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déontologiques tels l'accessibilité, la non
discrimination, l'écoute...
Enfin, la Plate-forme de la CEDD,
www.cedd-bxl.be/index.cfm?page=about,
exige de ses membres le respect des règles
déontologiques gouvernant le travail
social.
Quelques définitions
S'il semble relativement clair que nous
sommes impliqués par l'existence d'une
déontologie, peut-être faut-il commencer
par se mettre d'accord sur la signification
d'un tel terme. Il est apparu en Angleterre
chez Bentham au 19ème siècle dans un
ouvrage de philosophie sociale. Celui-ci
entendait par là une méthode pour
maximaliser le bonheur des gens.
D'emblée l'aspect «méthodologique» est
présent. Aspect qui sera en général repris
dans les différentes compréhensions de ce
terme. Quant à ce sur quoi porte la
méthodologie, cela est moins évident.
La notion de bonheur est difficilement
définissable mais elle situe la question dans
un champ particulier: il s'agit de traiter les
rapports entre personnes afin d'assurer un
«mieux-être» dans le cadre d'une idée de la
morale ou de l'éthique.
Différentes définitions développent l'un ou
l'autre aspect de ces questions: la
déontologie comme théorie des devoirs;
comme ensemble de règles morales qui
régissent l'exercice d'une profession ou les
rapports sociaux de ses membres;comme
éthique collective exercée
individuellement; comme outil privilégié
par le professionnel pour une remise en
question permanente des pratiques
professionnelles.
Pour notre part, différents éléments issus
de ces propositions de définitions nous
paraissent intéressants à souligner:
l'aspect méthode, outil collectif mais
d'application individuelle (qui fait donc
appel au jugement de l'animateur même si
celui-ci peut se référer à une démarche
construite en commun), l'aspect outil de
remise en question voire de formation, le
rapport au public mais aussi entre
travailleurs, la réflexion éthique qu'il
demande.
Quelques questions
A ce stade de travail, s'interroger sur la
déontologie dans notre secteur me semble
soulever quelques questions relativement
abstraites mais en lien direct avec notre
pratique de terrain lorsqu'on s'interroge
sur la constitution de balises
déontologiques voire d'un projet
pédagogique.
Il y a d'abord l'articulation entre morale,
éthique et droit.
Par «morale», nous entendons ici la
réflexion sur le «juste», par «éthique», la
réflexion sur «l'action juste» et par «droit»,
réflexion sur ce qui est «autorisé», ou pas.
Dans le cadre de la déontologie, de la
réflexion que nous menons, d'une part, sur
ce qu'elle est et d'autre part, en quoi elle
nous concerne, l'articulation de ces trois
notions/réalités est extrêmement
importante.
En tant qu'associations soumises à des
décrets mais également avec un objet
social particulier et, de manière générale,
en tant que travailleurs du champ social,
nous défendons une conception morale de
la société. La Plate-forme de la CEDD, par
exemple, est une réflexion morale quand
elle stipule que les membres ont une
certaine vision du monde et s'engagent à
promouvoir un modèle particulier basé sur
la solidarité, l'autonomie, la citoyenneté
pleinement assumée et un regard critique
sur le fonctionnement des institutions.
Cette morale devient une éthique quand les
EDD traduisent de tels objectifs dans leurs
actions. Cependant, la volonté d'atteindre
certains buts passe parfois par ce qu'on
appelle la «désobéissance civile».
En effet, si nous estimons qu'un règlement
est injuste, il nous faut parfois passer outre
afin de faire triompher ce que nous
estimons juste. Quand nous accueillons un
sans-papiers dans nos activités, nous
commettons une «action illégale»,
pourtant, nous croyons que c'est important
de la faire au nom d'une morale supérieure
au droit.
La déontologie peut nous servir de balise
dans ce parcours entre la morale, l'éthique
et le droit dans la mesure où elle permet de
fixer des pratiques, des rapports mais
également les moyens pour interroger les
situations et les mettre en perspective.
Une deuxième question concerne la notion
de «travail social».
Vouloir donner une définition de cette
réalité multiple donnerait l'occasion à des
débats interminables, je propose dès lors
de se baser sur la proposition de la FITS
(Fédération Internationale des Travailleurs
Sociaux) et de la confronter à notre réalité.
Le professionnel du travail social oeuvre
pour le changement social, en résolvant
des problèmes de relations humaines,
d'autonomie, de liberté des personnes en
vue d'améliorer leur existence.
Le travailleur social intervient au point
d'interaction des personnes et de leur
environnement, en utilisant les théories du
comportement et sa connaissance des
institutions sociales.
Ce sont les principes des droits de l'homme
et de justice sociale qui fondent le travail
social (Source: www.ifsw.org, 22-3-2005,
ce site propose également un texte plus
long sur le travail social qui explicite les
différents points évoqués dans cette
définition).
Si nous confrontons ce texte à la Plate-
forme, nous pouvons constater un certain
nombre de convergences. L'une et l'autre
se situent clairement dans l'optique du
changement social, et du questionnement
de l'environnement ainsi que de la vocation
transformatrice et questionnante de leur
action. Au point de vue de l'individu, l'une
et l'autre sont clairement inspirées des
principes de l'éducation permanente.
Là où la FITS propose une définition
globale, la Plate-forme, par contre, se
concentre sur le champ particulier des EDD
et ne concerne directement que les
membres de la CEDD même si sa vocation
est d'inspirer l'ensemble des EDD de
Bruxelles.
Troisièmement, la déontologie ouvre la
voie à un questionnement sur l'évolution et
l'évaluation des pratiques.
Le travail des animateurs n'est pas une
science exacte, c'est une pratique
pédagogique, sociale, humaine.
Autant dire qu'il est impossible d'enseigner
un protocole d'action et de s'y tenir de
manière absolue.