (violon). Le 15 novembre, une fresque historique de la musique et de la danse italiennes, de la Renaissance au baroque avec Il Ballarino, compagnie de danse Renaissance dirigée par Bruna Gondoni et Marco Bendoni. Les spectateurs retrouveront tout le raffinement de la danse à la cour des Médicis, et les chorégraphies de l’époque (qui ont été conservées !) où l’on distinguait « basse danse » et « haute danse », accompagnées d’une musique parfois complexe mais qui deviendra plus simple au 16e siècle. La série se termine avec un spectacle baroque imaginé par Béatrice Massin, danseuse et chorégraphe, et sa compagnie des Fêtes galantes, sur des musiques de J.F. Rebel et G.F. Haendel. D’après des propos recueillis par Martine Duruz PROGRAMME du 5 au 20 novembre 2014 Salle des Fêtes du Lignon, Vernier Mercredi 5 novembre : Délices napolitaines par l’ENSEMBLE DEADALUS, dir. Roberto Festa & MARCO BEASLEY, chant Samedi 8 novembre : L’Espagne revisitée, par l’ensemble Le Concert Brisé, dir. William Dongois Dimanche 9 novembre : Sonates de Scarlatti pour mandoline et basso continuo, par MARI FE PAVON, mandoline & HADRIEN JOURDAN, clavecin Mercredi 12 novembre : Sonates, Fandango, Conciertos de Pasquini, Soler et Scarlatti, par LUCA SCANDALI & HADRIEN JOURDAN, clavecin Jeudi 13 novembre : Don Quichotte de la Manche de Miguel de Cervantes. Avec ALAIN CARRÉ, HADRIEN JOURDAN, OLEGUER AYMAMI et AMANDINE SOLANO Samedi 15 novembre : I Lieti Giorni di Napoli, par la CIE IL BALLARINO, fresque historique de la renaissance au baroque italien, spécialement autour de Naples. Jeudi 20 novembre : Terpsichore. Chor. Béatrice Massin - CIE FÊTES GALANTES. Musique Rebel et Hændel Informations & réservations : +41 22 306 07 80 www.vernier.ch, [email protected] t i e n Théâtre Théâtre Musique Guillaume Tell, le soulèvement LAnnonce faite à Marie Natacha Atlas Nora Granovsky Paul Claudel - Yves Beaunesne 11 déc. à 20h30 12 nov. à 20h30 25 et 26 nov. à 20h Cirque Danse O temps dO Cie BaroloSolo 19 nov. à 19h Utopia Mia Cie Philippe Saire 4 et 5 déc. à 20h30 forum-meyrin.ch / Théâtre Forum Meyrin, Place des Cinq-Continents 1, 1217 Meyrin Billetterie + 41 22 989 34 34 du lu au ve de 14h à 18h LAnnonce faite à Marie © Guy Delahaye Service culturel Migros Genève / Stand Info Balexert / Migros Nyon-La Combe m u s i q u e portrait concerts arts & lettres à vevey En novembre, Eliahu Inbal, après sept ans d’absence, sera de retour à la tête de l’Orchestre de la Suisse Romande, pour le concert extraordinaire d’automne des Amis de l’OSR, le mercredi 5 au Victoria Hall de Genève, et le jeudi 6 à Beaulieu, pour le 3e concert de la Série Lausanne. Magnifiquement rénovée, la Salle del Castillo accueillera dès novembre tous les concerts de l’association veveysanne d’Arts et Lettres, avec une programmation variée et exigeante, centrée sur le répertoire classique et romantique, et confiée à des musiciens de premier plan. Le chef israélien conduira l’OSR dans la Première Symphonie de Brahms, après avoir accompagné le soliste Sergey Khachatryan dans le Concerto pour violon de Beethoven. Il faut remonter à février 2007 pour trouver le dernier en date des nombreux concerts de l’OSR donnés sous la conduite d’Eliahu Inbal. Un chef qui par le passé était pourtant l’hôte régulier de l’orchestre romand : une quinzaine d’invitations dont huit pour les seules années nonante. Sans compter les séances d’enregistrements de disques pour la firme Denon réalisées en 1989 et 1991 pour Bartok (Concerto pour orchestre et Musique pour cordes, percussion et célesta) et en1995/96 pour 4 CDs d’œuvres de Richard Strauss : eine Alpensinfonie, Sinfonia Domestica, ein Heldenleben, Macbeth, Tod und Verklärung, Also sprach Zarathustra, Till Eulenspiegel et Don Juan. Une somme devenue hélas presque introuvable aujourd’hui. Né en 1936 à Jérusalem, ville où il étudie le violon et la composition auprès de Paul Ben- IHaim, Eliahu Inbal remporte à 26 ans le 1er Prix du Concours de direction Guido-Cantelli. A Paris, recommandé par Leonard Bernstein, il suit les cours de Louis Fourestier, d’Olivier Messiaen et de Nadia Boulanger, avant de se perfectionner à Hilversum auprès de Franco Ferrara et à Sienne auprès de Sergiu Celibidache. Le jeudi 13 novembre, la harpiste Marie-Pierre Langlamet et le Quatuor Sine Nomine ouvriront les feux, avec des œuvres de Debussy et une rareté d’André Caplet, le Conte fantastique pour harpe et quatuor, inspiré du Masque de la mort rouge d’Edgar Poe. Une œuvre singulière, qui voit la mort s’inviter au bal et frapper aux douze coups de minuit, la harpe se faisant alors instrument de percussion. Le 19 novembre, Veronika Eberle au violon, Sebastian Manz à la clarinette et Herbert Schuch au piano, joueront des œuvres de Milhaud, Brahms, Schumann et les Contrastes de Bartok. Le 2 décembre, le Jerusalem Quartet consacrera sa soirée à Beethoven et au quatuor Lettres intimes de Janacek. En 2015, le 13 janvier, le violoniste Vadim Gluzman et la pianiste Angela Yoffe présenteront des pages de Pärt, de Prokofiev et de Beethoven. Mozart, avec des transcriptions d’airs d’opéVeronika Eberle © Bernd Noelle ras et la Gran Partita, est à l’affiche de la soirée du 3 février, avec 13 instrumentistes à vent emmenés par le hautboïste Roland Perrenoud. Christian Poltéra interprétera les Six Suites pour violoncelle de Bach, réparties sur deux soirées, les 20 et 21 février. Les Folies Françoises marqueront en léger différé le tricentenaire de la naissance de Carl Philip Emanuel Bach, né en 1714, en lui consacrant la soirée du 19 mars, à l’enseigne de Chroniques d’un musicien, avec Gilles Cantagrel récitant. Le pianiste Adam Laloum présentera un superbe récital le 24 avril, avec la Sonate K.576 de Mozart, les Impromptus op.142 de Schubert et les Davidsbündlertänze de Schumann. Deux admirables Quintettes pour clarinette et cordes, l’Opus 115 de Brahms et le K.581 de Mozart, servis par la violoniste Isabelle Faust, le clarinettiste Lorenzo Coppola et leurs amis, cloront en beauté la saison, le mardi le 27 mai. Eliahu Inbal 52 Saison Yves Allaz OSR, dir. Eliahu Inbal, Sergey Khachatryan, violon (Beethoven, Brahms). - Le 5 novembre. Victoria Hall à 20h (Tél. 022/807.00.00 / [email protected]) - Le 6 novembre. Théâtre de Beaulieu à 20h15 (Tél. 022/807.00.00 / [email protected] ou chez Passion Musique) Yves Allaz Eliahu Inbal © Jirka Jansch Abonnements : www.artsetlettres.ch / Billets : L@billetterie, 021.925.94.94 a c t u a l i t é m u s i q u e jazz classics Du Rock, de la soul et de la bonne humeur ! La programmation de Jazz Classics 2014-2015 ne manquera pas de ravir, une fois de plus, les amoureux de ce style de musique. Les six rendez-vous de novembre à mai leur permettront en effet d’écouter des artistes prestigieux tels que Al Di Meola, Gregory Porter, Brad Mehldau, le trio Mare Nostrum, Dee Dee Bridgewater accompagnée de China Moses, et Monty Alexander entouré de The Harlem Kingston Express. ne ténor, de Chip Crawford au piano, d’Aaron James à la basse et d’Emanuel Harrold à la batterie. China Moses Le premier rendez-vous agendé au 7 novembre, donnera le ton avec un habitué du Victoria Hall, l’Italo-américain Al Di Meola. Le virtuose fera cette fois-ci vibrer sa guitare au son des plus grands succès des Beatles. Pour l’accompagner, le guitariste Kevin Seddiki et le percussionniste Peter Kaszas rythmeront ce voyage à travers le répertoire des Fab Four. Après cette incursion dans le rock britannique, le public succombera assurément au charme du crooner soul Gregory Porter. Sa voix exceptionnelle et ses ballades envoutantes ne manqueront pas de réchauffer cette nuit de novembre (20). Pour enrober le tout, Gregory Porter sera entouré de Yosuke Sato au saxopho- a c t u Au retour de la pause de Noël, le 29 janvier, ce sera au tour de Brad Mehldau de venir enchanter les spectateurs avec son piano. Une fois n’est pas coutume, il se présentera en solo pour livrer un récital riche en improvisations et, pourquoi pas, quelques-unes de ses reprises de grands classiques du rock et de la pop. Si cet artiste éclectique est en effet capable d’interpréter à sa façon les grands tubes de Nirvana ou d’Oasis, il affectionne aussi jouer des morceaux des frères Gershwin. ainsi l’occasion au public de comparer ces deux talents. Si la mère n’a plus rien à prouver, la fille a, elle, de qui tenir. Une confrontation des plus intéressantes en perspective. Finalement, le 12 mai, le pianiste Monty Alexander se chargera de clôturer la saison dans la bonne humeur. Accompagné d’Andy Bassford à la guitare, d’Hassan Shakur à la basse, de Joshua Thomas à la basse électrique, d’Obed Calvaire à la batterie et de Karl Wright aux tambours jamaïcains, il fera danser les spectateurs sur des rythmes entraînants. Du swing, du blues et du calypso, il y aura comme un air de vacances avant l’heure ! A noter qu’il n’est pas trop tard pour acheter un abonnement pour les six concerts. Une formule qui permet non seulement d’économiser 15% sur la valeur totale de six billets achetés individuellement, mais aussi d’obtenir les meilleures places disponibles dans la salle. Avis aux amateurs ! Julie Bauer Plus d’infos sur : www.prestigeartists.ch/ D’un solo, on passera à un trio, avec Mare Nostrum. L’accordéoniste Richard Galliano, le trompettiste Paolo Fresu et le pianiste-percussionniste Jan Lundgren offriront une véritable balade musicale à travers un univers merveilleux. La fusion de ces trois musiciens débouche sur une sonorité à la fois rare et originale. Pour participer à cette croisière en eaux mélodieuses, il faudra embarquer le 26 mars. Le 21 avril mettra à l’honneur une grande dame qui viendra accompagnée de sa fille. Dee Dee Bridgewater et China Moses donneront a l i t Brad Mehldau © Michael Wilson é 53 m u s i q u e festival d’ambronay Renouveau C'est un village du département de l'Ain, sans charme particulier, qui serait sans doute resté dans l'anonymat, malgré son abbatiale. Or, le nom d'Ambronay rayonne dans l'Europe musicale depuis des lustres grâce au Festival fondé il y a 35 ans par Alain Brunet. mélodies en espagnol, portugais, latin mais également quechoa et mapuche, l'Ensemble livre une prestation mêlant émotion et qualité sans faille du point de vue musical. Une incontestable réussite, tout à fait dans le ton d'une manifestation qui cherche désormais à décloisonner les genres musicaux comme cela est démontré par les nombreux concerts organisés sous chapiteau consacrés aux musiques du monde. Frank Fredenrich Ambronay sur Cds 54 Le père fondateur a désormais cédé sa place à Daniel Bizeray concernant le festival, mais il reste présent à Ambronay en tant que président de l'association qui gère le Centre culturel de rencontre qu'il a conçu il y a dix ans et développé depuis cette date. De fait, si les mélomanes avertis connaissent désormais les quatre week-ends de septembre et octobre durant lesquels une véritable anthologie de musique ancienne est proposée, il convient de savoir que les activités autour de l'abbaye se poursuivent tout au long de l'année. Accueil de musiciens, colloques, rencontres animent les salles et les dortoirs permettant ainsi des stages tels ceux organisés entre le printemps et l'automne avec une sélection d'ensembles de musique ancienne dans le cadre d'eeemerging, journée consacrée aux meilleurs ensembles émergents européens de musique ancienne. Marathon musical Ainsi, la journée du samedi 4 octobre a permis d'entendre en un agréable marathon musical quatre ensembles en présence de représentants de différents organismes participant à ce programme venus de Pavie, Göttingen, York et Riga. Le projet a pour but de repérer et sélectionner des jeunes ensembles prometteurs en Europe, offrir des formations spécialisées pour les aider dans le développement de leur carrière (communication, diffusion, administration, coaching artistique, mise en scène...), offrir des résidences dans divers lieux en Europe, favoriser l'organisation de concerts et participer à l'enregistrement d'un CD et de retransmissions radiophoniques ou télévisuelles. Et de fait, certains ensembles sélectionnés pour cette journée offraient déjà des prestations de haut niveau, si l'on songe par exemple à Voces Suaves mené par Francesco Saverio Pedrini et Tobias Wicky dont on voudrait pouvoir dire qu'il s'agissait d'un ensemble représentant la Suisse (qui n'est pas exclue de ce projet pourtant soutenu par la Communauté européenne!) puisque basé à a Bâle, si cette qualification nationale n'avait guère de sens tant les interprètes de toutes les formations présentes représentaient un parfait exemple de cosmopolitisme. Toujours est-il que cette formation a subjugué le public avec un programme intitulé Trésors musicaux à la Cour des Gonzague consacré à des œuvres a cappella de Monteverdi, Gastoldi, et Giaches de Wert. Tout aussi convaincante, la prestation de L'Armonia degli affetti s'attachait à faire connaître avec brio un programme conçu autour de Nicolo Fontei, organiste et compositeur vénitien de la première moitié du 17e siècle qui fut maître de chapelle à Vérone et à la Cour de Mantoue. Dans le choix effectué par cet ensemble, il était question d'amour puisque le programme faisait allusion à une dédicace dédiée à « la gentilissima e virtuosissima donzella, la Signora Barbara ». Et cette donzelle n'était autre que la cantatrice et compositrice Barbara Strozzi dont des compositions alternaient avec celles de Monteverdi, Merula et Fontei comme il se doit, dans une interprétation dynamique et convaincante de l'Armonia degli affetti. Mais c'est parfois en sortant des sentiers battus que l'on suscite désormais le plus aisément l'approbation et l'enthousiasme du public. De ce point de vue, les choix musicaux de Seconda Pratica, un ensemble fondé en 2012 par des étudiants des conservatoires de La Haye et d'Amsterdam – et dans lequel figure la gambiste genevoise Julie Stadler - ne pouvaient que séduire dans la lignée d'un travail de mélange des genres de musique ancienne tel que Gabriel Garrido en avait donné l'exemple par le passé. « Construire des ponts entre les époques » et « inventer de nouvelles formes de concert afin d'explorer de nouvelles possibilités d'interprétation » pourrait ne relever que d'un vœu pieu, si dans ce cas il ne s'avérait effectivement réussi. Joignant la parole à la musique, citant Montaigne et d'autres auteurs au sujet de la diversité des cultures entre des compositions variées d'origine latine ou sud-américaine, c t u a Michelangelo Falvetti, compositeur d’origine calabraise (1642-1692) est mis à l’honneur par la Cappella Mediterranea et le Chœur de Namur sous la direction de Leonardo Garcia Alarcon. Seules deux œuvres intégrales de ce compositeur prolifique sont parvenues jusqu’à nous, les dialoghi Il diluvio universale et Il Nabucco, œuvres porteuses de la tradition baroque romaine et vénitienne. Dans la seconde, Falvetti saisit l’occasion de la confrontation de Messine et du royaume d’Espagne pour ajouter à ses choix esthétiques une dimension politique : la statue de Nabucco, que les trois enfants refusent d’adorer fait référence à celle du roi d’Espagne érigée en face du Dôme de Messine. Leonardo ressuscite avec toute la passion et la science qu’on lui connaît une œuvre riche en couleurs, tirant profit d’un instrumentarium judicieux et de l’expérience de ses musiciens et chanteurs. Une réussite à découvrir. Rebel de père en fils par l’ensemble Les surprises, fondé en 2010 par Juliette Guignard et Louis-Noël Bastion de Camboulas. En évoquant la pratique historique qui consistait à donner en concert des extraits d’œuvres lyriques remaniées en fonction du lieu et des instruments à disposition, L-N Bastion de Camboulas explique : « …j’ai voulu créer un « Concert » en présentant sur ce disque des œuvres provenant de diverses origines rassemblées ici pour constituer un nouveau livret, une nouvelle dramaturgie. » Projet trop ambitieux apparemment puisque cette nouvelle dramaturgie n’est pas décelable. Les pièces instrumentales et les airs sans surprises alternent sans que l’on puisse s’accrocher à aucun fil conducteur : l’intérêt faiblit malgré l’indéniable qualité des interprètes et l’ennui n’est pas loin. La plupart des compositions sont de François Rebel et François Francœur : airs tirés du Ballet de la paix, Scanderberg et du Prince de Noisy. De Jean Fery Rebel, père de François, seuls Les Caractères de la danse et Le Tombeau de Monsieur de Lully figurent sur le CD. l i t é Capella Mediterranea et Leonardo Garcia Alarcon © Jérémie Kerling / Ambronay Claudio Monteverdi, Vespro della beata Vergine (1610). Une nouvelle version intéressante et originale de ce chef d’œuvre. Leonardo Garcia Alarcon et son équipe lui ont fait subir quelques aménagements, ce qui, en dehors de la « patte » du chef, le distingue des enregistrements précédents. « Nous avons pris un parti » explique Lionel Desmeules, « à notre connaissance jamais exploré et clairement anachronique, qui consiste à composer un office dont les tons des antiennes correspondraient aux tons des psaumes et du Magnificat » à savoir les antiennes de la fête de la Nativité de la Vierge. « Nous avons ensuite composé la mélodie pour chaque antienne, à l’exception de l’antienne à Magnificat dont la mélodie officielle est dans le bon ton… » Ce procédé confère à ces Vêpres une unité, qui n’était pas d’ailleurs dans l’intention de Monteverdi, puisqu’il pensait plutôt mettre à la disposition des musiciens d’église des pièces de styles variés dont ils pourraient agrémenter la liturgie. A nouveau le Chœur de chambre de Namur et la Cappella Mediterranea suivent avec finesse et précision les élans inspirés de leur chef. Je vous recommande également les « tangos-chansons » proposés par les spécialistes du genre que sont Diego Flores, baryton, William Sabatier, bandonéon et Ciro Perez, guitare. Intitulé Desde Gardel l’album propose un florilège de tangos composés entre 1920 et 1960 par d’autres compositeurs que Gardel et arrangés par Sabatier et Perez. Parfait pour les amateurs ! Remporte aussi mes suffrages, l’ « utopie argentine » Piazzola-Monteverdi, osée par L. Garcia Larcon et la Cappella Mediterranea. 400 ans séparent les deux compositeurs et pourtant, quelle communauté d’émotion, de poésie, de « voix », et quelle cohérence dans ce disque ! Un plaisir non dissimulé. Martine Duruz 55 WWW.BONLIEU-ANNECY.COM WWW.BONLIEU-ANNECY.CO OM BONLIEU SCÈNE NATIONALE ANNECY • RÉOUVERTURE • 5-8 NOV. UN ÉTÉ À OSAGE COUNTY T R A C Y L E T TS DOMINIQUE PITOISET CRÉATION THÉÂTRE ©Dominique Pitoiset TORDRE RAC H I D O U R A M D A N E CR É A T I O N D A N S E ©Erell Melscoët/Des témoins ordinaires ÉCLATS, BRIBES ET DÉBRIS CAMILLE BOITEL ©Yannick Bourdin s p e c t a c l e s bonlieu scène nationale annecy Scènes d’automne Bonlieu a fait peau neuve et l’on peut donc entrer dans le vif du sujet. Trois scènes accueillent désormais musiques, théâtres, danses et arts du geste, selon le vivifiant mélange des genres propre au formidable creuset artistique annecien. 56 Après les trois jours de lancement de saison du 5 au 7 novembre et qui verront Dominique Pitoiset (Un été à Osage County), Camille Boitel (Eclats, bribes et débris) et Rachid Ouramdane (Tordre) ouvrir les feux, novembre s’annonce riche de talents scéniques. Succès de la littérature américaine, la pièce de Tracy Letts Un été à Osage County met en scène des personnages à la fois détestables et touchants sous une chaleur écrasante à la Faulkner, mais surtout à la Tennessee Williams et son inoubliable Soudain, l’été dernier ! Dialogues à rebondissements, fins et acides, au sein d’une cellule familiale ébranlée par la mort du père et qui voit se rapprocher quatre femmes : Violet, la mère et ses filles. Violet souffre d’un cancer de la bouche, mais ne mâche pas ses mots et fustige à tout va, folle de rancœurs et de frustration. Trois hommes se cachent derrière les jeunes femmes : «Éclats bribes et débris» © Yannick Bourdin a portrait à fleur de peau pour un duo de danseuses, Annie Hanauer et Lora Juodkaite. Nudité du geste, immédiateté des sensibles, deux solitaires aux trajectoires trop différentes. Un diptyque contemplatif qui dit la belle impuissance de laisser la vie s’immiscer au-delà de l’altérité. Le 7 novembre (20h30), deux jeunes musiciennes passionnées, la violoniste Fanny Clamagirand et la pianiste Vanya Cohen pour un programme choisi de sonates classiques au cœur «Cloc» © DR mari effacé pour l’aînée, séducteur invétéré pour l’écervelée et surtout, Charles pour Ivy, sœur sacrifiée à la cause maternelle. Charles, simplet et méprisé de tous excepté sa compagne, sauve par sa candeur le cynisme ambiant. Un dîner d’atmosphère au cœur d’une famille dysfonctionnante que seule la domestique indienne mettra d’accord, à la fois au centre et en retrait du drame. Quand les idéaux américains volent en éclats. Du grand Pitoiset ! Dans le même temps, Camille Boitel tente une nouvelle fois de déstabiliser son monde avec perte et fracas dans Eclats, bribes et débris. Dans l’univers circassien de cette artiste, la ruine des hommes et des choses règne partout, mais toujours empreintes d’une joie revigorante. Il s’agit de l’art subtil et jubilatoire de l’effondrement, du déséquilibre et de la chute, mais aussi d’un art politique et presque citoyen de montrer et de contempler les hommes lorsqu’ils résistent à cet effondrement et organisent une lutte salutaire et source de rires. Quant à Rachid Ouramdane, il offre lui aussi sa dernière création au Bonlieu nouveau avec Tordre, chorégraphie qui s’inscrit dans le cadre des coproductions transfrontalières du PACT. Un c t u a de la belle salle du Musée du Château. Du 12 au 14, une nouvelle création magique, par des spécialistes de l’illusion plastique qui nous plongent dans un réel déformé et absurde. CLOC c’est ici le Temps qui se fige et se dérègle selon Maxime Delforges et Jérôme Helfenstein. Musique de nouveau avec The Cookers qui s’envolent sur les ailes du jazz hard bop des sixties, avec l’énergie débordante de leur all stars band d’un âge d’or qui renaît sous vous oreilles dans Warriors ! Le 12 novembre à 20h30. Pour fêter ses 30 ans, l’Orchestre des Pays de Savoie revisite les œuvres de ses débuts avec les 30e symphonies de Haydn et de Mozart sous la baguette alerte de Nicolas Chalvin et avec en prime le ravissant Concerto pour flûte n°1 de Mozart. Le 14 novembre à 20h30. A Bonlieu, les enfants ont aussi leur ouverture de saison et ils sont attendus le dimanche 16 novembre (14h30) pour découvrir le théâtre lors d’un après-midi festif dans la grande et la petite salle, mais aussi dans les nouveaux espaces du théâtre. Un Aladin réalisé par Matèj Forman et Au fond de la classe, spectacle concocté par le chanteur Merlot (15h30). Féeries et cour de récré, les enfants sont servis ! l i t é Du 18 au 20, la Compagnie XY voltige et renouvelle l’art acrobatique sur la grande scène en mêlant force, poésie et liberté avec bonheur dans Il n’est pas encore minuit… Une fête du cirque pour vingt-quatre acrobates et une grande salle,… qui retient son souffle ! Deux soirs consacrés à l’indomptable énergie de La Ribot et de deux des ses vieux complices Juan Dominguez et Juan Loriente, qui élargiront un plus encore le champ possible de la fantaisie extravagante et insensée de leur création encore marquée par la folie madrilène de la movida. El triunfo de la libertad, celle du regard et du specteur-acteur transformés. Les 19 et 20 novembre. Aux mêmes dates (il faudra choisir !), encore dans le mouvement fécond du PACT, la venue de Dorian Rossel, en son jardin, avec une intrigue, Une femme sans histoire, fondée sur le fait divers bouleversant du triple infanticide et du procès de Véronique Courjault. Rossel part, une fois n’est pas coutume, du documentaire fictif de J-X. de Lestrade qui s’immisce avec justesse au plus profond de la détresse d’une femme en quête d’identité et qui nous invite en son for intérieur, au fil de sa parole, pièce à conviction d’un puzzle vertigineux. Michel Boujenah est toujours cconvaincu de ne pas vouloir raconter sa vie, mais a décidé de l’imaginer. Il peut alors devenir un vrai héros puisqu’il invente sa vie et ne connaît plus de véri- «L’Idiot» © Philippe Delacroix a c t u «Un beau matin Aladin» © Iréna Vodakova tables limites. Ma vie, autobiographie drôlement rêvée et irrésistiblement contée par cet habitué des lieux. Samedi 22 à 20h30. Le dimanche 23 novembre, dialogue lyrique du violon de Solenne Païdassi et du piano de Laurent Wagshal à l’Eglise Saint-Laurent d’Annecy-le-Vieux. Richard Strauss, Fauré et Franck mélancoliques à travers sonates et douces médodies : Fin de siècle ? Sans doute, mais dans une exaltation sensible. (à 17h00) Les 26 et 27, c’est une déflagration scénique qui vous emportera dans la grande salle, avec Idiot ! parce que nous aurions dû nous aimer, adaptation fulgurante et retentissante du roman de Dostoïevski, déjà montée en 2009 et ici reprise pour un résultat scénique plus tendu encore, plus essentiel et violemment cathartique ! Mychkine au plus profond de sa nature humaine, trop humaine, aux prises avec la cruauté, la vanité et beauté du monde. Œuvre opératique qui hurle et dénonce les paradoxes insupportables du monstre social. Le jeune prince comme arbitre malgré lui de la laideur et du sublime, des larmes et du rire, du sang et du sperme d’une humanité livrée au désespoir poétique d’un individu qui lutte avec sa seule candeur et nous emporte dans une mise en scène déjantée, mais qui sait donner à voir la réalité cynique en utilisant toute la profondeur scénique, la part du rêve inhérente au théâtre et les corps des acteurs, sources de lumières incandescentes contre l’obscurité dominante. Macaigne nous laisse souvent interdits devant une telle débauche d’énergie et une telle profusion d’images, mais sa tentation mystique, presque faustienne à bien à voir avec le cœur même du chef-d’œuvre russe ! Dans le même temps, un petit diamant noir de Jan Fabre est donné dans la petite salle. Preparatio mortis est une pièce qui abandonne le a l i t ton provocateur dont Fabre est coutumier ; elle peut donc vous réconcilier avec le chorégraphe flamand qui fit jadis scandale en Avignon avec Je suis sang. Pour Preparatio mortis, pas de mise à distance ou de minimalisme habituellement de rigueur lorsqu’on évoque la mort. C’est une iconographie baroque et proprement morbide, dans son sens étymologique premier conservé par la langue italienne, une certaine douceur donc, baignée d’une lumière caravagesque et une cascade de fleurs qui figure le jaillissement de la vie au cœur de la mort. Un solo de presque soixante minutes fulgurant et sompteux par une interprète comme possédée par une pulsion de l’amour à mort. Un corps lutte pour s’arracher des fleurs multicolores et laisser paraître un cercueil de verre orné de lettres gothiques comme l’image rêvée d’un conte lointain. Ajoutez l’odeur végétale entêtante et le ton pesant de l’orgue en fond sonore pour laisser votre corps frémir à son tour comme les fragiles papillons qui figurent le dernier souffle de la danseuse nue dans son cercueil. Le 28 novembre, Pascal Contet propose sa nouvelle création avec une grande idée de rencontre transmusicale, White concert, où le virtuose de l’accordéon confronte son talent à celui de deux pointures de la scène électro et trip-hop anglaise, Scanner et Joel Cadbury. Cocktail explosif ! Enfin, le Quatuor Zaïde vibrera d’une ferveur toute romantique avec un programme qui mettra en exergue Le Plaisir que transmettent de façon toujours aussi intense les quatuors à cordes de Haydn, Mendelssohn et Dvoràk. Le 30 novembre à 17h00 en l’Eglise Saint-Laurent. Jérôme Zanetta é 57 s p e c t a c l e s équilibre - nuithonie Un théâtre ouvert sur le monde La nouvelle saison d’Equilibre-Nuithonie s’annonce pleine de diversité. Au programme, 70 pièces pour tous les goûts, du théâtre classique ou contemporain, des ballets venant de Russie, le cirque national de Chine, mais aussi des pièces pour toute la famille. Entretien avec Thierry Loup, directeur des deux théâtres fribourgeois. Sur les 70 spectacles programmés cette année, on trouve aussi bien de la danse, du théâtre, de l’humour et du cirque. Il y en a vraiment pour tous les goûts. 58 Thierry Loup : Avoir la chance de diriger deux théâtres et trois salles, me permet de panacher ma saison. Chaque salle a une mission particulière. À Nuithonie, nous mettons l’accent sur la création tandis qu’à Equilibre, c’est l’accueil qui est privilégié. Notre fondation, en tant qu’institution phare du canton, se doit d’établir une saison variée, de manière à nous adresser à l’ensemble de la population, adultes comme jeunes spectateurs. Nous sommes également attentifs à donner une grande place aux productions romandes et suisses. Nous essayons d’avoir un théâtre accessible à tous. Et le public nous suit. Nous avons plus de 80 % de fréquentation et 1700 abonnés. C’est un contrat de confiance, que nous avons créé avec les spectateurs en dix ans. Un public qui va autant voir des spectacles contemporains que des productions parisiennes. Toujours dans cette idée de diversité, vous présentez du nouveau cirque, un mélange entre acrobatie, danse et poésie. C’est un art scénique que j’aime particulièrement, mais qui est peu connu en Suisse. Cette année, on a la chance d’accueillir Les 7 Doigts de la main, avec Séquence 8, le cirque national de a Chine qui propose une version adaptée d’Alice au pays des merveilles, ou encore le Cirque Aïtal avec Pour le meilleur et pour le pire. soumis de très bons projets, ce qui m’a incité à en accepter plus que d’ordinaire. Il y a des compagnies avec lesquelles je travaille régulièrement par exemple Le Magnifique théâtre, avec Julien Schmutz et Michel Lavoie, qui présenteront 12 hommes en colère, mais nous assistons aussi à nouvelles associations. Des gens qui travaillent depuis longtemps dans la création se sont rassemblés. J’en suis très heureux, car c’est la preuve d’une belle stimulation de la création fribourgeoise. Je pense par exemple à Marceau et le grand Rasant de l’Orchestre Animé. Le musicien de jazz, Mathieu Kyriakidis, qui est connu dans la région, s’est allié avec Mélanie Richoz, écrivaine fribourgeoise. Hassane Kassi Kouyaté va également mettre en scène Emmanuel Dorand dans Jadis. Donc la création fribourgeoise se porte bien? La création fribourgeoise se porte très bien, «Les Palmes de Mr Schutz» © Franck Harscouât Vous êtes également très attaché à la danse? Nous proposons effectivement toujours une saison de danse assez importante, avec des chorégraphes de renommée internationale. On pourra notamment voir le Ballet Preljocaj avec une adaptation des Mille et Une Nuits, ou encore le Jacobson Ballet, une troupe indépendante de StPetersburg, qui présentera Casse-Noisette. Quelles sont les créations présentées durant la saison 2014/2015 ? Onze créations fribourgeoises sont programmées, quatre de danse et sept de théâtre. On m’a c t u a mais j’ai quelques inquiétudes au niveau du soutien ; il serait souhaitable que le canton engage une réflexion et prenne quelques mesures. Le budget de la création de la culture n’a pas bougé depuis plus de 10 ans, alors que des lieux qui ont été créés, comme Nuithonie. Il serait vraiment préjudiciable de ne pas donner suffisamment d’impulsion à cette création. De notre côté, nous devons limiter le nombre de projets l’année prochaine, car on me diminue les sommes allouées de 150'000. C’est dommage, mais je n’ai pas vraiment le choix. En tant que fondation, nous accueillons les créations, en l i t é s p e c t a c l e s 59 «Sideways Rain» © Jean-Yves Genoud les subventionnant et en leur mettant à disposition le théâtre. Ce domaine d’activité, l’un des plus cher, nous revient de 80’000 à 120’000 frs par année. En plus de la mission de création et au-delà des salles de spectacles, NuithonieEquilibre s’ouvre à travers des événements ? La vie des théâtres s’inscrit aussi dans une démarche de médiation culturelle. Cette envie de s’ouvrir au monde se retrouve notamment dans des projets, comme Le Midi, théâtre!. Les spectateurs sont invités à venir manger un menu de midi au souffleur (restaurant au théâtre Nuithonie n.d.l.r) et à assister à une représentation. Cette année, nous sommes particulièrement ravis de collaborer dans ce cadre avec le Théâtre des Osses et son Röstigraben. En effet, nous allons présenter une de leur création. En parallèle, d’autres événements s’organisent dans le même esprit, comme de nombreux ateliers, de théâtres et de danse ou des répétitions publiques. On accueille également les cafés scientifiques de l’université. Tout cela, spectacles et activités hors-scène, permet à Equilibre et Nuithonie de s’ouvrir sur la cité. Propos recueillis par Valérie Vuille Programme complet sur : www.equilibre-nuithonie.ch/ «Alice in China» © Francette Levieux et Michel Lidvac, par le Cirque National de Chine a c t u a l i t é s p e c t a c l e s théâtre de beausobre, morges Saison Au Théâtre de Beausobre à Morges, la saison 14/15 est prometteuse. De la danse, du théâtre, des auteurs d’ici et d’ailleurs, des artistes de renommée internationales. Une affiche exigeante et hétéroclite dont voici une sélection. 11 novembre, Les Palmes de M. Schutz, L'irrésistible comédie de Jean-Noël Fenwick, auréolée de 4 Molières en 1990, revit enfin. Le couple Curie constitue un cas unique. Au-delà de leur inestimable contribution scientifique, Pierre et Marie représentent le seul exemple dans l'Histoire de l'humanité d'un homme et d'une femme ayant gravi, main dans la main, à égalité de mérite, la pyramide du génie. 60 20 novembre, La Tempête de William Shakespeare, avec Claude Rich, Dominique Pinon et Sarah Biasini. Ce spectacle marque le retour à la scène de Claude Rich. Celui-ci va être un magicien enchanteur et enchanté, malicieux, poétique, commandant les éléments déchaînés qui changeront le destin des hommes. Alors que Dominique Pinon sera fabuleux en Caliban. La salle de théâtre va devenir ce fameux bateau que Prospero veut voir sombrer pour assouvir sa vengeance. «La Tempête», Claude Rich © François Durand-Getty Images / Frédéric E. Mei 25 novembre, Tentative de jalousie avec Carole Bouquet. Tentative de jalousie, c’est d’abord l’œuvre de l’une des grandes poétesses du XXe siècle, Marina Tsvetaeva, que son destin tragique a éle- a vée au rang d’icône. En 1941, celle qui écrivait en 1926 à Rilke « toute mort de poète, même la plus naturelle est contre nature, c’est-à-dire un meurtre », s'est pendue à 49 ans. Carole Bouquet revient avec un nouveau spectacle d’une grande intensité. L’actrice française, passionnée de poésie, a personnellement sélectionné les textes qu’elle interprète. Elle livre une prestation à couper le souffle, entre amour, révolte et impossible espoir. Une expérience rare. 15 janvier 2015, L’Affrontement avec Francis Huster et Davy Sardou. Un affrontement plein d’humour entre Tim Farley, un vieux prêtre attaché à ses principes et Mark Dolson, jeune séminariste. 6, 7 et 8 février 2015, recréation de l’Histoire du soldat par Le Teatro Malandro, mise en scène par Omar Porras, avec les solistes de l’Ensemble Contrechamps. C’est l’histoire que Stravinsky raconta un jour à son ami Ramuz, d’un soldat en permission qui retourne chez lui pour retrouver sa mère et sa fiancée. Il décide de se reposer au bord d’un ruisseau et se met à jouer du violon. Un chasseur de papillons lui propose d’échanger l’instrument contre un livre magique qui lui permettra de devenir riche… 10 février 2015, BJM - Les Ballets Jazz de Montréal Compagnie de répertoire contemporaine de renommée internationale, BJM - Les Ballets Jazz de Montréal - proposent une danse hybride alliant l’esthétique du ballet classique à plusieurs autres styles de danse. Les BJM offrent un produit artistique explosif, original, accessible et remarqué par l’excellence de son exécution. 20 février 2015, Je t’ai rencontré par hasard, chorégraphie et mise en scène Marie-Claude Pietragalla et Julien Derouault. Piano Yannaël Quenel/ Musique classique : Bach, Mozart, Debussy, Beethoven Certaines histoires d’amour ou d’amitié c t u a Carole Bouquet © André Rau sont le fruit de l’imprévu, le résultat d’une alchimie échappant à la raison humaine. La passion pour le corps en mouvement, la richesse des harmonies de la musique classique dite savante et l’intemporalité de la poésie, donnent à ce nouveau rendez-vous artistique une dimension épurée. 10 mars 2015, Novecento d’Alessandro Baricco, avec André Dussolier. C'est l'histoire d'un pianiste pendant les années 1920. Né sur un bateau et aussitôt abandonné sur un piano dans une boîte en carton. « L'immensité des trésors que l'on cherche souvent ailleurs qu'au fond de soi, nos envies, nos rêves, nos peurs, nos désirs, tout ce que raconte cette histoire, j'avais envie d'en faire entendre les épisodes colorés, aussi bien avec les mots d'Alessandro Baricco, qu'en musique et avec la présence, sur scène, des musiciens de jazz. » André Dussollier 26 mars 2015, Nina Une comédie drôle et émouvante dans laquelle Mathilde Seigner campe un personnage de femme fantasque, frondeuse et passionnée. Une amoureuse de l’amour qui entraîne son mari, François Berléand et son amant, François Vincentelli, dans un irrésistible tourbillon. Une grande pièce d’André Roussin. « Presque toutes les femmes savent comme moi qu'elles n'ont pas le mari qui leur faudrait et presque toutes celles qui ont un amant savent aussi qu'elles n'ont pas le bonheur (...) Nous sommes comme tout le monde, trésor, en train de chercher, de truquer, de composer avec l'amour et le bonheur et le mariage et la liberté. » Extrait tiré de Nina. Nancy Bruchez Programme complet, www.beausobre.ch l i t é LES COMBATS D’UNE REINE DE GRISÉLIDIS RÉAL ADAPTATION & MISE EN SCÈNE FRANÇOISE COURVOISER AVEC JUDITH MAGRE ÉLODIE BORDAS FRANÇOISE COURVOISER LUMIÈRE ANDRÉ DIOT SON NICOLAS LE ROY COIFFURES & MAQUILLAGE ARNAUD BUCHS PRODUCTION LE POCHE GENÈVE THÉÂTRE LE POCHE www.lepoche.ch / 022 310 37 59 / location Service culturel Migros 17 > 30 NOVEMBRE 2014 CRÉATION VISUELLE JEAN-MARC HUMM, LA FONDERIE / PHOTOGRAPHIE AUGUSTIN REBETEZ LE POCHE GENÈVE EST SUBVENTIONNÉ PAR LA VILLE DE GENÈVE (DÉPARTEMENT DE LA CULTURE) LA RÉPUBLIQUE ET CANTON DE GENÈVE. IL EST GÉRÉ PAR LA FONDATION D’ART DRAMATIQUE (FAD) PARTENAIRES MEDIAS : LEPROGRAMME.CH & NOUVELLES Judith Magre, comédienne d a n s e à vernier : une œuvre “phare“ de wayne mcgregor Far Le grand chorégraphe anglais Wayne McGregor, la quarantaine, vient à Vernier avec Far une de ses pièces les plus dansées. À voir dans la salle des fêtes du Lignon, les vendredi 28 et samedi 29 novembre à 20 heures. Bien qu’il soit invité dans tous les grands théâtres du monde, comme l’Opéra national de Paris, le Royal Ballet de Londres ou le New York City Ballet, il aime particulièrement le travail avec sa propre compagnie, la Random Dance, fondée en 1992, et qui réside dans les murs du Sadler’s Wells à Londres. 62 Comme pour le non moins célèbre chorégraphe belge Sidi Larbi Cherkaoui, sa première passion avait pour objet la danse disco. Suit pour les deux une formation de danse contemporaine. Là ou Sidi Larbi Cherkaoui s’est dédié au métissage, Wayne McGregor, diplômé de Cambridge, s’intéresse à l’aspect cognitif de la danse. Il étudie la science des rapports entre le cerveau et les mouvements du corps dès ses débuts, et va jusqu’à consulter les articles de Diderot de l’Encyclopédie. Que l’on se rassure, ses pièces ne sont pas intellectuelles mais très dansées. Et Far est riche en mouvements différents. Il y en a qui sont ondulants, souples et qui remplissent l’espace. D’autres sont plus rapides et précis. Parfois il y a une rupture dans la gestuelle, qui repart dans un autre sens. Les lumières et la scénographie sont des acteurs importants de la pièce. «Far» chorégraphie Wayne McGregor © Ravi Deepres Pour Wayne McGregor, la danse possède la faculté d’influencer la pensée de celui ou celle qui la regarde. Est-ce vrai ? Cela vaut la peine d’aller voir… Emmanuèle Rüegger 28 et 29 novembre : Far, création chororégraphique de Wayne McGregor. Salle des Fêtes du Lignon, Vernier, à 20h (loc. : www.vernier.ch/billetterie) «Far» chorégraphie Wayne McGregor © Ravi Deepres a c t u a l i t é a i l l e u à venise Madrigaux de Monteverdi Pour annoncer solennellement son enregistrement des madrigaux de Monteverdi de la période de Mantoue (anthologie des Livres IV, V et VI), les Arts Florissants réservent la primeur d’un concert pour 450 privilégiés réunis dans la somptueuse Scuola di San Rocco de Venise. Les fresques du Tintoret, du Titien ou de Tiepolo forment ainsi la plus belle parure visuelle d’une musique qui les égale en richesse. Le concert offre le Livre VI des madrigaux, ouvert par un Lamento d’Arianna intense comme rarement. Célébration des 400 ans de la publication de ce Livre, en 1614, il se place dans le cadre du « Festival Monteverdi Vivaldi » qui essaime dans différents lieux éminemment historiques de la Cité des Doges ; festival lui-même sous l’égide du « Venetian Centre for Baroque Music » (bonjour l’internationalisation !) et de son entreprenant directeur artistique Olivier Lexa (transfuge du Palazzetto Bru Zane). C’est Paul Agnew qui est le maître de cérémonie de ce concert, comme le maître d’œuvre du projet d’intégrale des cent soixante-et-un madrigaux appelé à se poursuivre par une série de concerts à travers l’Europe et deux autres coffrets discographiques anthologiques (périodes de Crémone et de Venise) au long des deux prochaines années. De fait, il semble bien que les mânes de Monteverdi flottent sur le concert. À en juger par le recueillement et l’élévation qui portent interprètes et public. Sept chanteurs et quatre instrumentistes, diversement répartis suivant les pièces, se réunissent pour une formation à la fois chambriste et résonnante, comme le réclame l’esthétique madrigalesque. Citons les tous, tant la ferveur qu’ils dégagent ne saurait se partager : Miriam Allan, Maud Gnidzaz, Hannah Morrison, vibrantes et quasi opératiques sopranos ; Lucile Richardot, contralto d’un juste appoint ; Sean Clayton et… Paul Agnew (pour retrouve ses vertus de chanteur), ténors aux tessitures complémentaires, l’une élégiaque et l’autre soutenue ; Cyril Costanzo, basse aux assises sûres. Et Massimo Moscardo, Jonathan Rubin, Florian Carré et Nanja Breedijk, deux théorbes, un clave- a c t u cin et une harpe presque dansants. Dans un fondu d’ensemble unique, une plongée dans le temps et l’espace ! Il ne faudra surtout pas manquer le luxueux coffret « Monteverdi Madrigali Vol. 2 Mantova », produit par les toutes fraîches Éditions les Arts Florissants, agrémenté qui plus est d’une nouvelle de fiction inédite judicieusement en miroir, due à la plume sensible de l’écrivain René de Ceccatty : La Sibylle et la Fresque des illusions (sortie en octobre). Pierre-René Serna Madrigaux de Monteverdi © Laure Jacquemin Les mots de Paul Agnew « C’est à Venise que Monteverdi a connu la consécration. Et ces madrigaux écrits à Mantoue y ont été, comme les autres, publiés et exécutés. Et vraisemblablement dans l’église des Frari, dont dépend la Scuola où nous jouons et qui la jouxte. Église où, au demeurant, est enterré Monteverdi. C’est donc une double référence que ce lieu. Cela s’inscrit dans un grand projet, une intégrale de huit livres de madrigaux, destiné à se poursuivre les années suivantes. Il s’agit de la grande transition entre la Renaissance et le baroque, au moment de la naissance de l’opéra. Ce qui signifie que l’on s’attaquera par la suite a l i t r s aux opéras de Monteverdi, une suite logique à ce parcours. Notre répertoire, avec les Arts florissants depuis William Christie, s’est toujours orienté vers la musique italienne, mais aussi anglaise et française. Les débuts du baroque, jusque vers 1750. Question aussi de diapason, de jeu et d’instrumentarium, que nous n’allons pas modifier. Même si je sais que d’autres ensembles pratiquent la diversité de répertoire. Chacun son créneau ! Mais il nous reste encore beaucoup faire, chez Bach, Scarlatti, Locke, un contemporain de Purcell… Quant à mes propres goûts musicaux, ils sont plus étendus, bien évidemment. J’apprécie Tchaïkovski, Prokofiev, Britten, Debussy, chez qui on retrouverait un principe de récitatif assez proche de Monteverdi… Ou alors Messiaen, et même certaines chansons : Yesterday des Beatles, c’est magnifique. Quand la mélodie est belle, elle touche forcément ! » ... et de René de Ceccatty « Ce projet, qui peut paraître curieux, d’illustrer d’une nouvelle romanesque un enregistrement discographique, m’a été proposé. Et j’accepté avec joie. Je parle beaucoup de l’Italie dans mes livres, de Pétrarque, de la Callas… On ma laissé entière liberté, bien que j’aie senti combien le rapport à Monteverdi devait être en filigrane. J’ai ainsi utilisé trois alibis, en quelque sorte, que sont Mantoue, Crémone et Venise. Mais je connaissais déjà William Christie et son travail notamment par l’intermédiaire de mon frère Jean Pavans, qui est aussi écrivain et pareillement passionné de musique. Cette nouvelle est entièrement inédite, et n’a pas préexisté à ce projet. Ce serait une forme de réflexion sur la peinture, sur l’art en général, au-delà même de la musique. Mon personnage central se réfère à un modèle qui a existé et que j’ai connu : une romancière, pour qui la musique était un élément personnel et intime. Je peux lever le voile : il s’agit d’Anna Maria Ortese, une femme intemporelle mais engagée politiquement, décédée à Rapallo. Je l’ai imaginée à Mantoue. Dans ma nouvelle, il y a ce mélange ce vécu et d’imaginaire. Je n’ai surtout pas voulu faire une fausse biographie de Monteverdi, mais susciter le rêve et la réflexion. Ce que la musique appelle aussi, certainement. » Propos recueillis par Pierre-René Serna é 63 a i l l e u r s fondation bru zane, venise Aimez-vous Mel Bonis ? Aimer Mel Bonis ? La question semble superflue... et pourtant elle mériterait d'être posée, si le goût musical ne reposait pas en fin de compte sur un conformisme, voire un conservatisme que l'on peine à dépasser. 64 Il en est ainsi pour les femmes compositrices dont on sait qu'elles ont toujours eu du mal à imposer leur talent. Pourtant, la carrière musicale de Mel(anie) Bonis mérite d'être connue, de même d'ailleurs que sa vie (1858-1937) dont on peut affirmer, sans craindre de se tromper, qu'elle fut loin d'être un long fleuve tranquille. On pourra en juger en s'intéressant à sa biographie, celle d'une jeune fille issue de la petite bourgeoisie parisienne, ayant appris le piano en autodidacte et entrée finalement au Conservatoire de Paris - avec le soutien de César Franck – où elle est la condisciple de Claude Debussy avant d'obtenir un Premier Prix d'harmonie. Mais la jeune femme tombe amoureuse d'un chanteur et journaliste, Amédée Hettich, et ses parents veillant au grain la retirent du Conservatoire et l'obligent à conclure un mariage avec un industriel qui était veuf avec cinq enfants dont elle devra s'occuper, en plus des trois enfants auxquels elle donnera naissance. Un épisode peu conformiste de sa vie pourrait intéresser un romancier car « Mel » finit par avoir une fille avec son amant et à la suite du décès de son mari, elle trouva le moyen d'accueillir sa fille chez elle, ce qui se passa sans encombre jusqu'au jour où l'un de ses fils tomba amoureux de la soi-disant « filleule de guerre ». La suite on l'imagine volontiers, drame, révélation, culpabilité : un bon sujet de livret d'opéra ? Malgré cette vie familiale animée, Mel (qui prit ce pseudonyme pour ne pas être cataloguée en tant que femme compositeur) ne cessera jamais de composer puisque son catalogue de compositions compte environ 300 œuvres (plus de 180 opus) dans tous les genres, musique de chambre, piano, orgue, musique vocale religieuse, mélodies et orchestre. De plus, elle fut reconnue en son temps puisque ses compositions a furent jouées au début du siècle passé aussi bien au Châtelet qu'aux Concerts du Conservatoire et à la Société Nationale de Musique et elle devint secrétaire de la Société des compositeurs, une nomination bien sûr exceptionnelle pour une femme. Et si elle reçut de nombreux prix, on ne saurait oublier de citer Camille Saint-Saëns pour confirmer la reconnaissance de son talent, puisque celui-ci affirmait avec une finesse toute masculine au sujet de son premier quatuor : « Je n'aurais jamais cru qu'une femme fût capable d'écrire cela ». C'est précisément un extrait d'un Quatuor de Mel Bonis qu'avaient choisi les programmateurs d'un concert de la Fondation Bru Zane proposé à Venise sous le titre « Au pays où se fait la guer- Isabelle Druet © Nemo Perier Stefanovitch re » dans la somptueuse Scuola Grande San Giovanni Evangelista. Cette Fondation dont le siège est à Genève soutient de nombreux projets humanitaires, des expositions et des étudiants. Mais depuis quelques années, la Fondation s'est fait connaître par un projet franco-italien en quelque sorte, puisqu'il s'agit de remettre en valeur les compositeurs français du 19e siècle. L'originalité de la démarche repose sur le fait que la plus grande partie du travail musicologique se fait à Venise dans le Palazzetto Bru Zane, désor- c t u a mais superbement restauré, et qui se révèle être un lieu fort approprié puisque la salle de ce palais bénéficie d'une excellente acoustique. Grâce à cette programmation, dont deux concerts vénitiens donnés durant le dernier weekend de septembre n'étaient qu'une modeste partie, plusieurs œuvres oubliées ont pu être redécouvertes. Ainsi, l'extrait du Quatuor avec piano no 1 opus 99 de Mel Bonis, le Finale (Allegro ma non troppo) faisait partie des belles découvertes proposées, dans un style à la fois élégant et raffiné donnant assurément l'envie d'entendre ce quatuor dans son intégralité. Il en allait d'ailleurs de même pour les autres compositrices habilement choisies, qu'il s'agisse d'Exil de Cécile Chaminade ou de l'Elégie de Nadia Boulager, deux mélodies superbement révélées et servies par Isabelle Druet, Les Larmes de Benjamin Godard n'émouvant guère et faisant bien pâle figure en comparaison. Dans un programme assez composite on constatait que Duparc était bien le maître de la mélodie française, que Reynaldo Hahn n'avait pas volé sa réputation de superficialité (Andante du Quatuor avec piano) et que Théodore Dubois mérite d'être connu. Fauré (deux mouvements extraits de deux quatuors) et Debussy (mais Recueillement sur le poème de Baudelaire n'est pas un chef-d'œuvre musical inoubliable) permettaient d'apprécier les qualités du Quatuor Giardini qui accompagnait Isabelle Druet, les mélodies ayant été transcrites pour quatuor avec piano par Alexandre Dratwicki, le directeur scientifique de la Fondation Bru Zane. Evidemment très distrayants et interprétés avec le bagout et une facilité technique indéniable par Isabelle Druet, les arrangements d'airs d'Offenbach (« Ah ! Que j'aime les militaires » « Couplets du sabre » de La Grande Duchesse de Gérolstein et « Je suis veuve d'un colonel » de La Vie Parisienne) et de Donizetti (« Pour une femme de mon rang » La Fille du régiment) avaient certes un lien apparent avec l'intitulé du concert, mais semblaient musicalement peu en rapport avec les autres compositions choisies. (28 septembre) La salle de concert du Palazzetto Bru Zane accueillait durant le même week-end le Quatuor Mosaïques, lequel faisait revivre des œuvres de Baillot et Kreutzer, ainsi qu'un Quintette de Louis-Emmanuel Jadin (avec la violoncelliste Cristina Vidoni). La postérité n'a rendu justice ni à Pierre Baillot (1771-1842), ni à Rodolphe l i t é a i l l e u r s Kreutzer (1766-mort à Genève en 1831). Du premier, élève de Viotti, violoniste brillant connu pour son interprétation jugée remarquable du Concerto de Beethoven et apprécié par Berlioz notamment pour une interprétation du Quatuor op 131 du même Beethoven en 1829, on ne retient généralement que le souvenir d'un « des plus grands représentants de l'école française de violon », ou encore une dédicace de Cherubini « souvenir pour son cher Baillot », alors qu'il fut également chef d'orchestre à l'Opéra de Paris durant une dizaine d'années et compositeur. Du second, et ce n'est guère plus probant, on ne saurait ignorer qu'il fut le dédicataire de la Sonate pour violon opus 47 de Beethoven ou encore que cette Sonate à Kreutzer a servi de titre à un récit de Tolstoï et au premier Quatuor de Janacek. Pourtant sa vie fut celle d'un des grands violonistes de son époque connu dans toute l'Europe et il se fit connaître pour ses compositions, à commencer par de nombreux opéras. Quant à LouisEmmanuel Jadin (1768-1853) , issu d'une famille de musiciens, il passa sans encombre du rôle de page de la musique de Louis XVI à la composition d'hymnes patriotiques révolutionnaires au début des années 1790, avant de reprendre du service en tant que professeur au Conservatoire durant l'Empire et de terminer sa carrière à la Chapelle royale de 1814 à 1830. S'il est certain que ces compositions permettent de se faire une bonne idée de la musique dite « de salon » entre la fin des années 1790 (pour Kreutzer) et 1829 (pour Jadin), il serait erroné de penser que le terme salon est à prendre dans un sens superficiel. Certes, les deux mouvements du Quatuor no 2 de Kreutzer ne bouleversent pas les codes musicaux du genre et de l'époque, tout en mettant en exergue le premier violon. Mais comme cela était rendu évident en comparaison avec un bis consacré à Boccherini, l'opus 34 no 1 de Baillot (publié en 1805) révélait une composition teintée de romantisme, que l'on pourrait apprécier en compagnie d'un quatuor de jeunesse de Beethoven ou de ceux de Haydn ou Cherubini. Interprété avec un rare souci du détail par le Quatuor Mosaïques, ce Quatuor de Baillot recelait quelques passages inspirés ou inattendus, tel un second mouvement « Menuetto à l'espagnole ». Dans le Grand Quintette de Jadin, dédié « à son ami Baillot », on retrouve la place prépondérante du violon notamment dans l'Allegretto final, mais le premier violoncelle est également mis en valeur, dans une prestation contrastée et homogène du Quatuor Mosaïques et de Cristina Vidoni. Frank Fredenrich a c t u fondation bru zane Meyerbeer à l’honneur Le 6 octobre passé a eu lieu à Rome un gala Meyerbeer organisé par le Palazzetto Bru Zane et l’Academia di Santa Cecilia à l’occasion du cent cinquantième anniversaire du décès du compositeur français. Diana Damrau © Michael Tammaro, Virgin Classics Le Palazzetto Bru Zane se dédie à la musique romantique française sur deux plans. Ce centre promeut des recherches musicologiques dans le but de faire connaître des partitions rares et il propose des séries de concerts principalement dans deux villes : Venise (d’où le nom) et Paris. Oublié de nos jours, Giacomo Meyerbeer jouissait d’un grand succès de son vivant, surtout pour ses opéras dans lesquels il mêlait habilement romance française et bel canto italien. Il aura une influence certaine sur les compositeurs français Berlioz, Bizet et Gounod. Verdi et même Wagner lui sont redevables. L’orchestre de l’Academia di Santa Cecilia, dirigé par son chef attitré Antonio Pappano, s’est montré sous son meilleur jour. Le concert s’est ouvert par une partition allante de Gioachino Rossini. On est entré dans le vif du sujet dès la deuxième pièce extraite de Il crociato in Egitto, pour laquelle la soprano colorature allemande Diana Damrau a fait son entrée. Cette dernière a parcouru sa large tessiture du son le plus bas au plus aigu avec une aisance a l i t impressionnante. Sa voix pouvait être douce ou fortement projetée. Le chœur de l’Academia di Santa Cecilia, excellent, faisait un beau tapis pour la soliste. Suivait l’ouverture de Benvenuto Cellini de Berlioz fort bien interprétée bien que la phalange romaine ne compte pas 467 instruments comme le souhaitait le lauréat du prix de Rome… On a passé ensuite au Meyerbeer français avec un extrait du célèbre Robert le Diable. Et là quelque chose dérange : la soprano a un accent allemand quand elle chante en français. Cela ne l’empêche pas de se tailler un beau succès dans les passages virtuoses de bel canto. La première partie du concert s’achevait avec une œuvre du jeune Wagner dont il ne reste que l’ouverture, Das Liebesverbot. La deuxième partie était entièrement consacrée à Meyerbeer. Dans la première pièce, Dinorah, Diana Damrau a de nouveau fait preuve d’excellence. Sa voix pleine va de forte à pianissimo avec souplesse. Mais toujours l’accent allemand… Lors de l’exécution de la deuxième pièce, la Marche indienne extraite de L’Africaine, nous avons assisté à un incident rarissime sous la baguette de Pappano : les cordes et les percussions sont sorties du rythme. Ce fut un moment de musique vivante… Au cœur de la deuxième partie figurait l’œuvre la plus célèbre et la plus jouée de Meyerbeer : Les Huguenots. Damrau accompagnée de trois autres solistes (Sara Fiorentini, Antonella Capurso et Bruna Tredicine) et du cœur ont interprété le très beau et long passage « Ô beau pays de la Touraine ». La soprano allemande a obtenu une ovation pour sa maestria dans les passages de bel canto. Le concert s’est terminé par l’ouverture de Dinorah teintée de mélancolie. Ce fut une belle soirée, riche en découvertes et convaincante en ce qui concerne l’œuvre de Meyerbeer. Emmanuèle Rüegger é 65 a i l l e u r s Saison théâtrale chronique lyonnaise Comme chaque année, le Théâtre National Populaire et le Théâtre des Célestins proposent une riche saison, qu’il n’est pas possible de détailler ici. En voici quelques fortes productions. Molière et Racine Après les passionnants spectacles de la Biennale de la Danse qu’ils ont accueillis, le Théâtre National Populaire et le Théâtre des Célestins ont ouvert, chacun sa propre saison. Une concordance : le théâtre au temps de Louis XIV, et dans des lectures qui en dégagent les enjeux créateurs. Enthousiasmant. 66 Théâtre National Populaire Théâtre des Célestins Dans L’école des femmes (1662), Christian Schiaretti voit un basculement, du théâtre forain, où l’agir théâtral guide la pensée dramaturgique, vers « le Molière littéraire, moraliste ». Dans cette production qu’il coréalise avec les Tréteaux de France (directeur de ce CDN itinérant, Robin Renucci tient ici le rôle d’Arnolphe) et qui fut créée en juillet 2013 au Château de Brangues (le domaine de Paul Claudel), le patron du TNP réussit ce pari risqué. La scénographie préserve le théâtre mobile : deux paravents, dont l’un, large, cache tout le fond de scène, et l’autre, plus Dans sa préface, Jean Racine désignait sa pièce Phèdre (1677) comme un portrait intime de femme. Dans sa production créée au printemps dernier et actuellement en tournée, Christophe Rauck (depuis peu, il dirige le Centre dramatique du Nord, à Lille) établit de vives tensions : le roman (soit l’intimité de Phèdre, par ailleurs exprimée en ses stratégies) s’immisce dans la tragédie ; et Hippolyte (Pierre-François Garel, puissant et généreux), loin d’être victime de sa belle-mère, lutte héroïquement pour conduire sa destinée, donc la pièce. S’ajoutent un admirable décor « pluriépoques » dont le cœur serait le néoclassicisme inventé par David, peu avant 1789 et un travail vocal rare au théâtre aujourd’hui. C’est par leur déploiement vocal, en tessiture, en puissance et en timbres, que les acteurs (tous remarquables, à commencer par Cécile Garcia-Fogel en Phèdre et Olivier Werner en Thésée) bâtissent leur rôle et leurs confrontations avec leurs semblables. Rien d’étonnant à ce que Christophe Rauck a réussi ses deux premières mises en scène lyriques, en l’occurrence montéverdiennes : L’incornazione di Poppea en 2010 et Il ritorno d’Ulisse in patria en 2013. Marquant. «Phèdre» au Théâtre des Célestins étroit et à mi-profondeur, est juché sur une estrade. Déserté par les acteurs, le devant-de-scène tient la pièce à distance et dépasse les trop connues répliques attachées à Arnolphe et à Agnès. Surgissent alors deux évidences : Horace (non pas Arnolphe) conduit l’intrigue ; et Agnès (Jeanne Cohendy) est une jeune femme intelligente et volontaire. Une mise en scène au tempo giusto et une distribution précise font que les vers de Molière saillent comme s’ils étaient de l’encre fraîche. Un régal. 04 72 77 40 00 ; www.celestins-lyon.org Frank Langlois Jusqu’au 7 novembre 2014. 04 78 03 30 00 ; www.tnp-villeurbanne.com Théâtre National Populaire - Pasolini, Affabulazione. Mise en scène de Gilles Pastor. Avec la voix off de Jeanne Moreau. Un renversement, moderne, de cet Œdipe que Pasolini avait filmé (du 4 au 16 novembre 2014) - Pirandello, Six personnages en quête d’auteur. Mise en scène d’Emmanuel Demarcy-Mota. La reprise d’une production marquante, qui a fait le tour de l’Europe (du 15 au 26 novembre 2014) - Duyvendak, Please, continue (Hamlet). Mise en scène Roger Bernat. Un fait divers ressemble à l’histoire de Hamlet. Le Théâtre du Grütli a déjà présenté cette production (du 19 au 30 novembre 2014) - Jean Genet, Les Nègres. Mise en scène de Robert Wilson. Déjà présentée au Théâtre de l’Odéon, à Paris (du 8 au 18 janvier 2015) - Kleist, Le prince de Hombourg. Mise en scène de Giorgio Barberio-Corsetti. Créé l’été passé au Festival d’Avignon (du 25 février au 8 mars 2015) - Guénoun, Mai, juin, juillet. Mise en scène de Christian Schiaretti. Reprise d’un flamboyant spectacle, déjà présenté in loco et joué, l’été passé, au Festival d’Avignon. (du 26 mai au 6 juin 2015) 04 78 03 30 00 ; www.tnp-villeurbanne.com ; Théâtre des Célestins - Les aiguilles et l’opium. Texte et mise en scène de Robert Lepage. La nouvelle production du virtuose québécois Robert Lepage (du 15 au 20 novembre 2014) - Skinner, En roue libre. Mise en scène de Claudia Stavisky. Création française de cette pièce écrite par cette jeune et successfull dramaturge britannique (du 7 janvier au 1er février) - Répétition. Texte et mise en scène de Pascal Rambert. Nouvelle pièce de l’auteur de la fameuse Clôture de l’amour (du 22 janvier au 1er février 2015) - Brecht, La vie de Galilée (en allemand, surtitré). Mise en scène d’Armin Petras, patron du Schauspiel Stuttgart (du 10 au 13 mars 2015) - Angelica Liddell, Belgrade. Mise en scène de Thierry Jolivet. Une journaliste de guerre, en 2006, à Belgrade, au moment des funérailles de Miloševi (du 9 au 13 juin 2015) 04 72 77 40 00 ; www.celestins-lyon.org ; a c t u a l i t é e x p o s i t i o n s musée de l’élysée, lausanne Des nouvelles du monde Cet automne, le Musée de l’Elysée propose la découverte de trois façons de voir le monde : celle de Gilles Peress, spécialiste des conflits ; celle de Chaplin,qui utilise le rire pour défendre des valeurs humanistes et universelles ; celle afin du cinéaste Amos Gitai, avec sa réflexion sur le monde et son pays. Intéressant parcours ! Commençons par le moins connu, le travail novateur et nécessaire de Gilles Peress, membre de l'Agence Magnum qui vit à Brooklyn. Ce photographe français, né juste après la fin de la deuxième guerre mondiale, a documenté sur le terrain tous les conflits de la seconde moitié du XXème siècle, de la guerre civile en Irlande du Nord aux charniers de la Bosnie et du Rwanda. En 1979, il s'embarque pour Téhéran, capte des scènes du quotidien, le bouillonnement des foules, les contrastes entre les différentes couches de la société iranienne, ses mouvances politiques et religieuses... Rude travail, attentes exi- Les tirages originaux de cette deuxième édition ont été cédés au Musée grâce à la générosité d'une donation privée. Charlot face à l'histoire Guerre 14-18 oblige, dès le début de sa carrière et ses premiers succès, Charlie Chaplin dut faire face aux critiques de la presse britannique : la place d'un acteur n'est-elle pas de s'engager dans les zones de combat au côté de ceux de son pays d'origine, la Grande-Bretagne, et non de continuer à faire des films dans son pays d'adoption, les USA ? Il répondit qu'il se battrait pour le RoyaumeUni s'il y était appelé et qu'il s'était enregistré comme conscrit aux USA. Mais aucun des deux pays ne lui demanda de servir, et l'ambassade britannique aux ÉtatsUnis publia une déclaration indiquant que Chaplin était bien plus utile à la GrandeGilles Peress, «Manifestations pro-Shariat Madari», Tabriz, 1979 © Gilles Peress Bretagne en soutenant l'effort de geantes des personnes sur les lieux des conflits guerre par l'achat d'obligations que dans les : un Iranien n'a-t-il pas écrit « Comme Iranien, tranchées. Charlot choisit aussi d'entretenir le moral je veux que vous, correspondants, journalistes, cinéastes, disiez la vérité au monde ». De ces des troupes en les faisant rire. Il tourna même images fortes sortira chez Aperture en 1984 un un Charlot soldat en 1918, qui sortit quelques livre majeur dans l'histoire de la photographie, semaines avant l'armistice : un Charlot valeuTelex Iran. Pour faire émerger la complexité de reux capture le Kaiser sur un fond de tranchées. cette réalité, Gilles Peress met côte à côte diver- Succès. Plus tard, les Temps modernes (1936) et ses images et textes, nous permettant de saisir sa critique pertinente du taylorisme, Le des fragments de cette histoire agitée. L'ouvrage Dictateur (1939-40) à la mégalomanie ridicule, a été réédité chez Scalo en 1997, et c'est une le fameux discours montrent l'attachement de sélection de 100 de ces tirages qui est exposée. l'acteur-cinéaste à des valeurs humanistes uni- a c t u a l i t Hynkel, dictateur de Tomainie, «Le Dictateur (The Great Dictator)», 1939-1940 © Roy Export SAS, scan Cineteca di Bologna, courtesy Musée de l’Elysée, Lausanne verselles. Des extraits de films, des photographies des deux guerres mondiales issues de la collection du musée et de collections privées, des documents des Archives Chaplin permettent de situer les positions de Chaplin face à l'histoire. Enfin, l'album Keystone, provenant du Fonds photographique Chaplin, égrènent en 795 photogrammes les débuts de la star dans l'année 1914 seule. Amos Gitaï En synergie avec la Cinémathèque suisse, la Cinémathèque française et Galerie, Bruxelles, la troisième exposition présente le travail d'une vie, celui du cinéaste israélien Amos Gitaï. La place manque ici pour retracer le cheminement de 40 années de cet architecte devenu par force cinéaste, qui ne cesse de réfléchir le monde et son pays, Israël, à partir de la guerre du Kippour en 83, événement traumatique, en près de 80 créations : installations vidéo, mises en scène de théâtre et livres, longs et courts métrages, fictions et documentaires, travaux expérimentaux, réalisations pour la télévision, tournés dans son pays, Israël, et partout dans le monde... Catherine Graf Exposition Gilles Peress jusqu’au 30 novembre 2014, expositions Chaplin et Amos Gitai jusqu’au 4 janvier 2015, Musée de l'Elysée Lausanne é 67 expositions musée des beaux-arts de bâle For your eyes only Avant sa fermeture d’une année, au printemps prochain, le Musée des Beaux-Arts de Bâle accueille en ses murs une des grandes collections privées bâloises, la collection Richard et Ulla Dreyfus, dont l’intérêt s’étend par-delà les frontières. Collectionneur-esthète, Richard Dreyfus – décédé en 2004 - a amoureusement construit sa collection, en amateur d’art éclairé qu’il était. Certes, il en avait les moyens et avait hérité d’œuvres exceptionnelles de la fameuse collection Robert von Hirsch, dont la vente aux enchères chez Sotheby en 1978 avait été considérée comme une des ventes du siècle. Du Moyen-Âge à nos jours Exposée pour la première fois cet été à la Fondation Guggenheim de Venise, la collection revient à son port d’attache avec une sélection de plus de cent œuvres, comptant aussi bien des objets, des dessins, des peintures allant du Moyen-Âge à nos jours. Pour le commissaire de l’exposition, Andreas Beyer, il s’agit « d’une collection exemplaire de la perception contemporaine globale de l’art comme crossover : non plus structurée strictement selon les époques et les genres, mais en tant qu’entité globale et simultanée ». Parmi les collectionneurs, il y a ceux qui ne font qu’aligner de grands noms. Rien de tel dans la collection présentée, où le visiteur peut suivre un fil conducteur, clairement indiqué dans le sous-titre, entre maniérisme et surréalisme. On verra ainsi des artefacts profanes côtoyer des objets de l’ars erotica ou de l’ars religiosa, des dessins de Maîtres de la Renaissance et du Baroque dialoguer avec des œuvres surréalistes, le symbolisme se confronter au pop art. Le dénominateur commun aux œuvres étant une artificialité qui expérimente l’intégralité des possibles des formes de l’art, jusqu’à leurs limites les plus extrêmes. En pénétrant dans la première salle, aux allures de cabinet de curiosité, le visiteur est convié à une mise en bouche, qui lui donnera la teneur de la suite du menu. Comme certains créateurs gastronomiques peuvent mélanger les saveurs, le commissaire, lui, organise son espace en fonction de subtiles correspondances : des œuvres représentatives de Johann Heinrich Füssli comme Roméo devant le corps de Juliette (1809) ou Ulysse naufragé sur le radeau (1805/10) mais aussi des œuvres de Gustave Moreau, au climat à la fois si sensuel et mys- 68 Johann Henrich Füssli «Le Cauchemar», 1810 Huile sur toile, 75 x 95. Collection privée. Crédit photo : Kunstmuseum Basel / Martin P. Bühler a c t u a l i t é expositions re. Que ce soit un tronc en forme de tête de mort, une tête de mort en faïence, voire en coquillages, un dessin de crâne d’Andy Warhol (1976/77), un autre de Rebecca Bournigault (2009) ou des têtes composées dans la tradition arcimboldesque, ce thème de la tête ou du visage transformé par l’art est une constante de la collection. Dans la Tête de femme ayant la forme d’une bataille de Salvador Dali, un regard plus approfondi révèle une anamorphose, une tête de femme se profilant à partir des cavaliers. Surréalisme René Magritte «Le bouquet tout fait», 1956 Huile sur toile, 60 x 50 cm. Collection privée © 2014, ProLitteris Zurich Crédit photo : Kunstmuseum Basel / Martin P. Bühler tique, dialoguent avec Jeff Koons et son Wrecking Ball, planant sur la salle en figure tutélaire de son siècle, ou moins ostentatoire mais non moins provocatrice l’œuvre de Not Vital Fuck you (1991). Sur une tapisserie rhénane de 1561, le ton coquin de La licorne sur les genoux d’une vierge peut préfigurer l’esprit de la collection. La toile de René Magritte, Le bouquet tout fait (1956), flanquée d’un côté d’une figure de bronze, un Buste de l’époque romane, de l’autre du fer à repasser hérissé de clous de Man Ray, Le Cadeau (1921/1963) ne manqueront pas d’accrocher l’œil. Descente en enfer C’est ensuite à une descente en enfer qu’est convié le visiteur. Avec plusieurs œuvres représentant des scènes de sorcellerie, dont cette insolite Cuisine de sorcières (1604) de Frans Franken ou ces autres Scène de sorcellerie a c t u d’Angelo Caroselli ou Faustino Bocchi. Dans cet univers occulte, l’œuvre de Füssli, Adam et Eve chassés du paradis (1802) trouve ainsi tout naturellement sa place, auquel viennent s’ajouter quelques belles allégories de la vanité et de la renommée de maîtres flamands. Des atmosphères inquiétantes émanent du Jugement Dernier (1515/20), peint par un épigone de Hieronimus Bosch et sont même amplifiées dans l’œuvre de Jacob Isaacsz Van Swanenburg, Enée est conduit à travers le monde souterrain par la Sybille Cumaïque. Privilégiant les ambiances fantastiques, oniriques, surnaturelles, la collection intègre quelques très belles œuvres de François de Nomé dit Monsù Desiderio, représentant des intérieurs d’églises imaginaires, plongés dans un chaos cataclysmique. En contrepoint à ces toutes ces œuvres, le surréaliste Richard Oelze, très apprécié d’André Breton apporte sa puissance visionnai- a l i t La pièce de résistance du parcours est réservée aux artistes surréalistes. C’est une des trois versions du Cauchemar (1810) de Johann Heinrich Füssli, auquel aimaient se référer les Surréalistes, qui nous sert d’introduction. En figure de proue, René Magritte, très bien représenté avec des œuvres clefs comme Le Château des Pyrénées, La Raison pure, Le Bal Masqué, Le Modèle rouge. A elle seule, cette salle peut se lire comme une histoire des artistes surréalistes. Ils y sont presque tous : de Max Ernst à Salvador Dali, en passant par Victor Brauner, Man Ray, Yves Tanguy, Paul Delvaux. Le Cauchemar, considéré comme scandaleux par les contemporains de Füssli régalait bien sûr les Surréalistes, qui y voyait comme une sublimation des instincts sexuels. Eros et thanatos structurent cette collection. Que les collectionneurs aient été passionnés par les dessins, peintures ou gravures érotiques, portant de belles signatures comme Hans Bellmer, Alfred Kubin, Matthew Barney, Francesco Clemente, a finalement poussé le commissaire à créer une salle d’Ars erotica, y ajoutant une vitrine garnie d’artefacts ou autres objets, qui se passent de commentaires. C’est à Arnold Böcklin que revient l’honneur de clore le parcours. Son Ulysse au bord de la mer (1869) qui tend les bras vers l’immensité de la mer, peut aussi être compris comme une invitation à revoir les œuvres de l’artiste. Difficile sinon impossible de constituer aujourd’hui une telle collection avec des pièces dont rêveraient beaucoup de musées. Raison suffisante de ne pas manquer ce rendez-vous, avant que la collection ne retrouve l’intimité de ses cimaises. Régine Kopp www.kunstmuseumbasel.ch Jusqu’au 4 janvier 2015 é 69 expositions musée des beaux-arts de berne : augusto giacometti Un pionnier de l’abstraction La Suisse n’a pas son Picasso mais elle a son Giacometti ! Ou plutôt sa tribu de Giacometti, avec Alberto (1901-1966), Diego (1902-1985), leur père Giovanni (1868-1933) et bien sûr Augusto (1877-1947). Après avoir consacré une exposition à Giovanni Giacometti en 2010, le directeur Matthias Frehner souhaitait depuis longtemps programmer une rétrospective consacrée à Augusto Giacometti. C’est donc chose faite et l’hommage au « maître des couleurs » avec plus de cent trente œuvres, provenant de collections publiques, privées, nationales et internationales, dont le Musée d’Art Moderne de New York, est aussi l’occasion pour les visiteurs de découvrir ce virtuose de la couleur. 70 Avec une idée bien précise dans la tête du directeur, celle de montrer qu’Augusto n’est pas un peintre abstrait occasionnel, qui navigue entre les styles, entre l’abstraction et la figuration, un peintre décorateur, tel que le définissait son cousin Giovanni et que l’histoire de l’art l’a enregistré. Car, rien n’a été simple entre Giovanni et Augusto. Bien que nés dans ce même village de Stampa dans le Bergel, leurs relations étaient quasi inexistantes voir même hostiles. Que les parcours des deux artistes étaient bien différents, n’expliquent pas tout. Plus grave étaient les divergences sur le problème de la représentation de la réalité. Nouveau, le symbolisme, le futurisme, fréquentant aussi les Dadaïstes à Zurich. Mais sa grande affaire, son credo à lui, c’est la primauté de la couleur dans sa peinture, qu’elle soit figurative ou non. Ses compositions ne se construisent plus par la perspective mais reposent sur la juxtaposition de plans colorés, générant une dynamique entre les formes colorées, créant ainsi un nouveau langage pictural. « Se rappeler qu’un tableau, avant d’être un cheval de bataille, une femme nue ou une quelconque anecdote, est essentiellement une surface plane recouverte de Juxtaposition de plans colorés Giovanni, de neuf ans plus âgé qu’Augusto, était revenu à Stampa, après ses années d’études à Munich. Augusto suivit une autre voie, étudiant d’abord de 1894 à 1897 à la Kunstgewer-beschule de Zurich, puis à l’Ecole Nationale des Arts Décoratifs et différentes académies à Paris, où il reste jusqu’en 1901, partant ensuite s’établir pour treize années à Florence. Un séjour de treize années auquel la première guerre mettra fin, et Augusto se fixera finalement à Zurich. Au cours de ses pérégrinations, il croise diverses esthétiques, l’Art Augusto Giacometti «Paysage (arbre)», 1911 Huile sur toile, 70 x 69 cm. Collection privée © Erbengemeinschaft Nachlass Augusto Giacometti a c t u a Augusto Giacometti, Autoportrait, 1922 Huile sur toile, 41,5 x 35,7 cm Stiftung für Kunst, Kultur und Geschichte, Winterthur © Erbengemeinschaft Nachlass Augusto Giacometti couleurs en un certain ordre assemblées », avait déjà proclamé Maurice Denis. Un point de vue auquel Augusto adhère entièrement mais que ne partage en aucun cas Giovanni. Panorama Tout le parcours imaginé par Daniel Spanke, attaché au musée des Beaux-Arts de Berne, et Beat Stutzer, ancien directeur du musée de Coire et connaisseur de l’artiste, veut tordre le cou à l’idée d’un artiste décorateur et montrer la formidable contribution que cet artiste de l’avant-garde suisse a apportée à l’art abstrait. C’est pourquoi l’exposition a intégré une section consacrée à l’environnement artistique d’Augusto Giacometti, parmi les peintres qui s’intéressaient plus particulièrement à la couleur : Paul Cézanne, Paul Klee, Joseph Albers, Ernst Wilhelm Nay. Cette peinture abstraite, qui se développe en même temps en plusieurs lieux, au début du XX° siècle, était aussi au centre de l’exposition au Museum of Modern Art de New York en 2012-2013, sous le titre Inventing Abstraction. 1910-1925 et montrait la position innovante d’Augusto Giacometti. L’exposition présente un panorama de toutes les pério- l i t é expositions des de création de l’artiste. Dans le grand hall d’entrée, il faut être attentif à son étude de papillons, réalisée au Jardin des Plantes à Paris, à des fins de recherche sur la couleur. « Quand je dessinais des papillons, écrit-il, je traçais par-dessus leurs ailes un dense réseau de tout petits carrés. De cette façon, je pouvais déterminer combien l’aile du papillon contenait de carrés noir, vert, rouge. Je dessinais alors ces carrés en plus grand, puis je les remplissais avec la couleur concernée et je supprimais le peintes de son village natal de 1910 à 1914, que ce soit Mon Jardin (1914), La maison où je suis né (1914), Mon village d’origine (1911), toutes ces œuvres révèlent la méthode du peintre, qui consiste à appliquer la couleur en petits carrés de toutes les couleurs, comme les pierres d’une mosaïque sur la toile. Nouveau langage pictural Au centre de l’exposition, c’est une célébration de ce nouveau langage pictural de l’ar- du qu’il cherche à fixer sur la toile, que l’approfondissement des problèmes liés à la couleur, tels qu’ils se posent dans le genre du portrait. Fasciné par la couleur, Augusto Giacometti exploite aussi la technique du vitrail au plomb de couleur, créant des vitraux pour la cathédrale de Zurich, que le visiteur pourra admirer en fin de parcours grâce à une camera webcam. Comme d’autres artistes au même moment, Vassily Kandinski, Piet Mondrian ou Kasimir Malevitch, le Suisse Augusto Giacometti ne 71 Augusto Giacometti, «Le bar Olympia», 1928 Huile sur toile, 170 x 222,5 cm. Legs de l’artiste © Bündner Kunstmuseum Chur © Erbengemeinschaft Nachlass Augusto Giacometti dessin de l’aile du papillon : j’avais ainsi une abstraction colorée sans objet ». Les deux premières salles, qui réunissent des œuvres de 1903 à 1915, nous montrent comment le symbolisme et l’art nouveau lui permettent cet apprentissage de la couleur et des formes, comme moyens artistiques autonomes, et le pousse à une stylisation des objets. En témoignent ses toiles Etoiles fixes (1908), La nuit (1903), Montagnes (1904) mais aussi les nombreuses aquarelles évoquant Stampa ou Florence. Dans la section consacrée aux œuvres a c t u tiste, où les formes colorées structurent les compositions, comme cette Fantasia coloristica (1913), L’ascension du Piz Duan (1912), Fantaisie chromatique (1914) ou Fantaisie sur une fleur de pomme de terre (1917). A partir de 1917, l’artiste cherche à porter ses couleurs à leur intensité maximale, créant des fonds aux tonalités sombres. Nuit d’été (1917) ou Souvenir des primitifs italiens II (1927) sont deux beaux exemples. De même, dans toute la salle des autoportraits, il est intéressant de voir que ce n’est pas tant la psychologie de l’indivi- a l i t considère plus la peinture comme une fenêtre sur le monde et élabore une forme inédite de peinture. Une figure pionnière de l’abstraction dont les œuvres aujourd’hui très recherchées par les collectionneurs, atteignent des cotes très élevées. Non, décidément son œuvre n’est pas de la « confiture à la Giacometti », comme certains l’ont laissé entendre ! Régine Kopp www.kunstmuseumbern.ch Jusqu’au 8 février 2015 é expositions FRANCE en Botticelli… Chefs-d’œuvre retrouvés. Jusqu’au 5 janvier Colmar Annemasse Musée Bartholdi : Exquises Villa du Parc : Saison Iconographe 2014/2015 - Clément Rodzielski & Pierre Leguillon. Jusqu’au 20 décembre. Avignon Prison Saint-Anne : La dispari tion des lucioles. Jusqu’au 25 novembre. esquisses (dessins de Bartholdi). Jusqu’au 31 décembre. Evian Maison Garibaldi : « Evian et le drame de la Grande Guerre », 500’000 civils rapatriés. Jusqu’au 16 novembre Baux-de-Provence Grenoble Carrières de lumières : Klimt et Musée de Grenoble : Giuseppe Vienne. Un siècle d’or et de couleurs. Jusqu’au 4 janvier Bordeaux Musée des beaux-arts : Photographes de la côte ouest des États-Unis des XIXe et XXe siècles. Jusqu’au 10 novembre Penone. Du 22 novembre au 22 février. Le Havre Musée d’Art moderne André Malraux : Nicolas de Staël. Lumières du Nord - Lumières du Sud. Jusqu’au 9 novembre. Bourg-en-Bresse Lille Monastère royal de Brou : En noir Palais des Beaux-Arts : Sésostris et en couleurs. Jusqu‘au 26 avril 72 Cassel Musée de Flandres : Le pouvoir de l'image durant la Grande Guerre. Du 8 novembre au 1er février. Chantilly Château : Fra Angelico, III - pharaon de légende. Jusqu‘au 25 janvier L’Isle-Adam Musée d’art et d’histoire Louis Senlecq : Jean-Baptiste Sécheret, Paysages. Peintures, dessins, gravures. Du 16 novembre au 15 mars france Lyon Galerie Pallade : Vladimir Velickovic. Peintures et collages. Jusqu’au 6 février Musée des beaux-arts : Dialogue avec la Fondation Bullukian. Jusqu‘au 10 novembre. Jacqueline Delubac. Le choix de la modernité. Rodin, Lam, Picasso, Bacon. Du 7 novembre au 16 février. Toulon Musée Soulages : De Picasso à Jasper Johns. L’atelier d’Aldo Crommelynck. Du 14 novembre au 8 mars. Thonon Musée du Chablais (Châ̂teau de Sonnaz) Le Léman en question. Jusqu’au 9 novembre. Marseille Toulon MuCEM : Food. & Les chemins Hôtel des Arts : Enki Bilal. d’Odessa. Jusqu‘au 23 février. Jusqu‘au 4 janvier Quimper Toulouse Musée des beaux-arts : De Musée des Augustins Gainsborough à Turner, l’âge d’or du paysage et du portrait anglais. Jusqu‘au 26 janvier. Rodez Musée Soulages : De Picasso à Jasper Johns. L’atelier d’Aldo Crommelynck. Du 14 novembre au 8 mars. Roubaix Musée d’Art et d’Industrie André Diligent - La Piscine : Camille Claudel (1864 – 1943). Au miroir d’un Art nouveau. Du 8 novembre au 8 février. : Benjamin-Constant (1845-1902) et l’Orientalisme. Jusqu‘au 4 janvier Musée Saint-Raymond : L’Empire de la couleur, de Pompéi au sud des Gaules. Du 15 novembre au 22 mars. Wingen Musée Lalique : Le monde aqua tique de Lalique. Jusqu’au 11 nov. St.Germainen-Laye Musée départemental Maurice Denis : Beautés du Ciel. Décors religieux de Maurice Denis au Vésinet. Jusqu’au 4 janvier Musée des Beaux-Arts de Lyon Jacqueline Delubac Le choix de la modernité. Rodin, Lam, Picasso, Bacon Une grande exposition consacrée à Jacqueline Delubac (1907 – 1997) est programmée au Musée des BeauxArts de Lyon. En insistant sur l’audace de ses choix, l’exposition présentera à la fois la comédienne, la femme « la plus élégante de Paris » mais aussi et surtout l’amatrice d'art qui légua trente-huit œuvres de première importance au musée des Beaux-Arts de sa ville natale en 1998. Jacqueline Delubac quitte Valence pour Paris dans les années 20, où sa carrière théâtrale débute en 1931 avec une pièce de Sacha Guitry (1885 – 1957). Devenant la troisième épouse de l’auteur en 1935, elle emménage dans son hôtel particulier et vit alors entourée d’œuvres d’art. À la scène comme à la ville, la comédienne incarne l’élégance et l’avant-garde de la mode. Après avoir interprété vingt-sept rôles au théâtre et joué dans vingtcinq films, Jacqueline Delubac, séparée de Sacha Guitry en 1939, interrompt sa carrière au début des années 50. Elle entreprend aussitôt de constituer sa propre collection d’œuvres d’art et devient une figure du Tout-Paris. Elle partage sa nouvelle passion avec son nouveau compagnon Myran Eknayan, lui-même collectionneur, qu’elle épouse sur le tard, en 1981. Francis Bacon (1909-1992) «Etude pour une corrida no. 2», 1969. Huile sur toile, 198,3 x 147,5 cm. Legs Jacqueline Delubac, 1997. Lyo, musée des Beaux-Arts © The Estate of francis Bacon / All right reserved / ADAGP, Paris 2014 - Image Lyon MBA - Photo RMN / René Gabriel Ojéda L’exposition présente ainsi les trente-huit œuvres que Jacqueline Delubac a légué au Musée des Beaux-Arts de Lyon - trente-cinq tableaux ou pastels de Monet, Manet, Renoir, Degas, Bonnard, Vuillard, Léger, Braque, Picasso, Miró et Bacon... - complété par quelques bronzes de Rodin et les tableaux du XIXe siècle ayant appartenu à Myran Eknayan. Le legs de Jacqueline Delubac permet depuis au musée des Beaux-Arts de Lyon de présenter la première collection impressionniste hors de Paris, tandis que les œuvres modernes et contemporaines offrent des grands jalons de l’art du XXe siècle. Du 7 novembre 2014 au 16 février 2015 a g e n d a expositions en europe Musée Thyssen-Bornemisza, Madrid L’impressionnisme et les Américains Edmund C. Tarbell «Trois sœurs - une étude au soleil de juin», 1890 Huile sur toile, 89.2 x 101.9 cm. Milwaukee Art Museum, Milwaudee Wisconsin, Don de Mme Montgomery Sears, M1925.1 © Milwaudee Art Museum / photo : John R. Glembin AILLEURS Essen Folkwang Museum : Inspiration japonaise. Monet, Gauguin, van Gogh... Jusqu’au 18 janvier Barcelone Museu Nacional d’Art Berlin Martin-Gropius-Bau de Catalunya : Antoni Viladomat i Manalt. Jusqu’au 31 déc. (Am Kupfergraben) Walker Evans. L’œuvre d’une vie. Jusqu’au 9 nov. Bruxelles Bozar : «Focus on Italy». Peinture de Sienne. Ars Narrandi dans l’Europe gothique. / The Yellow Side of Sociality. Italian Artists in Europe. / Michelangelo Pistoletto. Love Difference Mar Mediterraneo (2003-2005). Trois expositions jusqu’au 18 janvier. Musées royaux des beaux-arts : Rétrospective Constantin Meunier (1831-1905). Jusqu’au 11 janvier Palais des Beaux-Arts : Sensation et sensualité. Rubens et son héritage. Jusqu’au 4 janvier Cologne Wallraf-Richartz-Museum : La Cathédrale. Romantisme - Impressionnisme - Modernisme. Jusqu’au 18 janvier a g Florence Palazzo Strozzi : Picasso et l’expé- rience du modernisme espagnol. Chefs-d’œuvre du musée national Reina Sofia. Jusqu’au 20 janvier Francfort Schirn Kunsthalle : Helene Schjerfbeck. Jusqu‘au 11 janvier Städelmuseum : Dessins de la Renaissance italienne. Jusqu‘au 11 janvier. Royaumes de l’imagination. Albrecht Altdorfer et l’art autour de 1500. Du 5 novembre au 8 févrer. Hambourg Kunsthalle : Max Beckmann. Les natures mortes. Jusqu’au 18 janvier Karlsruhe Staatliche Kunsthalle : Degas. Classicisme et Expérimentation. Du 8 novembre au 1er février. La Haye Gemeente Museum : Mark Rothko. Jusqu’au 3 janvier e n Cet automne, le musée Thyssen-Bornemisza présente la première exposition en Espagne consacrée à la diffusion de l'Impressionnisme en Amérique du Nord, organisée avec le Musée des Impressionnismes de Giverny et de la Fondation Terra pour l’art américain, en collaboration avec les Galeries Nationales d’Ecosse. Cette exposition déploie une sélection de 80 peintures et propose une analyse de la façon par laquelle les artistes nord-américains ont découvert l'Impressionnisme dans les années 1880 et 1890, et explique son développement ultérieur autour de 1900. Alors que des artistes tels que Mary Cassatt et John Singer Sargent ont vécu quelques années en France, période durant laquelle ils ont exhibé leurs œuvres et partagé d’étroites relations avec des peintres comme Degas et Monet, ce n’est qu’à partir de 1886 avec l’exposition de l’Impressionnisme français à New York, organisée par le marchand d’art Durant-Ruel, que les peintres américains commencèrent à faire usage du nouveau coup de brosse, des couleurs brillantes et des thèmes caractéristiques du mouvement français. Certains d’entre eux visitèrent même Paris pour découvrir ce mouvement sur place. Les œuvres de Cassatt, Sargent et Whistler présentés à l’exposition révèlent leur rôle dans le développement de l’Impressionnisme en Europe, alors que ceux de Theodore Robinson et Childe Hassam, parmi d’autres artistes qui ont voyagé en France pour découvrir l’Impressionnise, revèlent une assimilation plus graduelle de cette nouvelle technique. du 4 novembre 2014 au 1er février 2015 Londres Milan British Museum : Huit momies, huit Palazzo Reale : Segantini. Le vies, huit histoires. Jusqu’au 30 nov. Ming - 50 ans qui ont changé la Chine. Jusqu’au 5 janvier Courtauld Gallery : Jack of Diamonds. Jusqu’au 18 janvier. Egon Schiele. Le nu radical. Jusqu‘au 18 janvier National Gallery : Rembrandt : dernières œuvres. Jusqu‘au 11 janv. National Portrait Gallery : William Morris et son héritage, 1860-1960. Jusqu‘au 11 janvier Royal Academy of Arts : Anselm Kiefer. Jusqu’au 14 déc. Tate Britain : Late Turner Painting set free. Jusqu’au 25 janvier Victoria & Albert Museum : Constable. The Making of a Master. Jusqu’au 11 janvier. Wallace Collection : Global city dans les rues du Lisbonne de la Renaissance. Du 6 nov. au 15 févr. Madrid Fundación Mapfre : Sorolla et les Etats-Unis. Jusqu’au 11 janvier Musée du Prado : Le Bernin et l’Espagne. Jusqu‘au 8 février. Musée Thyssen-Bornemisza : L’Impressionnisme et les Américains. Du 4 nov. au 1er février. d a retour à Milan. Jusqu’au 18 janvier Rome Musée de l’Ara Pacis : Henri Cartier Bresson, rétrospective. Jusqu’au 6 janvier Palazzo Venezia : Les tombes légendaires de Mawangdui. Jusqu’au 16 février. Scuderie del Quirinal : Memling. Jusqu‘au 18 janvier San Gimignano Palazzo Comunale, Pinacoteca : Pintoricchio. Jusqu’au 6 janvier. Venise Fondation Querini Stampalia : Sur les traces de l’architecte et designer Carlo Scarpa. Jusqu‘au 23 nov. Palazzo Grassi : Irving Penn & L’illusion des lumières. Jusqu’au 31 déc.. Peggy Guggenheim Collection: Azimut/h - continuité et nouveauté. Jusqu’au 19 janvier Vienne Albertina (Albertinapl.) Arnulf Rainer. Jusqu’au 6 janv. Miró - De la terre au ciel. Jusqu’au 11 janv. 73 expositions Genève Art en île - Halle Nord (pl. de l’île 74 1) Rudy Decelière. Du 13 novembre au 19 décembre. Blondeau & Cie (Muse 5) Viktor Kopp. Jusqu’au 20 décembre Cabinet d’Arts graphiques (Promenade du Pin 5) Le geste suspendu. Estampes Kabuki du Cabinet d'arts graphiques. Jusqu’au 11 janvier Centre d'Art Contemporain (Vieux-Grenadiers 10) Biennale de l'Image en Mouvement 2014. Jusqu’au 23 novembre. Centre d'édition contemporaine (Saint-Léger 18) Raphaël Julliard. Jusqu’au 29 novembre Centre de la Photographie (Bains 28) Biennale de l'Image en Mouvement 2014. Jusqu’au 23 nov. Espace Jörg Brockmann (Noirettes 32) Sara Lena Maierhofer. Jusqu’au 19 décembre. Alisa Resnik. Du 4 décembre au 21 février. Espace L (rte des Jeunes 43) Melting Pot, dialogue entre art contemporain brésilien et européen. Jusqu’au 9 novembre. Terra, œuvres de Christina Oiticica. Du 19 ovembre au 9 janvier. Ferme de la Chapelle, GrandLancy (39, rte de la Chapelle) Théodora (sculptures) & Tami Ichino (peintures). Jusqu’au 30 nov. Gagosian Gallery (Longemalle en 19) Horror Vacui. Jusqu’au 20 déc. Galerie Bärtschi (rte des Jeunes 43) Jm Shaw. Du 8 novembre au 13 mars Galerie de la Béraudière (E.Dumont 2) Germaine Richier. Du 6 novembre au 20 février. Galerie Bernard Ceysson (7, Vieux-Billard) Claude Caillol. Du 8 novembre au 10 janvier. Galerie Anton Meier (Athénée 2) Adrian Schiess. Du 6 novembre au 21 février Galerie Mezzanin (63, Maraîchers) Peter Kogler. Du 8 novembre au 20 décembre. Galerie Mitterand + Cramer (Bains 52) Bird Song. Jusqu’au 20 déc. Galerie Skopia (Vieux-Grenadiers 9) Franz Gertsch. Du 8 novembre au 20 décembre. Galerie Turetsky (25, Grand-Rue) Isa Barbier. Du 6 nov. au 13 déc. Interart (33, Grand-Rue) Oeuvres choisies - Calder, Dalí, Ernst, Metzinger, ... Du 6 nov. au 23 janv. Mamco (Vieux-Granadiers 10) Cycle Des histoires sans fin, automne-hiver 2014-2015 & Ulla von Brandenburg & Sonia Kacem, Prix Manor 2014. Jusqu’au 18 janvier Médiathèque du Fonds d'Art Contemporain (Bains 34) Unfinished Histories - Histoires en devenir. Jusqu’au 15 novembre. Prendre la parole. Du 20 novembre au 3 janvier. suisse Milkshake Agency (24, Montbrillant) Martin Jakob. Jusqu’au 18 novembre. Musée Ariana (Av. Paix 10) Création contemporaine et mécenat. Jusqu’au 16 novembre. Jean Marie Borgeaud, La terre au corps. Jusqu’au 26 avril Musée d’art et d’histoire (Ch.Galland 2) Rénover Agrandir. Jusqu’au 31 décembre. Musée d’ethnographie (Conches) Les rois mochica. Divinité et pouvoir dans le Pérou ancien. Du 1er novembre au 3 mai. Musée Barbier-Mueller (J.-Calvin 10) Nudités insolites. Jusqu’au 30 novembre. Musée de Carouge (pl. Sardaigne) Théodore Strawinsky (1907-1989). Du 26 novembre au 22 mars. Musée international de la CroixRouge : «Trop humain». Artistes des XXe et XXIe siècles devant la souffrance. Jusqu’au 4 janvier Musée Rath (pl. Neuve) Gustave Courbet - les années suisses. Jusqu’au 4 janvier Studio Sandra Recio (Ports Francs, Bâtiment A) Sandra Gamarra, artiste péruvienne. Jusqu’au 5 décembre. Xippas Art Contemporain (Sablons 6) Herbert Hamak & Dan Walsh. Du 6 novembre au 17 janvier Lausanne Collection de l’Art brut (Bergières 11) André Robillard. Du 28 novembre au 19 avril. Mudac (pl. Cathédrale 6) Le verre vivant. Acquisitions récentes de la collection d'art verrier. Jusqu’au 16 novembre. Nirvana - les étranges formes du plaisir. Jusqu’au 26 avril Musée cantonal des beaux-arts (pl. Riponne) Accrochage [Vaud 2014] & Lukas Beyeler. Instant Win / Julian Charrière. Future Fossil Spaces. Prix culturel Manor Vaud 2014. Jusqu’au 11 janvier. Musée de l’Elysée (Elysée 18) Chaplin, entre guerres et paix (19141940) & Amos Gitai Architecte de la mémoire & Gilles Peress, Telex Iran. Jusqu’au 4 janvier. Théâtre de Vidy : Le monde savait. La mission de JanKarski pour l’humanité. Du 13 au 22 novembre. André Robillard. Du 28 novembre au 18 décembre. Chaux/Fonds Musée des beaux-arts : Blaise Cendrars au cœur des arts. Du 16 novembre au 1er mars Fribourg Espace Jean Tinguely-Niki de Saint Phalle : Paul Talman. Jusqu’au 11 janvier. Fondation Baur Chine impériale Splendeurs de la dynastie Qing A l’occasion du cinquantenaire du musée, la Fondation Baur, musée des arts d’Extrême-Orient, propose une promenade historique et artistique dans la Chine de la dynastie Qing (1644-1911), à travers les célèbres collections des musées Guimet, du Quai Branly, des Arts décoratifs, du Château de Fontainebleau, de l’Armée, de la Bibliothèque nationale de France, de la Bibliothèque de Genève ainsi que du Victoria and Albert Museum de Londres. «Chine impériale» s’inscrit dans le courant d’intérêt pour la dernière dynastie chinoise, une période caractérisée par un exceptionnel dynamisme artistique soutenu par des souverains lettrés et collectionneurs. Ouverts aux influences extérieures, ils étaient aussi passionnés de sciences occidentales et d’« objets exotiques » que d’art. Les visiteurs auront l’occasion de découvrir des œuvres liées à l’établissement de l’empire, à l’exercice du pouvoir et à ses rites, à la conquête de l’Ouest, ainsi qu’au rôle des missionnaires jésuites dans les sciences et les arts décoratifs par le biais de manuscrits, de livres précieux, de gravures, de vêtements et d’exceptionnels rouleaux impériaux. Enfin, ils entreverront les jardins secrets des empereurs grâce à des objets d’art destinés à la délectation quotidienne : bronzes antiques, cloisonnés, porcelaines, laques, jades et verreries. Bouteille à anses en forme de « ruyi » Émaux cloisonnés sur cuivre. Dynastie Qing, XVIIIe siècle H. 35 cm. Legs baronne Salomon de Rothschild, dépôt à̀ la Fondation nationale des arts graphiques et plastiques, 1923. Les Arts décoratifs – musée des Arts décoratifs, Paris, inv. Rothschild 29 © Les Arts décoratifs a g jusqu’au 4 janvier 2015 e n d a expositions en suisse Musée d’ethnographie de Genève Les rois mochica Divinité et pouvoir dans le Pérou ancien Pour sa réouverture, le MEG présente en première mondiale l'extraordinaire trésor d'une tombe royale de culture mochica ou moché, mise au jour en 2008 sur le site archéologique de Huaca El Pueblo, sur la côte nord du Pérou. Grâce à un prêt exceptionnel du Ministère de la Culture du Pérou, l'exposition « Les rois mochica. Divinité et pouvoir dans le Pérou ancien » nous invite au cœur de l'une des plus importantes civilisations précolombiennes, dont l'essor s'est déployé du 1er au 8e siècle de notre ère. « Ornement de couvre-chef à effigie de renard » Pérou, côte nord, site de Huaca de la Luna Mochica. Phase IV, 6e-7e siècle Cuivre doré. H 16 cm. Linden-Museum, Stuttgart Photo: Anatol Dreyer, Linden-Museum, Stuttgart Musée d’art et d’histoire : Marcello. Adèle d’Affry (18361879). Duchesse de Castiglione Colonna. Femme artiste entre cour et bohème. Du 7 nov. au 22 février LeMusée Locle des beaux-arts Lermite. Du 16 nov. au 1er février : Revoir Renoir. Jusqu’au 30 nov. Neuchâtel Centre Dürrenmatt (Pertuis du Saut 74) The Hidden World - Jim Shaw Didactic Art Collection with JeanFrédéric Schnyder & Friedrich Dürrenmatt. Jusqu’au 7 décembre. Laténium (Hauterive) Aux origines des pharaons noirs - 10’000 ans d’archéologie nubienne. Jusqu’au 18 mai Musée d'art et d'histoire (espl. Léopold-Robert 1) Renzo Ferrari (1958-2014) Visions nomades. Du 23 novembre 2014 au 20 avril 2015 Vevey Alimentarium (quai Perdonnet) Detox. Jusqu’au 30 avril. Musée Jenisch : La passion Dürer. Jusqu’au 1er février. a g Du 1er novembre 2014 au 3 mai 2015 OUTRE SARINE Aarau Aargauer Kunsthaus : Sophie Martigny Fondation Pierre Gianadda : Cette trouvaille exceptionnelle, restaurée sur place avec le concours de l’Office fédéral de la Culture, est complétée par des prêts majeurs provenant des musées ethnologiques de Berlin et de Stuttgart. Cette exposition est l’occasion de s’intéresser à cette civilisation au pouvoir étatique singuli« Ornement d’oreille présentant un canard » Pérou, côte nord, site de Sipán, tombe 1. Mochica. Moché er qui légitimait l’autorité de ses dirigeants Moyen, 6e-7e siècle. Or, turquoise, cuivre doré. Ø 8,5 cm par des moyens redoutablement efficaces : Museo Tumbas Reales de Sipán, Chiclayo Photo: MEG, J. Watts / Ministerio de Cultura del Perú, Lima l’usage d’une iconographie hautement symbolique, l’interprétation quasi-divinatoire de phénomènes climatiques ou encore... le sacrifice humain ! Entre écologie, pouvoir et religion, le MEG vous emmène à la découverte de la naissance et de la consolidation d’un des premiers États andins précolombiens. Taeuber-Arp. Jusqu’au 16 novembre Ascona Musée d’art moderne : Luigi Russolo. Jusqu’au 7 décembre 20) Du Patchwork à l'illumination la robe des moines bouddhistes. Jusqu’au 22 mars. Museum für Gegenwartskunst (St. Alban-Rheinweg 60) One Million Years - système et symptôme. Jusqu’au 5 avril. Musée Tinguely (Paul SacherAnlage 1) La Poésie de la métropole. Les affichistes. Jusqu’au 11 janvier. Bâle Berne Antikenmuseum : Roma Eterna. 2000 ans d'histoire sculpturale des collections Santarelli et Zeri. Jusqu’au 30 novembre Cartoon Museum (St. AlbanVorstadt 28) Joost Swarte. Du 15 novembre au 22 février. Fondation Beyeler (Riehen) Gustave Courbet. Jusqu’au 18 janvier. Alexander Calder Gallery III. Jusqu’au 6 septembre 2015. Kunstmuseum (St. Alban-Graben 16) Caspar Wolf (1735-1783) et la conquête esthétique de la nature. Jusqu’au 1er février. For Your Eyes Only, œuvres du musée royal d’Anvers et dans les collections suisses. Jusqu’au 4 janvier. Dürer et son temps. Du 1er nov. au 1er février. Musée des Cultures (Münsterpl. e n Centre Paul Klee (Monument im Fruchtland 3) Antony Gormley Expansion Field. Jusqu’au 11 janv. Musée des Beaux-Arts (Hodlerstr. 8-12) La couleur et moi - Augusto Giacometti. Jusqu’au 8 février. Riggisberg Abegg-Stiftung : Les tissus du Moyen Âge dans le culte des reliques. Jusqu’au 9 novembre. Weil / Rhein Vitra Design Museum : Alvar Aalto(1898-1976), architecte et designer. Jusqu’au 1er mars Winterthur Fotomuseum (Grüzenstr. 44) Blow-Up - Les films classiques d a d’Antonioni et la photographie. Jusqu’au 30 novembre. Fotostiftung Schweiz (Grüzenstr. 45) Rudy Burckhardt – Dans le dédale de la grande ville. Jusqu’au 15 février Museum Oskar Reinhart (Stadthausstr. 6) Johann et Friedrich Aberli, médailleurs de Winterthour. Jusqu’au 30 nov. Zurich Kunsthalle : Thomas Müllen bach & Avery Singer «Pictures Punish Words». Du 22 novembre au 25 janvier. Kunsthaus (Heimpl.1) Egon Schiele - Jenny Saville. Jusqu’au 18 janvier. Ferdinand Hodler / Jean Frédéric Schnyder. Jusqu’au 26 avril. Museum Bellerive (Augustinergasse 9) Say it with Flowers. Du 21 novembre au 29 mars. Museum für Gestaltung (Austellungsstr. 60) 100 Years of Swiss Design. Jusqu’au 8 février. Museum Rietberg (Gablerstr. 15) À cordes et à corps - Instruments de musique de l'Inde. Jusqu’au 9 août 2015. L’art contemporain suisse au Musée Rietberg. Jusqu’au 9 nov. 75 p a r i s se plastique du modelé des corps. Sans oublier le traitement des couleurs dans lequel il va exceller. De ces années florentines date La Pieta avec Saint Jérôme et Marie-Madeleine (1473), qui se distingue par le raffinement des drapés et des paysages mais aussi la forte tension des lignes de contour. Quand il retourne vers 1470 à Pérouse, il retrouve l’atelier de Caporali et participe au projet des Miracles de Saint Bernardin de Sienne, de son vivant et après sa mort, pour lequel, il peint deux panneaux, qui parlent L’Italie et les génies artistiques du Quattrocento sont à d’eux-mêmes sur l’innovation du projet iconographique : une perspective l’honneur à Paris. Les dernières années de Raphaël centrale, la fonction d’arrière-plan dévolue au cadre architectural et le goût avaient été l’événement au Louvre en 2012/13. Le musée pour les matériaux multicolores. Dans le panneau du Miracle de la jeune Jacquemart-André, dont les collections possèdent des fille, la nouveauté presque naturaliste consiste dans l’ouverture sur le payœuvres maîtresses de la peinture italienne, réussit à sage à l’arrière-plan. Le thème de la Vierge à l’Enfant est un de ses sujets de chaque fois à réunir des prêts exceptionnels pour faire prédilection et l’idée de montrer plusieurs autres madones, peintes par les revivre les grands maîtres de la peinture italienne. plus grands artistes de l’époque, dont celles de Bartolomeo Caporali, de Sandro Boticelli, de l’entourage Verrochio, met en valeur les nouveautés Le Pérugin (vers 1450-1523) appartient à cette élite picturale qui a apportées par Le Pérugin. Le Pérugin supprime les fonds d’or, très solennels inventé de nouvelles règles de composition et développé une maîtrise de la et statiques, pour faire apparaître des arrière-plans paysagers d’une grande lumière et de la couleur. Son influence sur ses contemporains sera majeure délicatesse, qui donnent aussi plus de profondeur aux compositions. Mais, et entre autres sur le jeune Raphaël, que son père également peintre choisi- comme le montre la splendide Vierge à l’Enfant (vers 1500) de la Galleria ra comme maître pour son fils. Borghese à Rome, c’est aussi le rendu plus naturel entre la Mère et son Fils, La cinquantaine de toiles prêtées par les musées de Pérouse, Londres, unis par une grande tendresse, la douceur des visages et la densité des couFlorence, Washington, Le Vatican, Le Louvre et même une collection pri- leurs, qui sont ses caractéristiques si novatrices. A la fin du XV° siècle, le vée suisse nous font découvrir ce peintre novateur qu’était Le Pérugin. Le raffinement de ses Vierges atteindra une perfection dans l’élégance de leur parcours tel qu’il est construit par la commissaire de l’exposition Vittoria chromatisme qui fera de lui le meilleur peintre d’Italie et qu’incarne de Garibaldi, qui a été directrice de la galerie nationale d’Ombrie de 1988 à manière exemplaire La Vierge à l’Enfant (1500), prêtée par la National 2011, en collaboration avec le conservateur du musée Jacquemart André, Gallery de Washington. Ses premiers succès lui assurent très vite la célébriNicolas Sainte Fare Garnot, est une brillante démonstration du talent excep- té et en 1479, il est appelé par le pape Sixte IV, pour coordonner les travaux tionnel du Pérugin, à travers les grandes étapes de sa carrière. Mais la fin du de décoration de la Chapelle Sixtine à Rome, auxquels collaborent d’autres parcours aborde aussi la montée en peintres florentins, Botticelli ou puissance de son élève Raphaël, qui a Ghirlandaio. C’est au Pérugin que assimilé le langage artistique de son revient l’entreprise de mettre en regard maître, trouvant des formes nouvelles. des scènes de la vie de Moïse et du Christ. Les décors peints pour la Chapelle de la Conception ayant Le commencement Tout commence à Pérouse, un disparu, cette période de créativité et centre urbain dynamique, où Pietro de renommée croissante de l’artiste est Vannuci dit Le Pérugin fréquente très représentée par une galerie de porcertainement l’atelier le plus actif, traits, qui en disent long sur le génie de celui de Bartolomeo Caporali, très l’artiste. Comme ce portrait de sollicité par d’importantes commanFrancesco delle Opere (1494), des artistiques. Ses premières œuvres Florentin issu d’une famille de soyeux, sont marquées par l’influence d’un où il excelle par sa virtuosité techmodèle illustre, Piero della Francesca, nique, sa finesse d’observation, son dans le traitement de l’espace et des jeu subtil d’ombre et de lumière pour figures, dont témoignent La Nativité restituer la psychologie de son personde la Vierge (vers 1475) et Le Miracle nage. Il perfectionne son art en donde la neige (vers 1475). Mais le jeune nant une place prépondérante à la figuPerugino est attiré par Florence, le re humaine. Des œuvres de maturité centre artistique, où travaillent les qui trouvent leur pleine expression artistes prestigieux Léonard de Vinci dans les figures de saints qu’il réalise, et Boticelli. Il les rencontre dans l’ateSaint Jérôme pénitent, Saint Sébastien, lier d’Andrea del Verrochio, où son se distinguant par leur dessin élégant, langage artistique se perfectionne, le jeu des lumières et le travail raffiné apportant une attention particulière au des couleurs. rendu du mouvement et de l’expresIl dirige deux ateliers, à Florence Pietro di Cristoforo Vannucci, dit Le Pérugin (1450-1523) «Vierge à l’enfant» National Gallery of art, Washington. National Gallery of Art, Samuel H. Kress sion mais parvenant aussi à la maîtriet Pérouse mais continue de voyager. Collection © Courtesy National Gallery of Art, Washington musée jacquemart-andré : le pérugin Il Divin Pittore 76 a c t u a l i t é p En 1494 et 1495, il se rend à Venise, où Bellini et Carpaccio règnent en maîtres. Le Pérugin saisira très vite les codes de la peinture vénitienne et plus particulièrement ce fameux sfumato, appliqué à sa Sainte Marie-Madeleine (1500/02) faisant baigner son visage dans ce clair obscur si caractéristique. On retrouve ce sfumato dans l’étonnant diptyque représentant Le Christ couronné d’épines et la Vierge (1495/97), provenant d’une collection privée suisse. Puisant ses sujets essentiellement dans la religion, les œuvres profanes sont des exceptions dans sa production. Néanmoins, il peint des sujets mythologiques, présentés dans l’exposition. La marquise de Mantoue, Isabelle d’Este, désire, elle aussi, une œuvre du « plus grand maître d’Italie », comme le définit Agostino Chigi, et lui commande pour son cabinet de travail un tableau allégorique, Le Combat de l’Amour et de la Chasteté (1502/05). Qu’elle n’en fût pas satisfaite, n’enlève pour nous rien au charme du tableau et à son paysage si délicat. Pour Laurent de Médicis, Perugino peint Apollon et Daphnis (1490), créant un climat intimiste, qui montre le talent de miniaturiste de l’artiste. Raphaël Dans la dernière partie de l’exposition, le visiteur devra redoubler de vigilance, car il s’agit d’étudier les relations du Pérugin et de Raphaël, en montrant ce que le premier a apporté au second et comment Le Pérugin allait s’arranger avec l’arrivée de Raphaël, une des grandes figures dominatrices après 1500, qui prendra la relève. Il suffit de regarder la prédelle du Retable d’Oddi, peint par Raphaël, Raphaël, Raffaello Sanzio, dit (1483-1520) «Ange», pour reconnaître combien 1501. Huile sur toile, 31 x 26,5 cm Brescia, Pinacoteca Tosio Martinengo Raphaël se montre attentif aux réalisations picturales du Pérugin. Que ce soit la pureté de l’architecture visible à l’arrière-plan de L’Annonciation, la finesse des figures, les jeux de lumière, la maîtrise des drapés, l’influence du maître ombrien y est indiscutable. Une influence que nous montrent aussi certains éléments du Retable de saint Nicolas de Tolentino, exceptionnellement réunis pour l’exposition. Quant au Retable de Fano (1483-1520), et sa prédelle représentant des épisodes de la vie de la Vierge, l’attribution reste encore discutée entre Le Pérugin et le jeune Raphaël et le visiteur se prendra peut-être au jeu des différences. Pourtant, tant qu’un élément nouveau ne sera pas découvert, les historiens d’art ne pourront clairement l’attribuer à l’un ou à l’autre. Qu’à la fin de sa vie, Le Pérugin n’arrive plus à renouveler son langage artistique, tient aussi au fait qu’il avait abandonné l’exécution de ses œuvres à ses collaborateurs. Désormais, les codes de la peinture ont changé et c’est au tour des Raphaël, Léonard, Michel-Ange d’imposer de nouvelles manières de peindre. Mais, il reste, même aux yeux de Vasari, qui ne le mettait pas en tête de ses favoris, celui qui a joui à la fin du XV° siècle de la plus grande autorité en Occident. Ainsi va le monde, que ce soit hier, aujourd’hui ou demain ! Régine Kopp www. expo-leperugin.com. Jusqu’au 19 janvier 2015. a c t u a l a r i s grand palais : niki de saint phalle Entre joie et violence Plus de vingt ans qu’aucune rétrospective n’a été consacrée à Nicki de Saint Phalle (1930-2002). Et pourtant, elle est une des artistes les plus populaires du XX° siècle. Qui ne se souvient pas de ses célèbres Nana joyeuses et colorées ? Que ce soient les fontaines ou les jardins de sculptures (en Italie, Israël, Californie), tous les produits dérivés de son art et qu’elle a essentiellement développés pour réaliser les parcs de sculptures, son œuvre nous semble connue. Il n’est cependant pas sûr que nous n’ayons pas à découvrir la richesse et la complexité de son œuvre, ce à quoi s’est employée Camille Morineau, la commissaire de l’exposition. A travers un parcours de plus de deux cents œuvres et archives, à la fois chronologique et thématique, et un projet scénographique qui cherche avant tout à créer des perspectives originales, le visiteur aura de belles surprises visuelles. Ce sont ses tableaux-assemblages, de grand format, qu’elle exécute à la fin des années cinquante, qui accueillent le visiteur. Que ce soit Assemblage Landscape (1957/58), Pink Nude in Landscape (1956/58) ou Nightscape (1956/58), ces tableaux ont tous une surface épaisse de matière picturale sur laquelle sont fixés des objets hétéroclites. Le spectateur est partagé entre des sentiments de joie de vivre mais aussi de violence. Les grands nus roses au centre de ces tableau-assemblages sont de toute évidence les ancêtres des Nanas. La commissaire veut y voir des « préludes à une intense relecture d’une mythologie féminine que Saint Phalle conduira jusqu’à la fin de sa vie. C’est au cours de cette réinvention du potentiel sémantique du corps de la femme qu’elle met en place un autre motif central : le corps féminin comme lieu littéral de la création ». Atout Un corps, qui est aussi un de ses grands atouts et dont elle sait jouer, en femme belle et séductrice. Avant de se décider pour une carrière d’artiste, elle avait d’ailleurs été mannequin et fait les couvertures de Vogue, Life ou Elle, ce qui nous est rappelé au cours du parcours. Mais elle est aussi un corps meurtri, comme elle l’a raconté dans son livre, Mon secret, publié en 1994 et qui raconte l’épreuve du viol perpétré par son père, alors qu’elle avait onze ans. Dans Autoportrait (1958/59), pour accentuer l’image d’un corps en morceaux, elle le réalise en mosaïques. Il y a chez cette artiste une prise de risque incroyable, puisqu’au moment où elle crée ses sculpturesfemmes, la femme n’est pas encore un sujet pour les quelques artistes femmes. Nicki de Saint Phalle fait alors de la femme un sujet, qu’elle traite dans sa complexité. « Ces nanas sont une certaine image de moi-même, écrit-elle, pour moi, ces sculptures représentent le monde de la femme amplifié, la femme dans le monde d’aujourd’hui, la femme au pouvoir ». Des femmes représentées tout d’abord en Mariées comme Cheval et la Mariée (1964) ou La Mariée sous l’arbre (1964), auxquelles succède la série des Accouchements, suivie par celle des Prostituées, Leto ou la crucifixion (1965) , puis celles des Sorcières et des Déesses. Et toutes frappent par leur radicalité et leur ambivalence. i t é 77 p 78 a r i s C’est à partir de 1965 que l’artiste imagine ses premières Nanas, en tissu de laine, puis en résine ou en plâtre peint. Elles sont les manifestes d’un monde nouveau, dans lequel la femme détiendrait le pouvoir. Nicki rêve d’une nouvelle société matriarcale. Leurs corps expriment la féminité, à l’image de l’artiste, qui ne veut rien abandonner des attributs de femme, avec ses chapeaux, ses boas, ses bijoux et ses fourrures et qui, pour autant, ne veut pas renoncer aux privilèges des hommes. Des Nanas déclinées sous toutes les formes et dans toutes les couleurs, toujours joyeuses et colorées, nous interpellent au centre du parcours. Pour un peu, elles vous donneraient le tournis. Succéderont dans les années soixante-dix, Les Mères dévorantes, qui donnent de la femme une image plus critique. « J’ai déjà représenté la bonne mère avec les Nanas, je me consacre désormais à son antithèse, à cette mère qu’on aimerait ne pas être », explique Niki de Saint Phalle, «Les 3 Grâces», 1995-2003 argent : 290 x 125 x 95 cm ; noir : 260 x 150 x 90 ; blanc : 290 x 120 x 90 cm, polyester, Nicki de Saint Phalle. C’est aussi à ce moment qu’elle produit son mosaïque de miroirs. Niki Charitable Art Foundation, Santee, USA © Niki Charitable Art Foundation, All rights reserved / Photo Philippe Cousin film Daddy, présenté dans l’exposition. Elle y évoque l’inceste imposé par son père et les rapports de domination entre les sexes et précise que c’est « par dérision qu’elle appelle cet ouvrage film de famille. mier tir de Nicki, Pierre Restany l’invite à rejoindre le groupe des Nouveaux Réalistes et lui propose une exposition dans une galerie, sous le titre Tir à La famille, la société et la religion me servent de cibles… » volonté, un fusil étant mis à disposition des visiteurs. Toutes les œuvres montrées se référant aux tirs, comme Shooting Painting American Embassy, Libération Nicki a la rage et le mur de la rage sur lequel elle va tirer est aussi syno- Tir de Jasper Johns, Autel O.A.S, gardent encore toute leur puissance subnyme pour elle d’action libératrice. Dès février 1961, Nicki tire à la carabi- versive. Lorsqu’elle réalise Heads of state, au printemps 1963, alignant les ne sur des reliefs couverts de plâtre et fait éclater des sachets de couleur têtes des chefs d’état de l’époque et qu’elle tire de manière prémonitoire sur cachés sous le plâtre. Des œuvres situées entre la performance, l’art corpo- le masque de Kennedy, assassiné en novembre 1963, cela vous fait froid rel, la sculpture, la peinture, dont beaucoup ont été filmées et qui sont une dans le dos. Cette période des Tirs est aussi celle qui correspond à sa renpièce de résistance de l’exposition. « J’ai eu la chance de rencontrer l’art contre avec Jean Tinguely. parce que j’avais sur le plan psychique tout ce qu’il faut pour devenir une Jean Tinguely, l’incorrigible séducteur l’avait séduite. Lui avait été terroriste. Au lieu de cela, j’ai utilisé le fusil pour une bonne cause ». séduit par l’aristocrate, elle, par le prolo, éblouit par son absence de tabou Difficile d’imaginer aujourd’hui de telles performances ! En voyant le pre- social. On regrettera toutefois que cette exposition d’envergure si riche et ludique n’ait pas consacré une étape à cette relation si importante avec Jean Tinguely, ainsi qu’avec sa première femme Eva Aeppli. Quand Nicki de Saint Phalle arrive dans ce qu’on appellerait de nos jours un squatte, Impasse Ronsin, elle, l’autodidacte, apprendra beaucoup de choses et c’est une intense amitié qui se noue entre eux. C’est Jean Tinguely qui lui fera découvrir Schwitters, Marcel Duchamp, les Dadaïstes et c’est grâce à lui qu’elle prendra confiance en elle. Quant à Eva Aeppli, elle partagera avec elle son penchant pour l’ésotérisme, les contes de fées. On ne peut que recommander la lecture de la récente et passionnante biographie de Catherine Francblin, Nicki de Saint Phalle, la révolte à l’œuvre, aux éditions Hazan. Après la violence des Tirs, retour à la poésie et à l’imaginaire avec Le Rêve de Diane, un théâtre enchanté où les monstres et les animaux menaçants se mêlent à des symboles plus sereins comme le soleil et le cœur. Humour et joie se retrouvent aussi en fin de parcours avec les évocations du Cyclope à Milly-la-Forêt, près de Fontainebleau et Le Jardin des Tarots en Toscane. Sous ses dehors de princesse, n’oublions jamais, et l’exposition le rappelle sans cesse, l’engagement politique et social de l’artiste. Elle a été une des premières artistes à aborder la question raciale, à militer en faveur des droits civiques, à sensibiliser les gens aux ravages du sida. Princesse des cœurs certes, mais avant tout une Super Nana ! Régine Kopp Niki de Saint Phalle «Cheval et la Mariée», 1963 235 x 300 cm, tissu, jouets, objets divers, grillages. Sprengel Museum, Hanovre © BPK, Berlin, dist. Rmn-Grand Palais / Michael Herling / Aline Gwose a c t Jusqu’au 2 février 2015 www.grandpalais.fr u a l i t é p fondation cartier-bresson : william eggleston From black and white to colour Jusqu’en décembre, la Fondation Henri Cartier-Bresson présente une exposition exceptionnelle du photographe américain William Eggleston. Ce photographe né en 1939 fait partie d'un tournant important dans la conception de la photographie et son évolution. Cette exposition sera ensuite présentée au musée de l’Élysée de Lausanne, du 30 janvier au 3 mai 2015. a r i s et autres symboles de la restauration rapide -, sujets qui, en photographie, n'avaient jamais été montrés dans une construction aussi ordinaire. Ainsi, Eggleston qualifie sa démarche de caméra démocratique. Dans cette recherche, dès les années 70, la couleur devient le principal sujet d'exploration du photographe et à vers la technique du dye transfert qu'il fait appel, technique qu'il exploita jusqu'à récemment avec l'arrivée de l'impression jet d'encre. Dans les deux techniques, son but est bien évidemment de montrer au plus près des détails anodins par la mise en évidences des matières qui y sont présentes bien qu'au Eggleston a commencé son travail, dans les années cinquante, par des images en noir et blanc montrant des lieux banals, tels l'Amérique quotidienne, avec ses typologies : les supermarchés, les bars, les stations-services, les voitures et des personnages fantomatiques perdus dans l’espace. A cette époque, les photographies dites artistiques devaient impérativement être en noir et blanc pour justifier de cette qualification; en effet, la couleur, dévolue à la pub et aux magazines, restait majoritairement considérée comme une expression populaire, voire vulgaire. Aujourd'hui, face à ce genre de travail, on ne peut s'empêcher de penser qu'alors la couleur 79 Sans titre, vers 1970 © William Eggleston. Courtesy Eggleston artistic trust s'imposait. C'est ce choix qu'a fait Eggleston au tournant des années soixante. Ainsi l’artiste, conscient qu’il était temps de renverser nombre de conventions, s’applique à banaliser ses images, à les cadrer de façon anodine, comme au hasard d'une vision fugitive; et surtout, il passe à la couleur. Hyper-réalisme From Los Alamos Folio 1, Memphis, 1965 [supermarket boy with carts] © William Eggleston Courtesy Wilson Centre for Photography a c t u Il participe ainsi à l'émergence du Pop Art dans la représentation de ce qui constitue notre environnement quotidien, auquel nous ne faisons même plus attention, tels les panneaux de signalisation, les enseignes, et surtout la société et son mode de vie : supermarchés, coffee shops, parkings vides. Cette collection d'images dans leur apparente banalité ouvre les portes à une forme d'hyper-réalisme; on y voit apparaître des gros plans d’équipements ménagers lavabo, four, congélateur – ainsi que de nourriture – canettes de coca, hamburgers et hotdogs, a l i t départ insignifiantes (carrosseries de voiture, sièges en moleskine, coins de plafond, ampoules nues). « Les objets dans les photos sont naturellement pleins de la présence de l’homme » expliquait-il, alors qu’on lui faisait remarquer le peu de présence humaine dans ses images. La plupart des photos exposées ici ont été prises dans le sud des USA, dans le Tennessee, à Los Alamos, mais par le parti-pris de l'absence de légendes et de dates précises, le message présent dans chaque image devient universel. Le livre qui accompagne l'exposition présente plus largement le travail du photographe. Un ensemble d'images en noir et blanc et couleur est accompagné d’une étude de Thomas Weski et d’une introduction d’Agnès Sire. Christine Pictet Jusqu’au 21 décembre 2014 Fondation Henri Cartier-Bresson 2 impasse Lebouis 75014 Paris é p a r i s opéra Un Barbier sans Séville Premier des grands spectacles lyriques de la saison à la Bastille, le Barbier de Séville reprend la production créée à Genève en 1010. Mais en elle-même, elle ne parle pas spécialement de la politique artistique du nouveau directeur de l’Opéra de Paris, Stéphane Lissner, puisque la programmation actuelle revient entièrement au directeur partant : Nicolas Joel. À cet égard, il faudra attendre la saison suivante. défaut cruel dans le chef-d’œuvre de Rossini. Le Figaro d’Orlin Anastassov emporte toutefois la meilleure part, avec sa projection ample et sûre. La Rosina de Karine Deshayes ne faillit pas vocalement, même si lui manque l’expression. Tout comme le Bartolo de Carlo Lepore. L’Almaviva de René Barbera possède pour sa part une juste sensibilité dans sa technique d’émission légère, mais assez inadaptée à l’espace de la Bastille. Et tous de s’emmêler quelque peu au moment de chanter ensemble, autre écueil rédhibitoire. Il est vrai que la direction musicale de Carlo Montanaro ne les aide pas toujours, avec quelques imprécisions (l’ouverture ! pourtant jouée à rideau fermé) et un manque de mouvement général, sauf pour le « fandango » collectif du final. Enfin ! Peut-être au Grand Théâtre de Genève, qui n’est pas si grand que la Bastille, cette production avait-elle trouvé un écrin plus approprié… Parapluies rouverts Le Châtelet ouvre sa saison avec les Parapluies de Cherbourg. On se souvient de la pellicule cinématographique (que l’auteur de ces lignes n’a jamais vue) de Jacques Demy sur une musique de Michel Legrand, primée à Cannes en 1964. Ici, il s’agit d’une adaptation pour la scène, pour laquelle le compositeur a quelque peu révisé sa partition (pour une durée d’une heure trente, celle d’un film). Il faut y reconnaître un ensemble bien tourné, comme dans certaines mélodies (dont une jolie et célè- 80 «Le Barbier de Séville» © Bernard Coutant /Opéra national de Paris Damiano Michieletto signe ce Barbier dans un style, selon ses propres dires, inspiré de Pedro Almodóvar. Mais en dépit de cette référence revendiquée, on serait plutôt enclin à y voir une influence de la comédie italienne à la manière d’Ettore Scola, avec ses personnages comme sortis du film Affreux, sales et méchants, occupant un bâtiment qui évoque à s’y méprendre Naples ou certaines banlieues romaines ; avec sa façade ocre jaune délavé, percée de fenêtre rouges et vertes, telles qu’on n’en a jamais vues à Séville ! Et tout ce beau monde s’agite sans repos, à l’extérieur ou à l’intérieur de l’édifice même, suivant le mouvement tournant que lui donne le décor. De prime abord on se divertit, puis on se lasse la soirée passant, devant une succession vaine de gags gratuits qui finit davantage par perturber et occulter l’action. Il se peut, étant données ces circonstances scéniques, que le plateau vocal soit gêné dans ses interventions. Car le chant reste en retrait – a «Les Parapluies de Cherbourg», avec Marie Oppert et Vincent Niclo © Marie Noëlle Robert c t u a l i t é p bre scie, répétée à satiété), et une continuité du discours musical, ambitieusement aboutis et bien trouvés. Un peu sucré, mais pas dégoulinant… pour une histoire de désamour, pour cause de départ (pour l’Algérie) chez des gens simples. On peut certes y voir une sorte de « sous-Pelléas » (y compris même dans le livret, avec des mots prosaïques, « bonjour », « merci », de tous les jours), mais qui recèle d’infiniment meilleurs mérites, à notre humble avis, dans le genre léger, que les importations de Broadway dont le Châtelet nous avait abreuvé jusqu’à présent. Et puis, au moins, c’est autochtone ! Il est vrai qu’au Châtelet tout concorde pour faire de la soirée une réussite. La mise en espace de Vincent Vittoz vise juste, avec un jeu d’acteurs clair et quelques éléments de décors (dessinés par Sempé) qui animent le tout. Les chanteurs, sonorisés à la manière d’une bande cinématographique (comme de juste), sont impeccables : de Marie Oppert, toute jeune (17 ans !) et efficace soprano pour le rôle principal féminin, à Vincent Niclo, son très crédible parte- pour échafauder une trame alambiquée à partir du célèbre « Lamento », seul rescapé de l’opéra, et d’autres pages du compositeur. Les chanteurs vont et viennent dans une mise en scène minimaliste, pleine d’intentions indécryptables, signée Wouter Van Looy. Comme le chant, précisément, n’est pas toujours leur fort, sauf dans les ensembles (qualité davantage de choristes), la soirée s’ébroue quelque peu. La vingtaine d’instrumentistes, plutôt étoffée pour des madrigaux, s’avère cependant convaincante sous la direction de Nicolas Achten. Boréades versaillaises L’Opéra royal de Versailles présente de concert les Boréades, l’ultime opéra de Rameau qui n’a connu sa création que deux siècles après sa composition (en particulier dans les années 80, au Festival d’Aix). Marc Minkovski reprend cet ouvrage qu’il avait déjà porté au concert… notamment au dernier Festival d’Aix. Ses Musiciens du Louvre-Grenoble sont toujours aussi efficients sous sa direction nerveuse cons- a r i s parfois ingrats. Mais le tout dispense un élan auquel il est difficile de ne pas succomber, le génie de l’inspiration de Rameau aidant : victoire de cet opéra pour cette grande première dans le lieu auquel il était théoriquement destiné. Roméo lyrique L’Orchestre national de France, ouvre solennellement sa saison au Théâtre des Champs-Élysées avec Roméo et Juliette. Daniele Gatti, plus habitué de Verdi et de Wagner, est aux commandes de la « symphonie dramatique » de Berlioz. Les prémices sont incertaines, avec une battue nonchalante du chef, quelques attaques douteuses, un chœur mal nuancé, et un ténor qui serait presque une erreur de distribution. Mais déjà la mezzo Marianne Crebassa dispense des Strophes intensément senties… Puis, peu à peu, tout se met en place, et mieux : tout s’investit. Car la tension réglée, voire la ferveur, l’emportent désormais. Au cœur du concert, le « Convoi funèbre de Juliette » atteint un sommet, avec son chœur (celui de Radio France au complet) immatériel et ses cordes d’outre-tombe. Gatti ne relâche plus la bride, et le final éclate glorieux, avec une basse d’une belle projection, Alex Esposito. Opéras sans parole «Canti d’amor» © Mirjam Devriendt naire, ainsi que, on s’en serait douté, Natalie Dessay et Laurent Naoury. L’Orchestre d’Île-deFrance, à même le plateau, sonne parfaitement, sous la baguette de Legrand lui-même. Triomphe un peu tapageur du public, mais mérité. Tutti Canti La rentrée lyrique à l’Athénée se place, elle, sous les auspices de Monteverdi. Canti d’amor s’intitule le spectacle du Muziektheater Tranparant (venu d’Anvers), qui prend le prétexte d’Ariana, l’opéra perdu de Monteverdi, a c t u tamment en éveil, et le plateau vocal n’appelle que des éloges. Julie Fuchs, dans le rôle principal féminin d’Alphise, s’affirme plus que jamais la chanteuse baroqueuse du moment, avec sa caractérisation impérieuse et ses aigus délicatement filés. Samuel Boden lui donne une fière réplique, ténor élégamment d’émission lisse. Manuel Nuñez Camelino et Jean-Gabriel Saint-Martin complètent une distribution des mieux adaptées dans le style et la technique baroques à la française. Le Chœur Aedes serait, lui, quelque peu perfectible, sec et aux timbres a l i t L’Abbaye-Fondation de Royaumont, au Nord de la région parisienne, se donne toute une journée à Berlioz et Rameau. À François-Xavier Roth et son orchestre les Siècles reviennent une après-midi affriolante, partagée entre trois courts concerts : des extraits symphoniques des Troyens, suivis d’Harold en Italie et de la Symphonie fantastique. L’occasion aussi d’évoquer le riche fonds d’autographes de la Bibliothèque François-Lang, sise à Royaumont, et en particulier des œuvres de Berlioz exécutées. La sonorité emplit l’espace restreint du Réfectoire des Moines, où chaque timbre (ophicléide, cor anglais, flûte « Tulou », cornet à piston, cloches reconstituées avec l’aide du Festival Berlioz… le tout d’époque) se détache au sein d’une exécution unitaire, conjuguant flamme et rigueur. Tout juste émettra-t-on une légère réserve pour la raideur de l’altiste d’Harold, Adrien La Marca, très jeune il est vrai (24 ans). On notera qu’il s’agit d’une conclusion au louable projet pédagogique « Berlioz à l’école », destiné à 18 classes primaires du Val d’Oise et de Seine-Saint-Denis sous l’égide de Royaumont. Rameau succède en soirée, judicieuse mise en perspective de deux compositeurs que tout é 81 p a r i s rapproche. Les Musiciens du Paradis, sous la houlette de Bertrand Cuiller, également claveciniste, choisissent toutefois un angle original dont l’intitulé de concert dit tout : « opéra sans parole », qui réunit, des extraits orchestraux empruntés à Hippolyte et Aricie, Les Indes galantes, Zaïs, Les Boréades, Platée, Zoroastre... Couleurs vives, allant et précision d’ensemble : autre approche éloquente. Tosca totalement 82 Les spectacles se suivent et ne se ressemblent pas à la Bastille. C’est ainsi que Tosca, nouvelle production due à Pierre Audi, replonge dans les habitudes. L’opéra de Puccini se retrouve donc tel qu’en lui-même, illustré au plus près de son action. Le premier acte représente une église stylisée, autour d’une sorte de catafalque, dont on finit par comprendre qu’il s’agit d’une gigantesque croix posée à même le sol. Elle se déploie dans les airs (et les cintres) aux deux actes suivants : au-dessus d’un intérieur de salon qui enserre les protagonistes (pour l’intimiste deuxième acte), puis d’un champ (troisième acte), écrasé dans une lumière violente à l’instant du tragique dénouement. Le tout en costumes et décors façon XIXe siècle, sans A Royaumont : Orchestre Les Siècles © Marie Nicolas réactualisation ni non plus copie forcenée des lieux indiqués par le livret. Une espèce de montée en tension, directe, adaptée à chaque moment de l’œuvre – et à la scène de Bastille –, et finalement efficace. Ce qui laisse aussi les intervenants libres de leurs moyens. D’autant que la représentation bénéficie d’un trio de choc. Martina Serafin est Tosca, incarnation d’une éclatante présence dramatique, éloquemment crédible par sa beauté plastique, et d’une émission vocale tout autant. Marcelo Álvarez plante un Cavaradossi d’une belle énergie, avec certaines subtilités à l’occasion, malgré cette fois des gestes et attitudes par trop ténorisants. Ludovic Tézier, pourtant déclaré souffrant, campe un Scarpia bien lancé et perfide comme il sied. Mais la tension, évoquée plus haut, doit beaucoup à Daniel Oren, sa battue tout à la fois énergique et innervée, qui sait distiller les couleurs de l’orchestre dans un fondu irrépressible avec les voix. Pierre-René Serna «Tosca» © Charles Duprat / Opéra national de Paris a c t u a l i t é p a r i s opéra de paris théâtre des champs-élysées En ouverture de saison, le Ballet de l’Opéra de Paris présente du 20 septembre au 4 octobre une soirée composée d’Etudes d’Harald Lander et de deux ballets de William Forsythe, Woundwork1 et Pas./Parts. Programmé les 12, 13 et 14 septembre, le Gala des Etoiles du 21ème est le rendez-vous du début de saison pour les amateurs de danse parisiens. La vocation de la soirée est de faire découvrir au public des artistes prometteurs issus de compagnies qui tournent pas ou peu sur Paris. Créé en 1948 pour le Ballet du Théâtre royal de Copenhague qu’Harald Lander dirigeait alors, Etudes est entré au répertoire de l’Opéra de Paris en 1952. Le ballet remporta un grand succès et Harald Lander devint maître de ballet et professeur à l’Opéra de Paris, poste qu’il occupera jusqu’en 1957. Etudes est un ballet sur le travail des danseurs dans une compagnie classique. Il commence par les échauffements à la barre et au milieu, puis se poursuit avec les répétitions des solos et des pas de deux. L’intention aurait pu être intéressante mais le résultat est une œuvre relativement nombriliste qui ravale l’art chorégraphique au rang de but en soi et non de langage artistique vecteur d’émotions. Cette année, le Gala rassemblait des artistes issus du Ballet National de Cuba, du Mariinski, du New York City Ballet, de l’American Ballet Theatre, des Ballets de Munich, de San Francisco et de l’Opéra de Paris. La soirée s’est révélée relativement décevante non par un manque de qualité de la part des danseurs mais par l’indigence de la majorité des chorégraphies retenues. Il est vraiment dommage de voir ces artistes de haut niveau se perdre dans les méandres de chorégraphies sans intérêt. Le répertoire regorge pourtant des grands classiques qu’il est très intéressant de découvrir interprétés avec des styles différents. On retiendra de cette soirée quelques très beaux moments tout de même, Maria Kochetkova du San Francisco Ballet et Joaquin de Luz du New York City Ballet dans un extrait de Rubies de George Balanchine, Lucia Lacarra et Marlon Dino du Ballet de l’Opéra de Munich avec Trois Préludes de Ben Stevenson, Oxana Skorik et Timur Askerov du Mariinski dans un extrait du Lac des Cygnes Ouverture Gala Woundwork1 est une œuvre courte – un quart d’heure – sur le thème du mouvement d’enroulement. Sur scène, deux couples vont déployer une déclinaison infinie de l’enroulement des corps. Parfaitement interprété par les étoiles Marie-Agnès Gillot et Alice Renavand et les premiers danseurs, Florian Magnenet et Audric Bezard, l’œuvre manque toutefois de ressort pour rester captivante et la musique monotone de Thom Willems n’arrange rien. Pas./Parts a été chorégraphié pour le ballet de l’Opéra de Paris en 1999. C’est une déferlante de solos, duos, scènes de groupe. William Forsythe en a le secret, sur une musique percussive et tonique de Thom Willems. Chaque morceau est un petit bijou de combinaisons de mouvements, toujours surprenantes. Les danseuses apparaissent comme les éternelles jeunes filles sages à la technique impeccable mais elles manquent du piquant qui donne de l’âme à une représentation. Ce soir, Pas./Parts était porté par les garçons et leur énergie communicative, notamment Alessio Carbone, Fabien Révillion et Yann Saïz. Leur expressivité et leur engagement physique donnaient un sens à ces mouvements abstraits. Lucia Lacarra et Marlon Dino dans «Trois Préludes» de Marius Petipa et enfin Aurélien Houette du Ballet de l’Opéra de Paris dans L’Après-midi d’un faune de Thierry Malandain. Stéphanie Nègre Stéphanie Nègre La danse en novembre : Les grands ballets de fin d’année débuteront à l’Opéra de Paris avec Casse-Noisette de Rudolf Noureev, programmé du 26 novembre au 29 décembre à l’Opéra Bastille et La Source de Jean-Guillaume Bart, programmé du 29 novembre au 30 décembre à Garnier. Le Théâtre des Champs Elysées accueillera Nicolas Le Riche pour une carte blanche les 4 et 5 novembre. Le Ballet Preljocaj sera à l’Opéra de Massy avec Les Nuits le 23 novembre. Le hip hop sera à l’honneur au Théâtre des Gémeaux à Sceaux avec Opus 14 de Kader Attou du 6 au 9 novembre et Correria / Agwa de Mourad Merzouki du 28 au 30 novembre. a c t u a l i t é 8383 p a r i s Cassandre Berthon (Octavie) et Benjamin Bernheim (Spakos), Orchestre Symphonique de Mulhouse. Opéra en concert encore le 23, avec A Garnier du 20 novembre au 18 décembre, reprise de Hänsel et Semiramide de Rossini, chantée par Elena Mosuc (Semiramide), Grettel de Humperdinck dirigé par Yves Abel dans la mise en scène de Ruxandra Donose (Arsace), Michele Pertusi (Assur) et John Mariame Clément, avec Jochen Schmeckenbecher (Peter), Irmgard Osborn (Idreno), Evelino Pidò à la tête de l’Orchestre de l’Opéra de Lyon. Vilsmaier (Gertrud), Andrea Hill (Hänsel), Bernarda Bobro (Gretel) et La Salle Pleyel accueillera le 29 novembre Patricia Petibon interprèDoris Lamprecht (Die Knusperhexe), orchestre de l’Opéra national de te de La Belle Excentrique un concert mis en espace par Olivier Py avec Paris. Du 30 novembre au 30 décembre, la Bastille remet à l’affiche la Nemanja Radulovic (violon), Susan Manoff et David Levi (piano), autour Bohème de Puccini réalisée par Jonathan Miller et placée sous la direction de mélodies de Poulenc, Fauré, Satie, Rosenthal, Hahn… (Les Grandes de Mark Elder avec une double distribution alléchante : Ana Maria Voix). Martinez et Nicole Cabell chanteront Mimi, L’Opéra Comique ouvrira le 13 avec un grand Khachatur Badalyan et Dimitri Pittas seront concert intitulé Si l’Opéra Comique m’était Rodolfo, Mariangela Sicilia interprétera Musetta, conté avec Anna Caterina Antonacci, Sabine Tassis Christoyannis sera Marcello, tandis que Devieilhe, Julie Fuchs, Patricia Petibon, Frédéric Simone Del Savio incarnera le rôle de Schaunard et Antoun et Stéphane Degout dirigés par FrançoisAnte Jerkunica celui de Colline. Xavier Roth et L’orchestre Les Siècles et mis en Concert « Astana Opera » à la Bastille le 2 scène par Jonathan Kent : au programme des extraits novembre, avec le pianiste Denis Matsuev et la d’opéras et d’opéras-comiques de Favart et Duni, basse Ildar Abdrazakov. Au programme, le concerGrétry, Hérold, Boieldieu, Donizetti, Berlioz, to pour piano et orchestre n°2 de Rachmaninov, sous Thomas, Bizet, Offenbach, Delibes, Massenet, la direction du chef Abzal Mukhitdinov, la seconde Chabrier, Debussy, Rabaud, Poulenc, Ravel, Hahn… partie étant consacrée à l’opéra avec des extraits Le 26 Salle Gaveau, Pergolesi (Stabat Mater), La soprano Ana Maria Martinez (Mimi à d’Attila de Verdi interprétés par Ildar Abdrazakov, la Vivaldi (Nisi dominus) et Hasse (Salve Regina) par Bastille) soprano Zhupar Gabdullina (Odabella) et le baryton Valer Sabadus et Maarten Engeltjes, Il Pomo d’oro Alberto Gazale (Ezio). placé sous la direction de Riccardo Minasi. Dans le cadre de Convergences, récital de la soprano Angela Denoke L’opéra de Versailles propose le 4 novembre Scylla et Glaucus de qui chantera à l’Amphithéâtre le 20 novembre des airs de Bach, Strauss, Leclair par Emöke Barrath (Scylla), Anders Dahlin (Glaucus), Caroline Zemlinsky et Brahms (Quatre chants sérieux) accompagnée au piano par Mutel (Circé) et Virginie Pochon (Dorine, Vénus), Les Nouveaux Karola Theill. Caractères dirigés par Sébastien d'Hérin. Le 18 novembre Christophe Sur la scène du Châtelet, création mondiale de la comédie musicale Rousset jouera Zaïs de Rameau avec Julian Prégardien (Zaïs), Sandrine An american in Paris de George et Ira Gershwin, dirigé par Rob Fisher, Piau (Zelidie), Aimery Lefèvre (Oromasès), Benoît Arnould (Cindor), mis en scène et chorégraphié par Christopher Wheeldon avec Robert Amel Brahim-Djelloul (Sylphide, la Grande prêtresse de l’amour) et Fairchild (Jerry Mulligan), Leanne Cope (Lise), Veanne Cox (Madame Hasnaa Bennani (L'Amour), Chœur de Chambre de Namur Les Talens Baurel) et Jill Paice (Milo Davenport) et l’Ensemble musical du Châtelet Lyriques. Ton Koopman dirigera le Requiem de Mozart les 21 et 22 du 22 novembre au 4 janvier. novembre à la Chapelle Royale avec Johannette Zomer, Bogna Bartosz, Cecilia Bartoli et I Barocchisti dirigés par Diego Fasolis seront les Jörg Dürmüller et Klaus Mertens, Amsterdam Baroque Choir & 1er et 7 novembre sur la scène du TCE pour interpréter leur nouveau pro- Orchestra. Toujours le 22, Gala Rameau par Hervé Niquet, Chœur et gramme dans le cadre des Grandes Voix. Le 6, l’Orchestre National de Orchestre du Concert Spirituel et Les Chantres du Centre de musique France placé sous la direction de Andrés Orozco-Estrada jouera la baroque de Versailles dirigés par Olivier Schneebeli et les solistes Symphonie n° 3 de Schubert et la Symphonie n° 2 « Katherine Watson, Anders J. Dahlin, Marc Mauillon Lobgesang » de Mendelssohn avec les solistes et Marc Labonnette. Les 26, 28 et 30 opéra avec Christiane Karg, Carolina Ulrich et Maximilian Siroe de Haendel chanté par Max Emanuel Schmitt. Les Grandes Voix toujours, accueilleront le Cencic (Siroé), Julia Lezhneva (Loadice), Mary9 novembre Angela Gheorghiu pour un concert diriEllen Nesi (Medarse) et Juan Sancho (Cosroe), specgé par Tiberiu Soare et le Deutsche tacle mis en scène par Max Emanuel Cencic, dirigé Staatsphilharmonie Rheinland-Pfalz (airs d’opéras par George Petrou, et l’ensemble Armonia Atenea. de Verdi, Puccini, Mascagni et Massenet). Le 14 novembre place à Nathalie Stutzmann qui dirigera Vu et entendu : belle reprise de La Traviata à la et chantera un concert consacré à Haendel avec Bastille grâce à l’interprétation prenante et engagée Orfeo 55. Le 15 la soprano Julia Lezhneva et Il d’Ermonela Jaho dans le rôle-titre (17 septembre). Le contre-ténor Christophe Dumaux Pomo d’Oro dirigé par Dmitry Sinkovsky chantera Corelli, Haendel et Vivaldi (Les Grandes Voix). Le 16 Haendel encore et Ailleurs en France : Marseille propose Moïse de Rossini en version toujours cette fois interprété par Natalie Dessay et Christophe Dumaux de concert avec Mariella Devia, Annick Massis et Ildar Abdrazakov dirigé dirigés par Emmanuelle Haïm et Le Concert d’Astrée (airs extraits de par Paolo Arrivabeni les 8, 11, 14 et 16 novembre. François Lesueur Jules César). Le 18 place à Massenet et à Cléopâtre, dirigée par Michel Plasson, avec Sophie Koch (Cléopâtre), Ludovic Tézier (Marc-Antoine), Sélection musicale de novembre : 84 a c t u a l i t é p chronique des concerts Coups d’éclats La rentrée des concerts parisiens est marquée par les soubresauts du conflit social qui agite l'orchestre Philharmonique de Radio France, au moment même où sont inaugurés le nouvel auditorium et le studio 104 rénové. L'éviction d'Eric Montalbetti, directeur artistique de l'orchestre, a mis le feu au poudre et la tourmente est telle que le chef finlandais Mikko Franck, fraîchement nommé en remplacement de Myung-whun Chung, menace désormais de remettre en question son contrat. C'est dans cet horizon assez sombre qu'intervient la désignation de Daniele Gatti en tant que directeur musical du prestigieux Concertgebouw d'Amsterdam. Gageons que la carrière du futur ex-directeur musical de l'Orchestre National de France prendra un essor décisif, ce qui ne manquera de créer un grand vide lorsqu'il quittera Paris. a r i s musique et un Fliegende Holländer au Théâtre des Champs-Elysées n'avaient pas laissé un souvenir impérissable. Le jeune chef revient à la tête du Rotterdams Philharmonisch Orkest pour une 6e Symphonie de Gustav Mahler qui déjoue tous les pronostics et se hisse d'emblée parmi les soirées mémorables de ce début de saison parisienne. L'effectif pléthorique remplit tout l'espace scénique du TCE, on peine à imaginer comment il est possible de faire rentrer autant de musiciens… certains pupitre jouent quasiment en coulisse pour garder un contact visuel avec le chef, sans que le public puisse les apercevoir. L’Allegro energico est attaqué sur le fil du rasoir, les attaques à vif et sans se perdre dans l'épaisseur mélancolique. Les bois subliment l'interprétation du Scherzo joué en deuxième position. La méticulosité millimétrée fait observer de près des processus d'écriture qui font tout le lyrisme de la pièce. Après une légère accalmie dans l'Andante, le dernier mouvement fait déferler durant quarante minutes une somme incomparable de beautés orchestrales, parfaitement maîtrisées et sans une once de spectaculaire hors-cadre. Terminons par le premier volet d'une intégrale Beethoven inaugurée sous les ors prestigieux du Palais Garnier par Philippe Jordan et son Orchestre de l'Opéra National de Paris. La sècheresse de l'acoustique du Palais Garnier constitue un redoutable défi qui ne pardonne ni faux pas ni approximation mais Philippe Jordan répond aux pièges de cette bonbonL'essentiel de la programmation de cette rentrée se concentre sur la nière de velours en haussant le volume dès que possible, c'est-à-dire très Salle Pleyel et le Théâtre des Champs-Élysées, pour quelques mois enco- souvent dans la 2e et la 7e Symphonie… La suite du cycle se poursuivra re et dans l'attente de l'ouverdans la nef de l'Opéra Bastille ture des nouvelles salles en (sans doute davantage approjanvier 2015. L'orchestre de priée au projet), avec, en apoCleveland a posé ses valises théose, une 9e Symphonie en rue Saint-Honoré pour deux juillet 2015. Dans la 2e soirées consacrées à Johannes Symphonie, les lignes filent Brahms sous la direction du droit, le son est massif mais très musicalement correct sans vraiment de muscle. La Franz Welser-Möst. La battue mise en place et la netteté des très boutonnée du chef autriplans sonores est irréprochachien met les petits plats dans ble mais puise dans une agoles grands, sans chercher à gique assez droite, sans le Yannick Nézet-Séguin briller par un autoritarisme rubato expressif qui permetoutre mesure. Il faut tout le talent du violoniste Nikolaj Znaider pour tirer trait d'assembler les thèmes et faire circuler l'énergie. L'allegro molto s'éla soirée vers les sommets. Le célébrissime concerto en ré majeur retro- broue dans une ponctuation assez molle, l'orchestre dévorant ne fait qu'uuve sous ses doigts des accents vif-argent, sublimés par une sonorité très ne bouchée des finauderies des bois et la résonance de l'accord final ne dense et une stupéfiante liberté d'archet. Le mouvement lent fait la part dure pas plus que nécessaire. La 7e Symphonie sous la baguette de belle à la projection naturelle du violon, jamais couverte par un orchestre Philippe Jordan retrouve ses élans imposants et roboratifs. Le célèbre de velours. Dans la course poursuite de l'allegro giocoso, la liberté de l'ar- deuxième mouvement est enchaîné sans faire de pause, alors même que les chet est souveraine, malgré d'infimes scories dans les notes de passage et derniers accords du vivace sont à peine éteints. On laisse de côté la quête les changements de position. Incontournable (et inévitable ?) bis, la sara- d'une épaisseur métaphysique pour admirer la belle rondeur des contrebande de la Partita n°2 brille prudemment dans un parfait écrin corseté. chants et la couleur générale de l'orchestre. Dans le presto, le barrage Dans la Première Symphonie, l'orchestre de Cleveland réalise une démons- sonore cède aux coups de boutoir et la déferlante dynamique emporte tout tration de force dans l'équilibre des timbres et des couleurs. Welser-Möst sur son passage. On reste un brin spectateur de ces jeux de lumières entre reste constamment sur ses gardes, dirigeant avec distance et circonspec- nuances dynamiques extrêmes. La puissance du maelström conclusif fait tion une musique qui exige bien davantage. Fort heureusement, quelques craindre à plusieurs moments que l'équilibre de l'orchestre finisse par se omissions dans les reprises permettent au premier mouvement de ne pas rompre. Malgré les clous furieux que plantent les trompettes, l'ensemble sombrer dans une beauté trop statique. Seule l'irruption de l'allegro final arrive à bon port, les attaques acérées succédant aux phrasés courts des permettra de renouer avec ce qu'il convient d'attendre d'un chef dirigeant cordes compactes. Ceux qui aiment Beethoven prendront ce train… un ensemble de ce niveau. David Verdier L'agitation énergique n'est pas toujours bonne conseillère pour Yannick Nézet-Séguin. Une récente intégrale Schumann à la Cité de la a c t u a l i t é 85 p r ANTOINE (01.43.38.74.62) Inconnu à cette adresse de Kressmann Taylor - m.e.s. Delphine de Malherbe - du 25 novembre au 3 janvier ARTISTIC ATHÉVAINS (rés. 01.43.56.38.32) Chat en poche de Georges Feydeau - m.e.s. Anne-Marie Lazarini - du 14 novembre au 31 déc. ATELIER (loc. 01.46.06.49.24) Hôtel Europe de Bernard-Henri Lévy - m.e.s. Dino Mustafic - avec Jacques Weber - jusqu’au 3 janvier ATHÉNÉE - LOUIS-JOUVET (loc. 01.53.05.19.19) La Danse du Diable de et avec Philippe Caubère - du 4 novembre au 7 décembre BÉLIERS PARISIENS (01.42.62.35.00 - 11h-19h) Le cercle des illusionnistes de et m.e.s.s Alexis Michalik - jusqu’au 3 janvier BOUFFES PARISIENS (01.42.96.92.42) Un fou noir au pays des blancs de et avec Pie Tshibanda - jusqu’au 16 mars 86 a i s CARTOUCHERIE - THÉÂTRE DU SOLEIL (loc. 01.43.74.24.08) Macbeth de Shakespeare - m.e.s. Ariane Mnouchkine - jusqu’au 7 déc. COLLINE (rés. 01.44.62.52.52) Rien de moi d’Arne Lygre - m.e.s. Stéphane Braunschweig - jusqu’au 21 novembre. La Mission de Heiner Müller m.e.s. Michael Thalheimer - du 5 au 30 novembre La ville de Martin Crimp - m.e.s. Rémy Barché - du 27 novembre au 30 décembre COMÉDIE DES CHAMPS ELYSÉES (01.53.23.99.19) Si on recommençait d'Éric Emmanuel Schmitt - m.e.s. Steve Suissa - jusqu’au 30 décembre COMÉDIE FRANÇAISE SALLE RICHELIEU (01.44.58.15.15) Antigone de Jean Anouilh - m.e.s. Marc Paquien - jusqu’au 2 décembre Dom Juan de Molière - m.e.s. JeanPierre Vincent - jusqu’au 16 déc. Un chapeau de paille d’Italie d’Eugène Labiche - m.e.s. Giorgio Barberio Corsetti - jusqu’au 14 janvier Le Tartuffe ou l’imposteur de Molière - m.e.s. Galin Stoev - jusqu’au 17 février La Double Inconstance de Marivaux - m.e.s. Anne Kessler - du 29 novembre au 1er mars STUDIO-THÉÂTRE (01.44.58.98.98) La Petite Fille aux allumettes de H.C. Anderson - m.e.s. Olivier Meyrou - du 20 novembre au 4 janvier VIEUX-COLOMBIER (01.44.39.87.00) George Dandin ou le mari confondu de Molière - m.e.s. Hervé Pierre du 12 novembre au 1er janvier DARIUS MILHAUD (01.42.01.92.96) Les Caprices de Marianne d'Alfred de Musset - m.e.s. Klaudia Lanka jusqu’au 3 décembre DAUNOU (01.42.61.69.14) La Pèlerine écossaise de Sacha Guitry - m.e.s. Pierre Laville - jusqu’au 21 décembre. GAÎTÉ-MONTPARNASSE (01.43.22.16.18) Coup de théâtre(s) de et m.e.s. Sébastien Azzopardi - jusqu’au 23 décembre Théâtre de la Colline Rien de moi Stéphane Braunschweig poursuit son compagnonnage artistique avec Arne Lygre, dont il a mis en scène en 2012 «Je disparais» et «Tage Unter» (Jours souterrains). C’est sa toute dernière pièce, qu’il créera cette année en français. Elle s’ouvre par l’euphorie d’une relation passionnelle : une femme et un homme plus jeune aménagent dans un appartement vide ; ils s’isolent du monde extérieur et de ce qui fut leur réalité jusque-là. Mais leur vie en symbiose va être perturbée par la visite de figures du passé - mères, enfants, mari ; puis, plus sourdement, par le danger que chacun fait courir à l’autre au sein de cette relation. Arne Lygre semble scruter ici ce qui fait lien entre deux êtres : un élan réciproque, un rêve partagé, la réparation de vieilles blessures, la consistance d’un projet ? Aucun naturalisme dans sa façon d’aborder cette intimité : son écriture ludique invente, comme toujours, une façon singulière de créer un univers. Étrangement, les personnages de «Rien de moi» font advenir tout ce qu’ils énoncent ; chaque phrase dite donne forme à leur histoire. Pour Stéphane Braunschweig, cette puissance accordée à la parole est le sujet même de la pièce : elle parle du risque d’enfermer les «Rien de moi» © Elisabeth Carecchio autres dans ce que nous voulons d’eux, par l’amour même que nous leur portons. jusqu’au 21 novembre 2014 a g e n HÉBERTOT (01.43.87.23.23) La Mère de Florian Zeller - m.e.s. Marcial Di Fonzo Bo. Avec Catherine Hiegel, Jean-Yves Chatelais - du 4 novembre au 21 décembre Les cartes du pouvoir d’après Beau Willimon - m.e.s. Ladislas Chollat - avec Raphaël Personnaz, Thierry Frémont ... - jusqu’au 30 novembre LUCERNAIRE (rés. 01.45.44.57.34) Le Bavard de Louis-René des Forêts - m.e.s. Michel Dumoulin jusqu’au 29 novembre Combat de Gilles Granouillet m.e.s. Jacques Descorde - jusqu’au 16 novembre MANUFACTURE DES ABBESSES (01.42.33.42.03) Neuf petites filles de Sandrine Roche d'après un docu. de Claire Simon - m.e.s. Stanislas Nordey - du 19 au 30 novembre MONTPARNASSE (rés. : www.theatreonline.com) La Colère du Tigre de Philippe Madral - m.e.s. Christophe Lidon avec Claude Brasseur, Michel Aumont, ... - jusqu’au 16 novembre ODÉON EUROPE (01.44.85.40.40) Les Nègres de Jean Genet - m.e.s. Robert Wilso - jusqu’au 21 nov. ATELIERS BERTIER Les particules élémentaires de Michel Houellebecq - m.e.s. Julien Gosselin - jusqu’au 14 novembre POCHE-MONTPARNASSE (01.45.48.92.97) Chère Elena de Ludmilla Razoumovskaïa - m.e.s. Didier Long jusqu’au 30 novembre ROND-POINT (0.892.701.603) Bad Little Bubble B. de et m.e.s. Laurent Bazin - du 13 nov. au 6 déc. Comment vous racontez la partie de et m.e.s. Yasmina Reza. Avec Zabou Breitman - du 5 nov. au 6 déc. Novecento d'Alessandro Baricco m.e.s. André Dussollier, PierreFrançois Limbosch. Avec André Dussollier - 12 nov. au 10 janvier STUDIO DES CHAMPS ELYSÉES (01.53.23.99.19) Le porteur d’Histoire de et m.e.s. Alexis Michalik - jusqu’au 30 déc. d a b e a u x - a r t s Espace Dali Dali fait le mur Polymorphe, explosive, rebelle, déconcertante, drolatique, insolite, anticonformiste, populaire : s’agit-il de définir la démarche dalinienne ou celle du street art ? Au-delà de la démarche artistique, ce qui rapproche ces créateurs, c’est cette façon de dévoiler le monde : provocatrice, iconoclaste et sauvage. À l’instar de Dalí, les artistes du street art ne s’imposent aucune limite dans leurs sources d’inspiration, leurs matériaux, leurs supports, leurs revendications. Une vingtaine d’artistes urbains ont ainsi relevé le défi. En dialogue avec les œuvres exposées à l’Espace Dali, chacun d’eux a créé une œuvre qui ose confronter l’univers surréaliste au vocabulaire et aux codes de l’art urbain : peinture, pochoir, dessin, lumière, son, installation. La scénographie de l’exposition, confiée à Romaric Le Tiec Studio, s’inspire de l’univers de Dalí et du street art à la fois, tout en intégrant une dimension ludique indissociable des deux mondes. Sur le principe de l’anamorphose, chère à Dali, des lignes blanches proposent au visiteur de découvrir tout au long de l’exposition des dialogues entre les œuvres des street artistes et celles de la collection de l’Espace Dali. Ces lignes rappellent les coups de pinceau rapides des street artistes, ou le scotch pour coller les pochoirs, mais aussi les lignes de fuite omniprésentes dans les œuvres de Dali. Arnaud Rabier Nowart «Cochon-tirelires déguisés en éléphants Daliniens avec apparition Avida Dollarsienne» © Espace Dali Bibliothèque Mazarine LA TOUR DE NESLE. DE PIERRE, D’ENCRE ET DE FICTION – jusqu’au 12 déc. Centre Pompidou MODERNITÉS PLURIELLES DE 1905 À 1970 – jusqu’au 26 janvier MARCREL DUCHAMP. La peinture, même – jusqu’au 5 janvier Centre Wallonie-Bruxelles OMBILIC DU RÊVE. Félicien Rops, Max Klinger, Alfred Kubin, Armand Simon – jusqu’au 5 janvier Espace Dali DALI FAIT LE MUR – Dali et le “street art“ - jusqu’au 15 mars Fondation Taylor LE BARON TAYLOR (1789-1879) À L’AVANT-GARDE DU ROMANTISME – jusqu’au 15 novembre Galerie Kugel VERMEILLEUX, L’ARGENT DORÉ DE STRASBOURG XVIE-XIXE SIÈCLES – jusqu’au 8 novembre Grand Palais NIKI DE SAINT PHALLE – jusqu’au 2 février HOKUSAI – jusqu’au 18 janvier PARIS PHOTO 2014 – jusqu’au 23 novembre. HAÏTI, deux siècles de création a g artistique – du 19 novembre au 15 février Institut du Monde arabe LE MAROC CONTEMPORAIN – jusqu’au 25 janvier Maison du Japon TISSER LES COULEURS - KIMONOS D’UN TRÉSOR NATIONAL VIVANT – du 5 novembre au 17 janvier La Maison Rouge ART BRUT. COLLECTION ABCD / BRUNO DECHARME – jusqu’au 18 janv. Maison de la Photographie TIM PARCHIKOV, Suspense – jusqu’au 30 novembre Musée des arts décoratifs RECTO VERSO - 8 pièces graphiques – jusqu’au 9 novembre Musée d’art du judaïsme ROMAN VISHNIAC. De Berlin à New York, 1920-1975 – jusqu’au 25 janvier. Musée d’art moderne DAVID ALTMEJD – jusqu’au 1er févr. SONIA DELAUNAY, les couleurs de l’abstraction – jusqu’au 22 février Musée Carnavalet PARIS LIBÉRÉ, PARIS PHOTOGRAPHIÉ, PARIS EXPOSÉ – jusqu’au 8 février e n Miroir ou détournement, inspiration ou aspiration, admiration ou distanciation, chaque dialogue est différent, et invite le visiteur à découvrir dans chacune des œuvres des street artistes la relation qu’ils ont nouée avec le maître du surréalisme à l’occasion de l’exposition. jusqu’au 15 mars 2015 Musée Cernuschi LE JAPON AU FIL DES SAISONS – jusqu’au 11 janvier 2015 Musée Eugène Delacroix OBJETS DANS LA PEINTURE, SOUVENIRS DU MAROC – du 5 novembre au 2 février Musée Guimet SPLENDEURS DES HAN, ESSOR DE L’EMPIRE CÉLESTE – jusqu’au 1er mars Musée Jacquemart-André LE PÉRUGIN, MAÎTRE DE RAPHAËL – jusqu’au 19 janvier Musée Lettres & Manuscrits CORRESPONDANCES AMOUREUSES – jusqu’au 15 février Musée du Louvre MARK LEWIS, invention au Louvre – jusqu’au 5 janvier LE MAROC MÉDIÉVAL, un empire de l’Afrique à l’Espagne – jusqu’au 19 janvier Musée du Luxembourg PAUL DURAND-RUEL, LE PARI DE L’IMPRESSIONNISME. Manet, Monet, Renoir... – jusqu’au 8 février Musée Maillol LES BORGIA ET LEUR TEMPS. De Léonard de Vinci à Michel-Ange – jusqu’au 15 février d a Musée Marmottan-Monet IMPRESSION, SOLEIL LEVANT, l’aube de l’impressionnisme – jusqu’au 18 janvier Musée de Montmartre L’ESPRIT DE MONTMARTRE ET L’ART MODERNE 1875-1910 – jusqu’au 25 septembre 2015 Musée de l’Orangerie EMILE BERNARD (1868-1941) – jusqu’au 5 janvier Musée d’Orsay ATTAQUER LE SOLEIL. HOMMAGE AU MARQUIS DE SADE – jusqu’au 25 janv. Musée du Quai Branly LES MAYAS, un temps sans fin – jusqu’au 8 mai Musée de la Vie Romantique LA FABRIQUE DU ROMANTISME. Charles Nodier et les voyages pittoresques – jusqu’au 18 janvier Petit Palais DE INGRES À POLKE – jusqu’au 11 janvier BACCARAT – jusqu’au 4 janvier Pinacothèque LE KAMA SUTRA : spiritualité et érotisme dans l’art indien – jusqu’au 11 janvier 87 m é m e n t o Onex Théâtre Saint-Gervais Les Créatives Daisy Pour sa 10e édition, et pour ne pas faillir à la tradition, le festival Les Créatives convoquent les artistes féminines. Le programme fait la part belle à la nouvelle scène musicale nationale et internationale mais propose également un film, une conteuse, des djettes et une vj, de la danse, une styliste et un atelier de développement créatif. Rodrigo García, l’extraordinaire créateur hispano-argentin, revient à Saint-Gervais. Et il est remonté comme jamais ! Laissez-vous séduire par «Daisy», son nouveau texte à la poésie puissante et sombre. Cafard et ébahissement assurés… Même si le point central du festival est à Onex, à la salle communale et au Manège, d’autres associations et lieux genevois ont rejoint le festival et présentent leur propre programmation : l’Épicentre à Collonge-Bellerive, la Julienne à Planles-Ouates, le Chat Noir à Carouge, la Gravière, la MQJ à la Jonction… 88 Parmi les artistes invités, citons Flavia Coelho et Mayra Andrade Mayra Andrade et Flavia Coelho, présentes lors de la soirée d’ouverture, mais aussi Mor Karbasi, Camille Chamoux, Charlotte Gabris ou Mélanie Pain. Du 14 au 29 novembre 2014 Billetterie en ligne sur : http://www.lescreatives.ch/en-ligne/ ou Service Culturel Migros et Spectacles Onésiens «Daisy» © Christian Berthelot Trois ans après «Mort et réincarnation en cow-boy», Rodrigo García revient donc avec «Daisy», opus dans lequel Rodrigo García laisse éclater son spleen sarcastique dans un texte profond, philosophique et ironique. Au menu : un plateau peuplé de blattes, de tortues, de chiens, de fantômes, de motos et d’un quatuor à corde… Plus sombre que les précédentes, toujours aussi poétique, Daisy est une pièce « pleine de dérision et de cafard » (Libération) ... Du 11 au 15 novembre 2014 Billetterie : 022 / 908.2020 ou en ligne Théâtre Forum Meyrin En tournée Guillaume Tell, le soulèvement Utopia Mia Connaît-on vraiment l’histoire de Guillaume Tell ? Sait-on précisément comment cette légende se déroule? On retient généralement le seul épisode de la pomme et de l’arbalète, mais le mythe recèle bien d’autres événements en amont comme en aval, des humiliations subies par plusieurs paysans sous le joug des Habsbourg à la tempête qui permet au héros de se sauver. Guillaume Tell participe à un soulèvement collectif, mais il agit aussi comme un homme seul et sa révolte n’est pas immédiate. Il accepte d’abord de mettre en danger son propre fils et ne tue son ennemi qu’en étant aidé par les circonstances. Sa figure est plus complexe qu’il n’y paraît. La nouvelle création de la compagnie Philippe Saire est arrivée ! Chorégraphie pour 5 interprètes, «Utopia Mia» interroge notre rapport intime à l’utopie. Elle nous rappelle les rêves éveillés d’hier et d’aujourd’hui, des cités idéales de la Renaissance aux hippies des années 196070. Plus récemment, c’est le mouvement des Indignados né à Madrid qui a poussé le chorégraphe à travailler sur les utopies. Comment part-on de nos réalités troublées pour imaginer un avenir meilleur ? «Utopia Mia», c’est le rêve enchanté d’une île où tout peut être recommencé, où les mouvements des danseurs sont porteurs de changement sensible, où la musique sublime les idéaux, juste là, sur scène, à «Utopia Mia» © Philippe Weissbrodt portée de main. L'utopie, à notre portée. Nora Granovsky. Photo © Pidz Très remarquée depuis plusieurs années pour ses mises en scène de théâtre et d’opéra, Nora Granovsky ne s’est pas livrée à une énième adaptation théâtrale de la légende fondatrice de la nation suisse. Elle s’en est plutôt inspirée pour explorer nos capacités de résistance et de révolte aujourd’hui. Du 19 au 30 novembre, Théâtre Sévelin 36, Lausanne 4 et 5 décembre, Théâtre Forum Meyrin 9 et 10 décembre, Théâtre Nuithonie, Villars-sur-Glâne 11 et 12 décembre, Forum St-Georges, Delémont Mercredi 12 novembre à 20h30 Billetterie enligne : http://www.forum-meyrin.ch/billetterie Rencontre avec Nora Granovsky à l’issue de la représentation a g e n d a m é m e n t o La Grange au Lac, Évian Victoria Hall de Genève Philippe Jaroussky Ensemble Cantatio Au cœur d’une impressionnante tournée mondiale, le célèbre contreténor Philippe Jaroussky fera escale à Evian en compagnie de l’ensemble Artaserse. Avec sa voix cristalline, souple et agile, Philippe Jaroussky est le contre-ténor le plus incontournable de sa génération. Sa parfaite maîtrise technique et son aisance désarmante lui permettent les nuances les plus audacieuses et les plus périlleuses. Toujours à la recherche de découvertes excitantes et de splendeurs inédites, il se consacre actuellement à la musique sacrée de Vivaldi. Lors de soirée exceptionnelle la première partie du programme, plus sacrée, s’inspirera du nouvel album Vivaldi Pietà, alors que la Philippe Jaroussky © Simon Fowler seconde s’affirmera plus opératique. 22 novembre 2014 à 20h Dans le cadre des Concerts du dimanche de la ville de Genève, l’ensemble Cantatio, placé sous la direction de John Duxbury, nous propose d’écouter «Theodora», oratorio en trois actes HWV 68 de Georg Friedrich Haendel, une œuvre présentée pour la première fois le 16 mars 1750 à Londres, où elle déboussola le public du Covent Garden. Est-ce la mort des protagonistes qui trouble ainsi les spectateurs? Est-ce la veine intimiste choisie par Haendel qui les déroute? Quelle qu’en soit la raison, la pièce restera longtemps et injustement dans l’ombre d’autres chefsd’œuvre haendeliens. L’occasion vous est donc offerte de découvrir La soprano Maria Keohane une œuvre que le compositeur chérissait tout particulièrement. Dimanche 2 novembre à 17h00 Billetterie en ligne : http://billetterie.mal-thonon.org/ Location : Espace Ville de Genève - Pont de la Machine, Grütli, Cité Seniors Billetterie en ligne : http://billetterie-culture.ville-ge.ch Opéra de Lausanne Théâtre des marionnettes de Genève Michel Corboz Soucis de plume L’Opéra de Lausanne accueille le concert exceptionnel prévu à l’occasion du 80ème anniversaire de Michel Corboz. Guy Juttard reprend un de ses spectacles emblématiques destiné au public dès quatre ans, créé en 2007 au TMG. L’occasion pour l’enfant-spectateur de découvrir à son niveau les dysfonctionnements du monde qui l’entoure, à travers le voyage de Monsieur Petitmonde. Lors de cette soirée spéciale, l’Ensemble Vocal Instrumental Lausanne interprétera la «Passion selon Saint Jean» de J.S. Bach avec, en solistes, la soprano Letizia Scherrer, la mezzo-soprano Marie-Claude Chappuis, le ténor Tilman Lichdi, et les barytons Christian Imler et Peter Harvey. A la poursuite d’une plume intempestivement entrée par effraction dans son monde étriqué, clos sur son bien-être et son univers familial, un père de famille tranquille, devenu Candide infatigable, va connaître les plus folles expériences et aventures, s’étonnant de tout ce qu’il voit, confronté à tout «Soucis de plume» © Cédric Vincensini ce qui ne va pas bien dans le vaste monde. Il reviendra de ses pérégrinations différent, plus riche de ses nouvelles connaissances, plus sage et plus conscient de la nature du vrai bonheur. Michel Corboz © Laurent Pasche Et à la direction, Michel Corboz, bien sûr ! Un spectacle de 50 minutes, à voir du 8 au 26 novembre 2014. Vendredi 14 novembre 2014, 20h Billetterie : en ligne sur le site du théâtre Billetterie : 021/315.40.20 ou en ligne sur : www.opera-lausanne.ch a g e n d a 89 m é m GENEVE concerts 90 2.11. : Concert du dimanche de la ville de Genève. ENSEMBLE CANTATIO, dir. John Duxbury, MARIA KEOHANE, soprano, MICHAELA SELINGER, mezzosoprano, ALEX POTTER, contre-ténor, THOMAS HOBBS, ténor, STÉPHAN MACLEOD, basse (Haendel). Victoria Hall à 11h (rens. 0800.418.418, billets : Alhambra, Grütli) 2.11. : QUATUOR DE GENÈVE & CAMILLO BATTISTELLO, clarinette (Beethoven, Mozart). Musée d’Art et d’Histoire, salle des Armures, à 11h 5.11. : Concert des Amis de l’OSR. OSR, dir. Eliahu Inbal, SERGEY KHACHATRYAN, violon (Beethoven, Brahms). Victoria Hall à 20h (Tél. 022/807.00.00 / [email protected]) 5.11. : ESTELLE REVAZ, violoncelle & IRINA CHKOURINDINA, piano (Beethoven, Schumann, Rachmaninov). Point Favre, Chêne-Bourg, à 20h30 (Rens. et rés. 076/345.80.76) 7.11. : Les Grands Interprètes. TRIO GUARNERI de Prague (Beethoven, Bloch, Brahms). Conservatoire de Musique à 20h (loc. Service culturel Migros Genève, Stand Info Balexert, Migros Nyon) 7.11. : Jazz Classics. AL DI MEOLA plays Beatles & more. Avec Kevin Seddiki, guitare, Peter Kaszas, percussion. Victoria Hall à 20h30 (loc. Fnac / Ticketcorner) 8.11. : ORCHESTRE DES NATIONS UNIES & CHŒUR DE L’UNIVERSITÉ POLYTECHNIQUE DE MADRID, dir. Antoine Marguier (Mozart). Victoria Hall à 20h (Billets: www.villege.ch/culture Par téléphone: 0800 418 418 / +41 22 418 3618) 9.11. : LE FLEGMATIQUE. Laurent Bruttin, clarinette, Antoine Françoise, piano (Bruttin, Françoise). Musée d’art moderne et contemporain à 11h (rés. sur : www.contrechamps.ch/reserver) 9.11. : Série Musique sur Rhône. Ensemble de musique de chambre de l’OSR, YUMIKO AWANO & KERRY BENSON, violon, BARRY SHAPIRO & STÉPHANE GONTIÈS, alto, STEPHAN RIECKHOFF & LAURENT ISSARTEL violoncelle, JONATHAN HASKELL contrebasse, MICHEL WESTPHAL clarinette, CÉLESTEMARIE ROY basson, JULIA HEIRICH cor, JAMES ALEXANDER piano (R. Strauss). BFM, Salle Théodore Turrettini, 11h (Tél. 022/807.00.00 / [email protected]) 11.11. : Concert Prestige n°2. LET’S SWING ! Geneva Camerata, dir. et e n t piano David Greilsammer, JACKY TERRASSON, piano jazz (Marais, Beethoven, Ravel). BFM à 20h (billetterie : Fnac) 15.11. : Les Grands Interprètes. QUATUOR MODIGLIANI & SABINE MEYER, clarinette, KNUT ERIK SUNDQUIST, contrebasse, DAG JENSEN, basson, BRUNO SCHNEIDER, cor (Mozart, Schubert). Conservatoire de Musique à 20h (loc. Service culturel Migros Genève, Stand Info Balexert, Migros Nyon-La Combe) 15.11. : SOWETO GOSPEL CHOIR. Hommage à Nelson Mandela. Théâtre du Léman à 15h et 20h (loc. www.theatreduleman.com) 16.11. : Cercle J.S. Bach. L’OCG, dir. Natacha Casagrande. MARINA LODYGENSKY, soprano. ISABELLE HENRIQUEZ, mezzo-soprano. COLIN BALZER, ténor. JÉRÉMIE BROCARD, basse (Mendelssohn). Victoria Hall à 17h (loc. 022/807.17.90 / [email protected], www.ticketportal.com) 17.11. : Les Grands Interprètes. ORCHESTRE PHILARMONIQUE DE SAINTPÉTERSBOURG, dir. Yuri Temirkanov, NICOLAI LUGANSKY, piano (Rachmaninov, Tchaïkovsky). Victoria Hall à 20h (tél. 022/322.22.40 ou : [email protected]) o 17.11. : Prestige Artists. JETHRO TULL’S IAN ANDERSON. Théâtre du Léman à 20h30 (loc. Fnac) 18.11. : Migros-pour-cent-culturelclassics. AMSTERDAM BAROQUE ORCHESTRA & CHOIR, dir. Ton Koopman, JOHANNETTE ZOMER, soprano, BOGNA BARTOSZ, contralto, JÖRG DÜRMÜLLER, ténor, KLAUS MERTENs, basse (Mozart). Victoria Hall à 20h (loc. SCM 022/319.61.11) 18.11. : GECA au Musée n°1. RENCONTRES DU TROISIÈME TYPE. David Greilsammer, piano et piano préparé, Solistes du Geneva Camerata. Ballet Junior de Genève, chor. Kirsten Debrock (Cage, Scarlatti, Berio). Musée d’art et d’histoire à 19h (Billets sur place, une heure avant le concert) 18.11. : LIEUX SONORES. Ensemble Contrechamps, dir. Yordan Kamdzhalov, Mélody Loulédjian, soprano, Rosa Dominguez, mezzosoprano, Sébastien Cordier, Thierry Debons, percussion (Ospald, Pauset, Naón). Studio Ernest-Ansermet à 20h (rés. : www.contrechamps.ch/) 20.11. : VINCENT NICLO. Théâtre du Léman à 20h30 (loc. www.theatreduleman.com) 20.11. : Jazz Classics. GREGORY PORTER, vocals. Avec Yosuke Sato, saxophone ténor, Chip Crawford, Victoria Hall L’Orchestre des Nations Unies L’Orchestre des Nations Unies à Genève propose un concert exceptionnel Mozart le samedi 8 novembre 2014 à 20 heures au Victoria Hall. L’ONUG et le Chœur de l’Université Polytechnique de Madrid sont placés sous la baguette d’Antoine Marguier. Les fonds récoltés lors du concert seront destinés à l’association Bilifou qui fournit des soins médicaux gratuits au Burkina Faso.Au programme, le Concerto pour piano no. 23, avec son sublime adagio, sera interprété par Audrey Vigoureux, que l’on a déjà pu entendre au Victoria Hall dans le 1er Concerto de Rachmaninoff avec l’OSR dirigé par Pinchas Steinberg. La pianiste d’origine aixoise est titulaire d’un 1er Prix de piano avec mention Très Bien au CNSM de Paris, ainsi que d’un Diplôme de Soliste avec distinction au Conservatoire de Musique de Genève, où elle enseigne actuelleAntoine Marguier ment. Egalement au programme, la Grande Messe en Do mineur permettra d’entendre Jennifer Kressmann, soprano, Marion Grange, soprano, Jérémie Schütz, tenor, Mkhanyiseli Mlombi, basse et le Choeur de l’Université Polytechnique de Madrid. 8 novembre 2014 Billets: www.ville-ge.ch/culture Par téléphone: 0800 418 418 / +41 22 418 3618 Maison des Arts du Grütli, Arcade d’information municipale, Genève – Tourisme, Cité Séniors, CAGI/Cultural Kiosk at the UNOG. a g e n piano, Aaron James, bass, Emanuel Harrold, drums. Victoria Hall à 20h30 (loc. Fnac / Ticketcorner) 22.11. : REQUIEM de Mozart. Salle des Fêtes de Thônex à 20h30 (Billets FNAC ou www.thonex.ch) 23.11. : Concert d’automne. SOLISTES DE L’OCG & ORCHESTRE DES PAYS DE SAVOIE, dir. Nicolas Chalvin (Mozart, Lehn, Dvorak). Eglise SteCroix à 17h (entrée libre) 24.11. : Concert de soirée No. 3. TRAGÉDIE. L’OCG, dir. Joji Hattori, DONALD LITAKER, ténor (Sibelius, Britten, Schubert). BFM à 20h (loc. 022/807.17.90 / [email protected] ou www.ticketportal.com) 26.11. : Série Symphonie. OSR, dir. Neeme Järvi, LILLI PAASIKIVI, mezzosoprano (Haydn, A. Mahler, R. Strauss). Victoria Hall à 20h (Tél. 022/807.00.00 / [email protected]) 26 et 27.11. : DEMI-FINALE DU PRIX D’INTERPRÉTATION DE FLÛTE / 69e Concours de Genève. Solistes de l’Ensemble Contrechamps & de l’OSR, dir. Gregory Charette (KwangHo Cho, Debussy). Conservatoire de Musique de Genève à 19h (billetterie : concoursgeneve.ch, ou à l’entrée) 28.11. : Série répertoire. OSR, dir. Neeme Järvi, MARTIN FRÖST, clarinette (Haydn, von Weber, R. Strauss). Victoria Hall à 20h (Tél. 022/807.00.00 / [email protected]) 29.11. : VALERY LEONTIEV. Première en Suisse. Théâtre du Léman à 19h30 (location : www.theatreduleman.com) 30.11. : Chœur LE MOTET DE GENÈVE (Scarlatti, Bach, Penderecki, Schnittke). Temple de Saint Gervais à 18 h. Billets à l'entrée. 1.12. : Temps & Musique. QUATUOR DE JÉRUSALEM (Beethoven, Janacek). Conservatoire de Genève à 20h (billetterie : Service culturel Migros, Migros Nyon-La Combe, Balexert) MUSICALES DE COMPESIÈRES 21.11. à 20h30 : NIMA SARKECHIK, piano & CAMERATA DU LÉMAN, dir. CLAUDIO VANDELLI (BRAHMS, BEETHOVEN) 22.11. à 20h30 : CAMERATA DU LÉMAN (Bach, Mozart, Mendelssohn, Barber, Chostakovitch) 23.11. à 11h : SAVIKA CORNU ZOZOR, soprano & MARCELO GIANNINI, orgue (Haydn, Franck, Fauré, Verdi, Puccini, Wolf, Mozart) 23.11. à 17h : ENSEMBLE VOCAL EUTERPE, ENSEMBLE INSTRUMENTAL FRATRES, dir. Christophe Gesseney (JS Bach). Solistes : Nathalie Bolo, Fabian Schofrin, Tristan Blanchet, André Gass, Stepha Imboden. d a m é m e n t o Théâtre Alchimic de Carouge Théâtre La Parfumerie Petits crimes conjugaux Les Stones « Un couple c’est d’abord un rêve » dit Gilles. C’est une histoire d’amour. Plus, c'est un véritable hymne à l’amour. C'est beau, fort et émouvant, depuis le coup de foudre le jour de leur rencontre, jusqu'à la routine qui suit 15 ans de mariage. Et cela passe forcément par plusieurs phases : des mensonges, des révélations, des luttes, de la tendresse... un crime. Cette pièce de théâtre contemporaine écrite par Eric-Emmanuel Schmitt est mise en scène par Thierry Roland. Et le couple est Nathalie Boulin © Cédric Vincensini formé des comédiens Nathalie Boulin et Benjamin Kraatz. Du 4 au 23 novembre 2014 La Parfumerie accueille la création 2014 du Théâtre Spirale, sur un texte de Stefo Nantsou et Tom Lycos, mis en scène par Michele Millner. «The Stones» est basé sur l'histoire vraie de deux garçons - Shy Boy et Yahoo - accusés d'homicide involontaire en Australie après avoir jeté des pierres depuis un pont autoroutier et avoir tué un conducteur. C’est une pièce musclée et subversive sur un phénomène de société d'une tristesse abyssale. Il crie fort, sur un plateau nu, la détresse et le mal être des jeunes "à la dérive". Un texte poétique, urbain, oral. Jon Ander Alonso dans «The Stones» Un langage cru © Patrick Mohr et tendre à la fois. jusqu’au 9 novembre 2014 Réservation : 022 301 68 38 / Location : Service culturel Migros Genève opéra 30.11. : I CAPULETI E I MONTECCHI de Vincenzo Bellini, en version de concert. Chœur du Grand Théâtre de Genève, Deutsche Radio Philharmonie SaarbrückenKaiserslauten, dir. Karel Mark Chichon. Grand Théâtre à 19h30 (billetterie en ligne sur www.geneveopera.ch/) théâtre Jusqu’au 2.11. : LES DEMEURÉES de Jeanne Benameur, m.e.s. Didier Carrier, Le Poche-Genève (rens./rés. /loc. 022/310.37.59) Jusqu’au 2.11. : L'ILLUSION COMIQUE de Corneille, m.e.s. Geneviève Pasquier et Nicolas Rossier. La Comédie de Genève (loc. 022/320.50.01) Jusqu’au 5.11. : WUNDERKAMMER par la Cie Figuren Theater Tübingen. Théâtre des Marionnettes (rés. 022/807.31.07 ou en ligne) Jusqu’au 8.11. : DES COUTEAUX DANS LES POULES par la Compagnie Inka. La Traverse, mar au sam à 20h, dim à 17h (rés. 022/909.88.94) Jusqu’au 9.11. : THE STONES de Stefo Nantsou et Tom Lycos, m.e.s. Michele Millner, création du Théâtre Spirale. La Parfumerie, mar au dim à 19h, dim à 17h (Rés. 022 341 21 21, [email protected]) Jusqu’au 14.11. : LES JUMEAUX VÉNITIENS de Carlo Goldoni, m.e.s. Mathias Simons. Théâtre de Carouge (billetterie : 022/343.43.43 [email protected]) a g Jusqu’au 16.11. : L’AFFAIRE DE LA RUE LOURCINE d’Eugène Labiche et SI CE N’EST TOI d’Edward Bond, m.e.s. Eric Salama, créations. Le Grütli ([email protected] ou 022 888 44 88) 3.2. : LE PROCÈS D’IPHIGÉNIE, m.e.s. Alain Carré, avec Marc Bonnant, Bernard-Henri Lévy, Alain Carré. Grand Théâtre à 19h30 (billetterie en ligne sur www.geneveopera.ch/) 4, 7, 8, 9, 14, 15, 16.11. : CUPIDON EST MALADE de Pauline Sales, m.e.s. Jean Bellorini, création, dès 8 ans. Théâtre Am Stram Gram, 19h, sam+dim à 17h (Loc. 022/735.79.24 et Service Culturel Migros) Du 4 au 23.11. : PETITS CRIMES CONJUGAUX d’Eric-E. Schmitt, m.e.s. Thierry Roland. Théâtre Alchimic, mar+ven à 20h30, mer-jeu-sam-dim à 19h (rés. 022/301.68.38 / loc. Service culturel Migros) Du 8 au 26.11. : SOUCIS DE PLUME de et m.e.s. Guy Jutard. Théâtre des Marionnettes, sam à 17h, dim à 11h et 17h, mer à 15h (rés. 022/807.31.07) Du 11 au 30.11. : VIE DE GUNDLING FRÉDÉRIC DE PRUSSE SOMMEIL RÊVE CRI de Lessing de Heiner Müller, m.e.s. Jean Jourdheuil. La Comédie au Loup, mar-mer-jeu-sam à 19h, ven à 20h, dim à 17h (rés. 022/301.31.00) Du 11.11. au 14.12. : HÉLOÏSE de Marcel Aymé, m.e.s. Camille Giacobino. Théâtre du Crève-Cœur, ch. de Ruth, mar au sam à 20h00, dim à 18h00 (rés. 022/786.86.00) Du 17 au 30.11. : LES COMBATS D'UNE REINE de Griselidis Real, m.e.s. Françoise Courvoisier. Le PocheGenève, lun+ven à 20h30, merjeu+sam à 19h, dim à 17h (loc. 022 e n Rés. 022 341 21 21, [email protected] 310 37 59, [email protected]) 18, 22 et 23.11. : ABRAKADUBRADE et avec Damien Bouvet, m.e.s. Ivan Grinberg, dès 6 ans. Théâtre Am Stram Gram, mar à 19h, sam+ dim à 17h (Loc. 022/735.79.24 et Service Culturel Migros) Du 18 au 30.11. : RÉCITS DE FEMMES de Dario Fo et Franca Rame, m.e.s. Michèle Millner et Naïma Arlaud. La Comédie de Genève, mar-mer-jeusam à 19h, ven à 20h, dim à 17, lun relâche (loc. 022/320.50.01 / [email protected]) 19.11. : Midi, théâtre ! - LES DENTELLIÈRES DE CAMBRAI de et par Pierre Mifsud et Fred Mudry. Le Grütli, Foyer, à 12h (rés. 022 888 44 88, [email protected] ou ) 25, 29 et 30.11. : BOUNCE! de et m.e.s. Thomas Guerry et Camille Rocailleux, dès 6 ans. Théâtre Am Stram Gram, mar à 19h, sam+ dim à 17h (Loc. 022/735.79.24 et Service Culturel Migros) Du 25.11. au 14.12. : JOSÉPHINE CANTATRICE DU PEUPLE DES SOURIS de Kafka par le Studio d’action théâtrale, création. Le Galpon (rés. au 022/321.21.76 - 2h avant le spectacle - mail : [email protected]) 30.11 : La saison des P’tits Loups. LES ESCALIERS SONT EN PAPIER, Théâtre Escarboucle. Théâtre du Loup, à 11h et 15h (rés. 022/301.31.00) danse Jusqu’au 2.11. : DIFFRACTION de Cindy Van Acker. Salle des Eaux-Vives, 82-84 r. Eaux-Vives, à 20h30 (billets : Service culturel Migros, Stand Info d a Balexert, Migros Nyon) Du 13 au 16.11. : COSMOPOL/ TEKTON, chor. Ola Maciejewska, création. Théâtre de l’Usine (rés. 022/328.08.18 ou www.theatredelusine.ch) 13, 14, 15, 17, 18, 19, 20, 21.11. : CASSE-NOISETTE de Piotr Ilitch Tchaikovski, chor. Jeroen Verbruggen, dir. Philippe Cohen, Ballet du Grand Théâtre. OSR, dir. musicale Philippe Béran, création. Grand Théâtre à 19h30 (billetterie en ligne sur le site du Grand Théâtre) 14 et 15.11. : TOBARI de Ushio Amagatsu et Sankai Juku. BFM (loc. Service culturel Migros, Stand Info Balexert, Migros Nyon) Du 26 au 30.11. : APERSONA de Ioannis Mandafounis, création. Salle des Eaux-Vives, 82-84 r. Eaux-Vives, à 20h30 (billets : Service culturel Migros, Stand Info Balexert, Migros Nyon La Combe) 28 et 29.11. : FAR, création chor. de Wayne McGregor. Salle des Fêtes du Lignon, Vernier, à 20h (loc. : www.vernier.ch/billetterie) 30.11. : LA BELLE AU BOIS DORMANT, Cie de Théâtre Municipal Académique de Kiev. Théâtre du Léman à 20h30 (loc. www.theatreduleman.com) divers 1er et 2.11. : FÊTE ET INAUGURATION DU MUZOO, la collection du Théâtre du Loup. Théâtre du Loup, sam 1er, de 15h à 22h, dim 2, de 11h à 17h (rés. 022/301.31.00) 1er et 2.11. : GILLES FURTWÄNGLER, performance. Théâtre de l’Usine (rés. 022/328.08.18 ou www.theatredelusi- 91 m 92 é m ne.ch) Du 1.11. au 31.12. : LA R’VUE 2014 de Philippe Cohen, Gaspard Boesch et Gilles Rosset, m.e.s. Philippe Cohen. Casino-Théâtre, mar-mer-ven à 20h, jeu-sam à 19h, dim à 17h (rés. 022/793.54.45 ou [email protected]) 4 et 5.11. : LES STARS avec Daniel Prévost et Jacques Balutin.Théâtre du Léman à 20h30 (loc. www.theatreduleman.com) 15.11. : VIRGINIE OU SI LE SILENCE N'ÉTAIT PAS D'OR.... Salle des Fêtes de Thônex à 20h30 (Billets FNAC ou www.thonex.ch) 22.11. : LE LAC DES CYGNES, Grand Ballet de Théâtre Municipal Académique de l’Opéra et Ballet de Kiev & Solistes Etoiles du ballet de Kiev. Théâtre du Léman à 20h (loc. www.theatreduleman.com) 25.11. : IRISH CELTIC. Théâtre du Léman à 20h30 (loc. www.theatreduleman.com) 26.11. : CENDRILLON ET SES CROCKS par la Cie La Poule qui Tousse, Jeune public. La Traverse à 14h30 (loc. SCM,, 022/319.61.11) e n t (Mozart, Brahms). Salle Métropole à 20h (Billetterie : 021/345.00.25) 23.11. : Les Concerts J.S. Bach de Lutry. HOMMAGE À TIBOR VARGA par l’Ensemble à cordes Gyula Stuller avec SUNAO GOKO, 1er prix du Concours international de violon Tibor Varga 2013. Temple de Lutry à 17h (Billets : Hug Musique, Grand-Pont 4, ou à l'entrée dès 16h le jour du concert / rés. Point I, Quai G. Doret, Lutry, Tél. 021 791 47 65) 26.11. : Concert Découvertes. MA MÈRE L’OYE, OCL, dir. Daniel Cohen, Comédien/ne de La Manufacture, musique de Maurice Ravel. BCV Concert Hall à 17h (Billetterie sur place ou 021 345 00 25) 27.11. : OSR, dir. Neeme Järvi, LILLI PAASIKIVI, mezzo-soprano (Haydn, Mahler, R. Strauss). Théâtre de Beaulieu à 20h15 (Tél. 022/807.00.00 / [email protected] ou Passion Musique) 30.11. : Concert du dimanche. O.C.L., dir. Marcelo Lehninger, NICOLAS BERNARD, trompette (Hertel, Mozart, Haydn). Opéra de Lausanne à 11h15 (Billetterie de l’OCL: Tél. 021 345 00 25) LAUSANNE opéra concerts 2.11. : Les Concerts J.S. Bach de Lutry. VOIX DE LAUSANNE & ORCHESTRE DES JEUNES DE FRIBOURG dir. Dominique Tille (Händel, J.S. Bach). Temple de Lutry à 17h (Billets : Hug Musique, Grand-Pont 4, ou à l'entrée dès 16h le jour du concert / rés. Point I, Quai G. Doret, Lutry, Tél. 021 791 47 65) 6.11. : OSR, dir. Eliahu Inbal, SERGEY KHACHATRYAN, violon (Beethoven, Brahms). Théâtre de Beaulieu à 20h15 (Tél. 022/807.00.00 / [email protected] ou chez Passion Musique) 14.11. : ENSEMBLE VOCAL INSTRUMENTAL LAUSANNE, dir. Michel Corboz, LETIZIA SCHERRER, soprano, MARIE-CLAUDE CHAPPUIS, mezzo, TILMAN LICHDI, ténor, CHRISTIAN IMMLER ET PETER HARVEY, barytons (J.-S. Bach). Opéra de Lausanne, à 20h (Billetterie : 021/315.40.20, lunven de 12h à 18h / en ligne et infos : www.opera-lausanne.ch) 16.11. : Concert du dimanche. Orchestre de la Haute Ecole de Musique de Lausanne, dir. Hervé Klopfenstein (Chostakovitch). Opéra de Lausanne à 11h15 (Billetterie de l’OCL: Tél. 021 345 00 25) 17 et 18.11. : O.C.L., dir. Jaime Martín, OLGA PERETYATKO, soprano 5.11. : Conférence exceptionnelle d’Alban Cerisier. LE PETIT PRINCE. Salon Alice Bailly de l’Opéra de Lausanne à 13h45 et 17h30. Entrée libre sur présentation du billet de spectacle. 5, 7, 8, 9, 12.11. : LE PETIT PRINCE de Michaël Levinas. L’OCG, dir. Arie van Beek, m.e.s. Lilo Baur. Opéra de Lausanne, les 5 et 9 à 15h, , les 5, 7, 9 à 19h, le 8 à 17h, le 12 à 18h (Billetterie : 021/315.40.20, lun-ven de 12h à 18h / en ligne : www.opera-lausanne.ch) 16.11. : ORCHESTRE IL POMO D’ORO, dir. et violon RICCARDO MINASI & MAX EMANUEL CENCIC, contre-ténor (Vivaldi, Albinoni, Caldara, Gasparini, Giacommelli). Opéra de Lausanne, à 17h (Billetterie : 021/315.40.20, lunven de 12h à 18h / en ligne : www.opera-lausanne.ch) théâtre Jusqu’au 2.11. : D'UN RETOURNEMENT L'AUTRE de Frédéric Lordon, m.e.s. Vincent Bonillo. La Grange de Dorigny (rés. 021/692.21.24) Jusqu’au 2.11. : AGAMEMNON de Rodrigo Gardia, par les Cies Le cinquième quartier & Push-Up. Théâtre 2.21, sa à 19h, di à 18h (billetterie sur : www.theatre221.ch/) Jusqu’au 2.11. : KING KONG de a g o Virginie Despentes, m.e.s. Emilie Charriot, création. L’Arsenic ([email protected] / 021/625.11.36) Jusqu’au 16.11. : MON FAUST de Paul Vléry, m.e.s. Philippe Mentha. Théâtre Kléber-Méleau, sa 19h00 – di 17h30 (Achat en ligne sur vidy.ch) Jusqu’au 16.11. : TOUBABS de et m.e.s. Leslie Rudolf, Cie Venado. Pulloff Théâtre, Industrie 10, me/ve à 20h, ma/je/sa à 19h et di à 18h (rés. en ligne sur : www.pulloff.ch, ou au 021 311 44 22) Jusqu’au 16.11. : LE RÉVIZOR d'après Nicolas Gogol, m.e.s. Evelyne Castellino, création, dès 8 ans. Le petithéâtre (réservation en ligne sur le site du théâtre) Du 4 au 7.11. : EN QUOI FAISONS-NOUS COMPAGNIE AVEC LE MENHIR DANS LES LANDES? de Marielle Pinsard. Chapiteau Vidy-L, à 20h / le 6 à 22h: rencontre avec l'équipe artistique de Marielle Pinsard (loc. 021/619.45.45) Du 4 au 22.11. : HALLO par Martin Zimmermann. Vidy-Lausanne, salle René Gonzalez, à 19h30, dim à 16h / le 12 à 20h45 : rencontre avec l'équipe artistique de Martn Zimmermann (loc. 021/619.45.45) jeudi 6, vendredi 7, dimanche 9.11. : DOUTE de John Patrick Shanley, m.e.s. Robert Bouvier. Espace culturel des Terreaux, jeu à 19h, ven à 20h, dim à 17h (billetterie 021 320 00 46) Du 6 au 9.11. : LA SECONDE SURPRISE DE L'AMOUR de Marivaux, m.e.s. Valentin Rossier. La Grange de Dorigny, je 19h / ve 20h30 / sa 19h (rés. 021/692.21.24 + en ligne sur la page de chaque spectacle) Du 11 au 19.11. : MANGER SEUL, m.e.s. Fabrice Gorgerat, création. Théâtre de L’Arsenic, ma, je, sa 19h / me, ve 20h30 / di 18h (rés. en ligne) Du 13 au 15.11. : L’ILLUSION COMIQUE de Pierre Corneille, m.e.s. Geneviève Paquier et Valentin Rossier. La Grange de Dorigny, je 19h / ve 20h30 / sa 19h (rés. 021/692.21.24 + en ligne sur la page de chaque spectacle) Du 13 au 22.11. : JAN KARSKI (MON NOM EST UNE FICTION), création d’Arthur Nauzyciel. Vidy-Lausanne, salle Charles Apothéloz, jeu-sam à 19h / sam 22 à 17h, ven-lun-mar-mer à 20h / le 20 à 21h50 : rencontre avec l'équipe artistique d'Arthur Nauzyciel (rés. 021/619.45.45, ou www.billetterievidy.ch) Du 28.11. au 17.12. : DAS WEISSE VOM EI (UNE ÎLE FLOTTANTE) de et m.e.s. Christoph Marthaler. Vidy-Lausanne, salle Charles Apothéloz, mar-mer-ven à 20h, jeu-sam à 19h, dim à 17h (rés. 021/619.45.45 - www.billetterievidy.ch) e n Du 28 au 30.11. & du 4 au 6.12. : ENCORE de et par Eugénie Rebetez. La Grange de Dorigny, je 19h / ve 20h30 / sa 19h / di 17h (rés. 021/692.21.24 + en ligne sur la page du spectacle) danse 6 et 7.11. : MANGER, chor. Boris Chramatz. Vidy-Lausanne, salle Charles Apothéloz, à 21h (loc. 021/619.45.45) Du 6 au 9.11. : QUANTUM, chor. Gilles Jobin. Théâtre de L’Arsenic, je 20h30 / ve, sa 19h / di 18h / je 6.11 : rencontre autour du processus de création après le spectacle (rés. en ligne) Du 13 au 15.11. : A + B = X, chor. Gilles Jobin. Théâtre de L’Arsenic, je, sa 21h / ve 19h / le 13.11 à 19h - conférence - projet de film en 3D de la Cie Gilles Jobin WOMB 3D (rés. en ligne) Du 28.11. au 4.12. : TAC. TAC, chor. Youngsoon Cho Jaquet. Théâtre de L’Arsenic, me, ve 20h30 / sa, je, ma 19h / di 18h (rés. en ligne) divers 10.11 : RENCONTRE AVEC DIEUDONNÉ NIANGOUNA. Conférence/débat. VidyLausanne, salle René Gonzalez, à 19h (Réservation : [email protected]) 15.11. : DÉBAT - QUI ÉTAIT KARSKI? Conférence d'Annet Becker en contrepoint au spectacle Jan Karski d'Arthur Nauzyciel et à l'exposition Le Monde savait. La mission de Jan Karski pour l'Humanité... Vidy-Lausanne, La Passerelle à 17h (rés. [email protected]) Du 20 au 22.11. : LA VERY MUSIC BOXE par l'ensemBle baBel et water-water. La Grange de Dorigny, je 19h / ve 20h30 / sa 19h (rés. 021/692.21.24 + en ligne) AILLEURS annecy BONLIEU SCÈNE NATIONALE aux Haras d’Annecy, sauf mention contraire (rens./rés. 04.50.33.44.11 / [email protected]) Du 5 au 7.11. : TORDRE, chor. Rachid Ouramdane Du 5 au 7.11. : ECLATS, BRIBES… de et m.e.s. Camille Boitel Du 5 au 8.11. : UN ÉTÉ À OSAGE COUNTY de Tracy Letts, m.e.s. Dominique Pitoiset 7.11., Musée-Château : FANNY CLAMARAND & VANYA COHEN, concert Du 12 au 14.11. : CLOC de et m.e.s. M.Delforges et J. Helfenstein d a m 12.11. : WARRIORS - THE COOKERS 14.11. : ORCHESTRE DES PAYS DE SAVOIE – MILLÉSIME, Cycle des concertos pour vent de Mozart, dir. Nicolas Chalvin, JACQUES ZOON, flûte (Haydn, Rääts, Mozart) 15 et 16.11. : ALADIN / Matèj Forman 16.11. : AU FOND DE LA CLASSE – MERLOT, chanson Du 18 au 20.11. : IL N’EST PAS ENCORE MINUIT… par la Compagnie XY 19 et 20.11. : UNE FEMME SANS HISTOIRE d’après Jean-Xavier de Lestrade m.e.s. Dorian Rossel 19 et 20.11. : EL TRIUNFO DE LA LIBERTAD, par La Ribot, Juan Domínguez et Juan Loriente 22.11. : MA VIE par Michel Boujenah 23.11., Eglise St-Laurent : FIN DE SIÈCLE, Solenne Païdassi, violon, Laurent Wagschal, piano (R. Strauss, Fauré, Franck) 26 et 27.11. : IDIOT ! d’après Dostoïevski, m.e.s. V. Macaigne 26 et 27.11. : PREPARATIO MORTIS, chor. Jan Fabre 28.11. : WHITE CONCERT, Pascal Contet, Robin Rimbaud et Joel Cadbury 30.11., Eglise St-Laurent : LE PLAISIR. Quatuor Zaïde (Haydn, Mendelssohn, Dvorák) annemasse RELAIS CHÂTEAU-ROUGE à 20h30 sauf mention contraire (loc. +33/450.43.24.24) 4 et 5.11. : LENTO par la Cie Nuua Du 5 au 9 et 20.11. : TRANCHÉES de et m.e.s. Laurent Vaucher 6.11. : PROTOJE & THE INDIGGNATION Du 12 au 14.11. : EN ATTENDANT GODOT de Samuel Beckett, m.e.s. Laurent Vaucher 15.11. : DJ WU3 / LLAMATRON 19.11. : ETIENNE DAHO 21.11. : EZ3KIEL, electro rock 22 et 26.11. : ANTOINETTE LA POULE SAVANTE de Isabelle Aboulker, m.e.s. Sébastien Davis 26.11. : D'GEORGES. Théâtre musical / Création autour d’Aperghis 27.11. : IRMA, soul hip-hop 29.11. : CENDRILLON, chor. Thierry Malandain, Malandain Ballet Biarritz fribourg THÉÂTRE EQUILIBRE à 20h (billetterie : Fribourg Tourisme 026/350.11.00 / [email protected]) 8.11. : LES PALMES DE M. SCHUTZ de Jean-Noël Fenwick, m.e.s. Gérard Caillaud 14.11. : SIDEWAYS RAIN, chor. Guilherme Botelho a g 16.11. : KÄFIG BRASIL, chor. Collectif Käfig Brasil, Denis Plassard, Céline Lefèvre, Octavio Nassur, Anthony Egéa et Mourad Merzouki 23.11. : CUPIDON EST MALADE de Pauline Sales, m.e.s. Jean Bellorini 28.11. : MENSONGES D'ETAT de X. Daugreilh, m.e.s. Nicolas Briançon givisiez THÉÂTRE DES OSSES, 20h, di à 17h (loc. 026/469.70.00) Jusqu’au 28.11. : L’ILLUSION COMIQUE de Corneille, m.e.s. Geneviève Pasquier et Nicolas Rossier la chaux-fds THÉÂTRE POPULAIRE ROMAND / CENTRE NEUCHÂTELOIS DES ARTS VIVANTS (loc. 032/967.60.50, www.arcenscenes.ch) 1er à 18h15 et 2.11. à 17h15 / BeauSite : ARCADIA, Cie trop cher to share 5.11. à 20h / L’Heure bleue : Musique en fête. BONNY B & FRI-GOSPEL SINGERS & LA VILLANELLE 8 à 20h15 et 9.11. à 17h / L’Heure bleue : ALEXANDRE THARAUD, piano 12, 15 et 16.11. / Cinéma ABC : LE CARNAVAL DE LA PETITE TAUPE 13.11. à 20h15 / L’Heure bleue : CARMEN SOUZA, world jazz 19.11. à 20h15 / L’Heure bleue : BLAISE CENDRARS AU CŒUR DES ARTS - LA PROSE DU TRANSSIBÉRIEN, avec le comédien Jacques Probst 20.11. à 20h15 / Pavillon des Sports : AMSTERDAM BAROQUE ORCHESTRA & CHOIR, TON KOOPMAN 26, 27, 28.11. à 20h15, 29.11. à 18h15 / Beau-Site : UNE FEMME SANS é m e HISTOIRE, d’après Jean-Xavier de Lestrade, m.e.s. Dorian Rossel martigny FONDATION GIANADDA, à 20h, dim à 17h sauf mention contraire (rés. +41 27 722 39 78) Du 6 au 8.11. : LOU de Pascal Rinaldi, m.e.s. Lorenzo Malaguerra. Théâtre Alambic à 19h30, le 8 à 19h (rés. & loc. au 027/722.94.22 ou [email protected]) 9.11. : CHOEUR NOVANTIQUA DE SION, LE MOMENT BAROQUE, dir. Bernard Héritier, ADRIANA FERNANDEZ, VALÉRIE BONNARD, JEAN-FRANÇOIS NOVELLI, MARCUS NIEDERMEYR (Haendel) 19.11. : Concert Anniversaire. ORCHESTRE DE CHAMBRE DE LAUSANNE, dir. Jaime Martin, PAUL MEYER, clarinette (Mozart, Brahms) 27 et 28.11. : DOUTE de John Patrick Shanley, m.e.s. Robert Bouvier. Théâtre Alambic à 19h30 (rés. & loc. au 027/722.94.22 ou [email protected]) meyrin THÉÂTRE FORUM MEYRIN (loc. 022/989.34.34) 12.11. : GUILLAUME TELL, LE SOULÈVEMENT de Nora Granovsky. Rencontre avec Nora Granovsky à l’issue de la représentation 19.11. : O TEMPS D'O, par la Compagnie BaroloSolo 25 et 26.11. : L'ANNONCE FAITE À MARIE de Paul Claudel, m.e.s. Yves Beaunesne Théâtre de Beausobre, Morges Elizabeth Sombart Le Concerto pour piano de Chopin N° 1, op.11 en mi mineur est une œuvre exceptionnelle de maturité composée par Chopin en 1830 alors qu’il avait à peine 20 ans ! Une version rare du concerto est proposée ici, elle a été jouée une seule fois en 1832 à Paris à la salle Pleyel. Avec la sublime pianiste Elizabeth Sombart, un touché unique et une sensibilité extraordinaire, accompagnée Elizabeth Sombart © Sheila McKinnon par le Quatuor à cordes de la Fondation Résonnance : Nathanaëlle Marie, Lucie Bessiere, Fabienne Stadelmann et Christophe Beau. Dimanche 9 novembre à 16h30 Réservations : Tél. : +41 (0)21 802 64 46, [email protected] e n d a n t o mézières THÉÂTRE DU JORAT à 20h, dim à 17h, sauf mention contraire (rés. : www.theatredujorat.ch/) 5.10 : LE POIDS DES ÉPONGES, par la Compagnie Alias monthey THÉÂTRE DU CROCHETAN à 20h (loc. 024/471.62.67) Du 5 au 7.11. : DISTANCIA – UNE TRILOGIE, chor. Guilherme Botelho 13.11. : LA SECONDE SURPRISE DE L'AMOUR de Marivaux, m.e.s. V. Rossier 17.11. : DOUZE HOMMES EN COLÈRE de Reginald Rose, m.e.s. Julien Schmutz Du 28 au 30.11. : SYMPOSIUM PI montreux Auditorium Stravinski, 20h15 sauf mention contraire (loc. 021/962.21.19) 1.11. : JOHN WILLIAMS, Concert de Musiques de films 6.11. : SOIRÉE JAZZ 15.11. : SERGE LAMA – 50 ans de Chanson morges THÉÂTRE DE BEAUSOBRE à 20h (loc. 024/471.62.67) 5.11. : SÉQUENCE 8, Cie Les 7 doigts de la main, Cirque 8.11. à 19h : FILLS MONKEY, Humour 11.11. : LES PALMES DE MONSIEUR SCHUTZ de Jean-Noël Fenwick, m.e.s. Gérard Caillaud 13.11. : BRIGITTE, Concert 14.11. : ARY ABITTAN, Humour 15.11. à 19h : R & J de et m.e.s. Alexis Michalik, Théâtre 19.11. : UN GRAND MOMENT DE SOLITUDE de, avec et m.e.s. Josiane Balasko 20.11. : LA TEMPÊTE de Shakespeare, m.e.s. Christophe Lidon 21.11. : WILLIAM WHITE, Concert 23.11. à 17h : ALADIN ET LA LAMPE MERVEILLEUSE de et m.e.s. Dani Lary 25.11. : CAROLE BOUQUET - TENTATIVE DE JALOUSIE de Marina Tsvetaeva, m.e.s. Nahal Tajadod 28 à 20h et 29.11. à 19h : SALUT LES COPAINS, le spectacle musical, chor. et m.e.s. Stéphane Jarny neuchâtel THÉÂTRE DU PASSAGE. A 20h, di à 17h (loc. 032/717.79.07) 2.11. : COLORATURE de Stephen Temperley Du 5 au 9.11. : LE PETIT BARBIER DE 93 m é m SÉVILLE d'après Rossini 7 et 8.11. : SÉQUENCE 8 par les 7 doigts de la main 11.11. : SIDEWAYS RAIN, chor. Guilherme Botelho, Compgnie Alias 12.11. : ANTES, chor. Guilherme Botelho, Compgnie Alias 13-15.11., 3.12., 8-10.1. : L'EMMERDEUR de Francis Veber 16.11. : LÉGENDES DES FORÊTS de et par Ariane Racine, conte 16.11., hors saison : DIMITRI, clown Du 21 au 23.11. : BUSCÁNDOSE LA VIA par le quintet flamenco Alogamia 26.11. au 28.12. : CUCHE ET BARBEZAT 94 THÉÂTRE DU POMMIER (loc. 032 725 05 05 ou en ligne) 8 et 9.11. à 17h : POST-SCRIPTUM & LE PETIT CHAPERON ROUGE, par la Cie Théâtre du Sursaut Du 12 au 13.11. à 20h : HOLD UP, de Françoise Gugger, par la Cie Collectif du Pif, m.e.s. Rashid Mili 15.11. à 20h30 : Quatuor GARDEN PORTEL & COLOUR OF RICE (Rani Bruggann), Cie Collectif 440HZ (CH) 19.11. à 20h : 3 SAX BROS. PLAY MULLIGAN, musique 26 et 27.11. à 20h : LES MÉTAORPHOSES d’Ovide, Cie Projet STOA, m.e.s. Guy Delafontaine nyon USINE À GAZ sauf mention contraire (loc. 022/361.44.04) 7.11. : DELUXE, concert Du 18 au 22.11. : MARIE-THÉRÈSE PORCHET – 20 ANS DE BONHEUR! 26.11. : BON APPÉTIT, MISTER GIGI, Cie au petit bonheur les mots 28.11. : ELEPHANZ, concert onex SPECTACLES ONÉSIENS, salle communale à 20h30 (loc. 022/879.59.99 ou SCM 022/319.61.11) 5.11. : GIORGIO CONTE, chanson Du 14 au 29.11. : FESTIVAL LES CRÉATIVES, 10ème édition 14.11. : Les Créatives. MAYRA ANDRADE ET FLAVIA COELHO, musique 16.11. : Récrés Spectacle. CENDRILLON MÈNE LE BAL par la Compagnie Mine de rien, dès 5 ans e n t pully L’OCTOGONE, à 20h30 sauf mention contraire (loc. 021/721.36.20) Mardi 4.11. à 20h : Pour L’Art et le Lutrin. CUARTETTO CASALS. 7.11. : SOLOGRAPHIES, chor. Katarzyna Gdaniec, Marco Cantalupo 15.11. : GIRLS IN HAWAII, concert 21.11. : LA TEMPÊTE de Shakespeare, m.e.s. Christophe Lidon. Avec Sarah Biasini, … 25.11. : UTSUSHI - ENTRE DEUX MIROIRES, par la Cie Sankai Juku, m.e.s. et chor. Ushio Amagatsu 29.11. : En collaboration avec Amdathtra. UN MONDE DE MUSIQUE. François Lindemann & 9 musiciens rolle ROSEY CONCERT HALL (loc. Ticketcorner) 18.11. à 20h : ORCHESTRE PHILHARMONIQUE DE ST. PÉTERSBOURG, dir. Yuri Temirkanov, Nikolaï Lugansky, piano (Grieg, Tchaïkovski) sion THÉÂTRE DE VALÈRE à 20h15, sauf mention contraire (loc. 027/323.45.61) 4.11. : LA MALADIE DU POUVOIR d'Octave Mirbeau, par le Collectif Vdp (F), m.e.s. Ronan Rivière Du 6 au 16.11. : QUARTETT de Heiner Müller. Le petithéâtre, jeu+ sam à 19h, ven à 20h30, dim à 17h (billetterie : [email protected]) 12.11. : MUR d'Amanda Sthers, par le Petit Théâtre de Paris 14.11. : JOURNÉES INTERNATIONALES DE LA GUITARE, œuvres pour guitares et orchestre à cordes par la Camerata Valais avec Zoran Dukic, guitare ; George Vassilev, guitare ... 18.11. : ANTOINE DULÉRY FAIT SON CINÉMA (MAIS AU THÉÂTRE), m.e.s. Pascal Serieis 25.11. : LA PETITE EVASION de et m.e.s. Daniela Ginevro 27, 28 et 29.11. : BALLADE EN ORAGE de et m.e.s. Julien Mages. Le petithéâtre, jeu+ sam à 19h, ven à 20h30 (billetterie : [email protected]) plan/ouates thonon-évian ESPACE VÉLODROME, sauf avis contraire (loc. 022/888.64.60) 6.11. : GÉNÉRATIONS CONGO, Ray Lema et Fredy Massamba, Concert, première partie : GASANDJI 20.11., La Julienne : LAS HERMANAS CARONNI, par G. et L. Caronni MAISON DES ARTS, ESPACE MAURICE NOVARINA à 20h30, sauf mention contraire (loc. 04.50.71.39.47 ou en ligne : billetterie.mal-thonon.org) 4 et 5.11. : LES NOCES IMAGINAIRES D’IPHIGÉNIE d’après Euripide, m.e.s. a g o Dan Jemmett 8.11. : PLAY BACH de Nazim Hikmet et Grégoire Callies, m.e.s. JeanBaptiste Manessier, Grégoire Callies et Peggy Schepens 8.11., Evian : VINCENT DELERM 13 et 14.11., Evian : CONVERSATION AVEC UN JEUNE HOMME par la Compagnie Gare Centrale, m.e.s. Agnès Limbos 14.11., Château Rouge, Annemasse : EN ATTENDANT GODOT de Beckett, m.e.s. Laurent Vacher 15.11., Evian : JAMES CARTER, jazz 18 et 19.11., Evian : LA MAISON PRÈS DU LAC par Yael Rasooly et Yaara Goldring 22.11., Evian : PHILIPPE JAROUSSKY et l’ENSEMBLE ARTASERSE (Vivaldi, Scarlatti) 22.11. : HAÏKU de Bernard Chemin et Didier de Neck, m.e.s. D. de Neck vevey LE REFLET - THÉÂTRE DE VEVEY. À 19h30, dim à 17h sauf mention contraire (rés. 021/925.94.94 ou L@billetterie) 6.11. : L'ILLUSION COMIQUE de Corneille, m.e.s. Geneviève Pasquier et Nicolas Rossier 8.11. : LA BANDE DU TABOU par le Cabaret Saint-Germain-des-Prés et la Compagnie Narcisse 12.11. : LE CAS DE LA FAMILLE COLEMAN de Claudio Tolcachir, m.e.s. Johanna Boyé 13.11. : Arts & Lettres. QUATUOR SINE NOMINE & MARIE-PIERRE LANGLAMET, harpe (Debussy Caplet). Salle del Castillo à 19h30 (loc. Théâtre de Vevey, tél: + 41 21 925 94 94) 14.11. : LES DENTELLIÈRES DE CAMBRAI par la Cie Gaspard 14.11. : ARTHUR H, musique 16.11. : VIVA LA MAMMA, opéra, dir. Franco Trinca, Théâtre Orchestre Bienne Soleure 17.11. : TIGRAN HAMASYAN, piano 19.11. : Arts & Lettres. VERONIKA EBERLE, violon. SEBASTIAN MANZ, clarinette. HERBERT SCHUCH, piano (Milhaud - Brahms - Schumann Bartók). Salle del Castillo à 19h30 (loc. Théâtre de Vevey, tél: + 41 21 925 94 94) 25.11. : PIERS FACCINI ET VINCENT SEGAL, musique 29.11. : CUPIDON EST MALADE de Pauline Sales, m.e.s. Jean Bellorini ORIENTAL-VEVEY (rés. 021/925.35.90 ou www.orientalvevey.ch) 12 au 16.11. : CHRONIQUES ADRIATIQUES, de Domenico Carli, par e n Acmosercie, m.e.s. Anne-Cécile Moser. Oriental Vevey, mer à 20h : CIAO PAPÀ! / jeu à 20h : AVE MARIA / ven à 20h : LIDO ADRIATICO / sam à 19h, dim à 16h : trilogie villars s/gl. ESPACE NUITHONIE, à 20h (loc. Fribourg Tourisme 026/350.11.00 / [email protected], ou Nuithonie: 026 407 51 51) Du 5 au 15.11. : DOUZE HOMMES EN COLÈRE de Réginald Rose, m.e.s. Julien Schmutz 7 et 8.11. : L'AMOUR DES TROIS ORANGES de Carlo Gozzi, par le Théâtre Demmeni 13.11. : TOUTE-PUISSANCE DE LA POÉSIE par Gustave Roud, Maurice Chappaz et Philippe Jaccottet Du 19 au 22.11. : LA SECONDE SURPRISE DE L'AMOUR de Marivaux, m.e.s. Valentin Rossier 20 et 21.11. : D'UN RETOURNEMENT À L'AUTRE de Frédéric Lordon, m.e.s. Vincent Bonillo 29 et 30.11. : APPELS ENTRANTS ILLIMITÉS de David Paquet, m.e.s. Benoît Vermeulen yverdon THÉÂTRE BENNO BESSON (loc. 024/423.65.84) 5.11. : LES PALMES DE MONSIEUR SCHUTZ de Jean-Noël Fenwick, m.e.s. Patrick Zard' 11.11. : LES DENTELLIÈRES DE CAMBRAI par la Compagnie Gaspard 13.11. : LE BAL LITTÉRAIRE, avec Sandra Korol, Samuel Gallet, Odile Cornuz et Fabrice Melquiot 14.11. : LA SECONDE SURPRISE DE de Marivaux, m.e.s. L'AMOUR Valentin Rossier 21.11. : CUPIDON EST MALADE de Pauline Sales, m.e.s. Jean Bellorini 23.11. : LAURÉATS DU CONCOURS SUISSE DE MUSIQUE POUR LA JEUNESSE 2014 26.11. : MENSONGES D'ETAT de Xavier Daufreilh, m.e.s. Nicolas Briançon THÉÂTRE DE L’ECHANDOLE (loc. 024/423.65.84 ou 024/423.65.89 une heure avant le spectacle Du 5 au 7.11. : HOSANNA ! de et par Didier Charlet, m.e.s. A. Troilo 22.11. : RUMBA SUR LA LUNE par la Compagnie Marizibill, dès 3 ans 27.11. : BATLIK, chanson d a Reine de Naples Jour/Nuit in every wom an is a queen B O U T I Q U E S B R E G U E T – 4 0 , R U E D U R H Ô N E G E N È V E + 4 1 2 2 3 1 7 4 9 2 0 – B A H N H O F S T R A S S E 1 G S TA A D + 4 1 3 3 7 4 4 3 0 8 8 B A H N H O F S T R A S S E 3 1 Z Ü R I C H + 4 1 4 4 2 1 5 1 1 8 8 – W W W. B R E G U E T. C O M