Document préparé par Dr A. Villeneuve, 2014
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Laboratoire de parasitologie
Faculté de médecine vétérinaire
Saint-Hyacinthe
Les parasites du chien
Alain Villeneuve
Décembre 2013
Instructions
Vous trouverez, dans ce dossier, des données sur une cinquantaine d’espèces ou
groupes d’espèces propres aux chiens. Une liste alphabétique vous indiquera les es-
pèces discutées (diapos 3-5).
Vous trouverez également une liste d’espèces classifiées selon la niche occupée par
le parasite adulte (diapo 6).
Les diapositives 7 à 17 montrent les espèces trouvées sous forme larvaire aux pou-
mons, à la filtration sanguine ou par raclage cutané.
Par la suite, pour chaque espèce discutée, vous trouverez une description des
éléments parasitaires servant au diagnostic, une photographie prise au microscope
et/ou un dessin s’il y a lieu. En plus, vous trouverez des informations propres à la pré-
valence, aux modes de transmission, aux traitements et aux mesures de prophylaxie.
À la fin, quelques diapositives cernent les principales difficultés associées au diag-
nostic microscopique.
Pour les médicaments listés accompagnés d’une *, l’indication proposée n’est pas
homologuée.
Liste alphabétique des espèces traitées
Acanthocheilonema (Dipetalonema) reconditum
Alaria
Ancylostoma caninum
Babesia canis
Babesia gibsoni
Baylisascaris spp.
Calodium (Capillaria) hepaticum
Capillaria (Calodium, Eucoleus, Paersonema)
Cheyletiella yasguri
Coccidies (Isospora)
Crenosoma vulpis
Cryptosporidium
Ctenocephalides felis
Cuterebra spp.
Demodex
Diphyllobothrium spp.
En rouge, nouvelle classification
avec l’ancienne entre parenthèses
Liste alphabétique des espèces traitées
Dipylidium caninum
Dirofilaria immitis
Eucoleus (Capillaria) boëhmi
Eucoleus (Capillaria) aerophilus
Giardia
Hepatozoon americanum
Leishmania infantum
Mesocestoides
Neospora
Otodectes cynotis
Oslerus (Filaroides) osleri
Paersonema (Capillaria) plica
Paragonimus kellicotti
Physaloptera praeputialis
Poux (Linognathus setosus)
Poux (Trichodectes canis)
Rhabditis (Pelodera) strongyloides
Sarcocystis
Sarcoptes scabiei
Spirocerca lupi
Strongyloides stercoralis
Taenia spp.
Tiques (Amblyomma americanum)
Tiques (Dermacentor variabilis)
Tiques (Haemaphysalis leporis-palustris)
Tiques (Ixodes cookei)
Tiques (Ixodes scapularis)
Toxascaris leonina
Toxocara canis
Trichomonas
Trichuris vulpis
Trombiculidae (Chigger mites ou aoûtat)
Liste alphabétique des espèces traitées
Trypanosoma cruzi
Uncinaria stenocephala
Liste des parasites selon leur niche
Estomac : Physaloptera
Intestin : Alaria, Ancylostoma, Baylisascaris, Calodium, Coccidies,
Cryptosporidium, Diphyllobothrium, Dipylidium, Eucoleus, Giardia,
Mesocestoides Neospora, Sarcocystis, Strongyloides, Taenia, Toxascaris
leonina, Toxocara canis, Trichomonas, Trichuris vulpis, Uncinaria
stenocephala
Muscles : Neospora
Peau : Amblyomma americanum, Cheyletiella, Ctenocephalides felis,
Demodex, Dermacentor variabilis, Haemaphysalis leporis-palustris, Ixodes
cookei, Ixodes scapularis, Linognathus , Otodectes, Rhabditis, Sarcoptes,
Trichodectes, Trombiculidae
Poumons : Crenosoma vulpis, Eucoleus, Oslerus, Paragonimus, Spirocerca
Sang : Babesia, Dirofilaria, Hepatozoon, Leishmania
Tissus sous-cutanés : Acanthocheilonema, Cuterebra
Vessie : Paersonema
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Généralités
La grande majorité des parasites trouvés chez le chien peuvent être iden-
tifiés par les éléments parasitaires excrétés avec les matières fécales.
Toutefois, des tests effectués sur d’autres échantillons (sang, urine, peau,
lavage trachéal) peuvent montrer la présence de certains parasites.
Dans le SANG, on pourra voir des larves de Dirofilaria ou d’Acantho-
cheilonema, ou plus rarement, une ou deux larves de Toxocara, Ancylo-
stoma ou Strongyloides.
Dans l’URINE, on pourra voir les œufs de Paersonema (Capillaria) plica ou,
si du sang s’est mêlé à l’urine, une larve des espèces présentes dans le
sang.
Dans la PEAU, il est possible de détecter les ectoparasites, des larves de
Rhabditis (Pelodera) strongyloides, ou une larve des espèces présentes
dans le sang.
Lors d’un LAVAGE TRACHÉAL, on peut démontrer la présence de larves
d’Oslerus (Filaroides) osleri ou de Crenosoma vulpis, de même que des
larves d’espèces en migration dont Toxocara, Ancylostoma ou Strongy-
loides.
Dimensions des larves trouvées dans le sang, la peau,
l’urine ou le lavage bronchial
Espèce Stade Longueur (μm) Diamètre (μm)
___________________________________________________________
Dirofilaria L1 > 310 6,2-7,2
Acanthocheilonema L1 < 290 4,7-5,8
Toxocara L3 360-445 18-21
Ancylostoma L3 567-697 20-24
Strongyloides L3 456-568 15-16
Strongyloides L1 280-310 16-18
Rhabditis (Pelodera) L1 400-700
Oslerus (Filaroides) L1 360-400
Crenosoma L1 265-314
_________________________________________________________
Rapport de la longueur de l’œsophage à la longueur
totale du corps
Espèce Stade Oesophage/corps
___________________________________________________________
Toxocara L3 1/3
Ancylostoma L3 1/4
Strongyloides L3 4/10
Strongyloides L1 1/3
Rhabditis (Pelodera) L1 1/4
Oslerus (Filaroides) L1 1/4
Crenosoma L1 4/10
________________________________________________________
Morphologie des espèces trouvées dans le sang
Dirofilaria
Dipetalonema
Toxocara Ancylostoma
Strongyloides
Autres nématodes trouvés dans le sang
Toxocara canis
Ancylostoma caninum
Strongyloides stercoralis
Leurs dimensions sont généra-
lement plus grandes et on ne
trouve qu’un seul individu par
ml de sang.
Autres nématodes trouvés dans le sang
Ancylostoma
caninum
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Espèces trouvées dans l’urine
Paersonema (Capillaria) plica (œuf)
+ Espèces trouvées dans le sang:
Dirofilaria (L1)
Acanthocheilonema (L1)
Toxocara (L3)
Ancylostoma (L3)
Strongyloides (L3)
Espèces trouvées dans la peau
Rhabditis (Pelodera) strongyloides (L1)
+ Espèces trouvées dans le sang:
Dirofilaria immitis (L1)
Achanthocheilonema reconditum (L1)
Toxocara canis (L3)
Ancylostoma caninum (L3)
Strongyloides stercoralis (L3)
400-700 μ
Espèces trouvées par lavage trachéal
Espèces résidentes :
Oslerus (Filaroides) osleri (L1)
Crenosoma vulpis (L1)
Paragonimus kellicotti (œuf)
+ Espèces en migration :
Toxocara canis (L3)
Ancylostoma caninum (L3)
Strongyloides stercoralis (L3)
Espèces trouvées par lavage trachéal
Espèces résidentes:
Oslerus (Filaroides) osleri (L1)
Crenosoma vulpis (L1)
Paragonimus kellicotti (œuf)
Paragonimus C. vulpis
265-314 μm Oslerus
360-400 μm
Espèces trouvées par lavage trachéal
Espèces en migration :
Toxocara canis (L3)
Ancylostoma caninum (L3)
Strongyloides stercoralis (L3)
Strongyloides stercoralis (L3)
Espèces visibles à l’œil nu sur les matières fécales
Espèce Longueur
Dipylidium caninum 70 cm (segment = 12 x 3 mm)
Taenia spp variable (segment = 5-10 x 3-5 mm)
Physaloptera 6
Baylisascaris 22
Toxascaris 10
Toxocara 18
N.B. : des sections de vers plats d’une dizaine de cm peuvent être vomis à l’occasion, de
même que toutes les espèces de nématodes apparaissant dans cette liste. Tous ces vers
sont visibles à cause de leur couleur blanchâtre.
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Acanthocheilonema (Dipetalonema) reconditum
Description des microfilaires : Celles-ci ressemblent
beaucoup aux microfilaires de Dirofilaria immitis.
Elles mesurent moins de 290 μm de longueur (> 310
pour Dirofilaria) et leur diamètre est plus faible (4,7-
5,8 vs 6,2-7,2 μm). Une fois mortes, leur queue se
recourbe souvent en forme d’hameçon. Au frottis
frais, les microfilaires de A. reconditum ne demeurent
pas dans le champ du microscope, ce qui est le cas
pour celles de Dirofilaria. Les tests immunologiques
mis en marché pour le diagnostic de la dirofilariose ne
réagissent pas en présence d’A. reconditum.
Acanthocheilonema (Dipetalonema) reconditum
Test le plus sensible : Tests de concentration de microfilaires; frottis
frais; test immunologique (par exclusion).
Description de l’adulte : Nématode en forme de filament mesurant 13
mm de long chez le mâle et jusqu’à 32 mm chez la femelle.
Hôtes : Canidés.
Niches : L’adulte se loge dans le tissu conjonctif sous-cutané, les cavités
corporelles et le gras entourant les reins.
Prévalence : Quelques cas sont rapportés à l’occasion. La prévalence
est plus élevée dans le sud des États-Unis (atteint 50% des chiens
microfilarémiques au Tennessee. En diminution à cause de l’utilisation
préventive répandue des produits contre les puces.
Animaux à risque : Ceux qui vivent dans un environnement les
puces abondent.
Acanthocheilonema (Dipetalonema) reconditum
Modes d’infection : La puce infectée injecte des larves infectieuses (L3)
lorsqu’elle se nourrit.
Épidémiologie : Une larve est ingérée avec le sang par la puce et se
développe pour atteindre le stade infectieux en 7 à 14 jours. Elle est
ensuite injectée chez le chien et atteint le stade adulte en 2 à 3 mois.
Signes cliniques : Ce parasite est considéré non pathogène.
Traitement : Aucun (non suggéré).
Prophylaxie : Prévenir les infestations de puces par des mesures
appropriées (médication et autres).
Non zoonosique.
Alaria spp.
Caractéristiques de l’œuf : Les dimensions de l’œuf les placent parmi
les œufs les plus gros (98-134 x 62-68 μm). Leur couleur est brun doré,
leur forme est ovoïde, et un opercule est généralement visible.
L’embryon est minuscule et baigne dans un grand nombre de cellules
vitellines. L’œuf est relativement fragile et se déforme facilement dans
les solutions hypertoniques.
Opercule
Alaria spp.
Test le plus sensible : Sédimentation. Il est possible de les voir
à la centrifugation dans le sulfate de zinc, mais leur nombre
est alors plus restreint.
Description de l’adulte : Ce trématode mesure de 2 à 6 mm de long. Sa
partie antérieure est aplatie et allongée tandis que sa partie posté-
rieure est arrondie ou cylindrique.
Hôtes : Principalement chez les carnivores sauvages. Les chiens sont
des hôtes accidentels et les chats en sont encore plus rarement
infectés.
Niche : Duodénum.
Animaux à risque : Animaux qui chassent.
Prévalence : Chez 0,18% des chiens vus en clinique vétérinaire et testés
dans notre laboratoire depuis 2009 (n = 14 051).
Modes d’infection : Ingestion de grenouilles ou d’un hôte paraténique
(souris, rats, serpents, oiseaux probablement) infecté.
Alaria spp.
Épidémiologie : Chez l’hôte définitif, le parasite migre de
l’intestin à travers la cavité péritonéale, passe à travers le dia-
phragme pour rejoindre les poumons il se transforme en
métacercaire. Quelques semaines plus tard, il remonte la
trachée, est de nouveau avalé et termine son développement
dans l’intestin. PPP = 35 jours.
Signes cliniques : Lorsqu’ils s’attachent à la muqueuse, ils
peuvent provoquer, si nombreux, une duodénite catarrhale.
Traitement : Praziquantel, epsiprantel, fenbendazole*.
Prophylaxie : Limiter la prédation.
Zoonosique : Problèmes pulmonaires et digestifs.
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Ancylostoma caninum
Caractéristiques de l’œuf : Forme cylindrique à bouts arrondis (œuf
type strongle); coquille mince; embryon 4 à 8 cellules ou plus, le déve-
loppement étant rapide une fois exposé à de l’oxygène; de couleur
brun grisâtre, l’embryon remplit presque complètement l’œuf.
Dimensions: 55-74 x 37-43 μm. Ce parasite est considéré prolifique,
produisant quelques 10 à 20 000 œufs/femelle/jour.
• Œufs habituellement peu nombreux à la coproscopie, sauf exception.
Test le plus sensible : Centrifugation dans le sulfate de zinc. Les vers en
sont pas visibles dans les matières fécales.
Ancylostoma caninum
Description de l’adulte : Nématode mesurant 20 mm de long chez la
femelle et 13 mm chez le mâle. Sa couleur est généralement très
foncée, à l’alimentation hématophage. L’adulte prend souvent une
position en forme de point d’interrogation.
Hôtes : Espèce spécifique aux canidés domestiques et sauvages.
Animaux à risque : Observé fréquemment chez les chiens adultes, ceux
qui rôdent souvent à l’extérieur, ceux qui voyagent dans les régions
plus au sud, ceux vivant en groupe, ceux qui chassent et chez les
animaux qui proviennent d’élevage mal tenu.
Prévalence : Chez 1,30% des chiens vus en clinique vétérinaire et testés
dans notre laboratoire depuis 2009 (n = 14 051).
Modes d’infection : Pénétration active à travers la peau (++++);
ingestion de colostrum (++), ingestion d’une larve (+); prédation (+).
Ancylostoma caninum
Épidémiologie : Migration somatique tissus-poumons-intestin. Enkyste-
ment tissulaire d’une durée de 8 mois et plus. PPP = 15-26 jours, la
période la plus longue correspondant à l’animal immun.
Signes cliniques : Anémie; sang digéré dans les matières fécales (mélé-
na); diarrhée; dermatite aux pieds.
Traitement : Pyrantel; nitroscanate; fenbendazole; fébantel; milbe-
mycine; moxidectine; ivermectine* (0,2 mg/kg). Traitement mensuel
pendant 6 mois et plus, indépendamment de la saison (les larves tissu-
laires ne sont pas affectées par les médicaments utilisés aux doses re-
commandées.
Prophylaxie : Le gel détruit les larves au sol et les œufs en quelques
jours. Ce sont les terrains ombragés et bien drainés qui présentent le
plus de danger lorsqu’ils sont contaminés. La survie en conditions
idéales serait de 5 semaines.
Zoonosique : Dermatite, entérite éosinophilique.
Babesia canis, B. gibsoni
Description : Protozoaires en forme de poire, groupés en paire (1,2 ou
3) par leur extrémité effilée (1,5-5 μm de long). Les formes rondes
seraient des gamétocytes. La taille de Babesia gibsoni est petite et elle
apparaît sous forme d’un point minuscule.
Test le plus sensible : PCR (Caroline du Nord), frottis sanguin (Giemsa).
Babesia canis, B. gibsoni
Hôtes : Babesia gibsoni surtout chez les terriers Pitt-Bull; B. canis
infecte surtout les Greyhounds.
Niche : Dans le sang périphérique.
Animaux à risque : Chiens de combat (Pitt-Bull).
Prévalence : Environ 40% à l’intérieur des races sensibles; plus faible
chez les autres chiens
Distribution géographique: Sauf le centre des États-Unis, Ontario.
Modes d’infection : Tiques (Rhipicephalus sanguineus), morsures,
passage transplacentaire, transfusion sanguine
Épidémiologie : Le chiot serait à la fois réceptif et sensible jusqu’à l’âge
de 10 semaines. Multiplication asexuée continuelle chez le chien. Re-
production sexuée chez la tique, laquelle injecte le parasite à l’hôte.
Babesia canis, B. gibsoni
Signes cliniques : L’infection à B. canis est généralement sub-clinique.
Anémie régénérative; anémie hémolytique accompagnée d’hémoglo-
binémie et d’hémoglobinurie, de fièvre (41,5°C) et d’anorexie. Les
chiens atteints d’infection chronique souffrent de fièvres intermit-
tentes, d’anorexie et d’un amaigrissement chronique.
Traitement : Imidocarb diproprionate (Imizol de Schering-Plough) à 6,6
mg/kg IM, répété 7 à 14 jours plus tard. Pour B. gibsoni, on utilise
l’atovaquone (Mepron® ou Mararone® de GlaxoSmithKline), à la dose
de 13,4 mg/kg PO TID avec un repas riche en lipides, combiné à
l’azithromycine à la dose de 10 mg/kg PO pour 10 jours (Birkenheuer et
al., 2004). D’autres médicaments peuvent être utilisés. Aucun de ces
médicaments ne peut complètement débarrasser l’animal de Babesia.
Prophylaxie : Contrôle des tiques
Zoonosique : Possible, mais les cas décrits seraient plutôt le fait de B.
microti.
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