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attirer ou conserver le médecin de famille
dans certaines communautés : la formule
de la coopérative de santé.
Dès 19965, mais surtout depuis 2000
avec une accélération marquée depuis
20056, devant la menace de fermeture de
la clinique médicale locale7 ou à la pénu-
rie d’une telle ressource sur leur terri-
toire, des communautés se sont mobilisées
à travers le Québec pour créer des coopé-
ratives de santé. On cherche ainsi à
« mettre en place des mesures facilita-
trices pour permettre aux médecins de
pratiquer » la médecine familiale, en met-
tant à leur disposition des locaux, des
équipements et des ressources humaines
qui prennent en charge certaines tâches
de gestion de personnel, d’immeuble ou
de programmes de santé en permettant
une pratique dans un cadre de vie inté-
ressant » 8.
5 La première coopérative de santé est celle
de St-Étienne-des-Grès, Coopérative de
solidarité santé Les Grès, mise sur pied
en 1996. Pour un bref historique de cette
coopérative, on peut consulter : Jean-
Pierre Girard, Notre système de santé,
autrement, Montréal, Éditions BLG,
2006, p. 93-96.
6 Le Conseil de la coopération du Québec
en dénombrait 13 en opération et 4 en
phase de démarrage en 2006 : Conseil
de la coopération du Québec, La voie
coopérative pour des citoyens à la gouverne
de leur santé, mémoire déposé à la Com-
mission parlementaire des Affaires
sociales sur le document Garantir l’accès :
un défi d’équité, d’effi cience et de qualité,
mars 2006, p. 15.
7 Parfois en raison du départ à la retraite
du médecin.
8 Marie-Joëlle Brassard, « Vers une gou-
verne de leur santé par les citoyens! »,
(2007) 97-4 L’Action nationale 56.
Nous limiterons notre propos aux
coopératives de santé qui offrent des ser-
vices médicaux couverts par la Régie de
l’assurance-maladie du Québec. Ces ini-
tiatives, en principe compatibles avec
l’objectif du gouvernement du Québec
d’une occupation dynamique du terri-
toire9, reposent sur une volonté ferme de
prise en main de la communauté, privée
d’un service de santé essentiel. La
démarche s’exerce dans une perspective
de solidarité, telle que défi nie par le mou-
vement coopératif et la législation qui
l’encadre10.
L’analyse préliminaire des coopéra-
tives de santé permet de toucher à cer-
tains enjeux, en plus de met tre sur table
la contribution de ce type de structure au
sein du système de santé québécois, tout
en posant la question des relations
qu’ elles sont susceptibles d’entretenir
avec les partenaires du milieu et notam-
ment avec les autorités municipales.
Pendant que certains accueillent
avec beaucoup d’enthousiasme cette nou-
velle forme que peut prendre la pratique
médicale11, d’autres posent des objec-
tions12 auxquelles il est pertinent de s’at-
tarder. Nous profi terons de cette analyse
9 Ministère des Affaires municipales,
Régions et Occupation du terri-
toire, Économie sociale et occupation du
territoire, Colloque provincial sur les
coopératives de santé, Montréal, 29 avril
2009, présentation disponible en ligne :
<http://www.fcsdsq.coop/>.
10 Loi sur les coopératives, L.R.Q., c. C-67.2.
11 L’Action nationale a consacré un numéro
spécial sur les coopératives de santé, avec
plusieurs contributions très favorables :
« Dossier : Regards sur les coopératives de
santé », (2007) 97-4 L’Action nationale.
12 Jean-Yves Proulx, « Les coops de santé :
un scandale », Le Nouvelliste, 29 janvier
2009.
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