
DEPISTAGE ET PRISE EN CHARGE DES TROUBLES DU LANGAGE CHEZ LE
JEUNE ENFANT
L. Lauwerier, MP. Lemaitre, D. Crunelle, JM. Blondel
Les retards de langage affectent environ 5% des enfants de 3 ans. Ils sont l’un des
principaux marqueurs de risque ultérieur de difficultés d’apprentissage de la lecture.
En effet, un tiers des enfants ayant un retard de langage à 3 ans présentent des
difficultés en lecture et/ou un déficit intellectuel ou des troubles du comportement à 7-
8 ans. Un sur dix gardera un trouble spécifique du langage à 7 ans. L’existence d’un
trouble du langage oral à 3 ans justifie donc une attention particulière.
Ces troubles sont actuellement reconnus comme prioritaires par le ministère de la
santé (Circulaire Ringard 2002), avec création de centres de diagnostic des troubles
des apprentissages. Le dépistage des troubles du langage oral est un dossier
prioritaire de l’URCAM du Nord pas de Calais.
L’analyse de ces troubles est rendue délicate du fait de la variabilité individuelle du
développement du langage oral, de la nécessité d’appréhender l’enfant de manière
globale, sur le plan cognitif, social, psychopathologique.
Le développement du langage est toujours évalué à la fois sur le plan expressif et
réceptif, plusieurs grandes étapes schématiques étant décrites. A partir de ces
principales étapes, plusieurs signes d’appel doivent interpeller le médecin : absence de
babil la première année de vie, absence de mots à 18 mois, pas d’association de mots
à 2 ans ou de phrases à 3 ans, inappétence à la communication.
Le souci d’agir le plus précocement possible sur les troubles du langage a conduit à la
création de plusieurs batteries de dépistage, certaines destinées aux professionnels de
l’éducation nationale, les autres exclusivement aux professionnels de santé. Ce
dépistage doit permettre de révéler un déficit nécessitant une prise en charge précoce,
sans étiqueter de manière excessivement péjorative certaines populations à risque.
L’étape ultérieure après dépistage consiste à déterminer la nature exacte du trouble.
Cette étape s’inscrit dans une évaluation globale de l’enfant nécessitant un examen
neurologique, une évaluation de la communication, du niveau verbal et non verbal, de
l’audition. A l’issue du bilan, les troubles du langage peuvent être regroupés en
troubles « secondaires » (déficit auditifs, déficience intellectuelle, troubles majeurs de
la communication), ou en troubles spécifiques (retards de parole et de langage,
dysphasies). La prise en charge sera secondairement adaptée à la nature précise des
troubles diagnostiqués.
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