Hanouka, un sens à la fête

publicité
Lettre bimestrielle de l’union juive libérale de lyon
“mon journal”
#32
novembre décembre 2009
hechvan kislev tevet 5770
Hanouka,
un sens à la fête
sommaire
Tel Aviv a 100 ans
p.2 et 3
Culture
p.3
Sur les traces
de mon enfance
p.4
Bioéthique
et judaïsme
p.5
Regards croisés
sur l’antisémitisme
p.6
C
omme de nombreuses fêtes juives, Hanouka est une
célébration “historique” et la marque d’un miracle
divin. Au-delà du souvenir de Judas Maccabée et de
sa lutte contre les grecs, au-delà de la mémoire d’un temps
où le Temple de Jérusalem profané fut reconquis, que célèbre-t-on ? Derrière chacune des petites lumières allumées
tour à tour sur la hanoukia, que peut-on voir ?
Surnommée la Fête des Lumières ; nous connaissons, nous
autres juifs lyonnais, la confusion pour nos amis non-juifs
créée avec la Fête des Lumières instaurée à Lyon en 1852
pour honorer la Vierge Marie. Et ce d’autant plus que le hasard les fait se côtoyer dans le calendrier ! Mais Hanouka est bien une fête dont le sens réside dans la
symbolique liée à ces lueurs vacillantes. Durant les 8 jours
de célébration de Hanouka, on raconte aux enfants l’histoire
qui est l’origine de la fête, on se fait des cadeaux selon des
traditions différentes d’une famille à l’autre, on utilise des
hanoukiot en argent, en cuivre, en céramique, sur pied tel un
chandelier ou triangulaire comme une lampe à huile, on mange les spécialités de Hanouka, soufganiot ou latkes, selon
que nos grands-mères viennent d’un bord de la Méditerranée
ou des rives de la Baltique ! Mais le sens de Hanouka réside
dans ces lumières accrochées à nos mémoires et nimbées
du Maoz Tsour que l’on entonne à la fin de chaque allumage.
La perpétuation de l’épisode historique de Hanouka évoque
toutes les oppressions qui n’ont pas toujours connu de dénouements aussi favorables. Pourtant siècle après siècle, le
peuple juif témoigne de sa capacité à résister. Les lumières
de Hanouka marquent cette victoire sur les ténèbres, quelles qu’elles soient et d’où qu’elles viennent. L’identité juive,
à l’époque de Judas Maccabée, était malmenée et tiraillée
entre les valeurs défendues par les Hassidim, défenseurs des
principes de la loi juive, et les juifs hellénisés plus enclins à
intégrer des aspects de la culture grecque. La prise du Temple et sa profanation les réunirent autour de la défense des
valeurs essentielles du judaïsme, prenant ainsi conscience de
l’importance de la centralité du Temple dans la vie religieuse
comme dans l’identité même du peuple juif. Ainsi, dans la
détresse et l’oppression, le peuple juif a toujours trouvé des
ressources pour s’unir et préserver ce qu’il est. Sans tomber
dans l’orgueil déplacé ou l’élection mal comprise, nous souhaitons rester juifs simplement dans le respect et l’harmonie
de nos valeurs et de celles des autres. Souhaitons donc que
les lumières de Hanouka nous permettent d’éprouver notre
conscience d’être bien quelques uns de ces maillons, qui
malgré les drames et les épreuves, ont forgé la chaîne nous
menant d’Abraham à nos parents, des rives du Jourdain aux
berges du Rhône et de la Saône.
Catherine Déchelette Elmalek
www.ujl-lyon.com
israël
Tel Aviv a 100 ans
Amos Oz dans son livre de mémoire, une histoire d’amour et de ténèbres, dédié à sa ville natale Jérusalem, écrit ceci : “Le mot même de Telaviv, en un
seul mot, exerçait une sorte de magie inexplicable. Il me suffisait de le prononcer pour imaginer un grand costaud bronzé en débardeur bleu”.
Q
ue faire de Jérusalem, d’une ville aussi
encombrée de clichés, d’idées reçues,
de morts et de dieux ? Alors que pendant ce temps, à Tel-Aviv, on s’amuse et
on fait des affaires, on travaille le jour et
on vit la nuit, on aime, on nage et on bronze. Tel-Aviv
à la différence de Jérusalem n’aime pas vraiment les
vieilles pierres. Pendant des années, la ville a même
négligé son seul véritable héritage : les bâtiments
Bauhaus, inspirés du grand mouvement architectural né en Allemagne et dont Tel-Aviv est devenu le
musée vivant. Tel-Aviv est, à ce jour, la plus grande
agglomération juive du monde après New York. Elle
s’étend sur 51,76 km2 et compte 380 000 habitants.
Toute première cité juive moderne à voir le jour en
1909, Tel-Aviv symbolise l’incarnation du rêve sioniste
tel que Théodore Herzl l’avait formulé.
Au commencement, il n’y avait rien d’autre que du
sable et de l’eau. En 1906, un petit groupe d’habitants
juifs fondent la Société des bâtisseurs de maisons,
Agoudat Boné Batim, qui prend bientôt le nom
d’Achouzat Baït : le Domaine. Ils se donnent pour
mission d’élever, en dehors des murailles de Jaffa,
une ville moderne en Terre promise. A l’aide du Keren
Kayemet Leisrael, Fonds national juif, et de la banque
sioniste Anglo Palestine Bank, deux hommes ; Akiva
Arieh Weiss et Meir Dizengoff obtiennent de quoi
financer leur projet. De l’empire ottoman qui se meurt,
ils héritent d’un terrain appelé Kerem Djebali, les
vignes de Djebali; des dunes de sables en bordure de
mer, parsemées de vieilles vignes. La vague d’immi-
Talmud Torah
dim 8 novembre
Reprise du Talmud
sam 31 oct.
sam 7 nov.
H E S H V A N
gration du début du siècle est une alyia composée de
sionistes cultivés et imprégnés d’idéaux socialistes :
ils veulent construire une ville modèle, sans inégalités
sociales mais avec tous les atouts d’une métropole
européenne. Tel-Aviv sera pensée avec comme idée
centrale le Style International issu de l’école allemande de Walter Gropius. Rappelons que le Bauhaus
est un Institut des arts et des métiers fondé en 1919 en
Allemagne par Walter Gropius, et qui
par extension a désigné un courant
artistique concernant, notamment,
l’architecture et le design, mais aussi
la photographie, le costume et la
danse.
Sur les 4000 édifices de style
“Bauhaus” répertoriés et construits
entre 1931 et 1956, un millier a été
inscrit par l’Unesco qui, en 2003, a
déclaré la ville tout entière comme
”patrimoine culturel mondial de
l’humanité”. Des demeures de 1909,
il ne reste quasiment plus rien à l’exception de l’incroyable petite maison
Mani, construite entre 1910 et 1913.
Cette dernière est encastrée dans la tour de la banque
Leumi et abrite le musée et les archives de la banque.
Les années 20, qu’on qualifie aussi ici de “folles”, ont
de quoi surprendre. Un vent de liberté, de fantaisie et
d’anarchie souffle sur la ville qui voit fleurir une multitude d’édifices dans un style éclectique. Beaucoup
de ces édifices ont été restaurés ou sont en cours de
rénovation. Ainsi en est-il de la somptueuse “Pagode”
construite en 1925 sur trois étages agrémentés de colonnades, de corridors ombragés, de frises aux motifs
Art déco, de toits en pagode étagés et d’arcades aux
formes diverses, elle fait figure d’apparition fantasque
et incongrue ! Bien d’autres bâtiments de style
éclectique ponctuent l’ensemble architectural de la
ville: comme l’immeuble qui fut le siège de l’ancienne
mairie de Tel-Aviv de 1925, et la maison du célèbre
poète Bialik construite la même année, parfaitement
adaptée au climat méditerranéen avec ses murs clairs,
ses pergolas de bois sombre, ses arcades et sa cour
aménagée autour d’un bassin. Dès les années 20,
le syndicat de travailleurs juifs de Palestine, décide
d’avoir recours à l’architecte allemand Richard
Kauffmann ainsi qu’à l’urbaniste écossais Patrick
vendredi 13 nov.
Kabbalat shabbat
samedi 14 nov.
Conf. Wizo
dimanche 15 nov.
Atelier chant
Geddes afin de planifier l’urbanisme de la ville naissante. Geddes conçoit un plan d’extension urbaine sur
le modèle anglais de la cité-jardin. Pour les architectes,
il s’agit de construire des unités d’habitations de
deux ou trois étages avec une nette délimitation des
espaces publics et privés. L’influence de Le Corbusier,
architecte et urbaniste français, principal représentant
du Mouvement moderne aux côtés de Walter Gropius,
marque profondément la ville qui suit fidèlement les
cinq grands principes de l’architecte : construction sur
pilotis, toits terrassés, plan libre, fenêtre-bandeau et
façade rideaux, marquant en cela l’importance toute
nouvelle accordé au fonctionnel.
Dès les années 30 et jusque vers la fin des années 50,
le Style international structure Tel-Aviv qui est devenu
un terrain d’expérimentation inespéré pour les architectes de l’école Bauhaus ayant fuit l’Allemagne nazie.
En 1933, le Bauhaus est fermé par les nazis et sa
dissolution est prononcée par ses responsables.
De nombreux artistes s’enfuient aux États-Unis pour
échapper au nazisme.
Tandis qu’en 1934, Tel-Aviv reçoit le statut officiel de
ville, l’espace urbain s’organise et forme un ensemble
harmonieux. Quant à l’idéologie qui accompagne
l’esthétique du “Bauhaus”, force est de constater que
cette dernière coïncide point par point avec celle que
Théodore Herzl. Ainsi, le mouvement architectural
“Bauhaus” pensait sérieusement être en mesure
d’imposer un nouvel ordre social. Les balcons étaient
dim 22 nov.
Tsedaka
ven 27 nov.
Kabbalat
shabbat
samedi 28 nov.
Shabbat Vayetzé
dimanche 29 nov.
Tsedaka
sam 14 nov. sam 21 nov. sam 28 nov.
sam 5 déc.
K I S L E V
ven 11 décembre
Hanouka
sam 12 déc.
sam 19 déc.
s
culture
L ’ e x p o s i t i o n
un moyen de mettre les voisins en contact, reliant ainsi
les différentes couches de la population entre elles et
les toits plats devaient constituer un lieu de rencontre
entre les habitants d’un même immeuble. Enfin, ils
avaient conçu des appartements de tailles relativement modestes afin de réduire les inégalités sociales.
Qu’est-il advenu de ces nobles idéaux ?
Les Tel-Aviviens ont aujourd’hui presque tous fermé
leurs balcons pour agrandir leurs appartements et
s’isoler des bruits de la rue, les toits sont des sources
de litiges permanents entre les divers utilisateurs
jusqu’à ce que l’un d’entre eux finisse par l’acheter
pour en faire un usage personnel ou afin de construire
un étage supplémentaire... Mais ils ont aussi finalement pris conscience de leur patrimoine et n’ont de
cesse que de le préserver. Tel-Aviv, centenaire, a bel et
bien tous les atours d’une cité-jardin.
Certes elle souffre des problèmes urbains classiques,
comme les embouteillages et la pollution, mais elle
demeure une ville
sociale avec des
boulevards ombragés bordés d’arbres,
dotée de parcs et
de squares où les
gens peuvent se retrouver à n’importe
quelle heure du jour
ou de la nuit.
Le point d’ancrage de toute cette
modernité est Jaffa,
qui est fréquemment qualifiée du
port en activité
le plus ancien du
monde.
Aujourd’hui, les
deux villes en sont
officiellement une seule (appelée Tel-Aviv-Jaffa)
Tel Aviv la première ville depuis la diaspora a avoir été
construite pour des juifs et par des juifs, qui cédant à
leur impatience ne laissaient même pas aux moellons
le temps de sécher, est une ville construite sur du sable
mais où on voulut aussi que pousse des arbres, des
kiosques à musique et des fontaines.
Catherine Déchelette Elmalek,
sur la base des articles de Alexandra Schwarzbrod, François
Sergent, Stéphanie Groman et Lisa Goldman.
ven 8 janv.
Kabbalat
shabbat
sam 26 déc.
sam 2 janv.
T E V E T
v
sam 9 janv.
100 ans de judaïsme libéral en France
Nous vous attendons nombreux pour visiter l’exposition réalisée par l’ULIF
(Union libérale israélite de France) qui a fait étape à Strasbourg et en Israël.
Voici le programme des festivités que nous avons préparé avec la CJL.
jeudi 26 novembre (mairie du 3ème)
dimanche 29 novembre
• 14h00 visites guidées de l’exposition
par Isabelle Williams, de l’ULIF, (Salle du Conseil)
• 15h00 conférence débat en présence d’Isabelle
Williams, animée par Abraham Bengio, à l’UJLL,
“La femme dans la Halakha et dans le judaïsme
libéral”
par Pauline Bebe rabbin de la CJL Ile de France,
Delphine Horvilleur rabbin au MJLF
et
“Le statut de la femme dans la loi israélienne”
par Guy Slama
• 19h30 conférence de François Garaï rabbin du
GIL de Genève (Salle des fêtes et mariages)
• 20h45 cocktail dinatoire
vendredi 27 novembre (mairie du 3ème)
• 9h00 à 16h45 visite libre ; visite guidée à 15h00
samedi 28 novembre
lundi 30 novembre (mairie du 3ème)
• 9h00 à 11h30 visite libre (mairie du 3ème)
• visite libre de 9h à 16h45
• 20h30 soirée musicale, avec le trio Ljube
dans les locaux de la CJL,
(PAF : 10€ par personne pour les non-adhérents et
par famille adhérente)
CD
De Jérusalem à Cordoue
Catherine Braslavsky :
Chant soliste, doulcemer, bendir,
Joseph Rowe : Oud, bendir,
darabukka, tanpura, bols
tibétains, mbira.
Un voyage dans le temps et l'espace par le chant, la
musique, et la parole. Ce spectacle a pour vocation de
faire découvrir les traditions sacrées de la Méditerranée dans un esprit oecuménique. Le voyage se déroule
au fil de chants ponctués de courts textes.
Au programme : des chants traditionnels en hébreu,
grec, latin, araméen, occitan, français, espagnol et
arabe. Le répertoire choisi va de la Grèce antique à nos
jours en passant par le Moyen Orient, l'Egypte antique,
l'Andalousie arabe, juive et chrétienne, les troubadours
et Hildegarde de Bingen, la célèbre abbesse bénédictine du XIIe siècle. Accompagnement instrumental de
percussions moyen-orientales, luth arabe, doulcemer,
bols chantants, tanpura, et mbira (piano à pouce).
Les textes parlent de l'Histoire et évoquent par des
anecdotes les sages qui ont inspiré ces contrées,
comme Ibn Arabi "le plus grand des Cheikhs" de
l'Espagne arabe, Maître Eckhart, le philosophe du
Rhin ou Yehuda Halevi...
Atelier chant
Avec Bergamote le dimanche 15 novembre à 15h
à l’UJLL Il s’agit de poursuivre le travail débuté
lors des deux derniers ateliers mais les nouveaux
participants sont aussi bienvenus. Un travail
d’échauffement corporel et vocal, un travail sur
le souffle et le placement de la voix permettra
de chanter les chansons de votre choix dans un
cadre collectif avec un temps voué à l’attention
individuelle.
Coût de l’atelier : 30€
ven 22 janvier sam 23 janvier
Initiation judaïsme Shabbat Parachat
Kabbalat shabbat Bo
sam 16 janv. sam 23 janv. sam 30 janv.
sam 6 fév.
S H E V A T
récit
dates
Sur les traces de
➜ Dimanche 8 novembre Reprise du Talmud Torah
➜ Vendredi 13 novembre Office de Kabbalat
Shabbat à 19h15, animé par Catherine, suivi d’un repas
chabbatique ;
➜ Samedi 14 novembre Conférence Wizo
à 20h30, animé par Aldo Naouri, local du Bnaï Brith - 9 av
Général Leclerc - Lyon 7 ;
mon enfance (1/3)
par guy slama
C omme beaucoup de Juifs d’Algérie, j’ai quitté Alger en 1962 après une tragédie familiale quelques
mois avant l’Indépendance. Les bombes, les assassinats, les disparitions qui meublaient notre
quotidien ont chassé de mes souvenirs, ce pays pendant 47 ans. Cela fait maintenant quelques
années que je ressens le besoin de retourner sur les lieux de ma jeunesse et j’ai saisi une opportunité en m’y rendant le 8 mai 2009 avec mon épouse et un cousin germain, invité à faire une
conférence à un congrès médical alors qu’il a quitté Alger à l’âge de 22 ans.
D
epuis quelques années, en réaction
aux difficultés d’entrée sur le territoire
français des citoyens algériens, l’Algérie
impose désormais des visas aux Français désirant
s’y rendre. Le site du Consulat algérien est très
bien fait et énumère les pièces nécessaires à
l’obtention du visa : formulaire très détaillé en
double exemplaire, copie des pages du passeport,
2 photos, 33€. En pratique, il faut redoubler de
patience en pénétrant dans le consulat où la
foule afflue de tous côtés. Le service se situe au
premier étage et l’on a l’impression d’être dans
un consulat de ces anciens “pays de l’Est” avec
une absence d’aération, 2 préposés encombrés
de centaines de dossiers. Une file d’attente pour
la demande à des jours et des heures précis, une
autre pour la restitution du précieux visa très encadré en une demie heure sont les étapes obligatoires au candidat au voyage en Algérie. L’attente
au guichet se fait en pleine pagaïe et l’on frise
l’hystérie en patientant pour obtenir ce précieux
“sésame”. Malgré mes craintes, nos visas sont
délivrés avec les tampons israéliens dans nos
passeports. Ces formalités sont vite oubliées et
l’on se prépare au voyage. Retourner si longtemps
après dans la ville où l’on a vécu 16 ans procure,
bien entendu, de la mélancolie où les souvenirs
enjolivés ou non, s’entremêlent et questionnent
notre inconscient. L’arrivée sur Alger, “Alger la
les aventures
de la rabinette
Préparatifs
de fête
Scénario : FZ
Dessins : AJW
blanche” avec sa casbah logée sur une large
colline et la ville “européenne” s’étendant le long
de la baie est toujours aussi magnifique. L’entrée
dans son aéroport international, ultramoderne ne
désoriente pas les visiteurs étrangers. L’accueil à
l’immigration me fait penser à un pays occidental
avec des policiers, majoritairement féminins
qui effectuent leur travail minutieusement. Une
annonce erronée à l’aéroport retarde l’arrivée de
nos hôtes qui nous accueillent chaleureusement
dans un français sans aucun accent. Dés la sortie
de l’aéroport, de nombreux barrages rappellent
que la guerre fratricide de ces dernières années
n’est pas terminée. La chaleur accablante, à
l’extérieur me rappelle les bains de mer que nous
prenions quotidiennement, dés le mois de mai,
avec mon père aux “Bains Sportifs”, en traversant
le port d’Alger dans une barque à moteur. Une
circulation automobile intense et des autobus
rares et vieillots, pris d’assaut font ressembler
Alger à toutes ces capitales surpeuplées, en
développement. Le taxi nous transporte à l’hôtel
“Eldjezair”, anciennement Saint Georges et je
revois ma famille, il y a 50 ans, se rendant à
des “bar mitzvah” et à des mariages et nous
recommandant de nous tenir correctement dans
ce magnifique hôtel. Celui-ci bien restauré, datant
de 1889, a été construit sur les vestiges d’un
palais hispano-mauresque et se situe sur l’une
des collines, au centre- ville, au-dessus du parc
de Galland. Il fait partie de la courte liste des 12
hôtels de prestige qui existent à Alger. J’ai quitté
une ville qui comptait 800 000 habitants et qui
aujourd’hui dépasse les 5 millions d’âmes.
(à suivre…)
Retrouvez la suite du récit de Guy Slama
dans notre prochain numéro ou, si vous le
souhaitez, sur le site www.ujl-lyon.com
dans sa version intégrale.
Tou bi...
Les cours de novembre d’initiation au judaïsme
seront annoncés sur la newsletter et sur le site.
➜ Dimanche 15 novembre Atelier chant à l’UJLL
à 15h, animé par Bergamote ;
➜ Dimanche 15 novembre Fête de la Tsedaka
(enfants) à partir de 14h à l’Espace Hillel, grande braderie
de jouets ;
➜ Vendredi 27 novembre Cours d’initiation au
judaïsme à 18h, animé par le rabbin François Garaï ;
➜ Vendredi 27 novembre Office de Kabbalat
Shabbat à 19h15, commun CJL/UJLL, animé par le rabbin
François Garaï, dans les locaux de l’UJL ;
➜ Samedi 28 novembre Office de Shabbat
Parachat Vayetzé à 10h, commun CJL/UJLL, animé par
le rabbin François Garaï, dans les locaux de la CJL ;
➜ Dimanche 29 novembre Fête de la Tsedaka
(adultes) à partir de 14h à l’Espace Hillel, stand commun
CJL/UJLL, organisé par le FSJU ;
➜ Vendredi 11 décembre Office et fête de Hanouka
à 19h15, allumage de la 1ère bougie, concert de chants,
repas chabatique ; les membres de l’UJL sont invités à la
CJL (7 quai Jean Moulin - 69001 Lyon)
➜ Vendredi 8 janvier Office de Kabbalat Shabbat
à 19h15, animé par les jeunes ;
➜ Vendredi 22 janvier Cours d’initiation au
judaïsme à 17h30, animé par Yann Boissière (étudiant
rabbin) ;
➜ Vendredi 22 janvier Office de Kabbalat Shabbat
à 19h30, animé par Yann Boissière (étudiant rabbin) ;
➜ Samedi 23 janvier Office de Shabbat Parachat
Bo à 10h, animé par Yann Boissière (étudiant rabbin).
Lettre bimestrielle de l’union juive
libérale de lyon
Ont participé à ce numéro : Brigitte Frois,
Frédéric Zeitoun, Guy Slama, Catherine Déchelette, Jérémie Mattout,
Daniela Touati. Montage Alain John-William et Frédéric Guedj
Courriel rédaction : [email protected]
le site de l’UJLL : http://www.ujl-lyon.com
le blog d’Itoni : http://blog.itoni.org
U JL L  : 14 rue Garibaldi, 69006 Lyon (code porte : 5682)
Présidente : Daniela Touati, Secrétaire : Valérie des Roseaux,
Tél. : 04 72 82 06 83 - Courriel : [email protected]
Prix : 7€ - Abonnement annuel (4 à 5 numéros) : 40€
...or no
tou bi...
chvat ?
société
Bioéthique et judaïsme
Que l’homme soit capable de progrès techniques fulgurants au cours d’un siècle qui a été témoin du retour de l’homme à la barbarie relève d’un
comportement qu’on peut sans exagération qualifier de schizophrénique. En effet force est de constater qu’il existe un hiatus entre progrès
technologique et degré de civilisation et d’élévation morale. Les progrès récents de la science ont concerné tout particulièrement le domaine
de la biologie, surtout en matière de reproduction depuis la découverte du mécanisme des hormones en 1960. En moins de 50 ans les notions
traditionnelles millénaires de procréation, filiation et maternité ont éclaté. Heureusement grâce au discernement de scientifiques comme Potter qui
avait pressenti le danger pour la survie de l’ensemble de l’écosystème, représenté par la rupture entre deux domaines du savoir : le savoir scientifique
et le savoir humaniste, une nouvelle discipline est née aux Etats-Unis dans les années 60 : la bioéthique.
L
a bioéthique combine la connaissance
biologique et la connaissance du système
des valeurs humaines. Ces valeurs, en tout
cas dans notre monde occidental s’enracinent dans
la tradition judéo-chrétienne. Elles sont fondées sur
un socle de valeurs fondamentales :valeurs laïques
de dignité, liberté, droit à la vie auxquelles s’ajoutent pour les adeptes des religions monothéistes la
relation de l’homme à D.,le respect de la tradition
et des textes. Cependant malgré ces valeurs communes les législations sont très variables d’un pays
à l’autre avec deux types de systèmes : le système
anglo-saxon où il existe une liberté théorique totale
de l’individu avec une limite non négligeable qui
est celle de ses moyens financiers puisqu’il n’existe
aucune prise en charge par la société et le système
français où la société assure un prise en charge
sous conditions dans le respect des principes de
gratuité et d’anonymat.
En France les 3 religions monothéistes (ainsi que
des scientifiques, des juristes, des associations
de parents et de malades) sont représentées au
sein de deux organismes dont les avis constituent
des supports majeurs à l’élaboration des lois de
bioéthique : le comité consultatif national d’éthique
(CCNE) crée en 1983 et l’agence de biomédecine
crée en 2004.
Quelle est la position du judaïsme sur les techniques de procréation médicalement assistée,
le diagnostic pré-implantatoire, l’avortement,
l’euthanasie ?
Il est bien sûr difficile, voire impossible de trouver
dans la Torah et les textes du Talmud des références à ces techniques médicales actuelles mais
les problèmes soulevés par la stérilité, la filiation,
l’identité, la souffrance et la mort sont souvent
abordés dans la Torah et discutés dans le Talmud.
Et comme dit André Chouraqui dans « La pensée
juive » il est nécessaire d’adapter la loi aux nouvel-
les circonstances de la vie d’Israël. La halakha est
une loi qui avance en marchant, ce qui lui permet
de ne pas être dépassée par la technique.
Par ailleurs, bien que le peuple du Sinaï soit
assujeti à une loi, l’interdit n’est pas une fin en soi
dans le judaïsme et une part de libre arbitre est
toujours laissée à l’homme. Comme le dit le rabbin
Safran : “Fais ce qui est juste et bon aux yeux de
D. Si la loi ne t’éclaire pas et que tu as respecté les
mitsvot, tu peux trouver la réponse qui n’est pas
prévue dans la loi pour trouver ce qui est juste et
bon aux yeux de D.”
Voici quelques pistes de réflexion issues d’une
compilation qui ne se veut ni exhaustive ni savante,
de différents ouvrages et conférences reprenant les
positions halakhiques sur ces sujets d’actualité.
La procréation médicalement assistée (PMA)
Si les nouvelles techniques de traitement de la
stérilité ont résolu un certain nombre de cas de
stérilité elles ont soulevé de nouveaux problèmes. En effet avec la pratique de l’insémination
artificielle et de la fécondation in vitro, sexualité et
procréation ont été dissociées. Avec l’introduction
de la fécondation in vitro par dons d’ovocytes ou
de sperme un nouveau paramètre change : celui
de la filiation. Récemment la gestation pour autrui
pose une nouvelle question au CCNE : celui de la
multiparentalité biologique.
Quelle est la réponse de l’éthique juive à ces
problématiques inédites ? La stérilité est une
préoccupation très ancienne dans la Bible.
Au vu des difficultés pour concevoir qu’ont rencontré les couples de patriarches , la stérilité ne peut
certes pas être considérée comme une punition.
Le Talmud donne même l’explication suivante à ces
problèmes de stérilité : c’est parce que D. aime la
prière des justes. Pour le judaïsme avoir un enfant
est un miracle, la seule mitsvah où un couple peut
créer un troisième être, alors que l’homme ne fait
habituellement que transformer. Lorsque le couple
n’est pas à même de procréer pour diverses raisons,
rien n’interdit l’intervention d’un tiers médecin
considéré dans le judaïsme comme un partenaire
de D dans le parachèvement du monde (Talmud de
Babylone, traité Bera’hot page 60a). D’ailleurs le
mot ‫( ּבּרּיּת‬santé) a la même racine que ‫( ּבּרּא‬créer) :
il faut donner de l’importance à sa santé physique.
On comprend donc que la maîtrise de la procréation
(dans le sens du traitement de la stérilité) ne va pas
à l’encontre de la foi juive.
Les seules restrictions dans le recours à la PMA
sont les suivantes : bien sûr il faut que l’indication
soit réellement médicale c’est-à-dire qu’il existe
un réel problème de stérilité du couple et il faut
vérifier le non mélange des gamètes, car en cas de
mélange les implications en terme de transmission
religieuse et d’identité seraient lourdes (loi du
chatness). Enfin le troisième interdit halakhique en
la matière concerne la recherche sur l’embryon :
seule la recherche sur l’embryon in vivo ou sur des
cellules prélevées sur un embryon décédé pendant
la grossesse est interdite. Par contre la recherche
sur l’embryon in vitro est autorisée sans restriction
car le judaïsme considère que l’embryon in vitro
(c’est-à-dire en éprouvette) ne peut devenir une
personne humaine sans intervention extérieure
On voit donc que toutes les techniques visant à traiter la stérilité sont autorisées en vertu de la préeminence du principe suprême qui est la vie (Deutéronome chapitre 30, verset 19, Lévitique chapitre 18,
Talmud de Babylone traité Yoma, chapitre 8, page
85b, Talmud de Babylone, traité Sanhédrin page
74a). Les seuls interdits concernent des techniques
qui n’ont pas pour but direct la fécondation comme
la création d’embryons à des fins thérapeutiques.
Dans ce dernier cas l’interdit du prélèvement de
sperme (qui ne doit pas être émis en vain) n’est pas
levé car le but n’est pas la fécondation.
Le diagnostic pré-implantatoire La loi française autorise la recherche de maladie
génétique sur l’embryon issu d’une fécondation
in vitro (FIV) dans le cas de risques de maladies
à transmission génétique. La décision de laisser
implanter un embryon atteint de maladie génétique appartient au couple. Dans la mesure où le
judaïsme considère que l’embryon in vitro n’a pas
le statut de personne humaine en devenir au même
titre que l’embryon in vivo, la non conservation de
cet embryon issu d’une FIV ne pose pas problème
au regard de la halakha (ce qui n’est le cas ni pour
le christianisme ni pour l’islam).
L’interruption volontaire de grossesse
Le rabbin Gilles Bernheim traite de ce sujet dans
son fascicule de la collection “Torah et société” qui
a pour titre : “Handicaps, handicapés”.Voici ce qu’il
écrit : « Le texte fondateur de la littérature talmudique, auquel il faut nécessairement se référer et qui
traite directement du problème de l’avortement est
la michna suivante (Ohalot VII,6) : “Si une femme a
un accouchement difficile, on a le droit de couper
l’enfant dans son sein et de le sortir membre par
membre, car la vie de la mère l’emporte sur celle
de l’enfant. Si la plus grande partie de l’enfant est
sortie on ne le touchera plus, car on ne repousse
pas une vie (néfech) devant une autre vie”.
(à suivre…)
Brigitte Frois
Retrouvez la suite sur le site
www.ujl-lyon.com (version intégrale).
société
Regards croisés sur l’antisémitisme
“La haine du peuple juif (cette haine qu’on appelle antisémitisme depuis la fin du XIXème siècle) a-t-elle une cause profonde ? Peut-on poser, non sans aplomb une question pareille à propos d’un phénomène d’une aussi grande diversité dans ses manifestations comme dans
ses motifs et d’une telle longévité ?” Abraham B. Yehoshua (ABY)
A
braham B. Yehoshua (ABY), figure intellectuelle
israélienne, romancier né à Jérusalem en 1936,
n’entend pas y aller par quatre chemins.
C’est par ces mots directs, graves et aussi quelque peu
provocateurs qu’il ouvre le premier de ses trois essais
intitulé “Pour une explication structurelle de l’antisémitisme”, dans son livre “Israël, un examen moral” paru
en 2004. Le célèbre écrivain ne prétend pas ici défier
les historiens sur leur propre terrain.
Simplement dans un récit efficace et limpide, s’appuyant sur des références bibliques comme séculaires,
ABY se libère de la rigueur scientifique dont l’historien
ne peut se départir et qui oblige toujours à considérer
les spécificités de chaque manifestation d’antisémi-
tisme au cours des siècles. Et il y a bien des différences
entre l’antisémitisme qui s’exprimait en France lors de
l’affaire Dreyfus et la haine du juif aujourd’hui proférée
en Iran par Mahmoud Ahmadinejad. Toutefois et non
sans rigueur intellectuelle, ABY affirme qu’au-delà de
cette étude minutieuse et nécessaire des particularités
de chaque épisode sombre de l’histoire des juifs, il est
un autre impératif que son statut d’écrivain l’autorise à
aborder de front : la question d’une cause structurelle
de l’antisémitisme. Un impératif, tant la persistance de
l’antisémitisme, quelles que soient ses formes, à travers les âges et les nations, semble indiquer l’existence
d’une racine profonde, aussi évidente qu’insaisissable.
Un impératif pour celui qui veut combattre le fléau dans
le but de l’éradiquer ; ce fléau qui a survécu même à la
Shoah. Un impératif enfin malgré la réticence des juifs
eux-mêmes, effrayés à l’idée qu’une réponse, même
partielle, puisse accuser les fondements de l’identité
juive. Il est en effet remarquable, note ABY, de voir à
quel point la communauté juive continue de s’interroger
sur son identité. Il n’est pas de collectivité aussi fiévreusement mobilisée par la question identitaire.
Et seule l’existence d’un antisémitisme structurel
semble pouvoir expliquer ce besoin quasi-insatiable
de questionner et définir l’identité juive, comme
les maladies psychiatriques ont poussé l’homme à
s’interroger sur sa personnalité et les mécanismes
biologiques qui donnent corps aux processus mentaux.
Comprendre les fondements de l’antisémitisme pourrait
éclairer les mystères de l’identité juive que Sigmund
Freud, qui se disait pourtant “étranger à la religion de
ses pères” évoquait ainsi :“Si on m’avait demandé :
qu’y a-t-il encore en toi de juif ? J’aurais alors répondu :
énormément, en fait l’essentiel. Mais je n’aurais pas
été capable de dire avec des mots clairs en quoi cela
consiste. Un jour viendra où la recherche scientifique
sera à même de nous éclaircir sur ce point”.
Ainsi s’il existe une cause profonde à l’antisémitisme,
elle est peut-être à chercher du coté du juif.
C’est en tout cas l’hypothèse avancée par un autre
neurologue, Lionel Naccache, dans l’un de ses “Quatre
exercices de pensée juive pour cerveaux réfléchis” paru
en 2003 et intitulé “L’antisémitisme, mise en échec du
judaïsme ?”. Jeune neurologue français, chercheur en
neurosciences et érudit du judaïsme, Lionel Naccache
(LN) a sous-titré son livre : “Le judaïsme à la lumière
des Neurosciences”. Grand connaisseur de la pensée
freudienne dont il aborde l’héritage scientifique dans
un ouvrage plus récent, LN semble ainsi répondre à la
prophétie de Freud citée par ABY. Mais ce n’est pas
là le seul lien entre ces deux livres contemporains l’un
de l’autre. En effet, comme ABY mais paradoxalement
suite à une démarche très scientifique puisque le fruit
des sciences dites dures, LN propose lui aussi une
explication structurelle de l’antisémitisme.
Voici une synthèse de ces deux réflexions riches et
originales qui susciteront peut-être l’espoir chez les
uns et le désespoir chez les autres mais qui à tous devraient apporter des clés nouvelles pour aborder cette
question que chaque juif ne manque malheureusement
jamais de se poser. Cette synthèse ne saurait bien sûr
remplacer la lecture passionnante des deux ouvrages,
elle se contente de résumer le plus fidèlement possible
les raisonnements parallèles des deux auteurs et
leurs conclusions respectives. D’après ABY, sans en
connaître la cause profonde le judaïsme admet que
l’antisémitisme est dans l’ordre des choses ; même
Dieu semble ne pouvoir apporter qu’un secours partiel
et provisoire. “A chaque génération on se tient prêt à
nous détruire” rappelle et prédit la Haggadah. A Pessah
encore nous proclamons “L’an prochain à Jérusalem”.
Et pourtant, la naissance de l’état d’Israël n’a pas fait
cesser la menace antisémite. Comme explication, ABY
réfute celle du sionisme. Il ne croit pas non plus à celle,
tenace, de la jalousie. Qui serait jaloux de celui que l’on
pourchasse et maltraite ? Non, selon ABY et comme
l’avait décrit Léo Pinsker avant lui, la peur du juif est la
cause première et essentielle de l’antisémitisme. C’est
la peur qui engendre les plus extrêmes réactions. Et la
crainte du juif, aussi absurde qu’elle puisse paraître envers un peuple aussi vulnérable, se développe d’autant
mieux qu’il est facile de projeter ses fantasmes et ses
peurs sur un autre, minoritaire, ô combien semblable et
ô combien différent. Plus exactement : “le fait que les
juifs possèdent un système identitaire virtuel confère
à leur identité un caractère souple et fluide, incertain
et insaisissable, qui met en branle, pour le meilleur et
pour le pire, un mécanisme parallèle chez le Gentil. Il
se saisit plus facilement de cette identité-là impalpable plutôt que d’une autre plus clairement et plus
nettement articulée autour de repères traditionnels et
stables tels que le territoire ou la langue. Ce rapport à
l’identité juive s’effectue, généralement, en fonction
des besoins du Gentil. Or, il est susceptible d’introduire
dans ce rapport au Juif ses fantasmes, ses angoisses
et ses désirs, sur lesquels il érigera ensuite un arsenal
de motifs et d’arguments religieux, historiques, sociaux,
économiques […] L’existence de ce mécanisme explique pourquoi un grand nombre de sociétés humaines si
différentes les unes des autres peuvent, sur une aussi
longue durée, révéler les mêmes signes de pathologie
antisémite. Signe d’un trouble mental individuel, il peut
s’étendre à la collectivité”. Ainsi, selon ABY, la peur est
le sentiment, l’émotion brute qui gouverne aux pensées
et comportements antisémites. Du moins la peur serait
l’engrais naturel et puissant capable de potentialiser
l’émergence de la haine du juif, quel que soit le
contexte et quelle qu’en soit sa forme d’expression.
Mais surtout, le terreau favorable à cette expression
en apparence inéluctable, l’élément déclencheur
commun à chaque forme d’antisémitisme et capable de
déclencher une haine qui souvent dépasse largement
celle pour l’étranger en général, proviendrait de « la
dimension libre et imaginaire de l’identité juive ». Pour
ABY, une singularité du peuple juif est d’avoir une
identité fondée à la fois sur une composante religieuse
et une composante nationale. Et cette particularité
a justement fait la force du judaïsme puisqu’elle lui
a permis de subsister, en diaspora. Mais elle serait
également l’explication de cette haine exceptionnelle
et irrationnelle.
Jérémie Mattout
Références :
- Israel, un examen moral ; Avraham B. Yehoshua. Le Livre de
Poche (ISBN : 978-2-253-08285-9).
- Quatre exercices de pensée juive pour cerveaux réfléchis ;
Lionel Naccache. In press (ISBN : 2-84835-017-2).
Téléchargement