HEC MONTRÉAL EFFETS DE L’ADOPTION DES NORMES IFRS SUR LES PRATIQUES DE DIVULGATION D’INFORMATIONS FINANCIÈRES À CARACTÈRE ENVIRONNEMENTAL DES SOCIETES COTÉES CANADIENNES : CAS DES DISPOSITIONS DU RÈGLEMENT 51-102 DES ACVM par Kuassi Mahugnon ZINSOU Sciences de la gestion Comptabilité Financière et Stratégique Mémoire présenté en vue de l’obtention du grade de maîtrise en sciences ès gestion (M. Sc.) Novembre 2013 © Kuassi Mahugnon Zinsou, 2013 SOMMAIRE Notre étude consiste à analyser l’impact de l’adoption des normes IFRS par les sociétés cotées canadiennes (échantillon composé de 30 sociétés dans différents secteurs) sur leur divulgation d’informations financières à caractère environnemental. Nous avons procédé à des tests uni-variés et des régressions multi-variées pour analyser la relation de nos variables. En contrôlant par rapport au secteur d’activité de l’entreprise et à sa taille, nous obtenons des résultats qui suggèrent une amélioration des pratiques de divulgation à la suite de l’adoption des normes IFRS. Cette tendance est plus prononcée dans le cas des entreprises œuvrant dans des secteurs jugés sensibles sur le plan environnemental et de grande taille. Mots clés : Divulgation environnementale, IFRS, Règlement 51-102, ACVM ii TABLE DES MATIÈRES SOMMAIRE ....................................................................................................................................... ii TABLE DES MATIÈRES ...................................................................................................................... iii LISTE DES TABLEAUX......................................................................................................................... v LISTE DES ABBRÉVIATIONS .............................................................................................................. vi REMERCIEMENTS............................................................................................................................ vii INTRODUCTION ............................................................................................................................... 1 CHAPITRE 1 : DÉFINITION ET CADRE RÈGLEMENTAIRE DE LA DIVULGATION D’INFORMATION ENVIRONNEMENTALE ..................................................................................................................... 3 1-1) Définition et différentes formes de divulgation d’informations environnementales ......... 3 1-1-1) Définition de divulgation d’informations et de performances environnementales ..... 4 1-1-2) Divulgation volontaire d’informations environnementales ......................................... 5 1-1-3) Divulgation obligatoire d’informations environnementales ....................................... 6 1-2) Cadre règlementaire et institutionnel de la divulgation d’informations environnementales ..................................................................................................................................................... 8 1-2-1) Les lignes directrices de la Global Reporting Initiative (GRI) ........................................ 8 1-2-2) Le Règlement 51-102 sur les obligations d’information continue.............................. 10 1-2-3) Les normes IFRS et la divulgation environnementale................................................. 14 CHAPITRE 2 : REVUE DE LA LITTÉRATURE...................................................................................... 20 2-1-) Les fondements théoriques de la divulgation environnementale .................................... 21 2-1-1-) Théorie économique de l’agence .............................................................................. 21 2-1-2-) Théorie de la légitimité .............................................................................................. 22 2-1-3-) La théorie des parties prenantes ............................................................................... 23 2-2-) Évolution des recherches en matière de divulgation environnementale ........................ 25 2-2-1) Catégorie d’informations environnementales divulguées par les entreprises........... 25 2-2-2) Déterminants de la divulgation d’information environnementale des entreprises ... 27 CHAPITRE 3 : HYPOTHÈSES ET METHODOLOGIE ........................................................................... 35 3-1-) Hypothèses ....................................................................................................................... 35 3-1-1) Rôle de la dimension réglementaire dans la divulgation environnementale ............. 35 3-1-2) Développement de l’hypothèse de recherche ........................................................... 37 3-2-) Méthodologie ................................................................................................................... 37 iii 3-2-1) Le Modèle .................................................................................................................. 37 3-2-2) Les variables dépendantes : Mesure des sous scores et du score de divulgation d’information environnementale .......................................................................................... 39 3-2-3) Les variables indépendantes....................................................................................... 42 3-3) L’Échantillon ................................................................................................................... 46 CHAPITRE 4 : ANALYSE DES RÉSULTATS ........................................................................................ 48 4-1) Les analyses descriptives des pratiques de divulgation environnementale des sociétés canadiennes de 2009 à 2012 ..................................................................................................... 48 4-2) Analyses uni-variées........................................................................................................... 52 4-2-2) Matrice de corrélation de Pearson ............................................................................ 53 4-2-3) Résultats des tests multi-variés et interprétation des résultats ................................ 56 CONCLUSION ................................................................................................................................. 63 REFERENCES .................................................................................................................................. 66 ANNEXES ........................................................................................................................................ 72 iv LISTE DES TABLEAUX Tableau 1 Statistiques descriptives sur les caractéristiques de l’échantillon Tableau 2 Statistiques descriptives des scores de divulgation par année Tableau 3 Score moyen annuel par secteur Tableau 4 Résultat des tests de différence de moyenne (score moyen par entreprise pour les deux périodes d’étude Tableau 5 Matrice de corrélation des variables dépendantes et indépendantes Tableau 6 Résultats des régressions multiples (score Total) Tableau 7 Résultats des régressions multiples des sous scores Tableau 8 Scores de divulgation des sociétés du secteur de la chimie Tableau 9 Scores de divulgation des sociétés du secteur des emballages Tableau 10 Scores de divulgation des sociétés du secteur des mines Tableau 11 Scores de divulgation des sociétés du secteur du pétrole et gaz Tableau 12 Scores de divulgation des sociétés du secteur des pâtes et papiers Tableau 13 Scores de divulgation des sociétés du secteur des transports 47 50 51 52 55 57 60 79 79 80 80 81 81 v LISTE DES ABBRÉVIATIONS ACVM : Autorités canadiennes en valeurs mobilières IFRS : International Financial Reporting Standards (normes internationales d'information financière) AICPA: American Institute of Certified Public Accountants SEC : Securities and Exchange Commission ICCA : Institut Canadien des Comptables Agréés IASB: International Accounting Standards Board IAS: International Accounting Standards PCGR : Principes Comptables Généralement Reconnus SME : Système de Management Environnemental NRE : Nouvelles Régulations Économiques SAB : Staff Accounting Bulletin ICAC : Instituto de Contabilidad y Auditoria de Cuentas (Institut de comptabilité et de révision comptable) GRI : Global Reporting Initiative PNUE : Programme des Nations Unies pour l’environnement CERES : Coalition for Environmentally Responsible Economies IFRIC: International Financial Reporting Interpretations Committee CEP : Council on Economic Priorities TRI : Toxics Release Inventory ROA : Return On Asset vi REMERCIEMENTS Je tiens tout premièrement à remercier mon directeur, M. Yves Bozec pour avoir accepté de partager avec moi ses connaissances de même que pour m’avoir accordé son soutien et son temps. Je voudrais également remercier les professeurs Denis Larocque et Denis Cormier pour leurs conseils dans la réalisation de ce travail. Je tiens aussi à remercier mon épouse Anfany et mon garçon Ifey pour leur appui, leur patience et surtout, leurs encouragements. vii INTRODUCTION Les catastrophes écologiques à répétition (Érika-Exxon Valdez …) du fait des activités des entreprises, doublés des scandales financiers des années 2000 (ENRONWORLCOM) ont provoqué une crise de confiance en l’information communiquée par les entreprises. Pour restaurer la confiance, les régulateurs des marchés financiers, aussi bien américains qu’européens se sont de plus en plus intéressés à la qualité de la divulgation financière, mais aussi non financière (Loi Sarbanes-Oxley de 2002 aux États-Unis (Ben Rhouma, 2008)).Ainsi, des normes et des directives de comptabilité en matière de communication ou de divulgation environnementale ont été produites par différents organismes de réglementation, comme l’American Institute of Certified Public Accountants (AICPA), la Securities and Exchange Commission (SEC), l’Institut Canadien des Comptables Agréés (ICCA) et les Autorités Canadiennes en Valeurs mobilières (ACVM) dont le règlement 51-102 sera l’objet de notre étude dans le présent mémoire. Le Règlement 51-102 sur les obligations d'information continue des Autorités canadiennes en valeurs mobilières ,en vigueur depuis le premier juin 2005 , exige que les émetteurs assujettis rendent compte de leurs intérêts, politiques et obligations d’ordre social et environnemental jugés importants dans le cadre de leurs activités et de leur performance. Malgré l’existence de normes et de directives de comptabilité liées à la communication et à la divulgation environnementale, les organisations ignorent ou contournent souvent ces cadres, et ne divulguent pas suffisamment l’information du fait du caractère volontaire de certains cadres de divulgation (Cho et Patten, 2008). En l’absence de normes ou de standards, les organisations disposent de beaucoup de latitude en matière de gestion et de communications environnementales, avec pour effet corollaire, une superficialité dans leur divulgation environnementale (Caron et Cho, 2009); (Cho et Patten, 2007). Selon Cormier, Magnan et Aerts (2004), la qualité de la divulgation environnementale varie largement entre les firmes d’un même pays ainsi qu’à travers les pays. Les résultats d’une étude sur les pratiques de communication de l'information environnementale adoptées par les plus grandes sociétés canadiennes inscrites à la cote, autres que les entreprises du secteur financier et du secteur de la distribution, indiquent 1 que les normes strictes énoncées dans le chapitre 3061 du Manuel de l'ICCA, ou établies par les commissions des valeurs mobilières, donnent lieu à une information de meilleure qualité1. Mais, il est également mentionné que les entreprises communiquent rarement des informations environnementales susceptibles d'avoir une incidence négative sur le cours de leurs actions (Cormier et Magnan, 2003). Avec le chapitre 3061, la plupart des informations exigées ont trait aux passifs environnementaux, explicites ou implicites et la divulgation de l’information est obligatoire (Cormier et Magnan, 2003). Les règles comptables jouent donc un rôle clé dans la qualité des divulgations financières ou non, effectuées par les organisations. Pour tester cet effet, nous chercherons à répondre à notre principale question de recherche qui est la suivante : est-ce qu’avec l’adoption des normes IFRS, les sociétés cotées canadiennes améliorent-elles leurs pratiques de divulgation d’informations financières à caractère environnemental? Le 1er janvier 2011, les entreprises canadiennes ayant une obligation d’information du public, ce qui inclut les émetteurs assujettis, sont tenues d’utiliser les IFRS adoptées par l’IASB pour la préparation de leurs états financiers. En effet, les IFRS comportent des différences par rapport aux PCGR canadiens en ce qui a trait à la comptabilisation et à l’évaluation des provisions, y compris les provisions au titre des passifs environnementaux. Ce mémoire s’organisera de la manière suivante. Au chapitre 1, nous exposerons quelques définitions et le cadre règlementaire de la divulgation d’information environnementale au Canada. Nous procéderons par la suite au chapitre 2, par décrire la littérature tant théorique qu’empirique portant sur la divulgation d’information environnementale. Dans le troisième chapitre, nous exposerons nos hypothèses ainsi que notre méthodologie de recherche. Le quatrième chapitre sera consacré à l’analyse de nos résultats. Enfin, nous exposerons les conclusions de notre mémoire, ainsi que les limites et quelques pistes de recherches. 1 http://www.camagazine.com/archives-fr/edition-imprimee/2003/may/regulars/camagazine23449.aspx 2 CHAPITRE 1 : DÉFINITION ET CADRE RÈGLEMENTAIRE DE LA DIVULGATION D’INFORMATION ENVIRONNEMENTALE Au cours des dernières années et notamment depuis le Protocole de Kyoto en 1997, les entreprises ont été invitées à réévaluer les impacts de leurs activités en matière de gestion et de protection environnementale. Les entreprises sont encouragées à inscrire leurs activités dans une perspective de long terme, l’objectif étant de concilier l’intérêt de différents groupes d’acteurs (employés, clients, fournisseurs, communauté et actionnaires), mais également de comprendre et de minimiser les impacts environnementaux de leurs activités. Connu généralement sous l’expression de développement durable, ce concept fait appel à la responsabilité sociale de l’entreprise pour se concrétiser. Dès lors, cette prise de conscience est à l’origine de l’émergence de la divulgation de nature environnementale. 1-1) Définition et différentes formes de divulgation d’informations environnementales Selon Gendron (2004), deux types d’informations sont susceptibles de divulgation: l’information financière à caractère environnemental (présente dans les rapports financiers annuels) et la performance environnementale (plus aléatoire et moins encadrées). 3 1-1-1) Définition de divulgation d’informations et de performances environnementales 1-1-1-1) Divulgation d’informations environnementales La divulgation environnementale s’inscrit dans le cadre plus large de divulgation en matière de développement durable. La divulgation en matière de développement durable (appelée aussi « divulgation environnementale, sociale et de gouvernance » ou ESG) est l'acte de communiquer la performance organisationnelle sur des questions relatives aux activités financières, environnementales, sociales et de gouvernance2.Notre attention, dans ce mémoire, se portera sur la dimension environnementale du développement durable. Selon Cormier et al. (2002), « l’information environnementale publiée par les entreprises vise à fournir une compréhension générale des questions environnementales et des risques de même qu’une indication du niveau de la performance de la firme dans le domaine environnemental ». 1-1-1-2) Divulgation de performances environnementales La performance environnementale se définit comme : « les résultats mesurables du système de management environnemental (SME), en relation avec la maîtrise par l'organisme de ses aspects environnementaux sur la base de sa politique environnementale, de ses objectifs et cibles environnementaux. » (Norme ISO 14031, 1999, p. 2). La performance dépend donc de la politique environnementale qui est par définition unique. En effet, cette politique tient compte de la mission, des valeurs, des conditions locales et régionales propres à chaque entreprise ainsi que des exigences de ses parties prenantes (Gendron, 2004, p. 104). 2 Source : Organisation des Nations Unies - Rapport de la Commission mondiale sur l'environnement et le développement 4 Pour mesurer cette performance, les entreprises utilisent selon les normes ISO 14000 des systèmes d’indicateurs et des audits environnementaux. Si le système d’indicateurs permet une mesure permanente de la performance, les audits environnementaux sont réalisés de manière périodique afin de vérifier la conformité du système à des exigences bien déterminées. Mais, ces deux outils présentent des limites dans l’évaluation de la performance environnementale des entreprises. Dans leur exposition des voies de recherche en comptabilité environnementale, Cormier et al. (2002) souligne que la communication de l’entreprise par elle-même fait recours à deux dimensions3 : Une dimension volontaire de l’information. Une dimension obligatoire de l’information. 1-1-2) Divulgation volontaire d’informations environnementales En général la divulgation sociale des entreprises peut être volontaire ou obligatoire. Par définition, les divulgations d’informations volontaires, principalement dans des rapports annuels, sont un mécanisme de communication par lequel les sociétés essayent de satisfaire des pressions externes pour se conformer aux normes socialement acceptables, substituant peut-être ce mécanisme de communication pour n'importe quelle performance comportementale principale (Mobus (2005), p. 495). La divulgation volontaire prend souvent la forme de rapports sur la responsabilité sociétale des entreprises et de réponses à des enquêtes ou des demandes de données4. Les recherches en comptabilité et en éthique reconnaissent que la divulgation volontaire est caractérisée par un manque de perfection, d'exactitude, de neutralité et d'objectivité parce qu'elle dépend de la volonté des managers. Adams (2004) expose comment le rapport de l’entreprise Alpha sur ses questions environnementales et éthiques, sociales est 3 Voir annexe pour schéma http://www.deloitte.com/view/fr_CA/ca/perspectives/ressources/Ressources-divulgation-delinformation-sur-le-developpement-durable/2f5fb6c577e9c210VgnVCM1000001a56f00aRCRD.htm 4 5 incomplet. En effet, la société omet d’informer les parties prenantes de l’impact substantiel de ses activités sur la collectivité et l'environnement (p. 749). Il souligne en outre le fait que les lois sont souvent elles-mêmes vagues (p. 752). Deegan et Rankin (1996) exposent dans leur étude comment les sociétés privées australiennes sont réticentes à divulguer dans les rapports annuels les informations sur leurs activités ayant des implications environnementales négatives. Ils ont conclu que les rapports annuels incomplets sur les questions environnementales particulières induisent en erreur les investisseurs puisqu’ils ne fournissent pas une image réelle de la situation des entreprises. 1-1-3) Divulgation obligatoire d’informations environnementales Face à ces lacunes des divulgations volontaires, plusieurs études (Gray et al. 1995; Deegan et Rankin, 1997) avancent l’idée d’une règlementation de la responsabilité environnementale des entreprises afin d’obtenir des divulgations de meilleure qualité. Adams (2004) montre que plusieurs pays (l'Australie, la France, le Danemark, l'Espagne, la Norvège, la Suède) légifèrent de plus en plus sur la divulgation des questions environnementales et sociales dans des rapports annuels ou autonomes. Donc, l’on obtient des divulgations obligatoires quand les sociétés respectent les exigences légales établies (par exemple la loi sur les nouvelles régulations économiques (NRE) du 15 mai 2001 en France). La divulgation obligatoire peut faire partie des documents financiers tels que les T-10, les rapports annuels de gestion, de divulgation et d'analyse ; ou des informations non financières telles que les rapports sur la santé et la sécurité ou les rapports sur les rejets de polluants / les émissions. Ainsi, dans le contexte américain, l’étude de Bewley et Magness (2008) a exposé l’effet de l’adoption par la SEC (Securities and Exchange Commission) du Staff Accounting Bulletin (SAB 92) sur les divulgations d’informations environnementales par les entreprises. Cette règlementation concerne le traitement des passifs éventuels. Les résultats mettent en évidence une augmentation dans les divulgations environnementales 6 après l’adoption de ces dispositions. Ces mêmes résultats sont obtenus dans le contexte australien, avec l’introduction des lignes directrices de reporting à travers le S.299(1)(f) de la Corporations Law qui exige des entreprises de rendre compte de leur performance environnementale en rapport avec toute réglementation spécifique et significative (Frost, 2007). Cependant, plusieurs études ont démontré que beaucoup de sociétés ne respectent pas les exigences de la loi ou, si elles le font, le rapport reste toujours de mauvaise qualité. Par exemple, Criado-Jimenez et al. (2008), montre que l’introduction de la norme espagnole ICAC en 2002 a entrainé l’augmentation du volume et de la qualité des divulgations des impacts négatifs de l’activité des entreprises même s’il reste toujours un nombre considérable d’entreprises qui y dérogent (environ 84 %). Au Royaume-Uni, Day et Woodward (2004) ont démontré que seulement 58 % des 100 plus grandes sociétés inscrites à la Bourse de Londres a inscrit des détails consistants selon la Loi de Société de 1985. Cette étude expose un haut niveau de dérogations aux exigences statutaires et soulève des questions sur la responsabilité sociale des entreprises. S’il existe des dispositions légales en faveur de la protection de l’environnement contraignant les entreprises à divulguer leur performance environnementale, l’absence de sanctions pour les entreprises qui ne respectent pas ces dispositions légales implique que la divulgation environnementale présente avant tout un caractère volontaire (Déjean et Martinez, 2008). Mais comme le souligne Cormier et al. (2005), l’information environnementale conserve une valeur économique forte, et ce malgré l’absence de cadre législatif systématique. Quelles sont les dispositions encadrant la divulgation d’informations environnementales au Canada? 7 1-2) Cadre règlementaire et institutionnel de la divulgation d’informations environnementales Pour encadrer la préparation et la divulgation de ces rapports et aider les entreprises à mieux répondre aux attentes des parties prenantes, plusieurs guides ont été développés par diverses organisations nationales et internationales (Enviro-reporting, 2007). Parmi ceux-ci, les Lignes directrices de la GRI sont les plus connues et utilisées pour les divulgations volontaires. 1-2-1) Les lignes directrices de la Global Reporting Initiative5 (GRI) Fondée en 1997, la GRI est le fruit d’un partenariat entre le PNUE6 et la CERES7. En 2002, l’organisme a publié des documents intitulés Lignes directrices pour le reporting sur le développement durable ainsi que des suppléments sectoriels et un protocole pour les indicateurs de performance. Les Lignes directrices pour l’élaboration d’un rapport de développement durable comprennent des principes, des recommandations et les éléments d’information requis (notamment les indicateurs de performance). 1-2-1-1) Principes et recommandations du GRI La première partie décrit trois points principaux du processus de reporting. Pour aider à déterminer le champ d’étude du rapport, cette partie présente un certain nombre de principes : les principes de pertinence, d’implication des parties prenantes, du contexte de durabilité, d’exhaustivité ainsi qu’un ensemble de tests relatifs à chaque principe. L’application de ces principes et les éléments d’information requis déterminent les thèmes et indicateurs à inclure dans le rapport. Viennent ensuite les principes d’équilibre, 5 https://www.globalreporting.org/resourcelibrary/French-G3-Reporting-Guidelines.pdf Programme des Nations Unies pour l’environnement 7 Coalition for Environmentally Responsible Economies 6 8 de comparabilité, d’exactitude, de périodicité et célérité, de fiabilité et de clarté, ainsi que les tests pouvant être utilisés pour atteindre une qualité satisfaisante des informations diffusées. Cette partie conclut sur des recommandations relatives à la manière dont les organisations peuvent définir les entités entrant dans le champ de leur rapport (c’est à dire le «Périmètre du rapport»). 1-2-1-2) Éléments d’information requis Ce volet comporte les éléments d’information requis devant figurer dans les rapports de développement durable. Les Lignes directrices identifient trois catégories d’informations pertinentes et importantes pour la majorité des organisations, et utiles pour la plupart des parties prenantes, dans les domaines suivants : • Stratégie et profil : Éléments d’information établissant le contexte global nécessaire à la compréhension de la performance de l’organisation tels que sa stratégie, son profil et sa gouvernance. • Approche managériale : Éléments expliquant la manière dont l’organisation traite d’un ensemble de thèmes défini afin de fournir le contexte nécessaire à la compréhension. • Indicateurs de performance : Indicateurs fournissant des données de comparaison sur la performance économique, environnementale (voir annexe pour le détail sur les indicateurs de la performance environnementale) et sociale de l’organisation. Ces lignes directrices ne visent pas à remplacer les normes comptables en vigueur, mais plutôt « à servir de guide pour la présentation d’informations non financières crédibles et précises, qui complètent l’information exigée par les PCGR. » (Crawford, 2007). Les pressions sociales qui incitent les entreprises à divulguer leur performance environnementale et leurs obligations potentielles se sont intensifiées. Les organismes de réglementation ont suivi ces pressions sociales afin d’obliger les sociétés à divulguer plus de données à ce sujet dans leurs documents publics. 9 Au Canada, à notre connaissance, les seules normes qui font obligation aux sociétés cotées d’effectuer de la divulgation environnementale, ont été précisées dans certains règlements adoptés par les commissions des valeurs mobilières. Le Règlement 51-102 sur les obligations d’information continue est l’un des plus importants et sera l’objet de notre étude. Gendron (2004) mentionne que : «l’information financière à caractère environnemental prend de plus en plus d’ampleur, car les risques environnementaux attachés aux opérations d’une entreprise peuvent avoir d’importantes conséquences financières. Mais ce type d’information qui figure généralement dans les rapports annuels, demeure de nature financière, même si elle touche à la dimension environnementale». C’est en effet ce type d’informations que couvre le règlement 51-102 des ACVM. 1-2-2) Le Règlement 51-102 sur les obligations d’information continue8 Le Règlement 51-102 en son annexe 51-102A2 Notice annuelle, prévoie que le rapport annuel d’un émetteur assujetti doit présenter de l’information sur ses obligations d’informations relatives aux questions environnementales jugées importantes dans le cadre de ses activités et de sa performance. La détermination du degré d’importance est cependant laissée à la discrétion de l’entreprise qui publie l’information. Selon le Manuel de l’Institut Canadien des Comptables Agréés (ICCA), l’importance relative est un critère objectif. L’information concernant les questions environnementales est sûrement importante si la décision d’un investisseur raisonnable d’acheter, de vendre ou de conserver des titres de l’émetteur serait différente si l’information était passée sous silence ou formulée de façon incorrecte. 8 Règlement 51-102 sur les obligations d’information continue, Autorité des marchés financiers du Québec er (« AMF »), entré en vigueur le 1 juin 2005. 10 Au nombre des informations à fournir9 nous avons : 1-2-2-1) Risques environnementaux L’entreprise doit indiquer à la fois le risque et les faits sur lesquels ce risque repose. Elle doit examiner tous les risques environnementaux pertinents pour déterminer l’information à communiquer. En règle générale, les risques pouvant avoir une incidence sur l’entreprise et les activités d’un émetteur peuvent se classer en cinq catégories : risques de litiges; risques physiques; risques règlementaires; risques réputationels et risques liés au modèle d’entreprise10. 1-2-2-2) Tendances et incertitudes L’entreprise doit évaluer dans quelle mesure les tendances et les incertitudes en matière environnementale ont une incidence importante sur sa performance financière et ses perspectives d’avenir. En règle générale, pour déterminer si elle doit ou non fournir de l’information sur ces tendances et incertitudes, elle doit : examiner l’information financière, l’information opérationnelle et toute autre information connue à son sujet; définir les tendances et incertitudes connues; évaluer si ces tendances et incertitudes auront ou sont raisonnablement susceptibles d’avoir une incidence importante sur sa situation de trésorerie, ses sources de financement ou ses résultats d’exploitation. 1-2-2-3) Obligation environnementale Une obligation environnementale peut comprendre l’obligation juridique d’engager des dépenses futures du fait de la fabrication, de l’utilisation ou de la libération d’une substance donnée ou de la libération imminente d’une substance donnée, ou en raison 9 Bulletin de l'Autorité des marchés financiers 29 octobre 2010 - Vol. 7, n° 43 Tableau en annexe 2 10 11 d’autres activités ayant une incidence défavorable sur l’environnement, dans le passé ou actuellement. De même, cette obligation peut être potentielle et comprendre l’obligation juridique potentielle d’engager des dépenses futures du fait de la fabrication, de l’utilisation ou de la libération d’une substance donnée ou de la libération imminente d’une substance donnée, ou en raison d’autres activités ayant une incidence défavorable sur l’environnement, actuellement ou dans le futur. Une obligation est potentielle lorsqu’elle dépend d’événements futurs ou lorsqu’elle découle d’une loi ou d’un règlement qui n’est pas encore en vigueur. L’entreprise peut éviter une obligation environnementale potentielle en modifiant ses pratiques ou en adoptant de nouvelles pratiques pour prévenir ou réduire l’incidence défavorable sur l’environnement. 1-2-2-4) Obligations liées à la mise hors service d’immobilisations S’il y a lieu, l’entreprise doit fournir dans ses états financiers certains renseignements sur les obligations liées à la mise hors service d’immobilisations. Des immobilisations sont considérées comme mises hors service si elles sont vendues, abandonnées, recyclées ou sorties autrement qu’à titre temporaire. Une obligation liée à la mise hors service d’immobilisations consiste en une obligation de mettre en œuvre certaines procédures plutôt qu’en une promesse de paiement de trésorerie. Les obligations juridiques découlant de la mise hors service peuvent comprendre : des mesures prises par les pouvoirs publics, comme une loi ou un règlement; des conventions verbales ou écrites entre entités; une promesse faite à un tiers qui fait naître chez lui une attente raisonnable d’exécution. 12 1-2-2-5) Incidences financières et opérationnelles des exigences en matière de protection de l’environnement L’entreprise doit fournir de l’information sur les incidences financières et opérationnelles des exigences en matière de protection de l’environnement sur ses dépenses en immobilisations, son bénéfice et sa position concurrentielle pendant l’exercice en cours ainsi que leur incidence prévue sur l’exercice futur. L’analyse doit comprendre : une quantification des coûts, lorsque cette information peut être raisonnablement obtenue et peut être importante pour les investisseurs; les tendances prévues relativement à ces coûts; l’incidence possible de ces coûts sur les résultats financiers et les résultats d’exploitation de l’émetteur. La divulgation de ces obligations est censée aider les investisseurs dans leur prise de décision d’achat ou de vente de titres des émetteurs. Selon les circonstances, elles sont constatées comme actifs, passifs, revenus, charges ou simplement présentés dans les notes aux états financiers. Lors d’une enquête concernant l’information sur la durabilité des activités des entreprises, menée en avril 2009 par la Commission des valeurs mobilières de l’Ontario, les investisseurs ont fait part de leurs préoccupations quant à la pertinence, la fiabilité et la comparabilité de l’information environnementale divulguées par les entreprises. Ces investisseurs soulignent que les informations divulguées étaient incomplètes et ne fournissent pas toujours des renseignements significatifs dont ils ont besoin (Cormier et al, 2012). Comment fiabiliser alors les informations financières à caractère environnemental divulguées par les émetteurs? L’ICCA a publié en 2005 un document de travail intitulé « Information à fournir dans le rapport de gestion sur l’incidence financière des changements climatiques et d’autres questions environnementales (ICCA, 2005) ». Ce document vise à supporter les 13 entreprises dans leur divulgation d’informations environnementales conformément aux Lignes directrices de l’ICCA sur le rapport de gestion et aux obligations d’information continue établies par les autorités de réglementation des valeurs mobilières dans le Règlement 51-102. Selon l’ICCA, le rapport de gestion constitue le moyen le plus approprié, à l’exception des états financiers, dont disposent les entreprises pour divulguer aux marchés financiers de l’information pertinente et fiable sur les enjeux environnementaux (ICCA, 2004). Les normes comptables fournissent des outils permettant d’améliorer la performance environnementale et économique des entreprises canadiennes, de favoriser leur responsabilisation et leur transparence. Les IAS/IFRS visent en effet à ce que les états financiers des entreprises rendent compte de la réalité de la vie économique de l'entreprise de la manière la plus juste et réelle possible. 1-2-3) Les normes IFRS et la divulgation environnementale Comme souligné dans le paragraphe précédent, les entreprises semblent en mesure de contourner l’esprit des recommandations (ICCA-GRI). Les IFRS permettront-ils de renverser cette tendance? Le premier janvier 2011, les entreprises canadiennes ayant une obligation d’information du public, ce qui inclut les émetteurs assujettis, sont tenues d’utiliser les IFRS adoptées par l’IASB. L’adoption et l’application des normes internationale IAS/IFRS par les entreprises suisses, réduisent la discrétion des dirigeants vu qu’elles sont plus restrictives quant aux décisions comptables des dirigeants (Cormier et al, 2000). L’une des conséquences de la réduction de la discrétion du dirigeant est l’amélioration de la qualité et l’augmentation des informations divulguées. Aussi, ils notent que l’objectif derrière l’adoption des normes IAS/IFRS par les dirigeants suisses est d’améliorer la crédibilité des états 14 financiers. Il s’agit d’un moyen par lequel les entreprises peuvent attirer et compter sur le financement des investisseurs internationaux. Les IFRS comportent des différences notables par rapport aux PCGR canadiens en ce qui a trait à la comptabilisation et à l’évaluation des provisions, y compris les provisions au titre des passifs environnementaux. C’est aux travers des normes IAS 37 – Provisions, passifs et actifs éventuels et IFRIC 1 – Variation des passifs existants relatifs au démantèlement, à la remise en état et similaires que se matérialise cette évolution. 1-2-3-1) Principales différences selon les IFRS sur le traitement Provisions, passifs et actifs éventuels Selon Leuz et Verrecchia (2000), les dirigeants qui optent pour les IFRS s’engagent dans plus de divulgations. Donc les émetteurs pourraient être tenus de comptabiliser des passifs environnementaux plus nombreux et plus élevés et de communiquer davantage. Le passage aux IFRS doit avoir une incidence considérable sur l’information financière et les activités des émetteurs assujettis du fait de deux principes. Il s’agit d’une part, du principe de la prééminence économique sur la forme juridique traduit de l’anglais substance over form. Il faut souligner que ce principe était déjà présent dans les PCGR canadiens et connu sous l’appellation du « principe de la primauté de la substance économique sur la forme juridique ».Suivant ce principe, les éléments sont comptabilisés et présentés conformément à leur substance et leur réalité économique et non pas seulement selon leur forme juridique. D’autre part, il y-a le principe de l'évaluation de certains éléments comptables à leur juste valeur (fair value). Ainsi selon les IFRS, une provision est comptabilisée lorsqu’il existe une obligation actuelle (juridique ou implicite) résultant d’un événement passé, qu’il est plus probable qu’improbable qu’une sortie de ressources sera nécessaire pour éteindre l’obligation et que le montant de l’obligation peut être estimé de manière fiable. Une obligation implicite existe lorsqu’une entité crée chez des tiers, par ses pratiques passées ou par sa 15 politique affichée, une attente fondée qu’elle assumera certaines responsabilités, ou a indiqué à des tiers qu’elle assumera certaines responsabilités. Alors que pour les PCGR canadiens, les passifs représentent un engagement ou une responsabilité envers des tiers, qui doit entraîner un règlement; l’engagement ou la responsabilité constitue pour l’entité une obligation, à laquelle l’entité n’a guère ou n’a pas de possibilité de se soustraire; l’opération ou le fait à l’origine de l’obligation de l’entité s’est déjà produit. Il n’est pas nécessaire que le passif soit une obligation juridique; il peut s’agir d’une obligation juridique ou implicite, mais le passif peut également être fondé sur une obligation morale. Quant au passif éventuel, il est constaté lorsqu’il est probable qu’un événement futur confirmera qu’un passif a été créé et que le montant de la perte en question peut faire l’objet d’une estimation raisonnable. Il pourrait donc arriver qu’une provision soit comptabilisée selon les IFRS alors qu’aucune n’était comptabilisée auparavant selon les PCGR canadiens. 1-2-3-2) Les coûts de démantèlement et de restauration 1-2-3-2-1) Estimation des coûts de démantèlement et de restauration La norme IAS 37 couvre les obligations liées au démantèlement et à la restauration. Elle s’applique également dans le cas d’une obligation implicite, lorsque l’événement crée chez des tiers des attentes fondées que l’entité réglera son obligation, ainsi que dans le cas d’une obligation juridique. Le montant comptabilisé en provision doit être la meilleure estimation de la dépense nécessaire au règlement de l’obligation à la fin de la période de présentation de l’information financière. La valeur actualisée doit être utilisée lorsque l’effet de la valeur temps de l’argent est significatif. Tout taux d’actualisation utilisé doit être un taux avant impôts reflétant les appréciations actuelles par le marché de la valeur temps de l’argent et des risques spécifiques à ce passif. Les provisions doivent être revues à la fin de chaque période de présentation de l’information financière et ajustées pour refléter la meilleure estimation à cette date. Le chapitre 3110 des PCGR s’appliquait quant à lui aux obligations juridiques liées au démantèlement d’immobilisation et à la restauration. Une telle obligation doit être 16 évaluée initialement pour sa juste valeur dans la période au cours de laquelle elle naît, sauf s’il est impossible d’en faire une estimation raisonnable à cette date. Les variations du passif au titre de l’obligation qui résultent de l’écoulement du temps ou les variations à la baisse qui résultent de révisions de l’échéancier ou du montant des flux trésorerie non actualisés par rapport à l’estimation originale doivent être comptabilisées par la suite et évaluées au moyen du taux d’intérêt sans risque ajusté en fonction de la qualité de crédit qui avait été appliqué lors de l’évaluation initiale du passif. Le taux d’intérêt utilisé pour les variations à la hausse résultant de révisions de l’échéancier ou du montant par rapport à l’estimation originale est le taux sans risque courant ajusté en fonction de la qualité de crédit. Rappelons que contrairement aux IFRS, les dispositions du PCGR canadiens sont plus exhaustives et reposent toujours sur l’actualisation des flux monétaires prévus; ceci réduira bien entendu le coût à comptabiliser initialement. 1-2-3-2-2) Informations à fournir Les obligations d’information à l’égard des provisions et des passifs éventuels selon les IFRS seront beaucoup plus lourdes que les obligations d’information actuellement prescrites par les PCGR canadiens. Selon les IFRS, les émetteurs devront présenter dans un tableau la continuité de chaque catégorie de provision en indiquant la valeur comptable à l’ouverture et à la clôture de la période, les provisions supplémentaires constituées au cours de la période, les montants utilisés au cours de la période, les montants non utilisés repris au cours de la période ainsi que les variations résultant de l’écoulement du temps et de l’effet de toute modification du taux d’actualisation. Les émetteurs devront également fournir une description de la nature de l’obligation et de l’échéance attendue des sorties d’avantages économiques en résultant ainsi qu’une indication des incertitudes relatives au montant ou à l’échéance de ces sorties et, si nécessaire, une information sur les principales hypothèses retenues concernant des événements futurs. 17 Les PCGR canadiens ne contiennent pas de dispositions générales concernant les informations à fournir sur les «passifs» qui soient similaires à celles d’IAS 37. Les informations à fournir sur les éventualités sont également moins détaillées que celles imposées par IAS 37. En effet, le chapitre 1508 «INCERTITUDE RELATIVE À LA MESURE», impose de fournir des informations sur l’incertitude relative à la mesure des éléments comptabilisés dans les états financiers autres que les éventualités. Lorsqu’elle fournit des informations au sujet d’une incertitude relative à la mesure d’un élément autre qu’une éventualité, l’entité peut omettre de mentionner le montant comptabilisé lorsque cela peut avoir des répercussions négatives importantes pour l’entité. Contrairement à IAS 37, les PCGR canadiens ne prévoient aucune autre exception pour ce qui concerne toutes les autres informations à fournir sur les éventualités et les passifs. L’objectif de l'adoption d'un référentiel commun à l'échelle mondiale est louable puisqu'il vise la simplification et la comparaison des états financiers, en offrant une image fidèle, claire et complète de la situation financière de l'entreprise canadienne. Cette uniformisation des règles comptables représente un outil indispensable au service des dirigeants, du personnel, des clients, des prêteurs, des investisseurs, actionnaires, de l'État et du public en général, à la fois pour la comparaison des performances des entreprises mais aussi pour la prise de décisions. La gestion environnementale à travers le règlement 51-102 des ACVM intéresse les mêmes acteurs ; ainsi poursuit-elle des objectifs similaires de transparence, sincérité, participation et contrôle. Si les normes internationales IAS/IFRS et la gestion environnementale reposent sur les mêmes objectifs, il y a alors lieu de se demander si les nouvelles règles de comptabilité qui sont imposées aux sociétés canadiennes, participeront à une meilleure intégration de l'environnement dans la vie de l'entreprise et entraîneront ainsi des conséquences sur sa gestion environnementale. La réponse à cette question nécessite d'abord de se plonger dans une réflexion portant sur le couple environnement et comptabilité et vise à s'interroger sur la question générale de la prise en considération des dépenses environnementales dans les comptes des 18 entreprises. Ainsi, si la gestion environnementale est l'art d'intégrer l'environnement à l'activité de l'entreprise, la comptabilité environnementale est la transcription technique de cette dernière. D'un point de vue comptable et financier, la comptabilisation des coûts environnementaux induits ou provoqués par l'activité de l'entreprise, et l'information financière y afférent, représentent, notamment pour les actionnaires et différents investisseurs tels les banques ou assureurs, des outils d'évaluation des performances de l'entreprise et donc de décision. 19 CHAPITRE 2 : REVUE DE LA LITTÉRATURE La divulgation dont il est question dans notre mémoire concerne celle relative aux obligations en vertu du règlement 52-102 des ACVM. Comme nous l’avions souligné précédemment, la divulgation peut être volontaire ou obligatoire du fait de certaines dispositions légales. Mais, du fait de l’absence de sanctions pour les entreprises qui ne respectent pas ces dispositions légales, la divulgation environnementale présente avant tout un caractère volontaire (Déjean et Martinez 2008). Beaucoup de recherches ont été effectuées ces dernières années sur la divulgation sociale et plus spécifiquement sur la divulgation environnementale. D’après Ben Rhouma (2008), les termes «communication sociétale», «reporting sociétal» ou «divulgation sociétale» définissent un même phénomène : la divulgation volontaire d’informations ayant trait aux impacts sociaux et environnementaux, aux mesures prises pour limiter les impacts négatifs des activités des entreprises ainsi qu’aux performances réalisées dans le domaine. La divulgation sociétale identifie toute publication à destination d’utilisateurs externes qui porte sur les dimensions sociales et environnementales de l’activité des entreprises (Capron et Quairel, 2004). Ainsi, la divulgation environnementale fait référence aux divulgations d’informations à visée externe portant sur la dimension environnementale de l’activité de l’entreprise émettrice (Omri et Khelil-Rhouma, 2010). Dans les paragraphes qui vont suivre, nous exposerons en premier lieu les principaux fondements théoriques et ensuite, nous parlerons de l’évolution des pratiques de divulgation environnementale à travers une revue de quelques recherches empiriques. 20 2-1-) Les fondements théoriques de la divulgation environnementale La littérature étudiée offre plusieurs approches théoriques pour comprendre les motivations des entreprises lorsqu’elles décident de divulguer l’information environnementale. Afin de faire le lien entre fondement théorique et scientifique de notre travail, nous allons reprendre l’approche de Branco et Rodriguez (2007) qui propose trois théories : la théorie économique de l’agence, les théories sociopolitiques (notion de légitimité), la théorie de l’utilité à la décision (théorie des parties prenantes). 2-1-1-) Théorie économique de l’agence Les économistes ont longtemps étudié la divulgation volontaire d’information financière, avant de s’intéresser aux divulgations environnementales pour tenter d’expliquer la rationalité qui gouverne ces pratiques. L’approche économique, avec notamment les travaux de Verrecchia (1983) qui a construit un modèle actionnaire - dirigeant, est basée sur un cadre coûts et bénéfices pour souligner l’utilité de l’information. Il expose une valeur seuil en-dessous de laquelle, les dirigeants, intéressés par la maximisation de celle-ci, n’ont pas intérêt à divulguer d’information exacte. Ce seuil est une fonction croissante du coût relatif, non seulement au temps passé à collecter et à établir l’information à publier, mais également de façon indirecte, à l’attrait de l’attention des partenaires sur des risques susceptibles d’engendrer des dépenses. Pour cela, les gestionnaires recherchent continuellement un compromis entre les coûts et bénéfices de l’information divulguée. D’une part, l’entreprise essaie de révéler le maximum d’informations pour éviter à ses investisseurs et autres partenaires financiers de la chercher eux-mêmes et de supporter plusieurs coûts pour la même information et d’autre part, elle contrôle sa divulgation et peut décider de retenir l’information ou d’en divulguer moins, pour ne pas porter atteinte à sa position concurrentielle et éviter les coûts exclusifs pouvant être générés par ses groupes de pression. 21 Dye (1985) propose quant à lui une explication basée sur un modèle principal-agent. Il montre qu’il peut y avoir des gains contractuels à ce que le dirigeant ne divulgue pas la totalité de l’information à sa disposition, dans le cas où les investisseurs savent qu’il est en possession d’information publique. Mais dans le cas où ces derniers ne peuvent pas le savoir, il n’y a aucun gain à procéder à une divulgation totale. Bien qu’initialement destinés à la divulgation d’informations financières, ces modèles peuvent être transposés au cas de divulgations environnementales afin de permettre aux investisseurs de faire une meilleure évaluation de la condition financière de l’entreprise Clarkson et al (2004). 2-1-2-) Théorie de la légitimité La responsabilité des organisations n’est plus uniquement d’utiliser leurs ressources dans des activités leur permettant d’accroître le profit des actionnaires. Dowling et Pfeffer (1975), soulignent que la légitimité organisationnelle a évolué et qu’elle résulte de « la congruence entre les valeurs associées aux organisations ou liées à leurs activités et les normes de comportement acceptable définies par le système social auquel elles appartiennent ». Ils identifient trois stratégies de légitimation permettant aux organisations d’assurer la continuité de leurs activités : - la cooptation, c’est-à-dire l’intégration d’hommes politiques et de chercheurs universitaires dans les conseils d’administration ; - la présentation d’objectifs en adéquation avec les attentes de l’environnement ; - l’identification des produits ou des systèmes de production à ceux d’organisations déjà reconnues par l’environnement. Lindblom (1993), considère que l’entreprise dispose de quatre stratégies pour se prémunir d’une crise de légitimité : - informer l’environnement des changements dans ses performances et ses activités ; 22 - changer les perceptions de l’environnement sans modifier le comportement de l’organisation - manipuler les perceptions de l’environnement en détournant l’attention de ce dernier par le recours à des symboles ; - changer les attentes de l’environnement quant aux performances de l’organisation. Cette théorie est basée sur l’idée que les dirigeants d’entreprises sont responsables non seulement, devant les investisseurs, mais également devant les autres parties prenantes, en matière financière, sociale et environnementale. La diffusion d’information sociale représente donc un moyen mis en œuvre par les entreprises pour négocier auprès de la Société, la poursuite de leurs activités, lorsqu’elles perçoivent un décalage entre les valeurs qui leurs sont associées et les normes de comportement acceptable définies par le système social auquel elles appartiennent. Kervinio (2009),décrivant la théorie de la légitimité, souligne qu’elle propose de concevoir l’entreprise comme inscrite dans une société au sein de laquelle on suppose qu’elle a réalisé un contrat implicite, le permis d’opérer selon lequel la société accepte l’entreprise tant que celle-ci respecte les normes et les valeurs dominantes en son sein. Mais il trouve cette théorie trop abstraite, puisque l’idée de Société peut paraître trop floue pour permettre la spécification d’un modèle. « Désigne t- elle l’État qui en organise les règles ? Des groupes d’individus capables de mettre en péril l’entreprise ? ». Il propose alors la théorie des parties prenantes afin de préciser sa représentation. 2-1-3-) La théorie des parties prenantes Les paramètres de gouvernance des firmes ne sont pas explicitement pris en compte au travers de l’analyse de l’information divulguée dans un cadre coûts et bénéfices (Cormier et al, 2006). Le gouvernement d’entreprise traite des mécanismes par lesquels les « Parties prenantes » d’une entreprise exercent un contrôle rigoureux sur les dirigeants, dans le but de protéger leurs intérêts (Charreaux, 1996). 23 D’après Freeman (1984), les parties prenantes se définissent comme « tout groupe ou individu pouvant affecter ou être affecté par l’atteinte des objectifs de l’organisation ». Les entreprises diffusent des informations environnementales dans le but de rendre des comptes aux individus ou groupes d’individus auxquels elles sont liées via des contrats explicites ou implicites. Ullmann(1985) avance l’idée selon laquelle les informations sociales diffusées constituent une base de dialogue avec les différents partenaires de l’entreprise. L’entreprise diffuse de l’information sociale en fonction, d’une part, du pouvoir des parties prenantes, et d’autre part, de la posture stratégique des dirigeants quant à la gestion des demandes sociales, des performances économiques passées et présentes. Roberts (1992) reprenant les travaux d’Ullmann (1985), propose de tester le modèle de diffusion d’information sociale décrit par Ullmann, en rendant opératoire les différentes variables du modèle, et plus particulièrement, le pouvoir des parties prenantes (actionnaires, créanciers, régulateur) ainsi que la posture stratégique des dirigeants. Il conclue à la capacité de la théorie des parties prenantes d’expliquer les diffusions d’information sociale des entreprises. Ces différentes théories citées se positionnent dans une perspective systémique, et ainsi reconnaissent que les entreprises influencent et sont influencées par la Société dans laquelle elles opèrent. La divulgation environnementale est alors considérée tantôt comme un devoir ou une réponse aux pressions de diverses parties prenantes politiques et / ou sociales (Roberts, 1992 ; Deegan, 2002 ; O’Donovan, 2002 ; Damak-Ayadi, 2004), tantôt comme un moyen de légitimer ses actes ou d’atteindre une certaine légitimité auprès de la Société en général, ou de certaines franges de la Société en particulier (Guthrie et Parker, 1989 ; Patten 1991). 24 2-2-) Évolution des recherches en matière de divulgation environnementale Nous avons pu identifier deux phases dans les recherches relatives à la divulgation sociale et environnementale : • Une première phase «descriptive» marquée par la description et la comparaison des pratiques des entreprises en matière de divulgation environnementale. Cette comparaison s’effectue au niveau des secteurs d’activité, des supports de communication utilisés, des pays ou des périodes étudiées. • Une deuxième phase «explicative» où les recherches étudiaient les déterminants qui ont été à l’origine de la divulgation environnementale volontaire des entreprises. Certaines de ces études ont de plus tenté de cerner les «conséquences» de cette divulgation sur la performance des entreprises. 2-2-1) Catégorie d’informations environnementales divulguées par les entreprises La phase «descriptive» est caractérisée par l’identification d’une certaine catégorie d’informations sociales et environnementales, comprenant un ou plusieurs items. Le niveau de communication sur chaque item est ensuite mesuré par le biais d’un score et comparé. Ces comparaisons se font par période différente, par secteur d’activité, et, même par pays. L’étude d’Ernst et Ernst (1978) est considérée comme référence en matière de divulgation sociale. Elle a porté sur les publications d’informations sociales et environnementales contenues dans les rapports annuels des sociétés classées dans Fortune 500 aux États-Unis entre 1972 et 1978. Six catégories d’items ont été utilisées : environnement; politique d’égalité à l’emploi; personnel; implication dans la communauté; politique de produits et autres divulgations. Ensuite, ils ont mesuré le nombre de pages consacrées à chacun d’entre eux. Ils ont trouvé une progression dans le volume d’informations sociales divulguées pendant la 25 période d’étude (59.6% des items en 1973; 89.2% des items en 1977), mais ont conclu qu’il y a un nombre restreint d’entreprises qui ont présenté des informations quantitatives. Dans ce même registre, Roberts (1991) a effectué une étude sur les pratiques de divulgation sociale en Europe continentale. Son étude a porté sur 110 entreprises des cinq grands pays européens: (France:25;Allemagne:40;Pays-Bas:15;Suède:15; Suisse:15) avec une évaluation de sept items(protection de l’environnement; information sur le processus de fabrication; informations sur les produits; politique énergétique; politique générale; informations sur les employés; informations relatives à l’hygiène et la sécurité).Il ressort de son étude qu’en moyenne 68% des entreprises fournissent des informations sociales, avec des disparités entre les 5 pays (du niveau élevé de 80% pour l’Allemagne et la Suède, au plus bas 52% pour la France).Également, seulement les entreprises allemandes et suédoises divulguent plus d’informations environnementales (60% et 80% respectivement) que d’informations sur les employés (53% et 60% respectivement); alors que 24% des entreprises françaises divulguent volontairement plus d’informations sur les employés que d’informations environnementales. Dans le contexte canadien, Zeghal et Ahmed (1990) ont effectué une étude comparative intra-industrie et inter-industrie sur les divulgations sociétales des six grandes banques canadiennes ainsi que des neuf grandes compagnies pétrolières du Canada. Ils ont conclu qu’il existe un certain degré d’homogénéité dans les pratiques de divulgation sociale et environnementale des banques (82% des divulgations concentrées sur trois items : ressources humaines en tête, suivies des informations sur les produits et les pratiques de gestion. Dans le secteur pétrolier, 69% de leurs divulgations sociales sont concentrées sur les ressources humaines, l’engagement dans la communauté et l’environnement. Les recherches de Gutthrie et Parker (1990) s’inscrivent également dans cette catégorie des études comparatives de divulgation sociale volontaire de firmes de différents pays. Cette étude, effectuée sur un échantillon de 147 rapports annuels d’entreprises d’Australie, de Royaume-Uni, et des États-Unis, vise à explorer l’existence de différences significatives en matière de divulgation sociale entre sociétés et entre pays. 26 Il ressort de cette étude qu’il existe une différence significative entre les niveaux de divulgation des entreprises des trois pays (pourcentage d’entreprises qui divulguent volontairement de l’information environnementale). En effet, 56% des entreprises australiennes communiquent ce type d’informations contre 98% au Royaume-Uni et 85% aux États-Unis. Par contre, il y a une certaine similarité dans les thèmes traités entre pays (ressources humaines 40%, implication dans la communauté 31%, environnement 13%, information sur l’énergie et les produits 7% et autres 2%).Les firmes australiennes divulguent généralement des informations non monétaires et y consacrent en moyenne 0.7 pages par rapport annuel. La divulgation des firmes américaines et anglaises sont à la fois monétaires et non monétaires, avec 1.26 et 0.89 pages par rapport annuel respectivement. La localisation de ces informations varie d’un pays à l’autre. Ainsi, ils remarquent qu’au Royaume-Uni, l’information figure très souvent dans le rapport du Président. Aux États-Unis, les firmes établissent des rapports spécifiques. En Australie, elles figurent dans les autres sections du rapport annuel. La deuxième catégorie est composée des études «explicatives». Mais, tout en étant «explicatives», elles cherchent à établir le lien entre divulgation environnementale d’une part, et performance d’autre part. 2-2-2) Déterminants de la divulgation d’information environnementale des entreprises Dans cette section, nous passons en revue les résultats des principales études qui ont étudiées les facteurs qui motivent les entreprises à divulguer des informations environnementales. Nous exposerons les facteurs les plus pertinents car présents dans presque toutes les études consultées. Il s’agit des facteurs liés aux caractéristiques de l’entreprise. En effet, beaucoup d’études ont analysé la relation entre les caractéristiques des entreprises et leur niveau de divulgation d’informations environnementales. Généralement, ces études se réfèrent à la taille, au secteur d’activité, à la performance 27 organisationnelle et au niveau d’endettement pour expliquer les motivations des entreprises (Cowen et al. (1987), Patten (1991, 1992), Roberts (1991,1992), Cormier et Magnan (1999, 2003). Si certains facteurs sont significativement corrélés avec le niveau de divulgation (endettement, taille), pour d’autres, les résultats sont soit mitigés, soit négatifs (secteur d’activité et performance économique). 2-2-2-1) La taille Des facteurs qui peuvent influencer la divulgation d’informations environnementales des sociétés, la taille de l’entreprise est souvent citée dans les études. Cowen, Ferreri et Parker (1987), ont étudié par une analyse de régression multiple la relation entre l’étendue de la divulgation sociale dans les rapports annuels d'entreprise et quatre facteurs explicatifs : taille d'entreprise; type d'industrie; rentabilité; et existence d'un comité de responsabilité sociale. Les résultats de leur étude ont montré que la taille de l’entreprise avait une influence significative sur son niveau de divulgation d’informations environnementales. En effet, ils soulignent que les grandes entreprises font le plus souvent l'objet d'une grande attention de la part du public ce qui les exposent à une plus forte pression en ce qui a trait à la divulgation d'information au sujet de leur responsabilité sociale. D’autres études ont également constaté une association positive et significative entre la taille de l'entreprise et son niveau de divulgation environnementale. Il s’agit entre autre de : Belkaoui et Karpick (1989) et Patten (1991) qui ont examiné dans le contexte américain la divulgation d'informations sociales faites par des entreprises présentes dans Fortune 500 et sont arrivés à la conclusion que les entreprises de grandes tailles divulguent plus d’informations environnementales que les entreprises de petites tailles. De même, Deegan et Gordon (1996), en analysant les divulgations d’informations sociales faites par des entreprises australiennes, ont montré qu'il y a une corrélation significative entre la taille des entreprises et leur niveau de divulgation. 28 Cormier et Magnan (2003), en étudiant les déterminants basés sur les coûts et bénéfices de la divulgation environnementale des sociétés dans le cadre règlementaire français, confirment que la taille d'entreprise a une influence significative sur sa divulgation environnementale. 2-2-2-2) Secteur d’activité Puisque l'impact d'une entreprise sur l'environnement varie selon le type d'industrie, plusieurs études ont montré que l’appartenance d’une entreprise à un secteur dont l’impact est jugé significatif sur l’environnement a une influence sur son niveau de divulgation. Les études de Patten (1991) et de Roberts (1992) citées plus haut ont présenté un classement entre secteurs fortement (faiblement) exposés d’un point de vue environnemental. Cormier et al (2004) trouvent que le niveau de la divulgation environnementale dans les rapports annuels varie de 7.84 dans les secteurs des services à 77.68 pour les secteurs industriels. Parmi les sept secteurs d’activité étudiés (biens de consommation et de service, énergie, médicaments et produits chimiques, industrie, technologies de l’information, ressources, télécommunications, services), la divulgation environnementale est plus importante pour les quatre industries à haute sensibilité environnementale à savoir les secteurs, industrie, ressources, énergie, produits chimiques et médicaments. Ils ont envoyé un questionnaire aux gestionnaires environnementaux de 195 multinationales de trois pays (Canada, France, Allemagne). Les questions portent sur : dépenses et risques environnementaux, Lois et règlements, réduction de pollution, Développement durable, remise en état d’immobilisation, Gestion environnementale. De ces 195 firmes, 41 ont répondu. Suite à une régression par la méthode des moindres carrés ordinaires, ils trouvent une corrélation significative entre le secteur et la divulgation environnementale, prouvant de ce fait que, les firmes opérant dans des secteurs à haute sensibilité environnementale divulguent plus d’informations environnementales. 29 2-2-2-3) Performance économique Beaucoup de recherches ont analysé la relation entre divulgation environnementale et performance économique des entreprises. Mais les résultats sont contradictoires. En effet, la divulgation d’informations environnementales nécessite l’engagement de coûts supplémentaires (impression, diffusion). Ces coûts peuvent être réduits mais ne peuvent pas être évités pour certains chercheurs. Il s’avère donc que ce sont les entreprises qui bénéficient d’une bonne performance financière qui ont plus de moyens pour le faire, puisqu’en l’absence de profits, les entreprises se préoccupent d’autres problèmes. Ainsi, la performance économique pourrait être un facteur encourageant pour la publication des rapports environnementaux. Mais, d’autres chercheurs pensent que de telles dépenses pourraient être évitées. Une entreprise performante ne s’intéresse pas nécessairement à satisfaire les besoins des parties prenantes, puisqu’un tel engagement pourrait compromettre les résultats futurs de l’entreprise. Blacconiere et Patten (1994) se sont intéressés à la qualité des éléments d’information divulgués par les entreprises américaines en vertu des exigences de la SEC. Ils ont analysé l’impact de la catastrophe écologique de Bhopal sur le prix des actions de 47 entreprises américaines opérant dans le secteur des produits chimiques. La méthodologie d’analyse de contenu a été utilisée pour mesurer l’étendue des divulgations d’informations environnementales incluses dans les rapports 10 K. Cinq éléments de communication environnementale ont été utilisés pour effectuer cette mesure. Il s’agit : des énoncés descriptifs à propos de la réglementation présente et future ; du respect ou non de la réglementation environnementale; des dépenses d’exploitation courantes et futures au chapitre de l’environnement; des dépenses en capital présentes et futures reliées à l’environnement et aux poursuites judiciaires reliées à l’environnement. Ils concluent que l’étendue des divulgations d’informations environnementales dans les rapports 10 K est positivement associée aux rendements boursiers observés. D’après leurs résultats, les entreprises ayant effectué des divulgations d’informations à caractère environnemental très étendues dans leur rapport 10 K avant la catastrophe écologique de Bhopal sont moins pénalisées par les investisseurs dans les jours suivant que celles qui se sont montrées plus réservées dans leurs divulgations. Ils constatent donc une baisse 30 boursière moins élevée pour les entreprises ayant communiqué des informations environnementales avant la catastrophe écologique de Bhopal par rapport à celle des entreprises n’ayant pas effectué cette divulgation. L’étude de Cormier (2002) s’inscrit dans la même logique. L’objectif est de valider la pertinence de la communication d’informations environnementales en mesurant son lien avec la valeur boursière des entreprises. Dans un premier temps, l’auteur constate que la valeur boursière d’une entreprise est négativement influencée par le niveau de communication environnementale de cette entreprise : plus la firme divulgue, moins la valeur boursière est élevée (Cormier 2002). En effet, pour une même performance environnementale mais un niveau de divulgation différent, la firme ayant plus communiqué des informations environnementales se trouve plus pénalisée qu’une firme ayant moins divulgué ce type d’information. Ceci est dû au fait que les investisseurs ont la possibilité d’évaluer plus clairement la performance environnementale et la performance économique des entreprises qui ont un niveau élevé de divulgation environnementale. Aerts et al. (2007), analysent la relation entre la divulgation environnementale, les marchés financiers (estimé par les prévisions des analystes financiers) et les pressions publiques (mesurées par l’exposition de la firme aux médias). L’étude porte sur un échantillon de firmes de l’Europe continentale (Belgique, France, Allemagne,), de la Nouvelle Zélande, et de l’Amérique du Nord (Canada, USA). Les supports analysés pour coder l’information environnementale sont les rapports annuels et les sites internet. Sur la base d’un système d’équation simultanée qui contrôle l’endogénéité entre la détermination de la divulgation environnementale et la prévision des analystes financiers, les auteurs montrent qu’un niveau élevé de divulgation environnementale se traduit par des prévisions des analystes plus précises. Cet effet est réduit pour les firmes suivies par un nombre élevé d’analystes et dans les industries à sensibilité environnementale élevée. Toutefois, ces relations semblent plus extrêmes en Europe qu’en Amérique du Nord, c'est-à-dire que la divulgation environnementale a un impact important sur les prévisions des analystes, mais également plus atténué par le suivi des analystes et l’appartenance de la firme à une industrie sensible. 31 Pour une firme ayant une bonne performance environnementale, il peut être avantageux d’informer les investisseurs à cet effet car ils pourront en tenir compte dans leur évaluation de la firme. Pour une firme ayant une mauvaise performance environnementale, l’effet net de la communication peut encore être positif sur la valeur boursière dans la mesure où sa performance n’est pas médiocre (Cormier et Magnan 2003). L’analyse de la performance environnementale s’avère donc nécessaire pour bien cerner le lien entre divulgation environnementale et performance financière. 2-2-2-4) Performance environnementale Des recherches sur la relation entre divulgation environnementale et performance environnementale ont trouvé peu de liens entre ces deux éléments. Divers indices ont été utilisés pour effectuer cette mesure ( Ben Rhouma 2008) : L’indice de Moskowitz (1972) qui permet de classer les entreprises selon leur performance sociale perçue. Des indices basés sur un classement d’étudiants et de professionnels. L’indice du CEP (Council on Economic Priorities), « le CEP est un organisme américain qui publie des renseignements par entreprise, sur la pollution de l’eau et de l’air, la sécurité au travail, la gestion des déchets ». Ingram et Frazier (1980) ont vérifié le lien entre la performance environnementale conçue à partir des indices du CEP (20 variables) et les divulgations environnementales dans des rapports annuels d’un échantillon de 40 sociétés. Les résultats de l’analyse factorielle montrent qu’il n’existe qu’une faible corrélation positive entre performance environnementale et les divulgations environnementales des sociétés. Bewley et Li (2000) sont arrivés à des conclusions différentes d’Ingram et Frazier (1980) suite à l'analyse de contenu (rapports annuels) de sociétés œuvrant dans des secteurs considérés comme fortement polluants (biens de consommation et de service, énergie, médicaments et produits chimiques, industrie, technologies de l’information, ressources, 32 télécommunications, services). Les résultats ont montré qu'il n'y a aucune relation entre performance environnementale et les divulgations environnementales des sociétés. Patten (2002) relève trois points pour expliquer les contradictions observées dans les études précédentes et leur impossibilité à identifier une corrélation positive entre performance et divulgation environnementale; (1) l'échec de contrôler d'autres facteurs associés au niveau de divulgation environnementale; (2) choix d’items inadéquats; et (3) une mesure inadéquate de performance environnementale, puisque l’indice du CEP a initialement été conçu pour un petit groupe de sociétés dans seulement quatre industries. Pour surmonter ce défaut, Patten (2002) utilise la quantité de rejet de produits Toxique (TRI); ces données ont été normalisées par des ventes. Il utilise un échantillon de 131 sociétés américaines de 24 industries différentes et une mesure d'indice de Wiseman modifiée. Selon ces résultats, dépendamment de la taille de l’entreprise et de son appartenance à une industrie donnée, il y a une relation significative entre la performance environnementale et la divulgation environnementale. Les niveaux plus élevés de rejet de toxiques ajustés par la taille de la société sont associés aux niveaux les plus élevés de divulgation environnementale (analyse de contenu et décompte de ligne de rapport financiers). Son étude est aux antipodes des études précédentes sur la relation entre la performance sociale et divulgation environnementale. Parallèlement aux performances organisationnelles retenues pour justifier les motivations des entreprises à divulguer de l’information environnementale, l’endettement a été retenu comme déterminant dans plusieurs études. 2-2-2-5) Endettement Belkaoui et Karpik (1989), en analysant la relation entre le ratio total dette/total actif et la divulgation sociétale sont parvenus à démontrer que plus l’entreprise est endettée moins elle divulgue des informations sociétales. Les résultats qu’ils ont trouvés démontrent qu'un ratio d'endettement élevé à un impact négatif sur la divulgation sociétale. Cormier et Magnan (1999) montrent qu’autant une firme dont les besoins en capitaux sont importants et qui, par conséquent, recourt souvent aux marchés des capitaux par voie d’émissions publiques d’actions ou de dettes, aura tendance à 33 communiquer plus d’information environnementale, autant une entreprise dont le ratio d'endettement est élevé divulgue moins d’information environnementale. Oxibar (2009) a également trouvé une relation négative entre le niveau d’endettement de l’entreprise et la divulgation environnementale dans les rapports annuels. Pour Roberts (1992), l'endettement est de nature à encourager l'entreprise à mener des activités sociétales et à divulguer de l'information positive afin de satisfaire les attentes de ses créanciers en termes de responsabilité sociale. Il avance de ce fait une relation positive entre le niveau d'endettement de l'entreprise et son niveau de divulgation sociétale. 34 CHAPITRE 3 : HYPOTHÈSES ET METHODOLOGIE 3-1-) Hypothèses Dans cette partie, nous développerons la dimension règlementaire et les facteurs qui nous semblent avoir un impact significatif sur la divulgation environnementale des entreprises canadiennes suite à la littérature étudiée. 3-1-1) Rôle de la dimension réglementaire dans la divulgation environnementale L’entreprise est tenue de fournir des informations sur l’impact de ses activités sur l’environnement à ses investisseurs et autres parties prenantes. Mais, selon les objectifs et stratégies poursuivies, les gestionnaires de l’entreprise peuvent jouer sur le degré de précision et donc sur la qualité de l’information. La littérature étudiée offre plusieurs approches théoriques pour comprendre les motivations des entreprises lorsqu’elles décident de divulguer de l’information environnementale. Comme souligné dans le chapitre précédent, Branco et Rodriguez (2007) proposent trois catégories d’études : les études sur l’utilité à la décision, les études en théorie économique, et celles en théorie politique et sociale. Notre étude peut être placée dans le cadre des recherches sur l’évolution des pratiques de divulgation environnementales, avec l’introduction d’une obligation règlementaire de divulgation comme facteur déterminant de cette évolution. Nous utiliserons la théorie politico- sociale de la comptabilité pour expliquer cette relation. Dans une perspective contractuelle, l’intervention des autorités réglementaires au niveau de la divulgation en général et de la divulgation environnementale en particulier se fait dans l’objectif d’atténuer l’asymétrie d’information entre les dirigeants et les parties prenantes, principalement les investisseurs. La mise en œuvre de règlements au niveau de la divulgation sociale va permettre d’assurer une relative uniformité entre les pratiques de divulgation et garantir un 35 minimum d’exigence de divulgation que la divulgation volontaire seule ne peut satisfaire (Berthelot et al. 2003). Face à cette pression réglementaire, les dirigeants sont supposés se conformer aux exigences afin d’éviter d’éventuels contrôles et coûts politiques pouvant en résulter. Comme souligné dans la revue de littérature, les entreprises diffusent des informations sociales ou environnementales dans l’objectif de renforcer leur légitimité ou de légitimer leurs actions (Guthrie et Parker, 1989 ; Patten 1991 ; Tinker et al, 1991 ; Gray et al, 1995; Neu et al, 1998). Afin d’atteindre cette légitimité, les entreprises vont mettre en œuvre à travers leur divulgation sociale des stratégies de légitimation et d’institutionnalisation (Quairel, 2004). L’obligation de divulgations environnementales et sociales introduite par les normes IFRS en général et plus spécifiquement les normes IAS 37 et IFRIC1, constitue une contrainte normative (règles et normes édictées par les milieux professionnels et les acteurs influençant le champ organisationnel) pour les entreprises cotées qui va les mener sur la voie d’une stratégie de conformité (Quairel, 2004). Également, du fait que les entreprises qui constituent notre échantillon sont des entreprises publiques (appel public à l’épargne), elles ont l’obligation de faire vérifier leurs informations financières par des vérificateurs externes. Les vérificateurs financiers disposent non seulement d’équipes de spécialistes en environnement et développement durable mais s’appuient aussi sur des normes et méthodes de vérification issues de la vérification financière comme le chapitre 5025 de l’Institut Canadien des Comptables Agréés. Afin d’attester de la qualité de l’information examinée et rendue public dans le cas d’un examen ou d’une vérification, ils doivent avoir l’assurance raisonnable que les états financiers et rapports de gestion ont été préparés dans le respect de lois et règlements et sont exemptes de toute anomalie significatives. 36 3-1-2) Développement de l’hypothèse de recherche Suite aux analyses développées dans les paragraphes précédents (l’obligation de divulgations environnementales et sociales introduite par les normes IFRS en général et plus spécifiquement les normes IAS 37 et IFRIC1 ainsi que le fait que les entreprises de notre échantillon étant toutes des entreprises publiques), nous pouvons supposer l’existence d’une relation positive entre l’introduction d’une obligation de divulgation et l’évolution de la divulgation environnementale, et nous pouvons avancer que : H1 : Les sociétés cotées canadiennes divulguent plus d’informations environnementales (obligatoires selon le règlement 51-102) dans leurs rapports annuels avec l’adoption des normes IFRS. 3-2-) Méthodologie L’hypothèse énoncée précédemment sera testée en utilisant des comparaisons de moyennes ainsi que des régressions linéaires. Le modèle général ainsi que les variables utilisées sont détaillés dans cette section. 3-2-1) Le Modèle Notre objectif de recherche consiste à mettre en évidence l’éventuel effet de l’obligation de divulgation d’informations sociales et environnementales introduite par des normes (IAS 37 – IFRIC 1) sur le niveau de divulgation de nature environnementale faite par les sociétés canadiennes cotées, objet de l’obligation. Bien entendu, nous ne visons que les divulgations réglementaires en réponse aux exigences du règlement 51-102 des ACVM faites dans les rapports annuels et dans les éventuels rapports environnementaux, de développement durable ou de responsabilité sociétale (que nous désignons par rapports sociétaux ou rapports indépendants). Afin de mettre en évidence l’existence d’une relation ou d’un éventuel effet de l’obligation règlementaire de divulgation sur le niveau de divulgation environnementale 37 des sociétés concernées, nous avons procédé dans un premier temps à l’étude des corrélations entre nos variables d’intérêt, à savoir le niveau de divulgation environnementale et le niveau d’application de la norme, les variables indépendantes (endettement et ROA) et les variables de contrôles (taille, secteur d’activité). Puis nous allons appliquer des tests statistiques de comparaison de moyennes des niveaux de divulgation environnementale des groupes formés sur la base de l’introduction de l’obligation de divulgation (avant et après la mise en vigueur des normes IFRS en 2011). Enfin, nous procéderons à des régressions multi-variées afin de déterminer le degré d’explication des variables dépendantes par les variables indépendantes. Pour cette analyse de régression, nous allons utiliser la procédure "glimmix" du logiciel SAS. GLIMMIX sert lorsqu’on a des observations dépendantes. En effet, nos scores de divulgation d’informations environnementales sont des mesures répétitives sur plusieurs années et sur plusieurs entreprises; les observations sont possiblement dépendantes. Cette procédure fait partie des modèles linéaires généralisés mixtes (GLMM) qui sont une extension des modèles linéaires généralisés qui permettent d’inclure des effets aléatoires. Les résultats sont les mêmes (estimations, p-values etc.) que si on avait pris PROC LOGISTIC ou PROC GENMOD (permet également d’effectuer de la régression logistique). PROC GLIMMIX permet d’incorporer à la fois une structure pour la matrice R et des effets aléatoires. Cela donne beaucoup de flexibilité pour la modélisation. Cette analyse de régression se fera sur une équation principale dont le modèle empirique se présente ainsi : SCORE DE = a + b1 REGLE + b2 TAILLE + b3 SECTEUR + b4 END +b5 ROA+ε 38 Nous effectuerons également des analyses de régression dans lesquelles notre variable dépendante (SCORE DE) sera décomposée en cinq sous scores, chacun représentant une dimension du niveau de divulgation environnementale, Ces cinq modèles de régression se présentent ainsi : Sous score 1 = a1 + b11 REGLE + b12 TAILLE + b13 SECTEUR + b14 END +b15 ROA+ε1 (Score relatif aux Obligations environnementales) Sous score 2 = a2 + b21 REGLE + b22 TAILLE + b23 SECTEUR + b24 END +b25 ROA+ε2 (Score relatif aux Obligations liées à la mise hors service d’immobilisations) Sous score 3 = a3 + b31 REGLE + b32 TAILLE + b33 SECTEUR + b34 END +b35 ROA+ε3 (Score relatif aux Incidences financières et opérationnelles des obligations en matière de protection de l’environnement) Sous score 4 = a4 + b41 REGLE + b42 TAILLE + b43 SECTEUR + b44 END +b45 ROA+ε4 (Score relatif aux tendances et incertitudes) Sous score 5 = a5 + b51 REGLE + b52 TAILLE + b53 SECTEUR + b54 END +b55 ROA+ε5 (Score relatif aux risques environnementaux) 3-2-2) Les variables dépendantes : Mesure des sous scores et du score de divulgation d’information environnementale La grille d’analyse de l’information environnementale (Annexe1) contient les indicateurs de la grille de Cormier et al. (2012) laquelle est une adaptation de l’échelle de Wiseman (1982), de Cormier et Magnan (2003) et de Al-Tuwaijri et al. (2004)). Il s’agit des cinq catégories d’informations obligatoires à divulguer selon le règlement 51-102, soit les risques environnementaux, les tendances et incertitudes, les obligations environnementales, les obligations liées à la mise hors service d’immobilisations, et les incidences financières et opérationnelles des obligations en matière de protection de l’environnement. Ces cinq catégories constituent les sous scores de notre modèle. Nous avons choisi la grille de Cormier (2012) car c’est une grille originelle dans le domaine de la divulgation environnementale puisqu’elle s’inspire de celle de Wiseman (1982) d’une part et d’autre part, elle prend en compte les éléments obligatoires à divulguer selon le règlement 51-102. D’ailleurs, notre revue de la littérature montre que 39 la classification adoptée par Wiseman a été utilisée dans plusieurs études ultérieures (Freedman et Wasley, 1990 ; Patten, 1992, Bewley et Li, 2000 ; Cormier et Magnan, 1999, 2002, 2003 et Cormier et al.2004, 2005 et 2006). Le support de base analysé dans ces études est le rapport annuel. La méthode de codage consiste à repérer la présence d’une information ou d’un item donné (voir annexe1 pour le détail) ; affecter cet item à la sous-catégorie correspondante quand il s’agit d’une information liée à l’environnement et enfin à accorder une note ou un score à cette information. La grille de notation est la suivante : « 0 » si il n’y a aucune information ; « 1 » si l’information est décrite de manière générale ; « 2 » si l’information est décrite de manière précise (c’est à dire qu’elle est chiffrée mais pas détaillée ou le contraire) ; « 3 » si l’information est décrite de manière détaillée et chiffrée. Par exemple,dans son rapport annuel (2012, p.74), SUNCOR communique sur l’item « Obligations liées à la mise hors service d’immobilisations» de la manière suivante : «La Société comptabilise des passifs au titre du démantèlement et de la remise en état futurs des immobilisations corporelles………….La provision de Suncor au titre du démantèlement et de la remise en état a augmenté de 887 M$ en 2012, pour atteindre 4,688 G$. La révision des coûts futurs estimés et l’accroissement des dommages causés aux sols sont les facteurs ayant le plus contribué à la variation de la provision. La provision a également augmenté en raison d’une diminution du taux d’actualisation moyen (3,75 % en 2012, contre 4,3 % en 2011)» l’information concernant cet item est présentée d’une manière précise et détaillée, en plus elle est chiffrée, donc on lui accorde la note 3. Dans son rapport annuel (2012, page70) Cascade renseigne sur l’item « restauration environnementale et coûts environnementaux » de la manière suivante «Une obligation d’engager des coûts de restauration et d’environnement se pose lorsque des perturbations de l’environnement sont causées par le développement ou la production 40 continue d’usines ou d’un site d’enfouissement. Ces coûts découlant de l’installation de l’usine et d’autres travaux de préparation du site sont prévus et capitalisés au début de chaque projet, ou dès que l’obligation d’assumer ces coûts se pose. Les coûts de démantèlement sont comptabilisés à la valeur estimée à laquelle l’obligation peut être réglée à la date du bilan consolidé, et sont imputés aux résultats sur la durée de l’opération, par la dépréciation de l’actif et la désactualisation de la disposition. Le taux d’actualisation est le taux avant impôt reflétant les appréciations actuelles du marché de la valeur temporelle de l’argent et les risques spécifiques liés à l’obligation. Les coûts de restauration causés par des exploitations passées sont créés sur une base continue pendant la production et sont évalués à leur valeur actualisée et imputés aux résultats lorsque l’obligation survient ». L’information est décrite de manière précise mais elle n’est pas exprimée en terme quantitatif ou monétaire, on lui accorde donc la note 2. Enfin, l’entreprise Æterna Zentaris communiquant sur les risques environnementaux que comportent leurs activités, déclare : « Nos procédés de découverte et de développement impliquent l'utilisation contrôlée de matières dangereuses et radioactives. Nous sommes assujettis aux lois et règlements fédéraux, provinciaux et municipaux régissant l'utilisation, la fabrication, l'entreposage, la manutention et l'élimination de ces matières et de certains déchets. Le risque de contamination ou de blessure accidentelle lié à ces matières ne peut être complètement écarté. En cas d'accident ou de non-respect des lois en matière d'environnement ou de sécurité au travail, nous pourrions être responsables des dommages en résultant, et cette responsabilité pourrait dépasser nos ressources. Nous ne pouvons être assurés suffisamment contre ce type de responsabilité. Nous pourrons avoir l'obligation d'engager des dépenses considérables pour nous conformer aux lois et aux règlements environnementaux à l'avenir, et les lois et règlements actuels ou futurs en matière environnementale pourraient nuire considérablement à notre activité, à notre entreprise ou à nos actifs» (rapport annuel 2012, page 20). L’information est énoncée, non décrite de manière précise et n’est pas exprimée en terme quantitatif ou monétaire, on lui accorde donc la note 1. 41 Pour chaque entreprise, un score de divulgation est alors mesuré comme la somme des scores par thèmes. L’objectif est de disposer d’un score global lui-même élaboré par sommation de scores partiels. Le niveau de divulgation renvoie à deux dimensions, à savoir la quantité et la qualité des informations véhiculées au public. Notre score reflète la dimension quantité. Elle s’apprécie par le nombre d’informations communiquées. Plus le score est élevé, plus l’information environnementale de l’entreprise est considérée comme étant riche et de meilleure qualité. Il apprécie donc à la fois la quantité et la qualité de l’information car d’après Cormier et al. (2005) la qualité croît avec le niveau de précision de telle sorte qu’une information quantitative est jugée de meilleure qualité qu’une information générale. 3-2-3) Les variables indépendantes 3-2-3-1) Règle (IFRS) Les IAS/IFRS visent à ce que les états financiers des entreprises rendent compte de la réalité de la vie économique de l'entreprise de la manière la plus juste et réelle possible. Comme l’a souligné Cormier et al. (2000), l’adoption et l’application des normes internationale IAS/IFRS par les entreprises suisses, réduisent la discrétion des dirigeants vu qu’elles sont plus restrictives quant aux décisions comptables des dirigeants. L’une des conséquences de la réduction de la discrétion du dirigeant est l’amélioration de la qualité et l’augmentation des informations divulguées. Aussi, ils notent que l’objectif derrière l’adoption des normes IAS/IFRS par les dirigeants suisses est d’améliorer la crédibilité des états financiers. Il s’agit d’un moyen par lequel les entreprises peuvent attirer et compter sur le financement des investisseurs internationaux. En se basant sur ce qui précède, nous attendons un effet positif de l’adoption des normes IFRS sur le niveau de divulgation d’informations financières à caractère environnemental des entreprises cotées canadiennes. La variable «règle» est une variable dichotomique qui prend la valeur 1 lorsque l’entreprise a adopté les IFRS, soit depuis 2011, et la valeur de 0 dans le cas contraire, soit avant 2011. 42 3-2-3-2) L’endettement Une entreprise qui fait appel aux marchés des capitaux sur une base continue doit gérer sa stratégie de communication afin d’éviter dans la mesure du possible de mauvaises surprises aux banquiers, aux investisseurs et analystes financiers (Cormier et Magnan, 2003). La gestion environnementale constitue un aspect des opérations d'une entreprise qui intéresse les investisseurs car toute dette environnementale potentielle peut affecter directement les flux de trésorerie de l’entreprise. Par conséquent, nous nous attendons à ce qu’un niveau d’endettement élevé soit associé à l'ampleur de la divulgation environnementale (Lang et Lundholm 1993; Cormier et Magnan 1999). Comme les études citées précédemment, nous avons utilisé le ratio total dette/total actif en fin d’exercice pour mesurer le taux d’endettement des entreprises de notre échantillon. 3-2-3-3) Performance financière (ROA) Dans les études récentes, nous avons noté les mesures suivantes pour estimer la performance économique des entreprises : la valeur boursière des actions (Blacconiere et Patten 1994) le résultat net (Neu et al. 1998), le ratio résultat/capitaux propres qui décrit la rentabilité des capitaux investis par les actionnaires de l’entreprise (Roberts 1992 ), le ratio de rentabilité des actifs, ROA (Cormier et Magnan, 1999, 2002 et 2003). La multitude des mesures de la performance financière pose des difficultés au niveau de la crédibilité et de la comparabilité des résultats. Dans notre modèle, à l’instar de Cormier et Magnan (1999), nous allons utiliser la rentabilité des actifs (ROA). En effet, ces derniers auteurs ont avancé que les firmes dont le rendement de l’actif est élevé ont tendance à divulguer plus d’informations non-financière et plus précisément, de nature environnementale. Cormier et Magnan (1999) justifient ceci par le fait que la divulgation de l’information environnementale peut avoir comme avantage de réduire les pressions gouvernementales, syndicales ou sociales pour des travaux de nature environnementale. Toutefois, les études antérieures ont obtenus des résultats mitigés ou contradictoires sur l’effet de la performance des entreprises sur leur niveau de divulgation. L’influence de la 43 performance économique pourrait donc être positive ou négative sur le niveau de la divulgation environnementale des entreprises canadiennes. 3-2-3-4) La taille La taille a été l’une des premières caractéristiques des entreprises à laquelle les recherches sur les déterminants de la divulgation environnementale se sont intéressées dès le début (Cowen et al. 1987, Belkaoui et Karpik, 1989). En effet, ces recherches reconnaissent que la taille est corrélée avec la situation financière de l’entreprise et l’impact des activités de cette dernière sur l’environnement. Ainsi, plus la taille est importante, plus les entreprises disposent de ressources financières et plus les impacts qu’elles ont sur l’environnement et la société sont grands. Le choix de la variable taille est justifié du fait que les entreprises les plus grandes font l’objet d’une plus grande attention de la part du public et sont soumises à une plus forte pression du public à diffuser des informations sur leur responsabilité sociale (Cowen, Ferreri et Parker, 1987). Ils soulignent que la taille de l’organisation a un impact significatif sur les divulgations en matière environnementale, énergétique, des pratiques de l’entreprise envers son personnel et implication envers la Communauté. Plusieurs études antérieures confirment une relation positive entre le niveau de divulgation environnementale et la taille de l’entreprise (Cormier et Magnan, 1999, 2003 ; Neu et al. 1998). Plusieurs mesures de la taille de l’entreprise ont été adoptées dans la littérature : le chiffre d’affaires, le logarithme du chiffre d’affaires, le nombre d’employés, le logarithme du nombre d’employés, le total actif, le logarithme naturel de l’actif total. Dans cette recherche, nous avons retenu le logarithme naturel de l’actif en fin d’exercice comme mesure de la taille des entreprises. Nous attendons donc un effet positif de la taille de l’entreprise sur le niveau de divulgation environnementale des sociétés cotées. 44 3-2-3-5) Secteur Les études qui ont mis en relation le secteur d’activité des entreprises et leurs pratiques de diffusion environnementale ont effectué une distinction entre les secteurs d’activité ayant un fort impact sur l’environnement et ceux dont l’impact est moindre. Les secteurs peuvent présenter une faible ou forte visibilité d’un point de vue environnemental et / ou éthique vis-à-vis du grand public. Patten (1991) et de Roberts (1992) ont présenté un classement entre secteurs fortement (faiblement) exposés d’un point de vue environnemental ou éthique. Cormier et al (2004) trouvent que le niveau de la divulgation environnementale dans les rapports annuels varie de 7.84 dans les secteurs des services à 77.68 pour les secteurs industriels (Cormier et al. 2004). Parmi les sept secteurs d’activité étudiés (biens de consommation et de service, énergie, médicaments et produits chimiques, Pétrole et gaz, technologies de l’information, Papier et produits forestiers, télécommunications), la divulgation environnementale est plus importante pour les quatre secteurs à haute sensibilité environnementale à savoir Pétrole et gaz, les Papiers et produits forestiers, l’énergie, les produits chimiques et les médicaments. Les résultats de Cormier et al. (2004) rejoignent ceux de Patten (2002) qui trouve aussi que les firmes opérant dans des secteurs à haute sensibilité environnementale divulguent plus d’information environnementale. Nous attendons donc un effet positif du secteur d’activité de l’entreprise sur le niveau de divulgation environnementale des sociétés cotées. Dans notre étude, le secteur d’activité de l’entreprise prend la valeur 1 si l’entreprise exerce une activité industrielle ayant un important impact sur l’environnement et 0 dans le cas contraire. 45 3-3) L’Échantillon 3-3-1) Sélection de l’échantillon Vu que l’impact écologique des activités industrielles varie d’un secteur à un autre, nous avons voulu travailler sur des industries réputées avoir un fort impact environnemental. Ces dernières investissent, en principe, beaucoup plus dans la protection de l’environnement que les autres industries (Salomone et al, 2001 ; Moneva et al, 2000 ; Gamble et al, 1995 ; Barth et al, 1994). Ainsi, en prenant appui sur les études précédentes, nous avons constitué notre échantillon à partir des entreprises qui œuvrent dans les secteurs suivants : pharmaceutique (Adams et al, 2000), énergie (Tilt, 2001 ; Anderson et al, 1998; Barth et al, 1994), biotechnologie, chimique (Adams et al, 2000 ; Anderson et al, 1998; Barth et al, 1994), minier (Anderson et al, 1998), transport (Bartoloméo, 2000; Barth et al, 1994. L’échantillon de base retenu dans cette étude est constitué des 69 sociétés cotées de l’indice S&P/TSX de la bourse de Toronto ayant répondu au questionnaire du Carbon Disclosure Project (CDP)11 de la Conference Board of Canada en 2010. De ce nombre, nous avons retenu les entreprises non financières concernées par l’adoption des normes IFRS au 1er janvier 2011 et pour lesquelles on peut accéder aux rapports annuels des quatre années consécutives (2009; 2010; 2011; 2012). L’échantillon final est composé de 29 (voir procédure d’échantillonnage en Annexe 4) entreprises canadiennes provenant de secteurs d’activité dont les opérations ont un impact significatif sur l’environnement : ressources naturelles (mines et métaux, pétrole et gaz, pâtes et papiers et produits forestiers) et produits industriels (Voir tableau en Annexe 3). Les rapports annuels de la période s’écoulant de janvier 2009 à décembre 2012 ont été collectés à partir du site «http://sedar.com». D’après Lang et Lundholm (2003), le rapport annuel semble être le canal privilégié de communication avec le public. Il permet aux actionnaires de mieux connaître les détails 11 https://www.cdproject.net/CDPResults/CDP-2010-Canada-Report-english.pdf 46 de la performance de l’entreprise. Le rapport annuel est également utile pour les investisseurs potentiels désirant avoir une information détaillée sur l’activité et la performance de l’entreprise avant d’y investir. Le choix des quatre années à l’étude, soit de 2009 à 2012), nous permettra d’étudier l’évolution des pratiques de divulgation environnementale des entreprises canadiennes. 3-3-2) Caractéristiques de l’échantillon A la lecture des statistiques inscrites dans le tableau 1, on peut constater que les entreprises de notre échantillon sont pratiquement de même taille. En effet, la taille moyenne des 29 entreprises est de 83.59842 millions $ alors que le minimum est de 80.96145 et que le maximum se situe à 85.28290 millions $.Nous observons la même situation au niveau des autres variables. La moyenne de l’endettement se situe à 12.82004 millions $ , valeur proche du minimum (12.13201 millions $) et du maximum (13.20941 millions $ ). Quant au ROA, sa moyenne est de 0.05088, valeur également proche du minimum (0.03707) et du maximum (0.06891). Au terme de cette analyse, nous pouvons dire que les entreprises de l’échantillon ont des caractéristiques assez similaires. Tableau 1 Statistiques descriptives sur les caractéristiques de l’échantillon Variable Moyenne Ecarttype Minimum Maximum Taille 83.59842 2.05711 80.96145 85.28290 Endettement 12.82004 0.47275 12.13201 13.20941 ROA 0.05088 0.01379 0.03707 0.06891 47 CHAPITRE 4 : ANALYSE DES RÉSULTATS Dans ce chapitre, nous procèderons aux tests de notre hypothèse après avoir exposé les analyses descriptives. Les tests sont réalisés à l’aide du logiciel SAS. 4-1) Les analyses descriptives des pratiques de divulgation environnementale des sociétés canadiennes de 2009 à 2012 A l’issue du codage de l’information environnementale (informations obligatoires à divulguer selon le règlement 51-102) des rapports annuels de l’échantillon d’entreprises choisies, nous avons obtenu 116 observations soit 116 scores de la divulgation environnementale (il s’agit de 29 différents scores des quatre années d’étude 2009-20102011-2012). Nous présentons ci-dessous quelques statistiques descriptives caractéristiques de ces scores. Conformément au Tableau 2 ci-dessous, le score moyen annuel par entreprise est passé de 4.03448 en 2009 et 4.06897 en 2010 à 4.34483 en 2011 l’année de l’adoption des IFRS et à 4.41379 l’année suivante (2012), soit une progression légère de près de 10% par rapport à 2009.Rappelons que le maximum à atteindre par chaque entreprises est de 15 points. On note un grand écart entre le maximum (13) et le minimum(0) des scores ce qui montre qu’il y a une grande disparité entre les stratégies de divulgation d’information financière à caractère environnemental adoptées par les entreprises canadiennes. Les variables qui ont le plus participé au score de divulgation sont : les obligations liées à la mise hors service d’immobilisations (sous score2) et les Incidences financières et opérationnelles des obligations en matière de protection de l’environnement (sous score3).Nous pouvons ainsi constater que le sous score 2 a une moyenne de 1.44828 en 2009 et 2010, elle est passée à 1.48276 en 2011 et à 1.51724 en 2012. 48 Concernant le sous score 3, son score moyen est passé de 1.10345 en 2009 et 1.13793 en 2010 à 1.27586 en 2011 et 1.27586 en 2012. Quant aux autres variables (Obligations environnementales, les tendances et incertitudes, les risques environnementaux), leurs concours sont minimes dans la constitution du score de divulgation. Ainsi, pour l’année 2009, le sous score1 a une moyenne de 0.79310, le sous score 4 et le sous score 5 ont respectivement 0.10345 et 0.55172. Ces scores passent à 0.86207 pour le sous score 1, à 0.24138 pour le sous score 4 et à 0.55172 pour le sous score 5 en 2012. 49 Tableau 2 Statistiques descriptives des scores de divulgation par année 2009 2010 2011 2012 Score Moyenne 4.03448 4.06897 4.34483 4.41379 Ecart-type 4.16175 4.17416 4.36934 4.42006 Minimum 0 0 0 0 Maximum 13 13 13 13 Moyenne 0.79310 0.79310 0.82759 0.86207 Ecart-type 1.20651 1.20651 1.22675 1.27403 Sous-Score1 Minimum 0 0 0 0 Maximum 3 3 3 3 Sous-Score2 Moyenne 1.44828 1.44828 1.48276 1.51724 Ecart-type 1.37805 1.37805 1.37894 1.40460 Minimum 0 0 0 0 Maximum 3 3 3 3 Moyenne 1.10345 1.13793 1.27586 1.27586 Ecart-type 1.34549 1.32891 1.36006 1.36006 Sous-Score3 Minimum 0 0 0 0 Maximum 3 3 3 3 Sous-Score4 Moyenne 0.10345 0.10345 0.20690 0.24138 Ecart-type 0.30993 0.30993 0.49130 0.63556 Minimum 0 0 0 0 Maximum 1 1 2 3 Moyenne 0.55172 0.55172 0.55172 0.55172 Ecart-type 0.94816 0.94816 0.98511 0.98511 Minimum 0 0 0 0 Maximum 3 3 3 3 Sous-Score5 Ce tableau expose les scores moyens de divulgation environnementale. Pour comparaison, à côté du score moyen annuel, nous avons inscrit les sous scores moyens par variable, le maximum divulgué, le minimum divulgué sur l’ensemble des items. 50 Des différences significatives apparaissent cependant entre les sept secteurs d’activité, comme le met en évidence le Tableau 3 ci-dessous et le graphique 2 (voir annexe5). Tableau 3 Score moyen annuel par secteur BIOTECHNOLOGIEPHARMACIE CHIMIQUE EMBALLAGE MINE PETROLE ET GAZ PATES ET PAPIER TRANSPORT 2009 0,25 2010 0,25 2011 0,75 2012 0,75 11,25 3 2,25 4,75 11,25 3 2,25 5 11,75 3 2,25 5,25 12 3 2,25 6 4,8 4,8 5,4 6 2 2 2,00 2 Parallèlement aux variables (sous scores), nous avons donc analysé le poids des secteurs auxquels appartiennent les entreprises retenues dans notre échantillon. Le tableau 3 nous montre que les entreprises du secteur chimique sont celles qui divulguent le plus avec une moyenne sectorielle de 11.25 en 2009 et 2010, moyenne qui passe à 11.75 en 2011 et à 12 en 2012. Elles sont suivies respectivement par les entreprises du secteur pétrole-gaz, pâtes et papiers, emballage, mine, transport et biotechnologie. Au terme de l’analyse précédente, nous pouvons énoncer les constats suivants : • d’une part, nous constatons une évolution des scores de divulgation depuis l’adoption des normes IFRS ; • d’autre part, l’impact du changement de normes est relativement faible. En effet si nous tenons compte du score maximum que peut avoir une entreprise (15 points) chaque année, le score moyen par entreprise est passé de 4.03448 en 2009 à 4.41379 en 2012.L’indice de divulgation environnementale après l’adoption des normes IFRS (2011 et 2012) est donc légèrement plus élevé que celui d’avant (2009 et 2010). Ces résultats sont supportés par l’analyse des informations environnementales par entreprise et par secteur contenues dans les tableaux (8 à 13) en annexe 5. 51 4-2) Analyses uni-variées Les entreprises semblent divulguer plus d’informations environnementales (relevant du règlement 51-102) après l’adoption des normes IFRS. Pour une analyse comparative des deux périodes, nous avons eu recours aux tests de différence de moyenne. Les tests paramétriques consistent en des tests de différences de moyennes entre les périodes avant et après l’adoption des normes IFRS. Il s’agira de tester la moyenne de chacune des variables dépendantes, soit le score total ainsi que les sous scores entre les périodes 2009 à 2012. Les tests uni-variés permettront de mesurer la tendance des variables dépendantes entre les périodes de pré- adoption et post – adoption. À cette fin, nous utiliserons les tests paramétriques de t de student. 4-2-1) Résultats des tests paramétriques Pour la comparaison des moyennes au niveau du score total, nous avons appliqué le test de Student dont les résultats sont inscrits dans le Tableau 4 suivant. Tableau 4 Résultat des tests de différence de moyenne (score moyen par entreprise pour les deux périodes d’étude) Groupe 1 (période 2009-2010) Moyenne Observations Différence Degré de liberté(DDL) Valeur du test t Pr > |t| 4,0172 58 -0,3966 Groupe 2 (période 20112012) 4,4138 58 114 -0,5 0,6168 A la lecture du tableau 4, nous constatons une différence très minime entre la moyenne des deux périodes (0.3966) avec une valeur absolue du t de 0.5 et un seuil de signification de 0.6168 qui est largement supérieur à 0.05. D’un point de vue statistique, la différence de moyennes n’est pas significative. En effet, le score moyen de divulgation 52 environnementale avant l’adoption des normes IFRS se situe à 4.0172; celui-ci est passé à 4.4138 après. Même si elle est minime, l’évolution du niveau de divulgation est positive entre les deux périodes. En somme, nous pouvons dire que les analyses précédentes indiquent que le niveau divulgation environnementale de la période 2 des entreprises canadiennes est légèrement supérieur au niveau de divulgation environnementale de ces entreprises au cour de la période 1.Toutefois, d’un point de vue statistique, cette différence n’est pas significative car elle n’est pas jugée différente de zéro aux seuil conventionnels. 4-2-2) Matrice de corrélation de Pearson Avant de procéder à l’analyse de régression, nous avons effectué une analyse de corrélation de Pearson des variables incluses dans notre modèle. D’abord, la matrice de corrélation présentée dans le tableau 5 (ci-dessous) montre qu’il n’y a pas de corrélation importante entre les variables indépendantes, ce qui limite les risques de multi colinéarité dans les régressions que nous utiliserons pour valider notre hypothèse de recherche. Ensuite, nous constatons une corrélation positive mais faible entre la variable dépendante représentant le niveau de divulgation (score) et la variable indépendante règle (0.04694) qui est notre variable d’intérêt. Ceci s’inscrit dans la ligne des constats réalisés lors du t-test effectué lors des analyses uni-variées. Il en est de même des variables Endettement (0.02480) et ROA (0.12220) qui ont une corrélation faible et positive avec la variable score. Enfin, les variables de contrôle, à savoir la taille et le secteur2(CHIMIQUE) ont une corrélation très forte avec le score de divulgation, respectivement 0.52050 et 0.68983; confirmant les résultats de la majorité des études consultées et citées précédemment. Par contre, les variables secteur1 (BIOTECHNOLOGIE-PHARMACIE), secteur 3 (EMBALLAGE), secteur 4 (MINE) et secteur 7 (TRANSPORT) ont une corrélation négative avec le score de 53 divulgation. Également nous constatons une corrélation forte et négative entre les variables secteur 4 et Taille (-0.62) et entre Secteur 4 et Endettement (-0.59)12. Nous allons compléter ces analyses préliminaires par des analyses multi-variées, permettant de prendre en compte d’autres facteurs susceptibles d’influencer les divulgations environnementales des entreprises. 12 Il convient de souligner que les variables taille et secteur sont très souvent corrélés avec la variable dépendante et les autres variables indépendantes dans les études. Ceci pourrait créer du bruit dans les résultats. 54 Tableau 5 Matrice de corrélation des variables dépendantes et indépendantes SCORE SCORE 1.00000 REGLE 0.04694 REGLE TAILLE Secteur1 Secteur2 Secteur3 Secteur4 Secteur5 Secteur6 Secteur7 End ROA 1.00000 0.6168 TAILLE 0.52050 <.0001 0.4908 Secteur1 -0.35186 0.00000 0.0001 1.0000 0.0772 Secteur2 0.68983 0.00000 0.34558 -0.16000 <.0001 1.0000 0.0001 0.0862 -0.07832 0.00000 0.15408 -0.10887 -0.10887 0.4033 1.0000 0.0987 0.2447 0.2447 -0.28721 0.00000 -0.62728 -0.24689 -0.24689 -0.16798 0.0018 1.0000 <.0001 0.0075 0.0075 0.0715 0.08613 0.00000 0.35753 -0.16000 -0.16000 -0.10887 -0.24689 0.3579 1.0000 <.0001 0.0862 0.0862 0.2447 0.0075 0.10098 0.00000 0.10774 -0.18257 -0.18257 -0.12423 -0.28172 -0.18257 0.2808 1.0000 0.2497 0.0498 0.0498 0.1840 0.0022 0.0498 Secteur7 -0.14276 0.00000 0.05911 -0.10887 -0.10887 -0.07407 -0.16798 -0.10887 End 0.02480 0.7916 0.7235 0.0017 0.0008 0.8193 0.3765 <.0001 0.5918 0.2638 0.0001 ROA 0.12220 0.10705 -0.07983 0.02858 0.05248 -0.33253 0.02351 0.05022 0.05384 0.03216 -0.04105 0.1913 0.2527 0.3943 0.7607 0.5758 0.0003 0.8022 0.5924 0.5660 0.7318 0.6617 Secteur3 Secteur4 Secteur5 Secteur6 0.1263 0.06461 1.00000 -0.16474 1.00000 1.00000 1.00000 1.00000 1.00000 1.00000 -0.12423 1.0000 0.5285 0.2447 0.2447 0.4294 0.0715 0.2447 0.1840 0.03320 0.28889 0.30695 -0.02145 0.08286 -0.59200 0.05030 0.10460 1.00000 0.34842 1.00000 1.00000 Ce tableau présente la matrice de corrélation de Pearson pour les variables dépendantes et indépendante l’échantillon est composé du score moyen de 28 entreprises ayant procédé à de la divulgation environnementale1 avec comme variables : score de divulgation ; Règle (IFRS) ; taille (logarithme naturel de l’actif en fin d’exercice; secteur d’activité de l’entreprise (subdivisé en 7 secteurs) : secteur 1 =BIOTECHNOLOGIE-PHARMACIE; secteur 2=CHIMIQUE; secteur 3=EMBALLAGE; secteur 4=MINE; secteur 5=PETROLE ET GAZ; secteur 6=PATES ET PAPIER; secteur 7=TRANSPORT ; l’endettement de l’entreprise ; ROA (taux de rendement des Actifs en fin d’exercice). 55 4-2-3) Résultats des tests multi-variés et interprétation des résultats Il convient de rappeler que notre objet de recherche est de vérifier l’impact de l’adoption des normes IFRS sur le niveau de divulgation d’informations financières à caractère environnemental (obligations selon le règlement 51-102 des ACVM) des sociétés cotées canadiennes. Premièrement, nous allons considérer le modèle principal lequel utilise comme variable dépendante le score total des entreprises. Par la suite, nous effectuerons des analyses utilisant les sous scores, lesquels sont basés sur les cinq variables de divulgations du règlement 51-102 des ACVM. Selon notre hypothèse de recherche, nous nous attendons à ce que le niveau des divulgations d’informations environnementales par les sociétés canadiennes augmente à la suite du passage aux IFRS en 2011. Ceci justifie le fait de mener une analyse plus poussée de la relation entre l’adoption de ces normes et le niveau des divulgations environnementales faites par ces sociétés. Les résultats de l’étude de Régression entre le niveau de divulgation environnementale (mesuré par le score) et l’adoption des normes IFRS (Règle), la taille des entreprises ( log des actifs) , la sensibilité environnementale de leur secteur d’activité, l’endettement et la rentabilité des actifs ( ROA) sont présentés dans le Tableau 6 ci-dessous. 56 Tableau 6 Résultats des régressions multiples (score Total) Variables Signe attendu Intercept Coefficients Signification 2.0031 0.3785 REGLE + 0.4194*** 0.0009 TAILLE + -0.1092 0.5975 Secteur1 + -1.5703 0.5486 Secteur2 + 9.6469*** 0.0008 Secteur3 + 1.0449 0.7288 Secteur4 + 0.1627 0.9465 Secteur5 + 3.2686 0.2172 Secteur6 + 3.1955 0.2108 End +/- 0.1514 0.7797 ROA +/- -0.00724 0.6255 0.37** 0.05764 Khi-Carré * : significatif à 10%, ** : significatif à 5%, *** : significatif à 1% Ce tableau expose les résultats des régressions multiples effectuées afin d’analyser la relation entre le score de divulgation total (variable dépendante) et la règle IFRS (variable indépendante d’intérêt) ainsi que la taille, le secteur d’activité, l’endettement, le ROA ( autres variables indépendantes). D’après les résultats de la régression multiple (tableau 6) ci-dessus, le coefficient de la variable Règle (adoption des normes IFRS) est positif et très significatif. En effet, ce coefficient est de 0.4194 avec un p-value de 0.0009 (< 1%). En moyenne, depuis 2011(IFRS), le score moyen s’est accru de 0.41 par rapport à la période pré -IFRS. Notre hypothèse principale relative à l’effet positif de l’adoption des normes IFRS sur l’étendue de la divulgation environnementale des sociétés cotées canadiennes est donc confirmée même si cet effet est de moindre mesure. Ce résultat s’insère dans les conclusions de Cormier, et al, (CA magazine 2003) où ils mentionnaient que : «une 57 évaluation récente des pratiques de communication de l'information environnementale adoptées par les plus grandes sociétés canadiennes inscrites à la cote, autres que les entreprises du secteur financier et du secteur de la distribution, indique que les normes strictes énoncées dans le chapitre 3061 du Manuel de l'ICCA, ou établies par les commissions des valeurs mobilières, donnent lieu à une information de meilleure qualité». Selon la littérature, plus une entreprise est de grande taille, plus elle est exposée et plus elle divulgue de l’information environnementale afin de réduire son coût en capital. Nous attendions donc un effet positif de cette variable sur l’évolution des divulgations environnementales des sociétés. Mais d’après nos résultats, le coefficient de la variable taille est négatif mais non significatif statistiquement (il est de -0.1092 avec une p-value de 0.5975). Ainsi, plus l’entreprise est de grande taille moins elle divulgue de l’information environnementale particulièrement si ces informations s’avèrent être des informations stratégiques pouvant profiter à la concurrence. Ces résultats corroborent les conclusions de Cormier, D. et al, (CA magazine 2003) : «…Si une telle stratégie contribue à la réputation de l'entreprise sur la plan de la qualité de l'information, elle peut aussi lui être préjudiciable lorsque des tiers utilisent l'information au détriment de ses intérêts. Ainsi, les concurrents ou des groupes de pression pourraient se servir d'éléments indiquant une piètre gestion environnementale pour démontrer que l'entreprise est un mauvais partenaire commercial ou qu'une intervention du gouvernement s'impose». Concernant l’effet de la sensibilité environnementale du secteur d’activité sur les dimensions de la divulgation environnementale, seul le coefficient du secteur chimique (secteur2) est positif et significatif d’un point de vue statistique (il est de 9.6469 avec une p-value de 0.0008). Les entreprises du secteur chimique divulguent en moyenne davantage d’information. Concernant les autres secteurs, alors que nous observons un effet positif mais non significatif statistiquement sur le niveau de divulgation pour les secteurs Emballage, Mine, Pétrole et Gaz, Pâtes et Papier), nous avons pour le secteur de la Biotechnologie-Pharmacie un coefficient négatif (-1.5703) mais non significatif (pvalue de 0.5482). Ces résultats vont dans le sens de ceux de Déjean et Martinez (2009) 58 sur les sociétés du SBF 120. Nous avons retenu les secteur7 (Transport) comme référence. Nous constatons également une corrélation positive mais non significative entre la divulgation environnementale (score total) et l’endettement. Ce résultat est différent de celui des travaux de Cormier et Magnan (1999) qui ont montré une relation forte entre les besoins en capitaux importants des entreprises et qui, par conséquent, recourent souvent aux marchés des capitaux par voie d’émissions publiques d’actions ou de dettes, et communication d’informations environnementales Enfin, concernant la performance financière, son coefficient est négatif et non significatif statistiquement (coefficient de -0.00724 avec une p-value de 0.6255).Une corrélation négative est donc enregistrée entre le score total et la variable indépendante ROA venant confirmer ce que nous avions prédit. Si nous observons une amélioration du score global de divulgation, tous les items concourant à l’établissement de ce score n’ont pas participé de la même façon. Afin de définir les items qui ont le plus influé sur cette évolution, nous avons effectué des analyses de régression sur des sous scores. Les résultats de ces analyses sont inscrits dans le tableau 7 ci-dessous. 59 Tableau 7 Résultats des régressions multiples des sous scores Signe attendu Constante REGLE TAILLE Secteur1 Secteur2 Secteur3 Secteur4 Secteur5 Secteur6 End ROA Khi-Carré + + + + + + + + +/+/- Sous score1 Sous score2 Sous score3 Sous score4 Sous score5 -0.04786 1.5159 0.3907 -0.00545 -3.22E-8 (0.9446) (0.1286) (0.6900) (0.9850) (1.0000) 0.04946 0.03651* 0.05429 0.1637*** -1.62E-9 (0.1692) (0.0934) (0.2949) (0.0008) (0.9998) 0.02043 -0.00653 -0.03305 -0.03838 6.002E-9 (0.7382) (0.8639) (0.7079) (0.4553) (0.9997) 0.009879 -1.3830 -0.1204 -0.02510 7.578E-9 (0.9901) (0.2488) (0.9153) (0.9199) (1.0000) 0.7150 1.4990 1.8612 0.9259*** 2.0000*** (0.3750) (0.2124) (0.1087) (0.0011) (<.0001) 0.4758 -0.00559 0.06878 0.01225 0.5000** (0.6065) (0.9967) (0.9580) (0.9662) (0.0216) 0.002968 -0.7717 1.0861 -0.03209 2.109E-8 (0.9968) (0.4789) (0.3060) (0.9027) (1.0000) 1.1541 0.7501 0.03874 0.04986 1.2500*** (0.1564) (0.5284) (0.9727) (0.8450) (<.0001) 1.1855 0.2950 0.9664 0.3654 0.4000** (0.1319) (0.7968) (0.3798) (0.1382) (0.0274) -0.04951 -0.01823 0.2321 0.05115 1.882E-8 (0.7565) (0.8508) (0.3157) (0.7760) (0.9996) -0.00030 -0.00061 -0.00116 -0.00303 2.72E-10 (0.9445) (0.8155) (0.8542) (0.5972) (<.0001) 0.03** 0.01*** 0.07* 0.06** 0.00 (0.03218) (0.01160) (0.06719) ( 0.05947) (1.792E-9) * : significatif à 10%, ** : significatif à 5%, *** : significatif à 1% Ce tableau expose les résultats des régressions multiples effectuées afin d’analyser la relation entre les sous scores (variables dépendantes) et la règle IFRS (variable indépendante d’intérêt) ainsi que la taille, le secteur d’activité, l’endettement, le ROA (autres variables indépendantes) Sous score1 : Obligations environnementales Sous score2 : Obligations liées à la mise hors service d’immobilisations Sous score3 : Incidences financières et opérationnelles des obligations en matière de protection de l’environnement Sous score4 : Tendances et incertitudes Sous score5 : Risques environnementaux 60 D’après les résultats du tableau 7 ci-dessus, le coefficient règle de l’ensemble des sous scores à l’exception du sous score 5 est positif. Mais, seul celui des sous score 2 (Obligations liées à la mise hors service d’immobilisations) et sous score 4 (Tendances et incertitudes) sont significatifs avec des p-values respectives de 0.0934 et 0.0008. Ces derniers résultats reflètent les résultats obtenus avec le modèle principal (régression avec score total). Ainsi donc, en moyenne, depuis 2011(IFRS), le score moyen de la variable obligations liées à la mise hors service d’immobilisations s’est accru de 0.365% par rapport à la période pré –IFRS alors que celui relatif tendances et incertitudes s’est accru de 0.163%.Outre le sous score 4, globalement, nous ne pouvons nous prononcer sur laquelle des variables (item) influence plus le score total de divulgation d’information financière à caractère environnemental. En effet, leurs coefficients ne sont pas statistiquement différents de zéro. De plus, le khi – carré des modèles sont très faibles et n’ont donc pas un pouvoir explicatif important. Concernant la variable taille, les coefficients des sous scores 1 et 5 sont positifs, alors que ceux des sous scores 2,3 et 4 sont négatifs. Tous sont statistiquement non significatifs, et sont similaires aux résultats obtenus avec le modèle principal. Étant donné que ces coefficients ne sont pas statistiquement différents de zéro, nous ne pouvons point nous prononcer sur leur réel effet sur le niveau de divulgation des informations environnementales. Comme pour le modèle global, le secteur chimique (2) dispose d’un coefficient positif et significatif pour les sous scores 4 (Tendances et incertitudes) et 5 (Risques environnementaux) avec des coefficients respectifs de 0.9259 et 2.0000.Pour les autres sous scores, les coefficients sont positifs mais non significatifs. Les secteurs 3(emballage), 5(pétrole et gaz) et 6 (pâtes et papiers) ont également un coefficient positif et significatif en ce qui concerne le sous score 5 (risques environnementaux). Donc, depuis l’adoption des normes IFRS, les entreprises des différents secteurs dont les activités ont un impact sur l’environnement divulguent plus d’informations sur les risques environnementaux. S’agissant des autres sous scores, les coefficients ne sont pas significatifs statistiquement même si certains sont positifs et différents de zéro. 61 Enfin, les résultats des variables ROA et Endettement des sous scores sont semblables à ceux obtenus avec le modèle global. En effet, les coefficients de la variable Endettement pour les sous scores ne sont pas significatifs. Si pour les sous scores 1 et 2, les coefficients sont négatifs, ils sont par contre positifs pour les sous scores 3,4 et 5. Quant à la variable ROA, elle est négativement corrélée. D’après les résultats de la régression multiple (tableau 7) ci-dessus, la variable règle est positivement corrélée avec ce sous score. Il en est de même des variables secteur 2, 3, 5 et 6 ainsi que de l’endettement. Les autres variables sont négativement corrélées. 62 CONCLUSION Dans le cadre de ce mémoire, nous nous sommes donnés pour ambition d’étudier les effets de l’adoption des normes IFRS sur l’évolution des pratiques de divulgations d’informations financières à caractère environnemental des sociétés cotées canadiennes. Ainsi, en se plaçant dans des perspectives contractuelle et institutionnelle, on peut s’attendre à un mouvement de conformité et d’anticipation de la part des entreprises pour éviter les coûts politiques, le durcissement de la règlementation ou la marginalisation par rapport aux attentes de la Société. Les résultats de notre étude ont mis en évidence qu’à la suite de l’introduction des IFRS, les entreprises ont vu leurs divulgations environnementales légèrement s’accroître et s’améliorer. En effet, les différences dans les pratiques de divulgation environnementale sont visibles avant et après l’adoption des normes IFRS en 2011. Les résultats ont montré également une différence de pratique en fonction du secteur d’appartenance de l’entreprise. Les résultats sont particulièrement parlants pour le secteur chimique (secteur2).Les entreprises du secteur chimique sont celles qui divulguent le plus avec une moyenne sectorielle de 11.25 en 2009 et 2010, moyenne qui passe à 11.75 en 2011 et à 12 en 2012. Elles sont suivies respectivement par les entreprises du secteur pétrole-gaz, pâtes et papiers, emballage, mine, transport et biotechnologie. Contribution Dans notre mémoire, nous avons souhaité valider un modèle multi-théorique de détermination des pratiques de divulgation d’informations environnementales. De nombreuses études, pour la plupart anglo-saxonnes, ont traité des déterminants de la divulgation volontaire d’informations environnementales ou sociétales par les entreprises. À notre connaissance, aucune autre étude au Canada n’a analysé les effets de l’adoption des normes IFRS sur l’évolution des pratiques de divulgations d’informations financières à caractère environnemental des sociétés cotées. 63 Par rapport aux précédentes études, notre mémoire, nous semble-t-il, apporte une contribution sous deux aspects. Sur le plan méthodologique, elle propose une grille de codage pour mesurer le niveau de divulgation d’informations environnementales des entreprises canadiennes dans leurs rapports annuels et sociétaux. Cette étude fournit aussi de nombreuses connaissances empiriques sur la divulgation d’informations environnementales des entreprises canadiennes au cours de la période 2009-2012, de même que sur les facteurs expliquant le niveau de leur diffusion dans les rapports annuels et sociétaux. Limites et Perspectives de recherche future En dépit de ses apports, notre recherche présente des limites. La première limite que nous pouvons soulever est liée aux outils méthodologiques employés. En effet, nous avons effectué notre analyse de contenu sur les rapports annuels et sociétaux. Or, d’autres instruments de diffusion peuvent être mis en évidence, notamment les sites internet des entreprises, leurs communiqués de presse et leurs rapports de développement durable. La deuxième limite réside dans le fait que les thèmes de la grille de codage sont sélectionnés en respect des dispositions du règlement 51-102 de l’ACVM dans le but de fournir une idée sur les politiques et les pratiques reliées à la divulgation d’informations financières à caractère environnementale des entreprises canadiennes. Même si notre cadre multi-théorique offre un cadre intéressant pour la compréhension des motivations des entreprises dans le domaine de la divulgation environnementale, ce n’est pas assez englobant pour analyser tous les déterminants. Nous avons toutefois considérés dans nos analyses les principaux déterminants identifiés dans la littérature. La troisième limite réside dans notre incapacité de savoir si le score «zéro» enregistré par certaines entreprises de notre échantillon est dû à une absence d’items à divulguer, ou si ces items sont divulgués dans d’autres supports que nous n’avons pas consulté .En principe, du fait que le choix des entreprises de notre échantillon s’est effectué en fonction de leur participation au «Carbone Disclosure Project», nous nous attendons en 64 principe à ce que ces dernières divulguent des informations sur les impacts environnementaux de leurs activités. Donc les «zéro» peuvent être des faux »zéro». La quatrième limite est relative au processus de codage de l’information environnementale contenue dans les rapports annuels des entreprises. En effet, pour assurer la cohérence et la fiabilité du codage, les scores auraient été révisés par une autre personne et toutes les divergences éventuelles analysées et résolues. Une part de subjectivité demeure donc présente dans le processus de codage. Enfin, du fait de la composition et de la taille de notre échantillon, il n’est pas possible de généraliser les résultats à l’ensemble des sociétés concernées par l’obligation (adoption des normes IFRS), il serait intéressant d’élargir l’échantillon, et de faire des analyses comparatives par secteur. Par ailleurs, afin d’avoir un éclaircissement enrichissant, il faudra d’une part, retenir en plus des sociétés cotées des sociétés non cotées ayant adopté les IFRS dans l’échantillon. D’autre part, il faudra disposer plus d’années après l’adoption des normes IFRS. Il nous semble qu’un important travail théorique reste à mener afin de déterminer les effets de l’adoption des normes IFRS sur l’évolution des pratiques de divulgations d’informations environnementales (volontaires comme obligatoires) de façon complète. 65 REFERENCES Adams, C.A. (2004). The Ethical, Social and Environmental Reporting-Performance Gap, Accounting, Auditing and Accountability Journal, 17(5), 731-757. Al-Tuwaijri,S. A., Christensen, T. E., et Hughes, K. E. (2004). «The relations among environmental disclosure, environmental performance, and economic performance: A simultaneous equations approach». Accounting, Organizations and Society, 29(5-6), 447– 471. Belkaoui A. et Karpik P. G. (1989) “Determinants of the corporate decision to disclose social information”, Accounting, Auditing and Accountability Journal, Vol. 2, n°1, pp. 36-51. Ben Rhouma A. (2008). 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Ahmed, (1990), «Comparison of Social Responsibility Information Disclosure Media Used by Canadian Firms», Accounting, Auditing and Accountability Journal, Vol. 3 Iss: 1 71 ANNEXES Annexe 1 Grille de codage environnemental (adaptation de la grille de codage de Cormier) Obligations environnementales Passifs déclarés Identifier et décrire chaque passif environnemental (description, méthodologie, hypothèses, incertitudes) Expliquer le passif et identifier les postes d’Entrées/Sorties qui sont affectés Commenter les modifications apportées à l’estimation du passif durant les deux dernières années Identifier les segments d’activités concernés et analyser le passif sur la base de ces segments Passifs éventuels Identifier et décrire chaque passif environnemental (description, méthodologie, hypothèses, incertitudes) Expliquer le passif et identifier les postes d’Entrées/Sorties qui sont affectés Commenter les modifications apportées à l’estimation du passif durant les deux dernières années Identifier les segments d’activités concernés et analyser le passif sur la base de ces segments Causes passées et en cours Description Montant Probabilité et règlement Impact sur les opérations (transactions) en cours et futures Obligations liées à la mise hors service d’immobilisations Description générale Réconciliation Hypothèses clés Flux de trésorerie non actualisés Calendrier des payements Taux de risque de crédit Faits et raisons de non calcul du FV du ARO Incidences financières et opérationnelles des obligations en matière de protection de l’environnement. Exercice financier en cours Dépenses en capital Revenus Avantage concurrentiel 72 Années à venir Dépenses en capital Revenus Avantage concurrentiel Les tendances et incertitudes; Description Mesures prises pour la mise en œuvre Les risques environnementaux Description Politiques et procédures de gestion de risques 73 Annexe 2 : REGLEMENT 51-102 Type de risques Risques de Litiges Éléments à prendre en considération L’émetteur est – il partie à un litige environnemental? Quel est le risque de responsabilité qui en découle? Quelle est la probabilité que les demandeurs aient gain de cause? A t- on connaissance de poursuites envisagées? Risques Physiques De quelle manière l’émetteur est-il susceptible de subir les risques physiques découlant d’aspects environnementaux tels que les répercussions de la contamination industrielle, des modifications des cycles météorologiques et la disponibilité de l’eau? Les risques physiques pourraient avoir les conséquences suivantes : - dommages matériels; - problèmes de santé et de sécurité pour le personnel et le public; - perturbation des activités, notamment les activités de fabrication ou le transport de produits fabriqués; - perturbation des activités de clients ou de fournisseurs importants; -si l’émetteur est un assureur ou un réassureur, augmentation des déclarations de sinistre et des responsabilités ; - augmentation des primes d’assurance et des franchises, ou encore réduction ou perte de la couverture. Quelles stratégies de gestion, d’adaptation et d’atténuation des risques l’émetteur a-t-il adoptées ou prévoit il adopter prochainement ? Quels en sont les coûts prévus? 74 Type de risques Risques Règlementaires Éléments à prendre en considération Quelles sont les répercussions réelles et prévues de la réglementation environnementale actuelle et probable sur l’entreprise et la stratégie de l’émetteur? Par réglementation environnementale, on entend notamment les permis environnementaux, les obligations d’information, les systèmes de tarification du carbone, les systèmes de plafond d’émission et d’échange de droits d’émission de CO2, les normes d’efficacité énergétique et les codes du bâtiment. Cette réglementation peut englober tant les obligations nationales qu’étrangères. L’émetteur devrait tenir compte des risques précis auxquels la législation ou la réglementation environnementale l’exposent et éviter de communiquer de l’information trop générale sur les facteurs de risque. Lorsque les limites ou les cibles exactes sont imprécises, on peut se servir d’intervalles de valeurs hypothétiques pour déterminer de quelle manière certaines obligations devraient, selon des attentes raisonnables, s’appliquer à l’émetteur? Quelles sont les obligations réglementaires applicables et prévues en matière d’environnement? Actuellement, l’émetteur respecte-t-il l’essentiel de ces obligations? Quels sont les coûts de conformité actuels et prévus (et ces coûts peuvent-ils se répartir selon des catégories comme la réhabilitation de terrains contaminés ou l’élimination des matières dangereuses)? Lorsque la quantification du risque ou des coûts estimés précise, l’information sur les faits liés au risque aidera les investisseurs à comprendre le risque. Risques Réputationnels De quelle manière l’émetteur traite-t-il les questions environnementales? La manière dont un émetteur les aborderait peut avoir une incidence positive ou négative sur les actifs incorporels fondamentaux comme la valeur de la marque, la confiance des consommateurs, la loyauté des employés ainsi que la capacité à réunir des capitaux et à faire approuver des projets par les autorités de règlementation. Quelle incidence les rapports de l’émetteur avec les collectivités locales et les autres parties touchées par ses activités au sujet de l’environnement a-t-elle sur les résultats et les activités de l’émetteur? La relation qu’entretient l’émetteur avec les collectivités locales peut influer sur sa capacité à exercer ses activités et sur ses coûts d’exploitation. 75 Risques liés au modèle d’entreprise Des faits nouveaux juridiques, technologiques, politiques ou scientifiques en matière environnementale ont-ils créé de nouvelles occasions importantes ou de nouveaux risques importants pour l’émetteur? Voici des exemples d’éventuelles conséquences ou occasions indirectes : o modification des pratiques de production; o modifications motivées par l’apparition de nouvelles technologies; o baisse de la demande de produits nuisibles pour l’environnement ou non conforme aux normes du client; hausse de la demande de produits ayant un impact environnemental moindre que celui de produits concurrents; o modification des incitatifs fiscaux et des subventions; o accroissement de la concurrence pour le développement de produits novateurs; o modification des incitatifs fiscaux et des subventions; o hausse de la demande de production et de transport d’énergie provenant de source de remplacement; o baisse de la demande de services liés à des sources d’énergie à base de carbone comme les services de forage ou d’entretien de matériel. 76 Annexe 3 : LISTE DES ENTREPRISES OBJET DE NOTRE ETUDE : BIOTECHNOLOGIE-PHARMACIE ATRIUM LABORATOIRES PALADIN MEDICAGO ZENTARIS CHIMIQUE Agrium Methanex NOVA Potash Corporation of Saskatchewan Inc EMBALLAGE CCL IMAFLEX MINE CARPATHIAN CASTLE COMMENDER DENISON DUNDEE ENERGOLD INENIA LAKESHORE GOLD PETROLE ET GAZ ESSO EXALL SUNCOR TRANSCANADA PATES ET PAPIER AINSWORTH CANFOR CASCADE NORBORD TIMBER TRANSPORT AIR CANADA CARGOJET 77 Annexe 4 Procédure d'échantillonnage Sociétés canadiennes ayant répondu aux questionnaires CDP de la Conference Board of Canada Sociétés financières 69 -23 Données manquantes (Entreprises n'ayant pas les rapports annuels des 4 années à l'étude) -17 Nombre final 29 Années 2009-2012 ( 4* 29 )/Observations 116 78 Annexe 5 : Tableaux et Graphiques Tableau 8 Scores de divulgation des sociétés du secteur de la chimie CHIMIQUE 2009 2010 2011 2012 Agrium 10 10 10 10 Methanex 10 10 12 12 NOVA 12 12 12 12 Potash Corporation of Saskatchewan Inc 13 13 13 13 Score total 45 45 47 47 Tableau 9 Scores de divulgation des sociétés du secteur des emballages EMBALLAGE 2009 2010 2011 2012 CCL 6 6 6 6 IMAFLEX 0 0 0 0 Score total 6 6 6 6 79 Tableau 10 Scores de divulgation des sociétés du secteur des mines MINE 2009 2010 2011 2012 CARPATHIAN 0 0 0 0 CASTLE 0 0 0 0 COMMENDER 0 0 0 0 DENISON 6 6 6 6 DUNDEE 3 3 3 3 ENERGOLD 0 0 0 0 INENIA 3 3 3 3 LAKESHORE GOLD 6 6 6 6 18 18 18 18 Score total Tableau 11 Scores de divulgation des sociétés du secteur du pétrole et gaz PETROLE ET GAZ 2009 2010 2011 2012 ESSO 5 6 7 8 EXALL 1 1 1 1 SUNCOR 8 8 8 8 TRANSCANADA 5 5 5 5 19 20 21 22 Score total 80 Tableau 12 Scores de divulgation des sociétés du secteur des pâtes et papiers PATES ET PAPIER 2009 2010 2011 2012 AINSWORTH 6 6 7 8 CANFOR 7 7 8 8 CASCADE 10 10 11 11 NORBORD 0 0 0 0 TIMBER 1 1 1 1 24 24 27 28 Score total Tableau 13 Scores de divulgation des sociétés du secteur des transports TRANSPORT 2009 2010 2011 2012 AIR CANADA 4 4 4 4 CARGOJET 0 0 0 0 Score total 4 4 4 4 81 GRAPHIQUE 1 SCORES DE DIVULGATION PAR SECTEUR D’ACTIVITÉ DE 2009 À 2012 50 45 40 35 30 25 20 2009 15 2010 10 2011 2012 5 0 82 Graphique 2 Score total de divulgation annuelle 128 126 124 122 120 Score de divulgation 118 116 114 112 110 1 2 3 4 83 Graphique 3 Moyenne de divulgation annuelle 18,5 18 17,5 Moyenne 17 16,5 16 15,5 1 2 3 4 84