
Sociétés politiques comparées, n°4, avril 2008
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des actifs, intérêts courus non échus, etc., sur le marché boursier en tenant compte de
paramètres difficilement quantifiables tels que le « goodwill » ;
- l’inscription de l’activité économique dans le temps, les valorisations et dévalorisations
sur les marchés à terme, la spéculation, soulèvent sans cesse des questions de valeurs dans
leurs rapports aux prix ;
- un raisonnement analogue s’applique à l’activité économique dans l’espace/temps.
Bien entendu, certains économistes tentent de construire une critériologie de la valeur et
de chiffrer celle-ci, car le raisonnement économique à terme ne peut se satisfaire
d’abandonner la valeur à ses incertitudes qualitatives au bénéfice d’une théorie des prix. Les
exemples cités ci-dessus suggèrent que pour progresser dans ce débat il convient de l’élargir à
des aspects non strictement économiques au sens habituel du terme. Autrement dit, le présent
article ne se propose pas de rester dans le périmètre des travaux des économistes concernant la
valeur ni d’en fournir une synthèse, mais de montrer en quoi les analyses des anthropologues,
des historiens, des sociologues ou des politistes peuvent enrichir la compréhension des
processus de formation de la valeur. En mettant en avant des phénomènes souvent occultés
par les analyses économiques classiques, cette approche pluridisciplinaire montre que
l’historicité des rapports d’échange, de production et de consommation, ainsi que la diversité
des dimensions sociopolitiques explique la multiplicité des évaluations possibles des biens et
des personnes. A ce propos, deux phénomènes nous semblent importants à mettre en
évidence.
- D’une part, la fiction fait partie du processus de formation de la valeur. Bien que
le caractère fictif de la marchandise (terre, force de travail, homme...) et donc de la
marchandisation ait été souligné par Marx aussi bien que par Weber et Polanyi, les
conséquences de ce phénomène sont peu prises en compte aujourd’hui dans les
analyses de la valeur. Il importe d’intégrer les traductions concrètes de la fiction
marchande (par exemple en termes d’interventionnisme et donc d’introduction de
normes organisationnelles, d’imaginaire du pouvoir et de la discipline...), de
comprendre le processus de « mise en valeur » qui est toujours construit pas des
institutions mais aussi par des rapports de force et des jeux de pouvoir. La fiction
de l’économie pure, fiction sous-jacente aux analyses économiques courantes,
influe également sur les évaluations économiques. L’article a donc également pour
ambition de montrer les limites de cette fiction en suggérant la diversité des