ALTernATiVeS eConomiqueS PoChe p o c horS-SÉrie PoChe n°57 biS h noVembre 2012 57 biS Tout savoir sur l’économie sociale et solidaire Consommer, épargner, s’engager, travailler…, les bonnes adresses Les conseils pour créer son entreprise autrement ISSN 2117-8747 ViVre AuTremenT à STrASbourg Vivre autrement à Strasbourg M 01507 - 57 H - F: 9,50 E - AL 3:HIKLPA=\U^ZU^:?k@a@f@h@p; (France métropolitaine) En partenariat avec E 9,50 € ALTernATiVeS eConomiqueS PoChe p o c horS-SÉrie PoChe h E noVembre 2012 Tout savoir sur l’économie sociale et solidaire Consommer, épargner, s’engager, travailler… les bonnes adresses Les conseils pour créer son entreprise autrement ISSN 2117-8747 ViVre AuTremenT à STrASbourg Vivre autrement à Strasbourg M 01507 - 57 H - F: 9,50 E - AL 3:HIKLPA=\U^ZU^:?k@a@f@h@p; En partenariat avec (France métropolitaine) Alternatives Economiques Poche n° 57 bis novembre 2012 Fondateur, conseiller de la rédaction : Denis Clerc Editorialiste : Philippe Frémeaux Rédaction : 28 rue du Sentier 75002 Paris tél. : 01 44 88 28 90 [email protected] Directeur de la rédaction : Thierry Pech Rédacteur en chef : Guillaume Duval Secrétaire général de la rédaction : Daniel Salles Responsable Alternatives Economiques Poche : Camille Dorival Coordination de ce numéro : David Belliard et Sandra Guilmin Ont également participé à ce numéro : Philippe Chibani-Jacquot, Philippe Frémeaux, Eric Larpin, Antoine Rondel, Victor Sardjeveladze Secrétariat de rédaction : Charlotte Chartan, Francis Gimelet Maquette, infographie : Sylviane Savatier Relations presse : Véronique Orlandi, Hélène Creix Directeur du développement : David Belliard Directrice commerciale : Hélène Reithler Chargée de promotion diffusion : Aïssata Seck Publicité : L’autre régie www.lautre-regie.fr Vivre autrement à Strasbourg 28 rue du Sentier 75002 Paris tél. : 01 44 88 28 90 Directeur de régie : Jérémy Martinet Directrices de clientèle : Anne Pichonnet, Delphine Do Couto Chef de publicité (formation) : Florian Makiza Assistante de publicité : Stéphanie Larrivoire Service relations clients : 12, rue du Cap-Vert, 21800 Quétigny tél. : 03 80 48 10 25 – fax : 03 80 48 10 34 [email protected] Chef de service : Delphine Dorey Abonnement : 6 numéros, 38 � Institutions : 46,50 � Bulletin d’abonnement : page 94 Diffusion : en kiosque : Presstalis en librairie : Dif’pop, 81 rue Romain Rolland, 93260 Les Lilas, tél. : 01 43 62 08 07, fax : 01 43 62 07 42 Inspection des ventes : Destination media : tél. : 01 56 82 12 06 Couverture : conception : Christophe Durand Photogravure-impression : Imprimerie de Champagne, 52200 Langres CPPAP 0314 I 84446 ISSN 2117-8747 ISBN 2-35240-076-7 Dépôt légal : à parution Imprimé en France/Printed in France sur papier certifié PEFC Edité par la Scop-SA Alternatives Economiques Directeur des publications : Thierry Pech Directrice générale adjointe : Camille Dorival Pour tout savoir sur l’économie sociale et solidaire Consommer, épargner, s’engager, travailler…, les bonnes adresses Les conseils pour créer son entreprise autrement © Alternatives Economiques. Toute reproduction, même partielle, des textes, infographies et documents parus dans le présent numéro est soumise à l’autorisation préalable de l’éditeur. Toute copie destinée à un usage collectif doit avoir l’accord du Centre français du droit de copie (CFC) : 20 rue des Grands-Augustins, 75006 Paris, tél. : 01 44 07 47 70, fax : 01 46 34 67 19. En couverture : Wonderbabette, artiste de la coopérative Artenréel, lors une action du Conseil de l’ESS avec la Ville de Strasbourg et la CRES d’Alsace. Photos : © Thierry Suzan pour la CUS www.alternatives-economiques.fr Alternatives Economiques - Hors-série poche n° 57 bis - novembre 2012 - 1 Vivre autrement à Strasbourg Sommaire Editorial 5 Une autre économie est possible 5 Strasbourg et l’économie sociale et solidaire 6 Une politique ambitieuse, entretien avec Jacques Bigot, Roland Ries et Frédéric Deck De quoi parle-t-on ? « L’ESS est un volet efficace de l’économie, elle n’est pas secondaire », entretien avec Catherine Trautmann Les structures ressources La Chambre régionale de l’économie sociale (Cres) L’Observatoire de l’ESS Soutien aux associations Région Alsace (Sara) L’Union régionale des Scop (URScop) Des aides de la Région Alsace pour l’ESS L’Union régionale des structures d’insertion par l’économique d’Alsace (URSIEA) Réseau des territoires de l’économie solidaire (RTES) Coopérer pour entreprendre 7 10 15 18 18 19 20 20 20 21 21 21 Produire et consommer autrement 22 Pour un autre modèle Produire, consommer L’agriculture biologique et de proximité Le commerce équitable Recycler, réemployer Se déplacer Le rail au quotidien Partager une voiture La location de voitures contre l’exclusion Les deux roues Se loger Eduquer Connaître les mouvements d’éducation populaire Aider, accompagner ses proches L’aide aux seniors L’aide aux migrants Les services à la personne Se soigner, se préserver Les mutuelles de santé Les fondations et cliniques associatives Les services de santé aux plus fragiles Epargner, investir de manière solidaire Choisir sa banque Les fonds solidaires et environnementaux Les échanges non monétaires 23 23 23 27 31 33 34 34 35 35 36 39 39 42 42 43 43 44 44 44 45 47 47 48 51 2 - Alternatives Economiques - Hors-série poche n° 57 bis - novembre 2012 S’évader, se cultiver, faire du sport Le tourisme Se cultiver Faire du sport S’informer, communiquer Les médias alternatifs Le partage du savoir, l’assistance technique solidaire et l’accès aux logiciels libres La promotion de l’ouverture des données publiques S’engager, se retrouver La solidarité internationale La réinsertion sociale Entreprendre autrement 52 52 54 54 56 56 57 57 58 58 59 60 Choisir son statut Les différents statuts Les coopératives L’insertion par l’activité économique Les associations Et du côté des mutuelles ? Se faire accompagner Le dispositif local d’accompagnement Locusem Réseau Entreprendre Alsace L’Union régionale des structures d’insertion par l’économique d’Alsace L’URScop Faire financer son projet Le capital-risque solidaire Les prêts bancaires Le microcrédit et les prêts d’honneur Les fondations de l’économie sociale Les aides publiques Recruter et manager autrement Le bénévolat Le service civique Le contrat unique d’insertion Se former Les formations diplômantes Les formations dédiées aux bénévoles associatifs Se faire représenter Les principaux réseaux représentatifs de l’ESS sur la Communauté urbaine de Strasbourg « L’économie sociale et solidaire doit changer d’échelle » 61 61 61 67 71 74 76 76 76 77 77 79 80 80 81 82 83 84 85 85 86 86 87 87 88 89 89 91 Entretien avec Benoît Hamon Ressources 95 Index 96 Alternatives Economiques -Hors-série poche n° 57 bis - novembre 2012 - 3 Editorial Une autre économie est possible D. R. L a crise financière, économique et sociale que nous traversons nous oblige à construire un autre modèle de développement. L’économie sociale et solidaire (ESS), parce qu’elle est fondée sur d’autres valeurs que la quête du profit, parce qu’elle se donne pour but de répondre aux besoins sociaux, parce qu’elle est gérée démocratiquement, a vocation à jouer un rôle majeur dans cette mutation. A Strasbourg, cette « autre économie » s’inscrit dans une histoire déjà ancienne, avec notamment les coopératives de consommation. La métropole alsacienne a toujours conservé un réel dynamisme dans ce secteur, tant et si bien qu’aujourd’hui, l’économie sociale et solidaire y compte près de 24 000 emplois. La Communauté urbaine de Strasbourg s’est engagée fortement dans une politique de soutien active de ces acteurs qui produisent des biens et des services à forte utilité sociale et qui visent à transformer certains domaines de l’activité économique locale. Au-delà du soutien au développement de nouvelles filières de production et de distribution dans l’agriculture ou le logement, par exemple, l’accent a été tout particulièrement mis sur le dialogue et la démocratie. La création d’un Conseil de l’économie sociale et solidaire, ouvert à tous les acteurs du secteur, est une des illustrations de ce fonctionnement basé sur l’implication de toutes et de tous dans les politiques qui sont menées. Enfin, des projets transfrontaliers sont en cours de réalisation, reflétant là encore l’histoire de l’agglomération, profondément européenne et ouverte sur l’extérieur. L’ESS demeure toutefois mal connue, malgré une reconnaissance institutionnelle (il existe maintenant un ministre délégué à l’Economie sociale et solidaire). C’est toute l’ambition du volet « Consommer et produire autrement » de ce hors-série poche spécial d’Alternatives Economiques, élaboré en partenariat avec la Communauté urbaine de Strasbourg, que d’illustrer les réponses alternatives offertes à une grande part de nos besoins. De nombreuses adresses et conseils pratiques sont par ailleurs proposés, car chacun d’entre nous, par ses choix de consommation, peut participer à une économie plus humaine. Enfin, ce numéro s’adresse aussi à celles et à ceux qui souhaitent s’investir dans l’économie sociale et solidaire. Si vous avez des projets pour créer ou reprendre une entreprise ou si vous souhaitez travailler dans l’ESS, via par exemple une des coopératives d’activités présentes dans la métropole alsacienne, comme Artenréel, Antigone ou Coopénates, vous pourrez trouver des conseils et des informations utiles dans la partie « Entreprendre autrement » de ce hors-série. Ainsi, que vous soyez consommateurs, élus, créateurs d’entreprise, salariés ou épargnants, ce numéro a pour vocation de vous accompagner dans la recherche d’une économie ancrée dans la métropole et son histoire ; une économie qui tient compte des enjeux sociaux et environnementaux. David Belliard, journaliste à Alternatives Economiques Alternatives Economiques - Hors-série poche n° 57 bis - novembre 2012 - 5 Vivre autrement à Strasbourg – Chapitre i Strasbourg et l’économie sociale et solidaire Strasbourg et l’économie sociale et solidaire CUS A la fois sources d’innovation et de dynamisme économique, les entreprises et les associations de l’économie sociale et solidaire occupent une place importante à Strasbourg. Elles y bénéficient du soutien actif des collectivités. La coopérative d’activités et d’emploi Artenréel accompagne la Ville de Strasbourg sur une expérimentation du Conseil de l’ESS : le soutien aux initiatives collectives des habitants. 6 - Alternatives Economiques - Hors-série poche n° 57 bis - novembre 2012 Strasbourg et l’économie sociale et solidaire Une politique ambitieuse Les politiques de soutien à l’économie sociale et solidaire menées par la Ville et la Communauté urbaine de Strasbourg sont le fruit d’un travail de co-construction effectué avec les acteurs de l’ESS, et en premier lieu la Chambre régionale de l’économie sociale d’Alsace. Jacques Bigot, CUS président de la Communauté urbaine de Strasbourg Roland Ries, sénateur-maire de Strasbourg Jérôme Dorkel/CUS économiques. Certains sont déjà présents dans l’économie sociale et solidaire. Je pense notamment aux coopératives, mutuelles et associations. Depuis longtemps, le développement économique strasbourgeois s’est bâti sur sa situation géographique, au cœur de l’Europe, en attirant de grands groupes et de grands investisseurs internationaux. Aujourd’hui, pour répondre au choc de la mondialisation et de la crise, il est nécessaire de trouver de nouveaux équilibres. Ces derniers passeront par une plus grande mixité des entreprises et des organisations. Celles de l’ESS comptent parmi ces relais de croissance. Elles constituent une économie de proximité sans tentation de délocalisation des emplois… Roland Ries : Avec la crise, nous avons besoin localement d’un secteur novateur, qui explore de nouvelles pistes. Entre l’économie administrée et l’économie libérale, il existe une économie alternative qui place l’humain au cœur de ses préoccupations. A partir de ces convictions, qui rejoignent une longue tradition en Alsace, j’ai fait de l’économie sociale et solidaire un axe majeur de la mandature qui s’ouvrait en 2008. Cela a été réaffirmé dans le plan d’actions pour le secteur, qui découle de deux délibérations-cadres de la ville et de la communauté urbaine en 2010. Celui-ci définit trois objectifs : développer l’entrepreneuriat social et solidaire et l’emploi, améliorer la promotion et la visibilité du secteur, favoriser l’initiative collective des habitants et l’innovation. Frédéric Deck : Les réseaux et adhérents de la Chambre régionale de l’économie sociale (Cres) ne se positionnent pas que sur les objectifs économiques du secteur et la fourniture de biens ou de services mal assurée par ailleurs, mais aussi sur des enjeux liés à l’environnement, la qualité de vie au travail et le bien-être en général. A la Cres, nous voulons avoir une vision d’ensemble des problématiques du secteur. L’ESS est certes un pan de l’économie, mais elle dépasse cette seule approche. Nous avons donc pour rôle d’aider à la structuration de l’ESS strasbourgeoise et au rapprochement entre nos adhérents. CUS Quelles sont les dimensions de l’ESS que vous souhaitez mettre en avant ? Jacques Bigot : Nous souhaitons aider à la création de nouveaux modèles Frédéric Deck, président de la Chambre régionale de l’économie sociale (Cres) d’Alsace Quels sont les outils imaginés par la collectivité pour soutenir ce secteur ? R. R. : Il faut d’abord dire que nous sommes à l’écoute des acteurs de ter- rain, en direct ou par l’intermédiaire de la chambre régionale de l’économie sociale (Cres) d’Alsace et du Conseil de l’économie sociale et solidaire. A partir des besoins exprimés, il existe plusieurs types de soutien : financement d’outils, mise à disposition de locaux, contractualisation dans les marchés publics, Alternatives Economiques - Hors-série poche n° 57 bis - novembre 2012 - 7 Vivre autrement à Strasbourg – Chapitre i Strasbourg et l’économie sociale et solidaire [1] Groupe associatif proposant notamment des activités physiques de prévention adaptées à des publics comme les seniors ou les personnes en situation de handicap, mais aussi des salariés d’entreprises (voir page 42). [2] Association qui développe un langage des signes spécialement conçus pour des situations de crise (voir ci-dessous). travail sur la communication. Pour prendre quelques exemples, Strasbourg et la Communauté urbaine de Strasbourg (CUS) ont contribué à la consolidation des six régies de quartier et des trois coopératives d’activités et d’emploi que compte le territoire, ainsi que de nombreuses associations. Elles aident aussi directement des structures comme Siel Bleu [1] ou B4Com [2]. Sur la mise à disposition de locaux, une initiative a été lancée cette année par la société d’économie mixte Locusem créée en 2010-2011 (voir page 76) afin de reprendre des locaux inoccupés de zones urbaines sensibles et de les affecter à des créateurs d’entreprises, en particulier dans l’ESS. Enfin, nous participons activement au Mois de l’économie solidaire, qui doit permettre au grand public de mieux connaître ce secteur. J. B. : Nous avons la volonté d’aider toutes les composantes de l’économie sociale et solidaire. Nous sommes attentifs aux formules qui marchent, comme les circuits courts et les coopératives d’achats, avec la volonté de les dupliquer quand cela est possible. Autres exemples, dans le bio ou dans le commerce équitable, les collectivités peuvent montrer qu’il est possible de consommer ZOOM B4Com, un nouveau langage en situation de crise B4Com est une expérience à la croisée de l’économie sociale et solidaire, du secteur médical et de l’innovation. Née il y a sept ans, cette association de droit local (voir page 72) trouve son origine dans le constat que certaines situations de crise nécessitent de recourir à d’autres modes de communication que la parole ou la langue des signes. « Lors d’une simulation d’attaque chimique à Strasbourg, les secouristes, infirmiers et docteurs n’arrivaient pas à se comprendre, président de B4Com. Avec trois autres spécialistes, nous avons commencé à élaborer ToxCom, un code de communication visio-gestuelle pour les professionnels médicaux. » Rien de semblable n’existait alors. En testant leur idée auprès des hôpitaux, les B4Com raconte Christophe Berna, médecin urgentiste et L’association B4Com a élaboré un nouveau mode de communication par signes utilisé en premier lieu dans les situations d’urgence médicale. quatre inventeurs se sont rendu compte qu’il y avait départementaux d’incendie et de secours (SDIS). La là un véritable besoin dans l’univers médical. particularité de ces formations est que l’enseignant Le projet a été suivi par l’incubateur Semia, qu’ils est une personne sourde. « Nous avons de nombreux ont intégré en 2010. Cet incubateur, spécialisé dans patients sourds à l’hôpital et nous savons qu’ils ont les entreprises innovantes, n’avait pas encore accueilli des difficultés pour trouver un emploi, explique d’entreprises de l’ESS. Le développement de B4Com Christophe Berna. B4Com a aussi pour objectif de a été facilité par la CUS, mais aussi par la Cres, via leur offrir de nouveaux débouchés. » L’association la mesure 4-2-3 du Fonds social européen (voir page 84). strasbourgeoise développe par ailleurs de nouveaux Côté statut, « nous voulions rester une association, modules de formation pour les professionnels du poursuit Christophe Berna. Notre objectif est d’accueillir sauvetage, du déblaiement, voire des chantiers de de nouveaux membres dans la structure et de diffu- BTP, tout en ayant des contacts dans d’autres villes ser largement notre code. » A partir de sa sortie de françaises ou étrangères, comme à Kehl. A chaque l’incubateur fin 2012, B4Com va commencer à vendre fois, les enseignants seront des personnes sourdes. des formations pour assimiler ToxCom ; il s’agit de E. L. formations de douze heures à destination des per- • Contact : B4Com, site : www.b4com.eu, courriel : sonnels des hôpitaux, des Samu ou des services [email protected] 8 - Alternatives Economiques - Hors-série poche n° 57 bis - novembre 2012 Strasbourg et l’économie sociale et solidaire autrement, au travers de notre politique d’achats responsables. L’ESS a besoin de mesures spécifiques et doit aussi avoir un accès aux dispositifs de droit commun. Car nous sommes conscients que l’économie sociale et solidaire se développe dans un secteur concurrentiel et qu’il faut l’aider à se consolider. Au-delà de la prévention, il y a aussi sûrement à réfléchir plus encore à une politique de réseaux et de filières. Par exemple, dans l’économie numérique, nous avons soutenu l’ouverture de la Plage digitale, un espace de coworking dans lequel s’installent des entreprises émergentes. Comment élaborez-vous ces politiques ? R. R. : Ces idées nouvelles ne fonctionneront que dans la co-construction. D’ailleurs, un des ateliers du Conseil de l’économie sociale et solidaire met la participation des habitants au cœur de ses travaux. Une expérimentation sur les initiatives collectives des habitants est en cours dans plusieurs quartiers de Strasbourg : Cronenbourg, Elsau, Neudorf, Poteries, Hohberg et Hautepierre. Cette dynamique s’est orchestrée dans le cadre des ateliers territoriaux de partenaires (ATP), qui permettent l’éclosion de projets locaux en regroupant différents partenaires : associations, écoles, centres médico-sociaux, agents de la Ville, Cres, etc. Au final, nous sommes persuadés que l’ESS a de fortes potentialités de développement sur le territoire. Nous étions peut-être un peu en avance sur d’autres, mais j’ai l’impression que les politiques nationales de soutien à l’économie sociale et solidaire vont désormais dans le même sens. F. D. : La Cres a déjà manifesté son intérêt et sa motivation pour la coconstruction. L’ESS à Strasbourg présente des originalités, dont la création en 2010 d’un Conseil de l’économie sociale et solidaire n’est pas la moindre. Il s’agit à la fois d’un lieu d’échanges entre les différents acteurs présents sur le territoire, élus de l’agglomération, agents des collectivités locales et membres de la Cres, et un espace de co-construction des politiques publiques locales. Nous travaillons aussi à ce que les aides des collectivités en direction de l’ESS soient mieux structurées. Jérôme Dorkel/CUS Propos recueillis par Eric Larpin Signature, le 29 octobre 2010, de la première convention pluriannuelle d’objectifs entre la Ville de Strasbourg, la Communauté urbaine et la Chambre régionale de l’économie sociale. Alternatives Economiques - Hors-série poche n° 57 bis - novembre 2012 - 9 Vivre autrement à Strasbourg – Chapitre i Strasbourg et l’économie sociale et solidaire De quoi parle-t-on ? L’économie sociale et solidaire regroupe des organisations qui se veulent alternatives par les objectifs qu’elles se fixent, mais aussi par leur mode de gouvernance. Retour sur l’histoire de ce mouvement et sur les principaux enjeux auxquels il est aujourd’hui confronté. L ’économie sociale et solidaire (ESS) est aujourd’hui reconnue comme une composante essentielle de la vie économique et sociale. A juste titre, puisqu’elle rassemble selon l’Insee près de 28 000 emplois salariés au sein de la Communauté urbaine de Strasbourg. Cette dernière compte 20 sociétés coopératives, qui accueillent 550 salariés sur le territoire. Mais qu’entend-on précisément par économie sociale et solidaire ? L’ESS rassemble pour l’essentiel les associations, coopératives, mutuelles et fondations, des organisations qui ont en commun d’être des sociétés de personnes, où le pouvoir n’est pas corrélé à la détention du capital mais à l’adhésion personnelle à la structure, les décisions étant prises sur un mode démocratique (une personne = une voix). Deux familles qui se recouvrent Il est vrai que ces organisations se donnent pour objet social de remplir une mission définie par leurs membres, associés ou sociétaires, et non Les grands principes de l’économie sociale et solidaire Les structures de l’économie sociale et solidaire • la mixité des ressources : les ressources de ce se définissent par le respect de quelques grands secteur sont soit privées (coopératives et mutuelles), principes directeurs, dont les plus importants sont : soit mixtes (associations). Les organismes de l’éco- • la gestion démocratique : les décisions stratégiques nomie sociale sont indépendants des pouvoirs se prennent en assemblée générale selon le principe publics, mais ils peuvent être reconnus comme « une personne = une voix ». Chaque membre a le interlocuteurs privilégiés dans la mise en œuvre de même poids, quel que soit son apport en capital (pour politiques d’intérêt général (emploi, santé, dévelop- une coopérative) ou en temps (pour une association) ; pement local, citoyenneté, solidarité Nord-Sud, etc.). • l’utilité collective ou l’utilité sociale du projet : une En conséquence, ils peuvent avoir droit à des sub- structure de l’économie sociale est nécessairement ventions, à des aides spécifiques à l’emploi ou à au service d’un projet collectif et non d’un projet des avantages fiscaux ; conduit par une seule personne dans son intérêt propre. • la non-lucrativité individuelle : ce principe n’in- Ce collectif peut être défini par un territoire : les socié- terdit pas de faire des profits, mais il en empêche tés coopératives d’intérêt collectif (Scic, voir page 65), l’appropriation individuelle – par des actionnaires, par exemple, sont généralement des outils de déve- par exemple. Si cette règle est absolue dans les loppement local. Il peut aussi représenter un groupe associations loi 1901, où aucun dividende ne peut social : les mutuelles et les banques coopératives se être versé aux adhérents, le droit alsacien le permet sont créées pour répondre aux besoins spécifiques (voir page 72). Elle est relative dans les coopératives, des artisans, des commerçants, des instituteurs… Il où les salariés peuvent recevoir individuellement peut également s’agir d’un collectif de travail : les jusqu’à la moitié du bénéfice réalisé. salariés des sociétés coopératives de production (Scop, • Pour en savoir plus : voir aussi la charte régionale de voir page 62) s’unissent pour valoriser ensemble le l’économie sociale et solidaire en Alsace sur le site de la fruit de leur travail. Ou encore des associations se Chambre régionale de l’économie sociale : www.cres- constituent pour promouvoir un projet, etc. ; alsace.org, onglet « Cres Alsace». 10 - Alternatives Economiques - Hors-série poche n° 57 bis - novembre 2012 Strasbourg et l’économie sociale et solidaire de dégager des profits. Ce qui les distingue donc radicalement, dans leur finalité, des sociétés de statut capitaliste, pour lesquelles la production de biens et de services n’est qu’un moyen au service de la maximisation des revenus du capital investi. Associations, coopératives, mutuelles et fondations sont rassemblées dans ce qu’on désigne sous le terme d’économie sociale. Quant à l’économie solidaire, une notion apparue dans les années 1970, elle désigne des organisations qui se veulent à « forte utilité sociale », soit qu’elles embauchent en priorité des personnes en difficulté ou les aident à créer une activité, soit qu’elles développent des activités soutenables sur le plan écologique, ou encore qu’elles pratiquent des formes d’échange respectant des normes sociales et environnementales élevées, comme le fait le commerce équitable. Ces deux familles se recouvrent largement : la plupart des entreprises solidaires ont un statut associatif ou coopératif. Mais on rencontre aussi des petites entreprises de statut privé lucratif qui poursuivent des objectifs qui les qualifient pour être considérées comme solidaires. Au point que la notion d’entreprise sociale est apparue pour désigner les entreprises à forte utilité sociale, quel que soit leur statut. Au total, l’économie sociale et solidaire rassemble donc des organisations qui se veulent alternatives par leurs objectifs, mais aussi par leur mode de gouvernance. Par ce qu’elles sont et par ce qu’elles font. Entre logiques de charité et d’auto-organisation L’économie sociale et solidaire n’est pas quelque chose de nouveau, tout particulièrement en Alsace, où elle s’inscrit dans une histoire ancienne (voir encadré page 21). Face aux problèmes économiques et sociaux auxquels notre société est confrontée – pauvreté, insécurité sociale, difficultés à accéder aux ressources nécessaires pour gagner sa vie –, il s’est toujours trouvé des personnes suffisamment soucieuses du sort de leurs semblables pour agir en faveur des plus démunis : le développement des « bonnes œuvres » au service des plus pauvres ou des malades ne date pas d’hier. Parallèlement, d’autres personnes ont coopéré, se sont regroupées afin de trouver des solutions collectives à leurs problèmes, dans les limites des possibilités laissées par le système : en Alsace, les premières caisses de secours de crédit mutuel sont créées dès le XIXe siècle. Cette coexistence entre ces deux logiques – de « charité » d’une part et d’auto-organisation d’autre part – traverse toujours l’économie sociale et solidaire d’aujourd’hui. Le monde associatif s’inscrit ainsi de manière dominante dans l’héritage charitable, comme son nom ne l’indique pas, tandis que le monde coopératif et mutualiste, à l’inverse, s’inscrit dans une tradition d’auto-organisation. L’économie sociale et solidaire d’aujourd’hui a donc des racines anciennes, et des racines plurielles. Le développement de la société industrielle n’a pas réellement modifié cette situation. Les structures de type associatif – bien avant la loi qui leur a donné une reconnaissance légale – ont joué un rôle essentiel dans le développement des politiques d’assistance, mais aussi dans Alternatives Economiques - Hors-série poche n° 57 bis - novembre 2012 - 11 Vivre autrement à Strasbourg – Chapitre i Strasbourg et l’économie sociale et solidaire le domaine éducatif et culturel ou encore dans celui des loisirs. Un grand nombre d’entre elles étaient d’inspiration religieuse, d’autres s’inscrivant au contraire dans une tradition émancipatrice d’inspiration républicaine, voire socialiste. Parallèlement, on a vu émerger des sociétés mutuelles et des coopératives, qui ont été à l’avant-garde de la lutte contre les risques sociaux associés au salariat industriel ou qui ont permis de produire ou de distribuer des biens ou des services de manière alternative aux entreprises capitalistes. Une économie plus sociale et plus solidaire s’est de cette façon développée, dès le XIXe siècle, en marge de la société industrielle dominée par les rapports sociaux capitalistes. Ainsi, quand les ouvriers créèrent les premières sociétés de secours mutuel, au milieu du XIXe siècle, ils parvinrent à accéder collectivement à un minimum de sécurité alors que les patrons se séparaient des salariés malades ou invalides sans la moindre indemnité. Même chose quand les paysans ou les artisans et petits patrons se rassemblèrent à la fin du XIXe siècle pour créer les premières caisses de crédit agricole ou les premières banques populaires et trouvèrent ainsi le moyen d’accéder au crédit pour développer leurs activités, ce que les banques classiques leur refusaient. Par ailleurs, ces coopérations ont pris des formes particulièrement innovantes en Alsace, puisque le début du XXe siècle verra la création d’une coopérative de consommation à Strasbourg, qui donnera naissance à Coop Alsace. Plus récemment, dans les années 1980, des travailleurs sociaux ont créé des entreprises et embauché des personnes jugées inemployables par les employeurs du secteur privé, mais aussi par ceux du secteur public, et prouvèrent qu’il était possible de lutter concrètement contre l’exclusion produite par le chômage de masse. Une place spécifique dans l’activité locale Les organisations de l’économie sociale et solidaire taliste, près d’un cinquième dans l’éducation et un occupent une place relativement spécifique dans dixième dans la santé. En revanche, elle demeure l’activité locale. Dans la Communauté urbaine de très peu représentée dans l’industrie – hors agroa- Strasbourg, plus de 78 % des emplois salariés de l’ESS limentaire – ou encore dans le bâtiment, deux – un pourcentage proche de la moyenne nationale – secteurs où elle pèse moins de 1 % des effectifs. sont concentrés dans l’action sociale, l’éducation, Elle est également quasi absente au sein de nom- la santé, les activités culturelles et de loisirs et, breux secteurs des services. enfin, les activités financières et d’assurance, des Le développement de l’emploi dans l’économie activités qui contribuent pour près de 18 % seule- sociale et solidaire, compte tenu du poids dominant ment à l’emploi total. des activités non marchandes ou subventionnées Cette spécialisation est logique : l’économie sociale en son sein, demeure fortement corrélé au niveau et solidaire s’est historiquement toujours dévelop- des prélèvements obligatoires et aux choix réalisés pée dans les domaines où l’initiative privée et les par la puissance publique de faire ou de faire faire. pouvoirs publics ne répondaient pas efficacement Il dépend donc autant d’arbitrages politiques que aux besoins sociaux. Elle a d’ailleurs un poids sou- de la dynamique propre à ses acteurs. A Strasbourg vent déterminant dans ses secteurs de prédilection. et sur la Communauté urbaine, la politique volon- Sur le plan national, elle rassemble ainsi près des tariste locale, au travers notamment des clauses deux tiers de l’emploi total dans l’action sociale, à sociales insérées dans les appels d’offres, a permis côté du secteur public, plus du tiers dans la banque de soutenir le développement des entreprises du et l’assurance, à côté des banques de statut capi- secteur. 12 - Alternatives Economiques - Hors-série poche n° 57 bis - novembre 2012 Ph. F. Strasbourg et l’économie sociale et solidaire Un terreau pour l’innovation sociale L’économie sociale et solidaire n’est donc pas un phénomène nouveau. Ce n’est pas non plus une spécificité française. Rien d’étonnant à cela. Partout, il se trouve des personnes pour tenter de répondre aux questions économiques et sociales auxquelles la puissance publique et/ou le secteur privé ne donnent pas de réponses satisfaisantes. Même si les noms et les statuts diffèrent selon les histoires nationales, peu de choses séparent l’économie sociale et solidaire française de l’important non-profit sector qui existe aux Etats-Unis. De même, dans le reste de l’Union européenne, en Amérique latine comme en Asie, on trouve de nombreuses coopératives, mutuelles, associations ou fondations. Tout au long de ce numéro, on pourra constater que, dans le domaine social, culturel, éducatif, sportif, l’économie sociale et solidaire a joué et joue encore très souvent un rôle pionnier, novateur, dans les réponses qu’elle apporte aux problèmes sociaux. Sa dimension innovante est ici intimement liée à sa dimension réparatrice, mais cette notion de réparation doit être prise au sens large : réparation des atteintes à la cohésion sociale qu’engendrent le capitalisme ou, plus généralement, les aléas de la vie, mais aussi réparation des atteintes à l’environnement provoquées par nos modes de production et de consommation. C’est ainsi que de nombreuses associations innovent en matière d’action sociale, de pratiques culturelles ou éducatives. Des banques coopératives, des mutuelles ou des institutions spécialisées développent des produits d’épargne solidaire. Dans le domaine agricole, des producteurs inventent de nouvelles filières, en rupture avec le productivisme, comme les associations pour le maintien d’une agriculture paysanne (Amap). Au total, bien des organisations qui se revendiquent comme appartenant à l’économie sociale et solidaire œuvrent en faveur de modes de production et de consommation plus équitables, plus respectueux de l’environnement ou plus intégrateurs sur le plan social. Elles contribuent, à leur façon, à rendre notre planète plus douce à ses membres. Ces initiatives apportent Un acteur du changement Le développement de l’économie sociale et soli- sonnes – éducation, santé, prise en charge de la daire répond à de nombreuses attentes. Ainsi, le petite enfance et des personnes âgées –, aux circuits monde politique, notamment au niveau des terri- courts, aux énergies renouvelables, au recyclage toires, est soucieux de trouver des réponses à généralisé, à l’emploi de tous, aux dynamiques l’insécurité entraînée par la mondialisation et sou- territoriales. Des objectifs favorables au dévelop- haite proposer des alternatives nouvelles. De même, pement de l’économie sociale et solidaire, qui a nombre de jeunes aspirent à exercer une activité souvent joué un rôle pionnier dans tous ces domaines. porteuse de sens. Enfin, les consommateurs se De même, une société qui privilégierait la démo- veulent de plus en plus responsables. cratie à tous les niveaux ne manquerait pas de Plus au fond, une société plus soucieuse de réduire favoriser le développement des sociétés de per- les consommations matérielles tout en privilégiant sonnes, plus soucieuses d’entretenir des liens étroits le bien-être de ses membres ne manquera pas de avec les territoires où elles exercent leurs activités. donner davantage de place aux services aux per- Ph. F. Alternatives Economiques - Hors-série poche n° 57 bis - novembre 2012 - 13 Vivre autrement à Strasbourg – Chapitre i Strasbourg et l’économie sociale et solidaire une alternative en actes à la logique économique dominante. De quoi transformer en permanence notre société. Parfois financées par l’Etat ou les collectivités territoriales qui leur ont confié des missions de service public, parfois totalement insérées dans le marché tout en portant des valeurs de coopération et de solidarité, les organisations de l’économie sociale et solidaire contribuent donc à civiliser l’économie et à la démocratiser, ne serait-ce qu’en introduisant du pluralisme dans la forme des organisations productives. Elle rappelle que l’entreprise privée capitaliste n’est pas la seule forme possible. Elle témoigne du fait que l’enrichissement personnel n’est pas le seul motif qui peut donner envie d’entreprendre et que la démocratie ne s’arrête pas nécessairement à la porte des organisations qui produisent efficacement des biens et des services. Philippe Frémeaux Au cœur du débat sur la gouvernance des entreprises Les excès du capitalisme actionnarial ont fait monter la demande en faveur d’une meilleure prise une démocratie souvent très organisée, qui donne une place importante à la cooptation. en compte des intérêts des différentes parties Par ailleurs, le pouvoir y est généralement détenu prenantes à la vie des entreprises au-delà des par une seule classe d’acteurs : les adhérents béné- seuls actionnaires, comme l’illustre la montée voles dans les associations, les commerçants coopé- des exigences en matière de responsabilité sociale rateurs dans les coopératives du commerce associé, et environnementale (RSE). L’économie sociale et les sociétaires dans les mutuelles. Il n’y a que dans solidaire, qui se prévaut de sa gestion démocra- les sociétés coopératives et participatives (Scop) tique, a-t-elle valeur d’exemple ? En fait, la démo- que les salariés ont le pouvoir et seules les sociétés cratie dont il est question ici présente des carac- coopératives d’intérêt collectif (Scic) assurent une téristiques très spécifiques. Au niveau de la société représentation des différentes parties prenantes tout entière, on considère celle-ci comme démo- en due proportion de leur intérêt à la bonne marche cratique quand peuvent librement s’exprimer des de l’entreprise (voir pages 61-66). La gouvernance visions concurrentes de l’intérêt général et que le démocratique dont se prévaut l’économie sociale pouvoir n’est pas toujours détenu par les mêmes. et solidaire a donc des marges de progression. C’est En résumé, que l’alternance est possible. Dans là un enjeu essentiel, car si l’ESS se montrait encore l’économie sociale et solidaire, la gouvernance plus exemplaire sur ce plan, elle contribuerait à démocratique a en revanche pour but premier justifier une réforme de la gouvernance de toutes d’assurer la pérennité du contrat social initial. D’où les entreprises. 14 - Alternatives Economiques - Hors-série poche n° 57 bis - novembre 2012 Ph. F. Strasbourg et l’économie sociale et solidaire « L’ESS est un volet efficace de l’économie, elle n’est pas secondaire » Strasbourg est à l’origine de nombreux outils de soutien au développement de l’économie sociale et solidaire. Un aspect pionnier auquel la tradition de solidarité et de coopération propre à l’Alsace n’est sans doute pas étrangère. L’ESS, c’est à la fois des initiatives citoyennes et une volonté publique. Strasbourg et plus largement l’Alsace sont les héritiers d’une tradition de solidarité et de coopération. Au XIXe siècle, sur le modèle des caisses de crédit Raiffeisen en Allemagne, c’est sur notre territoire qu’ont éclos les premières banques mutualistes et coopératives, qui donnèrent naissance ensuite au Crédit mutuel et aux Banques populaires. Plus tard, à la fin des années 1910, le maire socialiste de l’époque a créé les premières habitations à bon marché (HBM, ancêtre des HLM) et des coopératives de logement. Aujourd’hui, l’ESS continue à créer de nouvelles activités dans le champ de la solidarité, sans rechercher le seul profit, mais en mettant les hommes et les femmes au centre. C’est le rôle de la puissance publique de les aider. CUS Quelles sont les spécificités de l’économie sociale et solidaire à Strasbourg ? Catherine Trautmann, vice-présidente de la Communauté urbaine de Strasbourg en charge du développement économique Au départ, comment s’est traduit cet engagement de la Ville et de la Communauté urbaine de Strasbourg ? La Ville et la Communauté urbaine ont choisi très tôt de relayer les initiatives des acteurs locaux de l’économie sociale et solidaire. Pour prendre deux exemples, au début des années 1990, nous avons inséré des clauses sociales dans l’appel d’offres de construction du tramway, afin de favoriser l’embauche de personnes éloignées de l’emploi, via les entreprises d’insertion. Un peu plus tard, au milieu des années 2000, nous avons choisi de soutenir le développement des coopératives d’activités et d’emploi. Ces coopératives s’organisent autour de grandes thématiques (culture, développement durable et services à la personne) et permettent à de nombreux entrepreneurs de réaliser leur projet. Ces politiques ciblées ont inspiré d’autres collectivités locales. Ces politiques s’inscrivent donc dans une démarche plus globale de développement économique… L’ESS est un volet efficace de l’économie, elle n’est pas secondaire. Elle a donc en effet tout naturellement trouvé sa place dans notre politique d’expansion économique. Les entreprises de l’ESS ont accès aux mêmes dispositifs de droit commun que toutes les autres. Mais sur certains aspects d’accompagnement et de financement, il faut les soutenir de façon spécifique. Notre Alternatives Economiques - Hors-série poche n° 57 bis - novembre 2012 - 15 Vivre autrement à Strasbourg – Chapitre i Strasbourg et l’économie sociale et solidaire feuille de route « Strasbourg Eco 2020 » combine les deux aspects : l’aide à tous les créateurs d’entreprises et une déclinaison spécifique pour les acteurs de l’ESS. Les objectifs dirigés directement vers ces acteurs ont été repris dans une délibération-cadre conjointe de la Ville et de la Communauté urbaine de Strasbourg en septembre 2010. Ces objectifs ne sont pas seulement économiques, ils sont aussi sociaux, et sont partagés par les acteurs de terrain. Ce qui a abouti à la création originale d’un Conseil de l’économie sociale et solidaire, rassemblant les réseaux et les collectivités. Comme d’autres de nos actions, ce dernier a pour mission de rendre visible cette économie alternative. Vous évoquez une délibération-cadre, quels en sont les principaux axes ? Nous nous sommes fixé trois objectifs principaux : développer l’entrepreneuriat social et solidaire et l’emploi ; promouvoir le secteur de l’ESS et augmenter sa visibilité ; favoriser l’initiative des habitants et l’innovation. Pour répondre à ces objectifs, en plus de la création du Conseil de l’économie sociale et solidaire, un observatoire régional de l’ESS (Oress) a vu le jour afin de produire des données et de réfléchir à de nouveaux indicateurs. L’accent a été mis également sur la visibilité du secteur avec de nombreux outils : portail Internet « J’achète social et solidaire » [en cours de construction, voir encadré page 29], travail avec les écoles et les universités, création d’un événement européen annuel autour de l’ESS, d’une exposition sur l’ESS, promotion des acteurs du secteur (commerce équitable, microfinance, recyclage, etc.). A travers ces actions, nous avons l’ambition de développer l’emploi dans les secteurs de l’économie sociale et solidaire : santé, social, environnement, transports, logement, etc. La situation géographique de Strasbourg lui ouvre-t-elle des perspectives de coopération transfrontalière sur l’ESS ? Oui, bien sûr ! Il y a depuis plusieurs années de nombreuses initiatives qui dépassent les frontières. La CUS a été à l’origine d’un bureau des consommateurs ZOOM Des deux côtés de la frontière… Parmi les axes de développement définis par la voir pages 24-25 et Les Jardins de la montagne verte chambre régionale de l’économie sociale (Cres), les et, côté allemand, l’association Les Agronautes de projets transfrontaliers ont pris une importance toute Fribourg, « Comment diffuser le microcrédit social ? » particulière ces dernières années. Un projet franco- (avec la Fédération Cresus et la Croix-Rouge), « Le allemand, allant même au-delà de l’eurodistrict Stras- logement intergénérationnel » (avec la société coopé- bourg-Ortenau, véritable intercommunalité transfron- rative d’intérêt collectif Habitat de l’Ill). talière, a été imaginé en 2010 pour développer des Pour l’instant, ces initiatives ont surtout permis de coopérations bilatérales et faire émerger des projets poser les bases d’un travail en commun, avec, en ligne concrets dans le secteur de l’économie sociale et de mire, la création d’une structure européenne d’inser- solidaire. Après un repérage initial des acteurs (prin- tion, qui prendra la forme d’une société coopérative cipalement des associations du côté allemand), des européenne ou d’un groupement d’intérêt économique, rencontres ont été organisées sur divers thèmes : pour faire participer ses salariés au chantier de l’exten- « Quelle épargne citoyenne pour l’agriculture biolo- sion du tramway, de l’autre côté de la frontière française. gique ? » (avec, côté Strasbourg, l’Organisation pro- • Pour en savoir plus : www.eurodistrict.eu et www. fessionnelle de l’agriculture biologique en Alsace [Opaba, agronauten.net (en allemand). 16 - Alternatives Economiques - Hors-série poche n° 57 bis - novembre 2012 Strasbourg et l’économie sociale et solidaire transfrontalier, pour mieux prendre en compte les intérêts des citoyens. Nous avons aussi œuvré pour que la maison de l’emploi ne limite pas son action à l’intérieur des frontières françaises, mais qu’elle s’étende à tout le bassin d’emploi, dans le même esprit que les syndicats qui ont créé un observatoire transfrontalier sur le travail. Enfin, pour l’extension du tramway vers Kehl, nous projetons de créer une entreprise d’insertion européenne (voir encadré page 16). Au-delà des relations qui se nouent entre la France et l’Allemagne, nous voulons porter les valeurs de l’économie sociale et solidaire dans les discussions au Parlement européen ; l’intergroupe de l’économie sociale, qui fut présidé à ses débuts par la Strasbourgeoise Marie-Hélène Gillig, observe attentivement toutes les réalisations sur place. L’innovation sociale portée par l’ESS est une des idées que nous mettons en avant. Quelles sont les perspectives que vous voyez pour l’ESS ? Dans cette période de crise, il y a une opportunité de montrer que d’autres modèles sont possibles. Les interlocuteurs sont plus attentifs aux potentialités de l’économie sociale et solidaire. Strasbourg souhaite être un territoire reconnu pour la visibilité qu’elle fournit à cette économie. Nous voulons donner du contenu aux politiques nationales de l’ESS, sachant que nous avons été pionniers. Nous voulons donc échanger sur ce que nous faisons, y compris les difficultés que nous avons pu rencontrer. Nous allons continuer à avoir de l’imagination, par exemple sur des projets de création d’entreprises de l’économie sociale et solidaire par des jeunes et des étudiants. Propos recueillis par E. L. Les clauses sociales, un outil d’insertion innovant Strasbourg a été une des villes pionnières pour les tiers, une structure locale qui joue un rôle central dans clauses sociales inscrites dans les appels d’offres émis cette démarche. Véritable interface entre les personnes par la collectivité et qui incitent les entreprises à en insertion, les structures de l’emploi, les collectivités employer des personnes en situation d’insertion. C’est publiques et les entreprises, elle les aide à réussir leur au début des années 1990, à la faveur de grands partenariat, en particulier pour les jeunes et les habi- travaux dans l’agglomération (tramway, Parlement tants des zones urbaines sensibles. En 2011, près de européen), que la Ville a décidé d’inclure dans ses 2 000 personnes ont profité de 824 000 heures d’inser- appels d’offres des clauses de « mieux-disant social » tion, mobilisées par 407 entreprises. (c’est-à-dire en favorisant les propositions intégrant Et demain ? Les clauses sociales seront plus que jamais l’emploi de personnes en insertion). Sur le seul chan- à l’œuvre dans de nouveaux grands chantiers (extension tier du Parlement, 1 800 personnes ont ainsi bénéficié du tramway, hôpital) et hors de l’agglomération stras- d’heures d’insertion entre 1993 et 1998. bourgeoise. Depuis deux ans, Relais Chantiers pilote Autre signe de l’impact positif de cette politique : également le Réseau des acheteurs socialement res- plusieurs entreprises d’insertion, groupements d’em- ponsables, afin de dénicher de nouveaux donneurs ployeurs pour l’insertion et la qualification (Geiq) et d’ordres qui puissent intégrer des clauses sociales dans entreprises de travail temporaire d’insertion (ETTI), qui leurs marchés. En parallèle, la Ville et la Communauté peuvent répondre à la demande des maîtres d’ouvrage urbaine de Strasbourg ont créé un label spécifique à et des entreprises, ont alors vu le jour. « Depuis, la l’achat public socialement responsable, poursuivant collectivité place des clauses sociales dans tous les leurs innovations dans le domaine des clauses sociales. marchés et dans tous les secteurs, plus seulement le • Contact : Relais Chantiers, 7 rue du Verdon, BTP, mais aussi la propreté ou les services », explique 67100 Strasbourg, tél. : 03 88 23 32 81, site : www.stras Jean-Louis Doppler, directeur délégué de Relais Chan- bourg.eu/fr/achat-public Alternatives Economiques - Hors-série poche n° 57 bis - novembre 2012 - 17 Vivre autrement à Strasbourg – Chapitre i Strasbourg et l’économie sociale et solidaire Les structures ressources Outre la chambre régionale de l’économie sociale, plusieurs autres structures permettent d’aider l’économie sociale et solidaire et ses acteurs au sein de l’agglomération strasbourgeoise. La Chambre régionale de l’économie sociale (Cres) [1] Ces fonds sont regroupés au sein de la mesure 4-2-3, voir page 84. [2] L’association Audiorama a présenté un projet sur les Nouvelles pratiques musicales et mobilités culturelles dans le quartier de la Meinau à Strasbourg pour sensibiliser les jeunes aux musiques contemporaines. La Cres Alsace fête cette année son dixième anniversaire. Elle a été créée fin 2002, avec l’appui de l’Etat et en partenariat avec les collectivités locales. Comme les autres chambres régionales de l’économie sociale et solidaire (en Alsace, le « s » de solidaire devrait apparaître en fin d’année), fédérées au sein d’un Conseil national (CNCRES), celle d’Alsace est tournée à la fois vers la promotion de ses membres et sa visibilité auprès du grand public. « Nous avons une structure en quatre collèges, trois correspondant à chacune des familles de l’économie sociale (coopératives, associations et mutuelles), un pour l’économie solidaire, soit une cinquantaine de membres, détaille Pierre Roth, son délégué général. Les objectifs sont de mieux nous connaître entre nous, de nous rendre visibles aux yeux de tous et d’aider au développement du secteur sans empiéter sur les activités des uns et des autres. » En ce qui concerne le premier objectif, la Cres a construit, avec l’université de Strasbourg, un observatoire régional de l’ESS. Par ailleurs, la chambre a privilégié le milieu scolaire et universitaire avec la création d’un master 2 sur l’économie sociale et solidaire à l’université de Haute-Alsace et la signature d’une convention avec le rectorat pour des modules de formation sur l’ESS (voir page 87). « Nous comptons aussi sur les collectivités locales pour faire connaître les atouts du secteur, ajoute Frédéric Deck, président de la Cres. Le Conseil de l’économie sociale et solidaire est en ce sens très important pour nous, comme lieu de dialogue entre acteurs, élus et agents, et pour co-construire des politiques. » Pour la partie développement, la Cres est aussi très active. Elle est en effet une plate-forme du Fonds social européen, c’est-à-dire qu’elle aide les acteurs locaux dans leur recherche de financements européens. « Depuis 2004, la plate-forme a financé 200 projets, dont une trentaine en 2011, au titre de la gestion des fonds structurels européens dédiés au financement de microprojets associatifs [1], indique Pierre Roth. Par exemple, un festival de cirque à destination des aveugles à Strasbourg [spectacle durant lequel un comédien « guide » les personnes malvoyantes pendant la représentation, NDLR] ou un audiorama musical à destination des jeunes des quartiers [2]. » Concernant la professionnalisation des structures de l’ESS, la Cres a aussi contribué à l’installation en octobre 2012 d’une antenne de Coeptis, l’école de l’entrepreneuriat en économie sociale, avec la Cress Franche-Comté et l’Institut de formation de dirigeants de l’économie sociale (Ifdes). Elle a également mis en route Profess, une plate-forme des organismes de formation pour les salariés du secteur, qui présente les différentes structures accessibles au secteur. Par ailleurs, la Cres a lancé un travail de réflexion sur l’innovation sociale, dans le droit fil des travaux de l’Agence de valorisation des initiatives socio-économiques (Avise). Ce travail a pour objectif de mettre en place une 18 - Alternatives Economiques - Hors-série poche n° 57 bis - novembre 2012 Strasbourg et l’économie sociale et solidaire définition commune de ce qui relève de l’innovation sociale. L’enjeu est ici de la faire reconnaître comme une composante de l’innovation, à côté de l’innovation technique, ce qui lui permettra de prétendre à des financements d’Oséo ou européens. Enfin, elle garde un œil attentif sur les mouvements à l’œuvre du côté de l’entrepreneuriat social, tels que le Mouvement des entrepreneurs sociaux (Mouves), et cherche à s’ouvrir à ces nouveaux acteurs. La Cres devrait très bientôt consolider tous ces projets au sein d’une Maison de l’économie solidaire. • Contact : Cres Alsace, 3 rue de la Coopérative, 67017 Strasbourg, tél. : 03 88 45 96 83, site : www.cres-alsace.org L’Observatoire de l’ESS La chambre régionale de l’économie sociale (Cres) d’Alsace a construit, avec le soutien de l’université de Strasbourg (et avec l’appui initial de l’Insee et de la Mutualité sociale agricole), un observatoire régional de l’ESS (Oress). Comme les autres observatoires de l’économie sociale et solidaire, il produit un travail statistique de recensement des données sur le secteur (nombre d’emplois et d’établissements, évolution des salariés et des bénévoles, richesses créées, etc.). Il permet ainsi de donner aux élus et aux acteurs des outils de pilotage tout en donnant à l’ESS une réelle visibilité. Les données sont collectées dans un atlas national de l’économie sociale et solidaire, dont la dernière édition date de 2012. Cet observatoire réalise également des études locales, disponibles sur le site de la Cres. • Pour en savoir plus : www.cres-alsace.org/spip/spip.php?rubrique6 ZOOM Le Conseil de l’économie sociale et solidaire Le Conseil de l’économie sociale et solidaire est un outil créé en 2010 par la Ville de Strasbourg, la Communauté urbaine (CUS) et la Chambre régionale de l’économie sociale (Cres). Coprésidé par le maire de Strasbourg, le président de la CUS et le président de la Cres, il associe des acteurs de terrain de l’économie sociale et solidaire (des coopératives, associations, entreprises la CUS et les maires des communes de la CUS, la Cres et des partenaires publics du territoire : l’Etat, le conseil régional d’Alsace, le conseil général du Bas-Rhin, la Caisse des dépôts et consignations. Pour Frédéric Nitschke, conseiller municipal de Strasbourg délégué à l’ESS, « le Conseil a pour but Jérôme Dorkel/CUS d’insertion, etc.), les élus de la Ville de Strasbourg, de Le Conseil de l’économie sociale et solidaire, qui associe notamment des acteurs du secteur et de nombreux élus de l’agglomération, se réunit régulièrement depuis 2010. de co-construire des initiatives, de créer de la légitimité pour les acteurs et de faire émerger des projets années : « ESS et politiques publiques », « Initiatives nouveaux et des filières ». C’est un lieu d’échange collectives et expérimentation des habitants », « Achat entre réseaux de l’ESS, élus et techniciens, afin d’amé- public comme levier du développement durable », ou liorer les relations entre les différentes parties pre- encore « ESS et création d’entreprises ». nantes et de co-construire la politique publique dans • Contact : www.cres-alsace.org ou www.strasbourg.eu/ le domaine de l’ESS. Plusieurs ateliers thématiques developpement-rayonnement/developpement-economique/ ont répondu à ces objectifs dans les deux dernières entrepreneuriat-emploi/economie-sociale-et-solidaire Alternatives Economiques - Hors-série poche n° 57 bis - novembre 2012 - 19 Vivre autrement à Strasbourg – Chapitre i Strasbourg et l’économie sociale et solidaire Soutien aux associations Région Alsace (Sara) Le réseau Sara est un outil créé en 1996 par (et pour) les associations régionales, avec le soutien de l’Etat. Aujourd’hui, on y retrouve une quinzaine de fédérations, comme la Ligue de l’enseignement, les maisons des jeunes et de la culture (MJC), les structures de l’insertion ou Alsace active, et les deux directions départementales de la vie associative (DDVA). C’est un lieu d’échange et un espace de soutien technique à la vie associative. « Le cœur de nos activités est l’accompagnement des bénévoles associatifs, explique Anouk Brocard, coordinatrice du réseau. On en compte 300 000 dans les associations d’Alsace. Nous mobilisons les compétences présentes dans les associations alsaciennes, tant sur le plan juridique que comptable ou réglementaire. » Cela peut prendre la forme de contacts directs entre associations, mais surtout de formations pour les bénévoles, de permanences conseils gratuites et de guides pratiques disponibles sur son site Internet (rubrique « Outils », voir notamment « Créer une association en Alsace Moselle » et « Guide des aides en faveur de l’emploi associatif »). Fin 2012, Sara va prendre une dimension encore plus importante pour les associations alsaciennes, en regroupant ses moyens avec ceux de la Conférence permanente des coordinations associatives (CPCA) Alsace. Sara accueillera ainsi de nouveaux membres, comme Alsace nature, l’Union nationale des associations de tourisme et de plein air (Unat) ou le réseau des Unions régionales interfédérales des œuvres et organismes privés sanitaires et sociaux (Uriopss). « Organisée désormais en deux collèges, elle conservera ses deux missions principales : représentation et soutien technique aux associations », précise Anouk Brocard. • Contact : Sara, 1 a place des orphelins, 67000 Strasbourg, tél. : 03 88 23 26 38, site : www. reseau-sara.org L’Union régionale des Scop (URScop) L’Union régionale des Scop (URScop) d’Alsace – Lorraine – ChampagneArdenne est une structure d’échange, d’animation et d’information pour toutes les Scop d’Alsace, mais aussi pour les créateurs et les repreneurs d’entreprises sous forme coopérative (voir également page 79). • Contact : Union régionale des Scop d’Alsace – Lorraine – Champagne-Ardenne, 5 rue Morey, 54000 Nancy, tél. : 03 83 37 47 80, courriel : [email protected] Des aides de la Région Alsace pour l’ESS La Région Alsace a formalisé récemment son soutien à l’économie sociale et solidaire, avec la signature d’une convention-cadre de développement du secteur entre la collectivité et la chambre régionale de l’économie sociale en 2011 et l’adoption de la stratégie régionale en faveur de l’ESS, votée par le Conseil régional le 15 décembre 2011. Son soutien se manifeste aussi par une série d’aides pour les structures de l’économie sociale et solidaire (voir encadré page 83). • Contact : Région Alsace, Direction du développement économique, Service financement des entreprises, 1 place Adrien-Zeller, BP 91006, 67070 Strasbourg Cedex, tél. : 03 88 15 68 11. 20 - Alternatives Economiques - Hors-série poche n° 57 bis - novembre 2012 Strasbourg et l’économie sociale et solidaire L’Union régionale des structures d’insertion par l’économique d’Alsace (URSIEA) L’URSIEA rassemble l’ensemble des structures d’insertion par l’activité économique (voir pages 77-78). Elle propose un certain nombre de services de soutien aux structures adhérentes, notamment des formations. Elle a mis en place un observatoire sur le secteur. • Contact : 68 av. des Vosges, 67000 Strasbourg, tél. : 03 90 22 12 72, site : www.ursiea.org, courriel : [email protected] Réseau des territoires de l’économie solidaire (RTES) Depuis 2012, la Communauté urbaine de Strasbourg a intégré le Réseau des territoires de l’économie solidaire, qui réunit 80 collectivités territoriales. Ce réseau permet de mutualiser les actions, de définir des outils de promotion communs et d’échanger des bonnes pratiques entre des collectivités engagées dans l’économie solidaire dans toute la France. • Pour en savoir plus : www.rtes.fr Coopérer pour entreprendre Ce réseau rassemble des coopératives d’activité et d’emploi (CAE, voir page 66) et promeut ainsi une autre manière d’entreprendre. • Pour en savoir plus : www.cooperer.coop Une histoire alsacienne L’économie sociale et solidaire (ESS) en Alsace a de connaître depuis dix ans de grosses difficultés en cela de spécifique qu’elle s’est construite au travers raison d’un fort endettement. Menacé de rachat par de plusieurs influences. La première influence évidente des grands groupes de distribution, Coop Alsace est est celle venant de la Rhénanie voisine, avec la créa- aujourd’hui à la croisée des chemins. tion par Friedrich Wilhelm Raiffeisen, au milieu du XIXe siècle, des premières caisses de secours et de crédit mutuel, pour ceux que l’on n’appelait pas encore les « travailleurs pauvres ». Les acteurs économiques en Alsace, et en particulier ceux de l’économie sociale et solidaire, se sont très tôt inscrits dans une forme de capitalisme qu’on appelle « rhénan », basé notamment sur un partenariat fort entre syndicats de salariés et patronat et une vision à long terme du développement de l’entreprise faisant des salariés de véritables parties prenantes. Ainsi, dans le village de La Wantzenau, près de Strasbourg, apparaît en 1882 la première Caisse du Crédit mutuel, qui va essaimer ensuite dans la région, Dans les années 1910, apparaissent aussi les premières coopératives de logement, qui proposent aux habitants de participer à la vie de leur quartier. On retrouvera ce principe de co-construction à la fin du XXe siècle, avec les premières régies de quartier et les autres structures d’insertion. Parmi elles, on note, à Strasbourg, le premier magasin Envie, en 1984 (« Envie électroménager rénové garanti »), qui a depuis diffusé son modèle un peu partout dans l’Hexagone. A côté de ces racines coopératives et mutualistes, les associations ont aussi leur particularisme, puisqu’il s’agit d’associations de droit local, avec quelques caractéristiques différentes de celles des associa- puis en France, avant de donner naissance au groupe tions loi 1901 de la « France de l’intérieur » (nombre mutualiste. Quelques années plus tard, en 1902, place de membres, pleine capacité juridique). Leur statut à la première coopérative de consommation en Alsace, est issu des associations de droit allemand de la ancêtre du géant Coop Alsace. Le groupe coopératif fin du XIXe siècle, mais il tend aujourd’hui à revenir s’est développé tout au long du XXe siècle, devenant dans le droit commun des règlementations françaises même le deuxième employeur privé régional, avant et européennes. Alternatives Economiques - Hors-série poche n° 57 bis - novembre 2012 - E. L. 21 Vivre autrement à Strasbourg – Chapitre ii Produire et consommer autrement Produire et consommer autrement Patrick Bogner/CUS Agriculture bio et de proximité, commerce équitable, centres mutualistes, finances solidaires…, autant d’alternatives qui s’inscrivent dans une logique de développement soutenable, pour les hommes et pour la planète. Libre objet, c’est à la fois une boutique et un chantier d’insertion où des personnes en insertion reproduisent les « œuvres-objets » d’artistes. 22 - Alternatives Economiques - Hors-série poche n° 57 bis - novembre 2012 Produire et consommer autrement Pour un autre modèle C onsommer autrement, c’est choisir des biens ou des services non seulement en fonction de leur prix, de leur qualité technique ou de leur marque, mais aussi pour la qualité sociale et environnementale de leur mode de production. Il s’agit de se transformer en « consom’acteur » conscient du modèle économique que ses choix de consommation favorisent. Car si cette façon de consommer « responsable » transforme nos habitudes de vie, elle modifie aussi notre manière de produire. La mise en place des circuits courts, en rapprochant les lieux de production des lieux de consommation, ou encore le développement de filières industrielles écologiques, comme dans le bâtiment ou l’agriculture, constituent autant d’exemples de transformation de notre modèle économique. Les entreprises de l’économie sociale et solidaire sont particulièrement impliquées dans ces transformations, dans les domaines de l’alimentation, du logement, du transport, des services à la personne… Elles proposent des services répondant aux besoins de chacune et de chacun, tout en tentant d’atteindre un haut niveau d’exigences sociales et environnementales. De nombreuses initiatives sur la Communauté urbaine de Strasbourg illustrent David Belliard ces nouvelles façons de faire. Produire, consommer Entre l’agriculture bio et de proximité et le commerce équitable, la métropole strasbourgoise accueille et encourage de nombreuses initiatives allant dans le sens d’une production et d’une consommation plus responsables. L’agriculture biologique et de proximité L’agriculture biologique est devenue un enjeu important pour l’économie de proximité. En dehors de la création de nouveaux emplois locaux et de nouvelles filières et du soutien à l’agriculture paysanne (réapparition de fruits et légumes oubliés, plateformes pour les produits bio dans la restauration collective, création de marchés pour la vente directe), le bio a aussi un impact important sur les questions de santé, de maintien de la biodiversité et de traçabilité des produits, autant de demandes sociales de plus en plus prégnantes. Les initiatives en matière de bio viennent des agriculteurs eux-mêmes (vente directe, débouchés avec des Amap ou des colis bio), des collectivités locales, de groupes de citoyens ou des financeurs solidaires. Ainsi, la Foncière Terre de liens rachète des terres pour les mettre à la disposition d’agriculteurs bio, grâce aux épargnants solidaires. Le Miramap, Mouvement inter-régional des Amap (associations pour le maintien de l’agriculture paysanne) a mis en place un fonds de garantie et un fonds de bonification des prêts pour ces mêmes agriculteurs. Alternatives Economiques - Hors-série poche n° 57 bis - novembre 2012 - 23 Vivre autrement à Strasbourg – Chapitre ii Produire et consommer autrement Mais, en France, la progression du bio reste lente, car il manque sans doute un encouragement fort des pouvoirs publics. Selon les chiffres du Miramap, entre 1999 et 2009, les surfaces bio dans le monde ont été multipliées par 3,5, le nombre de paysans en bio a été multiplié par 9 et le marché des produits bio par 4. Mais la France peine à suivre cette progression (problèmes de la conversion des cultures vers le bio, faibles incitations à l’installation, poids des lobbys agro-industriels dans la promotion des OGM et des pesticides). Le Grenelle de l’environnement a fixé pour l’Hexagone un objectif de 20 % de terres cultivées en bio à l’horizon 2020, avec une étape à 6 % en 2012. On en est encore loin, selon l’Agence bio : « Fin 2011, 23 135 exploitations agricoles étaient engagées en agriculture biologique, soit une augmentation de 12,3 % par rapport à 2010. Les exploitations “bio” représentaient 4,5 % des exploitations agricoles en France. La superficie en mode de production biologique était de 975 141 hectares, dont 699 300 hectares certifiés biologiques et 275 841 en conversion (28 % du total). Les surfaces conduites en bio représentaient fin 2011 plus de 3,5 % de la surface agricole de France ». Pour autant, cela n’empêche pas les initiatives de terrain de se multiplier. En Alsace, le secteur du bio regroupe des acteurs très divers, magasins, transformateurs. Dans le champ de l’économie sociale et solidaire, on trouve à la fois des magasins et des restaurants bio, des circuits courts et des jardins d’insertion. Pour améliorer la connaissance du grand public sur cette forme d’agriculture et les circuits courts, Strasbourg, la Communauté urbaine et la chambre d’agriculture du Bas-Rhin ont organisé deux éditions de la « Ferme en ville » en 2010 et 2012. Cette manifestation qui a lieu en cœur de ville a pour objectif de sensibiliser les habitants à l’agriculture locale et de proximité. L’Organisation professionnelle de l’agriculture biologique en Alsace (Opaba) est l’acteur majeur du secteur dans la région. Né en 1980, ce syndicat professionnel, membre de la Fédération nationale de l’agriculture biologique, rassemble tous les agriculteurs biologiques et biodynamiques alsaciens et fait la promotion du secteur auprès des collectivités locales et ZOOM Solibio, une plateforme d’achats bio pas comme les autres La société coopérative d’intérêt collectif (Scic) Ce mouvement a depuis été encouragé par la Ville Solibio est composée d’une vingtaine de producteurs de Strasbourg, qui a décidé en 2009 d’inclure au moins et de transformateurs bio, tous certifiés en agriculture 20 % de produits bio dans les repas de ses écoles biologique (lait, légumes, pain, etc.). Créée en 2007, primaires. Solibio est devenue un partenaire naturel elle a pour objectif de développer la diffusion et la de cette politique. Par ailleurs, elle a aussi mis en place vente de produits bio dans la restauration collective. le chantier d’insertion Atlas bio pour assurer le condi- Elle a été aidée en cela dès 2008 par la Région Alsace, tionnement et la transformation de légumes frais ; elle qui a favorisé la signature de chartes entre des est aidée pour cela par l’association Savoir et compé- établissements scolaires, l’Organisation profession- tence. Outre la restauration scolaire, Solibio développe nelle de l’agriculture biologique en Alsace (Opaba) son activité vers des sociétés de restauration collective. et le conseil régional, pour intégrer des produits bio • Contact : Solibio, Marché d’intérêt national, Bâtiment dans les menus scolaires. Fin 2011, une quarantaine administratif, 55 rue du Marché-Gare, 67200 Strasbourg, de lycées et une trentaine de collèges s’approvision- tél. : 03 88 79 15 39, site : www.solibio.fr, courriel : naient auprès de la plateforme Solibio. [email protected] 24 - Alternatives Economiques - Hors-série poche n° 57 bis - novembre 2012 Produire et consommer autrement du grand public. Pour développer l’agriculture bio en Alsace, l’Opaba met en avant des politiques de circuits courts par type de produits (fruits et légumes, viande, viticulture, etc.), le bio dans la restauration collective et la conversion en bio de terres agricoles. Elle a aussi contribué à la création de la société coopérative d’intérêt collectif (Scic) Solibio afin de favoriser la commercialisation des produits bio. • Contact : Opaba, Siège social Maison de l’agriculture, 2 rue de Rome, 67300 Schiltigheim, tél. : 03 88 19 17 91, site : www.opaba.org, courriel : [email protected] Les magasins bio – Le Serpent vert est une petite chaîne régionale de magasins bio créée par la famille Cousquer. Quatre magasins existent depuis 1983, dont un à Strasbourg (près du campus universitaire) et un à Schiltigheim. On trouve dans ces magasins plus de 15 000 références provenant de 500 fournisseurs de produits bio, la plupart implantés en Alsace. • Contact : Le Serpent vert, 37 bd de la Victoire, 67000 Strasbourg, tél. : 03 88 35 24 28, site : www.serpentvert.com – Vivre bio est une autre chaîne de magasins bio, qui compte notamment un magasin à Strasbourg et un à Vendenheim. Le premier magasin a été créé en 1981. Cette chaîne met l’accent sur l’éco-consommation. Ses ZOOM Vertuose, un restau-boutique qui promeut l’agriculture de proximité Pour son créateur, Pierre Hoerter, Vertuose est le rendez-vous des « locavores », ceux qui se nourrissent avec des produits locaux. « En 2010, nous avons créé ce lieu de restauration rapide en centre-ville pour donner des débouchés aux agriculteurs proches de la communauté urbaine et pour apporter aux consommateurs des produits frais. En mai dernier, nous avons ajouté à notre offre un camion snack, Vertu-Snack, qui est installé dans le quartier uniLes objectifs de Vertuose et de VertuSnack ne concernent pas seulement l’agriculture de proximité, mais aussi l’emploi des personnes handicapées. C’est en effet une entreprise adaptée, qui accueille une dizaine de salariés. Depuis cette année, Vertuose est Vertuose versitaire », raconte-t-il. Vertuose est depuis 2010 un rendez-vous des « locavores » strasbourgeois, qui se nourrissent de produits locaux. une des sept structures membres de la société coopérative d’intérêt collectif (Scic) Soli’vers, qui tion la Main verte est spécialisée depuis 1992 dans mutualise pour elles des moyens administratifs et l’entretien des espaces verts, le Relais de la Ferme d’ingénierie. Pierre Hoerter, agriculteur, est à l’origine du château dans la restauration et A votre service de ces différentes entités qui donnent du travail à dans les services à la personne. Selon l’expression des personnes en situation de déficience intellec- de Pierre Hoerter, plus qu’à l’insertion, ces entreprises tuelle ; les entreprises sont adhérentes de l’associa- adaptées doivent servir à l’inclusion des personnes tion Adapei. « Nous avons cherché à créer de l’acti- handicapées, elles sont au total une soixantaine à vité pour ces personnes, en fondant des entreprises travailler dans les sept structures. pour différents types de handicaps », détaille Pierre • Contact : Vertuose, 19 rue d’Austerlitz, 67000 Stras- Hoerter. Par exemple, au sein de Soli’vers, l’associa- bourg, tél. : 03 88 23 63 32, site : vertushop.eu Eric Larpin Alternatives Economiques - Hors-série poche n° 57 bis - novembre 2012 - 25 Vivre autrement à Strasbourg – Chapitre ii Produire et consommer autrement fournisseurs de produits bio sont également régionaux, y compris dans le Bade-Wurtemberg. • Contact : – Magasin Vivre Bio de Strasbourg, 2 rue Adolphe-Seyboth, 67000 Strasbourg, tél. : 03 88 32 68 53, site : www.jevis-bio.com – Magasin Vivre Bio de Vendenheim, 26 route de Strasbourg, 67550 Vendenheim, tél. : 03 88 19 95 38, site : www.jevis-bio.com – La Biocoop Souffel, implantée à Souffelweyersheim, fait partie du réseau Biocoop, le premier réseau bio de proximité en France. Les Biocoop sont le plus souvent des coopératives de consommateurs. La Biocoop Souffel a été créée il y a deux ans et présente plus de 5 000 références en bio, avec la recherche des produits bio au meilleur coût. • Contact : Biocoop Souffelweyersheim, 2 a route de Brumath, tél. : 03 88 47 20 84, site : www. biocoop-souffel.fr – Scot La Cigogne, cette société coopérative et participative (Scop) SARL est un magasin grossiste en produits bio. Elle distribue en particulier des produits laitiers bio, en provenance de fermes alsaciennes. • Contact : Scot La Cigogne, 19 rue du Ried, 67720 Weyersheim, tél. : 03 88 68 15 12. Les associations pour Le maintien d’une agricuLture paysanne (amap) Il existe de nombreuses Amap dans l’agglomération. Dans une logique de circuit court, elles mettent en relation des producteurs souvent bio et des consommateurs, au travers d’un contrat de livraison de paniers prépayés. Parmi les plus remarquables, on peut citer La Coccinelle d’Alsace, Céréales paysannes ou Le Ruisseau bleu. Les autres sont référencées sur le site d’Avenir bio : www.avenir-bio.fr/amap,bas-rhin,67.html – L’Amap La Coccinelle d’Alsace se fournit auprès de la ferme du Hatzengarten, qui se trouve à Geispolsheim. Il existe de nombreux lieux ZOOM Promouvoir l’agriculture locale Depuis 2010, la Ville de Strasbourg et la CUS se Par ailleurs, l’implantation d’un magasin d’agricul- sont lancées dans une politique proactive en faveur teurs dans le centre-ville, vitrine urbaine de l’agri- d’une agriculture durable et innovante. Avec la chambre culture locale, est en vue, avec une ouverture prévue d’agriculture du Bas-Rhin, les collectivités ont signé début 2014. Aujourd’hui, une centaine de producteurs une convention de partenariat visant « à développer du département approvisionnent l’agglomération en des pratiques agricoles respectueuses de l’environ- produits locaux en étant présents sur l’un des 48 mar- nement et porteuses à long terme d’un projet d’au- chés alimentaires, par la distribution de paniers qui tonomie tant financière pour les exploitants qu’ali- intéresse 4,8 % des ménages de la CUS et par le biais mentaire pour les consommateurs de l’agglomération ». du premier magasin coopératif Hop’la. Situé à Obe- Parmi les mesures préconisées, il y a le développement rhausbergen, il est géré et approvisionné par une des circuits courts au travers notamment de la mul- quinzaine de producteurs. tiplication des points de distribution de paniers. Ainsi, • Contact : Mission agriculture périurbaine Ville et Com- fin 2011, une dizaine de nouveaux sites de distribu- munauté urbaine de Strasbourg, tél. : 03 88 43 62 93, tion, situés à proximité des écoles, ont été mis en site : media.strasbourg.eu/alfresco/d/d/workspace/ place avec le concours de sept producteurs locaux, SpacesStore/50b539cc-fb23-4558-bbc5-726b5eeda489/ portant le total des sites à près d’une soixantaine. panier-fermier-fermes.pdf 26 - Alternatives Economiques - Hors-série poche n° 57 bis - novembre 2012 E. L. Produire et consommer autrement de distribution des paniers, y compris au jardin d’enfants Les Tout-Petits d’Alsace, à Strasbourg. • Contact : www.lacoccinelledalsace.fr – L’Amap Céréales paysannes d’Alsace, comme son nom l’indique, propose essentiellement des blés et des farines cultivés selon les principes de la biodynamie, dans une ferme d’Erstein. L’association a été fondée il y a seulement deux ans. • Contact : Amap Céréales paysannes Alsace, 19 rue du Faubourg-National, 67000 Strasbourg, site : amapcerealespaysannesalsace.blogspot.fr – L’Amap du Ruisseau bleu est née en 2008 à l’initiative d’habitants du quartier du Neudorf. Cela explique qu’elle soit aussi impliquée dans des actions de proximité. Elle a également un statut d’association de droit local et développe un certain nombre de projets collectifs. • Contact : Amap du Ruisseau bleu, 16 a rue de Châtenois, 67100 Strasbourg, site : amapruisseaubleu.ouvaton.org Les jardins d’insertion – Les Jardins de la Montagne verte Jardins de la Montagne verte est une structure d’insertion du réseau Cocagne créée en 2001 ; elle a également un statut d’entreprise solidaire. Elle a des activités à destination de personnes en difficulté, à la fois comme entreprise d’insertion (prestation de services agricoles) et comme chantier d’insertion (production de légumes bio). Les personnes en insertion sont formées aux métiers du maraîchage et de l’agriculture bio. Les Jardins ont des points de vente pour la distribution hebdomadaire de paniers bio auprès des 600 adhérents de l’agglomération strasbourgeoise. Ils comptent aujourd’hui plus de 80 jardiniers et 20 permanents. Les Jardins de la Montagne verte distribuent chaque semaine des paniers bio • Contact : Les Jardins de la Montagne verte, 5 av. du Cimetière, 67200 Strasbourg, tél. : à ses 600 adhérents. 03 88 29 36 33, site : www.asso-jmv.org Le commerce équitable Le commerce équitable dans la Communauté urbaine de Strasbourg est représenté par des boutiques et des commerces présents sur ce secteur, mais aussi par les antennes locales des réseaux comme Max Havelaar, la Plate-forme pour le commerce équitable (PFCE) ou le CCFD-Terre solidaire. La plupart de ces acteurs se rassemblent au sein de l’association régionale indépendante Colecosol, pour « Collectif pour la promotion du commerce équitable en Alsace ». Des initiatives sont prises par des collectivités pour le commerce équitable, comme le centre régional des oeuvres universitaires et scolaires (Crous) de Strasbourg, qui distribue depuis 1999 à l’instigation des associations étudiantes, dans l’ensemble de ses restaurants et cafétérias Alternatives Economiques - Hors-série poche n° 57 bis - novembre 2012 - 27 Vivre autrement à Strasbourg – Chapitre ii Produire et consommer autrement d’Alsace, du café labellisé Max Havelaar ; par ailleurs, la CUS doit prochainement lancer un appel d’offres pour des vêtements en textile équitable. coLecosoL Artisans du monde Strasbourg vend dans sa boutique de nombreux produits équitables, fabriqués notamment par de petits artisans du Sud. Initié dès 1998 par des militants d’Agir ici et du CCFD-Terre solidaire, Colecosol rassemble la plupart des acteurs du secteur afin de les aider à se structurer et à se faire connaître. Depuis janvier 2001, c’est une association de droit local. Parmi les acteurs du commerce équitable de la communauté urbaine, Colecosol compte Artisans du monde, le CCFD-Terre solidaire, Travailler ensemble jeunes et engagé-e-s (Teje) ou Pur et caetera. Colecosol fait aussi pression pour que les collectivités locales alsaciennes deviennent des « Territoires de commerce équitable », c’est-à-dire qu’elles aient des actions exemplaires dans ce domaine. L’initiative Territoires de commerce équitable (voir www.territoires-ce.fr) est soutenue depuis trois ans par la Fédération Artisans du monde, Max Havelaar France et la PFCE. « Nous cherchons à mieux faire connaître le commerce équitable par des moyens bénévoles, souligne André Schwartz, encore président de Colecosol il y a peu. Avec le conseil général du Bas-Rhin, nous intervenons en milieu scolaire. Nous participons à Strasbourg au marché du commerce équitable pendant la Quinzaine. » Colecosol s’est aussi investi ces dernières années dans des manifestations en Allemagne, à Fribourg et Offenburg. • Contact : Colecosol, Espace Nord-Sud, 17 rue de Boston, 67000 Strasbourg, site : colecosol.org, courriel : [email protected] artisans du monde strasbourg Artisans du monde strasbourg Artisans du monde fait partie du réseau qui fédère plus de 170 points de vente entièrement consacrés au commerce équitable dans toute la France. Ces boutiques, tenues par des bénévoles, utilisent la vente de produits équitables pour faire prendre conscience aux consommateurs qu’un autre commerce est possible. Les boutiques se fournissent auprès de producteurs locaux et auprès de la centrale d’achat Solidar’monde. • Contact : Artisans du monde Strasbourg, 24 rue de la Division-Leclerc, 67000 Strasbourg, tél. : 03 88 23 05 66, site : strasbourg.artisans dumonde.org, courriel : strasbourg@artisans dumonde.org ccFd-terre soLidaire strasbourg Le CCFD-Terre solidaire Strasbourg est l’antenne locale du mouvement chrétien de solidarité internationale. Le CCFD met en avant le développement local, l’agriculture paysanne et le commerce équitable au travers d’actions de terrain, avec des partenaires locaux dans les pays du Sud, et de campagnes 28 - Alternatives Economiques - Hors-série poche n° 57 bis - novembre 2012 Produire et consommer autrement de plaidoyer au Nord. Il est aussi possible de soutenir les actions du CCFD au travers de l’épargne solidaire (en particulier le fonds commun de placement Faim et développement. • Contact : Délégation CCFD-Terre solidaire du Bas-Rhin, 10 rue Charles-Gerhardt, 67000 Strasbourg, tél. : 03 88 61 44 13, site : ccfd-terresolidaire.org/cd67 pur et caetera A Strasbourg, Pur et caetera est un bar à purées bio à emporter créé en 2010 par deux étudiants. Spécialisés dans les légumes bio, ils se fournissent auprès de producteurs locaux labellisés bio ou équitables. Les boîtes utilisées pour le transport sont éco-designées et réutilisables contre une caution. Pur et caetera est aussi dépositaire des paniers bio des Jardins de la Montagne verte. • Contact : Pur et caetera, 15 place Saint-Etienne, 67000 Strasbourg, tél. : 09 81 02 33 37, site : www.pur-etc.fr teje strasbourg Teje Strasbourg est une antenne de l’association étudiante Travailler ensemble jeunes et engagé-e-s qui existe depuis 2008. C’est une association de solidarité internationale qui cherche à tisser des liens entre la France et les pays d’Amérique latine au travers de diverses actions : développement local, culture, commerce équitable. • Contact : Amigos de Colombia – Teje Strasbourg, 7 rue de la Course, 67000 Strasbourg, tél. : 06 64 64 98 30, site : www.teje.fr, courriel : [email protected] La Chambre de consommation d’Alsace La Chambre de consommation d’Alsace (CCA), teur d’Alsace, un magazine bimestriel sans publicité, une originalité locale qui n’existe nulle part ailleurs dont les ventes contribuent à hauteur de 15 % dans en France, est fortement impliquée dans l’économie son budget, le complément venant de subventions. sociale et solidaire par son statut associatif et son « Dans les années 1990, sous l’impulsion de Jacques rôle actif au sein de la chambre régionale de l’éco- Bigot, son président d’alors, la CCA a été à l’origine, nomie sociale (Cres). Mais pas seulement, comme avec son homologue allemande, la Verbraucherzen- le confirme Vincent Dorfner, secrétaire général de traledu Bade-Wurtemberg, d’un Centre européen la CCA : « Nos valeurs correspondent à celles de la consommation, qui s’appelait Euro Info consom- de l’économie sociale et solidaire. A côté de nos mateurs il y a encore un an, rappelle Vincent Dorfner. missions d’information et d’appui juridique aux Basé à Kehl, il a désormais des missions de défense consommateurs, nous faisons la promotion de la des consommateurs européens, qui s’étendent consommation responsable, notamment en ce qui au-delà de l’Eurodistrict. » concerne la consommation d’énergie (auprès des Par ailleurs, la Chambre de consommation d’Al- écoles et du grand public), la préservation de l’eau sace développe, en étroite collaboration avec la et le tri des déchets. Nous faisons aussi attention chambre régionale de l’économie sociale (Cres) et à la représentation des consommateurs dans les ins- conformément au plan d’actions sur l’ESS de la tances où ils ont une place, comme dans les hôpi- Communauté urbaine de Strasbourg, une plateforme taux et les services publics. » Internet pour l’achat responsable qui mettra en La CCA a été créée en 1970 et compte aujourd’hui relation les consommateurs et les acheteurs pro- parmi ses membres 17 associations locales (AGF, fessionnels avec les producteurs locaux de biens CNL, CSF, Uraf, Orgeco, Colecosol, Cresus, etc.). Avec et services de l’économie sociale et solidaire. La sa quinzaine de salariés, elle a aussi le statut de mise en ligne de celui-ci est prévue le 1er trimestre centre technique régional de la consommation, 2013. attribué par l’Etat pour assurer la formation et • Contact : Chambre de consommation d’Alsace (CCA), l’appui technique aux associations de consomma- 7 rue de la Brigade-Alsace-Lorraine, BP 06, 67064 Stras- teurs elles-mêmes. Enfin, elle édite Le consomma- bourg Cedex, tél. : 03 88 15 42 42, site : www.cca.asso.fr Alternatives Economiques - Hors-série poche n° 57 bis - novembre 2012 - E. L. 29 Vivre autrement à Strasbourg – Chapitre ii Produire et consommer autrement méLi méLo Créée par Emmaüs Mundo et installée dans une zone urbaine sensible de Strasbourg, Méli Mélo est une boutique spécialisée dans la vente à des prix très attractifs d’articles de puériculture, de mercerie, ainsi que de mobilier et de vaisselle. • Contact : 4 place de Haldenbourg, 67200 Strasbourg Cronenbourg, tél. : 03 88 12 41 58, site : www.emmaus-mundo.com carijou Livres pour enfants, jouets anciens, jeux de société… L’association Carijou, qui emploie des personnes éloignées du monde du travail, collecte tous ces articles usagés via différents réseaux (associations, dons privés…), les remet à neuf et les commercialise. • Contact : 45 rue du Faubourg-National, 67000 Strasbourg, tél. : 03 88 32 83 69, site : www. carijou.fr Libre objet Association créée en 1997, Libre objet est une boutique doublée d’un chantier d’insertion où des personnes en insertion, encadrées par des formateurs spécialisés, reproduisent les « œuvres-objets » d’artistes (luminaires, mobiliers, accessoires) et les commercialisent ensuite. L’association Libre objet propose dans sa boutique des objets d’artistes reproduits dans son atelier par des personnes en insertion. Ci-dessus, la lampe Ménag’Eclair de Fabrice Evangelisti. 30 - Alternatives Economiques - Hors-série poche n° 57 bis - novembre 2012 Libre Objet Libre Objet • Contact : 19 rue Thiergarten, 67000 Strasbourg, tél. : 03 88 32 81 55, site : www.libreobjet.com Produire et consommer autrement Recycler, réemployer La gestion soutenable des déchets passe par le développement du tri sélectif, du recyclage ou encore du réemploi. De nombreuses initiatives sont donc lancées en ce sens. S elon les chiffres de la CUS, « chaque habitant produit en moyenne à l’heure actuelle 388 kilos de déchets par an, soit deux fois plus qu’en 1960 ». Dans cet ensemble, le tiers des déchets ménagers a pu être recyclé, un niveau satisfaisant par rapport à l’objectif du Grenelle de l’environnement, même si celui-ci souhaite augmenter ce taux de recyclage à 45 % pour 2015. Le seul tri des papiers et cartons représente plus de 62 kilos par habitant et par an. La Communauté urbaine s’est également engagée dans un programme local de prévention des déchets, en partenariat avec l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe). Le projet a pour objectif de réduire de 7 à 10 % les tonnages de déchets produits sur le territoire de la collectivité. Pour atteindre cet objectif ambitieux, des actions sont menées sur des thématiques comme le compostage, l’éco-consommation ou encore le réemploi. La collectivité a entre autres signé une convention avec Humanis (voir page 32) pour le réemploi des ordinateurs réformés de l’administration. • Pour en savoir plus : www.reduisonsnosdechets.fr envie Le magasin Envie de Strasbourg fait partie d’un réseau national de boutiques qui proposent des produits d’électroménager à des tarifs avantageux. Les produits mis en vente ont été triés, traités et recyclés par des personnes en insertion. Envie Strasbourg a été le premier magasin conçu sur ce principe en 1984. Il emploie une cinquantaine de personnes en contrat d’insertion. • Contact : Envie, 6 rue Herrade, Koenigshoffen, 67200 Strasbourg, tél. : 03 88 10 04 30, site : www.envie.org, courriel : [email protected] envie 2e Envie a créé une seconde entreprise pour traiter d’autres types de déchets : les déchets d’équipements électriques et électroniques ou « DEEE », ainsi que les déchets dangereux des ménages (peintures, solvants, insecticides, etc.). Depuis l’adoption de la directive européenne sur les DEEE, Envie 2E propose des prestations de collecte et de traitement aux collectivités locales, aux distributeurs et aux entreprises. La Fédération Envie a mis au point des process rigoureux utilisés par les personnels en insertion sur ses installations classées pour la protection de l’environnement (ICPE), qui assurent une traçabilité complète des déchets dangereux. • Contact : Envie 2E, 6 rue Herrade, Koenigshoffen, 67200 Strasbourg, tél. : 03 88 10 04 33, site : www.envie.org, courriel : [email protected] emmaüs strasbourg Comme les autres communautés Emmaüs en France, celle de StrasbourgMontagne verte collecte, recycle et revend des meubles pour la maison dans Alternatives Economiques - Hors-série poche n° 57 bis - novembre 2012 - 31 Vivre autrement à Strasbourg – Chapitre ii Produire et consommer autrement des magasins ou des entrepôts. A Strasbourg, elle réalise tous les ans plus de 8 000 ramassages à domicile et reçoit plus de 12 000 dépôts, ce qui permet de revaloriser environ 370 000 objets, revendus au profit de la communauté. Par ailleurs, en partenariat avec la CUS, Emmaüs a placé des conteneurs dans les déchetteries de l’agglomération afin de récupérer les dons des particuliers. • Contact : Emmaüs de Strasbourg-Montagne verte, 5 chemin de la Holtzmatt, 67200 Strasbourg, tél. : 03 88 30 48 05, site : emmaus-strasbourg.fr emmaüs mundo A Mundolsheim, Emmaüs a créé une entreprise qui propose des contrats de travail à une trentaine de personnes en difficulté sur des activités de collecte et de recyclage. La zone concernée par la collecte est la communauté urbaine de Strasbourg Nord. Depuis 2011, Emmaüs Mundo a aussi ouvert, dans le quartier de Cronenbourg, la boutique Méli Mélo, qui vend des vêtements et du petit mobilier et emploie six personnes en insertion. • Contact : Emmaüs Mundolsheim, ZA des Maréchaux, 4 rue du Général-Rapp, tél. : 03 88 18 15 61, site : www.emmaus-mundo.com, courriel : [email protected] Humanis Humanis est un collectif strasbourgeois de plus d’une centaine de structures de solidarité qui apporte aussi son aide à des porteurs de projet dans l’ESS. Depuis 2001, il a aussi développé une activité de chantier d’insertion (voir page 68) dans la logistique (40 salariés environ) et dans le reconditionnement de matériel informatique (une quinzaine de salariés dans le pôle « Ordi 2.0 »). Les ordinateurs recyclés sont mis en vente dans le magasin d’Humanis. « Depuis l’origine du collectif en 1996, ses membres ont souhaité faire le lien entre l’activité humanitaire au Sud et l’insertion au Nord, explique Kamran Yekrangi, directeur d’Humanis. Cela a commencé par la fabrication de poupées pour les enfants du Rwanda, que nous avons fait réaliser dans nos structures d’insertion. Puis un chantier d’insertion est né dès 1998 pour les besoins mutualisés de nos membres. Nous avons créé des pôles d’insertion en fonction des demandes de chacun. Les personnes en insertion sont embauchées sur un des pôles. » Humanis propose 42 postes d’insertion, pour des contrats de six mois. Bien que ces personnes soient durablement éloignées de l’emploi, la moitié des effectifs a pu trouver un débouché vers une entreprise « classique », une entreprise d’insertion ou une formation qualifiante. Si les financements de l’insertion restent possibles, de nouveaux pôles pourront être prochainement mis en place, autour de l’événementiel et d’autres tâches administratives. • Contact : Humanis, 7 rue du Héron, 67300 Schiltigheim, tél. : 03 88 26 26 26, site : www. humanis.org vetis Vetis est une association employant des personnes en insertion qui collectent les vêtements d’occasion, les trient et les remettent en état avant de les vendre dans quatre magasins. Elle a été créée en 1994, à l’initiative des centres socioculturels de Schiltigheim, de la Croix-Rouge, de la communauté Emmaüs de Strasbourg et de Caritas Secours catholique d’Alsace. L’association a le statut de chantier d’insertion. • Contact : Vetis, 20 rue de Hoenheim, 67207 Niederhausbergen, tél. : 03 90 40 27 60, site : www.vetis.org 32 - Alternatives Economiques - Hors-série poche n° 57 bis - novembre 2012 Produire et consommer autrement Se déplacer Les transports routiers contribuent largement aux émissions de gaz à effet de serre. Il est de plus en plus indispensable de changer nos façons de nous déplacer. Tour d’horizon des multiples alternatives à l’utilisation de la voiture individuelle qui existent sur l’agglomération. L a lutte contre les dérèglements climatiques est en partie tributaire de nos comportements de tous les jours. Si nous voulons limiter les émissions de gaz à effet de serre, nous devons changer notre façon de vivre, et notamment de nous déplacer. Rien que dans la CUS, les transports routiers représentent plus d’un quart des émissions de gaz à effet de serre, devant l’industrie. Transports en commun, auto-partage, covoiturage, vélo… sont alors autant de moyens de bouger en polluant moins. Le développement de ces nouveaux modes de déplacement, tout comme la promotion des plans de déplacement d’entreprise, soutenus depuis de nombreuses années par la CUS, transforment non seulement nos usages, mais aussi toute la chaîne de production et de commercialisation du secteur. Il constitue notamment une réelle perspective de création d’emplois dans les prochaines années. ZOOM Auto’trement : une autre manière d’utiliser la voiture Et si posséder sa propre voiture n’était désormais plus à la mode ? C’est en tout cas le pari que fait la société coopérative d’intérêt collectif (Scic) Auto’trement, qui met à la disposition des habitants de Strasbourg plusieurs voitures en libre-service pour des trajets réguliers ou ponctuels, du domicile au travail ou entre deux zones de la métropole par exemple. Les habitants n’utilisant pas les voitures tous au même moment, ces dernières peuvent être utilisées par de nombreuses personnes dans une même journée. « Une voiture partagée remplace 7 à 8 voitures particulières, ce qui fait autant d’espace gagné. Or réduire la place dévolue à la voiture, c’est améliorer la qualité de l’air ! », explique Jean-Baptiste Schmider, fondateur et directeur général d’Auto’trement. Mais plus qu’une amélioration de l’utilisation de la voiture, Auto’trement espère aussi un changement profond des comportements. « En passant de la propriété à l’usage partagée, les “auto-partageurs” vont utiliser moins la voiture et davantage les transports en commun et la marche à cessus qui pourrait permettre à terme, selon lui, de réduire les émissions de CO2 à 1 tonne par an et par personne, contre 6 tonnes aujourd’hui ! • Contact : 5 rue Saint-Michel, 67000 Strasbourg, tél. : 03 88 23 73 47, site : www.autotrement.com, courriel : info@ autotrement.com Auto’trement pied », poursuit Jean-Baptiste Schmider. Un long pro- La Scic Auto’trement a mis en place un système de location de voitures en libre-service sur Strasbourg, pour des trajets ponctuels mais aussi réguliers. Alternatives Economiques - Hors-série poche n° 57 bis - novembre 2012 - 33 Vivre autrement à Strasbourg – Chapitre ii Produire et consommer autrement Le rail au quotidien Né au XIXe siècle, supprimé après la guerre et remis en service en 1994, le tramway strasbourgeois est aujourd’hui un des plus anciens et des plus développés de France. Depuis novembre 2010, la Compagnie des transports strasbourgeois (CTS) compte 6 lignes de tram qui desservent 69 stations sur près de 40 kilomètres. 330 000 voyageurs empruntent chaque jour ces lignes. Aujourd’hui, le tramway assure à lui seul 66 % des déplacements en transport en commun dans l’agglomération strasbourgeoise. • Pour en savoir plus : Compagnie des transports strasbourgeois, site : www.cts-strasbourg.fr Partager une voiture Même si la voiture est un moyen de transport polluant, en comparaison du tramway, elle reste parfois incontournable. Pour limiter son impact en termes d’effet de serre, il existe de nouvelles manières de l’utiliser, plus écologiques et aussi, parfois, plus conviviales. – L’auto-partage correspond à l’utilisation successive d’une même voiture par différents usagers inscrits auprès d’un opérateur. Ce système, qui permet souvent de remplacer plusieurs voitures par une seule, est particulièrement adapté aux trajets urbains. • Pour en savoir plus : www.annuaire-auto-partage.fr – Le covoiturage est un système qui permet à plusieurs personnes d’utiliser la voiture d’une d’entre elles pour effectuer un même trajet. Il permet de partager les frais de déplacement (essence et péage). Il est particulièrement adapté pour les trajets longs et a pour avantage de rencontrer de nouvelles personnes. Il existe de nombreuses associations sur la CUS qui proposent ce type d’usage de la voiture. Pour en savoir plus, rendez-vous sur le portail Internet dédié à cet effet. • Contact : le portail du covoiturage en Alsace : alsace.covoiturage.fr ZOOM Mobilex, pour l’autonomie des demandeurs d’emploi L’absence de moyens de locomotion ou la méconnaissance du réseau des transports en commun explique une partie du chômage dans les zones défavorisées. C’est sur la base de ce constat que Mobilex a ouvert une antenne dans la métropole strasbourgeoise en 2011 pour aider les demandeurs d’emploi à être plus autonomes. « Il s’agit essentiellement de définir avec eux une carte des zones d’emploi accessibles en explique Didier Luces, directeur de Mobilex. Dans un but écologique, nous ne louons nos véhicules qu’après nous être assurés qu’aucun transport en commun ne permettait d’accéder au lieu de travail. » Ces derniers Mobilex fonction des moyens de locomotion qu’ils utilisent, Mobilex cherche à développer la mobilité des demandeurs d’emploi, notamment via la location de deux roues. mois, l’association a même développé des ateliers mobilité qui informent sur l’offre de transport en accompagnés, a mesuré un taux d’accès à l’emploi commun dans la métropole. L’initiative semble porter de 70 % ! », se félicite Didier Luces. ses fruits : « En 2011, une enquête, réalisée auprès • Contact : Mobilex, P. A. Les Couturiers, 67242 Bisch- d’un échantillon des 823 bénéficiaires que nous avons willer, tél. : 03 88 53 98 18, site : www.asso-mobilex.org 34 - Alternatives Economiques - Hors-série poche n° 57 bis - novembre 2012 Produire et consommer autrement La location de voitures contre l’exclusion La transformation de nos modes de déplacement n’implique pas que des problèmes écologiques, elle a aussi des conséquences sociales ! Aujourd’hui, beaucoup sont ceux qui n’ont pas les moyens de s’acheter un véhicule, ce qui peut être très problématique pour travailler. Depuis quelques années, des initiatives strasbourgeoises tentent de réduire ce phénomène qui pénalise de nombreux chômeurs. C’est notamment le cas de Mobilex, qui propose la location de voiture et de cyclomoteurs à bas prix pour les nouveaux salariés, apprentis ou stagiaires (voir « Zoom » ci-contre). Les deux roues Le vélo demeure un des moyens de transport les moins polluants. Avec plus de 500 kilomètres d’itinéraires cyclables, il est très présent dans la Communauté urbaine de Strasbourg et des associations en favorisent l’usage. Vélhop, par exemple, est un service de location de vélos partagés qui dispose de 15 stations dans la métropole. De plus, 17 Véloparcs sont accessibles à toute heure pour garer son vélo à proximité des stations de tram, ce qui permet de combiner astucieusement plusieurs modes de transport « propres ». Enfin, des ateliers solidaires de réparateurs se sont développés, comme l’association Bretz’Selle, qui fait la promotion de l’auto-réparation : ce sont les adhérents qui réparent eux-mêmes leurs vélos grâce aux outils, pièces détachées et conseils disponibles sur place. • Contacts : – Le plan des aménagements cyclables de la Communauté urbaine (pistes et Véloparcs) est disponible sur www.strasbourg.eu/deplacement/informations/informations?ItemID=953116587 – Vélhop, 14 rue de la Gare-aux-Marchandises, 67035 Strasbourg, tél. : 09 69 39 36 67, site : www. velhop.strasbourg.eu, courriel : [email protected] – Association Bretz’Selle, 10 rue des Bouchers, 67000 Strasbourg, tél. : 09 51 29 87 59, site : www. bretzselle.org, courriel : [email protected] Alternatives Economiques - Hors-série poche n° 57 bis - novembre 2012 - 35 Vivre autrement à Strasbourg – Chapitre ii Produire et consommer autrement Se loger L’économie sociale et solidaire propose des solutions en matière de logement, notamment pour les personnes en difficulté. L ’économie sociale est très présente dans le secteur du logement, notamment pour des personnes fragiles ou qui rencontrent des difficultés pour se loger : personnes en accession sociale, ménages en situation d’urgence, femmes isolées, jeunes travailleurs, etc. La CUS a un maillage efficace d’acteurs, implantés depuis parfois près d’un siècle, pour ces différents types de personnes. Comme souvent, le logement social y est en partie soutenu par des coopératives d’HLM. CUS Habitat, l’office public d’HLM de Strasbourg, a aujourd’hui un patrimoine composé de 20 300 logements répartis sur 17 des 28 communes de la CUS, soit plus de 40 % des logements sociaux de la Communauté urbaine, situés pour les trois quarts d’entre eux en zones urbaines sensibles. Dans les dernières années, CUS Habitat a mis l’accent sur la rénovation énergétique de ses bâtiments : 8 000 m2 de panneaux solaires thermiques et 670 m2 de panneaux solaires photovoltaïques ont été installés pour un quart des logements, aboutissant à une réduction des charges de 30 %. Par ailleurs, les personnes en situation difficile peuvent s’adresser à des organismes comme les Pact Arim ou Habitat et humanisme, qui possèdent des antennes sur l’agglomération. scic Habitat de L’iLL La coopérative Habitat de l’Ill existe depuis quasiment une centaine d’années. Cette société coopérative d’HLM gère un parc immobilier d’environ 2 000 logements sur 11 communes du Bas-Rhin ; elle a également une activité d’accession sociale à la propriété. Cette année, la société coopérative d’HLM est devenue une société coopérative d’intérêt collectif (Scic) pour impliquer plus encore les collectivités locales. Des collèges de clients, locataires ou accédants vont être créés. Plusieurs collectivités feront partie de la Scic, ainsi que le Crédit coopératif, la Caisse d’épargne d’Alsace et le Foyer moderne de Schiltigheim. • Contact : Scic Habitat de l’Ill, siège : 7 rue Quintenz, BP 90115, 67400 Illkirch-Graffenstaden, tél. : 03 88 66 40 16, site : www.habitatdelill.fr scp d’HLm promotion immobiLière du bas-rHin La société coopérative de promotion immobilière du Bas-Rhin est une société coopérative de production d’HLM qui construit des logements en accession sociale à la propriété et des lotissements. La coopérative propose en particulier des logements en PSLA (prêt social locatif accession) pour permettre à des ménages sous conditions de ressources d’accéder progressivement à la propriété. • Contact : SCP d’HLM Promotion immobilière du Bas-Rhin, 11 rue du Marais-Vert, 67084 Strasbourg, tél. : 03 88 21 30 77, site : www.habitat.coop socoLopo La Société coopérative de logements populaires (Socolopo) possède un patrimoine de 1 734 logements répartis sur le territoire de la Communauté 36 - Alternatives Economiques - Hors-série poche n° 57 bis - novembre 2012 Produire et consommer autrement urbaine de Strasbourg. Les logements sociaux sont attribués sous conditions de ressources. Socolopo gère aussi des résidences étudiantes. • Contact : Socolopo, 27 rue Madame-Tussaud, 67200 Strasbourg, tél. : 03 90 20 44 50, site : www.socolopo.org Habitat et Humanisme Habitat et humanisme est une fédération qui achète et réhabilite des logements en centre-ville pour les mettre à disposition de personnes en difficulté à des loyers très bas. A Strasbourg, l’antenne locale d’Habitat et humanisme a créé cette année une agence immobilière à vocation sociale, qui a pour vocation de mettre en relation des propriétaires solidaires et des personnes en difficulté. Grâce à l’argent collecté par l’épargne solidaire, Habitat et humanisme Alsace Nord a aujourd’hui un projet de résidence intergénérationnelle. • Contact : Habitat et humanisme Alsace Nord, 1 rue de l’Abbé-Pierre, 67540 Ostwald, tél. : 03 69 81 00 12, site : www.habitat-humanisme.org, courriel : [email protected] pact bas-rHin Comme les autres associations Pact, le Pact Bas-Rhin accompagne et reloge des familles en difficulté dans une logique de mixité sociale. Il participe aussi à la rénovation ou à la production de logements. Les associations Pact sont reconnues comme des services sociaux d’intérêt général. • Contact : Pact Bas-Rhin Groupe Domial, 2 rue Paul-Reiss, 67000 Strasbourg, tél. : 03 88 21 18 90, site : www.pact-habitat.org, courriel : [email protected] Les centres d’Hébergement et de réinsertion sociaLe (cHrs) Il existe aussi dans la CUS une vingtaine de CHRS qui sont réservés à des personnes éprouvant de grandes difficultés sociales (accueil d’urgence ou de moyens termes). On peut citer, à Strasbourg, Accueil Cité Relais, Association Regain et SOS Femmes solidarité, à Haguenau, Le Toit haguenauvien, à Scherwiller, Emmaüs Centre Alsace. Ces associations peuvent être trouvées sur le site de la Fédération nationale des associations d’accueil et de réinsertion sociale (Fnars). • Contact : Fnars Alsace, C/o Humanis, 7 rue du Héron, 67300 Schiltigheim, tél. : 03 88 26 26 26, site : www.fnars.org, courriel : [email protected] ZOOM L’Etage, l’insertion pour les jeunes L’Etage était au départ une association de quartier en logements d’insertion, en lien avec d’autres asso- qui visait à développer des activités culturelles au ciations locales. « Depuis 2009, nous faisons aussi de début des années 1980. Puis un restaurant social est l’intermédiation locative pour 50 logements, poursuit venu compléter ses services, avant qu’une équipe de Brice Mendes. C’est-à-dire que des propriétaires privés travailleurs sociaux ne soit mise en place pour accueillir acceptent de nous confier leur logement, avec le principalement des jeunes en rupture sociale. « Il y a système du bail glissant. Au départ, l’Etage est le loca- dix ans, l’Etage a franchi une nouvelle étape en pro- taire puis, à la fin, c’est le ménage qui est le titulaire posant des places d’hébergement pour ces jeunes, du bail. » De plus, la prospection des appartements a indique Brice Mendes, chef de service à l’Etage. La lieu avec les personnes en difficulté, qui ont le choix problématique de l’insertion est globale : travail, santé, de leur future résidence. L’intégration dans le parc logement. Nous avons décidé de la traiter comme telle, privé locatif couronne un parcours d’insertion par le en prenant en charge une résidence sociale. Nous logement qui a pu démarrer par un simple repas dans proposons 10 places de stabilisation et 29 en CHRS, le restaurant social de l’Etage ou un appel au 115. en continuant d’accompagner ces personnes. » Au fil • Contact : Club de jeunes L’Etage, 19 quai des Bateliers, des années, l’offre de l’Etage s’est étoffée, avec 20 places 67000 Strasbourg, tél. : 03 88 35 70 76, site : www.etage.fr Alternatives Economiques - Hors-série poche n° 57 bis - novembre 2012 - 37 Vivre autrement à Strasbourg – Chapitre ii Produire et consommer autrement Foyers de jeunes travaiLLeurs Il existe, principalement à Strasbourg, une quinzaine de structures d’accueil pour des jeunes travailleurs, qui peuvent accéder à des chambres à bas prix pour une durée déterminée (études, stages, missions d’intérim). Le site de la CUS référence ces foyers mixtes ou réservés aux femmes ou aux hommes. • Pour en savoir plus : www.strasbourg.eu, rubrique « Vie quotidienne », puis « Logement ». ZOOM L’habitat participatif, une nouvelle façon de concevoir le logement En cohérence avec les projets d’éco-quartiers de la Communauté urbaine de Strasbourg en cours de réalisation, notamment ceux du Danube Strasbourg (quartier Neudorf) et de Brasserie (quartier Cronenbourg), etc., la Ville de Strasbourg développe une démarche d’habitat participatif dans laquelle les habitants participent directement avec les architectes leurs futurs groupements d’habitats. En 2009, elle a lancé une première consultation pour identifier des groupes d’habitants désireux de concevoir et de porter des « résidences partagées ». Cinq projets ont été retenus sur les terrains réservés à cette démarche. Une fois sélectionnés, les Les architectes SA et les autres parties prenantes à l’élaboration de Le Making Hof est un des projets d’habitat participatif développés à Strasbourg. groupes d’habitants s’attachent à bâtir le plan de financement et les plans de réalisation de nouveaux d’habitat participatif commence aujourd’hui à mieux immeubles durables en autopromotion, avec l’aide se faire connaître et mobilise au-delà des premiers d’un architecte et d’experts de la maîtrise d’œuvre. cercles d’acteurs engagés, complète Pierre Zimmer- Trois projets sont aujourd’hui sur le point d’aboutir mann. Cela concernait 14 ménages dans l’appel à (chantier démarré ou en passe de l’être). Dans un projets 2009, 20 ménages dans le deuxième et repré- des trois groupes, le Making Hof, deux appartements sentera à terme jusqu’à 65 logements sur l’éco- ont été réservés et acquis par l’association Habitat quartier du Danube (10 % des logements). » La Ville et humanisme pour l’accueil de familles en difficulté. de Strasbourg coordonne le réseau national des « Depuis ce premier appel à projets sur l’autopromotion, collectivités pour l’habitat participatif qui rassemble deux autres appels ont été lancés en 2011 et en aujourd’hui 30 grandes collectivités françaises enga- 2012, explique Pierre Zimmermann, chargé d’études gées sur le sujet. Développement urbain durable à la CUS. Le deuxième • Contacts : appel à projets est accompagné par l’association – Réseau national des collectivités pour l’habitat par- Eco-quartier afin de renforcer le volet de formation ticipatif, site : www.strasbourg.eu/developpement- continue des porteurs de projets. Le troisième, porté rayonnement/urbanisme-logement-amenagement/ par une société d’économie mixte locale, est intégré projets-urbains/autopromotion-habitat-participatif/reseau- notamment à l’éco-quartier du Danube par la réser- national-collectivite-habitat-participatif vation de lots dédiés à de tels projets. » – Appels à projets Strasbourgeois dédiés à l’habitat E. L. Antérieurement à ces initiatives d’habitat partici- participatif, site : www.strasbourg.eu/developpement- patif soutenues par la Ville, l’association Eco-quartier rayonnement/urbanisme-logement-amenagement/ avait déjà fait émerger entre 2004 et 2010 un premier projets-urbains/autopromotion-habitat-participatif projet : Eco-Logis à Strasbourg Neudorf. Dix familles – Association Eco-quartier, 1 a place des Orphelins, associées dans une société civile immobilière d’attri- 67000 Strasbourg, site : www.ecoquartier-strasbourg.net, bution (SCIA) y ont emménagé en 2010. « La démarche courriel : [email protected] 38 - Alternatives Economiques - Hors-série poche n° 57 bis - novembre 2012 Produire et consommer autrement Eduquer L’éducation populaire, qui se veut école de la citoyenneté, est tout autant destinée aux jeunes qu’aux adultes. Plusieurs grands réseaux répondent aux problématiques d’éducation citoyenne, au moyen de lieux de socialisation, d’animation et de rencontres culturelles ou sportives. Connaître les mouvements d’éducation populaire Les mouvements d’éducation populaire ont une conviction commune : il n’y a pas de progrès possible sans une éducation à la citoyenneté et au civisme. D’essence associative, l’éducation populaire concerne les enfants comme les adultes. Sport, activités de plein air et culturelles ou même scientifiques sont autant de moyens d’éveiller la curiosité, de sensibiliser et de transmettre des valeurs sociales et éthiques. On compte plusieurs milliers d’associations, de centres sociaux, de maisons de la jeunesse et de la culture qui participent à un véritable apprentissage citoyen. Nés après la Seconde Guerre mondiale, les grands réseaux français d’éducation populaire se sont peu à peu institutionnalisés. Un certain nombre de mouvements maintiennent l’éthique originelle que Paulo Freire, pédagogue brésilien, résume ainsi : « Personne n’éduque autrui, personne ne s’éduque tout seul, les hommes s’éduquent ensemble, par l’intermédiaire du monde. » En Alsace, plusieurs associations participent à l’animation et au développement de ce mouvement : la Ligue de l’enseignement du Bas-Rhin, les maisons des jeunes et de la culture ou encore le Réseau express jeunes, qui met en relation des jeunes de nombreux pays. Car l’éducation populaire s’étend audelà des frontières, elle a pour vocation d’ouvrir à d’autres cultures. La Ligue de L’enseignement du Bas-Rhin Dans le champ de l’éducation, la Ligue de l’enseignement fait à la fois de l’accueil périscolaire et en centres de loisirs ainsi que de l’accompagnement à la scolarité. Elle contribue aussi, par exemple, à l’animation de ludothèques. Dans le domaine sportif, elle promeut des activités éducatives au travers de l’Union sportive de l’enseignement du premier degré (Usep) et de l’Union française des œuvres laïques d’éducation physique (Ufolep). Elle participe à l’action nationale « Lire et faire lire » animée par des bénévoles. • Contact : Ligue de l’enseignement, 15 rue de l’Industrie, BP 70437, 67412 Illkirch Cedex, tél. : 03 90 40 63 60, site : www.laligue67.org, courriel : [email protected] Les centRes sociocuLtuReLs La Fédération du Bas-Rhin des centres socioculturels regroupe une vingtaine de centres qui accueillent les habitants pour des activités culturelles, de loisirs, de services de proximité et d’éducation à des tarifs avantageux ou qui accompagnent les habitants dans le développement de leurs projets collectifs. Elle est rattachée à la Fédération des centres sociaux et socioculturels de France. • Contact : Centres socioculturels, Maison des associations, 1 a place des Orphelins, 67000 Strasbourg, tél. : 03 88 35 72 30, site : centres-socioculturels-67.org, courriel : info@centres-socio culturels-67.org Alternatives Economiques - Hors-série poche n° 57 bis - novembre 2012 - 39 Vivre autrement à Strasbourg – Chapitre ii Produire et consommer autrement Les maisons des jeunes et de La cuLtuRe La Fédération départementale des maisons des jeunes et de la culture du BasRhin (FDMJC 67) regroupe 62 associations, 31 collectivités partenaires et 33 accueils périscolaires qui développent de nombreuses activités, sportives, culturelles et de loisirs, dans une logique d’éducation populaire et qui accompagnent des jeunes dans le montage de leurs projets collectifs dans un but évident d’apprentissage citoyen. • Contact : FDMJC 67, 8 rue du Maire-François-Nuss, 67118 Geispolsheim, tél. : 03 88 77 24 24, site : www.fdmjc67.net Les centRes d’entRaînement aux méthodes d’éducation active (ceméa) Les Centres d’entraînement aux méthodes d’éducation active 67 (Ceméa 67) sont rattachés à l’association nationale des Ceméa, qui se présente comme un « mouvement d’éducation nouvelle ». Les Ceméa sont présents dans les politiques éducatives locales (Ateliers-relais), organisent des événements culturels et ont des activités de formation aux métiers de l’animation. • Contact : Ceméa 67, 22 rue de La Broque, 67000 Strasbourg, tél. : 03 88 22 05 64, site : www. cemea-alsace.fr ZOOM La Souris verte, une crèche associative pas comme les autres La Souris verte est une crèche parentale au cœur de Strasbourg qui présente la particularité d’être une crèche bilingue français-allemand : parents et encadrantes parlent aux enfants dans les deux langues. « La crèche a été ouverte en 1993 et elle continue d’exister pour les mêmes raisons qu’au départ, soit le manque de places pour la garde des enfants, le besoin de services de proximité et la volonté de couper le lien en douceur avec son enfant », insiste Marc Oswald, président sortant de la Souris verte. La déjà, avec 12 places et un encadrement d’un adulte pour deux enfants. Dans les années 2000, les crèches parentales ont été D. R. crèche s’est installée dans des locaux qui existaient A la crèche La Souris verte, parents et encadrantes parlent aux enfants en français et en allemand. mises au défi de la professionnalisation, soumises à l’embauche de personnel qualifié, mieux rémunéré et montant global de 450 000 euros. » La crèche n’aura donc à la recherche de ressources nouvelles. « La pas de mal à remplir ses places supplémentaires, avec Souris verte est une association, souligne Marc Oswald. une liste d’attente très longue. Son modèle d’entreprise La crèche a besoin des subventions de la CAF, du conseil solidaire a aussi attiré l’attention d’autres parents. général et un peu de la Ville pour viabiliser notre mo- Membre de l’Acepp, le réseau des crèches parentales, dèle économique. Nous avons aussi des partenariats La Souris verte a conseillé les porteurs d’une micro- avec le programme européen Jeunesse en action et crèche associative et d’une crèche bilingue français- l’Office franco-allemand pour la jeunesse pour des anglais qui viennent d’ouvrir à Strasbourg. mises à disposition de personnels en formation. » Ces • Contact : contraintes économiques ont poussé La Souris verte – Crèche parentale La Souris verte, 11 rue de Bruxelles à se développer. En début d’année prochaine, la crèche (à partir de février 2013 : 61 allée de la Robertsau), va déménager dans le quartier de l’Orangerie et passer 67000 Strasbourg, tél. : 03 88 60 13 40, site : creche. de 12 à 24 places. « Nous avons travaillé avec les experts lasourisverte.free.fr d’Alsace active, complète Marc Oswald. Ils ont validé – Association des collectifs enfants parents profession- notre projet et nous ont prêté 30 000 euros, sur un nels (Acepp), site : www.acepp.asso.fr 40 - Alternatives Economiques - Hors-série poche n° 57 bis - novembre 2012 E. L. Produire et consommer autrement Réseau expRess jeunes Réseau express jeunes est un réseau européen d’associations de tous pays dont le but est la coopération européenne. Il favorise ainsi les échanges entre jeunes de plusieurs pays et met en avant leurs initiatives en faveur de l’inclusion sociale des jeunes en difficulté. Elle organise des rassemblements sous forme de séminaires pour faire avancer ces sujets. • Contact : Réseau express jeunes, Maison des associations, 1 a place des Orphelins, 67000 Strasbourg, tél. : 03 88 35 37 45, site : www.y-e-n.net/fr/main-news/latest-news La coopéRation à L’écoLe L’Office central de la coopération à l’école 67 (OCCE 67) fédère la vie et l’action pédagogique des coopératives scolaires de l’école primaire et d’un grand nombre de foyers coopératifs de collèges et de lycées du Bas-Rhin. Elle fait aussi la promotion de l’idée coopérative, au travers d’actions comme la « Semaine de la coopération à l’école » ou en proposant des jeux coopératifs pour les classes. • Contact : OCCE 67, 25 rue Gioberti, 67200 Strasbourg, tél. : 03 88 27 00 42, site : www.occe. coop/~ad67, courriel : [email protected] L’association migRation soLidaRité et échanges pouR Le déveLoppement L’Association migration solidarité et échanges pour le développement (Amsed) est une structure d’éducation populaire reconnue qui veut favoriser les échanges entre jeunes de différentes cultures, notamment au travers de chantiers internationaux de jeunes volontaires, de voyages solidaires ou d’animations de rue. Des chantiers de solidarité internationale ont déjà été organisés en Algérie, au Maroc et en Ukraine, autour de projets locaux d’insertion. L’Amsed travaille avec de nombreuses associations partenaires en France et à l’étranger. Elle anime aussi un centre de ressources « Jeunesse, citoyenneté, diversité ». • Contact : Amsed Espace Nord/Sud, 17 rue de Boston, 67000 Strasbourg, tél. : 03 88 61 71 67, site : amsed.fr, courriel : [email protected] Alternatives Economiques - Hors-série poche n° 57 bis - novembre 2012 - 41 Vivre autrement à Strasbourg – Chapitre ii Produire et consommer autrement Aider, accompagner ses proches Les services à la personne, notamment en direction des seniors et des personnes les plus fragiles, emploient un nombre de plus en plus important de salariés. Les acteurs de l’économie sociale et solidaire y jouent un rôle essentiel. L’aide aux seniors Même si Strasbourg est une ville jeune (46,2 % des Strasbourgeois ont moins de 30 ans), la population de la métropole vieillit, à l’image de la population française. Cette évolution, liée aux avancées de la médecine et à l’amélioration des conditions de vie, entraîne également une vieillesse parfois marquée par la maladie, la perte d’autonomie et la solitude. Cette situation entraîne des besoins accrus en termes de personnes qualifiées, pouvant accompagner les seniors et leur permettre de vivre dans de bonnes conditions. ZOOM Siel Bleu, une association pour le bien-être des personnes âgées L’activité physique contre l’isolement et la mala- pour la prévention des chutes. Et, depuis peu, nous die. C’est le pari que fait depuis quinze ans Siel développons des programmes individualisés à bleus, association qui propose aux personnes âgées, domicile pour prendre davantage en compte la aux personnes en situation de handicap et à tous situation de chacun », explique Jean-Michel Ricard, ceux qui le désirent des séances d’activité physique directeur général de Siel bleu. Individualisés, les afin de prévenir ou atténuer des maladies ou des tarifs le sont tout autant : « Nous nous battons fractures. « Faits pour des groupes de douze à pour l’accessibilité financière. Nous avons ainsi quinze personnes, nos cours se déroulent soit dans instauré des prix très accessibles et, grâce à un les établissements d’accueil (maisons de retraite, partenariat renforcé avec certaines agences régio- cliniques…), soit en dehors. Nous organisons aussi nales de santé, nous faisons évoluer les tarifs selon des séances de gymnastique de huit personnes le revenu des personnes. » Présente sur toute la France mais ayant un lien très fort avec Strasbourg, sa ville d’origine, qui soutient ses activités, Siel Bleu a gagné en crédibilité grâce à l’étude réalisée par le cabinet de conseil McKinsey sur les économies générées par l’activité physique des personnes fragiles (voir « Bon à savoir ! » ci-contre). « Si notre principal but est de maximiser la qualité de vie des publics concernés, il est vrai que l’argument économique nous a beaucoup aidés auprès des pouvoirs publics, reconnaît Jean-Michel Ricard. La prise de conscience a évolué, chacun Siel Bleu comprend désormais qu’il sera gagnant ! » E. L. • Contact : 42 rue de la Krutenau, 67000 Strasbourg, tél. : Siel Bleu propose notamment des séances d’activité physique dans des maisons de retraite, des cliniques… 03 88 32 48 39, site : www.sielbleu.org, courriel : contact@ sielbleu.org 42 - Alternatives Economiques - Hors-série poche n° 57 bis - novembre 2012 Des structures de l’économie sociale et solidaire répondent à ces nouveaux besoins et offrent une alternative pour les personnes concernées. Elles améliorent leur autonomie et leur qualité de vie en élaborant des programmes adaptés. Ainsi, l’Abrapa propose aux personnes âgées une large gamme de services à domicile, comme le portage des repas, les soins infirmiers ou l’entretien de la maison. Ces services sont réalisés par 2 700 salariés dans tout le département du Bas-Rhin. Bon à savoir ! Produire et consommer autrement L’activité physique des personnes âgées réduirait le risque de contracter certaines maladies, ce qui diminuerait la demande de soins et générerait de ce fait des économies. Ainsi, l’étude du cabinet McKinsey réalisée en juin 2011 a montré que la simple activité physique des personnes ayant une fracture • Contact : Abrapa, 1 rue Jean-Monnet, 67000 Strasbourg, tél. : ou un diabète de type 2 permettait 03 88 21 30 21, site : www.abrapa.asso.fr, courriel : contact@abrapa. des économies nettes de l’ordre asso.fr de 15 milliards d’euros en France entre 2012 et 2015, et de 59 milliards entre 2012 et 2020 ! L’aide aux migrants • Pour en savoir plus : consul- tez l’étude (pages 27 à 32 sur Autre population vulnérable, les immigrés représentent france.ashoka.org/sites/france aujourd’hui près de 20 % de la population de la commusix.ashoka.org/files/Etude%20 nauté de Strasbourg, dont 13 % sont nés en dehors de d%27impact%20de%20l%27 l’Europe. Ils sont inégalement répartis dans la métropole entrepreneuriat%20social%20-%20 synthese_0.pdf et, très souvent, leur niveau de vie est inférieur aux autres catégories de la population. Des associations se sont créées pour leur venir en aide, notamment pour obtenir la nationalité française. Parmi celles-ci, Migrations santé Alsace aide depuis 1975 les immigrés à accéder aux dispositifs médicaux et militent pour leurs droits auprès des professionnels de santé et des autorités politiques locales. • Contact : Migrations santé Alsace, 24 rue du 22-Novembre, 67000 Strasbourg, tél. : 03 88 22 60 22, site : www.migrationssante.org, courriel : [email protected] Les services à la personne En France, ce secteur emploie 2 millions de salariés et pèse plus de 16 milliards d’euros. Il s’est beaucoup développé suite à la mise en place du chèque emploi service universel (Cesu) qui, depuis 2006, permet de payer directement l’association prestataire et de bénéficier d’une réduction d’impôts de la moitié des sommes engagées. Parmi les acteurs strasbourgeois de ce secteur, on trouve des associations intermédiaires ou des coopératives (voir pages 61-67), comme la coopérative d’activités et d’emploi (CAE, voir page 66) Coopénates, qui mettent en relation offreurs et demandeurs de divers services à domicile : bricolage, jardinage, ménage, blanchisserie, etc. Ces associations proposent des services tout en permettant à des personnes sans emploi et en situation de précarité de travailler. • Contacts : – La liste des enseignes nationales de services à la personne est disponible sur le site de l’Agence nationale des services à la personne : www.servicealapersonne.gouv.fr – Coopénates, 13 rue Martin-Bucer, 67000 Strasbourg, tél. : 03 88 44 96 89, site : www.coopenates. com, courriel : [email protected] – La liste des contacts utiles des structures de services aux personnes à Strasbourg est disponible sur www.strasbourg.eu/social/services_personne Alternatives Economiques - Hors-série poche n° 57 bis - novembre 2012 - 43 Vivre autrement à Strasbourg – Chapitre ii Produire et consommer autrement Se soigner, se préserver Des centres médicosociaux aux réseaux mutualistes et associatifs, les structures de l’économie sociale et solidaire sont fortement présentes dans le secteur de la santé et du soin en général, notamment pour les plus fragiles et les plus précaires. Les mutuelles de santé En Alsace et en Moselle, il existe un régime local d’assurance maladie différent du régime des autres départements français. Ce régime, qui bénéficie uniquement aux salariés cotisant dans les trois départements, est plus généreux en termes de prestations que le régime national. En effet, certains frais médicaux sont mieux remboursés, comme les honoraires qui le sont à 90 % (contre 70 % dans le reste de la France) ou le forfait journalier hospitalier qui l’est à 100 % (contre un remboursement nul dans le régime général). En contrepartie, le taux de cotisation est plus élevé (entre 1,6 % et 1,8 % selon les années) et les frais dentaires et d’optique ne sont pas couverts par ce régime, de même que les dépassements d’honoraires. D’où la nécessité de souscrire à une mutuelle, surtout lorsque l’on sait que 20 % des médecins pratiquent des dépassements d’honoraires dans la ville de Strasbourg ! Ces mutuelles, moins chères que dans le reste de la France grâce à un reste dû moins élevé, prennent alors en charge les frais médicaux (hospitaliers et hors hospitaliers) qui ne le sont pas par le régime local d’assurance maladie. De plus, en menant une politique de prévention très active, les mutuelles de santé contribuent aussi à la maîtrise des dépenses de santé. L’Union régionale de la Mutualité française Alsace fédère plus de 230 mutuelles qui couvrent environ 727 000 personnes et gère une trentaine de centres de soins et d’accompagnement dans la région. Bon à savoir ! • Contact : la liste des mutuelles de santé est disponible sur le site www.alsace.mutualite.fr Les centres de planning familial. Depuis 1990, les centres de planning familial régionaux informent sur la contraception, orientent vers les médecins, pratiquent des tests de grossesse et assurent un suivi avant et après un avortement. Tous ces services sont gratuits pour les mineurs et les personnes non couvertes par l’assurance maladie. • Contact : Planning familial BasRhin, 13 rue du 22-Novembre, 67000 Strasbourg, tél. : 03 88 32 28 28, site : www.plan ning-familial.org, courriel : mfpf67@ wanadoo.fr Les fondations et cliniques associatives A côté des hôpitaux publics et des cliniques privées, il existe des cliniques associatives ou des fondations comme celle de Vincent de Paul, créée en 2001 et reconnue d’utilité publique, qui regroupe des cliniques, des établissements pour personnes âgées à but non lucratif, ainsi que des structures accompagnant les familles pauvres et les demandeurs d’asile (dont 8 lits réservés aux sans-abri). La fondation chrétienne compte plus de 400 bénévoles et 1 800 salariés. En outre, trois cliniques associatives et religieuses strasbourgeoises, Diaconat (protestante), Adassa (juive) et Sainte-Odile (catholique), ont décidé en 2011 de mettre en commun leurs ressources et leurs personnels dans un seul groupe associatif, appelé Adassa-Diaconat Clinique de 44 - Alternatives Economiques - Hors-série poche n° 57 bis - novembre 2012 Produire et consommer autrement Strasbourg. En 2015, le nouvel ensemble fonctionnera sur un site commun au sein du futur « Pôle de santé Sud » de la métropole, au bord du bassin Vauban. En termes de taille, Adassa-Diaconat Clinique de Strasbourg sera alors le premier établissement privé à but non lucratif de l’agglomération ! • Contacts : – Fondation Vincent de Paul, 15 rue de la Toussaint, 67000 Strasbourg, tél. : 03 88 21 73 84, site : www.fondation-vincent-de-paul.org, courriel : [email protected] – Pour en savoir plus sur le projet « Adassa-Diaconat Clinique de Strasbourg », rendez-vous sur le site de la future structure : www.adassa-diaconat.fr Les services de santé aux plus fragiles – Pour les personnes sans domicile fixe : selon le Forum des indignés de Strasbourg, mouvement citoyen luttant contre les injustices et pour la dignité des plus défavorisés, entre 800 et 1 000 sans domicile fixe (SDF), en moyenne, vivraient à Strasbourg. Le taux de demandes d’hébergement d’urgence insatisfaites serait particulièrement élevé, notamment durant les hivers. Face à ce constat, les structures de l’économie sociale et solidaire jouent un rôle complémentaire aux aides publiques. Ainsi, dans la Communauté urbaine de Strasbourg, 13 centres d’hébergement et de réinsertion sociale (CHRS), gérés par la Fédération nationale des associations d’accueil et de réinsertion sociale (Fnars), proposent aux sans-abri un hébergement temporaire ainsi qu’un accompagnement social approfondi. Côté associations, la Croix-Rouge et l’antenne de l’association Médecins du monde effectuent également cette mission d’aide (alimentaire et psychologique) aux sans-abri et aux migrants et les accompagnent dans leurs démarches diverses. ZOOM La Maison de santé du Neuhof, une initiative au cœur d’un quartier défavorisé « Les dépassements d’honoraires, le poids croissant ignorent à quelles aides ils ont droit ! » Une approche des franchises et la difficulté toujours importante qui se veut aussi sociale : « Implantés depuis 2010 de faire l’avance des frais médicaux ont conduit à dans le quartier, nous connaissons les familles l’exclusion d’une partie de la population des soins depuis longtemps. Et, par exemple, nous pouvons, de ville. » Ce constat n’est pas celui d’un politicien chez un jeune à problèmes, avoir conscience du ou d’un syndicaliste averti, mais d’un médecin géné- milieu qui l’entoure – familial, scolaire et amical – et raliste, le Dr Claire Dumas, travaillant au sein de la ainsi l’aider au mieux, sur le plan sanitaire comme Maison de santé du Neuhof. Cette structure, qui sur le plan social », poursuit Claire Dumas. regroupe sous un même toit une quinzaine de pra- Mais, pour la généraliste, ceci n’est rendu possible ticiens – médecins, orthophonistes, kinésithérapeutes, que grâce à la présence de différents professionnels infirmières et laborantins –, favorise l’accès aux soins de santé dans un même lieu. « Il nous arrive souvent, des habitants du quartier défavorisé du Neuhof. à nous médecins, de prendre le temps de présenter « Nous avons institué un tiers payant [qui évite le jeune patient à la psychologue, qui travaille dans au patient d’avancer une partie des frais] de 2,30 euros le bureau d’à côté, au moment de la prise de rendez- à chaque consultation pour permettre aux patients vous. Or il y aurait eu peu de chances pour que ce d’honorer leurs consultations », explique Claire jeune aille chez un psychiatre inconnu, surtout Dumas. « De plus, nous accompagnons les plus lorsque l’on connaît les délais d’attente ! » précaires dans l’élaboration de leurs dossiers d’aides • Contact : Maison de santé du Neuhof, 2 a rue de Bran- comme la couverture maladie universelle (CMU), tôme, 67100 Strasbourg, tél. : 03 88 79 08 02, site : www. afin de faciliter leur accès aux soins. Beaucoup maisonsanteneuhof.com Alternatives Economiques - Hors-série poche n° 57 bis - novembre 2012 - 45 Vivre autrement à Strasbourg – Chapitre ii Produire et consommer autrement • Contacts : – La liste des CHRS de la métropole est disponible sur creaialsace.action-sociale.org/?cat=centrehebergement---reinsertion-sociale--c-h-r-s---214&region=alsace#dep67 – Croix-Rouge – Délégation départementale du Bas-Rhin, 30 rue Schweighaeuser, 67000 Strasbourg, tél. : 03 88 61 05 23, site : www.croix-rouge.fr – Médecins du monde, 24 rue du Maréchal-Foch, 67000 Strasbourg, tél. : 03 88 14 01 01, site : www.medecinsdumonde.org/En-France/Strasbourg, courriel : caso.strasbourg@medecins dumonde.net – L’aide aux personnes en situation de handicap : depuis quelques années, en complément des actions menées par la métropole strasbourgeoise contre l’exclusion des personnes en situation de handicap, au travers notamment de sa politique en matière d’aménagement des places de stationnement et de parking ou encore en améliorant l’accès au sanitaire dans le quartier de la gare, des associations sont engagées dans ce domaine. L’Association régionale l’aide aux handicapés moteur (Arahm), par exemple, organise l’éducation et le soin des personnes en situation de handicap, améliorant ainsi la vie de ces dernières. • Contacts : – Liste des initiatives pour les personnes en situation de handicap à Strasbourg sur www. strasbourg.eu, rubrique « Solidarités et santé ». – Arahm, 116 rue de la Ganzau, 67100 Strasbourg, tél. : 03 88 65 85 00, site : www.arahm. asso.fr CUS ENTRETiEN Une politique de santé en lien avec les acteurs de l’ESS Quel constat dressez-vous en termes de besoins de santé sur l’agglomération ? recours (médecins généralistes, mais aussi kinési- Comme beaucoup de grandes villes, que le Réseau des microstructures médicales d’Al- Strasbourg et sa métropole sace (RMS) intervient sur le volet de la lutte contre connaissent d’importantes inégali- les addictions. Enfin, la ville est fortement associée tés de santé entre les plus riches au projet de maison urbaine de santé puisqu’une Alexandre et les plus pauvres. Ces inégalités Feltz, se lient avec des difficultés d’accès vice-président aux soins dans les quartiers les moins assistante sociale de la maison des aînés y assure de la Communauté urbaine favorisés, où on trouve peu de prode Strasbourg fessionnels de santé alors que les enc harge besoins sont plus importants. Par de la santé ailleurs, comme dans tous les pays thérapeutes, orthophonistes…). Un point d’accueil et d’écoute y est assuré par un psychologue tandis une permanence, tout comme la protection maternelle et infantile (PMI). Ce modèle de maison urbaine de santé, qui permet d’offrir des soins de proximité, doit être dupliqué dans d’autres quartiers de la communauté urbaine, notamment la Robertsau, dans la cité de l’Ill. développés, les habitants souffrent de maladies liées aux modes de vie. A Strasbourg et sa métropole, les cancers et les maladies cardio-vas- Y a-t-il d’autres actions pour lesquelles vous travaillez avec des structures de l’ESS ? culaires constituent les deux pathologies les plus Oui, nous menons un travail, par exemple avec la fréquentes. Il s’agit donc de lutter contre les inégali- régie de quartier Meinau services (voir page 70), tés de santé et de favoriser d’autres modes de vie. autour de la nutrition ainsi que de la promotion du dépistage du cancer du sein auprès des populations Concrètement, quelles sont les actions que vous menez sur le territoire ? les plus défavorisées. Par ailleurs, nous avons noué En lien avec l’Agence régionale de santé, nous Montagne verte (voir page 27) pour favoriser l’accès avons créé dans le quartier de Neuhof une maison à un tarif préférentiel de légumes et de fruits bio urbaine de santé (voir « Zoom » page 45) qui regroupe pour les personnes précaires. un partenariat avec l’association les Jardins de la des professionnels de santé libéraux dits de premiers 46 - Alternatives Economiques - Hors-série poche n° 57 bis - novembre 2012 Propos recueillis par David Belliard Produire et consommer autrement Epargner et investir de manière solidaire Que ce soit pour gérer son argent au quotidien ou pour épargner et investir, il existe de nombreuses alternatives aux circuits bancaires et financiers classiques. Par exemple, les produits de la finance solidaire permet de donner du sens à son épargne. Choisir sa banque Les banques coopératives gèrent 40 % de l’argent placé par les Français. La gestion de leurs fonds, leurs règles d’attribution des prêts et leurs prestations sont similaires à celles des autres banques, mais leur mode de gestion et la transparence dont elles doivent faire preuve vis-à-vis de leurs sociétaires sont différents. En effet, le capital des banques coopératives est détenu par leurs clients. De plus, contrairement à ce qui se fait dans les banques traditionnelles, les clients peuvent participer à des assemblées générales afin de donner leur opinion sur les orientations de l’établissement (ouverture de nouvelles agences ou création de nouveaux produits, par exemple). Enfin, ces banques coopératives, par leur organisation en caisses locales ou régionales, restent fortement ancrées dans leur territoire. – La Banque populaire d’Alsace : en 1999, la Banque populaire d’Alsace a créé un nouveau produit d’épargne, le Codevair, qui s’est depuis répandu dans l’ensemble du réseau des Banques populaires et du Crédit coopératif ; il a aussi inspiré le livret de développement durable. L’épargne placée sur un Codevair (à partir de 10 euros) permet de financer des Prevair, soit des prêts bonifiés par la banque et qui financent l’amélioration écologique des habitats. Son taux de rémunération est actuellement de 2,25 %. La Banque populaire d’Alsace rassemble 117 500 sociétaires. • Contact : Banque populaire d’Alsace, Immeuble Le Concorde, 4 quai Kléber, CS 10401, 67001 Strasbourg Cedex, tél. : 03 88 62 77 11, site : www.alsace.banquepopulaire.fr – Le Crédit coopératif fait partie du groupe Banque Populaire-Caisse d’Epargne (BPCE) et compte 272 000 clients dans l’Hexagone, dont beaucoup d’entreprises de l’économie sociale. Il dispose d’une agence à Strasbourg. • Contact : Crédit coopératif, 1 quai Kléber, 67080 Strasbourg, tél. : 0 980 98 00 00, site : www. credit-cooperatif.coop, courriel : [email protected] – Les Caisses d’épargne ont été organisées sous forme coopérative depuis la réforme de 1999. Aujourd’hui, les 440 sociétés locales d’épargne possèdent 28 caisses d’épargne de niveau régional ou infrarégional, qui détiennent elles-mêmes la Caisse nationale des caisses d’épargne (CNCE). Depuis 2009, la Caisse d’épargne fait partie du groupe BPCE. Le réseau des caisses d’épargne compte une douzaine d’agences sur Strasbourg et sa communauté urbaine. • Contacts : liste des agences sur www.caisse-epargne.fr, à « Mon agence » (en haut à droite). Alternatives Economiques - Hors-série poche n° 57 bis - novembre 2012 - 47 Vivre autrement à Strasbourg – Chapitre ii Produire et consommer autrement – Le Crédit agricole est aujourd’hui un des premiers groupes bancaires en Europe. Il est constitué de 2 573 caisses locales qui détiennent l’essentiel du capital de 39 caisses régionales. Aujourd’hui, la caisse régionale Alsace-Vosges, qui regroupe trois départements (Haut-Rhin, Bas-Rhin et Vosges), compte plus de 460 000 clients et 122 000 sociétaires. • Contacts : liste des agences sur www.alsace-enligne.credit-agricole.fr – Le Crédit municipal : comme d’autres crédits municipaux en France, le Crédit municipal de Strasbourg s’est engagé, à côté de son activité classique de prêts sur gages, dans des produits à destination de personnes à faibles ressources : prêts de restructuration, microcrédits sociaux. Pour donner davantage de possibilités de financement pour ces produits, le Crédit municipal de Strasbourg doit mettre en place dans les prochains mois un fonds de dotation ESS’Or Est. • Contact : Crédit municipal de Strasbourg, 6 rue d’Ingwiller, 67000 Strasbourg, tél. : 03 88 32 04 21, site : www.credit-municipal-strasbourg.fr – Le Crédit mutuel comptait fin 2011 6,6 millions de clients, dont 4,3 millions de sociétaires. Propriétaire du CIC, il a de nombreuses agences sur Strasbourg et sa métropole. • Contact : Fédération du Crédit mutuel Centre Est Europe, 34 rue du Wacken, 67913 Strasbourg Cedex 09, tél. : 03 88 14 88 14, site : www.creditmutuel.fr Les fonds solidaires et environnementaux Malgré la crise économique, plus de 3,5 milliards d’euros ont été investis en France en 2011 via des mécanismes issus de la finance solidaire. Ces derniers servent à soutenir des projets ayant une dimension éthique ou environnementale et qui ne trouveraient pas d’autres financements auprès des établissements bancaires. Avec plus de 12 500 entreprises financées, 32 000 emplois créés et 4 300 personnes relogées cette même année, son influence ne cesse de croître. Sans compter que la crise lui a profité : d’une part, les épargnants savent comment leur argent sera utilisé – et qu’il le sera à bon escient –, d’autre part, la rentabilité de ces placements financiers est équivalente à celle des autres placements. A Strasbourg, il existe plusieurs antennes de réseaux nationaux de la finance solidaire, comme ceux de France active ou de la Nef, et aussi des acteurs qui ont fait naître des initiatives originales, reprises au niveau national, comme la Banque populaire d’Alsace ou la Fédération Cresus. – Alsace active est le fonds territorial du réseau France active. Ses objectifs sont de faciliter l’accès au crédit bancaire pour les créateurs d’entreprise et de financer le développement de l’emploi dans les entreprises solidaires. Alsace active agit toujours en cofinancement avec d’autres partenaires, publics ou privés, et délivre un accompagnement aussi bien en amont qu’en aval du projet. Créée en 1996, elle a permis la création ou la consolidation de près de 6 000 emplois, comme les Jardins de la Montagne verte, un jardin d’insertion du réseau Cocagne (voir page 27) et la société coopérative d’intérêt 48 - Alternatives Economiques - Hors-série poche n° 57 bis - novembre 2012 Produire et consommer autrement collectif (Scic) Solibio (voir page 24). En 2008, elle a créé ISA, le fonds d’investissement solidaire alsacien dont l’objectif est de renforcer les fonds propres des entreprises solidaires sous la forme de prêts participatifs ou de comptes courants d’associés (25 projets ont déjà été financés depuis sa création pour un montant global de 1,5 million d’euros). Alsace active accompagne aussi l’émergence d’entreprises solidaires au travers du prêt Nacre et du fonds de Confiance (pour les entreprises qui cherchent à se dupliquer, comme la coopérative d’activités et d’emploi Artenréel [voir page 68]). En 2012, elle a imaginé le laboratoire régional des partenariats entreprises et associations, pour favoriser des rapprochements entre les unes et les autres. Selon le directeur d’Alsace active, Jean-Yves Montargeron, ce laboratoire a des objectifs très pragmatiques : « Depuis 2009, nous avons co-construit une quarantaine de partenariats entre des entreprises alsaciennes et des associations. Par exemple, après que nous les avons mis en relation, le café Sati, un commerce presque centenaire à Strasbourg, fait récupérer ses déchets de torréfaction par les Jardins de la Montagne verte, qui les utilisent comme engrais. Forts de ces expérimentations, nous avançons sur la modélisation de ces formes de partenariats fondées sur un concept gagnant-gagnant et à forte valeur ajoutée pour les territoires. Cette même recherche de synergie va par ailleurs aboutir l’an prochain à la création d’un Club de créateurs d’entreprises pour favoriser des échanges, mais aussi des relations d’affaires entre eux. » • Contact : Alsace active 67, 21 bd de Nancy, 67000 Strasbourg, tél. : 03 88 23 87 45, site : www. alsaceactive.fr – La Nef : si vous souhaitez soutenir des projets liés à l’environnement, au commerce équitable ou à l’agriculture bio qui ont bien du mal à se faire financer, vous pouvez devenir épargnant auprès de la Nef, une coopérative financière qui existe depuis 1988. Il est possible d’acheter des parts de capital ou de souscrire à un compte à terme ou un plan d’épargne. L’argent collecté permet de financer des projets alternatifs. A Strasbourg, la Nef a soutenu le café-librairie équitable Soif de lire, le Syndicat potentiel Strasbourg, qui participe au soutien d’artistes plasticiens, ou Le Jardin d’Agnès (maraîchage bio). • Contact : La Nef, Immeuble Woopa, 8 av. des Canuts, CS 60032, 69517 Vaulx-en-Velin Cedex, tél. : 0 811 90 11 90, site : www.lanef.com – Les Cigales. Deux clubs d’investisseurs pour une gestion alternative et locale de l’épargne solidaire (Cigales) ont été créés en 2010 à Strasbourg : Cigagnes et Esperluette. Ces clubs soutiennent des projets à forte plus-value sociale et environnementale. Ils rassemblent chacun une dizaine de membres qui mettent pendant cinq ans leur épargne en commun afin de soutenir des projets locaux. « Nos deux Cigales se sont créés en même temps, explique Xavier Boos, gérant d’Esperluette. Il y a 13 membres dans chacun d’eux, qui versent 25 euros par mois. Chaque club a déjà soutenu un projet : une métallerie d’Oermingen pour Cigagnes et une coopérative, Cooproduction, pour Esperluette. » En y investissant 10 000 euros en 2011, Esperluette a ainsi favorisé la création d’un fonds d’équipement ouvert aux entrepreneurs-salariés. La Alternatives Economiques - Hors-série poche n° 57 bis - novembre 2012 - 49 Vivre autrement à Strasbourg – Chapitre ii Produire et consommer autrement Scic Auto’trement (voir « Zoom » page 33) a facilité la création de ces clubs d’investisseurs. Comme l’explique Daniel Hincelin, délégué Grand Est de la Fédération des Cigales : « Les Cigales sont encore peu développés en Alsace, mais nous continuons à solliciter de nouveaux groupes d’épargnants (de 5 à 20 dans les Cigales) pour un meilleur maillage. Un troisième club est d’ores et déjà en préfiguration. » • Contacts : – Auto’trement, site : www.autotrement.com – Plus d’informations sur les Cigales, voir sur www.cigales.asso.fr – Voix libres : Voix libres Strasbourg est la permanence française de l’ONG suisse Voix libres. Elle lutte contre le travail des enfants et met en place des programmes de soutien pour les femmes en Bolivie. L’ONG a développé une activité de microcrédit pour que les femmes boliviennes puissent créer des activités génératrices de revenus ; le microcrédit est lié à un accompagnement dans des centres de réinsertion. Il est possible à des épargnants solidaires d’alimenter le fonds de microcrédit de Voix libres. • Contact : 15 quai Saint-Nicolas, 67000 Strasbourg, tél. : 03 88 36 61 33, site : www.voixlibres.org – Capital initiative : cette société de capital-risque solidaire a été relancée en 2011 par René Hans, un expert-comptable alsacien. En effet, ce fonds de capital-risque de proximité créé en 1997 en Alsace avait été mis en stand-by après quelques déboires. Son idée reste de soutenir l’emploi local par des prises de participation ou des prêts à moyen terme dans des entreprises en création ou en développement. Capital initiative se porte également acquéreur ZOOM Cresus, en première ligne contre le surendettement La première association Cresus – ou « Chambre assemblée générale en juillet dernier, il s’agit « d’ac- régionale du surendettement social » – est née à cueillir, d’écouter, d’accompagner les ménages Strasbourg il y a vingt ans pour lutter contre le surendettés et d’agir en faveur de la lutte contre surendettement des ménages. Le modèle de Cresus l’exclusion financière par l’éducation et la formation d’accompagnement et de recherche de solutions à l’environnement bancaire, budgétaire et financier durables pour les familles en situation de surendet- de tous ». Pour développer une plate-forme de tement a largement fait ses preuves, puisqu’il a conseillers en surendettement, basée à Strasbourg, essaimé dans toute la France au travers d’une ving- mais qui répond aux interrogations partout en taine de structures. 50 000 ménages ont été aidés France, Cresus a pu compter sur l’accompagnement en 2011. A son origine, on trouve Jean-Louis Kiehl, du mouvement Ashoka, un réseau d’entrepreneurs qui est aujourd’hui le président de la Fédération sociaux. Le mouvement a aussi expérimenté le Cresus. « Sa naissance en Alsace s’explique aussi microcrédit social accompagné ; il s’agit de petits par un droit de la consommation particulier, avec la prêts décaissés, avec le soutien du Fonds de cohé- possibilité de la faillite civile. Il nous fallait accom- sion sociale et de banques, pour financer des petits pagner ces personnes. Ensuite, les abus des crédits équipements ou de l’aide à la mobilité. Cette année, à la consommation ont débouché sur de nouveaux les bénévoles de Cresus ont créé une webradio, cas de surendettement qu’il a fallu traiter. C’est Radio Cresus, pour rompre l’isolement des personnes pourquoi nous militons toujours pour la création surendettées. d’un fichier du crédit positif, qui permettrait d’éviter • Contact : Cresus Alsace, Porte de France, 17-19- la spirale du surendettement », explique-t-il. 25 rue de Lausanne, BP 8, 67064 Strasbourg Cedex, tél. : Quelles sont les missions que se sont données les associations ? D’après les conclusions de sa dernière E. L. 03 90 22 11 34, sites : www.federationcresus.fr et www. radiocresus.fr 50 - Alternatives Economiques - Hors-série poche n° 57 bis - novembre 2012 Produire et consommer autrement des locaux ou du matériel d’entreprises en difficulté pour leur relouer à bas prix. Il est possible de soutenir cette structure en achetant des parts sociales de cette dernière. • Contact : Capital Initiative Strasbourg, site : www.capital-initiative.fr, courriel : strasbourg@ capital-initiative.fr Les échanges non monétaires – Le SEL de Strasbourg : le système d’échange local (SEL) de Strasbourg fonctionne depuis 1996, soit peu de temps après l’apparition des premiers SEL en France. Grâce à ce dispositif créateur de lien social, les quelques 100 membres du SEL strasbourgeois peuvent échanger des biens et des services, sans contrepartie monétaire, mais en s’engageant à proposer d’autres biens et services. Il est possible pour les adhérents d’échanger en direct, au travers du site Internet, et aussi lors des Bourses locales d’échanges organisées régulièrement. A Strasbourg, l’unité utilisée est le « grain de SEL » avec la correspondance : 1 minute d’échange = 1 grain de SEL. • Contacts : – Association SEL de Strasbourg, Maison des associations, Boîte 10149, 1 a place des Orphelins, 67000 Strasbourg, site : sel67.com – SEL de Lipsheim, 20 rue des Vergers, 67640 Lipsheim, tél. : 03 88 59 09 32, site : sel-lipsheim. org, courriel : [email protected] – Troc savoirs est le réseau d’échanges réciproques de savoirs (RERS) de Strasbourg. Il est situé dans le quartier de la Montagne verte. Le mouvement des RERS est fondé sur l’échange de savoirs, créateur de lien social, et sur l’idée que tout le monde en possède. • Contact : Troc savoirs, 32 rue du Docteur-Schaffner, 67200 Strasbourg, tél : 03 67 07 00 65, site : www.rers-strasbourg.eu, courriel : [email protected] Alternatives Economiques - Hors-série poche n° 57 bis - novembre 2012 - 51 Vivre autrement à Strasbourg – Chapitre ii Produire et consommer autrement S’évader, se cultiver, faire du sport Très présente dans le domaine du sport, l’économie sociale et solidaire n’est pas en reste en matière d’offre culturelle et touristique. Le tourisme Le tourisme sociaL Chaque année, plus d’un Français sur trois ne part pas en vacances pour des raisons financières ou liées à un handicap. Le tourisme social permet d’élargir l’accès aux vacances par une offre de séjours de qualité à des prix maîtrisés grâce, notamment, au statut non lucratif des opérateurs. Les Amis de la nature vantent ainsi un tourisme « doux » en proposant à leurs visiteurs une nuit dans un gîte, par exemple au cœur de la forêt rhénane, pour 5 euros pour un adulte adhérant à l’Union touristique des Amis de la nature. Cette association autrichienne créée au XIXe siècle promeut ainsi des valeurs de solidarité et de paix à travers un tourisme qui s’adresse à tous. Outre cette initiative, la Région Alsace et les agences touristiques locales ont créé un label « Tourisme et handicap » pour identifier les lieux garantissant une autonomie complète aux touristes en situation de handicap. Gîtes, hôtels, campings, restaurants…, la liste des endroits labellisés est consultable sur les sites de l’Agence de développement touristique du Bas-Rhin. Enfin, la région Alsace se distingue en matière de tourisme par l’existence de l’AJA, une agence de tourisme associatif. Celle-ci anime un réseau d’associations situées dans toute l’Alsace. Les 20 structures qu’elle rassemble s’adressent aux jeunes, aux familles, aux clubs de sport et aux classes. Certains membres organisent des séjours « Europe » à destination des jeunes sur les thèmes : mémoire, citoyenneté, interculturalité, transfrontalier et apprentissage de la langue française. L’AJA a aussi pour vocation de valoriser la région Alsace. Elle est membre de l’Union nationale des associations de tourisme et de plein air (Unat). En janvier 2013, l’AJA devient une union d’économie sociale. « Cela va nous permettre d’avoir de nouveaux adhérents et d’élargir notre action à l’économie sociale et au secteur privé, sans se restreindre au tourisme associatif », explique Sandra Fourcade, sa directrice. L’association participera désormais à la création des projets touristiques de ses adhérents, en accompagnant ceux d’entre eux voulant, par exemple, obtenir le label « Tourisme et handicap ». • Contacts : – AJA, 2 rue du Mont-Blanc, 67000 Strasbourg, tél. : 03 88 24 03 09, site : www.aja.asso.fr, courriel : [email protected] – Agence de développement touristique du Bas-Rhin, 4 rue Bartisch, 67100 Strasbourg, tél. : 03 88 15 45 88, site : www.tourisme67.com 52 - Alternatives Economiques - Hors-série poche n° 57 bis - novembre 2012 Produire et consommer autrement – L’union touristique Les Amis de la nature (Utan) gère plusieurs chalets sur le territoire de la Communauté urbaine, à Bischheim, Schiltigheim et Strasbourg. Elle s’adresse à toutes les catégories de populations. Cette association « œuvre pour la préservation de l’environnement et des milieux de vie, pour la paix et le rapprochement des peuples, pour les droits sociaux et démocratiques de tous, ainsi que pour des pratiques de loisir enrichissantes sur le plan physique et culturel ». L’Utan est membre de la Ligue de l’enseignement. • Contact : Union touristique Les Amis de la nature, 9 a rue de Genève, 67000 Strasbourg (siège social), tél. : 03 88 35 47 55, site : www.an-strasbourg.net, courriel : [email protected] Le tourisme soLidaire et équitabLe – Terres d’aventure Strasbourg : l’antenne strasbourgeoise de Terres d’aven- ture propose des séjours de tourisme solidaire, généralement des randonnées à pied, sur tous les continents. Terres d’aventure a la certification Afnor « Agir pour un tourisme responsable » de l’association ATR, qui garantit que l’activité touristique participe au développement des populations locales, que l’environnement est préservé et que les bénéfices de l’activité sont équitablement partagés. Terres d’aventure a créé une fondation, Insolites bâtisseurs, qui a trois missions : réalisation de projets de reforestation, actions de mécénat pour un développement durable et aide humanitaire d’urgence. • Contact : Terres d’aventure, 16 rue Sainte-Barbe, 67000 Strasbourg, tél. : 0825 70 08 25, site : www.terdav.com, courriel : [email protected] ; Site de la fondation : www.fondation-insolites batisseurs.com – Déroutes et détours : l’association Déroutes et détours fait depuis 2004 la promotion du tourisme équitable, avec la création d’un centre de recherches sur le voyage, la publication d’une revue, la participation à un projet de scolarisation à Bali, le soutien aux échanges Nord-Sud. • Contact : Déroutes et détours, 18 rue des Orphelins, 67000 Strasbourg, site : www.deroutes. com, courriel : [email protected] Le tourisme participatif Le tourisme participatif a pour vocation de recréer du lien entre les résidents et les visiteurs. La forme la plus connue s’appelle le « couchsurfing » (qu’on pourrait traduire par « passer d’un canapé à l’autre »). Le principe : les touristes logent chez l’habitant de la ville d’accueil gratuitement. Des réseaux sont engagés dans cette nouvelle forme de tourisme et proposent de nouvelles façons de faire. – Le woofing : il existe quelques fermes bio autour de Strasbourg accueillant des woofers, c’est-à-dire des personnes qui, contre un hébergement, acceptent de participer aux travaux agricoles et contribuent ainsi à développer les projets d’agriculture biologique de celles et ceux qui les accueillent. Les woofers ne peuvent en aucun cas se substituer à un salarié de la ferme. • Contact : Wwoof France, site www.wwoof.fr – Les « local-trotters » mettent en relation les visiteurs extérieurs ou les habitants de Strasbourg avec des résidents locaux bénévoles. Ces derniers Alternatives Economiques - Hors-série poche n° 57 bis - novembre 2012 - 53 Vivre autrement à Strasbourg – Chapitre ii Produire et consommer autrement proposent aux voyageurs de passage à Strasbourg une découverte originale et gratuite de la ville et de ses alentours. • Contact : Local-trotters de Strasbourg, site : www.local-trotter-strasbourg.com, courriel : [email protected] Se cultiver L’association Tôt ou t’art favorise l’accès à la culture des personnes en insertion ; elle organise ainsi des collectes de livres et des ateliers d’écriture pour la jeunesse. – Le cinéma L’Odyssée : l’association Les rencontres cinématographiques d’Alsace a repris en 1992 en délégation de service public le cinéma L’Odyssée. Sa programmation en fait une véritable « cinémathèque », avec un accent mis sur des festivals, des rencontres pédagogiques autour de l’image, des projections-débats. L’association a également développé une bibliothèque du film. • Contact : 3 rue des Francs-Bourgeois, 67000 Strasbourg, tél. : 03 88 75 10 47, site : www. cinemaodyssee.com, courriel : [email protected] – L’Association Tôt ou t’art, créée en juillet 2001 à l’initiative de dirigeants d’organismes d’insertion strasbourgeois, a pour vocation de favoriser l’accès à la culture pour les personnes en parcours d’insertion sociale et professionnelle. Elles peuvent avoir un accès le plus souvent gratuit à des ateliers d’écriture, des spectacles, des distributions de livres, des places dans les musées ou les cinémas. Tôt ou t’art fait partie de l’association nationale Cultures du cœur. Tôt ou t’art • Contact : Association Tôt ou t’art Cultures du cœur (Bas-Rhin), 22 rue de la Broque, 67000 Strasbourg, tél. : 03 88 13 43 30, site : www.totoutart.org – La Fédération des arts de la rue Grand Est regroupe des compagnies d’art de la rue. Il en existe une trentaine pour la seule Alsace, qui revendiquent une meilleure reconnaissance dans les politiques culturelles. La Fédération des arts de la rue est membre de l’Union fédérale d’intervention des structures culturelles (Ufisc), une fédération qui regroupe des collectifs proches de l’économie solidaire. • Contact : la-far-est.blogspot.fr/ Faire du sport Certaines fédérations et associations sportives se revendiquent pleinement de l’économie sociale et solidaire. Il en est ainsi de l’Union sportive de l’enseignement du premier degré (Usep) et de l’Union française pour les œuvres laïques d’éducation physique (Ufolep), proches de la Ligue de l’enseignement, qui proposent une approche du sport citoyen dans une optique de coopération plutôt que de compétition. D’autres réseaux sportifs s’adressent à des publics particuliers, comme les personnes handicapées, pour le sport adapté, ou les personnes en insertion, pour Sport solidarité insertion. – L’Usep 67 propose des activités sportives aux enfants des écoles primaires dans le cadre de l’école. Des animateurs Usep interviennent en appoint des 54 - Alternatives Economiques - Hors-série poche n° 57 bis - novembre 2012 Produire et consommer autrement professeurs des écoles. En outre, ils réalisent des documents pédagogiques. L’Usep a aussi vocation à former des bénévoles associatifs. • Contact : Usep 67, 15 rue de l’Industrie, 67400 Illkirch-Graffenstaden, tél. : 03 90 40 63 81, site : usep67.org – L’Ufolep 67, sur les mêmes principes d’éducation à la citoyenneté que l’Usep, fédère des associations locales, pour un public de jeunes, d’adultes ou de seniors. • Contact : Ufolep 67, 15 rue de l’Industrie, 67400 Illkirch-Graffenstaden, tél. : 03 90 40 63 76, site : www.ufolep.laligue67.org, courriel : [email protected] – EPMM Sports pour tous : les quelque 50 clubs sportifs strasbourgeois affiliés à la Fédération française EPMM Sports pour tous s’adressent à tous les âges et proposent des activités physiques de loisir. Certaines associations font aussi de la prévention santé pour les personnes âgées. • Contact : Comité départemental EPMM (CDEPMM) Bas-Rhin, Maison des sports, 4 rue JeanMentelin, 67035 Strasbourg Cedex 02, tél. : 03 88 26 94 71, site : www.sportpourtous.org/oupratiquer/67/bas-rhin.html – Le sport adapté : le Comité régional d’Alsace du sport adapté (Crasa) compte environ 1 000 licenciés et 25 clubs affiliés à la Fédération française du sport adapté (FFSA) qui proposent des activités physiques et sportives adaptées à des personnes déficientes intellectuelles. L’association Siel bleu propose elle aussi des activités physiques en direction des personnes agées et des personnes handicapées (voir page 42). • Contacts : – Crasa, 15 rue de l’Industrie, 67400 Illkirch-Graffenstaden, tél. : 03 90 40 63 69, site : www.crasa. net, courriel : jéré[email protected] – Siel Bleu : 42 rue de la Krutenau, 67000 Strasbourg, tél. : 03 88 32 48 39, site : www.sielbleu.org, courriel : [email protected] – Le sport insertion : Sport solidarité insertion est une association à but non lucratif créée en 2001 à Bischheim. Elle utilise le sport à la fois comme outil de lien social et aussi comme outil d’insertion, via des chantiers d’insertion. Dans les chantiers d’insertion, les personnes sous contrat (chômeurs, travailleurs handicapés, sortants de prison) rénovent ou fabriquent du matériel sportif, en particulier des vélos et des boomerangs. Sport solidarité insertion a une vingtaine de postes d’insertion ; l’association développe aussi des actions autour du sport en milieu carcéral. • Contact : Sport solidarité insertion, 13 c rue de l’Atome, 67800 Bischheim, tél. : 03 88 79 42 50, site : www.sportsolidariteinsertion.org – Unis vers le sport est une association créée en 2001 qui anime des programmes d’éducation et d’insertion par le sport dans les quartiers sensibles de la CUS. Par exemple, le programme Diambars Attitude, pour des jeunes de 11 à 12 ans, propose, avec le soutien d’Adidas, activités sportives, aide aux devoirs ou voyages solidaires. Le deuxième volet de l’association s’adresse aux enfants des pays en développement : aide en matériel, formation d’entraîneurs au Sénégal et au Mali. Tous les ans, Unis vers le sport organise à Strasbourg une journée du sport solidaire. • Contact : Unis vers le sport, 48 rue du Vieux-Marché-aux-Vins, 67000 Strasbourg, tél. : 03 88 16 20 19, site : www.unisverslesport.com Alternatives Economiques - Hors-série poche n° 57 bis - novembre 2012 - 55 Vivre autrement à Strasbourg – Chapitre ii Produire et consommer autrement S’informer, communiquer Au-delà des médias traditionnels, les acteurs de l’économie sociale et solidaire inventent de nouveaux usages autour des nouvelles technologies. L es nouvelles technologies, notamment Internet, ont amélioré la compétitivité des entreprises et transformé les modes de communication, de consommation et d’information. Mais elles ont également entraîné une « fracture numérique » entre ceux qui peuvent s’acheter l’équipement nécessaire et qui savent l’utiliser, et les autres. Face à cela, des initiatives tentent de favoriser l’accès à ces technologies pour le plus grand nombre, via des formations à bas prix, l’utilisation de logiciels libres de droits et le recyclage de matériels informatiques. Par ailleurs, d’autres associations promeuvent la mise en ligne des données publiques de la métropole strasbourgeoise (recensement de la population, carte des transports, adresses postales, budget…). Pour ces associations, l’ouverture de l’accès à ces données publiques est à la fois utile aux entreprises, en leur permettant de mieux connaître le marché grâce aux données sur la population, et aux particuliers, qui peuvent ainsi accéder à de nombreuses données : prix moyen des logements par quartier, état de la qualité de l’air, résultats du dernier contrôle sanitaire dans un restaurant, etc. Ces données pourraient aussi concerner le suivi du travail des élus locaux (présence aux assemblées, financement de leurs campagnes, etc.), ce qui permettrait, à terme, de faire participer plus directement les citoyens aux décisions publiques. Un bon moyen de revivifier la démocratie locale ! Les médias alternatifs Les radios associatives et les journaux alternatifs, comme Du côté de la gare, distribué gratuitement dans les commerces du quartier de la gare, ou le mensuel lesbien La lune 67, envoyé aux adhérents de l’association éponyme, constituent un véritable laboratoire d’initiatives démocratiques et sociales ! Ils permettent à tout un chacun de s’exprimer librement et d’expérimenter les différents métiers des médias. En ce qui concerne les radios associatives, la Fédération alsacienne des radios associatives (Fara) regroupe notamment les quatre radios de la Com- ZOOM Radio Arc-en-ciel, une radio locale loin des formats traditionnels Loin des formats tradition- notre région. Cela va de l’émission spéciale sur l’antenne nels, Arc-en-ciel est une radio régionale des Restos du cœur au reportage sur un associative chrétienne qui collectif d’artistes locaux, en passant par la diffusion émet tous les jours de en direct des matchs du RC Strasbourg délaissés par 2 heures à 14 heures dans les radios strasbourgeoises… », explique-t-il. De petite un périmètre de 20 km autour de Strasbourg sur la taille, la radio ne compte que trois animateurs salariés bande FM 90.7. Emissions culturelles, reportages locaux, et six bénévoles, ainsi que trois bénévoles adminis- musiques modernes, sport… « Notre antenne se dé- tratifs pour la comptabilité, la communication et marque : elle est dynamique, ouverte au dialogue, à la l’informatique. diversité et vise un public large, croyant ou non », affirme • Contact : Radio Arc-en-ciel, 168 route de Schirmeck, Cédric Kessler, responsable d’antenne. « Nous essayons 67200 Strasbourg, tél. : 03 88 79 09 01, site : www.radioarc d’être “au service” des belles idées qui germent dans enciel.com 56 - Alternatives Economiques - Hors-série poche n° 57 bis - novembre 2012 Victor Sardjeveladze Produire et consommer autrement munauté urbaine de Strasbourg : Accent 4, Arc-en-Ciel (voir « Zoom » ci-contre), Radio en construction et RBS. Une récente étude montre que plus d’un tiers des Alsaciens âgés de 13 ans et plus écoutent une radio associative alsacienne. • Quelques contacts : – Fara, 5 place de la Gare, 67600 Selestat, tél. : 03 88 92 05 60, courriel : [email protected] Liste des radios associatives de la métropole sur www.cnra.fr/FARA-Federation-Alsacienne-des – Du côté de la gare, 10 rue Déserte, 67000 Strasbourg, tél. : 03 88 75 08 78, site : ahqg.free.fr – La lune 67, Maison des associations, 1 a place des Orphelins, 67000 Strasbourg, tél. : 06 37 51 29 51, site : www.lalune67.fr Le partage du savoir, l’assistance technique solidaire et l’accès aux logiciels libres Des associations permettent au plus grand nombre d’utiliser les nouvelles technologies et d’avoir accès à une aide technique à des prix abordables. Certaines d’entre elles ainsi que des sociétés coopératives, comme Alternative assistance, aident aussi les particuliers et les entreprises à utiliser des logiciels libres de droits. • Contact : Alternative-assistance informatique, 63 route du Général-De-Gaulle, 67300 Schiltigheim, tél. : 06 60 74 02 64, site : www.alternative-assistance.fr La promotion de l’ouverture des données publiques Des associations travaillent à l’ouverture des données publiques de la métropole strasbourgeoise. C’est le cas de StrasWeb (voir « Zoom » ci-dessous) et de TC Alsace-Mobilité(s) et urbanisme, association de réflexion sur les questions d’urbanisme, qui se sont rassemblées en juin 2012 pour former le collectif « Open data Strasbourg » afin d’interpeller les élus sur l’intérêt d’ouvrir les données publiques liées à la CUS. A noter toutefois que des initiatives existent déjà, comme la Bibliothèque nationale et universitaire (BNU) de Strasbourg qui publie depuis les années 1990 son catalogue numérique ou le site Archi-Strasbourg, qui propose aux utilisateurs de recenser les bâtiments et les lieux (rues, places, etc.) de la métropole sur une plate-forme commune disponible sur le site. • Contacts : – Open Data Strasbourg, site : https://opendata.strasweb.fr, courriel : [email protected] – TC Alsace-Mobilité(s) et urbanisme, 1 place des Orphelins, 67000 Strasbourg, site : www.tc-alsace.eu – Archi-Strasbourg, 26 rue Gratien, 67200 Strasbourg, site : www.archi-strasbourg.org – Bibliothèque numérique de la BNU : www.bnu.fr/collections/la-bibliotheque-numerique ZOOM StrasWeb : des étudiants au service des professionnels Aider les associations et les PME à améliorer leur bas (même parfois gratuitement), fournis par des visibilité sur Internet, tel est la vocation de StrasWeb, étudiants formés qui acquièrent ainsi de l’expérience. association strasbourgeoise gérée par des étudiants « De plus, nos serveurs et sites Web fonctionnant en informatique. Pour Pierre Rudloff, son président, uniquement avec des logiciels libres de droits [c’est- « le service principal de l’association est la création à-dire ceux dont l’utilisation et la diffusion sont gra- de sites Internet, mais il existe également des services tuites], nous encourageons nos clients à les utiliser comme l’hébergement, la traduction de sites ou la aussi, afin de réduire leurs coûts et de ne pas être création d’affiches et de tracts ». Partant du constat dépendants d’un prestataire », ajoute Pierre Rudloff. que les sites des associations et des petites entreprises V. S. sont souvent de mauvaise qualité, faute de moyens • Contact : StrasWeb, 3 rue Mariano, 67100 Strasbourg, et de temps, StrasWeb propose ses services à des prix site : strasweb.fr, courriel : [email protected] Alternatives Economiques - Hors-série poche n° 57 bis - novembre 2012 - 57 Vivre autrement à Strasbourg – Chapitre ii Produire et consommer autrement S’engager, se retrouver De nombreuses initiatives se sont développées afin de venir en aide aux personnes les plus défavorisées et militer pour leurs droits. Certaines agissent dans des pays étrangers, d’autres localement. La solidarité internationale Si vous souhaitez vous engager dans des actions de solidarité internationale, une seule adresse, celle d’Humanis, collectif qui regroupe plus de 100 structures, nationales et locales, dont la plupart travaillent dans le champ de la solidarité internationale. Parmi celles-ci, on trouve par exemple Agir pour le Niger, dont les 170 bénévoles aident notamment chaque année, sur place, des villageois du Niger à extraire efficacement l’eau de leurs puits ou, encore, à reconstruire des écoles délabrées et créer des bibliothèques. On trouve également Solidarité entraide Madagascar, qui aide les paysans malgaches de la côte est du pays à accéder à l’eau potable et à construire des écoles et des centres de soins. En période de cyclone, l’association met aussi en place des programmes d’urgence de distribution alimentaire. On trouve aussi au sein du collectif Humanis des antennes d’associations nationales ou internationales, représentées par un groupe local dans la métropole strasbourgeoise. Ainsi d’Action contre la faim, qui alerte l’opinion sur la nature et l’ampleur des problèmes liés à la malnutrition dans le monde. Pour cela, elle agit sur le terrain et sensibilise le grand public au sort des populations via des campagnes d’information, des communiqués et des conférences. • Contacts : – Humanis, 7 rue du Héron, 67300 Schiltigheim, tél. : 03 88 26 26 26, site : www.humanis.org – La liste des associations membres est disponible sur www.humanis.org/annu/membres-huma.htm ZOOM Association Plurielles, pour l’insertion des migrantes « Notre objectif : l’insertion sociale et professionnelle pour que les femmes puissent découvrir le lieu d’accueil des femmes migrantes », résume Dalila Saidi, coordi- parents enfant, la halte-garderie, la crèche… » Deuxième natrice de l’accompagnement à l’emploi de l’association axe d’intervention, celui de l’insertion professionnelle, Plurielles, à Strasbourg. Cette association, créée offi- qui concerne les femmes en recherche active d’emploi. ciellement en 2000 (mais un collectif existait depuis « L’association Plurielles leur propose des actions 1995), propose deux axes d’intervention pour les d’accompagnement à l’emploi, avec des ateliers de femmes migrantes. Un axe « accès à l’insertion sociale », découverte du monde du travail, où les démarches à qui se traduit par des cours de français et des réunions effectuer sont expliquées, et des cours de français d’information qui permettent d’échanger sur les insti- appliqué au monde du travail, des cours d’apprentissage tutions du pays, leur fonctionnement démocratique de l’outil informatique… », développe Dalila Saidi. ainsi que sur les droits des femmes. « Nous cherchons L’association, soutenue par de nombreux financeurs à donner aux femmes des outils pour mieux s’intégrer, (Agence régionale de santé, Caisse d’allocation familiale, avec des moments d’échange et de fête, explique CUS, Fonds social européen [voir page 84]…), accueille Dalila Saidi. Par ailleurs, nos actions se font aussi en près de 190 femmes chaque année. lien avec d’autres associations et structures du quartier. • Contact : Association Plurielles, 1 bd de Nancy, Par exemple, nous sommes présentes aux fêtes de 67000 Strasbourg, Tél. : 03 88 32 82 53, site : www.plurielles. quartier, nous travaillons avec la maison de l’enfance mobi, courriel : [email protected] 58 - Alternatives Economiques - Hors-série poche n° 57 bis - novembre 2012 D. B. Produire et consommer autrement La réinsertion sociale La solidarité dans la métropole strasbourgeoise concerne également la réinsertion sociale des plus précaires, comme les demandeurs d’asile ou les sans domicile fixe. Cette solidarité embrasse plusieurs domaines d’intervention : le logement, la santé, l’éducation et l’insertion professionnelle. Parmi ces associations, la Fédération nationale des associations d’accueil et de réinsertion sociale (Fnars) fédère près de 900 associations et organismes publics d’accueil, d’aide et d’accompagnement des sans-abri. La Cimade, quant à elle, défend les droits des étrangers, comme ceux de se soigner, de s’éduquer ou de se loger, et milite contre les expulsions abusives de demandeurs d’asile. Enfin, la Banque alimentaire distribue aux plus défavorisés des produits alimentaires collectés gratuitement auprès de la grande distribution ou donnés par des consommateurs, certains producteurs ou par l’Etat. Des associations ancrées localement, parfois attachées à un quartier, existent. Elles contribuent au maintien de la cohésion sociale dans certaines zones défavorisées de la métropole. C’est le cas de Plurielles, qui aide les femmes immigrées vivant dans le quartier de la gare de Strasbourg à s’insérer économiquement et socialement, en organisant des cours de français ou des séances d’initiation à la recherche d’un emploi. • Contacts : – Fnars Alsace, C/o Humanis, 7 rue du Héron, 67300 Schiltigheim, tél. : 03 88 26 26 26, site : www. fnars.org, courriel : [email protected] – Cimade Alsace-Lorraine, 13 quai Saint-Nicolas, 67000 Strasbourg, tél. : 03 88 36 94 56, site : www.cimade.org, courriel : [email protected] – Banque alimentaire du Bas-Rhin, 98 rue de la Plaine-des-Bouchers, 67100 Strasbourg, tél. : 03 88 40 30 40, site : www.bancalim67.org, courriel : [email protected] – Plurielles, 1 bd de Nancy, 67000 Strasbourg, tél. : 03 88 32 82 53, site : www.plurielles.mobi – Association Mosaïque, restaurant d’insertion et service traiteur, 23 rue Marschallhof, 67100 Strasbourg, tél. : 03 88 39 05 16, site : www.mosaique-restaurant.com ZOOM La solidarité vue par Par Enchantement Classé en zone urbaine sensible (ZUS), le quartier Koenigshoffen est un des plus défavorisés de Strasbourg. Chômage, isolement et précarité sociale concernent de nombreux habitants de ce quartier HLM. C’est aussi ici que l’association Par Enchantement, qui accompagne les projets collectifs des familles du quartier, est installée. Marie-Christine Carayol, sa directrice, détaille : « Nous accompagnons aussi bien l’organisation d’activités de vacances pour les enfants, de sorties de loisir ou culturelles, d’ateliers sportifs Mais, plus que le vivre ensemble, c’est aussi la sortie que des groupes de parole de parents deux matinées de l’isolement des femmes que l’association vise. « Grâce par mois. » Le but de cette initiative ? « Recréer du aux groupes de parole réguliers, les femmes isolées lien social entre les habitants du quartier, parfois vont de nouveau vers les autres, reprennent peu à peu d’âge, de culture ou de milieu social différents. » Et une place dans un groupe, retrouvent confiance en elles ça marche ! « Nous avons chaque jour des témoi- et élaborent même un projet professionnel. » gnages positifs », raconte Marie-Christine Carayol. • Contact : Par Enchantement, 55 rue de la Charmille, « Des personnes qui auparavant faisaient preuve 67200 Strasbourg, tél. : 03 88 12 37 78, site : www. d’une certaine méfiance montent aujourd’hui des associationparenchantement.com, courriel : contact@ projets avec d’autres ! » associationparenchantement.com Alternatives Economiques - Hors-série poche n° 57 bis - novembre 2012 - E. L. 59 Vivre autrement à Strasbourg – Chapitre iii Entreprendre autrement Entreprendre autrement D. R. Des conseils pratiques, des témoignages et des exemples afin de bien choisir son statut et bénéficier au mieux des réseaux de financement et d’accompagnement qui soutiennent les porteurs de projets alternatifs. Michel Sexauer est le gérant de Scoprobat, qui emploie 105 salariés, dont 57 en insertion. Cette Scop est présente dans des activités aussi diverses que le nettoyage des rues, la blanchisserie, l’entretien d’espaces verts ou encore le BTP. 60 - Alternatives Economiques - Hors-série poche n° 57 bis - novembre 2012 Entreprendre autrement Choisir son statut A ctivités viables délocalisées, rémunérations excessives des dirigeants de sociétés, questionnement sur la responsabilité sociale et environnementale des entreprises… : le mode de fonctionnement des grandes entreprises capitalistes est de plus en plus remis en cause. Pourtant, le désir d’entreprendre des Français reste élevé, malgré la crise et une baisse relative du nombre de créations d’auto-entreprises. Etre son propre « patron », faire fortune et se réaliser sont les principales motivations des chefs d’entreprise, des porteurs de projet. Mais un nombre croissant d’entre eux se définissent comme des « entrepreneurs sociaux ». Leur volonté ? Mettre leurs compétences professionnelles au service d’un projet en cohérence avec leurs valeurs ; démontrer qu’il est possible de développer une activité économique à la fois rentable et utile socialement ; concilier économie, social et protection de l’environnement dans une logique de développement durable, etc. Mais quand on souhaite entreprendre autrement, il vaut mieux être accompagné, et ce à toutes les étapes de son projet. Quel statut choisir (association, coopérative, entreprise d’insertion…) ? A-t-on droit aux mêmes aides que lorsque l’on crée une entreprise traditionnelle ? Vous trouverez dans ce chapitre des informations pour mieux connaître les statuts, les réseaux de financement ainsi que les structures d’accompagnement. En effet, les dispositifs locaux viennent renforcer ceux existant au niveau national. Les différents statuts Société coopérative de production, association, entreprise d’insertion…, le choix du statut pour entreprendre est loin d’être indifférent. Tour d’horizon. Les coopératives Une coopérative est un groupement qui a pour but de rendre service à chacun de ses membres. Ainsi, les coopératives agricoles peuvent offrir des débouchés aux exploitations qui en font partie, les banques coopératives des services à leurs clients, qui en sont également sociétaires. Les sociétés coopératives et participatives (Scop) regroupent quant à elles les entreprises ayant le statut de société coopérative de production (Scop) ou de société coopérative d’intérêt collectif (Scic). Si elles sont soumises à un impératif de profitabilité comme n’importe quelle entreprise classique, elles ont en revanche un mode de gouvernance démocratique. Ainsi, dans les Scop, les salariés sont associés majoritaires et le dirigeant est élu par les salariés-associés (voir page 62). Dans les Scic (voir page 65), les membres associés au capital sont par définition de toutes natures : salariés mais aussi clients, bénévoles, collectivités territoriales, partenaires privés. Par ailleurs, il existe des coopératives d’activités et d’emploi qui permettent aux porteurs de projets de tester leur activité dans un cadre sécurisé (voir page 66). Alternatives Economiques - Hors-série poche n° 57 bis - novembre 2012 - 61 Vivre autrement à Strasbourg – Chapitre iii Entreprendre autrement Les sociétés coopératives de production (scop) On dénombre en France près de 2 000 Scop (+ 36 % en dix ans), regroupant un peu plus de 40 000 salariés. Leur chiffre d’affaires cumulé atteint 3,7 milliards d’euros en 2011. Si elles sont présentes dans tous les secteurs d’activité, elles sont particulièrement nombreuses dans ceux de la construction et de l’industrie. Cependant, aujourd’hui, les deux tiers des créations de Scop concernent le secteur des services. Outre sa gestion démocratique selon le principe « une personne = une voix » – chaque associé a le même pouvoir quel que soit le nombre de parts sociales détenues –, une Scop se distingue des autres entreprises par le fait qu’elle est contrôlée par ses salariés. Sur le plan de la gouvernance, une Scop peut prendre la forme d’une société anonyme (SA) – le conseil d’administration étant élu par les associés et désignant le PDG en son sein – ou d’une société à responsabilité limitée (SARL) – dont le gérant est directement élu. Les salariés-associés doivent détenir au minimum 51 % du capital social de l’entreprise et contrôler 65 % des droits de vote. Des associés non salariés – personnes physiques ou morales – peuvent se joindre au projet, mais ceux-ci doivent rester minoritaires en capital et en voix. Parallèlement, tous les salariés ne sont pas tenus d’être associés, mais ils ont tous vocation à le devenir. Quant aux réserves, auxquelles doivent être affectés en moyenne 40 à 45 % du résultat, elles sont impartageables. Elles viennent grossir les fonds propres de l’entreprise. De quoi assurer sa pérennité. Un des intérêts du statut Scop tient aux incitations financières qui lui sont associées. Au-delà des multiples dispositifs de financement (voir page 80), les Scop bénéficient en effet d’un régime fiscal spécifique. Certes, la taxe professionnelle, à laquelle elles n’étaient pas soumises, a disparu pour toutes les entreprises depuis le 1er janvier 2011, mais les Scop restent exonérées de la nouvelle contribution économique territoriale (CET). Par ailleurs, elles bénéficient d’une assiette réduite concernant l’impôt sur les sociétés, le montant du résultat affecté à la « part travail » – qui a le même statut que la participation – étant déductible du bénéfice imposable. Des « portes d’entrée territoriales » Un « laboratoire européen » : c’est ainsi que se parcours d’accompagnement. Deux de ces portes positionne la Communauté urbaine de Strasbourg sont axées sur l’ESS : Alsace active et l’agence conseil dans le cadre de sa stratégie « Strasbourg éco 2020 ». des entreprises culturelles Ogaca. Mais tous les Cette dernière se base sur cinq « E » – européenne, autres membres du réseau y ont aussi été sensibi- entreprenante, expérimentale, écologique et éthique – lisés. Ils peuvent donc apporter une première infor- et doit permettre à la Communauté de franchir une mation sur le secteur à toute personne qui souhaite nouvelle étape dans son développement économique. développer un projet. Vous pouvez les solliciter mais, L’économie sociale et solidaire en fait partie. d’ores et déjà, vous trouverez dans ce guide de Ainsi, un réseau de « neuf portes d’entrée territo- nombreuses informations. riales » sur la création et la reprise d’entreprise, • Pour en savoir plus : www.strasbourg.eu, onglet constituées d’opérateurs de la création d’entreprise, « Développement et rayonnement », rubrique « Déve- a été formé afin d’accueillir tous les porteurs de loppement économique », section « Entrepreneuriat et projet. Il leur apporte des informations fiables et emploi » puis « Création et reprise d’entreprises », tél. : une orientation permettant d’initier un véritable 03 88 43 63 96, courriel : [email protected] 62 - Alternatives Economiques - Hors-série poche n° 57 bis - novembre 2012 Entreprendre autrement Les Scop sont regroupées, avec les Scic, au sein de la Confédération générale des Scop (CGScop). Ce réseau est lui-même constitué d’unions régionales qui accompagnent les projets, dispensent des formations et des conseils et permettent d’avoir accès à un certain nombre d’outils financiers spécifiques. En Alsace, il existe une quarantaine de Scop faisant travailler un millier de salariés. Transmettre ou reprendre une entreprise en Scop Des milliers de dirigeants d’entreprise vont partir à la retraite dans les prochaines années. Pourquoi ne pas faciliter la transmission de ces entreprises à leurs salariés sous forme coopérative quand ils le souhaitent ? ENTRETiEN « Les coopératives peuvent être le trait d’union entre l’ESS et l’économie marchande » Quel est le panorama que l’on peut faire des coopératives en Alsace ? comme le développement durable (EcoScop, un L’Alsace compte 45 Scop et tivités et d’emploi Artenréel). Nous devons aussi Scic, pour 1 000 salariés. Parmi bureau d’études sur l’environnement ; la Scic Haute Alsace Recyclage) ou la culture (la coopérative d’acaméliorer les relations de travail entre les Scop. les Scop adhérentes, il y a beaucoup d’entreprises d’inserD. R. tion, dont les valeurs nous sont Sur quels partenaires comptez-vous pour développer les coopératives ? Hervé Mareschal, proches. Elles sont très dyna- L’URScop a une convention avec la Région Alsace président de l’URScop d’Alsace – Lorraine – Champagne-Ardenne depuis 2006, directeur de la Scop STPM (société de travaux publics Mader) à Guebwiller miques, comme Scoprobat, qui afin de développer les nouvelles Scop et Scic et est le fruit de la fusion de d’utiliser pour cela les aides régionales à la création trois structures, ou la Scop d’entreprise de droit commun. D’autres collectivités Espaces verts, qui vient quant telles que la Communauté urbaine de Strasbourg (CUS) à elle de créer la filiale Ginkgo aident des Scop à se créer, comme les coopératives Espaces verts, une entreprise d’activités et d’emploi. La CUS et certaines des villes adaptée. Autre caractéristique qui la composent ont ainsi aidé au démarrage des des Scop alsaciennes, elles Scic Auto’trement ou Habitat de l’Ill. Chaque Scop sont, pour une part d’entre elles, issues de reprises prise isolément peut faire appel à des financements d’entreprises en difficulté. solidaires, que ce soit ceux du mouvement coopératif (comme Socoden), des banques coopératives très Quels sont les objectifs que s’est donnés l’URScop ? présentes localement ou encore d’Alsace active. Nous avons l’ambition de doubler le nombre de coopératives présentes sur le territoire en cinq ans, que ce soit par des créations, des reprises ou des Quel rôle jouent les coopératives dans la promotion de l’ESS locale ? transmissions viables sur le plan économique. L’Alsace Nous disons que nous sommes d’abord présents, a un tissu de PME important. Tous les jours, nous comme SA ou SARL, dans la réalité économique constatons que les Scop, grâce à leurs réserves locale. Nous sommes des acteurs économiques, statutaires, résistent mieux que les autres PME. Nous avec des finalités différentes. Les coopératives continuons de mettre l’humain au centre de nos peuvent être le trait d’union entre l’économie sociale préoccupations. Quand les Scop ont des difficultés, et solidaire (ESS) et l’économie marchande. C’est elles ne pensent pas à licencier les gens d’abord, pourquoi nous sommes impliqués dans les réseaux mais à rechercher d’autres solutions : chômage économiques, comme dans les réseaux solidaires, partiel, retour en formation, travail sur de nouveaux telle la Chambre régionale de l’économie sociale (Cres) marchés. L’Union régionale des Scop est aussi là pour d’Alsace. les aider dans leur conduite du changement. Un de • Contact : Union régionale des Scop d’Alsace – Lor- nos autres objectifs est de continuer à accompagner raine – Champagne-Ardenne, 5 rue Morey, 54000 Nancy, les jeunes coopératives dans les nouveaux secteurs, tél. : 03 83 37 47 80, courriel : [email protected] Propos recueillis par Eric Larpin Alternatives Economiques - Hors-série poche n° 57 bis - novembre 2012 - 63 Vivre autrement à Strasbourg – Chapitre iii Entreprendre autrement Maîtrisant les savoir-faire et ayant la confiance des clients, ils constituent souvent les successeurs les plus pertinents après le départ de l’entrepreneur. Mais à condition de s’y préparer. Pour cela, l’Union régionale des Scop d’Alsace – Lorraine – Champagne-Ardenne (voir page 63) organise l’accompagnement des repreneurs d’entreprise sous forme de Scop, avec notamment des matinées d’information sur le sujet. Le diagnostic du projet de reprise, la rédaction des statuts, les formalités juridiques ou l’étude de faisabilité économique sont autant de domaines dans lesquels l’union régionale intervient auprès des repreneurs. Par ailleurs, cet organisme apporte une aide importante dans la recherche de financements. Le ministre de l’Economie sociale et solidaire a d’ailleurs souhaité instituer une obligation de consulter les salariés sur leur volonté de reprendre leur entreprise en cas de projet de reprise par une autre structure. ZOOM Scoprobat, la fusion de trois coopératives au Neuhof Au Neuhof, les habitants du quartier avaient pris l’habitude des trois enseignes qui leur fournissaient du travail et amélioraient leur cadre de vie. En début d’année, les trois entreprises (Bati-Scot, Proxim et Point Lavande) sont devenues une seule et même coopérative : Scoprobat. « La première des structures, Bati-Scot, a été créée en 1981 par un club de prévention spécialisée, pour donner du travail à des personnes en difficulté dans les métiers du BTP, se souvient Michel Sexauer, l’actuel gérant. enfants de nos premiers salariés. » Ce qui est à la fois le signe de la compétence qu’ont développée les équipes de Scoprobat au fil des années, mais CUS Aujourd’hui, nous accueillons dans la Scop les Scoprobat est le fruit de la fusion de trois structures, dont la laverie entreprise d’insertion Point Lavande. aussi la marque de territoires en proie aux problèmes de toutes sortes. A Bati-Scot sont venues s’ajouter passées dans les trois enseignes du quartier. La l’association Proxim en 1993 (devenue une Scop fusion doit-elle aussi être une nouvelle étape de en 2001), afin de répondre à des appels d’offres de développement ? « Pourquoi pas, estime Michel la collectivité pour le nettoyage des rues et l’entre- Sexauer. Les besoins restent importants, notamment tien des espaces verts, puis la laverie Point Lavande, dans des secteurs d’activité complémentaires à une entreprise d’insertion reprise en 2002, à la ceux que nous maîtrisons déjà. Pour autant, l’oppor- demande de la ville. « Avec ce nouveau métier, est tunité de développer notre volume d’affaires sans apparue très vite la nécessité de mieux mutualiser accroître l’offre d’insertion peut provoquer des les fonctions des trois Scop, en les fusionnant, déséquilibres économiques mais aussi éthiques souligne Michel Sexauer. Un autre objectif était dommageables. Or nous subissons depuis plusieurs que les salariés soient moins frappés par les baisses années une érosion importante des financements d’activité qui pouvaient toucher leur métier, en liés à notre prestation sociale, notamment en ce fonction de baisses de financements ou d’appels qui concerne le montant de l’aide aux postes, qui d’offres manqués. » Aujourd’hui, Scoprobat compte fragilise considérablement les secteurs d’activité 105 salariés, dont 57 postes d’insertion. Le chiffre où la concurrence est forte, le bâtiment en parti- d’affaires est de 3,7 millions d’euros et des inves- culier. » tissements ont été régulièrement réalisés, grâce • Contact : Scoprobat, 7 rue des Eyzies, BP 30051, aux réserves coopératives. Depuis le démarrage de 67020 Strasbourg Cedex 011, tél. : 03 88 79 08 34, site : Bati-Scot, plusieurs milliers de personnes sont donc www.scoprobat.fr 64 - Alternatives Economiques - Hors-série poche n° 57 bis - novembre 2012 E. L. Entreprendre autrement Signalons enfin que la reprise en Scop peut être une solution pour reprendre des entreprises en difficulté, une solution qui peut se révéler efficace quand l’entreprise a subi un accident de parcours mais qu’elle reste structurellement viable. Les créations ou reprises d’entreprise en Scop supposent néanmoins qu’émerge un groupe de personnes désireuses de travailler ensemble sur une base relativement égalitaire et partageant un projet collectif. Elles supposent aussi que se dégage une équipe capable d’assurer la direction de l’entreprise. • Contact : Union régionale des Scop d’Alsace – Lorraine – Champagne-Ardenne, 5 rue Morey, 54000 Nancy, tél. : 03 83 37 47 80, courriel : [email protected] Des outils financiers spécifiques Il existe des dispositifs d’aide financière spécifiques aux coopératives, qu’il s’agisse de créations ou de reprises d’entreprise : – La Socoden, ou Société coopérative d’entraide, accompagne les projets de reprise en Scop grâce à deux outils financiers : des prêts personnels afin d’anticiper la formation du capital des associés et des prêts participatifs sans garantie pour financer des investissements immatériels et le fonds de roulement. La durée de ces prêts est de trois ou cinq ans. – Spot est une société de capital-risque qui se consacre au soutien financier des coopératives. Allant de 30 000 à 150 000 euros, son aide peut prendre la forme d’un capital ou de prêts participatifs. – La Sofiscop, ou Société financière des Scop, apporte sa garantie aux emprunts obtenus par les repreneurs d’une activité sous forme de Scop en finançant une partie de la caution (entre 30 % et 50 %). Cette société de caution mutuelle offre également son expertise aux Scop dans la réalisation de leurs montages financiers. Par ailleurs, il existe d’autres outils de financement auxquels peuvent prétendre les coopératives (voir pages 80 et suivantes). • Contacts : – Union régionale des Scop d’Alsace – Lorraine – Champagne-Ardenne, 5 rue Morey, 54000 Nancy, tél : 03 83 37 47 80, courriel : [email protected] – Confédération générale des Scop, 37 rue Jean-Leclaire, 75017 Paris, tél. : 01 44 85 47 00, site : www.les-scop.coop Les sociétés coopératives d’intérêt coLLectif (scic) Les sociétés coopératives d’intérêt collectif (Scic) fonctionnent selon les mêmes principes juridiques que les Scop. C’est pourquoi elles font également partie de ce que l’on appelle désormais les sociétés coopératives et participatives. Mais, contrairement aux Scop, elles ne sont pas exonérées de la contribution économique territoriale. Selon la loi coopérative de 1947, modifiée en 2001 pour porter création des Scic, elles ont pour but de produire ou fournir « des biens ou des services d’intérêt collectif qui présentent un caractère d’utilité sociale ». Leur particularité par rapport aux Scop est d’associer autour du même projet des acteurs venant d’horizons différents : salariés, bénévoles, usagers, collectivités publiques… Les Scic sont soumises à l’obtention d’un agrément préfectoral chargé de valider l’intérêt collectif de leur projet. Et depuis 2012, l’obtention de celui-ci n’est plus un préalable au lancement de l’activité, afin de faciliter l’entrée au capital des collectivités locales. Alternatives Economiques - Hors-série poche n° 57 bis - novembre 2012 - 65 Vivre autrement à Strasbourg – Chapitre iii Entreprendre autrement Ainsi, la Scic Auto’trement propose un service d’auto-partage aux habitants de Strasbourg pour des trajets réguliers ou ponctuels, du domicile au travail ou entre deux zones de la métropole par exemple (voir « Zoom » page 33). Ainsi, les voitures peuvent être utilisées par de nombreuses personnes dans une même journée. Ce qui constitue un gain économique et écologique important ! • Contacts : – Confédération générale des Scop, site : www.les-scic.coop – Auto’trement, 5 rue Saint-Michel, 67000 Strasbourg, tél. : 03 88 23 73 47, site : www. autotrement.com, courriel : [email protected] Les coopératives d’activités et d’empLoi La majorité des jeunes structures disparaissent avant d’atteindre leur troisième année d’existence, et ce malgré les dispositifs d’aide à la création d’entreprise. Pour lutter contre ce phénomène, un nouveau statut a vu le jour : la coopérative d’activités et d’emploi (CAE). Constituées en Scop ou en Scic, ces structures accueillent des entrepreneurs individuels auxquels elles offrent un statut de salarié, un encadrement et un échange avec d’autres porteurs de projet. Ces derniers bénéficient ainsi du réseau de la CAE et d’un statut protecteur le temps de tester leur idée. Dans la Communauté urbaine de ZOOM INDIBATP, une économie solidaire qui rassemble années, nous sommes passés de 100 à 200 équivalents temps plein. » INDIBATP gère pour les entreprises la mise à disposition de personnes en contrat d’alternance, en les préparant à l’emploi (formations Il n’y a sans doute pas beaucoup de société coo- préqualifiantes, préparations opérationnelles à pérative d’intérêt collectif (Scic) avec une gouver- l’emploi) et en œuvrant pour que leur passage en nance semblable à celle d’INDIBATP. En effet, à côté entreprise débouche sur un emploi durable. 70 % des deux collèges traditionnels pour les salariés et des personnes passées dans un des Geiq retrouvent pour les structures d’insertion qui en sont à l’origine, soit une formation, soit un travail salarié, soit, le on en trouve un troisième pour les organisations plus souvent, un emploi dans leur entreprise d’ac- professionnelles du patronat, la Fédération régionale cueil. « Notre objectif est de répondre aux problé- du BTP, l’Union des industries et des métiers de la matiques des entreprises sur l’insertion, complète métallurgie (UIMM) et le Medef. Elles ont même Thomas Loch. Que ce soit des PME régionales, qui accepté d’abonder le capital à hauteur de 10 000 euros n’ont pas de direction des ressources humaines, chacune (du coup, elles sont devenues majoritaires ou des grands groupes comme Eiffage ou Vinci, qui en capital sans avoir la majorité des voix). Dans doivent intégrer les exigences des clauses sociales quel objectif ? La Scic INDIBATP propose des services présentes dans les appels d’offres. Nous rendons et des formations aux entreprises et aux demandeurs un service à l’ensemble des professions du BTP et d’emploi dans le secteur du BTP sur la région. Elle de l’industrie. » Si INDIBATP a dû faire preuve de mutualise ainsi les moyens des entreprises alsa- sa légitimité auprès des organisations patronales, ciennes adhérentes de quatre groupements d’em- elle a dû aussi vaincre les réticences de l’économie ployeurs pour l’insertion et la qualification (Geiq) sociale, qui ne voyait pas d’un bon œil cette intru- et d’une entreprise de travail temporaire d’inser- sion dans ses statuts. Le pari de ce dialogue à trois tion (ETTI). « Lorsque nous avons créé la Scic INDIBATP est gagné : 300 personnes étaient dans le circuit en 2006, nous voulions être plus efficaces pour les d’insertion d’INDIBATP en 2012. 150 entreprises adhérentes des Geiq de l’industrie • Contact : iNDiBATP, 9 place Broglie, CS 50014, et du BTP et pour les salariés en insertion, se sou- 67068 Strasbourg Cedex, tél. : 03 88 24 87 00, site : www. vient Thomas Loch, son directeur. En quelques indibatp.com, courriel : [email protected] 66 - Alternatives Economiques - Hors-série poche n° 57 bis - novembre 2012 E. L. Entreprendre autrement Strasbourg, il existe trois coopératives d’activités et d’emploi : Artenréel, pour les métiers artistiques et culturels (voir « Zoom » pages 68-69), Coopénates, spécialisée dans le service à la personne, et Antigone, centrée sur les métiers du développement durable. • Contacts : il existe deux réseaux nationaux de coopératives d’activités et d’emploi, Coopérer pour entreprendre (www.cooperer.coop) et Copéa (www.copea.fr). L’insertion par l’activité économique Le secteur de l’insertion par l’activité économique (IAE) regroupe de nombreuses structures aux statuts différents. Mais ces entreprises, chantiers ou encore associations ont un objectif commun : permettre aux personnes en situation d’exclusion par rapport au marché du travail de retrouver un emploi par le biais d’un parcours adapté. Pour bénéficier de ce type de dispositif, un agrément délivré par Pôle emploi pour une durée maximale de 24 mois est obligatoire, celui-ci étant réservé aux personnes rencontrant de grandes difficultés sociales et professionnelles. Les associations intermédiaires Nées dans les années 1980, les associations intermédiaires (AI) sont conventionnées par l’Etat et exonérées de cotisations patronales et d’assurances sociales. Depuis près de vingt-cinq ans, elles créent des passerelles entre des personnes coupées du monde de l’emploi et des particuliers, collectivités locales ou entreprises ayant besoin de main-d’œuvre. Les associations intermédiaires peuvent intervenir dans tous les secteurs de l’économie, hors activités encadrées (petite enfance, travaux de plomberie ou électricité…). Elles proposent principalement des activités de service comme le repassage, le ménage ou encore l’entretien d’espaces verts. Deux contrats sont signés : l’un avec le salarié, en contrat à durée déterminée (CDD), et l’autre avec le client concerné. Pour prétendre à ce type de contrat, la personne doit obtenir une convention de Pôle emploi, travailler un nombre d’heures limité (480 heures maximum sur l’année) et exercer une activité qui ne comporte pas un caractère dangereux. En croissance jusqu’au début des années 2000, le développement des AI s’est ralenti depuis plusieurs années, du fait de l’arrivée d’entreprises classiques sur le marché des services à la personne. Il existe trois AI dans la Communauté urbaine de Strasbourg – Allo Job, GermAlsace et Logiservices –, pour plus d’une vingtaine sur l’Alsace. • Contacts : – Allo Job, 43 rue du Faubourg-de-Saverne, 67000 Strasbourg, tél. : 03 88 22 80 22, site : www. allo-job.com, courriel : [email protected] – GermAlsace, 10 rue Sainte-Marguerite, 67000 Strasbourg, tél. : 03 88 81 75 33, site : www. laser-emploi.fr/germa, courriel : [email protected] – Logiservices, Centre commercial de l’Esplanade, cour d’Oxford, 67000 Strasbourg, tél. : 03 88 61 13 14, site : www.logiservices.fr, courriel : [email protected] – Union nationale des associations intermédiaires (UNAi), 10 rue Saint-Paul, 87000 Limoges, tél. : 05 55 10 13 50, site : www.unai.fr Alternatives Economiques - Hors-série poche n° 57 bis - novembre 2012 - 67 Vivre autrement à Strasbourg – Chapitre iii Entreprendre autrement Les ateLiers et chantiers d’insertion Les ateliers et chantiers d’insertion (ACI) constituent la première étape vers le retour à l’emploi pour les personnes exclues du marché du travail. Ces personnes doivent être obligatoirement inscrites à Pôle emploi et être allocataires des minima sociaux. Les biens et services qu’elles produisent dans le cadre des ACI peuvent être vendus dans la mesure où cette commercialisation contribue aux activités d’insertion sociale et professionnelle des personnes embauchées ; sachant que les recettes ne doivent pas dépasser 30 % du budget total des structures. Dans le Bas-Rhin, il existe 34 ACI, dont 21 sont implantés dans la Communauté urbaine de Strasbourg. • Contact : Pour connaître la liste des ateliers et chantiers d’insertion, rendez-vous sur www. ursiea.org/main.php?page=structures&type=5 Les entreprises d’insertion Les entreprises d’insertion (EI) constituent généralement le bout de la chaîne du système d’insertion par l’activité économique, avant le retour de la personne sur le marché du travail classique. Leur forme juridique est libre ZOOM Artenréel, la coopérative culturelle qui fait des émules Les coopératives d’activités et d’emploi (CAE) sont services à la personne et métiers du développement en pleine croissance en Alsace. Soutenues par les durable (notamment NTIC, services aux entreprises collectivités territoriales sur la dimension d’accom- et commerces). Les principes demeurent ceux de pagnement de projets, elles se sont développées toutes les CAE : pouvoir développer un projet indi- depuis 2004 pour répondre aux besoins des acteurs viduel dans un cadre collectif protecteur. locaux. Elles s’adressent, mais pas exclusivement, « La première coopérative est née en 2004, pour à des demandeurs d’emploi ou des bénéficiaires développer une filière économique dans les métiers des minima sociaux qui veulent tester leur projet artistiques, explique Joël Beyler, directeur adjoint tout en bénéficiant des avantages d’un contrat de d’Artenréel. L’idée est née au sein de l’Ogaca, une travail permis par les coopératives d’activités. agence conseil en accompagnement d’artistes. Alors que les CAE du réseau Coopérer pour entre- Notre gérant actuel, Stéphane Bossuet, est le père prendre ont été bâties sur des bases généralistes, fondateur des CAE en Alsace. La forme de la CAE c’est-à-dire qu’elles regroupent des entrepreneurs répond parfaitement aux problématiques du sec- venus d’horizons professionnels très différents, les trois coopératives nées au fil des années à Strasbourg couvrent des secteurs bien définis : arts et culture, teur : pluri-activité, cohabitation de statuts différents, dynamique de projets collectifs. » Artenréel a inspiré depuis d’autres CAE culturelles, à Marseille, Orléans, La Réunion, ou encore la coopérative parisienne Clara, qui fait partie de la société coopérative d’intérêt collectif (Scic) culturelle Atla, alors qu’Artenréel a adopté le statut de Scop. Artenréel regroupe une centaine d’entrepreneurs-salariés (les membres de la coopérative deviennent salariés au Louis Lezzi - Aleksandra Kubuschok premier euro de chiffre d’affaires) et une quinzaine de sociétaires, pour un budget global de 1,8 million d’euros. Tous les domaines artistiques sont représentés : spectacle vivant (musique, théâtre), arts plastiques, arts graphiques et visuels, coordination de projets. Les projets collectifs sont mis en avant et permettent de Artenréel est une coopérative d’activités et d’emploi spécialisée dans les arts et la culture, qui regroupe une centaine d’entrepreneurs-salariés. répondre en commun à des appels d’offres ou à des propositions de travail, comme une programmation musicale estivale à Strasbourg ou l’animation d’un 68 - Alternatives Economiques - Hors-série poche n° 57 bis - novembre 2012 Entreprendre autrement – les entreprises d’insertion peuvent ainsi avoir le statut d’association –, mais elles se situent obligatoirement sur un marché concurrentiel. Présentes dans de nombreux secteurs d’activité, elles ont pour objectif d’accompagner des personnes en difficulté d’insertion : des demandeurs d’emploi de longue durée, des jeunes en difficulté ou des anciens détenus. Ces personnes signent un contrat à durée déterminée d’insertion (CDDI), renouvelable deux fois sur une période maximale de vingt-quatre mois. Dans la métropole de Strasbourg, on compte 18 entreprises d’insertion, présentes dans de nombreux secteurs tels que le bâtiment, le recyclage ou la protection de l’environnement. • Contacts : Union régionale des structures d’insertion par l’économique d’Alsace (URSiEA), site : www.ursiea.org Les entreprises de travaiL temporaire d’insertion Les entreprises de travail temporaire d’insertion (ETTI) s’apparentent beaucoup à des agences d’intérim, mais elles sont destinées à des personnes qui se trouvent en fin de parcours d’insertion. La personne en insertion est forum sur la bioéthique. « Nous sommes avant tout insiste Joël Beyler. Nous avons d’abord cherché à une entreprise artistique et culturelle », affirme Joël répondre aux besoins des créateurs. Leurs soucis ne Beyler. La coopérative d’activités est un véritable lieu sont pas les mêmes quand ils sont intermittents du d’innovations. « Pour certains, la CAE n’est qu’un spectacle, quand ils ont la nécessité d’améliorer leur passage, par exemple pour les intermittents du spec- qualification ou quand ils vont vers des métiers tacle, qui veulent conserver ce statut, poursuit Joël high-tech. » Les trois coopératives ont aussi choisi Beyler. Nous voulons donc inventer d’autres formes de rationaliser leurs moyens d’intervention et leur entrepreneuriales, comme des Scop filières. Une Scop développement. Fin 2010, elles ont mis en place de scénographes a été démarrée et d’autres pourraient Cooproduction, une coopérative loi 1947 (en cours naître, notamment une Scop du spectacle vivant. » Au de transformation en Scic) dont Joël Beyler est le vu du succès d’Artenréel, ses partenaires (conseil gérant. En tout, douze salariés permanents sont au régional, Ville, Communauté urbaine) lui ont proposé service des créateurs d’activités. Les trois structures d’explorer d’autres secteurs. C’est ainsi que Coopénates, possèdent en outre des antennes à Mulhouse, Colmar pour les personnes désireuses de développer leur et Sélestat, en réponse à des besoins de proximité projet dans les services à la personne, est née en 2007. exprimés par les Alsaciens. Cette nouvelle CAE compte en permanence une soixan- • Contacts : taine d’entrepreneurs (assistance informatique, soutien – il existe deux réseaux nationaux de coopératives scolaire, travaux ménagers ou de jardinage, livraison d’activités et d’emploi : Coopérer pour entreprendre de courses, etc.). Artenréel participe au capital de Coopé- (www.cooperer.coop) et Copéa (www.copea.fr). nates, comme elle participe à celui d’Antigone, qui est – Artenréel (culture), 13 rue Martin-Bucer, 67000 Stras- née en 2009. Cette dernière est une coopérative bourg, tél. : 03 88 44 50 99, site : www.artenreel.com, multi-activités centrée sur les métiers du développe- courriel : [email protected] ment durable. Le principe est là encore identique et – Coopénates (services à la personne), 13 rue Martin- permet de sécuriser les parcours professionnels, faisant Bucer, 67000 Strasbourg, tél. : 03 88 44 96 89, site : www. passer les futurs créateurs du statut d’entrepreneur coopenates.com, courriel : [email protected] accompagné à celui d’entrepreneur-salarié, puis, éven- – Antigone (développement durable), 13 rue Martin- tuellement, à celui d’entrepreneur-associé, pour celles Bucer, 67000 Strasbourg, tél. : 03 88 44 50 99, site : et ceux qui souhaitent s’impliquer dans la coopérative www.antigone.coop, courriel : [email protected] d’activités en en devenant associés. – Cooproduction, 13 rue Martin-Bucer, 67000 Stras- « Ce développement, qui est aujourd’hui celui d’un groupe, n’a pas été pensé comme cela au départ, E. L. bourg, tél. : 03 69 09 45 30, site : http://cooproduction. coop/, courriel : [email protected] Alternatives Economiques - Hors-série poche n° 57 bis - novembre 2012 - 69 Vivre autrement à Strasbourg – Chapitre iii Entreprendre autrement ainsi salariée de l’ETTI, qui la met à la disposition d’entreprises clientes. Si le fonctionnement est le même que celui d’une agence de travail temporaire dite classique, les missions des ETTI vont cependant au-delà : en parallèle de l’offre de travail, celles-ci proposent en effet des aides à la formation et un accompagnement spécifique des personnes. Strasbourg compte deux entreprises de travail temporaire d’insertion : Option 2i et Ovalie 67 (pour les travailleurs handicapés). • Contacts : – Option 2i, 9 place Broglie, BP 50014, 67068 Strasbourg Cedex, tél. : 03 88 24 87 00, courriel : [email protected] – Ovalie 67, 14 b rue Lafayette, 67100 Strasbourg, tél. : 03 88 79 12 92, site : www.resovalie.com, courriel : [email protected] ZOOM Meinau Services, un anniversaire et un déménagement « Rapporter un espoir et du travail au cœur de la des habitants de la Meinau, la régie a lancé cette cité », telle est la vocation de la régie de quartier année le projet Passerelle vers l’emploi, financé par Meinau Services depuis vingt ans. Située à la Meinau- la mesure 4-2-3 du Fonds social européen. « A travers Canardière, un quartier de 8 000 habitants au taux de ce projet, nous voulons nous rapprocher des entre- chômage trop important, la régie s’est bâtie sur le prises, affirme Michel Koch. Nous analysons avec modèle classique du Comité national de liaison des elles leurs problématiques de recrutement et nous régies de quartier (CNLRQ), associant des habitants montons des form our les salariés de la régie, quand motivés, des élus locaux et le bailleur social (l’Office il s’agit de métiers différents des nôtres. » public de l’habitat de la Communauté urbaine de Au-delà de l’insertion professionnelle, Meinau Strasbourg s’est retiré de la gouvernance il y a quatre ans). Services prend aussi en compte les autres dimensions Au conseil d’administration de cette association de de l’insertion (logement, santé, alimentation). Elle droit local siègent aussi d’autres associations de quar- possède un partenariat avec la banque alimentaire tier, la mission locale pour l’emploi et l’association des pour distribuer des colis à ses salariés en difficulté locataires ; elle est présidée par Jean-Louis Huber. et a monté un programme pilote de sensibilisation Avec le concours de toutes ces parties prenantes, au dépistage du cancer du sein (en partenariat avec 2 000 personnes du quartier sont passées par la régie le CNLRQ et la Ligue contre le cancer), principalement depuis 1992 dans trois métiers différents : nettoyage à destination des femmes immigrées. L’an prochain, de locaux, travail sur les espaces verts, collecte des la régie fait le vœu de rester au cœur du quartier, déchets. L’an dernier, 130 personnes ont été employées alors qu’elle sera obligée de déménager en raison en contrat d’insertion, pour un chiffre d’affaires de du programme de rénovation urbaine. 2,1 millions d’euros et un niveau de subventions de • Contacts : Meinau Services, 28 av. de Normandie, 0,7 million – soit un taux d’autofinancement de 75 %. 67000 Strasbourg, tél. : 03 88 79 39 93. Antenne locale : « Pour continuer à nous développer, nous privilégions 2 rue des Roseaux, 67400 illkirch-Graffenstaden, tél. : désormais les réponses aux marchés publics qui 03 88 65 01 24, site : www.meinauservices.com, courriel : intègrent des clauses d’insertion ou des clauses de [email protected] handicap, indique Michel Koch, directeur de Meinau Services. Nous mettons en avant nos savoir-faire sur l’employabilité de ces personnes, car la concurrence est vive avec les entreprises du privé. » Depuis 2001, ment l’agrément d’entreprise adaptée pour une quinzaine de postes. Afin d’améliorer les débouchés Yves Trotzier Meinau Services a égale- Meinau Services a employé plus de 2 000 personnes depuis 1992. 70 - Alternatives Economiques - Hors-série poche n° 57 bis - novembre 2012 E. L. Entreprendre autrement Les groupements d’empLoyeurs pour L’insertion et La quaLification Les groupements d’employeurs pour l’insertion et la qualification (Geiq) ont pour but de permettre à plusieurs entrepreneurs exerçant généralement une activité dans le même secteur de mutualiser leurs moyens de recrutement et de gestion du personnel. Par rapport aux groupements d’employeurs classiques, les Geiq ont pour spécificité d’encourager des parcours de formation et d’insertion au bénéfice de publics exclus de l’emploi. Adhérents à une charte nationale élaborée par le Comité national de coordination et d’évaluation des Geiq (CNCE-Geiq), ils ont souvent recours à des contrats de professionnalisation, des contrats uniques d’insertion ou des contrats en alternance. Dans la Communauté urbaine de Strasbourg, il existe à l’heure actuelle quatre groupements : Geiq Bâtiment Alsace, Geiq Indus Alsace (Industrie), Geiq InterPro Alsace (multisectoriel) et Geiq TP Alsace (travaux publics). • Contacts : – CNCE-Geiq, 5 rue d’Alsace, 75010 Paris, tél. : 01 46 07 33 33, site : www.geiq.net – Pour retrouver la liste et les contacts des Geiq de la métropole strasbourgeoise, rendez-vous sur geiq.net/spip.php?rubrique6 Les régies de quartier Permettre aux habitants de se réapproprier l’espace dans lequel ils vivent et évoluent au quotidien : tel est l’objectif des régies de quartier, apparues dans les années 1970. L’entretien des espaces verts et des immeubles, les services rendus aux habitants ou encore l’animation du quartier sont les missions les plus importantes de ces structures : avec comme principe de confier ces tâches à des personnes en difficulté habitant ces quartiers et de créer du lien social. De fait, les régies de quartier ont le plus souvent un agrément d’entreprise d’insertion ou d’atelier et chantier d’insertion (ACI). Il existe 140 régies de quartier en France. Dans la CUS, elles sont au nombre de six et ont toutes le statut d’entreprise d’insertion : Creno, Au Port’Unes (voir « Zoom » page 79), Meinau Services (voir « Zoom » ci-contre), La Régie des écrivains, Scoprobat (voir « Zoom » page 64) et Emi-Inter. • Contacts : Auguste, 75011 Paris, tél. : 01 48 05 67 58, site : www.cnlrq.org, courriel : [email protected] – Les coordonnées des régies de quartier présentes sur le territoire de la CUS sont disponibles sur le site de l’Union régionale des structures d’insertion par l’économique d’Alsace (URSiEA) : www.ursiea.org (voir dans rubrique « Structures »). Bon à savoir ! – Comité national de liaison des régies de quartier (CNLRQ), 54 av. PhilippeA côté des structures de l’insertion par l’activité économique, il existe des entreprises adaptées (EA) et des établissements de service d’aide par le travail (Esat) qui s’adressent plus spécifiquement Les associations aux personnes en situation – Au niveau national : l’association dite « loi 1901 » est la forme d’organisation collective la plus répandue en France. Elle donne un cadre juridique à tout type d’activité à but non lucratif initiée collectivement par des citoyens. La simplicité et la flexibilité du statut (il suffit de définir un objet social et de handicap. A Strasbourg, ces structures sont représentées par le GETP 67 (voir aussi encadré page 89), dont le site Internet est www.getp67.com Alternatives Economiques - Hors-série poche n° 57 bis - novembre 2012 - 71 Vivre autrement à Strasbourg – Chapitre iii Entreprendre autrement de désigner une structure minimale de gouvernance), ainsi que l’absence de capital minimum font de l’association un statut particulièrement accessible, y compris pour développer des activités marchandes. La non-lucrativité n’interdit pas en effet aux associations de vendre leurs services et d’employer des salariés. C’est ainsi qu’elles jouent un rôle majeur dans les domaines sanitaire et social, éducatif, sportif et culturel. 80 % des emplois de l’économie sociale sont d’ailleurs offerts par le secteur associatif. Les dirigeants d’une association peuvent être indemnisés mais à un niveau très limité afin de ne pas violer le principe de non-lucrativité. En pratique, on peut créer son propre emploi et développer une activité sous forme associative, si on compte parmi ses amis des personnes prêtes à jouer les rôles de président et de trésorier… Ce qui n’empêche pas d’adopter ensuite un autre statut si l’activité prospère : ainsi, Alternatives Economiques a été créée à l’origine sous forme associative, puis cette association a cédé la place à une Scop quand le journal s’est développé ! Le statut associatif recouvre en pratique des réalités bien différentes. En effet, de nombreuses associations de loisirs ne regroupent pas plus de dix personnes, quand d’autres, en particulier dans le domaine sanitaire et social, peuvent employer plusieurs centaines de salariés. Par ailleurs, certaines assurent des missions de service public déléguées et sont entièrement financées par l’Etat ou les collectivités territoriales, d’autres offrent des services à forte utilité sociale qui légitiment de recevoir des subventions mais ont également des recettes commerciales (culture, sport, etc.), d’autres, enfin, mobilisent de nombreux bénévoles à côté de leur personnel salarié (associations caritatives). – En Alsace-Moselle : une association ayant son siège social dans un des trois départements d’Alsace-Moselle ne relève pas de la loi du 1er juillet 1901 mais de celle de 1900, code civil local issu de la loi allemande. A la différence de la loi de droit commun, le régime local offre aux associations une capacité juridique plus étendue. Celles-ci peuvent ainsi, dans certains cas, avoir des activités à but lucratif (redistribution des bénéfices entre les membres) à condition de ne pas faire de concurrence directe à une entreprise et que le but poursuivi ne soit pas contraire aux lois pénales et aux bonnes mœurs ; dans ce cas, elles seront soumises à l’impôt sur les sociétés. A sa création, l’association doit avoir au moins sept membres fondateurs (contre deux pour le régime national) et ne doit pas descendre en dessous de trois durant son activité. De plus, elle n’a pas de déclaration à faire à la préfecture ou sous-préfecture mais doit demander son inscription au registre des associations tenu par le tribunal d’instance du siège de l’association. Cependant, l’association non inscrite (qui ne possède donc pas de personnalité juridique) peut également avoir des statuts, des organes représentatifs qui agissent comme mandataires de l’association, ainsi que certaines capacités juridiques. Enfin, l’objet de l’association peut être économique, politique ou culturel (les religions non soumises au Concordat en Alsace-Moselle sont libres de s’organiser selon ce statut qui leur offre une grande capacité juridique !). 72 - Alternatives Economiques - Hors-série poche n° 57 bis - novembre 2012 Entreprendre autrement D’une manière générale, la part de l’activité des associations dans l’économie nationale est en constante augmentation. De plus, les associations s’engagent dans une véritable démarche entrepreneuriale et créent des emplois : aujourd’hui, il existe plus d’un million d’associations en France et 20 % d’entre elles disposent de salariés. Plus d’un tiers des jeunes français sont désormais membres d’une association ! • Pour en savoir plus sur les spécificités du droit local des associations, rendez-vous sur www.idl-am.org (institut du droit local alsacien-mosellan) et sur www.associations.gouv.fr/631le-droit-local-des-associations-en.html Bien rédiger ses statuts La rédaction des statuts associatifs est libre, mais cette étape est déterminante pour l’avenir de la structure. Il s’agit donc d’établir dès le départ des règles claires de fonctionnement. Par exemple, faut-il émettre des conditions d’adhésion à l’association ? Ou encore, quelle gestion des finances adopter pour la structure ? Autant de questions qu’il faut se poser au préalable. Dans la rédaction des statuts, il est ainsi primordial de définir un objet social suffisamment large pour permettre à l’association de faire évoluer son activité tout en restant en phase avec son ambition initiale. Vendre des biens et des services est également une action à renseigner explicitement dans les statuts dès le début. • Pour en savoir plus : modèle de statut d’association soumise au régime local disponible sur www.reseau-sara.org/outils/intro.html Connaître son régime fiscal Il existe un régime fiscal préférentiel pour les associations, mais qui est soumis au respect de certaines conditions. En effet, pour que l’association bénéficie d’une fiscalité allégée, ses dirigeants doivent être bénévoles ou ne pas percevoir une rémunération supérieure aux trois quarts du Smic sur l’année. Si ce critère est respecté, l’administration utilise la règle dite des « 4 P » avant d’exonérer l’association des impôts commerciaux : – le produit est « d’utilité sociale s’il tend à satisfaire un besoin qui n’est pas pris en compte par le marché ou qui l’est de façon peu satisfaisante faute d’être rentable » (instruction fiscale du 15 septembre 1998) ; – le public visé doit être formé de personnes que le marché délaisse, car leurs revenus sont trop modestes, ou dont la situation justifie l’octroi d’avantages particuliers, comme les handicapés ; – le prix pratiqué doit être attractif pour le public concerné. En cas de prestations similaires à celles pratiquées dans le secteur privé, le prix doit ainsi être largement inférieur ; – la publicité ne doit pas être confondue avec les opérations de communication, ouvertes à toute association. En effet, celles-ci n’ont pas pour but de conquérir de nouvelles parts de marché, mais bien de mettre en valeur l’action de l’association. Au final, une association est exonérée de tous les impôts commerciaux si sa gestion est désintéressée, si elle exerce son activité sans concurrence Alternatives Economiques - Hors-série poche n° 57 bis - novembre 2012 - 73 Vivre autrement à Strasbourg – Chapitre iii Entreprendre autrement directe pour le secteur commercial ou si elle le fait dans des conditions différentes de celles des entreprises et si les recettes tirées de son activité marchande ne dépassent pas 60 000 euros au cours de l’année. Bon à savoir ! Optimiser son financement Plusieurs dispositifs financiers permettent aux associations en création ou en développement de renforcer leurs fonds propres en début d’activité. C’est Alsace active, membre du réseau national France active, qui instruit les demandes pour les trois produits de finance solidaire dédiés aux associations créatrices d’emplois et d’activités économiques : – le Contrat d’amorçage associatif concerne les petites associations ayant créé récemment leur premier emploi ou ayant un modèle économique encore fragile. Il s’agit d’une avance remboursable sans intérêt plafonnée à 10 000 euros. Elle est d’une durée de douze à dix-huit mois, renouvelable une fois. – le Contrat d’apport associatif permet aux associations employeurs de financer leurs investissements ou leur besoin en fonds de roulement. Ce contrat est également une avance remboursable sans intérêt d’un montant pouvant aller de 5 000 à 30 000 euros et d’une durée comprise entre deux et cinq ans. Les associations d’utilité sociale qui créent ou consolident des emplois et développent des prestations sont visées par ce fonds. – Le fonds régional d’investissement solidaire est un moyen de renforcer les fonds propres des associations employeurs. L’outil proposé est un prêt participatif de la Société d’investissement France active (Sifa) dont le montant peut atteindre 60 000 euros pour une durée maximale de cinq ans (taux d’intérêt de 2 % par an). Le plafond de 60 000 euros pourra être doublé grâce au Programme d’investissements d’avenir, qui distribue les fonds du « grand emprunt ». Par ailleurs, la même Sifa propose un prêt participatif pouvant atteindre 1,5 million d’euros via le fonds commun de placement Insertion emplois, le Chaque centre des impôts montant du prêt ne pouvant dépasser 50 % de l’invespossède un correspondant tissement total. associations qui envoie sur demande un questionnaire permettant de statuer sur la situation fiscale de l’association. La liste de ces correspondants est disponible sur www.impot.gouv.fr, rubrique « Contacts », puis « Professionnels : vos correspondants spécialisés » (choisissez votre département et la mention « Correspondants associations » dans le menu déroulant). Pour en savoir plus, l’instruction fiscale du 18 décembre 2006 sur la fiscalité des associations est accessible depuis www.associations.gouv.fr/ article.php3?id_article=475 Et du côté des mutuelles ? Dans les mutuelles, on distingue deux grandes familles : les mutuelles de santé, qui ont pour objet de couvrir les personnes en cas de maladie ou d’accident en prenant en charge la partie de dépenses de soins non remboursée par l’assurance maladie de base, et les mutuelles d’assurance, qui assurent la couverture de risques (automobile, habitation, prévoyance, etc.). Il s’agit de grosses structures. Et de ce fait, on ne crée pas une mutuelle tous les jours. Ainsi, la dernière-née des mutuelles d’assurance, celle des Motards, fêtera ses 30 ans en 2013 ! Alors, si vous avez des idées, mieux vaut se rapprocher des grandes mutuelles déjà existantes. 74 - Alternatives Economiques - Hors-série poche n° 57 bis - novembre 2012 Vivre autrement à Strasbourg – Chapitre iii Entreprendre autrement Se faire accompagner Pour entreprendre autrement, il faut bien connaître son statut, ses droits, ainsi que les démarches obligatoires. Dans cette optique, de nombreux dispositifs d’accompagnement ont été mis en place aux niveaux national et local par les réseaux, les acteurs de terrain et les collectivités, dont notamment les « portes d’entrée de la création d’entreprise » (voir page 62). Le dispositif local d’accompagnement Le dispositif local d’accompagnement (DLA) soutient les associations et les entreprises solidaires. Sur leur demande, des consultants spécialisés établissent un diagnostic de la situation d’une entreprise solidaire ou d’une association. Cette expertise permet aux acteurs de l’ESS de bénéficier gratuitement d’un plan d’accompagnement et d’une mission d’appui conseil. Une étude nationale d’impact a été menée à l’automne 2011, portant sur un échantillon de 440 associations ayant bénéficié d’un DLA en 2009 (soit 7,8 % des structures bénéficiaires d’un DLA cette année-là). Deux ans après l’accompagnement, le nombre d’emplois des structures a augmenté sur un rythme annuel de 4,4 %, soit deux fois plus que dans le monde associatif en général. Par ailleurs, 67 % des structures faisant partie de cet échantillon ont amélioré leur viabilité financière. Dans le territoire de la Communauté urbaine de Strasbourg (CUS), les entreprises de l’ESS peuvent s’appuyer sur Alsace active, qui met en œuvre le DLA, avec son équipe de permanents et ses réseaux d’experts, qui suivent les dossiers en amont du plan de financement. Une fois le diagnostic effectué, ils peuvent identifier des besoins de financement, qui peuvent être réalisés par les outils du réseau France active (garanties, quasi-fonds propres) et, le plus souvent, par des tours de table avec des partenaires bancaires ou de l’ESS. Autre outil, le Fonds de confiance du réseau France active. Avec ce dispositif, une entreprise solidaire peut accueillir un entrepreneur pour lui permettre de développer son projet. Pour cela, elle peut bénéficier de subventions des collectivités locales. • Contact : Alsace active 67, 21 bd de Nancy, 67000 Strasbourg, tél. : 03 88 23 87 43, site : www. alsaceactive.fr Locusem Locusem est un projet qui s’inscrit dans le cadre de Strasbourg Eco 2020. Il a pour vocation d’investir dans des locaux à destination des jeunes et des très petites entreprises, en leur garantissant des solutions adaptées et des loyers modérés. Locusem s’adresse plus particulièrement aux acteurs de l’économie sociale et solidaire. • Contact : Locusem, 1 place de l’Etoile, 67000 Strasbourg,site : www.locusem.eu, courriel : [email protected] 76 - Alternatives Economiques - Hors-série poche n° 57 bis - novembre 2012 Entreprendre autrement Réseau Entreprendre Alsace Réseau Entreprendre Alsace est un réseau de chefs d’entreprise qui offre un accompagnement humain et financier aux créateurs et repreneurs de futures PME. Un programme Entreprendre autrement s’adresse directement aux entrepreneurs de l’ESS. • Contact : Réseau Entreprendre Alsace, Chez Lohr Industrie, 29 rue du 14-Juillet, 67980 Hangenbieten, tél. : 03 88 96 14 50, site : www.reseau-entreprendre-alsace.fr L’Union régionale des structures d’insertion par l’économique d’Alsace (URSIEA) L’URSIEA fédère les 137 entreprises d’insertion, associations intermédiaires et régies de quartier de la région Alsace, dont une cinquantaine sont implantées sur le territoire de la CUS. Depuis 1990, elle a pour mission de mieux les faire connaître, autant auprès d’éventuels bénéficiaires (qui sont aiguillés vers elles par les services de l’emploi) que des partenaires potentiels, économiques, sociaux et politiques. L’URSIEA a aussi un rôle de soutien auprès de ses membres, alors que le nombre de postes en insertion subit depuis plusieurs années les aléas de la politique nationale. « Depuis trois ans, les financements sont plafonnés, indique Sandrine Bianchi, directrice de l’URSIEA. Cela correspond à presque 3 000 postes à Strasbourg. Mais il est du coup presque impossible de créer de nouveaux établissements, alors que la demande d’insertion continue de progresser. A l’inverse, certaines structures se retrouvent en difficulté, parce qu’elles ont trop de travail à réaliser par rapport à leur nombre de postes. » Heureusement, le chiffre d’affaires commercial est en nette augmentation ; pour les chantiers d’insertion locaux, la progression est de 114 % entre 2006 et 2010. Ce dynamisme permet de maintenir l’équilibre économique des structures d’insertion par l’activité économique (SIAE). Mais l’URSIEA pousse tout de même ses membres à explorer de nouvelles pistes : avec Alsace active (pour la recherche de financements et la consolidation des statuts), avec l’Association pour le droit à l’initiative économique (Adie, pour trouver des débouchés au personnel en insertion), avec le fonds mutualisé de la formation (pour améliorer leur qualification). L’an dernier, un quart des salariés en inser- ZOOM CitésLab, pour bien démarrer son projet ! CitésLab est une innovation la Maison de l’emploi de Strasbourg, la Caisse des récente de la Caisse des dépôts dépôts et consignations et le fonds européen de déve- et consignations, en partenariat loppement régional (Feder). E. L. avec les collectivités locales. C’est un service d’amor- • Contacts : çage pour les projets de création d’activité des habitants – Pour les quartiers Port du Rhin, Neuhof, Meinau- des quartiers des zones urbaines sensibles et des zones Canardière, Elsau montagne verte et Tiergaertel Hiron- de rénovation urbaine. A Strasbourg, ce sont les experts delles : Start Hop, 1 rue du Corps-de-garde, 67100 Stras- de la Scop Start Hop et de BPI qui conseillent et exper- bourg, tél. : 06 62 60 19 62, site : starthop.blogspot.fr, tisent les projets. Ils participent à leur montage, à la courriel : [email protected] recherche de financements et au suivi. Les porteurs – Pour les quartiers Hautepierre, Cronenbourg, Koenigs- de projet ont aussi la possibilité d’intégrer une des hoffen, Quartier des écrivains, Grand Ried : BPI, 35 av. de coopératives d’activités et d’emploi de la CUS (voir la Paix, 67000 Strasbourg, tél. : 06 09 11 49 14, n° Vert : page 66). CitésLab-Strasbourg est soutenu par la CUS, 0800 710 752, courriel : [email protected] Alternatives Economiques - Hors-série poche n° 57 bis - novembre 2012 - 77 Vivre autrement à Strasbourg – Chapitre iii Entreprendre autrement tion ont pu suivre des formations en dehors de leur structure d’accueil. Ainsi, un tiers des salariés restent dans leur établissement jusqu’à la fin de leur parcours d’insertion (c’est-à-dire vingt-quatre mois) ; il s’agit des personnes qui peuvent le moins facilement repartir sur le marché du travail. Pour les personnes qui ont achevé leur parcours (entre quelques mois et vingt-quatre), la moitié d’entre elles se retrouvent dans un emploi ou une formation, tandis que 38 % redeviennent demandeuses d’emploi et que 12 % sortent des « circuits de repérage », c’est-àdire qu’elles ne sont plus suivies par aucune structure. Sandrine Bianchi insiste sur les bénéfices cachés de l’insertion pour la collectivité : « En Alsace, 1 euro investi par les financeurs publics génère 3,72 euros pour l’économie locale, en paiement de charges patronales, en fiscalité et, surtout, en économies réalisées par la prise en charge de personnes normalement assujetties au chômage ou aux minima sociaux. » Comme ailleurs, l’insertion locale prouve son efficacité. Les espoirs de l’URSIEA se portent demain sur la réouverture des postes, sur l’intégration des clauses sociales (voir encadré page 17) dans de nouveaux marchés publics et sur la naissance annoncée de partenariats d’insertion dans Les familles de l’insertion par l’activité économique Toutes les familles de l’insertion (voir pages 67-71) – Logiservices, Centre commercial de l’Esplanade, cour sont présentes sur le territoire de la CUS : d’Oxford, 67000 Strasbourg, tél. : 03 88 61 13 14, site : – Les régies de quartier, comme Meinau Services www.logiservices.fr (voir « Zoom » page 70), qui peuvent être impliquées – Les ateliers et chantiers d’insertion : Carijou (revadans de nombreux projets. lorisation de jouets, dépend de Caritas France), L’Ile – Les entreprises d’insertion : Envie (recyclage), Au aux épis (restaurant), Vetis (vêtements), Sport solidaPort’Unes (propreté, voir page 79), Sineo (lavage rité insertion (réparation de vélos et utilisation d’équiécologique de véhicules, qui fut la première franchise pements sportifs), Banque alimentaire, etc. de ce groupe après Lille), Terre d’appels (centre d’ap- – Carijou, 45 rue du Faubourg-National, 67000 Strasbourg, pels), L’Atelier d’Isabelle (couture), etc. • Contacts : – Envie, 6 rue Herrade, 67200 Strasbourg, tél. : 03 88 10 04 30, site : www.envie.org, courriel : contact. [email protected] – Au Port’Unes, 4 impasse Jean-Millot, 67000 Strasbourg, tél. : 03 88 60 50 33, site : www.auportunes.com – Sineo, 19 rue Livio, 67000 Strasbourg, tél. : 03 90 20 38 48, site (national) : www.sineo.fr, courriel : [email protected] – Terre d’appels, 3 quai Kléber, Tour Sébastopol, 67000 Strasbourg, tél. : 03 69 09 22 62, site : www.terredappels.fr – L’Atelier d’Isabelle, 17 rue de la Gare, 67550 Vendenheim, tél. : 03 88 69 33 65, site : www.garozange.com – Les associations intermédiaires : Allo Job (petits tél. : 03 88 32 83 69, site : www.carijou.fr – L’Ile aux épis, 83 route du Rhin, 67000 Strasbourg, tél. : 03 90 22 36 41, site : www.ileauxepis.fr – Vetis, 20 rue de Hoenheim, 67207 Niederhausbergen, tél. : 03 90 40 27 60, site : www.vetis.org – Sport solidarité insertion, 3 c rue de l’Atome, 67800 Bischheim, tél. : 03 88 79 42 50, site : www. sportsolidariteinsertion.org – La Banque alimentaire, 98 rue de la Plaine-des-Bouchers, 67100 Strasbourg-Meinau, tél. : 03 88 40 30 40, site (national) : www.banquealimentaire.org, courriel : ba670@ banquealimentaire.org – Les entreprises de travail temporaire d’insertion : travaux et services pour les entreprises), GermAlsace Ovalie 67 (pour les travailleurs handicapés) et Option 2i (secteurs agricole et agroalimentaire) et Logiservices (désormais incluse dans la Scic INDIBATP, voir page 66). (petits travaux et services pour les particuliers). – Ovalie 67, 14 b rue Lafayette, 67100 Strasbourg, tél. : • Contacts : 03 88 79 12 92, site : www.resovalie.com, courriel : – Allo Job, 43 rue du Faubourg-de-Saverne, 67000 Stras- [email protected] – Option 2i, 9 place Broglie, BP 50014, 67068 Strasbourg, tél. : 03 88 22 80 22, site : www.allo-job.com – GermAlsace, 10 rue Sainte-Marguerite, 67000 Strasbourg, bourg Cedex, tél. : 03 88 24 87 00, courriel : valerie.ludwig@ tél. : 03 88 81 75 56, site : www.laser-emploi.fr/germa indibatp.com 78 - Alternatives Economiques - Hors-série poche n° 57 bis - novembre 2012 Entreprendre autrement l’Eurodistrict (Eurodistrict Strasbourg-Ortenau : www.eurodistrict.eu), notamment pour le chantier de prolongement du tramway. • Contact : Union régionale des structures d’insertion par l’économique d’Alsace, 68 av. des Vosges, 67000 Strasbourg, tél. : 03 90 22 12 72, site : www.ursiea.org, courriel : [email protected] L’URScop L’Union régionale des Scop d’Alsace – Lorraine – Champagne-Ardenne fédère les Scop de ce vaste espace régional et les accompagne dans leur naissance et leur développement. Dans la seule Alsace, on dénombre une cinquantaine de Scop et de Scic. Le nombre des coopératives de production est donc plutôt limité, la région ayant été plus fortement marquée par les coopératives de consommation et les banques coopératives. L’URScop prodigue du conseil pour la création d’entreprise, la transmission d’entreprises en bonne santé et la reprise d’entreprises en difficulté sous forme coopérative. Elle oriente également vers les outils financiers des Scop (Socoden, Spot et Sofiscop), vers les partenaires du mouvement Scop (Esfin Ides, Crédit coopératif) et vers les banques privées (voir aussi page 63). • Contact : Union régionale des Scop d’Alsace – Lorraine – Champagne-Ardenne, 5 rue Morey, 54000 Nancy, tél. : 03 83 37 47 80, courriel : [email protected] ZOOM Au Port’Unes, une coopérative d’insertion Au Port’Unes a la particularité d’être à la fois une Scop et une entreprise d’insertion. Elle a démarré en 1993 sous forme associative, à l’initiative de deux étudiantes qui venaient de réaliser une étude de faisabilité sur la création d’une structure d’insertion dans le quartier de Neudorf, Schluthfeld, Port du Rhin, Musau. Elles se sont lancées dans la création d’une association qui pourrait employer des personnes dans les métiers de la propreté et des espaces verts. C’est avec l’ajout de nouvelles activités (déconstruction de en 2004 de passer en Scop. A l’époque, les dirigeantes se sont rapprochées de l’Union régionale des Scop pour baliser leur dossier. « Nous avions déjà un fonctionnement très coopératif, remarque Marie-Pia Meyer, D. R. bâtiments, épicerie sociale) que s’est présentée l’idée Au Port’Unes a été lancée sous forme associative en 1993. Elle s’est transformée en Scop en 2004, avec l’aide de l’Union régionale des Scop. l’actuelle gérante. Nous prenions nos décisions en commun. Pour la Scop, nous n’avions pas besoin d’un nous essayons de les mettre en relation avec des capital très élevé, mais cela nous permettait d’impli- employeurs potentiels, mais les débouchés restent quer les permanents autour d’un projet commun. peu nombreux, sauf de temps à autre avec le port Nous sommes aujourd’hui huit associés, et nous autonome de Strasbourg », poursuit Marie-Pia Meyer. souhaitons élargir le sociétariat aux encadrants des C’est pourquoi la Scop continue de se diversifier salariés en insertion. La Scop légitime notre activité (dernièrement dans le tri) et de répondre aux appels et notre professionnalisme. » d’offres dans le cadre de marchés publics. Il y a trois L’entreprise a une quinzaine de cadres, qui sont ans, elle s’est lancée dans la création d’une entreprise pour la plupart d’anciens salariés en insertion, pour adaptée, pour douze salariés handicapés, dans les une cinquantaine de postes d’insertion. Certains sont mêmes métiers que la coopérative. des habitants du quartier, mais ce ne sont pas la • Contact : Au Port’Unes, 4 impasse Jean-Millot, majorité. « Lors d’opérations ponctuelles avec la 67000 Strasbourg, tél. : 03 88 60 50 33, site : www. Maison de l’emploi ou d’autres réseaux de l’insertion, auportunes.com, courriel : [email protected] Alternatives Economiques - Hors-série poche n° 57 bis - novembre 2012 - E. L. 79 Vivre autrement à Strasbourg – Chapitre iii Entreprendre autrement Faire financer son projet Outre les dispositifs de droit commun, des mécanismes de financement sont spécifiquement dédiés aux entreprises de l’économie sociale et solidaire. Le capital-risque solidaire Les organismes intervenant dans le secteur du capital-risque solidaire apportent des fonds propres à une structure tout en restant minoritaires au capital. – L’association France active est le premier financeur de l’économie solidaire en France. Ses deux objectifs sont de faciliter l’accès au crédit bancaire pour les créateurs d’entreprise et de financer le développement de l’emploi dans les entreprises solidaires. Pour cela, le réseau national est constitué de 40 fonds territoriaux. Alsace active est le fonds territorial compétent en Alsace. Localement, comme les autres fonds territoriaux, Alsace active cherche à développer la collecte d’épargne auprès des particuliers et des salariés à travers la promotion de l’épargne solidaire. Alsace active, comme tous les fonds France active, est partenaire de la Caisse des dépôts et consignations dans le cadre du Programme d’investissements d’avenir (PIA), ce qui signifie qu’un euro investi par le fonds territorial dans une entreprise de l’ESS génère un euro d’investissement supplémentaire venant du PIA. • Contact : Alsace active, 21 bd de Nancy, 67000 Strasbourg, tél. : 03 88 32 03 18, site : www. alsaceactive.fr, courriel : [email protected] – Garrigue est une société coopérative de capital-risque solidaire créée en 1985 pour prendre des participations minoritaires dans des sociétés à forte plus-value sociale. Elle n’a pas de représentant local sur la CUS. La centaine d’entreprises qu’elle soutient en France se situent majoritairement dans des secteurs comme le commerce équitable, les énergies renouvelables, l’agriculture biologique, etc. Le montant des interventions varie de 8 000 à 30 000 euros en fonds propres ou en compte-courant d’associés, pour une durée de cinq à dix ans. Ces soutiens sont obligatoirement associés à des apports de Cigales (clubs d’investisseurs pour une gestion alternative et locale de l’épargne solidaire). Tout comme France active, Garrigue est partenaire de la Caisse des dépôts et consignations dans le cadre du PIA. Un euro investi par Garrigue débloque ainsi un euro d’investissement issu du PIA. • Contact : Garrigue, 61 rue Victor-Hugo, 93500 Pantin, tél. : 01 48 44 74 03, site : www.garrigue. net, courriel : [email protected] – Esfin-Ides est un groupe spécialisé dans le financement des PME, des entreprises de l’économie sociale et de celles à forte responsabilité sociale et environnementale. Il comporte plusieurs structures, dont l’Institut de développement de l’économie sociale (Ides), qui finance les entreprises de l’économie sociale sous la forme de capital-risque développement. Fontanot participations est pour sa part un fonds commun de placement à risque (FCPR) géré par la structure Esfin gestion. Dédié aux PME, il a pour vocation la prise de participation au capital d’entreprises en phase de développement ou de transmission. 80 - Alternatives Economiques - Hors-série poche n° 57 bis - novembre 2012 Entreprendre autrement Par ailleurs, Esfin participations s’adresse à des PME dont « le comportement éthique est un des caractères fondateurs ». Les interventions en fonds propres (sous la forme d’actions et d’obligations convertibles) varient de 150 000 à 450 000 euros, pour une durée définie en fonction de la stratégie de l’entreprise. En outre, Esfin-Ides propose des outils de financement spécifiques tel Spot pour les Scop et Sofinei pour les entreprises d’insertion. • Contact : Esfin-Ides, 2 place des Vosges, immeuble La Fayette, 92400 Courbevoie, tél. : 01 55 23 07 10, site : www.esfin-ides.com Les prêts bancaires Les banques sont des interlocuteurs financiers incontournables pour les créateurs d’entreprise ou d’association. Certaines sont davantage spécialisées que d’autres dans le secteur de l’économie sociale et solidaire. – La Nef est une société coopérative de finances solidaires créée en 1988. Affiliée au Crédit coopératif, elle collecte l’épargne de particuliers pour octroyer ensuite des crédits à des porteurs d’initiatives économiques. Le tout dans un but bien précis : soutenir la création et le développement d’activités professionnelles et associatives à des fins d’utilité sociale et environnementale. Dernièrement, la Nef a soutenu la création de la librairie Soif de lire à Strasbourg, qui propose lectures, expositions, boissons équitables et pâtisseries confectionnées par une association du quartier. • Contact : www.lanef.com – Le Crédit coopératif est une des banques les plus engagées dans l’économie sociale et solidaire. Il offre ses services à l’ensemble des entreprises de l’économie sociale et solidaire. Il se présente en particulier comme la banque des associations et a une forte tradition partenariale avec les têtes de réseaux associatifs afin de connaître au mieux les besoins et contraintes de chaque secteur. En témoignent les différents outils bancaires spécifiques au monde associatif qu’il propose, comme le Fonds de garantie mutuelle des organismes sanitaires et sociaux, qui facilite l’accès au crédit des associations du secteur, ou encore le Fonds de garantie mutuelle du tourisme-loisirs, dédié au financement des équipements du tourisme social. • Contact : www.credit-cooperatif.coop, pour trouver l’adresse d’une agence, aller dans la rubrique « Nos agences ». – La Caisse d’épargne, membre du groupe bancaire BPCE, est composée d’un réseau de 17 caisses d’épargne régionales, dont la Caisse d’épargne Alsace. Celle-ci développe notamment une activité de microcrédit personnel dans le cadre du dispositif « Parcours confiance ». • Contacts : – Site national : www.caisse-epargne.fr, pour trouver l’adresse d’une agence, aller dans la rubrique « Agences ». – Le site des sociétaires de la Caisse d’épargne Alsace : www.societaires.caisse-epargne.fr/alsace – Le Crédit mutuel permet notamment aux associations de placer leurs excédents éventuels via le dispositif Eurocompte Association. • Contact : www.creditmutuel.com, pour trouver une agence, aller dans « Trouver une caisse ». Alternatives Economiques - Hors-série poche n° 57 bis - novembre 2012 - 81 Vivre autrement à Strasbourg – Chapitre iii Entreprendre autrement – Le Crédit municipal est l’héritier des Monts de piété, des banques de charité créées dès le XVe siècle. Le Crédit municipal s’installe à Strasbourg en 1826 avec une vocation sociale affirmée. Son objectif est d’aider les personnes en difficulté financière. Aujourd’hui, il s’investit dans un dispositif d’aide aux plus fragiles au travers des microcrédits personnels. • Contact : Crédit municipal de Strasbourg, 6 rue d’Ingwiller, 67000 Strasbourg, tél. : 03 88 32 04 21, site : www.credit-municipal-strasbourg.fr Le microcrédit et les prêts d’honneur – L’Association pour le droit à l’initiative économique (Adie) est le principal réseau de microcrédit professionnel en France. Via ces microcrédits, elle soutient les personnes exclues du marché du travail qui souhaitent s’y réinsérer en créant leur entreprise. La quasi-totalité des bénéficiaires sont en effet des demandeurs d’emploi. Seules les personnes n’ayant pas accès au crédit bancaire traditionnel peuvent obtenir un prêt de l’Adie. Pour soutenir les porteurs de projet, l’association octroie des prêts d’un montant moyen de 3 000 euros pour une durée de deux ans avec un taux d’intérêt d’environ 5 %. • Contact : Adie-Strasbourg, 8 bd de Nancy, 67000 Strasbourg, tél. : 0800 800 566, site : www.adie.org – Les plates-formes d’initiatives locales (Pfil) octroient des prêts d’honneur à taux zéro et sans garantie. D’un montant allant de 3 000 à 7 500 euros, ce soutien financier est un moyen pour le créateur d’entreprise ou le jeune entrepreneur de consolider ses fonds propres en début d’activité. Remboursable sur une période de trois à cinq ans, il est accessible aux créateurs ou aux repreneurs d’entreprise, ainsi qu’aux jeunes entrepreneurs (entreprises ayant moins de trois ans d’existence) qui développent une activité dans les domaines de l’artisanat, du bâtiment, des services aux entreprises, des services de proximité ou des commerces de première nécessité. Les Pfil sont regroupées au niveau national au sein du réseau France initiative. Elles travaillent chacune sur une zone géographique déterminée. A Strasbourg, la Pfil référente est Cap Création initiative. Fin 2011, cette dernière avait étudié ZOOM Soutenir le développement solidaire à Strasbourg Avec la Nef et le Crédit coopératif, un épargnant par la banque : Agir pour la planète (énergies renou- solidaire strasbourgeois peut soutenir des projets velables, éco-activités, maîtrise de l’énergie, environ- développés localement. En effet, les fonds versés nement), Agir pour une société plus juste (handicap, sont tracés : on sait donc à quel projet ils sont affec- aide aux personnes fragiles, aide à l’enfance, aux tés. Ainsi, en souscrivant aux comptes à terme ou personnes âgées, logement social, universités et au plan d’épargne Nef, il est possible de décider de recherche) et Agir pour entreprendre autrement l’orientation de son épargne (agriculture bio, culture, (activité d’insertion, commerce équitable, coopéra- environnement, développement social et solidaire, etc.). tives). Il est aussi possible de choisir les trois secteurs Fin 2012, le Crédit coopératif a lancé une nouvelle en même temps. A partir de là, la banque sélectionne déclinaison de son compte Agir, qui permet à ses des prêts susceptibles d’être reliés à cette épargne souscripteurs de financer des projets à forte utilité affectée et garantit aux clients le suivi de l’utilisation sociale. Dorénavant, les souscripteurs pourront choi- des fonds, c’est-à-dire leur traçabilité. Les deux sir en priorité le secteur qui pourra être financé par établissements bancaires s’engagent ainsi à informer leur épargne. Trois domaines ont été présélectionnés les épargnants sur l’utilisation de leur argent. E. L. 82 - Alternatives Economiques - Hors-série poche n° 57 bis - novembre 2012 Entreprendre autrement plus de 500 demandes de prêts et parrainages en comité d’agrément et avait accordé son soutien financier à 281 entreprises. • Contact : Cap création initiative, 10 place Gutenberg, 67000 Strasbourg, tél : 03 88 75 24 45, site : www.cap-creation-entreprise.com Les fondations de l’économie sociale – La fondation Macif remet chaque année un prix à quelque 150 projets économiques, en privilégiant ceux qui entrent dans le champ de l’économie sociale et de l’innovation sociale. Lorsque ces projets ont une portée locale, les demandes doivent être adressées à la délégation régionale de la fondation. • Contacts : – Site national : www.fondation-macif.org – Fondation Macif Centre-Europe (Alsace, Lorraine, Franche-Comté), Les Glycines, 12 route de Soultz, 68501 Guebwiller, tél. : 03 89 74 42 24, courriel : [email protected] – La fondation Groupe chèque déjeuner aide les entreprises et les associations de l’économie sociale, qu’elles soient en création ou en développement, en particulier lorsqu’elles créent des emplois de proximité et favorisent la cohésion sociale. • Contact : Fondation groupe Chèque déjeuner, 27-29 av. des Louvresses, 92230 Gennevilliers, tél. : 01 41 85 37 10, site : www.fondation-groupe-cheque-dejeuner.com – La fondation Crédit coopératif décerne chaque année depuis presque trente ans les Prix et Trophée de l’initiative en économie sociale. A la clé : plus de 150 000 euros de prix. En 2012, près de 50 organismes de l’économie sociale, qu’il s’agisse de coopératives, de mutuelles ou d’associations, ont été récompensés lors des Trophées régionaux, marchepieds vers les Prix et Trophée nationaux décernés à quatre structures chaque automne. • Contact : Fondation Crédit coopératif, site : www.credit-cooperatif.coop/fondation Pour en savoir plus sur les autres fondations : – Fondation de France, 40 av. Hoche, 75008 Paris, tél. : 01 44 21 31 00, site : www. fondationdefrance.org, courriel : [email protected] – Association pour le développement du mécénat industriel et commercial (Admical), 26 ter rue Ordener, 75018 Paris, tél. : 01 42 55 20 01, site : www.admical.org – Institut du mécénat de solidarité – Entreprendre pour la cité, 141 av. de Clichy, 75017 Paris, tél. : 01 43 87 52 52, site : www.imsentreprendre.com, courriel : [email protected] ZOOM Les aides de la Région Alsace La Région Alsace est impliquée dans le soutien et pour les associations ayant moins de 15 salariés à le développement de l’économie sociale et solidaire. temps plein dans la région, au Contrat d’amorçage En 2011, une convention-cadre a été signée, sym- associatif (en lien avec France active, voir page 74), bolisant une forme de reconnaissance mutuelle qui a pour but d’accompagner les porteurs de pro- entre la collectivité et les acteurs de terrain. Cette jets dans le domaine de l’ESS. Enfin, la Région convention a pour objectif d’améliorer les échanges majore certains dispositifs classiques quand il s’agit et de mieux répondre aux besoins. de projets liés à l’économie sociale et solidaire. De nombreuses aides sont proposées, allant du D. B. soutien au recrutement de salariés dans le secteur • Pour en savoir plus : liste des aides et des dispositifs associatif (dispositif Area [Aide régionale aux emplois disponible sur www.region-alsace.eu, rubrique « Guide associatifs]), qui se traduit par une aide financière des aides ». Alternatives Economiques - Hors-série poche n° 57 bis - novembre 2012 - 83 Vivre autrement à Strasbourg – Chapitre iii Entreprendre autrement Les aides publiques – Le parcours d’accompagnement Nacre permet à des personnes sans emploi ou rencontrant des difficultés d’insertion durables dans l’emploi de créer ou de reprendre une entreprise en bénéficiant d’un accompagnement. Cet accompagnement se fait en deux temps : • avant la création ou la reprise d’entreprise, pour concrétiser le montage et le financement du projet, grâce notamment à l’obtention d’un prêt à taux zéro Nacre allant jusqu’à 10 000 euros. Ce prêt devra être remboursé dans un délai de cinq ans, et celui-ci ne pourra être accordé que si le porteur de projet obtient également un prêt bancaire ou assimilé. • après, pour être guidé dans le (re-)démarrage et le développement de l’entreprise pendant trois ans. • Contact : www.emploi.gouv.fr/nacre – Le Fonds social européen (FSE), via sa mesure 4-2-3, aide les petits projets associatifs en lien avec l’emploi. En Alsace, c’est la Cres qui est la plateforme de référence pour ce dispositif sur le financement des micro-projets associatifs. • Contact : Chambre régionale de l’économie sociale (Cres) d’Alsace : 3 rue de la Coopérative, 67017 Strasbourg, tél : 03 88 45 96 83, site : www.cres-alsace.org, courriel : cres@ cres-alsace.org « Participer au financement des acteurs et réseaux de l’ESS » Jérôme Dorkel/CUS ENTRETIEN Comment se traduit concrètement la politique de la Communauté urbaine de Strasbourg en faveur de l’économie sociale et solidaire ? différents partenaires du secteur privé que sont Historiquement, la collectivité a collecte est opérée par le biais d’un Livret solidaire, utilisé l’outil des clauses sociales les particuliers, les associations, les entreprises ou les sociétés d’économie mixte (SEM). Pour les particuliers et les associations, cette géré par le Crédit municipal de Strasbourg. pour contribuer à la consolidation Pour les SEM et entreprises, cette collecte est Frédéric du secteur. Aujourd’hui, 80 % des Nitschke, marchés de travaux publics et 60 % conseiller des marchés de services com- effectuée vers un compte à terme, par le biais d’un municipal de Strasbourg portent des clauses sociales. Cela délégué à l’ESS traduit notre volonté de participer opérateur, la Caisse d’épargne. C’est le reversement sous forme de don de la moitié des intérêts bancaires qui viendra alimenter le fonds. Des avantages fiscaux sont réservés aux dona- au financement des acteurs et teurs : les particuliers qui consentent des dons réseaux de l’ESS, tout comme l’est celle de créer peuvent bénéficier d’une réduction d’impôt sur le de nouveaux outils… revenu à hauteur de 66 % du montant des versements, dans la limite de 20 % du revenu imposable. Quels sont ces nouveaux outils ? Les entreprises peuvent quant à elles bénéficier Nous venons d’encourager la création d’un fonds de d’une réduction d’impôt à hauteur de 60 % du dotation ESS’Or Est, avec le soutien du Crédit munici- montant de leurs versements, dans la limite de pal. La vocation de ce fonds est, dans l’agglomération, 5 % de leur chiffre d’affaires. de participer au financement d’activités d’économie sociale et solidaire et de développer le microcrédit aux particuliers, mais aussi aux personnes morales. Quel est votre objectif de financement ? L’objectif est de pouvoir doter ce fonds de 270 000 euros en année pleine. Ces sommes per- Comment ce fonds va-t-il fonctionner ? Il mobilisera une part des intérêts financiers issus mettront de compléter l’effort de la Communauté urbaine et de la Ville en faveur de l’ESS. des placements de liquidités à court terme de 84 - Alternatives Economiques - Hors-série poche n° 57 bis - novembre 2012 Propos recueillis par E. L. Entreprendre autrement Recruter et manager autrement La gestion des ressources humaines comporte certaines spécificités dans l’économie sociale et solidaire. Par exemple dans les associations et les mutuelles, où les bénévoles jouent un rôle important, en complément des emplois salariés classiques. Le bénévolat Selon France Bénévolat, organisme public chargé de la promotion du bénévolat, 11 millions de Français sont actifs dans les associations, dont 5 millions peuvent être considérés comme des bénévoles réguliers. ZOOM Espaces Verts, la Scop qui fait florès Dès sa création en 1983, la Scop Espaces Verts a cherché à concilier l’économique et le social. Après deux années d’expérimentation, elle est pleinement entrée dans le marché en se professionnalisant et elle peut aujourd’hui compter sur ses clients, composés en grande partie de collectivités et de sociétés d’économie mixte, pour continuer à se développer. En 2011, elle a réalisé plus de 6 millions d’euros de chiffre d’affaires et s’est lancée dans 18001. « Nous répondons avant tout à des appels d’offres, ainsi qu’aux besoins de nos clients en termes de qualité, de délais et de prix, sans chercher à mettre spécialement en avant notre volet social », D. R. un processus de certifications ISO 9001, 14001 et La Scop Espaces Verts, créée en 1983, compte une dizaine de personnes en contrat d’insertion, sur un total de 50 salariés. explique Michel Reutenauer, gérant de la Scop, qui reconnaît toutefois que « la politique volontariste tous les salariés peuvent devenir associés de la de la Communauté urbaine et de la Ville de Stras- coopérative « s’ils sont volontaires », précise Michel bourg en faveur de l’insertion par l’activité écono- Reutenauer. « Si tous les salariés sont impliqués mique au travers de l’insertion de clauses sociales dans l’entreprise par leur travail, les associés, eux, dans les marchés publics a été bénéfique pour s’engagent à œuvrer au sein de commissions de l’entreprise » (voir encadré page 17). Mais au final, travail internes qui se penchent sur des sujets qui peu de ses clients savent que la Scop Espaces Verts sont propres à la vie de la coopérative, comme la compte une dizaine de personnes bénéficiant d’un sécurité sur les chantiers ou la vie sociale au sein contrat d’insertion, sur un total de 50 salariés. de l’entreprise. Cette activité s’ajoute à celle des « Nous cherchons à les professionnaliser afin qu’ils 35 heures qu’ils assurent dans le cadre de leur puissent suivre une formation diplômante de type contrat de travail. » En 2012, la Scop comptait CAP », souligne Michel Reutenauer. Et la Scop ne 16 associés. s’est pas arrêtée là : elle a créé en 2009 une filiale, • Contacts : Ginkgo Espaces Verts, là aussi sous forme coopé- – Scop Espaces Verts, rue du Tramway, 67114 Eschau, tél. : D. B. rative, pour permettre l’accès au travail à des per- 03 88 59 05 00, site : www.scop-espaces-verts.fr, courriel : sonnes en situation de handicap. [email protected] Par ailleurs, la coopérative a des règles de fonc- – Ginkgo Espaces Verts, rue du Tramway, 67114 Eschau, tionnement originales. Au-delà des statuts, qui ré- tél. : 03 88 59 60 48, site : www.ginkgo-espaces-verts.fr, gulent la gouvernance de l’entreprise (voir page 62), courriel : [email protected] Alternatives Economiques - Hors-série poche n° 57 bis - novembre 2012 - 85 Vivre autrement à Strasbourg – Chapitre iii Bon à savoir ! Entreprendre autrement régional d’appui pédagogique et Le réseau Sara (Soutien aux associations en région Alsace) a développé un programme de formations à destination des salariés et des bénévoles associatifs (voir page 88). technique-Centre d’appui et de • Pour en savoir plus : ressources régional de lutte – L’actualité en matière de formations pour les bénévoles associatifs contre l’illettrisme (Crapt-Carrli) en Alsace : www.reseau-sara.org/Formations/pdg_formations_ ont réalisé un ouvrage, Regards sur associations_alsace.htm l’insertion par l’activité économique. – Quelques liens utiles : www.associationmodeemploi.fr et www. Un encadrement qui libère, disponible francebenevolat.org directement dans les locaux de ces – Sur la validation des acquis de l’expérience (VAE) pour les béné- structures. voles, voir page 88. L’Union régionale des structures d’insertion économique d’Alsace (URSIEA) et le Centre • Contacts : – URSIEA, 68 av. des Vosges, 67000 Strasbourg, tél. : 03 90 22 12 72, Le service civique Le service civique (qui a remplacé le volontariat associatif ) permet à tout jeune âgé de 16 à 25 ans – Crapt-Carrli, 4 rue de Sarrelouis, de s’engager dans des missions d’intérêt général se 67000 Strasbourg, tél. : 03 88 23 83 23, déroulant en France ou à l’étranger. Il concerne plus site : crapt-carrli.gip-fcip-alsace.fr, particulièrement des domaines tels que la solidarité, courriel : [email protected] la santé, l’environnement, l’action humanitaire, la citoyenneté, etc. Les volontaires bénéficient d’une indemnité pouvant aller jusqu’à 570 euros par mois. Le service civique dure entre six mois et un an. site : www.ursiea.org, courriel : [email protected] • Pour en savoir plus : – www.service-civique.gouv.fr : le site du ministère des Sports, de la Jeunesse, de l’Education populaire et de la Vie associative consacré au service civique. – www.civiweb.com : le centre d’information sur le volontariat international. Le contrat unique d’insertion Depuis le 1er janvier 2010, le contrat unique d’insertion (CUI) remplace l’ensemble des contrats aidés existants. Il se divise en deux catégories : le contrat initiative emploi (CUI-CIE) et le contrat d’accompagnement dans l’emploi (CUI-CAE). Le premier concerne des emplois dans le secteur privé industriel et commercial. Le second concerne des emplois dans le secteur public ou associatif. Via ce contrat, les associations bénéficient d’aides à l’emploi lorsqu’elles accueillent des personnes en difficulté et des chômeurs de longue durée. • Pour en savoir plus : www.service-public.fr (rubrique « Formation-Travail », puis « Contrats d’aide à l’insertion ») ou www.travail-emploi-sante.gouv.fr 86 - Alternatives Economiques - Hors-série poche n° 57 bis - novembre 2012 Entreprendre autrement Se former L’économie sociale et solidaire embauche. Les profils recherchés sont très divers. Certaines formations spécialisées ont vu le jour ces dernières années. E ntreprendre autrement, ça s’apprend ! Il existe de nombreuses formations au management des structures de l’économie sociale et solidaire. Destinées aux étudiants comme aux professionnels, elles se déroulent aussi bien à l’université que dans des associations spécialisées, via la Chambre régionale de l’économie sociale (Cres). Etudiants, salariés, bénévoles, dirigeants d’associations…, vous voulez vous aussi vous former aux pratiques de l’économie sociale et solidaire ? Voici une vue d’ensemble des formations proposées. Les formations diplômantes L’économie sociale et solidaire se développe rapidement dans la métropole strasbourgeoise. Preuve en est : d’année en année, des coopératives et des associations naissent, notamment dans des secteurs jusqu’alors occupés par des entreprises d’économie dite « traditionnelle » (services à la personne, modes de déplacement, média…). Cette nouvelle manière de penser et de « faire » l’économie nécessite de former les dirigeants, cadres et salariés de ces nouvelles structures. Pour cela, l’université de Strasbourg et celle de Haute-Alsace (UHA) de Mulhouse, en partenariat, proposent depuis 2005 le master « Ingénierie de projet en économie sociale et solidaire », qui s’adresse aux étudiants (formation initiale) et aux professionnels (formation continue, après validation des acquis de l’expérience [VAE]). Proposant des matières aussi diverses que la finance, la science politique ou le droit social, il a pour vocation d’offrir aux étudiants une formation de haut niveau orientée vers l’acquisition des outils théoriques et pratiques indispensables à la conception, l’organisation et l’animation de projets innovants relevant du champ de l’économie sociale et solidaire. Basé sur le campus Fonderie, à Mulhouse, le master propose en première année un tronc commun et en deuxième année un choix entre deux spécialités : l’économie sociale ou le développement durable. La deuxième année se déroule en alternance (cours/stage), avec un stage long de huit mois dans une structure de l’ESS. Les débouchés sont très divers : directeur du développement d’une mutuelle, responsable du secteur de l’économie sociale et solidaire au sein d’une collectivité territoriale, chef de projets dans une association ou une organisation non gouvernementale (ONG), etc. Ainsi d’Azara, issue de la promotion 2008-2009 du master 2, qui est aujourd’hui coordinatrice de projet de développement solidaire dans une ONG intervenant au Burkina Faso. De son année de master, elle ne retient que du positif : « Le master en économie sociale m’a ouvert les portes pour connaître de riches initiatives : j’ai rencontré tout au long de l’année des représentants d’entreprises de services à la personne, de location-partage d’automobiles… Découvrir ces Alternatives Economiques - Hors-série poche n° 57 bis - novembre 2012 - 87 Vivre autrement à Strasbourg – Chapitre iii Entreprendre autrement expériences m’a permis d’enrichir ma vision de l’entrepreneuriat social et de la construction d’une société meilleure ! » • Pour en savoir plus : www.campus-fonderie.uha.fr/fr/master-economie-sociale-solidaire Les formations dédiées aux bénévoles associatifs La formation au management des structures de l’économie sociale et solidaire n’est pas réservée aux étudiants et aux salariés en formation continue. Elle est aussi disponible pour les bénévoles associatifs voulant améliorer leurs compétences dans leur domaine. C’est ce que propose, par exemple, le réseau Soutien aux associations en région Alsace (Sara) en partenariat avec la Chambre régionale d’économie sociale (Cres) d’Alsace, la Région Alsace et la Conférence permanente des coordinations associatives (CPCA). Elle organise en effet chaque année sur toute la région des modules thématiques pour les bénévoles associatifs. Au programme : apprendre à gérer la communication d’une association, améliorer sa comptabilité ou fédérer autour d’un projet commun… Autant dire que les intéressés trouveront là une formation complète aux engagements associatifs, prodigués par des acteurs associatifs. A noter également que l’Ogaca, agence conseil auprès des entreprises culturelles, organise des formations sur le passage de statut associatif au statut de société coopérative et participative (Scop) dans le domaine de la production de spectacles. • Contacts : – Association Sara, 1 a place des Orphelins, 67000 Strasbourg, site : www.reseau-sara.org, courriel : [email protected] – CPCA Alsace, 1 a place des Orphelins, 67000 Strasbourg, tél. : 03 88 23 26 38, courriel : [email protected] – Ogaca, 8 bd de Nancy, 67000 Strasbourg, tél. : 03 88 76 24 10, site : www.ogaca.org, courriel : [email protected] – Pour tout renseignement sur les formations en économie sociale et solidaire, rendez-vous sur le site de la Cres : www.cres-alsace.org, rubrique « Emploi formation », puis « Formations ». Se former toute sa vie, c’est possible ! Si vous êtes salariés, vous pouvez faire valoir vos congé de formation économique, sociale et syndicale droits à la formation. Le droit individuel à la forma- ou le congé pour validation des acquis de l’expé- tion (DIF) est reconnu pour les salariés ayant travaillé rience (VAE). au minimum un an en entreprise. Ils peuvent alors Ce dernier permet de valider des compétences décider de se former, sous réserve de l’accord de et des savoirs dans le but de déboucher sur la l’employeur sur le choix de la formation. Les salariés délivrance d’un diplôme, d’un titre ou d’un certifi- en contrat à durée déterminée (CDD) peuvent éga- cat de qualification complet ou d’une partie des lement accéder à ce droit dans des conditions unités d’enseignement qui le composent. Ainsi, une spécifiques. Au terme de son congé individuel de personne qui effectue une activité bénévole dans formation (CIF), le salarié doit retrouver son poste une association ou une activité professionnelle de travail. En outre, les frais de formation ainsi que depuis au moins trois ans peut entamer une telle l’allocation de formation sont soit à la charge de démarche. l’employeur, soit financés par des organismes agréés • Pour en savoir plus : par l’Etat : les fonds de gestion des congés indivi- – Fongecif Alsace, 2 rue Thomas-Mann, 67200 Strasbourg, duels de formation (Fongecif). site : www.fongecif-alsace.com Il existe également d’autres congés avec des objectifs de formation plus spécifiques comme le – VAE Alsace, tél. : 0810 811 668 (prix appel local), site : vae-alsace.com, courriel : [email protected] 88 - Alternatives Economiques - Hors-série poche n° 57 bis - novembre 2012 Entreprendre autrement Se faire représenter Des structures sont spécialement chargées de promouvoir les entrepreneurs de l’économie sociale et solidaire et de les représenter auprès des pouvoirs publics et des collectivités territoriales. Les principaux réseaux représentatifs de l’ESS sur la Communauté urbaine de Strasbourg – La Chambre régionale de l’économie sociale (Cres) d’Alsace a notamment pour missions de rendre plus visible l’ESS sur la région et de représenter ses acteurs auprès des pouvoirs publics. • Contact : Cres d’Alsace, 3 rue de la Coopérative, 67017 Strasbourg, tél. : 03 88 45 96 83, site : www.cres-alsace.org, courriel : [email protected] – L’Union régionale des Scop (URScop) d’Alsace – Lorraine – ChampagneArdenne représente et promeut les sociétés coopératives et participatives adhérentes de la Confédération générale des Scop (CGScop) localisées dans les régions dont elle a la charge. L’union régionale encourage la création de coopératives et les accompagne dans leur développement. Elle se veut aussi un lieu d’échanges entre les entrepreneurs du territoire dont elle s’occupe. Au niveau national, le réseau des coopératives est animé par la CG Scop. Celle-ci est présente sur tout le territoire grâce aux treize unions régionales existantes, ainsi qu’à trois fédérations de métiers : le BTP, la communication et l’industrie. • Contact : Union régionale des Scop d’Alsace – Lorraine – Champagne-Ardenne, 5 rue Morey, 54000 Nancy, tél. : 03 83 37 47 80, courriel : [email protected] – La Conférence permanente des coordinations associatives (CPCA) est une instance représentative du mouvement associatif. • Contact : CPCA Alsace, 1 a place des Orphelins, 67000 Strasbourg, tél. : 03 88 23 26 38, courriel : [email protected] – Le Centre des jeunes, des dirigeants et des acteurs de l’économie sociale (CJDES) est né en 1985 de la volonté de dirigeants de l’économie sociale de mettre en commun leurs expériences et leurs compétences. Il a pour principales missions de favoriser l’échange d’informations, d’être un lieu de rencontres, de promouvoir l’économie sociale et solidaire et, enfin, de faciliter des actions communes entre les différents acteurs de l’économie sociale. • Contact : CJDES, 24 rue du Rocher, 75008 Paris, tél. : 01 42 93 55 65, site : www.cjdes.org ZOOM GETP 67 défend les travailleurs handicapés En juin dernier, 15 entreprises adaptées (EA) et 17 éta- handicapées », précise Michel Koch, président du blissements de service d’aide par le travail (Esat) ont GETP 67. Pour améliorer la viabilité économique des créé le GETP 67, groupement des établissements de entreprises adaptées, le GETP 67 veut aussi sensibiliser travail protégés du Bas-Rhin. « Avec un recul de plusieurs les entreprises au recours à la sous-traitance en EA et années et plus de 2 200 postes créés pour des travail- Esat. Enfin, le nouveau groupement cherchera à favo- leurs handicapés, nous avons ressenti le besoin de riser les mutualisations entre structures et des réponses nous regrouper pour faire la promotion de ces structures communes à des appels d’offres. et mieux défendre le droit au travail des personnes • Contact : GETP 67, site : www.getp67.com Alternatives Economiques - Hors-série poche n° 57 bis - novembre 2012 - E. L. 89 Vivre autrement à Strasbourg – Chapitre iii Entreprendre autrement – Le Mouvement des entrepreneurs sociaux (Mouves), créé début 2010, entend rassembler des personnes dirigeant des entreprises à forte utilité sociale, indépendamment de leur statut juridique. Il a vocation à rassembler des structures qui ne sont donc pas nécessairement sous statut coopératif, associatif ou mutualiste, mais qui se retrouvent autour d’une vision de l’intérêt général selon laquelle le profit est un moyen et non une fin en soi. En 2011, le Mouves comptait plus de 300 membres. • Contact : Mouvement des entrepreneurs sociaux (Mouves), site : www.mouves.org, courriel : [email protected] – L’Union régionale des structures d’insertion par l’économique d’Alsace (URSIEA) rassemble l’ensemble des structures d’insertion par l’économique de la région. • Contact : URSIEA, 68 av. des Vosges, 67000 Strasbourg, tél. : 03 90 22 12 72, site : www.ursiea. org, courriel : [email protected] – La Fédération nationale des associations d’accueil et de réinsertion sociale (Fnars) regroupe les associations et organismes engagés dans la lutte contre les exclusions. Elle fédère près de 900 structures, qui gèrent plus de 2 800 établissements au total. • Contacts : – Fnars, 76 rue du Faubourg-Saint-Denis,75010 Paris, tél. : 01 48 01 82 00, site : www.fnars.org, courriel : [email protected] – Fnars Alsace, C/o Humanis, 7 rue du Héron, 67300 Schiltigheim, tél. : 03 88 26 26 26, courriel : [email protected] – Le réseau Coopérer pour entreprendre rassemble les coopératives d’activités et d’emploi (CAE, voir page 66) et promeut ainsi une autre manière d’entreprendre. • Contact : Coopérer pour entreprendre, 45/47 rue d’Hauteville, 75010 Paris, tél. : 01 42 63 47 71, courriel : [email protected], site : www.cooperer.coop 90 - Alternatives Economiques - Hors-série poche n° 57 bis - novembre 2012 Vivre autrement à Strasbourg – Postface « L’économie sociale et solidaire doit changer d’échelle » Pour Benoît Hamon, l’économie sociale et solidaire est un axe important de la politique du gouvernement. Pour appuyer son développement, le ministre souhaite actionner plusieurs leviers, notamment une reconnaissance législative, avec un projet de loi-cadre en préparation, P. Bagein et un accès facilité aux financements. Quelle signification donner à la création d’un ministère en charge de l’Economie sociale et solidaire ? C’est un engagement fort du président de la République en faveur de l’économie du changement. Pendant la campagne, François Hollande a choisi de mettre l’économie sociale et solidaire au cœur de sa stratégie de redressement de la France. Pour la première fois, un ministre de l’ESS a été nommé, et de plus à Bercy, c’est-à-dire là où est régulée la vie des entreprises, leur fiscalité, l’accès à la commande publique. Les acteurs de l’économie sociale et solidaire, associations, mutuelles, coopératives ont enfin un interlocuteur, doté d’une feuille de route et de moyens pour la mener à bien. C’est une vraie reconnaissance de l’apport de l’ESS à l’économie du pays. J’y vois aussi un signe que l’économie du réel s’impose face aux dérives de l’économie financiarisée. Benoît Hamon, ministre délégué auprès du ministre de l’Economie et des Finances, en charge de l’Economie sociale et solidaire et de la Consommation Quel apport spécifique reconnaissez-vous aux organisations de l’économie sociale et solidaire à côté du secteur public d’une part et des entreprises à but lucratif d’autre part ? Il faut avant tout se rappeler que l’économie sociale et solidaire n’est pas une économie par défaut, qui irait là où l’économie « traditionnelle » – ou plutôt lucrative, pour être précis – ne va pas. Prenons l’exemple des maisons de retraite : celles gérées par les associations, fondations ou mutuelles accueillent beaucoup plus de personnes Il faut avant tout se rappeler modestes ou pauvres (habilitées aide sociale) que que l’économIe socIale et solIdaIre n’est pas une économIe par celles gérées par les groupes commerciaux. défaut, quI IraIt là où l’économIe Par rapport au secteur public, l’ESS apporte souvent une réponse complémentaire, issue du tradItIonnelle ne va pas terrain, là où les citoyens s’organisent parce que la réponse au besoin n’a pas été traitée par la puissance publique. C’est le cas de la prise en charge des enfants handicapés. L’offre d’établissements s’est construite par l’organisation des familles et de leurs proches. Aujourd’hui, neuf enfants handicapés sur dix sont pris en charge dans des établissements gérés par des associations. Alternatives Economiques - Hors-série poche n° 57 bis - novembre 2012 - 91 Vivre autrement à Strasbourg – Postface Demain, l’économie sociale et solidaire sera au cœur des réponses à imaginer face à la société du vieillissement. De même, aujourd’hui, l’économie circulaire, du réemploi, du recyclage des déchets est largement ancrée dans l’ESS puisque ses acteurs sont des entreprises d’insertion. L’économie sociale et solidaire doit-elle et peut-elle changer d’échelle ? Et ce dans quel type d’activité, à quelles conditions et en mobilisant quels moyens ? Le changement d’échelle est l’enjeu des dix prochaines années. Il faut que les bonnes pratiques de l’ESS puissent, par hybridation, influer sur l’ensemble de l’économie. Pour cela, la politique que je mets en œuvre actionnera plusieurs leviers stratégiques : ce projet de loI aura notamment – donner une pleine légitimité aux acteurs de pour objectIf de défInIr le pérImètre l’ESS au travers d’une reconnaissance législative, de l’économIe socIale et solIdaIre en développant l’éducation à l’économie sociale et de la doter des moyens et solidaire, mais aussi, plus simplement, en les concourant à sa consolIdatIon considérant comme des acteurs de la société et à son développement française à part entière. – pour passer un cap, les entreprises de l’ESS doivent avoir accès à des financements de long terme, à taux préférentiel. La Banque publique d’investissement est là pour y répondre. – les emplois d’avenir aideront également les associations à développer des activités utiles au plus grand nombre. – au quotidien, il faudra aussi s’assurer que les politiques relatives à la décentralisation, à l’environnement, à la santé ou à l’action sociale, pour ne citer que quelques cas, intègrent dans leurs préoccupations toutes les spécificités de l’économie sociale et solidaire. Le soutien des pouvoirs publics au développement de l’économie sociale et solidaire ne justifie-t-il pas, en contrepartie, des exigences en termes de transparence et/ou de qualité de sa gouvernance ? Il y aurait un paradoxe à ce que ceux qui revendiquent servir l’intérêt général et la cohésion sociale ne soient pas exemplaires en matière de gouvernance démocratique et de dialogue social dans l’entreprise. J’accompagnerai tous les efforts nécessaires dans ce domaine. J’ai apprécié à ce titre que plusieurs grandes mutuelles d’assurance aient communiqué sur les salaires de leurs principaux dirigeants dans La tribune de l’assurance de septembre dernier. Vous souhaitez présenter au vote du Parlement un projet de loi-cadre sur l’économie sociale et solidaire. Quels principaux objectifs poursuivezvous avec ce texte ? Le gouvernement a en effet décidé d’inscrire à son agenda l’adoption d’un cadre législatif pour ce secteur. Ce projet de loi, très attendu par les acteurs, aura pour objectif de définir le périmètre de l’économie sociale et solidaire et de la doter des moyens concourant à sa consolidation et à son 92 - Alternatives Economiques - Hors-série poche n° 57 bis - novembre 2012 développement. Il comprendra la reconnaissance légale de l’ESS, de ses acteurs, de la singularité de leurs finalités et de leur apport à l’économie nationale. Le périmètre qui sera retenu par la loi devra être suffisamment large pour embrasser toute la diversité du secteur. Il précisera quelles sont les entreprises qui, en contrepartie d’obligations légales, pourront bénéficier de soutiens particuliers. Ces organismes devront répondre à des exigences spécifiques, par exemple en matière de gouvernance interne, d’échelle de rémunérations, d’ancrage dans les territoires, de contribution aux politiques publiques de cohésion sociale, d’insertion socioprofessionnelle ou de développement durable. Cette loi formalisera les leviers via lesquels l’Etat et les collectivités territoriales soutiennent et intègrent l’ESS dans leurs politiques publiques par la création d’instruments nationaux et régionaux de programmation et par des politiques d’aide à l’investissement ou des politiques d’achats publics. Elle permettra l’exploitation de toutes les marges de manœuvre offertes par le droit communautaire afin de ne pas disqualifier, du fait de leur modèle économique non lucratif ou des finalités qu’ils poursuivent, les acteurs de l’ESS présents sur des marchés concurrentiels. Compte tenu du caractère interministériel de cette politique publique et de la volonté du gouvernement de l’inscrire dans le long terme, il faudra convoquer de manière régulière et obligatoire une « Conférence nationale de l’économie sociale et solidaire », afin de repérer les obstacles au développement de l’ESS, d’observer les pratiques des entreprises du secteur et leur impact social, et d’évaluer les actions engagées et les orientations des pouvoirs publics. La loi pourra renforcer le cadre juridique des institutions contribuant actuellement à la conduite de cette politique publique, en particulier le Conseil supérieur de l’ESS (CSESS) et le fonds pour l’innovation sociale. Elle permettra d’inscrire dans le paysage institutionnel local les chambres régionales de l’ESS. Elle pourra introduire une procédure de consultation du CSESS pour tout projet de loi ou de décret qui concerne le champ de l’ESS. Enfin, la loi proposera la modernisation des dispositions législatives régissant le statut des coopératives pour adapter cette forme d’entreprise aux enjeux économiques actuels. L’évolution des règles entourant l’activité des mutuelles ainsi que de celles régissant le financement des associations est également prévue (titres associatifs et participatifs notamment). Propos recueillis par Philippe Frémeaux Alternatives Economiques - Hors-série poche n° 57 bis - novembre 2012 - 93 Annexes Ressources Les guides pratiques • « Et si on changeait tout… », Alternatives Economiques Poche n° 49, avril 2011, 9,50 euros. • « Les placements solidaires », Alternatives Economiques Poche n° 55 bis, juin 2012, 9,50 euros. • « L’insertion par l’activité économique », Alternatives Economiques Poche n° 44, mai 2010, 9,50 euros. • « L’économie sociale de A à Z », Alternatives Economiques Pratique n° 38 bis, mars 2009, 9,50 euros. • « Le tourisme autrement », Alternatives Economiques Pratique n° 33, mars 2008, 9,50 euros. Les sommaires de ces cinq numéros et les bons de commande sont en ligne sur www. alternatives-economiques.fr/poche • Le guide de l’entrepreneur social, par Philippe Chibani-Jacquot et Eric Larpin, Rue de l’Echiquier (à paraître au printemps 2013). • Economie sociale, par Thierry Jeantet, Etudes de la Documentation française n° 5297/98, 2009. • « Bio, commerce équitable... Ouvrez l’œil », Politis, hors-série n° 54, avril 2011. Les ouvrages de réflexion sur l’économie sociale et solidaire • Comprendre l’économie sociale. Fondements et enjeux, par Jean-François Draperi, Dunod, 2007, 26,50 euros. • Economie sociale et solidaire. S’associer pour entreprendre autrement, par Danièle Demoustier, La Découverte, 2003, 14 euros. • La nouvelle alternative ? Enquête sur l’économie sociale et solidaire, par Philippe Frémeaux, Les Petits matins, 2011, 13 euros. • La nouvelle philanthropie réinvente-telle un capitalisme solidaire ?, par Virginie Seghers, Autrement, 2009, 22 euros. • L’audace des entrepreneurs sociaux. Concilier efficacité économique et innovation sociale, par Sylvain Allemand et Virginie Seghers, Autrement, 2007, 20 euros. • L’économie sociale. Une alternative au capitalisme, par Thierry Jeantet, Economica, 2008, 14 euros. • Les chantiers de l’économie sociale et solidaire, par Alain Amintas, Annie Gouzien et Pascal Perrot (dir.), Presses universitaires de Rennes, 2005, 20 euros. • Les dynamiques de l’économie sociale et solidaire, par Jean-Noël Chopart, Guy Neyret et Daniel Rault (dir.), coll. Recherches, La Découverte, 2006, 28,50 euros. • Penser la participation en économie sociale et en action sociale, par Brigitte Bouquet, Jean-François Draperi et Marcel Jaeger, Dunod, 2009, 27 euros. Les sites • www.ademe.fr : le site de l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie. • www.apce.com : le site de l’Agence pour la création d’entreprises. • www.associationmodeemploi.fr : un site de référence pour les bénévoles et les salariés du secteur associatif. • www.avise.org : des publications en accès libre à destination des entrepreneurs sociaux. • www.cncres.org : le site du Conseil national des chambres régionales de l’économie sociale, avec de nombreuses données, notamment celles de l’Observatoire national de l’économie sociale et solidaire. • www.coopdefrance.coop : le site de la fédération des coopératives agricoles et alimentaires de France. • www.cres-alsace.fr : site de la Chambre régionale de l’économie sociale d’Alsace. • www.finansol.org : le portail des finances solidaires. • www.lemarchecitoyen.net : un portail sur l’offre équitable, bio et solidaire organisé par régions. • w w w . m i n e f e . g o u v. f r e t w w w . travailsolidarite.gouv.fr : les sites du ministère de l’Economie et de celui du Travail sont deux sources intéressantes pour connaître tous les dispositifs publics d’aide à la création d’entreprises. • www.strasbourg.eu : site de la Ville et de la Communauté urbaine de Strasbourg. • www.region-alsace.eu : site du conseil régional d’Alsace. • www.tourismesolidaire.org : le site pour choisir un voyage solidaire. Alternatives Economiques - Hors-série poche n° 57 bis - novembre 2012 - 95 Vivre autrement à Strasbourg Index Index Accès à la culture ..................................... 54 Adie .....................................................77, 82 Agriculture ........ 13, 16, 22-28, 49, 53, 80 ,82 Amap ..................................13, 23, 24, 26, 27 Artisans du monde .................................... 28 Associations ... 6-11, 13, 14, 16, 18-21, 23, 26 ....... 27, 29, 30, 35, 37, 39-41, 43, 45, 46, 49-52 ........54-59, 65, 67, 68, 70-74, 76-78, 81, 83-88 Auto-partage .................................. 33, 34, 66 Banques coopératives ...10, 13, 47, 61, 63, 79 Bénévolat ....................................... 85, 86, 88 Biocoop .................................................... 26 Boutiques de gestion ................................. 76 BTP ............................................ 8, 17, 64, 66 Caisse d’épargne ..................... 36, 47, 81, 84 Caisse des dépôts et consignations .....19, 77, 80 Capital-risque ................................ 50, 65, 80 Chèque déjeuner ....................................... 83 Cigales ................................................ 49, 50 Collectivité(s) territoriale(s) ...................14, 21 ............................................... 68, 72, 87, 89 Commerce équitable ........... 8, 11, 16, 22, 23 ......................................... 27-29, 49, 80, 82 Conférence permanente des coordinations associatives (CPCA) ............................88, 89 Conseil régional d’Alsace .......... 19, 21, 24, 69 Contrat d’accompagnement dans l’emploi ... 86 Contrats aidés ............................................86 Coopérative d’activités et d’emploi (CAE) ....... 8, 15 ............................................ 43, 61, 63, 66-69, 77 Coopératives scolaires .............................. 41 Coopérer pour entreprendre ........... 20, 67-69 Covoiturage .......................................... 33-34 Crédit coopératif ................. 36, 47, 79, 81-83 Crédit mutuel ..................... 11, 15, 21, 48, 81 Culture ........ 12, 13, 15, 16, 18, 20, 29, 32, 37 ......................... 39-41, 49, 52-54, 56, 59, 62 ........................ 63, 67-69, 71, 72, 80, 82, 88 Dispositif local d’accompagnement (DLA) ... 76 Ecologique ........ 11, 23, 34, 35, 47, 62, 66, 78 Education populaire ........................ 39-41, 86 Emploi ....... 7, 8, 10, 12, 13, 15-17, 19, 20, 23 ................... 25, 30-34, 42, 43, 48-50, 58, 59 .................... 61-63, 66-74, 76-80, 82-86, 88 Energies renouvelables .................. 13, 80, 82 Entrepreneurs sociaux .............. 19, 50, 61, 90 Entreprises adaptées (EA) ...................... 71, 89 Entreprises de travail temporaire d’insertion (ETTI) ........................... 17, 70, 78 Entreprises d’insertion..........15, 17, 19, 63, 69 ..................................................... 77, 78, 81 Entreprises sociales ...................................11 Environnement .......... 7, 11, 13, 14, 16, 23, 24 ........ 26, 31,48-50, 53, 61, 63, 69, 80-82, 86 Epargne solidaire ................13, 29, 37, 49, 80 96 - Alternatives Economiques - Hors-série poche n° 57 bis - novembre 2012 Esfin-Ides ............................................ 79-81 Etablissements de service d’aide par le travail (Esat) ....................71, 89 Fiscalité ......................................... 73, 74, 78 Fondations .............. 10, 11, 13, 44, 45, 53, 83 Fonds européen de développement régional (Feder) ........................................ 77 Fonds social européen (FSE).......8, 18, 58, 70, 84 Formation ........... 8, 18, 20, 21, 23, 24, 29, 32 ........................ 35, 38, 40, 50, 55, 56, 63, 65 .............................. 66, 70, 71, 77, 78, 85-89 France active ..................... 48, 73, 74, 80, 83 France initiative ......................................... 82 Garrigue .................................................... 80 Groupements d’employeurs pour l’insertion et la qualification .. 17, 66, 71 Habitat et humanisme .......................... 36-37 Handicap ..... 8, 25, 42, 46, 52, 54, 70, 73, 78 ............................................... 79, 82, 85, 89 Humanitaire ................................... 32, 53, 86 Insertion par l’activité économique (IAE) .... 20 ......................................... 21, 67, 77, 85, 86 Logement ..........15, 16, 21, 23, 36-38, 56, 59 .......................................................... 70, 82 Macif ........................................................ 83 Mécénat ............................................. 53, 83 Microcrédit .........................16, 48, 50, 81, 82 MJC .................................................... 20, 40 Musique ......................................... 18, 56, 58 Mutuelles d’assurances ............................. 74 Mutuelles de santé .............................. 44, 74 Nef ......................................... 48, 49, 81, 82 Open data .................................................. 57 Planning familial ....................................... 44 Régies de quartier ...........8, 21, 70, 71, 77, 78 Santé .................10, 12, 13, 16, 23, 37, 42-46 .............................. 55, 58, 59, 70, 74, 79, 86 Scic ........................ 10, 14, 24, 25, 33, 36, 49 .............................. 50, 61, 63, 65-68, 77-79 Scop ............................. 10, 14, 20, 26, 61-69 ......................................... 72, 77, 79, 85, 89 Services à la personne ............. 15, 23, 25, 42 ............................................... 43, 67-69, 87 Sociétaire ................ 10, 14, 47, 48, 61, 68, 81 Solidarité internationale ........... 28, 29, 51, 58, Sport ............................. 13, 39, 40, 52, 54-56 ......................................... 59, 71, 72, 78, 86 Tourisme ................................ 20, 52, 53, 81 Union régionale des Scop ........ 20, 63, 79, 89 Utilité sociale .... 10, 11, 65, 72-74, 81, 82, 90 Vacances ............................................ 52, 59 Validation des acquis de l’expérience (VAE) ......................... 86-88 Vélo ......................................... 33, 35, 55, 78 Volontariat ................................................ 86