UNIVERSITE DE FRANCHE-COMTE
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UFR DES SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES
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ECOLE DOCTORALE
« LANGAGES, ESPACES, TEMPS, SOCIETES »
Thèse en vue de l’obtention du titre de docteur en
SOCIOLOGIE
LES LIMITES DES POLITIQUES DE LUTTE
CONTRE LA PAUVRETE EN AFRIQUE :
LE CAS DU SENEGAL
Présentée et soutenue publiquement par
Malick DIENG
Le 13 octobre 2010
Sous la Direction du Professeur Francis FARRUGIA
Membres du Jury
Mr Ali Aït ABDELMALEK Professeur à l’Université de Rennes 2
Mr Pierre COURS - SALIES Professeur à l’Université de Paris 8
Mr Francis FARRUGIA Professeur à l’Université de Franche-Comté
Mr Gilles FERREOL Professeur à l’Université de Franche Comté
ANNEE ACADEMIQUE 2009-2010
1
INTRODUCTION
2
La thématique de la lutte contre la pauvreté occupe une place centrale
dans les discours politiques du XXIe siècle. Elle est plus présente, depuis,
les échecs répétés des politiques d’ajustement structurel.
Devenue un enjeu majeur, la lutte contre la pauvreté a été posée comme le
thème central, traversant toutes les initiatives politiques. Des politiques
agricoles à celles relatives à la protection sociale, elle semble être le
nouveau slogan.
Les conclusions du sommet de Copenhague, sur le développement social
du 5 au 12 mars de 19951 , avaient reconnu une incapacité de la
communauté internationale à enrayer la pauvreté. Son slogan « attaquer la
pauvreté » entre dans le cadre d’un assaut mené sur des fronts multiples.
Dans le même ordre d’idée, le sommet du millénaire qui s’est tenu à New
York du 6 au 8 Septembre 2000, sous l’égide des Nations Unies a fait de la
lutte contre la pauvreté une priorité de la communauté internationale. On y
fixe, comme objectif principal, la réduction de moitié de la pauvreté d’ici
2015. Il découle de cet engagement que la pauvreté serait un obstacle
majeur à la croissance économique mondiale. Elle mettrait en péril la paix,
dont l’établissement ou la consolidation est le fondement de la coopération
internationale. Par ailleurs, elle constituerait une violation des droits de
l’homme dont le respect est le fondement de la dignité qui est l’autre nom
du développement.
La Banque Mondiale, étudiant la question, a édité un rapport commandé2
en 1993 et intitulé « faire reculer la pauvreté en Afrique subsaharienne ».
Ce rapport examine les interrelations entre partenaires au développement,
gouvernants, organisations non gouvernementales et donateurs par rapport
à l’intensité de la pauvreté. Il découle de ce rapport qu’en moyenne, 45 à
50 % des habitants d’Afrique subsaharienne vivent en dessous du seuil de
la pauvreté. Cette proportion est beaucoup plus élevée, en Afrique, que
dans toutes les autres régions du monde à l’exception de l’Asie du Sud. La
faiblesse des revenus, l’accès aux services sociaux de base, l’état de
1 Cette position a été publiée par le département de l’information des Nations Unies en Août 1995.
2 Document Stratégique de Réduction de la Pauvreté du gouvernement du Sénégal (phase 1).
3
délabrement des économies sont autant d’éléments qui gangrènent la
situation de l’Afrique.
L’idée de progrès, en Afrique, bute systématiquement sur des facteurs
handicapants tels que les conflits armés, les instabilités gouvernementales,
les pressions internationales et les facteurs endogènes qui, comme des
pesanteurs, affectent la survie du continent.
En ce début du 21ème siècle, le sort des pays africains et particulièrement
ceux au sud du Sahara, constitue une préoccupation quasi universelle. Les
pays en développement sont davantage confrontés au problème de la
pauvreté dans un contexte de crises multiformes et multisectorielles.
Pour expliquer le phénomène de la pauvreté et ses répercussions, plusieurs
approches ont été privilégiées:
D’abord, l’approche monétaire qui fait l’apologie de la création de
richesses comme l’ultime recours à la lutte contre la pauvreté. Elle la
mesure en termes de seuil de pauvreté qui était fixé dans les pays en voie
de développement à hauteur d’un dollar par jour. Donc, l’économie ne
pouvait être que la seule solution pour endiguer et enrailler le processus de
paupérisation. Pour cette perception, la croissance économique serait le
meilleur moyen de lutter efficacement contre la pauvreté.
L’approche sociopolitique récusant une telle démarche, défend que la
pauvreté soit la résultante d’une mondialisation économique et que les pays
non préparés à cette adaptation subissent les contre coups. Les solutions,
préconisées, dans la lutte contre la pauvreté, doivent s’appuyer sur les
réalités locales et les possibilités des pays pauvres à s’auto gérer. Une
telle approche était absente des premières initiatives de lutte contre la
pauvreté.
En effet, la pauvreté a été pendant longtemps pensée en termes de nations
et les solutions qui lui étaient consacrées, ne reposaient que sur l’économie
et la croissance.
Rares sont les analyses qui privilégient une approche socio-historique de la
pauvreté pour appréhender l’ensemble des facteurs négatifs qui ont affecté
le processus de développement.
L’histoire récente a montré que le terme pauvreté a été, pendant
longtemps, enveloppé dans celui de sous-développement. Les projets et les
4
interventions étaient pensés également en termes de développement. Cette
approche n’explique pas, à elle seule, la tentative de disculpation des
africains dans l’aggravation de la pauvreté, compte tenu des instabilités
politiques, de la corruption et du gaspillage qui sont autant de fléaux qui
plombent le progrès de l’Afrique.
Le Sénégal vit de manière très aigue les crises économiques et sociales,
compte tenu de ses ressources limitées. Au Sénégal, la mise en œuvre des
politiques de développement, depuis la fin des années 70, suivie des
premiers programmes d'ajustement structurel au milieu des années 80 a
certes contribué à améliorer le cadre macro-économique, mais les
performances sont restées en deçà des espérances. De manière générale, la
période 1979-1993 a été marquée, au plan macroéconomique, par un net
ralentissement de la croissance économique en termes réels.
Il ne faut pas donc se méprendre, car la pauvreté n’est pas l’apanage des
pays en développement. Il ya quelques années, le Washington post(2)
rappelait qu’il y a environs 37 millions de pauvres au Etats Unis, soit
autant que la population totale du Sénégal, du Burkina Faso et du Mali. La
pauvreté au Sénégal est présente presque partout. Selon les statistiques de
la Banque Mondiale, la moitié de la population n’a pas de ressources
financières suffisantes pour subvenir à ses besoins de base. Cette situation
est bien connue et le gouvernement sénégalais multiplie les initiatives pour
réaliser le grand bond en avant qui pourrait minimiser le nombre de
pauvres (DSRP1-2 ; PLCP)3. Le but des initiatives sénégalaises est de
réduire de moitié la pauvreté conformément aux objectifs du millénaire
pour le développement (OMD) d’ici 2015.
Cette mission est parsemée d’embûches, car le problème de la pauvreté
au Sénégal, comme presque partout en Afrique, est qu’elle semble dans une
très large mesure immuable. Pendant longtemps, l’espoir résidait dans les
grandes agglomérations, comme Dakar, où l’on pouvait facilement trouver
un emploi car dans le monde rural, la sécheresse avait fini de s’installer
avec son cortège de malheurs, obligeant les agriculteurs à migrer vers la
3 Programme de Lutte Contre la Pauvreté.
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